Tricherie.

Un soir, en fin de semaine, Misako et Asuka peinent à trouver le sommeil. Du coup, les deux femmes se sont installées autour de la table basse du salon et sont occupées à jouer à un jeu de carte. Toutefois, l'adulte n'a pu s'empêcher de s'ouvrir quelques bouteilles de bières histoire de pimenter sa soirée mais à la dixième, la voilà qui souffre de certains maux. Tout d'abord, elle a l'impression d'avoir certaines cartes en double et à l'autre moment, Asuka lui semble guère honnête dans sa façon de jouer. Depuis un certain temps, la militaire n'arrive pas à faire un seul pli et comme elle est mauvaise joueuse, son vilain caractère ne tarde pas à s'exprimer.

« Asuka, quand tu arrêteras de tricher, fais-moi signe !

- Mais… Je ne triche pas. » Répond cette dernière en se montrant très surprise.

Certes, Asuka peut être accusée de tous les défauts existant sur cette planète mais la tricherie, très peu pour elle. Cela prouve bien que la femme qui se tient face à elle n'est à quelques soucis de concentration. Alors qu'un nouveau tour de table a lieu, l'adolescente remporte une nouvelle victoire et cette fois, s'en est trop pour Misato. Soudainement, la militaire se met debout et balance ses cartes sur la table. Ensuite, elle tente de se tenir bien droite mais bizarrement, le salon donne l'impression de tanguer.

« Putain, c'est quoi ce bordel ? » S'interroge-t-elle.

Voyant l'état dans lequel elle se trouve, sa protégée s'inquiète et tente de la raisonner.

« Vous aurez mieux fait de rester assise Misato car avec toutes les bières que vous avez bu, j'ai peur qu'il vous arrive malheur. »

L'alcoolisée entend les paroles de l'adolescente et sait que celle-ci n'a pas entièrement tort. Toutefois, dans son état, la femme se sent bien courageuse mais soudain, de la tristesse envahit son coeur. Debout dans son salon, la nana éclate en sanglots, ce qui inquiète une nouvelle fois celle qui est restée assise.

« Tout va bien Misato ? Ose-t-elle.

- Tais-toi ! Tu ne sais pas ce que je vis. » Répond la locataire de l'appartement avec une voix dans laquelle se mêlent la tristesse et l'alcool.

A l'écouter, la femme mène une existence pénible et c'est ce qui la pousse à boire autant ? Asuka a du mal à l'entendre car si elle avait été à sa place, avec la salaire que Misato se fait chaque mois, elle pourrait mener la grande vie. Pourtant, comment cette militaire haut gradée fait-elle pour vivre dans un appartement aussi minable ? Serait-il temps d'avoir une conversation sérieuse avec celle-ci ?

« Misato, asseyez-vous et discutons entre femmes, vous voulez bien ? »

L'adulte sèche ses larmes à l'aide de l'une de ses mains et hoche positivement de la tête avant de poser son postérieur sur son coussin. De son côté, Asuka s'empare de sa tasse de thé qui reposait sur un coin de la table et porte le récipient à ses lèvres. Une fois après avoir bu une gorgée, la jeune femme pose l'ensemble là où elle l'avait pris avant de se lancer.

« Dîtes-moi Misato, comment faites-vous pour ne pas réussir à faire des économies avec le salaire que vous vous faîtes tous les mois ?

- J'ai des traites à payer et j'en ai encore pour de nombreuses années.

- Je vois et c'est pour cette raison que vous vous noyez dans l'alcool ?

- Ouais car la vie que je mène est vraiment dure. D'ailleurs, je ne la souhaite à aucun de mes ennemis. »

En prononçant cette phrase, Misato arrête d'être bruyante et se concentre soudainement. Alors que son regard se perd dans le lointain, la femme se demande si elle a des ennemis. Lorsque les anges qu'elle a pu vaincre à l'aide de Shinji, Rei et Asuka lui effleurent l'esprit, la militaire imagine l'un de ses monstres mener son existence. Soudain, suite à cette scène comique qui prend vie dans son esprit, l'alcoolisée éclate de rire sous le regard interrogatif de la jeune pilote.

« Misato ? Est-ce que tout va bien ? »

En guise de réponse, le rire de cette dernière redouble et l'adolescente ne sait plus du tout quoi faire, ni dire d'ailleurs. De toute manière, lorsque Misato est en proie à cette addiction, elle aurait tendance à devenir incontrôlable et encore une chance qu'elle n'a pas idée de sortir dehors lors de ces moments. Quelques secondes plus tard, lorsque l'adulte retrouve son sérieux, elle fait part d'une envie.

« je crois que j'ai besoin de sortir prendre l'air.

- Quoi ? »

Serait-il possible que Misato soit capable de lire dans les pensées des gens lorsqu'elle en a un petit coup dans le nez ? Tandis que le membre de la Nerv se met debout pour la seconde fois de la soirée, Asuka sent qu'elle va devoir l'accompagner pour être sûre qu'il ne lui arrive rien. Alors que l'adolescente arrive dans le dos de sa tutrice pour déposer sa veste rouge sur le dos, celle-ci ouvre la porte d'entrée de l'appartement. Aussitôt, un courant d'air glacial se fait sentir alors que dehors, la nuit règne en maîtresse absolue.

« Il ne fait pas chaud dans le pays, dit Misato.

- Non mais il n'est pas trop tard pour rebrousser chemin, lui propose Asuka.

- Hors de question ! J'ai des couilles et je tiens absolument à les montrer au monde entier.

- Quoi ? »

Misato s'extirpe de la protection de la gamine et pose déjà un pied en dehors de l'appartement. Alors que ses pas résonnent très vite sur le palier du lotissement, Asuka sort à l'extérieur à son tour et veille sur celle qui titube légèrement. Soudain, Misato s'arrête et lève ses mains vers le ciel.

« Je vous z'encule tous bande de connards ! »

Ne s'y attendant pas, Asuka ignore ce qu'elle doit faire lorsque la fenêtre d'un voisin s'ouvre, libérant une voix masculine au passage.

« Je n'attends que ça ma chérie ! »