Ça faisait un bail mais on va faire comme si de rien n'était ;D

Une envie et mon obsession Newtmastesque a refait surface alors j'atterris ici ! J'espère que ça vous plaira - en dépit de mes tentatives de rimes un peu merdiques x')

Genre : OS, univers alternatif, romance/humour

Rating : M

Résumé : Matinée normale pour Thomas ; ponctualité à jeter à la poubelle, course effrénée et quelques secondes brûlantes partagées avec un joli blondinet.

NdA : L'idée de cet OS est de mettre en scène une vieille chanson ; "en apesanteur" de Calogero. En l'entendant par hasard, je la trouvais parfaite pour un Newtmas alors...

Enjoy !

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EN APESANTEUR


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Le retardataire détale de son sommeil et le building l'avale comme le contenue d'une bonne bouteille. Les pas de Thomas qui fouettent ce sol si luxueux est un outrage pour les plus sages, pour les plus mûrs en âge, mais le brun reste perché sur son nuage, tumulte d'une épique matinée d'orage. Trop en retard, la gaillard. Comme chaque jour que Dieu fait et défait. Il est fait comme un rat dans son quotidien enflé de nouvelles responsabilités, de nouvelles absurdités, de nouvelles débilités. Le début d'une vie où il fonce tête baissé et défonce une réalité biaisée. Tout jeune journaliste, plus de terrain que de bureau, il essaye de se faire violence pour oublier son passé d'étudiant distrait, en retrait avec les bonnes manières et les horaires, ces horribles horreurs qui le mordent encore.

Ne lâchant rien, il se précipite vers l'ascenseur pour l'atteindre à temps, l'espoir ferme. Il arrive à s'y glisser juste avant que les portes ne se referment. Dans sa course effrénée et déraisonnée de rattraper le temps perdu, il percute le fond de la cage de verre et se retient de deux mains à la barre de maintien. Un juron trouve la mort dans sa respiration hachée par l'effort et il s'empêche de crier victoire pour être enfin arrivé à bon port.

─ Quel étage ?

Les yeux vifs de Thomas se tournent vers un blond magnifique, seul occupant de cette cage métallique. Immédiatement, il l'hypnotise avec ses prunelles comparables à l'abysse. Il l'a déjà vu, à cet endroit même mais chaque fois, on aime à le bousculer pour l'en éloigner. Cela fait quelques mois seulement que le brun secoue ce building à chacune de ses entrées et le blondinet l'a captivé dès sa première journée. Thomas préfère prendre l'escalier, il devrait prendre l'escalier mais impossible d'oublier qu'il peut croiser le blondinet en prenant ce chemin routinier. Alors qu'il le dévisage, comme en plein blocage, le blond réitère sa question et sa voix lui fait quitter la terre ferme. Sur son épiderme germe une sensation singulière qui l'électrocute, à terme.

─ Le même que le tien, répond Thomas en cillant à peine.

─ Vraiment ?

Thomas hoche vaguement de la tête mais selon lui, cela doit plus ressembler à un tremblement. D'un seul coup, rattraper son retard n'est plus un projet. Le sujet devient l'objet de ses rêves. Il veut savoir où peut bien aller ce blond, chaque jour. Il le suivrait au bout de ce monde immonde s'il le fallait. Mais visiblement, ce n'est l'affaire que de dizaines d'étages. Le voyage sera le plus long possible, le blond travaille au dernier palier du building. Thomas jubile mais les étages défilent. Les chiffres dansent, tout se mélange. Ça le démange tellement que ça le dérange. C'est étrange comme cette fragrance d'orange le change. Dans un geste, ses phalanges se serrent et se posant sur le blond, son regard le ronge et le mange. Pas de doute, il est en tête-à-tête avec un ange.

Plus les étages s'enchaînent et plus il le sent dans son estomac. Le blond lui fait quitter ce monde trop brute, trop pute. Il se retrouve en apesanteur. Pourtant dans son crâne, dans ses arrières pensées qui se fanent, il le ressent. Ce besoin de prolonger l'instant. Il ne veut pas que ce soit trop court, il veut quitter cet univers trop lourd. Pourvu que les secondes soient des heures. Aucune erreur. Cette lueur n'est pas un leurre. Ce moment est magique, il le sent, c'est intime et épique, hypnotique, cosmique. Le moindre battement de cil pique la sensibilité du brun à la beauté de ce blond unique. Pourvu qu'ils restent seuls dans cet ascenseur. Rageur, son sang cogne avec vigueur contre sa peau encore en sueur. Il n'entend que son palpitant battre si fort qu'il en heurte sa cage thoracique, comme en proie à une indicible frayeur. Le blond soutient le regard ambiguë du brun. Il arrange ses cheveux et Thomas a le cœur juste au bord des yeux. Son corps commence à prendre feu. Il détourne son regard libidineux avant que le blond ne comprenne à quel point son esprit peut être vicieux. Et sans le regarder, il sent la chaleur d'un autre langage. Les courbes de l'anglais lui reviennent en tête et l'entêtent, il se demande d'où vient ce blond qui lui met le cœur et le corps en fête. Les yeux rivés sur les étages, il prie pour que rien n'arrête le voyage. Son estomac prend des virages vertigineux et il se sent toujours plus en apesanteur. Des images s'imposent à lui, elles relatent une osmose dans laquelle se languit son corps contre celui du blond. Il plonge dans ses fantasmes et ses veines s'agitent dans d'indéfinissables spasmes. La chaleur monte en lui à mesure qu'il imagine ses propres mains glisser et lisser les vêtements du blond. Dans ses pensées, ses hanches ne ressemblent qu'à une promesse sensuelle d'ivresse. Son odeur virile, son corps fébrile, tout l'obnubile et son cœur est bon pour l'asile. Il passe des mains imaginaires sur la peau de son camarade de voyage, il délasse ses muscles noués et enlace étroitement son corps svelte. Son être entier est en éveil pour le blond et ses lèvres avides prennent un plaisir perfide à combler ce vide marqué par les gémissements de son partenaire à la peau livide.

Brusquement, comme on percerait un bulle, son fantasme explose à l'ouverture de ces portes closes. Son regard croise celui rieur d'un asiatique qui s'est arrêté devant l'ascenseur et Thomas frissonne violemment quand le blond le frôle pour sortir. Thomas est en nage, ses genoux tremblent et des images d'une luxure incandescente commencent à mourir dans sa honte.

─ Ben alors Newt, tu ramasses les chiens en rut, maintenant ?

Un rire cristallin lui parvient et Thomas se rend compte que c'est celui du blond. "Newt"... Newt se tourne vers lui et il a juste le temps d'apercevoir son large sourire que les portes de l'ascenseur se referment au nez de Thomas, comme une fin brutale à son fantasme.