Helloooo ! En retard ! Comme d'hab ! Yay ! Voici le dernier chapitre ! :'( (en vrai je jubile). Merci à tous pour votre présence et votre lecture, et, bah, bonne lecture (répétitiooon). On se retrouve en bas pour une conclusion en grosse note d'auteur parce que j'aime raconter ma vie.


Le réveil d'Akaashi fut composé de murmures et de gloussements à moitié masqués.

— C'est de la merde, grognait une voix masculine. T'aurais pas pu en prendre un autre ?

— Il suffit d'appuyer sur le bouton « photo », Ryō-chan, répliqua Shirofoku. C'est littéralement écrit sur l'écran.

— Je hais les écrans tactiles, c'est pourri, ça foire tout le temps, et puis...

— Grouille-toi, crétin !

Sentant venir le danger, Akaashi ouvrit difficilement un œil. Il voyait plus flou qu'à l'ordinaire. Il songea à prendre un rendez-vous avec un ophtalmologiste, juste pour être sûr, puis força ses pensées à revenir sur le chemin qui l'intéressait, à savoir la raison de la présence de Shirofoku dans sa chambre.

Accroupie près de Bokuto et lui, elle fixait intensément un Ryōta échevelé à l'air plus sombre que jamais. Sa main tendue formait le V de la victoire. Ryōta, quant à lui, semblait se battre avec un téléphone por—

— Hé, qu'est-ce que vous faites ? demanda soudain Akaashi d'une voix pâteuse.

Shirofoku fit volte-face, un immense sourire aux lèvres.

— Rien, mon poussin. Tu l'as eue, Ryō-chan ?

Il marmonna son assentiment. Le visage de Shirofoku s'illumina instantanément.

— Je savais que t'étais plus cool que t'en avais l'air !

Pour une étrange raison, Ryōta s'empourpra avant de filer dans le couloir sans demander son reste. Akaashi tenta de se redresser, en vain ; le bras qui s'était enroulé autour de lui était bien décidé à le garder couché contre le corps de son propriétaire.

La réalisation le frappa de plein fouet. Shirofoku ricana.

— Adorable. Trop mignon. Je n'ai même pas de mot assez fort pour décrire ce que je vois là, c'est tellement...

Elle lâcha un soupir à peine exagéré puis admira l'écran de son téléphone.

— Je la mets en fond d'écran, décida-t-elle. Je la regarderai chaque jour en me levant le matin pour me mettre de bonne humeur.

Akaashi plissa les yeux. Encore une fois, il était pris au piège. Il tenta à nouveau de se lever ; il était à mi-course quand Bokuto ouvrit soudain les paupières pour l'attraper par la taille et le ramener à terre avec un rire démoniaque. Shirofoku l'imita derechef.

— Je vous hais, tous les deux, cracha Akaashi alors que Bokuto posait le menton sur son épaule.

— J'en suis sûre, rétorqua Shirofoku.

— Tu me hais ? répéta Bokuto d'une voix triste.

— Laissez-moi tranquille, monstres. Je veux juste dormir.

— Dormir ? s'exclama Shirofoku. Il est quatorze heures !

— On a passé la nuit à la belle étoile, au cas où tu l'aurais oublié.

— Ça vous apprendra à vous perdre dans la forêt comme des imbéciles. Je savais que Kōtarō n'avait pas le sens de l'orientation, mais toi, Keiji...

Ledit Keiji attrapa la couverture et se cacha dessous avec un gémissement plaintif. Il sentit Bokuto lui secouer les épaules en riant comme une baleine tandis que Shirofoku prenait quelques nouvelles photos à ajouter à leur dossier personnel.

— C'est pas notre faute, expliqua Bokuto lorsqu'il fut certain qu'Akaashi ne répondrait pas à ses sollicitations. C'est le dieu de la forêt.

— Oui, bien sûr, répondit Shirofoku.

— Je déconne pas ! On a tourné en rond pendant des heures, puis on est tombés sur la clairière aux confidences, et...

— La clairière aux confidences !

Elle éclata de rire. Bokuto secoua à nouveau Akaashi.

— Akaashi, aide-moi !

Celui-ci, terrassé par la fatigue, jaillit de sous la couverture si brusquement qu'il leur tira un petit cri surpris.

— C'était juste une clairière, Bokuto-san. Maintenant, est-ce que je peux...

— Vous vous êtes raconté vos plus honteux secrets ? demanda Shirofoku avec un intérêt non feint.

Elle avait senti la douce odeur du ragot ; désormais, il n'y avait plus aucune chance qu'elle les laisse lui échapper.

— Ça te regarde pas, dit intelligemment Bokuto, et Akaashi l'en remercia en silence.

— Kōtarō t'a parlé de la fois où il a failli mourir intoxiqué par ce qu'il prenait pour un bol de soupe mais qui était en fait une dose de produit nettoyant pour bois ?

— Yukie !

— Oh oh oh ! Et la fois où...

Bokuto se jeta sur elle pour la faire taire ; elle l'évita souplement. Akaashi bâilla.

— Sans blague, j'ai cru que la femme de Mashiro-san allait faire une crise cardiaque, raconta Shirofoku en s'asseyant par terre. Elle assurait que vous alliez finir dévorés par un ours des montagnes.

— On n'en a pas vu, dit Bokuto. Mais j'ai vu plein de hiboux !

— T'as dû les attirer, avec tes grands yeux benêts. Comment vous avez retrouvé votre chemin ?

— On a traîné toute la nuit dans la clairière, intervint Akaashi. On a trouvé un chemin au matin, et comme il menait pas très loin d'ici...

— Une chance de cocu, commenta Shirofoku. Vous avez baisé ?

Akaashi s'étrangla et se mit à tousser ; Bokuto, lui, avait laissé échapper une exclamation.

— Quoi ? fit Shirofoku. Vous vous perdez une nuit entière sous les étoiles, le besoin de chaleur se fait sentir, vous venez de vous confesser votre amour —

— On n'a pas... commença Akaashi, mais un regard brillant de Shirofoku suffit à le faire taire.

— Ah, les garçons, si j'avais su que ça se terminerait comme ça... enfin, je le savais, à vrai dire, mais quand même... qu'est-ce que je suis supposée ajouter ? Félicitations ? Je suis si fière de vous.

— T'es vraiment...

Akaashi ne termina pas sa phrase. Il se passa les mains sur les joues dans l'espoir stérile d'effacer les couleurs dont sa peau s'était parée.

— Ça et le fait qu'on vous retrouve étroitement enlacés dans votre chambre quelques heures plus tard, pardon, mais les bruits commencent à courir.

— Tu rigoles ! s'exclama Bokuto.

— Bon, je les ai peut-être un peu lancés. Mais j'étais pas toute seule, Reiko aussi s'en est donnée à cœur joie.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ? demanda Akaashi, persuadé que la réponse ne lui plairait pas.

— Oh, rien. Juste que vous aviez le même petit sourire satisfait que Konoha quand il vient de découcher, vous savez.

Ils échangèrent un regard soupçonneux.

— Comment tu sais quel air a Konoha quand il vient de « découcher » ? s'enquit Akaashi.

Son sourire s'élargit.

— Certains secrets sont faits pour le rester, répondit-elle mystérieusement.

Elle ponctua sa réplique d'un clin d'œil appuyé. Akaashi décida de ne pas creuser la question.

— Quoi qu'il en soit, il est l'heure de vous décrocher l'un de l'autre et de rejoindre les gens bien élevés. Et je conseillerais amicalement à notre bon Keiji de faire quelque chose pour ses cheveux s'il ne veut pas que les bruits s'accumulent.

Sur ces mots, elle sortit de la pièce, les laissant seuls dans un silence gênant. Bokuto s'étira.

— Bon, dit-il, du coup...

Il fit mine de se lever, mais Akaashi le saisit par le bas du t-shirt.

— Chacun son tour, lâcha ce dernier.

Bokuto s'installa face à lui. Sa position, un peu trop formelle, paraissait légèrement inconfortable. Il tendit la main pour lisser les mèches rebelles d'Akaashi qui se sentit rougir à nouveau. Il prit la décision de travailler sur cet aspect de sa personne dès qu'il serait de retour chez lui — ce manque de contrôle était absolument intolérable.

— Et voilà, nickel ! s'exclama Bokuto.

— Merci.

Il y eut un étrange instant de flottement puis, d'un même mouvement, leurs visages s'approchèrent l'un de l'autre jusqu'à ce que leurs bouches s'effleurent et se rencontrent avec douceur. Akaashi frémit légèrement. Une chaleur solaire se propagea dans ses veines — il passa ses bras autour de la nuque de Bokuto pour l'enlacer et celui-ci lui étreignit la taille, sur les lèvres un sourire irrépressible.

— Je crois qu'on ne devrait pas traîner ici, murmura Akaashi.

— C'est vrai.

La prise de Bokuto se raffermit un peu. Akaashi l'attira à lui pour l'embrasser encore, savourant chaque instant de ce contact plus qu'agréable, désormais certain qu'il devrait faire preuve d'une force surhumaine pour dompter les émotions qui l'envahissaient sans même qu'il ne cherche à les retenir lorsqu'ils rentreraient tous deux à Fukurodani.

— Elle attend, dit Bokuto.

— Mmh.

Il n'avait pas très envie d'écouter.

— Et elle a une photo de nous en otage, au cas où.

Il ne fallut à Akaashi qu'un dixième de seconde pour émerger.

— ... J'avais oublié.

— Allez, viens.

Bokuto se détacha de lui et se releva. Il aplatit à nouveau les cheveux d'Akaashi et profita d'un instant d'inattention pour lui déposer un baiser sur la joue avant de s'enfuir dans le couloir.

Quel gamin, pensa Akaashi. Il le suivit tranquillement, les mains dans les poches de son short, et entra dans la pièce centrale de la maison, un grand salon dans lequel devaient se trouver la plupart des membres de sa famille, sans même penser à toutes les réflexions qu'il ne manquerait pas d'y subir.

Il découvrit son oncle Mashiro en pleine discussion avec sa mère. Bokuto s'était installé auprès de Shirofoku qu'il surveillait du coin de l'œil ; écartant Mayu, qui était assise à côté de lui, Akaashi se laissa nonchalamment tomber sur le canapé.

— Alors, les garçons, vous avez passé une bonne nuit ? demanda Norie.

Son ton taquin n'était pas à prendre à la légère. Bokuto répondit par un « très bien » enthousiaste et tous deux ignorèrent tant bien que mal les sourires narquois qui s'agitaient sur les visages de l'assemblée.

— Norie vient de m'informer de votre départ demain matin aux aurores, signala Mashiro. Votre coach aurait apparemment insisté pour vous revoir avant votre camp d'été.

— Ah bon ? s'étonna Akaashi.

— Il a dit de vous préparer à suer plus que vous ne l'avez jamais fait, précisa Shirofoku. Enfin, si on ne compte pas cette nuit, bien s—

Bokuto la fit taire en lui tirant violemment l'oreille. L'assistance éclata de rire ; Ryōta, qui jouait à la console dans un coin, ricana bruyamment.

— Barbare, siffla-t-elle en se massant le lobe.

— Bien, reprit Mashiro, puisque nous sommes tous là...

— Pas tous, intervint Mayu. Où sont Kazuo et les autres ?

— Au parc animalier avec les enfants, l'informa Ryōta sans lever les yeux de sa console. T'écoutes jamais, quand on parle ?

— Bref, coupa Mashiro alors que Mayu s'apprêtait à répliquer, il est temps de conclure la grande question de cette semaine.

— Quelle question ? demanda Akaashi.

— Yukie-chan, Kōtarō, venez devant moi, je vous prie.

Akaashi retint un soupir. Cette partie du plan lui était légèrement sortie de la tête.

— Nous allons maintenant savoir lequel de nos deux concurrents est le plus apte à mériter le cœur de notre bien-aimé Keiji !

Shirofoku et Bokuto s'affrontèrent du regard. Mashiro extirpa une feuille de sa poche ainsi qu'une paire de lunettes qu'il posa sur son nez.

— D'après mes informations, déclara-t-il d'une voix pompeuse, nous avons quatre victoires pour Yukie-chan, deux victoires pour Kōtarō, et un ex æquo pour ce que j'appellerai « le cauchemardesque épisode de la cuisine ».

Les yeux de Shirofoku se mirent à briller. Norie, cependant, leva la main avant qu'elle ait pu dire quoi que ce fût.

— Nous avons néanmoins décidé d'ajouter quelques épreuves secrètes afin de pimenter un peu les choses, ajouta-t-elle. D'abord, le talent pour tenir l'alcool.

Ils déglutirent en chœur.

— Bokuto gagne haut la main, annonça Reiko en entrant dans la pièce, Akio dans les bras. Il avait encore l'air plus frais qu'un pinçon quand on est partis.

— Il a fait semblant de boire, protesta Shirofoku.

— Oh, j'en doute, sourit tranquillement Reiko. J'ai jamais vu une bouteille se vider aussi vite.

— Un point pour Kōtarō ! décida Mashiro en ajoutant une barrette à la feuille dans la colonne appropriée. Deuxième épreuve secrète !

— Le sens de l'humour, révéla Norie. Nous sommes tous d'accord pour dire que...

— Yukie gagne, termina Mayu.

— Quoi ? se révolta Bokuto. Pourquoi ?

— Elle m'a envoyé plein de photos retouchées des membres de votre équipe. Et puis, t'as lu son blog ?

La bouche d'Akaashi s'assécha brusquement.

— Quel blog ? demanda-t-il.

Shirofoku s'était subrepticement écartée d'eux.

— « Scandale à la montagne avec la crème de Fukurodani » ! répondit Mayu.

Bokuto afficha une mine scandalisée.

— Yukie !

— Ouuuups, désolée, dit-elle sans en avoir le moins du monde l'air.

— Qu'est-ce que t'as été raconter ? Et qui lit ça ?

Akaashi avait déjà un petit doute sur la question.

— Oh, pas grand monde, répondit-elle d'un ton léger. Juste Mayu, et peut-être Konoha... et toute l'équipe... et Nekoma, et Shinzen, et...

Quoi ?

Elle recula encore d'un pas, un grand sourire aux lèvres.

— Et j'ai peut-être très accidentellement envoyé le lien au coach...?

Sentant la soudaine soif de sang qui avait envahi la pièce, Mashiro s'immisça dans la conversation.

— Allons, allons, ce n'est pas bien grave. Et puis, vous êtes des célébrités, maintenant !

— Je crois que je vais me laisser mourir, marmonna Akaashi.

Pas avant qu'on ait eu notre revanche ! gronda Bokuto.

— On s'en occupera pendant le camp, ne t'en fais pas.

— Ah oui ? fit Shirofoku, hilare. Et qu'est-ce que vous comptez faire, exactement ?

— On s'arrangera pour que Konoha nous refile tous tes pires secrets, puis on les vendra au reste de l'équipe.

— Il ne vous dira rien, assura-t-elle. Je le paye bien trop cher pour ça.

— Je n'ai pas besoin de connaître votre vie sexuelle, répliqua Akaashi. Épargne-nous les détails.

Ryōta siffla ; Norie et Reiko, elles, gloussèrent discrètement.

— Très malin, Keiji.

Elle avait asséné ça avec un sourire qui en disait long. Il comprit qu'il ne voulait effectivement rien savoir de ce qu'elle et Konoha pouvaient bien s'échanger dans l'ombre.

— Bref, les interrompit Norie. Cinq à trois. Yukie a l'avantage, pour l'instant. Troisième épreuve secrète : l'opinion de Ryōta !

— Quoi ? fit celui-ci en haussant un sourcil.

— Celui que tu détestes le moins gagne un point. Je t'en prie.

Il réfléchit à la question, lançant aux concurrents un air particulièrement dégoûté.

— Bokuto-san, répondit-il enfin.

Shirofoku ouvrit grand la bouche, sous le choc.

— Et moi qui croyais que nous étions devenus amis !

— Dans tes rêves, marmonna-t-il.

— Cinq à quatre, l'écart se creuse, dit Reiko. Quelle est la prochaine épreuve ?

— Les votes du public, révéla Mashiro. Qu'on m'apporte le grand chapeau !

Norie attrapa le chapeau de paille posé à l'envers sur la table et le lui tendit obligeamment.

— Merci, Norie. (Il s'éclaircit la gorge.) Ce chapeau contient exactement cinq morceaux de papier sur lesquels cinq personnes anonymes ont inscrit le nom de leur concurrent favori ! Mayu, si tu veux bien ?

Celle-ci se leva et piocha dans le chapeau. Elle défit lentement le premier morceau de papier.

— Yukie, dit-elle en chiffonnant la feuille.

Celle-ci afficha un sourire victorieux.

— Kō-kun. Kō-kun. Yukie...

Chacun retint son souffle. Bokuto se mit à prier.

— Et... Kō-kun !

— YEEESSS ! s'écria Bokuto. Ha ha ! Prends ça, Yukie !

Shirofoku croisa les bras.

— Je veux connaître le nom des votants, exigea-t-elle.

— Sakurako, Keita, Nanami, Hachiko et Akio, dit Norie. Le vote d'Akio est revenu à Reiko, bien entendu. Pour qui as-tu voté, d'ailleurs ?

Reiko sourit.

— Bokuto, bien sûr. Akio adore ses cheveux.

— Je suis sûre que Nanami a voté pour moi, dit Shirofoku. Elle a avoué que je ressemblais presque à une princesse, la dernière fois.

— Tu venais de lui offrir des bonbons ? lança Bokuto.

Elle lui tira la langue.

— Ce qui nous donne un score de cinq à cinq ! s'exclama Mashiro. Le suspense est à son comble. Qui va gagner ? Qui va perdre ? L'issue de ce grand jeu, Mesdames et Messieurs, repose désormais sur les épaules de son épicentre, j'ai nommé : Keiji !

Tous applaudirent, Bokuto et Shirofoku compris, et Akaashi leva les yeux au ciel.

— On aurait pu commencer par-là, dit-il. Ça nous aurait évité bien des soucis.

— Voyons, Keiji, ça n'aurait pas été très drôle, soupira Shirofoku. Il fallait bien passer le temps.

— Alors, mon fils, fit Norie, ton choix ?

Il détailla Shirofoku, puis Bokuto, puis ferma les yeux. La réponse était évidente. Tous dans la pièce la connaissaient déjà.

— Je choisis... commença-t-il, en Bokuto lui lança un regard si plein d'espoir qu'il se surprit à sourire.

— Abrège ! cria Ryōta.

— ... Shirofoku-san.

Il y eut une exclamation de surprise, aussitôt suivie d'un cri de triomphe. Bokuto se laissa tomber à genoux, terrassé par la nouvelle. Akaashi haussa les sourcils.

— Je n'allais tout de même pas aller contre l'avis de ma grand-tante Mariko, expliqua-t-il. Elle fait bien trop peur pour ça.

Shirofoku posa une main sur son cœur, touchée.

— Je savais que tu ferais le bon choix, Keiji. Je l'ai toujours su.

Elle ébouriffa les cheveux de Bokuto avec méchanceté. Celui-ci marmonnait entre ses lèvres, incapable de réagir.

— Malheureusement, reprit-elle, l'air navré, je ne puis accéder à cette charmante requête. Il se trouve que tu n'es pas mon genre, finalement.

— Vraiment ? Quel dommage.

— Hé oui. Mais on aura essayé, Keiji. C'est tout ce qui compte.

Ils soupirèrent en parfaite synchronie, puis Mashiro déclara :

— Eh bien, voilà une conclusion digne d'une bonne tragédie romantique ! N'oublie pas de l'écrire sur ton blog, Yukie-chan !

Elle s'empressa de sortir son téléphone de sa poche pour mettre à jour les aventures de la semaine sans un regard pour le pauvre Bokuto. Akaashi, dans sa grande mansuétude, consentit à s'accroupir devant lui.

— Tu t'es bien battu, Bokuto-san, dit-il en lui posant une main sur l'épaule.

— Vous êtes horribles. Je change d'équipe. Je ne jouerai plus jamais dans la même école que vous.

— Voyons.

Bokuto, malheureusement, avait détourné la tête, signe qu'il ne changerait pas d'avis à moins d'avoir une très bonne raison de le faire. Mieux valait dès lors la lui offrir tout de suite.

Sans faire attention à ce qui se passait autour de lui, il posa la main sur la joue de Bokuto et l'obligea délicatement à lui faire face.

— Je plaisantais, lui souffla Akaashi.

Puis l'embrassa suffisamment longtemps pour le sentir se figer. Ryōta, en fond, laissa échapper une exclamation dégoûtée.

— Prenez une chambre ! jeta-t-il sans se soucier du fait que la chambre en question se trouvait également être la sienne.

Bokuto se releva, soudain d'excellente humeur. La transformation avait quelque chose de magique ; satisfait, Akaashi se frotta les mains.

— La question étant réglée, dit Norie, je vous propose d'aider à préparer le dîner. C'est la dernière fois qu'on peut manger tous ensemble, après tout !

Akaashi aurait voulu protester, mais un regard de sa mère suffit à lui faire comprendre qu'il n'avait pas le choix. Il tira Bokuto jusqu'à la cuisine, suivi par Mayu, Mashiro et Reiko qui avait laissé Akio aux bons soins de Ryōta et Shirofoku.

Le souper fut plus bruyant et animé que d'ordinaire ; la plupart des invités quittaient les lieux le lendemain, à l'exception de Kazuo et Haruna qui restaient là jusqu'à la fin de la semaine suivante. Akaashi, cette fois, refusa poliment le saké qu'on cherchait sans cesse à verser dans son verre. On ne l'aurait pas deux fois ; il se l'était juré.

Il profita d'un moment d'égarement d'Akihiko et Haruna qui les gardaient à table depuis plus d'une heure pour saisir Bokuto par le bras et s'enfuir jusqu'à leur chambre, là où les rires des convives ne les atteindraient pas.

— J'ai tellement hâte de retourner à l'entraînement, lâcha Bokuto en se mettant en pyjama.

Akaashi l'imita ; Bokuto détourna vivement le regard.

— Moi aussi, avoua le passeur.

La sensation de la balle sur ses doigts lui manquait et l'envie de courir sur le terrain le démangeait jusque dans ses rêves. Un camp suffirait à la lui couper pour au moins trois jours — pour l'instant, néanmoins, ça n'avait aucune importance. Il voulait juste retrouver son équipe.

Le sourire mesquin de Shirofoku s'imposa à son esprit. Cette pensée le fit grimacer.

Il ne voulait pas retrouver son équipe. Certainement pas.

— Quoi ? demanda Bokuto.

— Rien, rien.

Ils partirent se brosser les dents. Le temps qu'Akaashi termine, Bokuto était déjà retourné dans la chambre. Il le trouva allongé sous la couverture, les yeux sur le plafond. Il paraissait songeur ; Akaashi s'agenouilla à côté de lui, résistant inutilement à l'envie de l'embrasser à nouveau. Bizarrement, depuis qu'il en avait officiellement l'autorisation, ce besoin — il ne pouvait pas se résoudre à l'appeler autrement — le frappait aux instants les plus inappropriés. Toute la journée, en somme.

Les yeux de Bokuto passèrent du plafond au visage de l'adolescent qui l'observait intensément.

— Akaashi ?

Akaashi lui prit la main et la porta à ses lèvres sans réfléchir. Bokuto la referma sur la sienne. Il s'était légèrement empourpré.

— Je t'aime, confia-t-il à mi-voix.

Akaashi se pencha jusqu'à lui. Leurs souffles se mélangèrent, et Bokuto glissa son autre main dans le dos de son partenaire jusqu'à ce que ce dernier se décide enfin à autoriser le contact. Son cœur tambourinait dans sa poitrine sans discontinuer. Il pensa qu'il commençait à apprécier la sensation. L'étourdissement qui lui engourdissait l'esprit le remplissait d'une félicité inexplicable.

Il ne se sépara de sa bouche que pour murmurer :

— Moi aussi.

Une voix aussi fragile que du verre qu'il craignait de briser à tout instant. Bokuto lui sourit si sincèrement qu'il crut que son cœur allait se disloquer dans sa cage thoracique — qu'il ne l'entendrait plus jamais battre à nouveau.

Il ferma les yeux, posa le front contre le sien, désireux de laisser à ses émotions un instant de répit. Les doigts de Bokuto se perdirent dans ses cheveux ; son autre main caressa son dos d'un geste qui dénotait une certaine tendresse, qui le fit sourire à son tour.

— Dis, Akaashi...

Akaashi s'allongea auprès de lui, un bras en travers de son torse, et cala sa tête contre son épaule. Bokuto le serra contre lui. Il soupira de contentement.

— Est-ce qu'on est, mmh... je veux dire, euh... ensemble ?

— Tu me demandes de sortir avec toi ? s'enquit Akaashi avec un petit sourire.

L'ayant remarqué, Bokuto se couvrit le visage de ses mains.

— Arrête de te moquer, marmonna-t-il entre ses doigts. C'est juste que... j'aime bien être sûr, tu vois, parce que... enfin, comme ça, c'est clair. J'en sais rien.

— J'ai pas encore répondu.

Bokuto le serra plus fort contre lui dans une tentative de vengeance désespérée. Akaashi étouffa un rire dans son t-shirt.

— T'es horrible, Keiji, je te l'ai déjà dit ?

— Plusieurs fois, répondit tranquillement celui-ci.

— Réponds, alors !

Akaashi se redressa juste assez pour pouvoir apercevoir le visage de Bokuto. Il posa un doigt sur son nez.

— Je ne sais pas, dit-il doucement.

Bokuto fit mine de le mordre.

— Akaashi !

— Ça va, ça va.

Il s'agenouilla à nouveau et, après un bref instant d'hésitation, l'enjamba de sorte à s'asseoir sur son torse. Bokuto le regardait fixement. Finalement, Akaashi s'inclina en avant, l'embrassa sur la joue, et murmura :

— C'est d'accord.

— D'accord d'accord ?

— C'était même pas la peine de poser la question. Ça me paraissait évident.

— Pour toi, peut-être.

Il semblait si heureux qu'Akaashi sentit son propre visage s'illuminer, comme contaminé par la joie qui teintait celui de Bokuto. Ils s'embrassèrent à nouveau, cette fois et d'autres encore, et c'est serrés l'un contre l'autre qu'ils s'endormirent pour la dernière fois des vacances.

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Shirofoku les observait empaqueter leurs affaires en croisant les bras.

— T'as pas envie de faire un truc utile ? demanda Bokuto. Pourquoi tu fais pas tes bagages ?

— Déjà fait, répondit-elle avec un sourire. De toute façon, je ne pars pas tout de suite.

— Ah bon ? s'étonna Akaashi.

L'idée qu'elle reste dans la maison d'un membre de sa famille sans qu'il soit là pour la surveiller le mettait légèrement mal à l'aise. Mashiro disposait sans doute de nombreux moyens de le ridiculiser sans sa présence. Il déglutit.

— Je ne pars que cette après-midi, expliqua-t-elle. Avec Mariko.

— On pourrait te reprendre avec nous, proposa-t-il.

— Et devoir supporter vos roucoulements tout le trajet ? Très peu pour moi.

Au moins, il avait essayé. Il haussa les épaules.

Bokuto prit leur sac et sortit de la chambre pour les déposer dans la voiture.

— Regarde-le rouler des mécaniques, commenta Shirofoku alors qu'ils le suivaient après avoir vérifié que la pièce était bien vide. Alors, t'es content ?

— Content de quoi ? demanda Akaashi.

— D'avoir atteint ton objectif.

Il s'arrêta.

— Quoi ?

— Arrête, Keiji. C'est pas ce que tu voulais ? Tellement classique. T'aurais pu simplement le lui demander, tu sais.

— Rien à voir. J'ai pas essayé de...

— Shht. Blague à part, je suis contente de voir que vous vous êtes enfin décidés à vous mettre ensemble. Pour être franche, ça commençait à me taper sur les nerfs.

Il ne répondit rien. L'entrée était baignée de soleil ; il pouvait sentir la chaleur étouffante de l'extérieur jusqu'ici. Quelque chose lui disait que le trajet ne serait pas de tout repos.

— J'avais parié, avec Konoha, reprit Shirofoku.

— De quoi ?

— Que vous finiriez ensemble. Il refusait de me croire.

— Ah.

— C'est un idiot, qu'est-ce que tu veux. J'ai hâte qu'il m'achète les dix bols de ramens qu'il me doit. Je sens que je vais passer de très bonnes vacances.

— Je ne sais pas si je dois le plaindre.

— Évite. À l'heure actuelle, il doit être en train de montrer les dernières mises à jour du blog à toute l'équipe.

— T'es toujours en attente de ton procès, pour ça.

— Tu ne peux pas me reprocher de m'amuser un peu !

Ils s'arrêtèrent à la hauteur d'un Bokuto en pleine discussion avec M. Akaashi. On ne l'avait pas beaucoup vu au cours de la semaine, songea son fils. Il avait dû s'enfermer dans une chambre à lire les cinquante romans qu'il avait probablement emportés avec lui, s'il se fiait au volume de son sac.

— Tu as pris tes médicaments, Keiji ? demanda-t-il en le voyant approcher.

Akaashi acquiesça. Tant pis pour le sommeil ; après toute une semaine passée ensemble, il doutait que sa mère pût le ridiculiser plus qu'il ne l'avait déjà été au cours de ces derniers jours.

— Je suppose qu'il est temps d'y aller, dans ce cas !

Il semblait pressé de quitter la demeure de Mashiro et s'engouffra dans la voiture comme un enfant impatient d'aller au zoo.

Norie les rejoignit bien vite en saluant ses frères, sœurs, neveux et nièces de tous âges. Ryōta, Mayu et Akihiko s'étaient levés pour leur adresser de grands signes de la main — un peu forcés, pour Ryōta, puisqu'Akihiko se chargeait d'agiter son bras à sa place.

— Bye, les garçons, dit Shirofoku. On se revoit demain, de toute façon. Je me suis bien amusée, cette semaine, grâce à vous.

— Tu m'étonnes, marmonna Akaashi.

Bokuto lui adressa son plus grand sourire. Après les quelques salutations d'usage, ils entrèrent dans la voiture à leur tour. Par chance, les petits dormaient encore ; si on lui en avait donné l'occasion, Keita n'aurait sans doute jamais laissé Bokuto partir.

— Allons-y, fit Norie en démarrant le véhicule.

Ils s'éloignèrent avec un dernier regard pour la maison, les arbres et les membres de la famille Akaashi. M. Akaashi alluma l'air conditionné tout en agitant son livre de mots croisés devant son visage.

— Vous avez passé une bonne semaine ? demanda-t-il en les regardant à travers le rétroviseur.

— Très bonne, répondit Bokuto avec enthousiasme.

Il avait glissé la main dans celle d'Akaashi qui détaillait le paysage par la fenêtre en tâchant d'ignorer les soubresauts désagréables qui agitaient son estomac.

— Ça fait plaisir à entendre, dit Norie. Et dire que Keiji pensait devoir y affronter tous les démons de l'enfer !

— Satan, bien sûr, marmonna M. Akaashi en remplissant « Lucifer » en cinq lettres. Vous avez fini par vous mettre ensemble ?

Un terrible silence s'abattit sur la voiture. Norie s'éclaircit la gorge.

— Ils étaient déjà ensemble, chéri, le reprit-elle.

— Ah bon ? Keiji n'avait pas simplement raconté ça pour qu'on le laisse tranquille ?

Akaashi et Bokuto échangèrent un regard.

— Keiji...? l'appela sa mère d'une voix dangereusement basse.

Jamais Akaashi ne fut si heureux de subir les effets de son traitement contre le mal des transports. Il se laissa tomber contre un Bokuto un brin paniqué, un léger sourire aux lèvres.

Après tout, Bokuto avait enduré sa famille pendant toute une semaine ; il survivrait bien à une petite discussion avec sa mère, non ?

FIN


Est-ce que je shippe Konoha et Shirofoku ? Oui, à mort.

Je vous remercie pour toutes vos reviews et vos favs et follow qui m'ont fait bien plaisir et m'ont grandement aidée dans cette épreuve. Vous êtes 21 à avoir fav cette fanfic. Je vous regarde droit dans les yeux et je vous embrasse sur les deux joues à la façon du parrain pour vous murmurer à l'oreille : « C'est le moment ou jamais de laisser une petite review, mes enfants ».

Non, sans blague, si j'ai réussi à vous changer les idées ou vous divertir ne serait-ce qu'un instant, je serai très heureuse de l'apprendre ! Ça peut paraître stupide, mais un simple « j'ai bien aimé » a une portée plus grande que vous ne vous l'imaginez.

BREF racontage de vie. (Vous avez le droit de passer direct à la fin lol)

J'ai fini une fanfiction. Et si vite. Ma vie est complète, je peux mourir en p- *va voir ses 50 autres fanfics* eeerhhh nervermind.

Non mais sans blague, ça m'aura pris deux semaines. DEUX SEMAINES POUR PONDRE 43 000 MOTS. (48 en vrai puisque j'ai fait un autre chapitre entre temps mdr) Plus jamais je galérerai au NaNoWriMo mdr j'ai zéro excuse dorénavant :D Ce défi m'aura appris diverses choses que je vous offre parce que pourquoi pas :

1 — Avoir un quota de 4200 mots par jour pendant une semaine c'est l'enfer. Ça passe très bien pendant les trois premier jour ; le jeudi, ça commence à être dur ; le vendredi, c'est infernal ; le samedi, c'est cauchemardesque ; le dimanche, c'est redevenu simplement dur. :D

2 — Avoir un quota de 4200 mots par jour pendant une semaine, suivi d'un quota d'environ 3,5K/4K par jour la semaine suivante était apparemment un très bon objectif pour entraîner mon cerveau. J'en suis désormais à me dire « oh, il ne me reste plus que 2000 mots, easy ». :D

3 — Écrire tous les jours ça fonctionne bien aussi, puisque maintenant j'ai envie de hurler quand vient un jour où je ne peux pas écrire (quelle perte de temps !). Je me lève pour écrire. Je vais me coucher après avoir écrit. J'ai l'impression d'avoir fait quelque chose de ma journée, la vie est belle. J'vais tâcher de garder le rythme, haha.

4 — Écrire une semaine entière sur la même histoire EST UN PUTAIN DE CAUCHEMAAAAAAAAAAR ! Y a une raison pour laquelle j'ai toujours 100 000 histoires commencées en même temps et ponctuées d'OS en mode yolo. JE NE PEUX PAS. ME CONCENTRER. SUR UN SEUL TRUC. PENDANT UNE SEMAINE. Sérieux je suis si heureuse d'avoir fini là ! J'ai atteint ma limite en terme de BokuAka retirez ce pairing de ma vueeeee (... je blague mdr j'en ai prévu dans mes autres fics en cours. POURQUOOI.)

5 — Je ne pourrais rien faire si j'avais pas constamment des gens derrière moi pour me motiver, lol. Alors merci à toutes celles (et ceux) qui sont venues régulièrement et avec qui j'ai pu causer par MP pour me défaire de mon ennui mortel, vous m'avez bien aidé. Merci aussi comme d'hab à Rin-BlackRabbit pour le soutien sans faille et l'amour dont elle me couvre chaque jour (chaque jour passé en ta compagnie est un bonheur, je suis heureuse de t'avoir épousée tmtc), et puis à ma chère Noyume et mon cher KusoIcry dont le harcèlement constant (lol je vous aime) vous aura permis d'avoir accès à cette fic aussi rapidement. Merci ❤.

6 — Je shippe beaucoup trop le BoKuroo lol j'ai écrit plusieurs fois « Kuroo » à la place de « Akaashi » inconsciemment. :')

7 — Apparemment je guéris de mon allergie au fluff puisque désormais j'arrive à en écrire sans faire de longues pauses entre chaque phrase ! :D

Voilà, sept confidences (ce n'était pas fait exprès) et on repart à la maison. Allez voir mes autres fics elles sont bien /bam/ BAH QUOI

Je vais maintenant aller jeter tous ces OC dans la poubelle à OC. Notez que si un jour j'ai besoin de faire une famille à Akaashi, j'saurai où la trouver.

Voilà, maggle, merci d'avoir lu, n'hésitez pas à dire ce que vous en avez pensé ou à me dire si la famille d'Akaashi vous a plu ou à me raconter votre vie pour vous venger de ma super longue note. Je vous aime. Gros bécots. On se retrouve bientôt, j'espère ! :D