OS écrit dans le cadre du Défi de Mars (infos sur mon profil) avec un thème de CrimsonRealm

Thème : Aveugle

Pairing : Oikawa X Kuroo

Fandom : Haikyuu!

Date : 06-03


Tooru Oikawa en avait marre.

Cela faisait trois jours qu'il devait porter un stupide bandeau sur ses yeux pour éviter qu'ils ne soient blessés. Aussi bête que ça puisse paraître, il s'était pris un service de Kyoutani dans la tête et les médecins avaient décrété que ses yeux avaient été trop touchés pour essayer de les rouvrir maintenant. Il devait encore attendre quatre jours.

Mais ce qui agaçait autant le passeur, c'était l'autre. Le mardi, lorsqu'il s'était blessé, Iwa-chan avait pris soin de lui comme tout ami d'enfance qui se respecte. Mais comme Tooru ne pouvait pas aller en cours à cause de sa cécité, Hajime l'avait lâchement abandonné le lendemain sous la surveillance de l'autre. Tout ce que savait le troisième année sur lui, c'était qu'il était un gars d'à peu près son âge, grand, plutôt bien foutu - il pouvait attester de la musculature car l'autre l'avait rattrapé avant qu'il ne tombe dans les escaliers -, avec une voix grave et des cheveux dans tous les sens. Il savait qu'il l'avait déjà croisé quelque part, et que l'autre était en vacances donc pas dans la même région. Mais c'était tout ! Pas de nom, pas de prénom, pas de sport, pas d'école, pas de couleur préférée – il avait demandé –, aucune information personnelle en somme. L'autre ne semblait pas vouloir qu'il sache qui il était.

Ça ne les empêchait évidemment pas d'être plus ou moins complices, vu qu'ils devaient passer toutes leurs journées ensembles. Ils ne s'engueulaient pas à proprement parler, disons qu'ils s'entendaient sur un mode fait d'ironie et de remarques souvent déplacées.

« T'as faim ?

- Non, jamais.

- Du con. Je te cuisine quoi ?

- Tu sais faire quoi ?

- Du riz.

- On en a déjà mangé hier et avant-hier.

- De l'omelette.

- Pareil.

- Tu veux quoi ? Des tartines ? s'énerva l'autre.

- T'es vraiment de mauvaise humeur ! Alors que t'as piqué l'oreiller cette nuit ! »

Et oui, ils dormaient ensembles. Ça ne dérangeait pas vraiment le passeur, car il savait qu'Iwa-chan ne le partagerait pas si facilement avec quelqu'un de pervers, mais il n'avait pas autant de place que d'habitude et c'était perturbant.

« Ca va ! Des nouilles avec du poulet et des légumes, ça te convient ? Monsieur le Roi va !

- Bah voilà quand tu fais des efforts ! Et ne m'appelle pas le Roi. C'est horripilant.

- C'est vrai, j'avais oublié que Kageyama et toi c'était pas le grand amour…

- Tu connais Tobio-chan ?

- Qui ne le connait pas ?

Une fois de plus, il avait réussi à esquiver sa question. C'était agaçant.

- Et je peux savoir pourquoi tu cuisine aussi bien ?

- Je dois souvent nourrir mon meilleur ami qui oublie de manger. »

Tooru n'ajouta rien, content que l'autre ait accepté de lui donner des informations. Parce qu'il avait clairement fait exprès.

« C'est bizarre d'oublier de manger.

- Il a d'autres choses à faire qui lui paraissent plus intéressantes.

- Comme quoi ?

- Tu les veux comment tes nouilles ? »

Et voilà, le jeu du chat et de la souris revenait.

Une heure plus tard, ils avaient mangé et l'autre s'installait dans le canapé à côté de lui. Le passeur tenait un ballon de volley et s'habituait à son touché aveugle. C'était totalement différent de ne rien voir. Mais l'autre le déstabilisa.

« On est vendredi.

- Et alors ?

- Je pars ce soir. »

Le ballon lui tomba des mains.

« Quoi ? Mais pourquoi ?

- Arrête-moi cette voix geignarde, tu veux ? Et parce que c'est le week-end et que ton meilleur ami pourra prendre soin de toi sans mon aide.

- Tu reviens lundi, non ?

- Non, j'aurais cours.

- Tu m'abandonne ? se plaignit-il.

- T'es devenu accro ? Je te rappelle qu'on n'a passé que trois jours ensemble.

- Je sais pas… J'ai l'impression de te connaître.

- Il y a beaucoup de gens comme moi.

- Non. »

Oikawa sentit l'autre se rapprocher.

« C'est bizarre cette réponse directe.

- Peut-être parce qu'elle est sincère.

- Développe.

- Tu ne dis rien, moi non plus. »

Son adversaire soupira.

« Que veux-tu savoir ?

- Ton nom.

- Miiiiiiip. Objection.

- Ton prénom ?

- Tetsuro.

- Tu joues au volley ?

- Oui.

- Dans quelle équipe ?

- Objection.

- Le nom de ton meilleur ami ?

- Kenma

- C'est pas son nom ça !

- C'est son prénom.

- Tu ne lâche rien…

- C'est toi qui ne voit rien. »

Tooru manqua de s'étouffer. Evidemment qu'il ne voyait rien avec ce stupide bandeau !

« Je voulais dire que tu ne remarques rien et que tu ne fais pas attention à ce qui t'entoure.

- Normalement si », affirma-t-il.

Une main se posa sur sa joue et le passeur frissonna.

« Non. T'as toujours été aveugle, bakawa.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- 'Chai pas. J'ai eu envie. T'es pas content ?

- J-je ne sais pas. »

Il entendit le soupire amusé de l'autre et pu presque sentir son sourire.

« Tu es bizarrement docile, Tooru.

- Tu es perturbant, Tetsuro.

- Redis-le.

- Tetsuro ? »

Son front se posa contre le sien.

« J'aime bien quand tu dis mon prénom.

- Tetsuro.

- Hum ?

- Tu ne voudrais pas m'embrasser ? »

L'autre s'écarta et Oikawa comprit qu'il était allé trop loin. Mais il en avait vraiment eu envie sur le coup, ce qui était réellement étrange. Normalement, il n'était attiré que par des filles. Normalement, il ne faisait pas autant confiance à des inconnus. Normalement, il devinait les intentions des personnes rien qu'en les observant. Mais là, il ne pouvait pas et il n'aimait pas ça :

« Je trouve que tu vas un peu vite, répondit sa "baby-sitter".

- Dis celui qui m'a caressé la joue.

- Une caresse et un baiser c'est pas pareil.

- Quoi ? Tu crois que ça va t'engager pour le reste de ta vie si tu poses tes lèvres sur les miennes ? Un bisou d'adieu c'est gérable, non ?

- Quel gamin capricieux, j'vous jure ! L'idée de merde d'avoir dit oui !

- Sympa pour moi. Si tu regrettes tellement, va-t'en.

- Oh, il va bouder maintenant ?

- Oui. Je suis frustré. »

Et c'était vrai en plus. Toutes ses journées passées près de l'autre, avec sa présence rassurantes à ses côtés, ça l'avait perturbé. Il s'était senti proche de lui et lorsqu'il avait posé sa main sur lui, il s'était dit que c'était réciproque et il avait attendu plus. Mais il s'était trompé et ce n'était vraiment pas facile à gérer.

Il sentit soudain le regard brûlant de sa « nounou » sur lui et il se tourna vers la source de cette chaleur. Lorsque sa tête fut en face de celle de l'autre, ses lèvres furent sauvagement dévorées par les siennes.

C'était grisant. Totalement effrayant mais grisant. Leurs dents s'entrechoquaient et sa langue vint bientôt caresser la sienne dans un ballet sensuellement dangereux. Il en voulait plus. Sa main se glissa derrière la nuque de l'autre et il l'attira plus près encore, les faisant basculer sur le reste du canapé. Tetsuro était sur lui et ses mains étaient posées sur ses hanches, traçant doucement des cercles sur sa peau frissonnante. Tooru, lui, avait mis ses mains sur la nuque et dans les cheveux de son autre, voulant le sentir encore plus près.

Ils se séparèrent au bout d'un moment, manquant d'air. Mais le passeur ne lâcha pas son invité pour autant :

« Tu vois quand tu veux.

- T'es chiant.

- Mais tu m'adore.

- Oui. »


Trois semaines plus tard, le capitaine Oikawa – totalement guéri – et son équipe étaient allé voir les préliminaires de Tokyo. C'était une bonne idée pour le plus âgé, qui avait besoin de prendre l'air souvent depuis que son inconnu était reparti. Il devait constamment se changer les idées. Mais alors que le passeur et l'ace de l'équipe profitaient d'une pose pour aller chercher à boire aux plus jeunes joueurs, le premier l'entendit. Cette voix. Sa voix.

« Kenma ! Reviens-là ! »

Un garçon d'environ un an plus jeune qu'eux s'était approché et il semblait vouloir leur demander quelque chose :

« Bonjour. Je suis Kozume Kenma, de Nekoma. Il me semble qu'il doit te dire un truc, le grand brun. »

Le petit l'avait fixé et son prénom était resté gravé dans sa tête. Kenma. Un sourire ravi fleurit alors sur les lèvres du troisième année et il avait levé la tête avec espoir. C'était comme prévu : un gars d'à peu près son âge, grand, plutôt bien foutu, avec une voix grave et des cheveux dans tous les sens. Carrément bien foutu même. Son sourire s'élargit pour devenir presque menaçant :

« Tiens, tiens… Ne serait-ce pas Tetsuro que nous avons là ?

- Bakawa, lui répondit l'autre avec un léger sourire en coin.

- Je suis content de ne plus être aveugle », insinua-t-il.

L'autre rit. C'était presque sarcastique.

« Oh que si que tu l'es encore. Mais je n'ai pas le temps maintenant. Nous avons un match dans quinze minutes donc si mon adorable passeur aux cheveux décolorés pouvait revenir vers nous au lieu d'aller fourrer son nez dans ce qui ne le regarde pas…

- Ca me regarde quand ça te distrait de ton jeu. »

Tetsuro aurait pu rougir, mais il fut distrait par son meilleur ami qui le tirait vers le reste de l'équipe. Le plus grand regarda Oikawa et lui fit un petit signe de la main :

« Après le match, Tooru. »

Ce dernier était réellement heureux de le revoir, quoiqu'un peu perturbé par ses paroles. Encore aveugle, hein ? Une chose était sûre : il ne le perdrait plus de vue.


Alors, alors ? Qu'en avez-vous pensez ? Une review me ferait super plaisir ! *.*

Pour information, une suite est en cours d'écriture vu qu'on m'a un peu harcelé pour ça (vous vous reconnaîtrez tous seuls :P) donc n'hésitez pas à follower ;)

Kisses