Bonjour à vous!

Voici une nouvelle fic! J'essayerai de poster régulièrement mais je ne peux vous en faire la promesse! J'espère que cette histoire vous plaira et que vous participerez au voyage...

DISCLAIMER: Les personnages ne m'appartiennent pas, bien malheureusement mais ils sont une source d'inspiration constante.

On se retrouve en bas?!


-Chapitre 1-

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...

"Une vraie rencontre, une rencontre décisive, c'est quelque chose qui ressemble au destin."

Tahar Ben Jelloun

...

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Emma sortit de la chambre d'hôpital pour suivre son externe. Il semblait heureux autant qu'elle était triste.

-Ca y est, on a un cœur de disponible ! souffla-t-il.

Son sang se glaça et durant une seconde, elle crut qu'elle allait mourir sur place. Ce n'était pas possible. Ses mains se mirent à trembler avant même qu'elle puisse faire quoi que ce soit.

-Docteur Swan, ça ne va pas ?! s'étonna-t-il en regardant la jeune femme blêmir.

Elle ne répondit rien, sentant un haut le cœur lui serrer le buste. Puis, elle le poussa sur le côté et se précipita dans la première pièce qui venait pour vomir dans une poubelle. Elle perdait pied, elle le sentait, elle sentait nettement cette cassure au fond d'elle qui laissa toute sa peine se déverser comme un flot furieux.

Sa main tremblante attrapa la poignée pour ouvrir la porte. Son externe la regarda de nouveau avec un air d'incompréhension sur le visage. Elle se raidit soudainement, il ne fallait pas qu'elle montre son trouble, surtout pas.

-Em' ? Ca va ? demanda Ruby en déposant un dossier sur le comptoir d'administration.

Elle se dirigea rapidement vers les ascenseurs, ignorant les appels de sa meilleure amie et s'engouffra dans celui qui permettait de transférer les malades vers les blocs.

Les blocs.

Elle s'y rendait. L'un était vide, elle entra en essayant de calmer le tremblement de ses mains. Elle les posa sur la table d'opération pour les stopper mais ses bras prirent alors la relève et le flot de douleurs défonça les barrières de sa conscience en un vacarme assourdissant.

Le chariot chirurgical qui se trouvait là se retrouva au sol, un autre subit le même sort. L'énorme chariot contenant les médicaments et aiguilles fut jeté contre un mur, faisant sauter les tiroirs fragiles, les poubelles en métal, encore vides, traversèrent la pièce pour briser une vitre. Elle saisit son stétoscope qui reposait sur ses épaules pour le balancer dans le miroir au dessus d'un petit lavabo minable. Il éclata en mille morceaux et elle se mit à hurler pour couvrir le bruit. Le bruit des rires lorsqu'elle était enfant, le bruit de ces derniers mois, le bruit de ces autres médecins qui tentaient de l'arrêter dans sa folie. Elle ne voulait plus être médecin, elle ne voulait plus de ça, elle ne pouvait plus…


Le bras qui entourait la taille fine d'Emma resserra sa prise lorsque le réveil sonna de toutes ses forces. Emma n'eut aucun mal à émerger et asséna un coup sur le fauteur de trouble. Elle grommela quelque chose sur l'importance de changer de réveil et ouvrit complètement les yeux d'un seul coup.

1-C'était la reprise.

Un sourire étendit ses lèvres aussitôt remplacé par une grimace lorsqu'elle se rendit compte qu'elle allait nécessairement revoir des personnes qu'elle ne voulait pas voir.

2-Elle n'était pas chez elle.

Un soupire passa la barrière de ses lèvres.

-Emma! appela la rouquine allongée dans son dos.

-Hmf?

-Tu ronfles la nuit! se plaignit-elle en lui tournant le dos.

Emma éclata de rire et se pencha afin déposer un baiser sur le front de sa nouvelle conquête.

-Ouais, je t'avais pas dit? Est-ce que ce n'est pas terriblement sexy?! minauda-t-elle avant de se lever.

Merida s'assit dans le lit pour la regarder récupérer ses affaires.

-Tu reviens ce soir? demanda-t-elle en couvrant sa poitrine du drap encore froissé de leur nuit.

-Je sais pas, on verra! Marmonna la blonde en finissant de mettre son blouson en cuir rouge.

Elle passa rapidement dans la salle de bain pour vérifier son maquillage et décida de repasser rapidement chez elle afin de se rafraîchir pour son grand retour à l'hôpital.


Les yeux verts braqués dans son rétroviseur, Emma se dévisageait farouchement. Elle prit son air déterminé et expira lentement par la bouche. Elle était prête. Tout le monde lui avait dit. Elle attrapa son sac à main, ressemblant plus à un petit sac de voyage, et s'extirpa de sa coccinelle jaune pour se diriger vers l'entrée de l'hôpital. Elle récupéra son badge à l'accueil et se posta devant les ascenseurs pour attendre l'ouverture de l'un d'eux.

-Hey Em' ! appela la voix de sa meilleure amie.

Elle se retourna pour la voir courir vers elle, perchée sur des talons vertigineux, le bras tendu, tenant à peine son sac à main qui manqua de se reverser plusieurs fois.

-Ca y est ?! C'est le grand retour ?! s'extasia Ruby en serrant son amie contre elle.

-Ouais.

Ruby était grande, brune, dans son adolescence, elle avait porté des mèches rouges écarlates et elle n'oubliait jamais de mettre au moins un élément de sa tenue de cette couleur.

-Alors, t'es partie avec cette nana hier soir?! La rousse, c'est ça?

-C'est ça! avoua Emma en esquissant un sourire.

-C'était comment?

-Ben, c'était la troisième fois qu'on couchait ensemble alors ce n'était pas vraiment une surprise mais c'était... hot quand même!

Ruby pouffa doucement.

-Tu as croisé David et Mary ? demanda-t-elle en s'engouffrant entre les portes à présent ouvertes.

-Non. Répondit simplement la blonde, l'avertissant d'un seul regard qu'elle ne voulait pas en parler.

-Okay… je vais pas te demander comment tu te sens parce que tout le monde va te poser la question aujourd'hui.

Emma la remercia et poussa un petit soupir. Ca allait être une très longue journée.

-De toute façon, c'est toujours de très longues journées ! marmonna Ruby en ayant lu les pensées de son amie.

-Ouais… souffla Emma en regardant les étages défilés sur le compteur.

Sixième étage. Ouverture des portes.

L'hôpital était déjà en effervescence mais chacun ne manqua pas de lui lancer un regard lorsqu'elle passa devant eux.

Elle avait l'impression, malgré tout, de revenir chez elle après une longue absence.

L'hôpital était sa maison depuis qu'elle était enfant. Elle avait souvent fait des passages ici pour diverses accidents, puis pour des visites médicales de contrôle. Puis lorsque les services sociaux l'avaient retrouvés inconsciente dans le salon de sa famille d'accueil... et puis lorsqu'elle avait commencé ses études pour devenir médecin.

Emma était brillante, dès ses premières années d'étude. Elle avait d'ailleurs eu un parcours sans faute jusqu'à il y a quelque mois.

Elle n'avait pas mis longtemps à devenir chef de cardiologie-thoracique et comptait conserver ce poste même si elle devait rester à l'hôpital jour et nuit pour retrouver la confiance de chacun.

Ruby se sépara d'elle pour rejoindre les vestiaires des aides-soignants et Emma se dirigea vers son bureau.

Elle ne s'attendait pas à y trouver Graham, les jambes croisées sur son bureau et un air goguenard sur son visage.

Elle lui lança un regard noir.

-Hey ! Tu es pile à l'heure ?

-Dégage tes pieds de mon bureau Graham !

-Et as toujours ton humeur de chien !

-Graham…tes pieds ! grogna-t-elle en déposant sa veste sur le porte manteau.

Il soupira et consentit enfin à se relever pour se tenir d'une façon plus appropriée.

-Je suis certain que tu étais inquiète pour ton service ! charma-t-il en lui faisant un regard aguicheur.

Elle leva les yeux au ciel. Incorrigible.

-Même pas ! Je savais que tu t'en occuperais bien ! Et ce n'est pas mon service ! Je suis juste la chef de la cardio !

Il haussa les épaules et poussa une pile de dossier vers elle.

-Ce sont les patients que j'ai eu pendant ton… repos…

-Ma mise à pied, rectifia-t-elle.

-Allez Swan ! On sait très bien que c'était pas mérité !

-Je ne reviendrai pas sur le sujet et j'apprécierai que tu ne le fasses pas ! dit-elle froidement en sortant ses propres dossiers de son sac.

-Swan, je suis ton ami et…

-Justement ! trancha-t-elle d'une voix ferme.

Il expira bruyamment et se leva pour prendre congé. Néanmoins, avant de passer la porte, il se tourna vers elle pour la dévisager.

-Ca fait quand même du bien de te revoir parmi nous !

-Merci Graham ! le congédia-t-elle sans même un regard pour lui, le regard déjà perdu dans l'un des dossiers.

Au bout d'une heure et demi, elle fut sortit de sa lecture par le chef de chirurgie qui passa la porte sans même frapper.

-Docteur Gold ! s'étonna-t-elle en le voyant entrer.

-Bonjour docteur Swan.

Il s'avança en claudiquant, aidé de sa canne et s'installa sur le fauteuil face à elle.

-Comment allez-vous ? demanda-t-il sincèrement lui faisant lever les yeux au ciel.

Elle n'avait aucune envie de répondre sur son état mental. Elle n'était plus la même personne que celle qui avait péter les plombs deux mois plus tôt. Elle avait tout fait pour revenir en forme et ne plus montrer ses faiblesses à qui que ce soit ! Elle avait coupé les ponts avec Mary-Margaret et David, avait remis de l'ordre dans sa vie et elle couchait même régulièrement avec une jeune rousse adorable.

-Et vous ?! choisit-elle de répondre pour échapper à la question.

-Je suis content de vous revoir dans cet hôpital ! Et j'espère que vous repartirez du bon pied. Nous attendons tous que le docteur Swan fasse de nouveau des miracles, même s'il faudra attendre pour cela encore quelques semaines avant que vous remettiez les pieds dans un bloc opé…

-Pardon ?! s'étrangla-t-elle.

Deux mois n'étaient-ils pas suffisants ?! Deux mois à tourner en rond avec ses pensées morbides, avec la seul lumière de pouvoir enfin retourner au bloc. Deux mois à devoir se contenter d'être sous anti-depresseur, sans qu'ils ne fassent aucun effet.

-Oui… voyez-vous, il faut que nous vous sentions apte à reprendre le boulot…

-Je suis là ! déclara-t-elle en écartant les bras. Je suis là et croyez-moi, je suis plus que prête à reprendre le travail au bloc ! De plus, c'était les conditions de ma mise à pied ! Je ne devais pas mettre les pieds ici pendant deux mois et après cela, je pouvais revenir sans entrave !

-Vous comprenez bien que vous devez d'abord voir notre psychologue avant de reprendre le…

-J'ai vu un psychologue ! grinça-t-elle entre ses dents.

Elle avait détesté ça… le bureau surchargé, l'odeur de chien mouillé qui y régnait et les conseils mielleux de ce joufflu.

-Oui mais pas le psychologue de l'hôpital.

-Rumple ! Il n'a jamais été dit que je devrai en voir un en revenant ici ! On m'a déjà forcé à en voir un pendant ce que vous avez appelé ma « convalescence » et il a fait une lettre il y a une semaine !

-Emma… ce sont les règles !

-Non ! Les règles ont été changées en cours, et ça vous ressemble pas vraiment !

Il y eut un silence durant lequel il sembla gêné, elle en profita pour pointer un doigt sur lui.

-Revoyez le conseil et ordonnez leur de me laisser opérer, aujourd'hui ! J'ai déjà trois personnes de prévu ! Ils n'avaient qu'à définir les règles mieux que ça quand ils m'ont mis à pied !

Il hocha la tête et se leva. Avant qu'il ne passe la porte elle le rappela pour qu'il la regarde et elle hocha plusieurs fois la tête.

-J'ai été voir Neal ce matin… enfin… au… au cimetière…

-Oui… moi aussi. Dit-il d'une voix enlevée. Ca fait déjà trois ans maintenant… rappela-t-il comme s'il avait perdu le compte du nombre des années.

Elle acquiesça et il sortit sans dire un mot de plus. Elle prit quelques minutes pour repenser à la mort de son meilleur ami et se décida finalement à se mettre en uniforme. Elle délaissa son jean moulant et son débardeur noir pour passer une tenue de l'hôpital. Elle ouvrit son casier en métal afin de saisir son stéthoscope qu'elle laissa tomber de part et d'autre de son cou. Elle dégagea ensuite sa longue chevelure blonde afin de l'attacher en une queue de cheval. Il n'y avait rien de plus désagréable que de devoir travailler avec des mèches devant les yeux. Lorsqu'elle passa la porte de son bureau elle fut accueillit par des confettis et des hurlements joyeux. La surprise passée, elle écarta les bras pour serrer Killian Jones dans ses bras. Son externe lui avoua que l'idée venait de lui et elle haussa les sourcils. Cela ne l'étonnait pas le moins du monde.

Ruby fit la moue en voyant que sa meilleure amie se forçait à sourire jusqu'à ce qu'elle congédie gentiment tout le monde en leur ordonnant d'aller travailler.

Graham lui tendit un boitier noir.

-Je te rends aussi ton bipeur avec plaisir parce qu'il sonne toujours au plus mauvais moment, gronda-t-il en lui fourrant dans la main.

-Ca dépend du point de vue ! informa Emma en esquissant un sourire amusée. Si tu me le rends, ça veut dire que j'ai le droit d'opérer aujourd'hui ?

-Gold n'a eu qu'un seul coup de fil à passer !

-J'imagine qu'il lui font une fleur parce que je suis vraiment douée ! se vanta-t-elle en plaisantant.

-Ou peut-être parce que tu as été mise à pied sur des faits infondés ! marmonna Ruby qui les suivait de près.

-Et si on arrêtait de parler de ça et qu'on allait s'occuper des gens malades ! proposa-t-elle en fixant le poste des infirmières au bout du couloir.

-Ouais… aujourd'hui, on a trois opérations !

-Yi-Ha!


-Vous saviez que la vieille Ferguson était partie ? demanda Emma en se jetant sur la place libre à côté de Graham.

La cafétéria grouillait de monde ce jour-là et Emma observait les gens qui la dévisageaient sans retenue.

-Evidemment ! déclara August en enfournant une fourchette de pomme de terre dans sa bouche.

-Oh ! Salut August ! Ca va ?

Graham était le bras droit d'Emma et l'un des meilleurs chirurgiens cardio-thoracique de l'état de New York, il était aussi le meilleur ami de la blonde mais ne trainait jamais bien loin d'August, chirurgien traumatologique de renom.

-Salut Emma ! Je vais bien, merci !Et toi ?

-Ouais… cool ! Dites, le café a augmenté dans toutes les machines ?! s'énerva-t-elle en ouvrant son jus de pomme d'un coup sec.

-Non, pas au cinquième ! Ils ont oublié la machine du cinquième ! précisa Graham.

-Mais du coup, elle est vide ! grogna l'autre.

Emma croqua dans son cookie en repliant une jambe contre elle.

-C'est tout ce que tu manges, Swan ?

-J'ai pas très faim ! avoua-t-elle en haussant les épaules.

-Et en deux mois, tu as perdu beaucoup de poids, non ?

Killian arriva et interrompit leur discussion en se raclant la gorge.

-Euh… docteur Swan, le docteur Gold a demandé à vous voir parce que… vo…vo…votre sœur est ici, aux urgences et elle…

-Qu'est ce que Mary fait aux urgences ?

-Justement, c'est pour ça que Gold veut vous parler…

Emma fronça les sourcils ; elle avait beau être furieuse contre sa sœur, elle ne voulait pas qu'il lui arrive malheur. Elle était tout ce qui lui restait à présent.

Elle se leva aussitôt et se dirigea vers la sortie d'un pas décidé. Elle préféra prendre les escaliers pour rejoindre le bureau de Gold et entra sans frapper.

-Docteur Swan ! Où sont passées vos bonnes manières ! s'écria-t-il, furieux.

-Désolée, désolée… je… Mary est aux urgences ?

-Pas exactement. Elle est ici car un de ses élèves est tombé lors d'une sortie scolaire. D'après les premières constatations des urgentistes, il se passerait quelque chose au niveau du cœur…

-Bien… et alors ? s'étonna-t-elle.

Généralement, il ne lui demandait pas de monter dans son bureau à chaque fois que quelqu'un était admis aux urgences pour une consultation cardiologique.

-Je veux que vous soyez le médecin de ce nouvel arrivant !

-Euh… d'accord… ouais, je vois pas pourquoi on en discute dans votre bureau !

-Parce que le patient est un petit garçon !

Emma se laissa tomber dans un fauteuil devant le bureau en bois vernis du directeur.

-Rumple, je ne vois toujours pas ce que je fais là ! Vous hésitez entre Graham et moi ?

-Non, il faut que ce soit vous !

Elle plissa ses grands yeux verts le forçant à aller plus loin. Il soupira en sachant pertinemment que la discussion n'allait pas être de tout repos.

-Vous devrez travailler avec le docteur Nolan et…

-Hors de question ! lâcha-t-elle en se levant, la colère parcourant déjà ses veines.

-Ce n'était pas une question docteur Swan !

-Je ne travaillerai pas avec David Nolan ! Comment osez-vous me…

-Docteur Swan ! Je vous rappelle que vous parlez à votre supérieur hiérarchique et qu'il serait dommage de vous suspendre dès votre premier jour !

-Je-ne-travaillerai-pas-avec-David-Nolan ! dit-elle en détâchant chaque mot, tremblante de colère.

-Suivez-moi ! ordonna-t-il en passant devant elle.

Prête à en découdre, elle fut sur ses talons en une seconde.

-Je ne vous laisse pas le choix ! expliqua-t-il en se rendant vers les ascenseurs.

-Pourquoi ne pas demander à Graham ! Il est chirurgien tout comme moi, et en cardiologie, tout comme moi ! Et il n'a pas de passé avec David !

-Je me moque de vos histoires personnelles ! Vous êtes ici pour exercer votre métier et qu'importe si vous avez des différents avec David Nolan ! dit-il en franchissant les portes de l'ascenseur.

-Très bien, pourquoi moi ?

-Vous êtes la meilleure !

-Alors prenez quelqu'un d'autre en pédiatrie ! s'énerva-t-elle en sentant la situation lui échapper.

Les portes s'ouvrirent de nouveau devant les entrées des urgences et il sortit sans l'attendre.

Dès qu'ils passèrent les portes, Emma repéra Mary-Margaret du coin de l'œil. Elle semblait dans tous ses états et les larmes qui lui montaient aux yeux ne paraissaient pas uniquement provenir du fait qu'elle revoyait Emma depuis plusieurs mois.

-Je ne prendrais pas quelqu'un d'autre !

-Pourquoi ?!

-Emma ! s'écria Mary en s'approchant d'eux. Je suis contente de te voir… je suis désolée mais il faut que tu fasses quelque chose, c'est arrivé d'un seul coup et je ne savais pas quoi faire !

-Mademoiselle Blanchard, je vous demanderais de bien vouloir vous calmer ! s'exclama une infirmière qui essayait visiblement de la tranquilliser depuis plusieurs minutes.

David s'avança vers la blonde, sentant qu'elle était réfractaire à sa présence.

Gold reprit :

-Ecoutez, le docteur Nolan est le meilleur en chirurgie pédiatrique et vous êtes la meilleure en cardiologie, nous avons besoin que vous vous occupiez de ce patient…

-Putain! c'est qui ce gosse ?! le Prince de Tchécoslovaquie ?!

-Pourrait-on me dire ce qu'il se passe ici !? s'agaça une voix derrière eux.

Emma fusilla du regard la personne qui avait osé interrompre leur discussion mais son visage se transforma en un masque de stupeur lorsqu'elle vit une jeune femme brune aux yeux noirs de colère. Elle était accompagnée de deux hommes à la carrure agréable à regarder: des gardes du corps.

Gold se posta entre les médecins et la jeune femme afin de faire les présentations.

-Docteur Swan, docteur Nolan, je vous présente…

-Regina Mills ! acheva Emma en un souffle.

-Vous vous connaissez ?! s'étonna Mary-Margaret.

-Eh bien… reprit Gold, qui ne connaît pas Regina Mills dans cette ville, après tout elle est…

-Lesbienne, coupa maladroitement Emma.

Le regard étonné et furieux à la fois de la brune se posa sur elle et elle balbutia des excuses.

-Non… enfin si, mais… je veux dire… non c'est pas grave hein… non parce que moi aussi je le suis… enfin… je suis bi mais… c'est… euh…

Elle s'enfonçait sous le regard des autres qui la regardait sombrer sans pouvoir l'aider. Elle reprit sa respiration et offrit un petit sourire timide.

-Désolée, ce que je voulais dire c'est que… je vous connais parce que… qui ne connaît pas le maire de New York ! Euh… j'ai voté pour vous d'ailleurs !

Elle tendit sa main afin de saluer dignement la brune. Apparemment soulagée, l'autre la pressa fermement.

-Où est Henry !? demanda-t-elle en fusillant Mary-Margaret du regard. Et bon sang que s'est-il passé pour qu'on m'appelle en pleine réunion budgétaire ?! gronda-t-elle.

-Madame le maire, je suis désolée je… je n'ai rien pu faire, il est… il est tombé d'un seul coup en se plaignant d'une douleur à la poitrine.

-Où est-il ? demanda-t-elle à présent très inquiète.

Une infirmière lui fit signe de venir dans un box où le petit garçon attendait. Sans aucune cérémonie, elle passa devant eux pour rejoindre son fils et les deux hommes qui la suivaient comme son ombre se postèrent devant la chambre sans rien dire.

-Bien, docteur Swan, docteur Nolan, je compte sur vous pour faire preuve de professionnalisme…

-Je ne suis pas celle qui a un cours à recevoir sur le professionnalisme…

-Emma, tu sais très bien que…

-C'est docteur Swan ! rétorqua Emma en fusillant David du regard. Tu as perdu le droit de m'appeler Emma il y a deux mois !

-C'est ridicule je…

-Tu trouves que la situation est ridicule ? C'est vraiment ce que tu viens de dire !? cracha-t-elle en se rapprochant pour lui coller son poing dans la figure.

-Non, c'est ton attitude qui l'est…

-David ! prévint Mary en s'accrochant à son bras afin de le raisonner.

-Putain tu n'es vraiment qu'une ord…

-Ca suffit ! siffla Gold entre ses dents, les faisant taire instantanément. Vous êtes deux brillants chirurgiens alors vous allez mettre votre histoire de côté et venir en aide à ce petit garçon ! Et je ne veux pas entendre parler de vous ! ajouta-t-il en voyant Emma ouvrir la bouche.

Il n'attendit pas leur réponse et se dépêcha de filer.

-Tu te charges du témoin, moi je m'occupe du gamin ! grinça Emma en faisant coulisser la porte du box pour rejoindre la mairesse et l'enfant.

-Emma je…

Elle referma la porte au nez du fiancé de sa sœur, puis se tourna vers son petit patient.

Ruby se tenait déjà vers lui et remettait les oreillers en place, elle lança un regard désolé à la blonde. Regina était assise sur le brancard et penchée vers son enfant.

-On lui a passé de la morphine parce que la douleur était trop intense, informa Ruby.

-Salut gamin, je suis le docteur Swan, tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle en se postant près de la mairesse.

Celle-ci couvait son petit garçon du regard et dégageait régulièrement une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux.

Lui, il observait Ruby qui fouillait rapidement dans les tiroirs pour prendre différents objets avant de les placer sur un plateau. Emma regarda sa meilleure amie puis posa sa main sur le genou du fils de la mairesse.

-Je te présente Ruby, elle sera ton aide-soignante aujourd'hui et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux t'adresser à elle. Elle va prendre ta tension, ta température si tu le veux bien et en attendant, tu peux me raconter ce qu'il s'est passé ?!

Le petit garçon lança un coup d'œil à sa maman qui l'encouragea d'un sourire bienveillant.

-J'ai eu mal, dit-il en s'enfonçant dans les oreillers se sentant mal, sa respiration était saccadée comme s'il venait de faire un effort particulier.

-Tu peux me montrer où tu as eu mal ? demanda-t-elle.

Il montra doucement sa poitrine en lançant un regard désolé à la brune.

-Qu'est ce que tu étais en train de faire quand ça s'est passé ?

Il haussa les épaules et détourna son visage pour fuir sa mère.

-Tu ne veux pas me le dire devant ta maman ? devina la blonde.

-Henry ! enfin parle mon ange ! C'est important ! implora Regina.

Après quelques secondes, il haussa les épaules et son visage se peignit de tristesse.

-Maman va être en colère, murmura-t-il.

Emma jeta un coup d'œil à la mairesse qui fronça les sourcils devant l'accusation de son fils.

-Tu sais, je crois que ta maman a bien plus peur pour toi qu'elle n'a envie de te gronder !

Henry regarda Emma comme pour juger si elle lui disait la vérité ou non.

-Je me disputais avec Connor…

-Qui est Connor ? demanda Emma en regardant tant la mère que le fils.

-Un de ses petits camarades de classe qui s'amuse à le terroriser ! gronda la voix grave de la brune.

Emma comprit à la seconde que la famille du petit garçon aurait très bientôt des nouvelles de la mairesse car elle ressemblait à une lionne qui venait de voir quelqu'un attaquer son petit.

-Ok, donc vous étiez en train de chahuter ?

-Oui…

-Et qu'est ce qu'il s'est passé ? questionna Emma.

-J'ai eu très mal ici et je suis tombé.

Emma plissa les yeux et échangea un regard inquiet avec Ruby. Elle se déplaça à côté du petit garçon et prit ses mains une à une pour les lever à quelques centimètres du matelas.

-Henry, tu veux bien laisser tes bras en l'air ?

Elle lâcha ses mains et seulement une resta dans les airs.

Regina fronça les sourcils et regarda la blonde réitérer son geste. Le résultat fut le même mais Emma savait qu'elle ne devait en aucun cas faire paniquer la mère du petit bonhomme.

Elle l'apprenait à ses internes dès les premières minutes où ils la rencontraient.

Lorsque votre patient est un enfant, il faut gérer votre patient mais aussi leurs parents, parce qu'un parent inquiet devient un problème, et vous aurez moins de temps à consacrer à votre diagnostique. Si vous constater des symptômes inquiétants, ne laissez rien paraître, parce que si papa et maman s'inquiètent, c'est foutu ! Vous savez, pour les enfants, vous êtes juste un docteur, pour les parents, vous êtes un chirurgien cardio-thoracique, vous êtes le dernier médecin qu'ils s'attendent à consulter pour leur enfant ! Alors si vous avez une mine inquiète, ils paniquent et c'est normal ! Ne-paniquez-jamais !

-Okay ! s'exclama-t-elle avec un sourire. Alors on va te faire passer quelques petits tests, on va prendre des photos de l'intérieur de ton corps et après on pourra te les montrer si tu veux !

-Trop cool ! dit-il en toussant un peu.

Emma lui sourit gentiment et replaça à son tour une mèche de cheveux qui lui barrait le front.

-Est-ce qu'il y a des maladies cardio-vasculaire dans votre entourage ? demanda Ruby en essayant d'attirer l'attention de Regina.

-Pardon ?

-J'ai besoin de savoir si votre petit garçon a un risque génétique. Vous comprenez, parfois, certaines maladies sont transmises par les parents et nous avons besoin de savoir si…

-Oh… je… je ne peux pas vous répondre à cela ! percuta la maire en se relevant.

-Euh… mais j'ai besoin de savoir ! expliqua Ruby, le stylo suspendu au dessus de sa feuille.

-Je ne peux pas répondre à cette question ! répéta Regina.

-Hein ? P…Parce que vous êtes… le maire de New York ? c'est ça ? C'est genre quelque chose de top secret ?!

-Non, je ne peux réellement pas vous répondre, je...

-Il s'agit de la vie de votre fils tout de même ! s'emporta légèrement l'aide soignante.

-Ruby ! intervint Emma en posant une main sur son avant bras avant de planter son regard dans celui de la politicienne. Henry est un enfant adopté, n'est-ce pas ?

Elle acquiesça silencieusement en laissant son regard inquiet aller d'Henry à Emma.

-Oh… souffla Ruby se sentant à présent stupide.

-Qu'est ce qu'il a ? demanda-t-elle en sentant que quelque chose de grave était en train de se passer.

Emma récupéra les constances que lui tendait Ruby et ses yeux détaillèrent rapidement la feuille.

-Okay, on va faire une ETO et…

-ETO ? qu'est ce que c'est ?

David se faufila dans la pièce et choisit ce moment pour répondre à la question de la mairesse.

-On va introduire une sonde dans la bouche d'Henry afin de passer par son pharynx et son œsophage pour pouvoir voir l'arrière de son cœur.

-Est-ce qu'il va avoir mal ?! s'inquiéta la brune en se rapprochant de son fils.

-Il va ressentir une gêne parce que le tuyau est assez épais…

-Est-ce que c'est nécessaire ?

-Oui, reprit Emma, votre fils à des douleurs thoracique, de la fièvre, une difficulté pour respirer et une hypotension artérielle ce qui provoque déjà des faiblesses dans ses membres, il se peut qu'une chirurgie d'urgence soit nécessaire, expliqua Emma en voyant les larmes monter aux yeux de la brune.

-Mais ne vous inquiétez pas, rassura David, le docteur Swan est l'un des meilleurs médecins de…

-Le meilleur, coupa Emma. En réalité, d'après les statistiques, je suis le meilleur chirurgien cardio-vasculaire de ce pays, mais vous savez ce que c'est, être la meilleure attire souvent les jalousies des collègues ! lança Emma en présentant un sourire amusé à la politicienne tout en jetant un regard sombre à son collègue.

David soupira faiblement et se rapprocha du patient pour lui expliquer la procédure. Il était un sacré bon chirurgien pédiatrique mais Emma aurait donné n'importe quoi pour ne pas travailler avec lui, aussi doué soit-il. Ruby se chargea d'emmener le matériel nécessaire pour l'ETO tandis qu'Emma finissait d'expliquer au maire ce que la procédure impliquait.

Une urgence doit se gérer comme si ça n'en était pas une ! Vous devez rester calme, ne pas hurler à tout bout de champ, et surtout être rapide et précis dans vos gestes, dans vos demandes aux infirmières.

Les yeux d'Emma parcouraient l'écran afin de voir une image significative et lorsqu'elle la vit, elle marqua un temps d'arrêt qui ne passa pas inaperçu pour la mairesse. Cela n'avait duré qu'un quart de seconde mais Regina Mills, de par son métier se devait d'être observatrice.

David se rapprocha de la blonde et pointa une poche sur l'écran.

-C'est ça qui t'inquiète ? demanda-t-il discrètement.

Emma ne répondit pas, préférant retirer la sonde de la gorge de l'enfant dont les yeux pleuraient sans qu'il ne puisse rien faire.

-Bien, Ruby prévient le bloc qu'on arrive, il va falloir opérer immédiatement.

-Pardon ?! s'étrangla Regina.

Emma posa un regard compatissant sur elle.

Le plus inquiet des deux sera toujours le parent. L'enfant ne se rend pas forcément compte des risques pris lors d'une opération alors que le parents voit systématiquement le pire scénario. Avant de partir en opération, assurez-vous que le parent ait bien compris tous les risques et toutes les issues possibles !

Emma laissa Regina rassurer son petit garçon et lui dire qu'ils se retrouveraient dans quelques heures, puis elle l'accompagna dans une salle vide afin de pouvoir discuter tranquillement avec elle. Elle voulait l'informer avant de se préparer pour l'opération. Emma avait l'habitude de rencontrer les gens au pire moment de leur vie mais elle avait suffisamment lu d'article concernant la femme qu'elle avait devant elle pour savoir que Regina Mills était de celles qui avaient déjà dû affronter de nombreuses batailles. Pas seulement politiques mais aussi personnelles. Néanmoins, la brune avait ôté son masque de politicienne et même si elle essayait de se montrer calme, Emma savait qu'à l'intérieur, une véritable tempête de panique faisait rage.

Elle lui fit signe de s'asseoir et s'installa en face d'elle.

-Bien, débuta-t-elle. Henry est en train de faire une dissection aortique et nous l'emmenons au bloc pour que son pronostique vital ne soit pas engagé.

-Une dissection aortique ?! répéta la brune. Qu'est ce que c'est ?

-Hum… essayez d'imaginer deux tuyaux l'un passant à l'intérieur de l'autre. Celui de l'intérieur est le tuyau dans lequel circule le sang. Chez Henry, ce tuyau est fissuré et le sang est en train de faire une poche dans le second tuyau. C'est extrêmement douloureux et surtout nous devons intervenir avant que le second tuyau ne se fissure.

-Vous pensez que c'est parce que... parce qu'il chahutait avec Connor? De nouvelles larmes perlèrent au coin de ses yeux mais elle les effaça d'une grande inspiration.

-Non, pour l'instant nous ne pouvons pas savoir s'il s'agit d'une maladie génétique et... pour tout vous dire, le plus important est de l'emmener en salle d'opération.

-Vous allez reboucher la fissure ? demanda-t-elle.

-Nous allons réaliser une intervention par sternotomie médiane, Henry sera mis sous circulation extracorporelle et…

Les grands yeux perdus de Regina la dévisagèrent.

-Mademoiselle Mills, tout ce que vous avez besoin de savoir c'est que nous allons enlever la partie de l'aorte qui fonctionne mal pour la remplacer par une prothèse en dacron. C'est ce qui va permettre à Henry de ne plus avoir de problème.

-Est-ce qu'il y a un risque que… qu'il puisse…mourir?

Emma admira la force de caractère de la jeune femme. Peu osait poser la question et encore moins aller jusqu'au bout.

-Le risque zero n'existe pas pendant une opération, et je ne vous cacherai pas que ce type d'opération est risqué.

-Il est tout ce qu'il me reste ! murmura Regina en regardant à présent ses mains.

-Je vous promets de tout faire pour qu'il aille mieux! assura la chirurgienne en pressant l'une d'elle.

Son bippeur se mit à sonner et elle plongea son regard dans les yeux humides et dévastés.

-Est-ce que vous avez des questions, mademoiselle Mills ?

-J'en ai un million mais je préfère que vous vous occupiez de mon fils.

Emma pressa encore la main de la brune et sortit rapidement pour foncer au bloc afin de se préparer pour l'opération. David était déjà là-bas en train de se désinfecter les mains et avant-bras.

-Pas de tout repos comme premier jour ! débuta-t-il lorsqu'Emma se mit à côté de lui.

Elle ne répondit pas en laissant le savon couvrir ses mains. Elle fit remonter le produit sur ses bras et frotta la moindre parcelle de peau.

-Comment vas-tu t'y prendre pour l'opération ?! demanda-t-il.

-Comme si je soignais une dissection aortique, rétorqua-t-elle ironiquement.

Une infirmière passa les portes pour la désinfection mais en les voyant tous les deux dans la même pièce, elle fit demi-tour.

-Tu te sens prête ?!

-Prête à quoi, David ? Faire mon métier ? Oui ! Je n'ai jamais cessé d'être prête ! Et même lorsque tu as tout fait pour que je sois mise à pied, j'étais encore prête et apte à aller au bloc !

-Ce n'est pas vrai ! Lorsque Lili…

Emma se tourna vers lui et attrapa une serviette afin de tapoter ses mains.

-Vas-y David, siffla-t-elle férocement, ose prononcer son nom encore une fois, une seule fois et je te promets que tu prendras mon poing dans la figure ! Si je peux consentir à ce que tu te trouves dans la même pièce que moi, c'est parce que Rumple me l'a demandé ! Mais je vais être claire avec toi, tu ne m'approches pas en dehors du dossier Mills, tu ne me parles que du patient Mills, tu n'essayes pas de faire l'idiot en me demandant comment je vais m'y prendre pour opérer une putain de dissection aortique et surtout, tu ne te mêles jamais plus de ma vie privée ! Toi et Mary vous êtes simplement des gens de la famille qu'on est obligé de se taper à Noël et Thanksgiving ! A part ça, vous n'êtes plus rien ! Toi particulièrement ! C'est compris ? A présent je ne te dirais que le stricte nécessaire, et sache que « bonjour » et « au revoir » ne font pas partie du stricte nécessaire !

Elle le planta là pour entrer dans le bloc où on lui mit un masque sur le visage et des gants chirurgicaux.

Les constantes d'Henry étaient très instables, preuve qu'il fallait agir le plus rapidement possible. Elle hocha plusieurs fois la tête et son regard balaya la salle d'observation qui se trouvait au-dessus du bloc. Gold venait d'y entrer pour s'asseoir devant la vitre. Emma poussa un long soupir et demanda à ce que le chronomètre soit enclenché. Puis, elle tendit la main vers l'infirmière de bloc.

-Lame de dix.


Alors?