Bonjour ! ^^

Après une longue absence sur FFnet, me revoilà avec une nouvelle petite histoire !

Elle fait 9 chapitres, plus un épilogue. Je prévois publier toutes les semaines. J'espère que vous apprécierez.

Note importante : Cette fic est une expérience. Dans le seul but d'en étudier la structure et de progresser dans mon style, je me suis inspirée de près de l'intrigue du film "The Proposal". Je ne gagne pas d'argent avec cette histoire. Si j'ai décidé de la publier, c'est simplement pour la partager avec d'autres et continuer d'apprendre grâce à vos commentaires constructifs.

(L'univers et les personnages appartiennent à JK Rowling. La structure de l'intrigue appartient au film "The Proposal".)

Bonne lecture ! :)


Chapitre 1 ― La déclaration improvisée

Hermione était assise à une table de la salle commune, les yeux piqués par la fatigue. Elle avait dû se lever très tôt ce matin pour pouvoir réviser son devoir avant le début des cours. Sur ses genoux, Pattenrond se prélassait en boule, tel un gros coussin orangé, et ronronnait bruyamment dans le silence.

Dans la lueur pâle de l'aube, elle déposa sa plume dans l'encrier et relut une dernière fois ses deux rouleaux de parchemin sur les Horcruxes. Si elle désirait entrer au Ministère de la Magie après sa dernière année, la réussite de ses ASPIC lui était primordiale. Pourvu que le professeur Rogue lui accorde cette fois la note optimale, sans que son humeur massacrante vienne encore affecter son jugement.

Depuis la défaite de Voldemort, la hargne de Severus Rogue n'avait jamais atteint de si hauts degrés. Pourtant, grâce au témoignage d'Harry, le Magenmagot l'avait acquitté du meurtre de Dumbledore, en soulignant par la même occasion son rôle qui avait été important dans la bataille. Rogue avait donc pu réintégrer, après son séjour à Ste-Mangouste, son poste d'enseignement à Poudlard, dans sa matière préférée de surcroît. Il aurait dû être heureux, mais il donnait plutôt l'impression que la mort lui aurait été plus douce.

Selon Harry, depuis qu'il avait accompli sa mission envers Lily, il avait perdu le sens de sa vie. Ron avançait pour sa part qu'il souffrait d'inutilité aiguë maintenant que plus personne n'avait besoin de lui. Quant à Hermione, elle souhaitait simplement qu'il retrouve vite le moral d'une manière ou d'une autre, sans quoi ses projets d'avenir étaient en péril. Rogue devenait d'une effroyable dureté sans borne.

Des bruits de pas et de conversations à l'étage annoncèrent le réveil progressif des Gryffondor. Peu à peu, les élèves descendirent au rez-de-chaussée de la tour, en bâillant et en se frottant les yeux. Neville Londubat, qui était retourné à Poudlard comme Hermione pour obtenir ses ASPIC, s'approcha d'elle en fronçant les sourcils.

― Tu n'as pas passé la nuit debout, j'espère ? marmonna-t-il.

Hermione soupira en se passant les mains sur le visage, puis se leva en repoussant de ses genoux Pattenrond, qui atterrit par terre en aplatissant les oreilles d'un air irrité.

― Rogue a intérêt à me donner la meilleure note qu'il soit, sinon je me plains à la directrice, déclara-t-elle.

― Bien sûr que si, tu seras bien notée ! dit Neville en roulant les yeux. Le sujet est l'Horcruxe ! Si après toute cette aventure à courir après ces objets, tu ignores encore ce que c'est...

― On ne sait jamais avec Rogue...

Hermione remit son devoir dans son sac qu'elle alla rapidement porter dans son dortoir, puis redescendit et passa avec Neville l'ouverture masquée du portrait de la grosse dame.

― Tu as reçu des nouvelles d'Harry et Ron ? interrogea Neville tandis qu'ils se dirigeaient vers la Grande Salle. Comment ça va pour eux, avec leur formation d'Auror au Ministère ?

― Très bien, répondit Hermione sans parvenir à réprimer une certaine jalousie envers ses deux meilleurs amis.

Durant la bataille contre Voldemort, Harry et Ron avaient démontré suffisamment d'aptitudes pour entrer tout de suite au Ministère sans devoir obtenir leur ASPIC. Quant à elle, si elle souhaitait révolutionner quelques Départements du côté des lois magiques, dans le but, entre autres, de continuer à lutter pour le droit des elfes de maison, une tout autre formation lui était nécessaire. Elle devait donc se résigner à terminer sa dernière année à Poudlard. Pas que les études lui étaient pénibles ― elle avait toujours voué une passion sans limites pour l'apprentissage. C'était d'endurer Rogue, le problème, son plus grand supplice.

― Ils m'ont envoyé une lettre hier soir, poursuivit Hermione. Ils te saluent également et espèrent que tu vas bien.

― Tu leur répondras que je vais à merveille ! dit joyeusement Neville. Le professeur Chourave vient de me nommer assistant dans ses cours !

― C'est vrai ? s'enthousiasma Hermione.

― Absolument, elle n'arrête pas de me complimenter pour mon talent en botanique.

― Oh, Neville, c'est fantastique ! Je suis fière de toi !

La Grande Salle était bondée et bruyante. Hermione et Neville se faufilèrent parmi un groupe de Poufsouffle pour atteindre la table des Gryffondor et s'assirent devant les plats d'omelettes et de bacons.

Neville se servait un verre de jus de citrouille, quand retentit soudain un tumulte de battements d'ailes. Les hiboux s'engouffraient dans la Grande Salle pour apporter le courrier. Hermione leva les yeux et fut surprise de voir une chouette hulotte fondre sur elle.

― Ça doit être encore Harry et Ron, murmura-t-elle en repoussant le plat de bacons devant elle pour faire de la place.

La chouette atterrit en manquant de renverser la cruche de jus de citrouille, puis tendit sa patte vers Hermione qui en détacha la lettre.

― Alors, c'est eux ? interrogea Neville, curieux.

― Non, ce sont mes parents..., soupira-t-elle.

À chaque occasion, ils l'invitaient à venir les visiter en lui rappelant à quel point leur fille unique leur manquait ― si bien qu'Hermione en venait souvent à regretter d'avoir inversé le sort de l'oubli après la bataille de Poudlard. À présent, il était question d'un week-end à la montagne, sauf qu'elle ne disposait d'aucun temps à perdre sur les pentes de ski.

― Qu'est-ce qu'ils veulent ? demanda Neville.

― M'inviter au chalet pour le week-end, répondit Hermione, maussade.

― Ah, c'est bien, tu vas profiter des vacances de printemps qui s'en viennent ?

― Je vais profiter des vacances, effectivement, mais uniquement pour m'avancer dans mes études. Je n'ai pas le temps de jouer dans la neige.

Neville émit un petit rire.

― Tes études sont encore très importantes, à ce que je vois, dit-il en hochant la tête. En tout cas, moi, si j'avais encore des parents en pleine forme...

Le cœur d'Hermione se serra. Les parents de Neville étaient encore internés à Ste Mangouste.

― Désolée..., souffla-t-elle.

― Pourquoi ? demanda Neville, impassible. Tu fais bien ce que tu veux. Allez, mangeons, si on ne veut pas être en retard au cours de Rogue...

.

La salle de défense contre les forces du Mal n'avait jamais changé son aspect lugubre depuis que Rogue y enseignait. D'épais rideaux poussiéreux occultaient toute lumière du jour, laquelle étant remplacée par la flamme des chandeliers dispersés dans les coins, et les affreuses images représentant des gens soumis à divers sortilèges horribles tapissaient encore les murs.

Hermione s'installa à une table en compagnie de Neville et sortit de son sac son devoir sur les Horcruxes et son exemplaire de Se mesurer aux objets les plus tabous de la magie noire. Au même moment, la porte claqua et le professeur Rogue s'avança à grands pas dans le silence le plus complet des élèves.

― Je m'attends à ce que la leçon de la semaine dernière ait bien pénétré l'épaisseur de vos crânes, dit-il tandis que sa cape sombre virevoltait derrière lui, parce que si je dois vous répéter les mêmes informations aujourd'hui, attendez-vous à subir mon plus terrible mécontentement.

Il rejoignit son bureau, derrière lequel il se tourna devant sa classe, les bras croisés, et parcourut de son regard noir et glacial les élèves devant lui. Hermione détailla avec hostilité son visage cireux encadré de ses éternels cheveux graisseux, son nez crochu et son rictus hargneux. Qu'est-ce que ça lui coûterait de s'abstenir d'insulter gratuitement sa classe, pour une fois ?

― Qu'est-ce qu'un Horcruxe ? demanda Rogue.

La main d'Hermione s'éleva aussitôt.

― Personne ? dit Rogue en l'ignorant délibérément. Après tout ce travail sur le sujet, personne ne peut me décrire un Horcruxe ?

Neville hésita alors et leva également les doigts.

― Oui, Londubat ?

― C'est un objet issu de magie noire, très puissant, qui permet de séparer l'âme du sorcier en deux... ou en plusieurs morceaux...

― Content de constater que cette bataille contre le Seigneur des Ténèbres vous a nettoyé le cerveau de quelques toiles d'araignée, Mr Londubat. Et que devient alors l'objet ensorcelé ?

À nouveau, la main d'Hermione jaillit, mais Rogue ne la regarda toujours pas.

― L'objet devient l'enveloppe protectrice du fragment d'âme, répondit Neville d'un ton flegmatique, sans réagir à l'insulte. Pour le détruire, il faut quelque chose d'extrêmement destructif pour éviter qu'il se reconstitue ensuite de lui-même. Moi, par exemple, j'ai utilisé l'épée de Gryffondor qui...

― Tout le monde le sait, interrompit Rogue, méprisant. Je comprends que votre acte héroïque peut vous enfler la tête au point de devoir nous le faire rappeler à la moindre occasion, mais épargnez-nous vos radotages, voulez-vous ?

Neville se tut, incapable cette fois d'empêcher ses joues de s'empourprer. Hermione jeta à Rogue un regard venimeux.

― Comment osez-vous ? pesta-t-elle sans pouvoir se retenir, pendant que des murmures révoltés se répandaient dans la salle. Neville n'a rien d'un vaniteux ! Il a risqué sa vie comme plusieurs d'entre nous pendant l'ascension de Voldemort et...

― Ne prononcez pas son nom ! coupa Rogue qui tressaillit d'un mouvement convulsif. Et vous, taisez-vous !

Les élèves redevinrent silencieux, mais continuèrent de fusiller leur professeur du regard. Rogue quitta son bureau et marcha lentement entre les travées, l'air plus redoutable que jamais.

― J'enlève trente points à Gryffondor pour avoir commenté sans y être autorisée, Miss Granger, reprit-il à voix basse. Maintenant, est-ce que quelqu'un d'autre pourrait me parler des Horcruxes ? Qu'est-ce qui l'oppose à l'être humain ?

Déterminée, Hermione éleva une troisième fois la main. Rogue se détourna et prit son temps, guettant le moindre geste chez les autres élèves. Mais comme personne d'autre ne se portait volontaire pour répondre, il grinça des dents :

― Vous êtes en train de me dire qu'aucun de vous ne connaît la différence significative qui existe entre un Horcruxe et un être humain ?

― Si, risqua Neville d'un ton ferme. Hermione le sait.

Rogue se tourna alors vers Hermione, qui gardait toujours la main en l'air. Visiblement agacé, il crispa un moment les mâchoires, puis il s'avança vers elle d'un pas lent.

― Très bien..., murmura-t-il d'un ton doucereux, les yeux étincelants. Allez-y, Miss Granger... je vous écoute...

Il appuya les mains sur sa table et approcha son visage cireux tout près du sien, comme pour l'intimider, mais Hermione ne se démonta pas et se lança en soutenant son regard froid :

― L'Horcruxe est l'opposé d'un être humain, parce qu'une fois détruit, le fragment d'âme l'est également. La survie de l'âme dans l'objet ensorcelé dépend de son contenant, contrairement à celle d'un être humain, qui survit, elle, même après la mort.

― Une réponse parfaitement copiée de votre manuel et apprise par cœur, ce qui n'est guère impressionnant, répliqua Rogue avec méchanceté. Si j'évite de vous interroger, Miss Granger, c'est justement pour m'épargner votre petite prétention sans aucune valeur.

D'un geste vif, il ramassa le devoir d'Hermione et survola rapidement des yeux les premières lignes du parchemin.

― Pitoyablement, il en est de même dans vos travaux, poursuivit-il dans un murmure parfaitement audible pour toute la classe. Du véritable plagiat qui ne mérite qu'un pauvre zéro.

― Je n'ai aucunement plagié quoi que ce soit ! s'insurgea Hermione.

― Taisez-vous si vous ne voulez pas perdre plus de points !

Soudain, avec un brusque raclement de chaise, Neville se leva comme une flèche, poings serrés, l'œil dardé sur Rogue.

― Vous savez quoi ? lui lança-t-il, furieux. J'en ai plus qu'assez de votre sale caractère à faire vomir les veracrasses !

Des exclamations étouffées s'élevèrent de la classe.

― Neville ! glapit Hermione, choquée. Mais qu'est-ce que tu fais... ?

Elle essaya d'attraper sa manche pour l'obliger à se rasseoir, mais il s'éloigna d'elle, le regard fixé sur le visage livide de Rogue.

― C'est quoi votre but, exactement ? poursuivit-il, transporté de rage. Collectionner le plus de haine possible de la part de vos élèves ? Eh bien, je vous annonce officiellement que c'est réussi, parce qu'à force de persécuter tout le monde, vous finirez tout seul sur votre lit de mort, sans jamais obtenir l'amour de personne !

Ses derniers mots résonnèrent en écho entre les murs, puis le silence retomba comme une masse dans la salle. Hermione avait cessé de respirer, comme tous les élèves autour, parcourue de frissons d'appréhension. La suite ne pouvait que mal finir.

Rogue se redressa de toute sa hauteur devant Neville, la mine terrifiante, les yeux plus flamboyants que jamais.

― Merci pour cette petite scène de théâtre, Mr Londubat, dit-il d'un ton contenu, les sourcils haussés. Très divertissant, vraiment. Maintenant, j'aimerais vous rappeler que je détiens pleinement le pouvoir de vous expulser de l'école et par conséquent de démolir vos ambitions de carrière. Donc, si j'étais vous, j'avalerais immédiatement ma langue avant d'aggraver mon cas.

Neville referma la bouche, les iris crachant des éclairs.

― Bien, reprit Rogue, satisfait. À présent, veuillez noter que tous les soirs, à neuf heures, dans mon bureau, jusqu'à la fin de l'année, vous éviscérez un tonneau plein de crapauds cornus ― votre retenue préférée, vous vous en souvenez... ? J'enlève également soixante points de plus à Gryffondor et la directrice sera informée de votre attitude impertinente. Maintenant, déguerpissez, vous nuisez au bon déroulement de mon cours ! Et amenez avec vous la Miss je-sais-tout, elle ne vaut pas plus que vous !

.

― Je ne peux pas croire qu'il m'a collé un zéro à mon devoir ! s'écria Hermione qui marchait de long en large dans la salle commune déserte, les doigts crispés dans sa chevelure ébouriffée. Et qu'il m'a jetée ensuite hors de son cours sans aucune raison valable !

― Je suis désolée, dit Neville, effondré dans un fauteuil devant la cheminée. Je n'ai pas pu me retenir...

― Je ne vais pas accepter ça, continua-t-elle, la respiration haletante. Je ne vais absolument pas accepter ça !

Pattenrond s'approcha de sa maîtresse en émettant un miaulement, mais il ne reçut aucune attention. Hermione était trop furieuse.

― Je le forcerai à me donner la note que je mérite, sinon McGonagall va m'entendre !

― Tu devrais aller directement te plaindre à McGonagall, suggéra Neville.

― Parfaitement ! J'irai la voir après avoir fait un tour au bureau de Rogue.

― Non, je veux dire, aller la voir, elle, sans plus essayer de raisonner Rogue. Ça ne sert à rien, il restera borné. Tu ne ferais que t'attirer de nouveaux ennuis.

― C'est ridicule ! Jamais je ne croirai qu'il ne renferme pas quelque part en lui au moins une once d'humanité ! Non mais vraiment ! Je veux tenter de régler ça avec lui d'abord, entre adultes. Après, si je n'obtiens réellement aucun résultat de sa part, là je me retournerai vers McGonagall. Mais je ne le laisserai pas gagner sur moi, oh que non ! Sale... chauve-souris détestable !

Elle s'avança vers une table, se saisit de la cruche d'eau qui y était posée et se versa un verre. Pattenrond poussa un second miaulement, sa queue touffue se balançant derrière lui.

― Quoi ? s'agaça-t-elle. Qu'est-ce que tu veux, toi ? Toi qui as la vie facile, sans aucun professeur graisseux à endurer !

Elle avala une grosse gorgée d'eau, puis se pencha pour lui caresser un peu la tête.

― Je comprends qu'il puisse trouver sa vie fade depuis qu'il n'a plus de mission pour l'occuper, reprit-elle en se laissant calmer par les ronronnements de son chat. Mais il y a quand même des limites ! S'il ne change pas de caractère bientôt...

― Qu'est-ce que tu vas faire pour le convaincre de noter ton devoir raisonnablement ? demanda Neville.

Hermione se redressa, reposa son verre sur la table et se croisa les bras, les sourcils froncés.

― Je ne sais pas encore..., admit-elle après un moment. J'irai avec la spontanéité, je suppose, mais fermement, sans m'emporter. J'irai ce soir, après les cours, juste avant ta retenue.

― Bonne chance, dit Neville d'un air craintif.

― Merci.

.

Le soir tombé, Hermione se dirigea vers les cachots d'un pas déterminé, son devoir roulé dans sa poche. La flamme des torches dessinait des ronds rougeoyants sur la pierre des murs. Malgré la faible chaleur qui s'en dégageait, les couloirs demeuraient froids et humides, comme d'habitude.

Hermione se frotta les bras en frissonnant, puis s'arrêta devant la porte du bureau de Rogue. Elle prit une profonde respiration, leva la main et s'apprêta à frapper, quand elle s'aperçut que Rogue avait déjà de la visite.

― ... que Eileen Prince, votre mère, qui a déposé la fortune de votre père, Tobias Rogue, à Gringotts, disait une voix d'homme d'affaires. Le délai est malheureusement expiré, Mr Rogue. La chambre forte, comme convenu dans le testament, va devoir fermer et son contenu récupéré par la banque.

Intriguée, Hermione laissa retomber son bras le long de son flanc et colla l'oreille sur le métal glacé de la porte.

― Ça m'est égal, répliqua Rogue avec froideur. Faites ce que vous avez à faire.

― Vous êtes sûr ? s'étonna l'homme sans cacher son incrédulité. Vous savez, il vous reste encore jusqu'à lundi pour remplir la condition exigée.

― Ne vous fichez pas de moi, vous savez bien que c'est impossible ! Mon père était un imbécile aux idées tordues et ma mère ne valait pas mieux avec sa soumission aveugle. Alors, qu'ils aillent se faire voir dans leur tombe ! Je n'en ai rien à cirer de leur médiocre fortune !

Un bref silence s'ensuivit, puis il y eut un raclement de gorge.

― Je comprends tout à fait, Mr Rogue, que l'exigence imposée par votre père est assez... particulière, reprit l'homme d'un ton réticent. Mais... médiocre... ? Vraiment ? On parle tout de même de cinq millions de Gallions...

Cinq millions de Gallions ? s'exclama Rogue d'une voix étouffée, tandis que la mâchoire d'Hermione se décrochait en même temps de stupéfaction.

― Mais oui ! dit l'homme, perplexe. Ne me dites pas que vous ignoriez la somme ?

― J'avais demandé à ne pas le savoir, justement ! s'écria Rogue, la respiration accélérée. Je ne voulais pas m'en préoccuper ! Mais maintenant, à cause de vous...

Une chaise racla sur le sol et des pas résonnèrent dans la pièce, comme si Rogue entamait les cent pas.

― Cinq millions de Gallions ! répéta-t-il, dépassé. Cinq millions de Gallions ! C'est immensément plus que je l'aurais imaginé. Mais où est-ce que mon abruti de père a déniché tout ça ? Je savais qu'il était avare et qu'il s'abstenait d'être trop généreux envers sa famille, mais de là à avoir gardé pour lui un million de Gallions dans son compte bancaire...

― Du calme, monsieur, du calme...

Je suis calme ! rugit Rogue, hors de lui.

Un nouveau silence tomba dans le bureau, ponctué de halètements affolés. Hermione estima alors que le moment était mal choisi pour déranger son professeur avec son devoir. Elle ferait mieux de s'enfuir et revenir le lendemain, une fois que la tempête se serait apaisée.

Elle esquissa alors le geste de s'éloigner de la porte, mais lorsque Rogue reprit d'une voix sourde, elle ne put résister à l'envie de poursuivre son écoute.

― Il n'y a rien à faire pour contourner l'exigence du testament ? demanda-t-il, désespéré. Je veux dire, cet argent m'appartient, non ? Elle m'a tout de même été léguée ?

― Sous condition uniquement, rappela l'homme d'un ton navré. Je suis désolé, Mr Rogue, il n'y a rien à faire. Les clauses testamentaires ne se négocient pas. Elles sont liées à un contrat magique.

Rogue émit une exclamation exaspérée.

― Je hais mon père ! Je l'ai toujours haï et voilà qu'il s'est arrangé pour que je le haïsse encore, même après sa mort !

― Je suis désolé, répéta l'homme.

― Oh, vous, fermez-la ! s'emporta Rogue. Ce n'est pas vous qui allez devoir continuer une vie minable, dans ces cahots minables, en compagnie d'élèves minables...

― Il vous reste encore jusqu'à lundi...

Sortez de mon bureau ! mugit Rogue. Tout de suite !

Un bruit de vitre brisée résonna, suivit d'une précipitation vers la porte, qui s'ouvrit avant même qu'Hermione ne puisse amorcer la moindre fuite. Un petit homme doté d'une moustache en brosse manqua alors de la heurter de plein fouet.

― Heu..., couina Hermione, figée de panique. Je... je...

― Qui est-ce ? demanda sèchement Rogue derrière l'homme surpris dans l'encadrement.

― Je ne sais pas, répondit ce dernier. Mais ce visage me dit quelque chose...

Il s'écarta de la porte et Hermione fut alors transpercée par le regard étincelant de rage de Rogue. Elle recula, terrifiée.

― Je n'ai rien entendu, je vous le jure, balbutia-t-elle. Je ne faisais que passer pour... pour vous parler de mon... mon...

― Votre quoi ? demanda lentement Rogue, affreusement menaçant. Pourquoi écoutiez-vous à ma porte, au juste ?

L'homme à côté de lui la détaillait attentivement, les yeux plissés.

― J'ai vraiment l'impression de l'avoir déjà vue quelque part...

Évidemment ! s'écria Rogue en faisant sursauter Hermione, le teint aussi rouge qu'un homard cuit. Sa tête apparaît dans tous les journaux depuis la défaite du Seigneur des Ténèbres !

― Aaaah ! fit l'homme dont le visage s'éclaira enfin de compréhension. C'est la jeune fille qui a combattu aux côtés de Potter Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ! Il me semblait bien la connaître. Hermione Granger, c'est ça ?

― C'est ça ! confirma Rogue qui continuait de la vriller d'un regard meurtrier. Hermione Granger, la brillante copine de...

Mais il se tut, l'expression figée, comme frappé d'une soudaine idée.

― Quoi ? demanda l'homme qui le regarda, intrigué. Qu'est-ce qu'il y a ?

Sans quitter Hermione des yeux, Rogue décrispa les poings, l'empoigna par l'épaule et la tira à l'intérieur. Puis, à la grande stupéfaction de tous, il annonça à l'adresse de l'homme, d'un ton redevenu calme et doucereux :

― Mr Engleford, laissez-moi vous présenter Hermione Granger, ma fiancée !


Merci d'avoir lu ! ^^

La suite la semaine prochaine...