Post-S2 mais Isaac n'a jamais été mordu et il n'a pas du tout été mêlé à l'affaire Kanima.

Au départ je voulais faire un petit truc comme ça, pour répondre à un défi sur du Jisaac et puis... Bah voilà quoi X)

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Une lumière dans le noir

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Isaac respirait difficilement. Il gémissait et grattait les parois de ses ongles abîmés.

Depuis combien de temps était-il là ? Plusieurs minutes ? Heures ? Jours ? Toute notion de temps disparaissait ici. Il n'y avait plus que le noir, les parois lisses et le froid... L'appareil n'était pas branché, mais il était naturellement isolé et la cave n'était pas un endroit chaud. Surtout en hiver. Surtout la nuit.

Isaac gratta un peu plus fort et l'un de ses ongles se fissura, lui injectant une décharge de douleur dans la main.

Effrayé, terrorisé, perdu, il se recroquevilla sur lui-même, se balança d'avant en arrière. Il voulait juste une lumière, un son, n'importe quoi pour lui donner l'impression qu'il n'était pas seul et n'allait pas le rester à jamais !

Une voix résonna à ses oreilles. La sienne. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il parlait à voix haute, suppliant son père de lui pardonner. Il n'avait pas fait exprès ! Il fera mieux la prochaine fois ! Juré ! Ça n'arrivera plus ! Pitié, qu'il lui pardonne... Il ne voulait pas...

Les larmes coulaient sur son visage.

Et puis un bruit. Qui ne venait pas de lui. Des chaînes qui tombent à terre. Un cadenas qui cliquette au sol.

Son père qui venait le délivrer !

Isaac essuya rapidement ses larmes. Son père détestait le voir pleurer. Le voir chouiner comme il disait. Ou pleurnicher dans ses bons jours.

- Alors c'est toi qui fais tout ce boucan ? renifla une voix inconnue en ouvrant sa prison de métal.

Isaac se renfonça dans son congélateur, effrayé.

- Bon, tu sors où je referme ce truc ? J'ai pas que ça à faire !

Isaac hésita. Son regard rencontra des iris ambres lumineuses venant d'un autre adolescent au visage hautain éclairé par le quart de lune.

Il se déplia lentement, son regard allant régulièrement vers la porte de la cave.

- Il pionce alors debout, râla son « sauveur » aux yeux désormais bleus.

- Je... Je ferais mieux de rester ici, déclara subitement Isaac en se recroquevillant dans son congélateur.

- Tu te payes ma tronche là ?

- Il... Il va me chercher et s'il me trouve pas... Faut pas qu'il me trouve pas ! C'est mieux que je reste ici, décida-t-il.

- Debout ! ordonna son « sauveur ». J'ai une tête à être à ton service ? Tu m'as réveillé avec tes gémissements alors maintenant tu assumes !

- J'suis désolé, supplia Isaac en mettant une main devant son visage alors qu'un bras s'avançait vers lui.

- J'en ai rien à faire.

Et avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit ou songer à résister, Isaac fut pris par les épaules et proprement soulevé hors de son congélateur par la seule force de son « sauveur ».

- Non ! Je dois y retourner ! s'écria-t-il en tentant de s'échapper de la prise de l'autre garçon.

- Fait chier... Je te propose un deal. J'ai besoin de dormir et toi tu m'en empêches. Tu viens avec moi cette nuit et je te ramène avant que ton taré de père ne se réveille.

Isaac arrêta de se débattre et hésita. Un peu trop longtemps au goût de son sauveur.

- Ok, je te laisse pas le choix ! Tu viens et puis c'est tout !

Isaac fut tiré derrière son « sauveur » qui passa par la porte de la cave puis par une fenêtre du salon. Il n'eut pas beaucoup de chemin à faire, le garçon allant chez ses voisins direct, les Whittemore. Il dut grimper le long d'une échelle de lierre, à moitié tiré par l'autre adolescent, et passer par une fenêtre pour tomber sur une chambre... Incroyable de son avis ! Grande, bien meublée, jolie, avec des posters, une guitare et un grand lit king size qui lui semblait bien moelleux.

- Allonge-toi, exigea son « sauveur » aux cheveux blonds coupés courts et au visage sévère.

Isaac déglutit difficilement. Finalement, il aurait réellement dû rester dans son congélateur. Au moins il savait à quoi s'en tenir ! Et son père finissait toujours par venir le chercher. De plus, il était peut-être violent mais c'était toujours parce qu'il le méritait, parce qu'il ramenait de mauvaises notes ou faisait mal son travail. Et son père n'avait jamais été plus loin que les coups et l'enfermement...

- Heu... Je...

- Quoi encore ? Tu te fous là-dedans et tu la fermes !

Isaac rentra sa tête dans ses épaules, inquiet devant le regard brillant d'un jaune surnaturel de son « sauveur ». Maladroitement, il commença à enlever son haut. Puis son jogging...

- Mais qu'est-ce que tu fais ? J'ai l'air à ce point désespéré ? râla son « sauveur ». Il est hors de question que j'ouvre mon canapé-lit pour toi, princesse. Alors tu montes là-dedans et tu dors.

Isaac remit très rapidement et avec soulagement ses vêtements avant de se glisser dans le lit en tentant de se faire le plus petit possible. Il entendit le blond jurer et s'installer lui aussi sous la couette, prenant bien moins de précaution que son hôte forcé.

- Pour demain...

- J'ai dit que je te réveillerai avant lui ! Il ne saura rien.

- Comment tu...

- Quoi encore ? s'exaspéra son « sauveur ».

- Comment tu t'appelles, chuchota Isaac.

- Parce que en plus t'es pas foutu de me reconnaître ? Jackson Whittemore, le meilleur capitaine de lacrosse de l'histoire de ton lycée ! T'as intérêt à bien le retenir !

- Isaac...

- J'en ai rien à battre de ton nom.

Isaac resserra un peu plus la couette contre lui. Il mit plusieurs minutes à se sentir assez rassuré pour se détendre. Encore plus pour réellement s'endormir.

Jackson tint sa promesse et le renvoya dans son congélateur dès le lendemain. Il y eut quelques soucis avec le fait que la chaîne comme le cadenas soient détruits, mais son père pouvait difficilement l'accuser d'avoir eut la force de les briser !

Le congélateur fut un souvenir pendant une semaine puis deux. Puis Isaac ramena un D en algèbre. Il supplia son père, s'excusa, promit de faire mieux la prochaine fois mais rien n'y fit. Le couvercle retomba sur lui et le cadenas se referma dans un claquement de fin du monde.

Jackson vint plus rapidement et Isaac résista beaucoup moins.

- Fais moins de bruits la prochaine fois, j'ai des examens que je ne peux pas louper, moi ! râla Jackson en refermant la fenêtre.

Isaac obéit et prit garde à ne pas gémir lorsqu'il fut enfermé à nouveau quelques jours après. Il avait fait brûler le dîner et il avait tenté de cacher son désastre.

Il était à peu près sûr de n'avoir fait aucun bruit cette fois ! Tout juste avait-il raclé de ses ongles les bords de son congélateur.

Et pourtant, Jackson vint, le visage aussi peu avenant que d'habitude. Il vint aussi toutes les fois suivantes, y compris quand Isaac arrêta de paniquer, de gratter sur les parois ou de se balancer. Il mettait aussi de moins en moins de temps à venir le chercher.

Dans leur lit chez les Whittemore, la gêne avait peu à peu disparu. Isaac n'essayait plus de se faire tout petit, il s'allongeait simplement et s'endormait, en tout confiance.

Et puis, les réveils commencèrent à se faire plus... Embarrassants. Jackson étalé sur lui. Collé à lui dans le rôle de la petite cuillère, le visage blotti dans son cou ou parfois, juste leurs jambes entremêlées. Mais ni lui ni Jackson n'y faisaient allusion le matin. Motus et bouche cousue. Comme pour les accès de colère de son père ou les disputes parfois bruyantes entre les parents de Jackson, le silence devait régner sur ce qu'il se passait derrière les murs de leur maison.

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- Je vais partir en Angleterre, annonça soudain le fils Whittemore un soir.

Isaac, confortablement installé dans le lit avec la tête de Jackson sur son torse, se raidit à cette nouvelle. Il continua malgré tout de caresser la nuque et les cheveux qui y naissaient du bout des doigts. Il s'était aperçu que ça détendait Jackson et le rendait de meilleur humeur ce genre de petite caresse.

- Quand ? demanda Isaac.

- Dans deux semaines.

Sa respiration eut un a coup. Même sans être loup-garou, Jackson n'aurait pas pu ne pas entendre son cœur s'agiter brusquement sous son oreille.

- Tu aurais pu... Me le dire... Plus tôt, lâcha difficilement Isaac.

- Je te dois rien !

- Je sais, souffla l'humain.

- Oh et puis tu me gonfles ! déclara brutalement Jackson en se levant. Tu veux quoi exactement ? Tu veux quand même pas que je te prenne dans mes bagages ?!

- J'ai rien demandé, crut bon de rappeler Isaac en relevant le drap sur lui.

- Évidemment, tu demandes jamais rien, tu fais jamais rien !

Isaac se recroquevilla sur lui-même par réflexe. Les mêmes paroles, encore et toujours. Inutile, incapable, encombrant… A croire qu'il était vraiment né pour exaspérer les gens.

Le lit s'affaissa à côté de lui et il se retrouva rudement plaqué contre le torse musclé de Jackson.

- Tu me prends la tête, grinça le loup.

- Tu vas partir longtemps ? demanda Isaac.

Un long silence s'établit durant lequel Jackson posa son menton sur le crâne de son hôte pour réfléchir.

- C'est pas prévu qu'on revienne, avoua-t-il.

- Ah... fit faiblement la voix d'Isaac.

Le silence s'approfondit un peu plus. L'adolescent aux cheveux bouclés pouvait sentir le souffle de son ami sur le haut de son oreille et la chaleur de ses bras qui encadraient son torse.

- Jackson ?

- Quoi encore ?

- Je peux faire partie de tes bagages ?

Isaac avait tenté le tout pour le tout. Parce qu'il ne se voyait plus passer plus de quelques minutes dans le congélateur. Parce que sa routine avec Jackson était ce qui le maintenant à flot. Parce que ce loup-garou qui était passé par le stade kanima à cause d'un trop grand vide intérieur l'attristait. Jackson qui faisait le fort et fier dans la sublime maison de ses parents mais qui, en définitive, était à peine moins malheureux que lui. Un Jackson qui avait énormément hésité avant de lui avouer pour son état de lycanthrope mais qui l'avait tout de même fait avant de le regarder avec ses yeux bleus appelant à l'aide.

- Tu vas encore m'encombrer, c'est ça ? râla Jackson en resserrant sa prise sur Isaac.

- J'espère que non...

Isaac s'écarta des bras de Jackson pour mieux le regarder dans les yeux.

Une idée qui tournait dans sa tête. Depuis un bout de temps déjà. Depuis qu'ils partageaient tous les deux le même lit sans malaise. Depuis qu'il avait compris que les paroles de Jackson en disait bien moins que son regard ou ses gestes.

Il se pencha et déposa ses lèvres sur celle du loup, rapidement, avec hésitation. Le cœur palpitant, Isaac s'éloigna, prêt à assumer les conséquences de son baiser, quand Jackson se jeta littéralement sur sa bouche, le plaquant contre le lit par la même occasion.

Le baiser s'approfondit rapidement, devint exigeant comme tout ce qui avait trait à Jackson. Il était aussi un peu suppliant. Isaac passa ses bras dans le dos du blond, rassurant, et les lèvres se firent plus douces.

Les choses s'emballèrent sans que Jackson ou Isaac ne songent deux minutes à ralentir le rythme. Les rares vêtements s'envolèrent et les peaux se frottèrent, se découvrirent. Isaac admira sans retenu le corps de son futur amant.

- Je plais à tout le monde, se vanta Jackson avec un sourire suffisant.

- Le monde je sais pas, mais à moi oui, sourit Isaac avant de le forcer à se baisser pour l'embrasser à nouveau.

Au cours de leurs baisers, les mains migrèrent à la découverte de l'autre, descendirent et s'introduisirent dans les sous-vêtements, découvrant une intimité chaude, palpitante et quémandeuse d'attention.

Ce fut puissant, violent. C'était la première fois pour Isaac et ce qu'il ressentit lui ravagea les entrailles. Face à l'expérience de Jackson, il se sentait gourd et maladroit, se demandant même s'il allait seulement pouvoir faire plaisir au loup.

Il n'aurait probablement pas dû douter, car à peine se mit-il à s'inquiéter de ses capacités que sa main récupéra la semence laiteuse de Jackson. Ce dernier en profita pour serrer une peu plus sa prise sur le membre de son amant et Isaac atteignit l'orgasme à son tour dans un râle muet.

Après quoi, Jackson s'écroula sur lui, essoufflé et repu, sa tête allant naturellement se nicher dans le cou de son amant comme il aimait le faire.

- T'as intérêt à pas prendre beaucoup de place, marmonna-t-il.

- Je me ferai tout petit, sourit Isaac.

- Tch...

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Isaac n'aurait pas cru qu'il puisse être heureux un jour. Pas quand il avait passé son enfance à pleurer son frère, à souffrir les coups de son père ou à désespérer dans son congélateur.

Mais aujourd'hui il ne doutait plus, il pouvait être heureux. Il était diplômé du secondaire, il entrait à l'université et son petit ami, Jackson Whittemore, venait de rembarrer une fille en disant qu'il avait déjà bien assez de son boulet pour ne pas en avoir un deuxième.

Isaac sourit à cette déclaration et alla rejoindre Jackson pour glisser discrètement sa main dans la sienne, sous le regard boudeur de la fille.

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Fin

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