Il était huit heures de l'après-midi et c'était l'heure de diner, Naomie regarda son père puis sa mère. Ceux-ci se penchaient, inquiets, vers elle.
« Es-tu certaine de vouloir y allé, mon cœur ? demanda tendrement son père.
-Oui.
-Mais si des personnes se moquent de toi…
-Je crois que je suis assez grande pour me défendre. Ce n'est pas des cicatrices qui vont me pourrir mon année, non ? »
Les deux parents sourirent devant leur téméraire et courageuse enfant. La famille McGyv venait de s'installer dans la ville de Chamberlain, dans le Maine. Ils avaient emménagés dans une petite maison dans un quartier de pavillons. Monsieur Henry McGyv était américain, il avait vécu vingt ans en France, c'était un homme aux cheveux poivres-sels, avec des yeux bleues-gris, d'assez grosse corpulence et d'une joie de vivre sans borne. Madame Lisa McGyv était française, elle avait des cheveux bruns courts et raides, des yeux verts et d'une gentillesse et douceur incroyables. Elle avait rencontré son mari à une conférence, en effet, celui-ci était professeur d'histoire et un historien réputé. De leur union naquit Naomie. Elle avait des cheveux bruns ondulés qui lui arrivaient jusqu'aux avant-bras, des yeux verts. Pendant l'accouchement, il y avait eu une complication et Naomie était née avec plusieurs cicatrices sur le corps. Celle qui se voyait le plus était une cicatrice qui partait du haut de son sourcil droit pour arriver au milieu de sa pommette. Malgré cela, ils aimaient leur fille plus que tout. Monsieur McGyv avait décidé de revenir vivre dans son pays natal et avait eu le job d'un professeur d'histoire partit à la retraite. Il allait donc faire la classe dans le lycée de Chamberlain.

Chris Hargensen, Tina Blake, Rachel Spies, Helen Shyres, Donna Thibodeau, Mary Thibodeau, Jessica Upshaw et Sue Snell regardaient avec curiosité leur nouveau professeur d'histoire arrivé avec une fille de leur âge. Elle portait une veste en cuir, une chemise noire et grise, un jean noir lui aussi et des baskets noirs et blanches. Autour de son cou était attaché un pendentif en forme de dragon. Ils se séparèrent et la nouvelle avança vers l'entré des élèves.
« Hé, vous voyez ce que je vois ? demanda Tina en pointant du doigt la cicatrice sur son visage.
-Comment a-t-elle pu… ? commença Helen.
-On n'a qu'à lui demander, dit Sue.
-Bonne idée, sourit Chris. Hé, la nouvelle ! »
Elle se tourna vers elle, braquant son regard émeraude. Elle s'avança de quelques pas.
« Ouais ?
-Pourquoi t'as une cicatrice ?
-Complications de naissance, répondit-elle.
-Et t'en a d'autres ?
-Oui, j'en ai plusieurs.
-Cool ! Au fait je m'appelle Christine Hargensen, mais appelle-moi Chris. Et toi, c'est ?
-Naomie McGyv. »
Les autres filles se présentèrent tour à tour et elles entrainèrent Naomie dans les couloirs du lycée. La jeune fille comprit qu'elle était dans la même classe que ces… filles.
« J'ai remarqué que tu avais un accent, dit Sue.
-Je viens de France, c'est normal.
-Tu parles bien notre langue.
-Mon père est américain. C'est ma deuxième langue maternelle.
-Oh…
-Hé regardez qui c'est qui passe. »
Naomie regarda dans la même direction qu'elles. C'était une fille de leur âge, avec des cheveux blonds, des yeux marron. Elle portait des vêtements qui essayaient de cacher sa féminité. Les filles l'entourèrent, de sorte qu'elle ne puisse pas s'échapper.
« Naomie, je te présente Carrie, déclara solennellement Chris d'un ton moqueur. La putain de Dieu. »
Avec un grognement de colère, Naomie empoigna son poignet et commença à le serrer.
« Qu'est-ce que tu fous ?!
-Un, on ne se moque pas des autres et deux, Dieu n'a pas de ''putain''.
-Laisse-moi ! »
Au bout de quelques secondes intenses, Naomie daigna enfin de la lâcher. Chris se frotta le poignet.
« Tu me le paieras !
-C'est ça. »
Une fois qu'elles furent seules, Carrie alla lentement vers elle.
« Me… Merci…
-De quoi ?
-De… m'avoir défendu… Mais pourquoi l'as-tu fait ?
-Je déteste quand on se moque des autres. »
Carrie lui sourit faiblement. Elles marchèrent dans le couloir.
« Alors, t'es dans la classe que Chris ?
-Oui.
-Donc… on sera dans la même classe, sourit Naomie, ça va être génial ! »
La sonnerie retentit et les élèves coururent en classe.

Naomie discutait avec son père devant leur voiture quand elle vit passer Carrie.
« Hé Carrie ! Tu veux qu'on te ramène ? »
Elle regarda Naomie puis le professeur McGyv. Celui-ci lui sourit.
« Je crois me souvenir que nous habitons côte à côte, non ? Allez, viens. »
Elle hésita quelques secondes avant de pénétrer dans la voiture rouge, à l'arrière aux côtés de Naomie.

Margaret White n'en croyait pas ses yeux. SA fille était dans une voiture d'inconnue et semblait rire avec eux ! Ils se garèrent dans l'allée à côté de sa maison. Carrie pâlit quand elle vit sa mère et s'avança. Les deux autres personnes l'accompagnèrent jusqu'au perron où se situait Margaret.
« Bonjour, madame White ! salua Monsieur McGyv.
-Bonjour.
-Nous sommes vos nouveaux voisins, sourit encore cet homme.
-Bien. »
Lorsque Carrie fut rentrée, elle rentra à son tour et claqua la porte. Le père et la fille se regardèrent étonnés d'un tel comportement. Ensuite, ils se retournèrent pour accéder à leur domicile.
Naomie était assise à table, faisant tranquillement ses devoirs et mangeant un gâteau aux noix. Son père corrigeait des copies tandis que sa mère lisait un livre.
« Papa, je peux te poser une question ?
-Bien sûr.
-Pourquoi les gens sont-ils cruels avec ceux qu'ils pensent être faibles ?
-Je ne sais pas. Certains ont cette mentalité car ils sont malheureux. Pourquoi cette question ? Quelqu'un t'as fait du mal ?
-Non… C'est cette fille, Carrie. Elle est harcelée par un gang de filles, et une d'entre-elle l'a traité de ''putain de Dieu'' devant moi.
-Qu'as-tu fait ?
-J'ai succombé à ma colère.
-Naomie !
-Je lui ais presque cassé le poignet mais elle le méritait ! admit-elle. »
Henry soupira. Décidément, sa fille ne changera jamais. Lisa se leva et posa une main sur l'épaule de Naomie.
« Je sais que tu détestes l'injustice mais ce n'est pas une raison pour faire du mal à ta camarade.
-J'ai l'impression d'être inutile…
-Tu ne l'aies pas ! Au contraire ! Aidez cette fille à se sentir mieux est quelque chose de merveilleux ! »
Elle hocha la tête avant de fermer les yeux.
« Carrie… Elle est différente…
-Comment ça ? demanda Henry.
-Je le sens… Au fond de moi… »
Ses parents se regardèrent en silence avant de vaquer à leurs occupations.

Naomie ne parvenait pas à dormir. Elle alluma sa lampe et attrapa un carnet et un stylo. Elle commença à écrire quelques phrases avec un rythme dans la tête :
Dans les ténèbres du ciel noir de la nuit
Seul la lune brille doucement
Pour éclairer les enfants
Et les protéger sans limite.

Elle n'était pas satisfaite. Mais c'était suffisant. Elle éteignit sa lampe et s'endormit.