Sanji fixait le samurai avec des yeux de poisson mort. La tête de pelouse ne put s'empêcher de sourire. Le cook émotif avait peut-être enfin compris.

Sans réfléchir davantage, celui-ci se jeta sur son marimo pris de court.

Ce n'était pas un rêve! Ce n'était pas un rêve! se répétait l'esclave de l'amour en assaillant son adversaire de baisers.

"Oi! Baka! Fais gaffe!" avertit Zoro peu avant de se retrouver à terre. "T'es malade! Tu veux me tuer ou quoi?"

"Correction: je veux t'aimer." s'interrompit Sanji avant de poursuivre ses attaques.

"Merde, il faut vraiment pas grand-chose pour te faire changer d'humeur, toi!" grogna le bretteur en tentant vainement de repousser le cuistot.

"'Pas grand-chose'? Te dévalorise pas comme ça, marimo-chan." insinua ce dernier sans mettre un frein à ses baisers frénétiques.

"Enfoiré…" pesta l'algue clouée au sol.

"Tout ce que tu m'as dit pendant que je croyais dormir… c'était vrai?" demanda l'amoureux transi en connaissant très bien la réponse.

"Ça… va savoir…"

"Pff, même Luffy sait mieux mentir que toi. Comment j'ai pu croire un seul instant à tout ton cirque? Tu me détestes, mon cul ouais!"

"Je me demande… t'es sans doute plus con que je croyais. C'est la seule explication, baka-cook." ricana Zoro.

"Ah ouais? Et qui est l'abruti qui m'a toujours cru quand je disais n'aimer que les femmes?" répliqua Sanji avant de se rendre compte de la gravité de cette phrase.

L'un comme l'autre se retrouva avec la face cramoisie dans un silence pesant.

"Sanji…" reprit la tête d'algue d'une voix hésitante.

Il eu droit à un regard plein d'espoir et d'appréhension.

"Tu es…" continua-t-il avant d'être interrompu par des lèvres passionnées.

"T'avises surtout pas de prononcer ce mot, kuso-marimo. C'est déjà assez embarrassant." se plaignit Sanji d'un ton grave.

"Qu'est-ce qui est embarrassant?" demanda le marimo encore plus perdu que d'habitude.

"Te fous pas d'moi, tu le sais! Tout le monde le sait…" murmura l'anguille blonde avant de s'en griller une. "Putain, la honte… même devant Nami-san et Robin-chan…"

"Attend un peu… si je comprends bien, tu m'aimes, tu veux que je t'aime, mais tu en as honte. C'est ça? C'est toi qui te fous de moi, là!" s'emporta le porteur de katana.

"Et pourquoi je n'aurais pas honte? Je suis un mec, un mec viril! J'ai été élevé par les gars les plus féroces du monde! A coups de pieds dans la gueule! Un mec comme moi ne devrais aimer que les femmes! Nami-san et Robin-chan sont absolument parfaites! Et pourtant c'est toi que…" Le cuistot agité se tut brusquement. "Merde!"

"Tu t'prends vraiment la tête pour rien, kuso-cook." soupira Zoro. "Et tu n'racontes que des conneries. Regarde-moi, je n'ai pas plus été élevé que toi par des femmes, est-ce que ça fait de moi un coureur de filles?"

"Rien à voir. Toi, t'es juste pas fait comme il faut. Suffit d'te voir quand tu lis une carte." railla Sanji.

"Connard." Le samurai en vert empoigna le col de sa chemise. "J'te dis que t'as pas à avoir honte de c'que tu es! C'est si dur à comprendre?" Sermonna-t-il son petit prince avant de lire comme de la surprise dans ses yeux bleus. "Je vais être très clair pour que ça rentre enfin dans ton crâne, baka-cook! Je t'aime! Et je n'en ai pas honte! Tu piges? Je t'aime!" clama le bretteur fleur bleue. "T'es mille fois plus important que Wado! Je préfèrerais le casser en deux plutôt que d'te faire pleurer!" tonna-t-il alors que ses propres yeux commençaient à se brouiller. "Je n'peux pas… je n'peux pas imaginer ma vie sans toi… kuso-cook."

Ce n'était pas tous les jours que le GPS défectueux se dévoilait. Encore moins à ce point-là. Sanji crevait d'envie de lui sauter dessus, le serrer dans ses bras, l'embrasser à nouveau et lui avouer qu'il était bien plus accro aux marimos génétiquement modifiés qu'à la clope mais sa fausse fierté le bloquait soudainement sur place. Il avait tellement honte. Mais de quoi? D'être fou amoureux d'un mec au point d'en déprimer ou de s'obstiner à prétendre le contraire? Merde, il se sentait tellement con qu'il rougissait telle une tomate mûre.

"Moi… moi non plus." Laissa-t-il échapper en baissant les yeux. "Moi non plus, Zoro." Répéta le cuistot amoureux d'un ton plus ferme en regardant son algue droit dans les yeux.

Sanji pensait que la cuisine et les jolies filles étaient ce qui le rendait le plus heureux mais c'était faux. Du moins depuis qu'il avait rencontré Luffy et cette andouille stupidement adorable à la couleur de cheveux douteuse. Ce qu'il aimait, c'était faire plaisir à ses amis et aux gens qu'il aime. En particulier le pleurnicheur en face de lui. Le rêveur blond ne put s'empêcher de sourire. Le bretteur se jeta sur lui sans crier gare. Merde. Ce qu'il pouvait adorer son marimo quand il le serrait contre lui; surtout que ce n'était pas dans les habitudes de Zoro de se montrer affectueux. En fait, il ne l'était qu'avec son anguille blonde préférée. Et Sanji ne s'en rendait compte que maintenant! Il était vraiment con.

"Faudrait peut-être aller rejoindre les autres. Ta tambouille leur manque déjà." Murmura le bretteur.

"Evidemment, c'est la meilleure." Ricana Sanji. "Et puis faudrait pas que tu meurs de faim en cherchant tout seul le chemin de la cuisine." Se moqua-t-il. "Hein, maigo no marimo?"

"Ok, je retire tout ce j'ai dit. Je vais faire du sashimi de cook!" Se vexa Zoro.

"Peut-être ce soir?" Sussura le cuistot libidineux à son oreille feuillue. "En attendant, j'ai des plats en retard à rattraper." Il tira sur le bras subitement frêle de la plante humaine.

Celle-ci ne remarqua même pas qu'il avait oublié ses katana sur leur lit.