Notes de l'auteure: Bon voilà cette deuxième et dernière partie de fiction. J'espère qu'elle vous plaît. J'espère juste ne pas avoir fait trop Levi en gros marshmallow... :/

Merci à ceux qui m'ont signalé la faute du "miAkasa" je m'en excuse platement! Mea culpa et désolée encore :( - petite faute de frappe comme je vais vite - 0:) *sifflote*

Réponse aux reviews: Whoa, déjà je ne pensais pas que tant de gens la suivraient ni ne la mettrait en favo! :O :D

Nala Firenight: O-o whatcha - oui je dis souvent ça mais je ne sais pas comment l'écrire - ben merci beaucoup. J'avoue que c'est très motivant ce genre de commentaires! J'espère que la deuxième partie est à la hauteur de la première, même si elle est bien plus courte!

Anonyme: merciiii trop gentil de ta part! :3

Anonyme Fan: héhé non Levi n'est pas un gros insensible tout se joue dans son regard (lors de la mort de Petra c'est ses yeux qu'il faut regarder!) Et je les trouve chous! voili voulou

Baka-NH: oki ben la voilà ta suite et fin! :*

Merci à tous sinon de lire cet TS! :D


2. Un pas vers l'avenir

Levi repoussa la fine couverture qui l'avait couvert pendant toute la nuit et enfila ses chaussures. Il enfila son sempiternel foulard blanc autour de son cou et le noua fermement – ils n'avaient pas pris la peine d'enlever leurs vêtements au cas où ils entendraient les brigands et devraient agir vite.

Son regard se posa tendrement sur la jeune fille dans le second lit, à côté du sien – appartenant anciennement à Isabel –, pelotonnée dans la fine couverture colorée. Son visage était serein, angélique tandis qu'elle dormait. Elle semblait en ce moment fragile et sans défense. Elle semblait avoir besoin de sa protection et avoir besoin d'aide. Elle n'était pas la femme déterminée qu'elle était éveillée.

En fait, même en la regardant maintenant tandis qu'elle ne le savait, il n'arrivait toujours pas à croire qu'elle ressentait quelque chose pour lui. Oui, en plus, il ne réalisait toujours pas qu'il ressentait quelque chose pour elle. Il ne s'en était pas douté, mais maintenant qu'il y pensait, cela lui paraissait logique. La jalousie brûlante qu'il avait ressenti quand elle était partie à la rescousse d'Eren quand il avait été enlevé par le Titan féminin. Il ne s'en était pas cru capable, de ce sentiment.

Le peu de lumière qui rentrait par les fenêtres pourtant ouvertes lui indiquait qu'il était assez tôt. Il s'était rapidement habitué à nouveau à ce peu de lumière constant. Être ici était moins douloureux maintenant qu'il avait soulagé son cœur et versé ses larmes. Maintenant qu'il s'était débarrassé de ce qui l'avait oppressé pendant trop longtemps. Mikasa avait atténué sa culpabilité en le serrant dans ses bras. Elle avait une fois de plus raison : il fallait aller de l'avant, même s'il ne devait pas oublier.

Il soupira longuement, regardant sa main et il la serra. Il ne savait pas pourquoi, cela l'avait toujours détendu. Il regarda ensuite la jeune femme, il n'aurait sans doute plus besoin de ce tic, quelqu'un le calmerait maintenant. La respiration lente et paisible de cette dernière le calmait. Lui donnait l'impression d'être ailleurs. Aujourd'hui, ils trouveraient ce groupe de gamins, et ils remonteraient à la surface : pas question qu'elle tombât malade.

Il sourit en se moquant de lui-même : depuis quand allait-il se préoccuper ainsi du bien-être de l'assoupie ? Depuis quand se préoccupait-il ainsi d'une personne, au point de se dire que c'était de sa faute si elle avait une petite égratignure ? Le sentiment qu'il ressentait pour elle le changeait un peu et c'était étrange. Il ne se reconnaissait même pas et il allait falloir qu'il se reprenne s'il ne voulait pas entendre des nouvelles de la scientifique folle. Parce que, elle, n'allait pas le louper s'il changeait ainsi de caractère juste au contact d'Ackerman.

Mais il s'arrangerait pour que pendant un certain temps personne ne soit au courant. Pour que personne ne puisse rien dire. Même pas le frère de Mikasa : encore le même problème qu'il parlait sans réfléchir. Mais pourquoi pensait-il ainsi à leur avenir commun ? Si ça se trouvait, elle n'avait fait cela que pour le réconforter, pour sécher ses larmes. Là-haut, peut-être que tout changerait. Non, il ne voulait pas être pessimiste pour une fois, il voulait y croire. Quitte à avoir mal après.

Il s'assit sur le coin de son lit et poussa une mèche aile de corbeau et courte de la joue de son équipière. Sa coupe lui allait si bien, elle lui donnait un visage fin, soulignait ses traits bien dessinés. Et voilà, il recommençait à faire le cœur mou et à trouver tous les points forts de son équipière. Vraiment n'importe quoi… Sa main se posa sur sa joue pour la réveiller doucement : ils avaient des choses à faire et il devait le faire même si cela lui brisait le cœur. Comme arrêter un groupe de "justiciers".

Elle remua légèrement, grognant pour dormir un peu plus. Elle tenta de se tourner dans l'autre sens pour lui échapper, mais ça ne servait à rien, sauf à le faire sourire. Enfin, ses paupières commencèrent à papillonner et elles s'ouvrirent lentement. Elle se frotta les yeux de ses poings fermés, retint vainement un large bâillement et sourit finalement à l'homme penché au-dessus d'elle. Le visage de ce dernier était soudain devenu froid, habituel et le sourire sur le côté de la jeune recrue s'étendit.

Elle se doutait sans peine qu'il essayait de savoir si leur relation durerait dans le monde extérieur ou pas. Mais si cela ne tenait qu'à elle, ils se battraient ensemble jusqu'au dernier Titan. Elle se leva, poussant la couverture sur le côté et lissant de sa main ses vêtements avec lesquels elle avait dormi. Elle s'étira, tirant ses bras au-dessus de sa tête et émettant un grognement. Elle regarda ensuite le supérieur se diriger vers la table.

Le tableau et la plume avaient été placés dans la chambre. Elle s'avança vers la table au milieu de la pièce, se plaça derrière Levi qui ouvrait son paquet de biscuits, et l'embrassa sur le coin de la bouche. Puis elle s'assit calmement en face de lui. Cela devrait normalement évacuer ses foutus doutes infondés.

Elle sentait son regard gris ombrageux sur elle, mais elle préférait l'ignorer : n'avait-il pas tenté de faire le froid ? Bon, OK, elle devait aussi avouer que cela l'amusait. Une petite revanche qu'elle pouvait se permettre de prendre. Elle ouvrit innocemment le paquet et grimaça : son ventre gargouillait et ces simples biscuits secs et sans goût n'allaient pas suffire. Elle espérait qu'ils allaient bientôt remonter, au moins pour avoir un vrai repas. Elle cassa avec ses dents un bout sec et craquant, le mâchonna et l'avala avec difficulté, le faisant passer avec une longue gorgée d'eau. Avec ces trucs distribués par l'Armée, on était plutôt rassasiés avec l'eau bue – pour ne pas s'étouffer – que ces biscuits en eux-mêmes. Au moins avaient-ils l'effet voulu !

« Aujourd'hui, on les choppe et on les ramène à la surface. Je pense qu'on en a tous les deux marre d'être ici », annonça le caporal.

La jeune femme hocha la tête, ça lui allait parfaitement. Ils rangèrent rapidement leurs affaires dans les sacs. Les couvertures vertes – il ne faudrait pas changer un peu de couleur, ce serait bien trop dommage un peu d'originalité – furent mises en boule et enfoncées dans le fond des sacs. Elle sortit son manteau de cuir clair et soupira : pourquoi ne pouvait-elle pas le mettre ? Elle se sentait tellement à l'aise dedans, à sa place. Oui, avec, elle se sentait utile pour l'Humanité, et pas seulement pour son frère. Elle grimaça et fit une moue boudeuse en le rangeant de nouveau, sous son équipement tridimensionnel. Ça lui brisait le cœur de devoir le laisser dans son sac terne. Elle posa ensuite ce dernier devant la porte, aux côtés de celui du gradé.

Ce dernier saisit un des draps blancs pliés dans le coin, et d'un mouvement ample, il le secoua pour le poser correctement sur le canapé durant le vol. Il allait tout couvrir de nouveau, pour que rien ne s'abîmât. Pour que, s'il y retournai dans le futur, tout soit en bon état. Son caractère de maniaque qui ressortait, sans aucun doute – et il préférait ignorer le petit sourire de son équipière. Parce qu'il doutait retourner dans cet endroit un jour, il se l'était déjà juré avec Farlan et Isabel : ne jamais revenir dans l'obscurité de la ville sauf pour libérer tous les habitants. Il n'avait pas pu tenir entièrement sa promesse, mais il allait au moins sauver le quatuor qui leur ressemblait. Ce serait déjà un pas pour le meilleur de cette ville. C'était tout ce qui pouvait faire pour le moment.

Car il se jurait aussi qu'il n'arriverait pas la même chose à ce groupe qu'à son trio. Il ne laisserait pas les Titans les décimer comme ils l'avaient pour lui. Il les défendrait de toute sa force. Il leur apprendrait à se défendre de ces monstres et à ne pas se laisser manipuler.

Il serra les poings. Oui, jamais il ne le permettrait, jamais il ne se le pardonnerait s'ils étaient tués alors qu'ils les avaient remontés. Il soupira, ferma les derniers volets avec Mikasa, et balança son sac sur ses épaules. Ils ouvrirent la porte et s'engouffrèrent dans la gigantesque ville souterraine. Levi ne jeta pas un dernier regard derrière lui, il laissait son passé là sans problème. Sans remord. Car maintenant il avait peut-être un avenir. Car désormais il n'avait pas de fantômes qui le hantaient.

Ils allaient traquer ce groupe, jusqu'à le trouver. Ils étaient déterminés et réussiraient. La jeune femme qui l'accompagnait hocha la tête dans sa direction, elle le suivait et lui faisait confiance pour qu'il la guidât. Après avoir réfléchi en mangeant, il avait décidé de se diriger vers un entrepôt de nourriture : les dirigeants pourraient être sans doute plus au courant et leur donner plus d'informations. Et sinon, il utiliserait leur appartenance au Bataillon d'Exploration pour délier les langues.

Les habitants les admiraient autant qu'ils les craignaient. Ce serait leur dernier recourt.

Ils pressèrent le pas dans les ruelles désertes : c'était le matin qu'avait souvent lieu les vols – pas question d'attendre le lendemain pour recommencer cette recherche. S'ils pouvaient les prendre sur le fait, alors ce serait bien plus simple : ils pourraient les suivre et déterminer s'ils étaient de simples bandits ou des distributeurs comme ils l'espéraient. Ils regardèrent autour d'eux, curieux et à la recherche d'indices, les volets des maisons étaient presque tous fermés. Il était tôt – l'habitude militaire avait la dent dure et ne partait pas si facilement – mais on ne pouvait pas le voir sans soleil comme c'était le cas.

Les rues étaient désormais moins délabrées et totalement dénués de mourants : ils approchaient des quartiers riches. Ils approchaient de ceux qui pouvaient manger à leur faim et se faire soigner sans difficultés. Ceux qui pouvaient remonter à la surface. Ils en profitaient donc pour virer les mendiants de leur route.

Soudain, brisant le calme silence de début de matin, un éclat de voix leur parvint, ainsi que des bruits de lutte et de quelque chose qui s'écrasait au sol. Du grabuge. Quelqu'un s'exclama alors :

« Ils sont là, vite, appelez la milice, arrêtes-les, coincez-les ! »

Levi et Mikasa se regardèrent à peine une seconde et réagirent immédiatement. Ils jetèrent leur sac à terre, se jetèrent à genoux, l'ouvrirent à la hâte et déballèrent leurs affaires. Ils enfilèrent dans la seconde suivante leur équipement tridimensionnel et nouèrent leur cape à leur cou en courant – ne reprenant pas les sacs, inutiles. Ils rabattirent enfin leur capuche sur leur tête pour ne pas être reconnus et pour suivre leurs ordres – surtout pour Levi. Ils se regardèrent et hochèrent la tête ils savaient ce qu'ils avaient à faire.

Ils saisirent leurs manettes de propulsion, visèrent les toits et se lancèrent souplement dans les airs. C'était leur chance d'arrêter le quatuor, et celle-ci ne reviendrait peut-être pas avant quelques jours. Dans les airs, tractés par leur équipement, ils distinguèrent des silhouettes floues qui se mouvaient rapidement d'un bâtiment à l'autre, avec du gaz derrière eux. C'était eux ! Ils se précipitèrent dans leur direction, zigzaguant eux aussi entre les maisons et les toits avec des a-coups de la propulsion. Ils devaient éviter de se faire voir.

Les voleurs avaient les bras chargés de nourriture et d'argent dérobés. Pile ce que les deux équipiers cherchaient.

Des hommes en équipement tridimensionnel foncèrent alors avec de grands cris pour se diriger, juste derrière eux. La milice, reconnut le gradé avec un frisson. Il avait du vécu avec eux, d'assez mauvais souvenirs. C'était étrange de se trouver maintenant de l'autre côté : celui de la justice et des poursuivants. Pour une fois qu'il se trouvait en contact avec eux, il ne fuyait pas, il les aidait. Oui, cette fois, il ne se trouvait plus du côté des poursuivis et des pris au piège.

Mikasa et lui accélérèrent, sautant plus loin, tirant plus fort sur les câbles et éjectant plus de gaz. Ils devaient rattraper les fuyards, ou du moins ne pas les perdre de vue. Le groupe de voleurs se scinda alors et chacun partit d'un côté. D'un regard, les deux équipiers en suivirent un chacun, sous les yeux étonnés de la milice : qui se demandait ce que des gens du Bataillon faisaient là et qui les avait prévenus.

Levi ne doutait pas qu'il retrouverait Mikasa et les trois autres bandits du groupe : ces derniers devaient se retrouver à un endroit. Au moins pour se partager le butin ou décider de leur prochain coup. Son passé de brigand l'aidait à savoir ça. Il laissa l'homme partir un peu plus en avant, et fit signe à la milice de faire demi-tour : le voleur croirait les avoir distancés et serait plus confiant. La milice n'osa pas protester et obéit à ses ordres.

En effet, l'homme regarda derrière lui, et, ne voyant plus personne, il se reposa au sol et marcha tranquillement vers leur planque, sans même se douter que quelqu'un le suivait. Le caporal était doué pour suivre les gens sans que ces derniers ne s'en doutât. Il eut aussi un rictus amusé quand un villageois en sortant de chez lui, tenta de se mettre au garde-à-vous en apercevant les ailes dans son dos. Il fut le seul. Les autres rentraient précipitamment chez eux et se cachaient derrière les murs. Que craignaient-ils qu'il leur fasse ? Il n'était pas un Titan non plus… Il n'allait pas les bouffer.

Enfin, l'homme qu'il suivait se dirigea vers une porte, en regardant discrètement derrière lui – Levi s'était caché à temps – et toqua à un rythme saccadé à une porte, un peu à l'écart de la rue principale. Quelqu'un lui ouvrit peu de temps après, il rentra rapidement se faufilant dans la fine ouverture, et la porte de bois se referma aussitôt. Alors ils se cachaient là, ces petits voyous discrets ? Ils n'avaient pas été pris, pourtant étaient bien moins bons que son trio. La milice était décidément de plus en plus faible et pitoyable.

Un petit murmure le tira de ses pensées moqueuses – oui c'était plus fort que lui, il ne pouvait s'en empêcher. Le petit « psst » continua jusqu'à ce qu'il tournât la tête vers sa provenance, agacé. Il trouva alors Mikasa, cachée derrière un mur et qui lui faisait un petit signe de la main pour lui dire de la rejoindre. Aussi discrètement que possible, il longea les murs et se plaça à ses côtés.

« Il faut qu'on sache ce qu'ils font de tout ce stock », souffla-t-il à son oreille, repoussant quelques mèches de cheveux.

Elle hocha la tête et lui désigna du menton l'étroit espace entre la maison qui les intéressait et sa voisine. Les fenêtres de celles-ci étaient hautes et ils devraient prendre appui pour pouvoir espionner. Ils pourraient le faire grâce à la proximité des deux murs. Le visage du caporal s'éclaira. Décidément, il avait vraiment fait un bon choix en la prenant elle : la stratégie était aussi son fort et elle se débrouillait bien. Il lui fit signe de grimper, après tout, les femmes d'abord – et l'escalade non merci quand quelqu'un pouvait le faire à sa place.

Elle eut une expression entre sourire désabusé et moue qui plaidait l'injustice et finit par commencer son ascension difficile. Elle savait que ça ne servait strictement à rien de protester avec lui, il lui dirait que c'était les ordres et qu'elle devait s'y plier. Elle posa ses mains sur le mur rêche, et poussa sur ses jambes musclées. Elle fit un grand écart pour poser son deuxième pied sur l'autre mur et avança lentement, montant un pied, puis l'autre. Elle grimaçait et transpirait sous l'effort – en pensant que Levi en bas avait croisé les bras sur sa poitrine et était tranquillement adossé au mur avec une expression d'ennui comme il savait si bien le faire.

Enfin, elle arriva avec soulagement devant la fenêtre et elle prit un instant pour se reposer. Son souffle était court, ses muscles de tout son corps la tiraient : ses adducteurs n'étaient pas habitués à être aussi tirés, mais aussi derrière ses épaules, ses abdos et ses dorsaux. Ses paumes étaient aussi écorchées et saignaient. Elle souffla sur les plaies comme elles la brûlaient. Elle grimaça, elle allait devoir se bander les paumes pour prendre ses armes correctement dans ses mains. Sinon, elle allait être pénalisée pour se battre. Bon dieu, de toute façon, demain elle était bonne pour ne bouger qu'en grimaçant. Elle allait en entendre parler pendant un moment de sa future démarche de canard boiteux.

« Alors, chuchota le caporal, tu vois quelque chose ? J'aimerais ton rapport de la situation, soldate. »

Elle grimaça, s'il était si impatient que ça, il aurait dû montrer lui-même, ça aurait évité à la jeune fille des souffrances inutiles. Elle râla et s'accrocha au rebord de la fenêtre en grimaçant de plus belle pour la douleur que ça lui causait sur ses pauvres mains. Elle se remonta un peu plus, piétinant sur le mur, et posa ses coudes sur le rebord – c'était un peu moins douloureux.

La pièce était éclairée par une lampe à gaz au plafond. Des rires bourrus et satisfaits lui parvenaient. Le quatuor se félicita pour son nouveau vol en se tapant dans le dos et dans les mains. La jeune femme resta de marbre et silencieuse, observant avec détachement la scène. Ils passèrent leur magot sur la table, comptant ce qu'ils avaient réussi à voler. L'un d'eux saisit un sachet de nourriture, l'ouvrit et le goba d'un coup. Il leva ensuite le pouce vers les trois autres.

« ―Très bon, on a bien réussi ce coup-ci. On progresse, c'est cool. Z'avez vu comme on a semé la milice ? Vraiment trop facile ! De vraies sangsues inutiles et faibles, eux !

― Ouais ! C'est bien, on va pouvoir se goinfrer, et profiter de l'argent et se faire plaisir. Pourquoi pas de l'alcool et des femmes. Ça me paraît être un bon plan, et vous !? »

Les autres confirmèrent en ricanant bêtement et se jetèrent sur la nourriture dérobée, se goinfrant à qui mieux-mieux. La jeune femme en avait assez vu : ce n'était pas des justiciers comme ils l'avaient espéré, juste des brigands ordinaires. Ils s'étaient bercés d'illusion, son camarade et elle, mais aussi les supérieurs de l'Armée. Ils n'avaient pas du tout les mêmes valeurs que le trio du caporal. L'opposé exact, même. Elle redescendit lentement, glissant le long du mur – tout en évitant de se faire un peu plus mal aux mains. Elle sauta sur le dernier mètre, pour aller plus vite et ne pas se blesser plus les mains. Elle se rattrapa sans problème, accroupie et se redressa lentement, essuyant son pantalon de ses mains blessés – tant pis pour les taches de sang. Levi l'interrogea du regard, mais elle plaça ses mains abîmées devant lui, avec un regard accusateur et les sourcils froncés. Un petit sourire naquit sur les lèvres du gradé, presque désolé. Presque. Elle esquissa une moue fâchée. Il les saisit dans les siennes, et regarda les paumes. Il souffla doucement dessus, pour en éteindre le picotement.

« ― C'est bon ? Le Miracle de l'Humanité va mieux ? Donc, ces brigands ?

― Tu te fous de moi ? Tu fais ça juste pour mes informations, hein ? Tss, tu resteras toujours le même. »

Un petit sourire s'étendit sur les lèvres de l'homme, tandis que Mikasa fit mine de bouder. Elle le tapa doucement du revers de la main, cela claqua sans pour autant lui faire mal. Il fit mine d'être blessé, mais il s'approcha d'elle et déposa un léger baiser sur ses lèvres. La jeune femme esquissa une moue amusée et embêtée, ce n'était pas juste : elle n'arrivait pas à lui faite la tête très longtemps. Elle leva les yeux au ciel.

Enfin… le jeu était maintenant terminé : il lui fallait se concentrer sur la mission de laquelle ils étaient chargés. Son visage redevint grave, Levi n'allait pas du tout apprécier ce qu'elle allait lui rapporter, mais elle le devait. Elle lui décrivit ce qu'elle avait épié. En effet, tout en lui se ferma. Son corps se tendit, ses yeux devinrent sombres, et l'ombre si caractéristique de lui, tomba sur ses yeux ainsi qu'un voile terne qui rendit plus menaçants encore ses yeux. La colère monta soudainement en lui, c'était tellement injuste. Une fureur qui rendait ses veines brûlantes.

Il plissa les yeux. Ce groupe avait plus de chance que son ancien, et eux, ne faisaient que voler. Levi, Isabel et Farlan avaient été remontés à la surface parce qu'ils redistribuaient, parce qu'ils étaient doués et « bons ». Comme le disaient leurs amis, et ceux à qui ils avaient distribués de la nourriture et de l'argent. Ce quatuor quant à lui, se contentait de voler et de garder le reste. Il avança vers la porte, l'aura sombre et terrifiante autour de lui, son couteau ouvert était soudainement apparu dans sa main. D'un grand coup de pied, il enfonça la porte, qui s'ouvrit en un grand fracas – à la surprise des quatre habitants à l'intérieur. Il ignora sa camarade qui l'appelait, tentait de le ralentir et de le ramener à la raison. Il allait leur faire payer cette injustice, la mort de ses camarades si précieux…

Les brigands paniquèrent, le menacèrent en montant les poings devant leur torse – totalement inutile en cas d'affrontement – et lui ordonnèrent de reculer avec une voix sombre – peu crédible pour le Plus Fort de l'Humanité. Il continua cependant d'avancer, avec son aura noire tout autour de lui. Ce n'était pas ça et leurs petites menaces, qui allaient l'arrêter maintenant. Ils se jetèrent alors sur leurs couteaux et se mirent en garde.

Mikasa déboula elle aussi dans la pièce, ne voulant pas être mise de côté et ne voulant pas laisser son supérieur seul face à ces quatre hommes – tout en sachant très bien qu'il n'avait pourtant pas besoin d'elle. Elle se plaça à ses côtés, sous les yeux encore surpris du quatuor, qui commençait à se reprendre. Elle ouvrit son couteau dans sa main, ignorant la brûlure de ses plaies.

« ― Vas chercher les renforts, je me charge d'eux.

― Il n'en est pas question, caporal Levi. Je ne les laisserais pas seuls face à toi. Tu n'as pas tous tes moyens et tu risquerais de leur faire plus de mal que ce qu'ils méritent. »

Il eut un sourire ironique, et fondit sur le premier. Après un instant de détente, la jeune recrue le suivit. Elle para un coup de couteau, bloqua le bras du jeune homme avec le sien, lui fit une prise – apprise lors de ses entraînements, finalement c'était utile – et le projeta au-dessus d'elle. Il heurta violemment le sol, tombant à plat sur le dos et grimaça. Il était maintenant hors-service et incapable de se lever pour la prendre de revers. Elle se retourna ensuite vivement vers le second qui arrivait dans son dos pour la prendre vicieusment. Il ignorait qu'on ne pouvait pas lui faire ce coup : elle était trop forte pour cela, elle était celle qui devrait libérer l'Humanité des Titans. Il se frottait à une femme surentraînée et dotée d'un don en plus. Il ne faisait décidément pas le poids.

Elle lacéra le flanc de ce dernier de son couteau, et, alors qu'il se tenait le côté de la main, lui fit une balayette et l'assomma d'un coup sec du tranchant de la main dans la nuque. C'était moins sanglant que pour les Titans : au moins n'avait-elle pas à trancher la chair.

Les muscles de l'homme se détendirent soudainement, tandis qu'il sombrait dans l'inconscience complète. Elle saisit alors une des six cordes dans la ceinture de son équipement tridimensionnel – rangées spécialement pour ce moment – et lia les mains et pieds des deux voyous qu'elle avait mis hors d'état de nuire. Elle se tourna alors vers Levi.

Il n'avait eu aucune difficulté à les mettre au sol et à les assommer. D'un coup de couteau, il avait blessé le premier au poignet, puis l'avait plié en deux en se tournant et décochant un coup de coude dans le ventre. La nuque avait alors été découverte et le caporal lui avait envoyé un second coup de coude pointu. L'homme s'était alors écroulé sans pouvoir lutter un peu plus.

Quand au second, il avait utilisé sa souplesse et sa rapidité, était passé dans son dos et avait posé son couteau sur le cou épais de l'homme d'âge moyen. Celui-ci avait lâché son couteau, levé les mains et s'était mis à genoux sur l'ordre de l'effrayant caporal – eh oui, ses adversaires venaient d'apprendre que la taille ni le sexe d'une personne ne faisaient pas tout. Ses mains avaient été attachées dans son dos. Et, alors qu'il pensait que cette bataille était terminée, le petit homme aux cheveux noirs devant lui, lui décocha un violent coup de pied dans le visage.

La tête du chef des brigands partit sur le côté, crachant une dent ensanglantée. Un filet de bave rougi suivit la dent dans le coin de la pièce. Le gradé se prépara de nouveau son pied, mais Mikasa l'attrapa par le bras, lui enfonça les doigts dans le muscle et le tira en arrière. Ses yeux foudroyèrent l'homme comme il ne pouvait pas le faire avec ses mains.

« Ça suffit Levi, on va chercher les renforts et c'est tout. On ne les torture pas. »

Levi la regarda froidement, plissa les yeux et finit par hocher la tête. Il savait que cela n'impressionnerait nullement son équipière. Ses épaules se décontractèrent et il baissa la tête, découragé. Elle ne le laisserait pas faire un mouvement de plus tant qu'il n'avait pas abandonné. Il allait devoir chercher les renforts, il n'avait pas d'autre choix. Lui non plus ne pouvait pas faire face à cette femme.

« Allez, avance », ordonna un soldat de la milice en poussant brutalement entre les omoplates un des quatre brigands. Les deux soldats du Bataillon d'Exploration regardaient calmement la scène, ils croisèrent le regard du chef du groupe qui allait en prison. Mikasa posa sa main sur l'épaule de son compagnon et se rapprocha de lui. Elle posa doucement sa tête sur son épaule – ignorant le fait qu'elle avait à se baisser légèrement.

« ― Tu sais, tout le monde ne peut pas être aussi bons que votre groupe, Levi. Tout le monde n'a pas vos qualités.

― Ce qui me dégoûte, c'est qu'ils profitent de leurs conditions. Ils ne verront jamais de Titans, alors que nous, on a dû monter et se battre dans le monde extérieur. Parce que nous étions dans le bon camp et doués. C'est parce qu'on se préoccupait de la santé des autres qu'ils se sont faits tuer. »

Son regard dévia vers la jeune femme qui regardait devant elle. Elle le regarda avec interrogation : que signifiait ce regard ? Elle n'en avait jamais vu de sa part et elle ne savait pas trop à quoi s'attendre. Elle fronça légèrement les sourcils tout en souriant, oui, sans doute un nouveau un coup de Levi. La main de ce dernier s'arrêta sur sa joue et ses lèvres se rapprochèrent des siennes. Elle ne put retenir un sourire séduit.

Est-ce que son cœur pouvait ralentir le battement, elle n'aimerait pas trop mourir d'une crise cardiaque si jeune. Ah, et si son estomac voulait bien éviter de décoller maintenant, ça l'arrangerait aussi. Elle n'aimerait pas trop se retrouver collée au plafond de pierre, ça ne semblait pas très bien… Quoi ? Que disait le cerveau ? Ah, OK : impossible…

« Mais c'est aussi avec ça que je t'aie connue. »

Les joues de la recrue se colorèrent. Elle n'aurait jamais cru son caporal capable de dire des choses si belles. Comment ne pas fondre ? Oui, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait pouvoir arrêter ses papillons dans son ventre.

Alors que leurs lèvres allaient se toucher, le major Erwin s'avança vers eux. Ils s'éloignèrent brusquement, espérant que ce dernier n'avait rien vu. Mikasa se plaça au garde-à-vous – les joues rosies –, tandis que Levi prenait une attitude nonchalante. Ils en entendraient parler si Hanji Zoe, leur scientifique folle et bigleuse, venait à apprendre cette nouvelle. Mais Erwin ne laissait pas filtrer les informations comme cela, sauf s'il avait un but précis. Comme ses émotions. On ne pouvait jamais savoir avec lui. Mais ce dernier avait la même expression que d'habitude, toujours aussi fermé et il ne fit aucune réflexion. Mais les deux ne savaient pas si c'était pour le mieux ou le pire. Leur supérieur prit la parole, pour rompre leur trouble.

« ― Beau boulot vous deux. Pourquoi veux-tu les enfermer dans la ville, Levi ? Ce ne serait pas mieux de les remonter et de les former comme on a fait avec toi ?

― Merci, Erwin. Tout simplement parce que je ne veux pas essayer d'apprendre la moindre chose à ces abrutis. Je ne vais pas galérer à leur apprendre comment bien se comporter. Ils vont juste crever dans un trou noir, après tout c'est tout ce qu'ils méritent. Au moins, s'ils avaient voulu jouer les suicidaires là-haut, ils ne mettront la vie de personne en danger. C'est tout aussi bien : ils ne mettront pas la sécurité de certains soldats dans l'Armée. Pourrir en taule c'est plutôt pas mal pour des gens comme eux… »

Le major aux épais sourcils blonds hocha gravement la tête. Ses yeux s'attardèrent sur ses deux soldats devant lui, puis il fit demi-tour en haussant les épaules, mieux valait ne pas faire de commentaires. De toute façon, il ne voyait pas de quel droit il avait à en faire.

Il marcha droit devant lui, rapidement comme pour prouver à ces derniers qu'il partait. Mais il ralentit soudainement peu de temps après. Il jeta un discret coup d'œil derrière lui, par-dessus son épaule, à la dérobée, vers les deux équipiers qui ne se doutaient de rien – ils n'avaient pas pensé leur major ainsi. Leurs lèvres se pressèrent les unes contre les autres. Il eut alors la certitude de ce dont il s'était douté et un petit sourire en coin amusé monta sur ses lèvres.

Pourquoi cela ne l'étonnait-il pas ? Il était venu voir comment ils s'en étaient sortis, mais finalement, pas trop mal, il devait dire… Mikasa la recrue si prometteuse avait aidé son fidèle ami à se relever des blessures de son passé. Et puis, un couple dans le Bataillon d'Exploration… ça redonnait de l'espoir à tous les autres soldats. Tant mieux.

De toute façon, il ne se faisait pas de soucis pour ces deux : ils étaient assez forts pour se protéger tous les deux mutuellement. Cela leur donnerait la motivation de se battre jusqu'au bout. Il avança alors vers les escaliers donnant sur le Mur Rose. Il retournait au soleil et reprenait le contrôle du Bataillon.

Le couple se regarda et sourit : une bonne chose de faite. Une mission d'accomplie et ils avaient dépassé leur passé difficile. Maintenant que leurs démons du passé avaient été terrassés, il leur fallait se battre pour leur avenir. Pour pouvoir vivre en paix. Leurs doigts s'entrelacèrent et ils se dirigèrent vers les escaliers – par lesquels était sorti le major. Le soleil les accueillit, les éblouissant de ses doux et tièdes rayons. Il fallait maintenant massacrer tous ces foutus Titans. Et ils seraient ensemble pour voler au loin. Pour défier ensemble l'horizon et se construire un futur digne d'être vécu.


Et une deuxième fiction finie complètement - oui j'aime bien les trucs longs donc celle avec laquelle j'avais commencé en décembre n'est toujours pas finie... bref 0:) Et en plus elle finit bien! :D oui ça aussi c'est assez rare à tout bien pensé... :p Ce qui fait que j'ai trouvé la fin un peu trop fleur bleue à mon gout - mais bon mes amies m'ont dit que ça allait...

*Toujours sceptique*

Merci de laisser vos commentaires pour que je sache!

A une prochaine! :) Merci d'avoir lu! :D