Bonjour bonjour ! Merci pour ta patience, cher lecteur, et voici le second chapitre...

Bonne lecture !

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La terre humide est froide contre tes paumes ; le manche du couteau dur entre tes doigts, et tu n'as pas encore ouvert les yeux que déjà tu le lâches, ta main tremblante libérée de son poids accusateur lorsqu'il va rejoindre dans un bruit métallique le sol du cimetière.

Ta tête est nichée contre celle de Kieren et tu peux sentir sa masse solide sous ton propre corps, mais tu es terrifié de ce que tu vas voir en te redressant. As-tu échoué ? Kieren est-il mort par la main d'un autre alors même que la tienne serrait une lame destinée à mettre fin à sa seconde vie ?

Derrière toi les gens du village et les fidèles du Prophète se tiennent immobiles, identiques dans leur stupéfaction, mais tu ne peux pas penser à eux, car quand tu cherches son regard Kieren a les yeux grands ouverts, blancs et vides et choqués, et pendant quelques secondes interminables tu crois que le pire s'est produit, que tout est fini, et tu sens ton estomac plonger…

Mais Kieren Walker n'a pas fini de te surprendre, car soudain ses cils papillonnent et ses iris oscillent, nerveux et désorientés, et ta poitrine relâche enfin un souffle terrifié et glacial dont tu te rappelleras longtemps.

Tes mains vont chercher son visage, doigts gourds contre joue blanche, et tu as l'impression d'avoir couru un marathon tant l'effort émotionnel de ces dernières minutes t'a épuisé, mais ce simple contact entre vos peaux te revigore comme une rasade d'eau fraîche ; tu veux l'embrasser, le serrer contre toi à n'en plus savoir où il se termine et où tu commences… mais tu te retiens, trop conscient de sa potentielle vulnérabilité en cet instant, et tu te contentes de haleter dans un souffle d'homme ramené à la vie tout va bien, tu vas bien.

Est-ce que j'ai fait du mal à quelqu'un ? est la première chose qui sort de sa bouche, dans un râle rauque et inquiet, et bien sûr, tu aurais dû le savoir, évidemment que la première pensée de Kieren après avoir de justesse échappé à la mort n'est pas pour lui. Le soulagement de le retrouver, fort et entier et lui-même, t'en étoufferait presque.

Tu l'aides à se remettre debout, et peut-être ta présence est-elle superflue puisque Steve est là aussi pour soutenir son fils, mais tu ne peux pas t'éloigner de Kieren, pas encore ; tes doigts cherchent sa nuque, effleurent sa poitrine, caressent ses cheveux, car en cet instant la part de ton être qui tremble encore comme une feuille a besoin de ce contact solide, vivant, plus que tu n'as jamais eu besoin de quoi que ce soit dans ta vie, et la simple pensée de prendre tes distances est inconcevable.

Pour être tout à fait honnête, tu t'attends à une rebuffade, mais une fois de plus Kieren te surprend. Loin de te repousser, il s'appuie contre toi, se laisse aller dans ton étreinte protectrice, et tout ton être est tourné vers un seul but ; accompagner Kieren en lieu sûr, le porter s'il le faut, jusqu'à ce qu'il soit au sec, au chaud, à l'abri du monde et de la mort.

Tu entends les exclamations véhémentes de tes fidèles et tu ne peux que rétorquer sèchement, par-dessus ton épaule, que la Seconde Résurrection n'arrivera pas.

Tu sais que ce n'est pas fini, que tu n'es pas sorti d'affaire ; ils enverront quelqu'un pour finir ce que tu n'as pas pu faire, quelqu'un qui ne regardera pas Kieren en pensant précieux, unique, indispensable.

Qu'ils viennent, tu penses farouchement ; en ce qui te concerne, tu as choisi ton camp, et c'est celui de Kieren.

...

Eh bien voilà, nous arrivons à la fin de cette petite fic... si ça t'a plu, cher lecteur, ou même dans le cas contraire, n'hésite pas à me laisser une petite review pour me faire part de tes pensées ! ;)

Dans tous les cas, merci de m'avoir lue, et passe un bon week-end ! ^^