Et voici le dernier chapitre de cette fic, j'espère que la fin vous plaira !


Chapitre 6

Arthur resta assis contre la porte quelques minutes, tentant d'assimiler ce qui venait de se passer. Finalement, il se leva et toqua à la porte.

- Merlin ?

Pas de réponse.

- Merlin, allez. Tu ne pourras pas rester là toute ta vie !

Une sorte de grognement lui parvint et Arthur leva les yeux au ciel. Il s'apprêtait à insister et à toquer à nouveau lorsque Merlin finit par ouvrir la porte.

- Bon, tu sais quoi ? On a qu'à oublier ce qu'il s'est passé, d'accord. Il ne s'est rien passé.

Merlin contourna Arthur, qui mit quelques instants à comprendre ce que son ami venait de lui dire. Puis, il lui saisit le bras pour le forcer à se retourner.

- Non, Merlin, il est hors de question que j'oublie ce qui vient de se passer ! Tu m'as embrassé !

- Et c'était une erreur, d'accord !

- Bien sur que non ! Merlin, je… Je t'aime.

- Non, Arthur. Je suis la seule personne qu'il te reste, c'est différent.

- Quoi ? Bon sang, Merlin, je t'aimais déjà à Camelot, alors ne crois pas que…

- Bon, écoutes, c'est soit tu acceptes qu'il ne s'est rien passé, soit tu t'en vas.

Arthur le lâcha, sous le choc.

- Tu me fiches dehors ?

- Non. Je te laisse le choix. Tu peux rester, mais je ne veux plus jamais entendre parler de ce baiser.

- Très bien, je m'en vais.

Merlin ouvrit la bouche, mais ne dit rien pour le retenir, alors Arthur attrapa sa veste et claqua la porte derrière lui.


Il arpenta les rues pendant plusieurs heures, avant de réaliser qu'il n'avait aucune idée d'où il se trouvait. Il se laissa tomber sur les marches d'une maison, et s'autorisa finalement à laisser couler ls larmes qu'il retenait depuis des heures.

Perdu dans ses pensées, il sursauta lorsque l'on se mit à lui parler.

- Arthur ? Qu'est-ce que vous faites là ?

Arthur leva les yeux et reconnut Gisèle, mais il fut incapable de lui répondre.

- Lorsque vous n'êtes pas revenu à l'hôtel, j'ai pensé que vous aviez fini par trouver votre ami, déclara-t-elle en s'asseyant à ses côtés.

- Je l'ai trouvé, finit-il par dire. Mais il vient de me mettre dehors.

Gisèle soupira et posa une main sur son épaule.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Il… On s'est embrassés. Et puis il a dit qu'il voulait qu'on oublie que c'était arrivé. Je crois que vous aviez raison… Il a trouvé quelqu'un d'autre.

Arthur laissa Gisèle le consoler, mais sans réellement l'écouter. Il ne parvenait pas à s'enlever James de la tête. Si Merlin l'avait rejeté, ça ne pouvait être qu'à cause de lui. Il avait déjà avoué qu'il aimait toujours cet homme, et il avait dû réaliser qu'il l'aimait plus qu'il ne pourrait jamais aimer Arthur. L'ancien roi mourrait d'envie de pouvoir remonter le temps et passer son épée au travers de ce fichu James avant qu'il ne rencontre Merlin, mais il ne pouvait pas, et désormais il avait perdu celui qu'il aimait.

Arthur finit par accepter de suivre Gisèle à l'hôtel pour la nuit, après avoir catégoriquement refusé de retourner voir Merlin.

Une fois dans sa chambre, il se laissa tomber sur le lit, se demandant pourquoi il était revenu si sa nouvelle vie ne consistait qu'à perdre Merlin encore et encore, lorsqu'une sonnerie se fit entendre. Il mit plusieurs minutes à réaliser qu'il s'agissait du téléphone que Merlin lui avait donné, et encore quelques secondes supplémentaires pour se rappeler comment décrocher.

- Euh… Allo ?

- Arthur ? Où est-ce que tu es ?

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? C'est toi qui m'as foutu dehors ! répondit Arthur bien plus agressivement qu'il ne l'aurait voulu.

- Je voulais juste m'assurer que tu ne finirais pas sous un pont, mais très bien ! Tu peux crever, je m'en fiche !

Arthur voulut répondre, mais il n'entendait plus que des bips. Merlin avait raccroché. Il se passa une main sur le front, dépité. Merlin avait fait le premier pas en voulant savoir s'il allait bien, et Arthur l'avait vexé. Le sorcier ne voudrait probablement plus jamais le voir, maintenant.

Une semaine passa, et Arthur n'avait eu aucune nouvelle de Merlin. Gisèle avait été assez gentille pour lui permettre de rester à l'hôtel, mais il déprimait. Merlin lui manquait, plus qu'il n'aurait pu l'imaginer. Il avait hésité des centaines de fois à utiliser le téléphone pour lui parler, mais la peur de se faire rejeter une nouvelle fois était toujours plus forte.

L'ancien roi passait donc la majeure partie de son temps à regarder la télé, n'ayant aucune envie de se mêler à la population après plusieurs conversations catastrophiques. Il n'avait de toute évidence pas la culture nécessaire pour s'intégrer, et la seule personne qui pouvait lui apprendre toutes ces choses ne cherchait même pas à savoir s'il était encore en vie.


Un soir, Arthur regardait distraitement ce que les gens appelaient « les informations » lorsqu'une photo de Merlin apparut à l'écran. Intrigué, Arthur monta le son, puis, comprenant ce qu'il se passait, se rua dans le hall de l'hôtel pour trouver Gisèle.

- Arthur ? Que se passe-t-il ?

- Je… Il faut… Il faut que vous m'emmeniez à l'hôpital !

- Pourquoi, vous êtes blessé ?

- Non, mais… La télé a dit que Merlin y était, il s'est fait heurter par une voiture. Je n'ai pas de voiture, alors il faut que vous m'emmeniez, s'il vous plait !

- D'accord, Arthur, déjà calmez-vous.

- Me calmer ? Je ne sais même pas comment il va !

- Arthur, de toute manière il est trop tard, les visites ne sont plus autorisées, d'accord. Vous ne pourrez pas le voir ce soir, alors allez vous coucher, et je vous y emmène demain matin.

Arthur finit par céder et remonter dans sa chambre, mais sans trouver le sommeil. Il était beaucoup trop inquiet pour pouvoir s'endormir. Et si Merlin mourrait en pensant qu'il le détestait ? Non, Merlin avait déjà vécu près de deux mille ans, il n'allait pas mourir maintenant, il avait l'air de dire qu'il était plus ou moins immortel. Pourtant l'idée ne cessait de hanter Arthur. Si Merlin mourrait, il ne s'en remettrait jamais. Il n'aurait déjà pas été capable de s'en remettre si Merlin était mort à Camelot, lorsqu'il était entouré de sa femme, de ses chevaliers et de tout un tas de gens qui l'auraient aidé à surmonter cela, alors il savait qu'il en mourrait si Merlin venait à le quitter dans ce monde où il se retrouverait seul.

Lorsque le matin arriva enfin, Gisèle tint sa promesse et le conduit à l'hôpital. Ne sachant pas comment il était supposé se conduire ou ce qu'il était sensé dire, il laissa la gérante de l'hôtel s'adresser aux médecins, et se contenta de donner le nom de Merlin, sans prendre la peine de répondre lorsque Gisèle s'étonna d'apprendre que Merlin était vraiment son nom.

Une femme finit par le conduire à la chambre de Merlin, et Arthur poussa lentement la porte, appréhendant l'état dans lequel il allait le trouver.

Merlin avait de nombreux bleus, mais la femme lui affirma que sa vie n'était pas en danger. Arthur s'approcha du lit, et s'assit sur la chaise posée à côté lorsqu'il réalisa que Merlin dormait. Il laissa ses doigts courir sur son visage avant de lui prendre la main, espérant qu'il se réveillerait rapidement.

Lorsqu'il sentit la main de Merlin serrer la sienne, Arthur se leva immédiatement pour se rapprocher de lui.

- Merlin ?

- Ar…thur ?

Merlin ouvrit péniblement les yeux et lui sourit lentement. Arthur lui rendit son sourire et serra un peu plus fort sa main.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- La télé a dit que tu étais blessé, alors je… Je voulais voir comment tu allais.

- Je suis content que tu sois là. Et… je suis désolé de t'avoir dit de partir.

Arthur baissa les yeux.

- Merlin… On n'est pas obligés d'en parler maintenant, il faut que tu te reposes.

Merlin serra sa main, et Arthur releva les yeux vers lui.

- Arthur… Je t'aime aussi, tu sais.

Arthur ne put retenir le sourire qui se forma sur ses lèvres, mais il savait que Merlin pouvait clairement lire la question qu'il se posait. Pourquoi ? Si Merlin l'aimait, pourquoi l'avait-il rejeté ?

- Je t'aime mais… Je ne supporterai pas de te perdre encore une fois. Ce sera assez dur comme ça, Arthur, je ne veux pas en rajouter en…

Merlin finit sa phrase d'un geste de la main, et Arthur ne sut pas quoi répondre. Il comprenait ce que Merlin ressentait, il le comprenait vraiment, mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait tort. Soudain, James lui revint à l'esprit et Arthur ne put s'empêcher de dire ce qu'il avait sur le cœur.

- Tu étais bien avec James, pourtant, non ?

- Quoi ?

- James. Tu savais qu'il mourrait, lui aussi, et ça ne t'a pas empêché d'être avec lui ! Alors quoi, tu l'aimais trop pour ne pas être avec lui, comme tu l'aimais trop pour ne pas lui dire pour ta magie ?

Merlin tenta de se relever légèrement et grimaça de douleur, et Arthur regretta presque d'avoir abordé un tel sujet. Merlin souffrait déjà, et il en rajoutait.

- Arthur, non. Tu ne comprends pas.

- Je crois que si. Tu m'aimes, mais pas autant que lui, et je…

- Arthur, s'il te plait. Ecoutes-moi… J'ai aimé James, je l'ai vraiment aimé, mais… Je ne l'ai jamais aimé autant que toi. Je ne peux pas être avec toi parce que je t'aime trop pour te voir mourir encore. Ca fait presque deux mille ans que je t'aime, Arthur, et je n'ai jamais cessé de t'aimer. Si j'ai parlé de ma magie à James, ce n'est pas parce que je l'aimais plus que toi, c'est parce que je ne voulais pas refaire la même erreur.

Arthur sourit et porta la main de Merlin à ses lèvres.

- Alors restes avec moi, Merlin. Je sais que tu ne veux pas souffrir, mais… Je vais mourir dans tous les cas, et… Je ne veux pas que tu aies de regrets. Et tu en auras si tu t'obstines à me rejeter, et…

- Arthur…

Avant que qui que ce soit ne puisse ajouter quelque chose, l'infirmière entra et demanda à Arthur de laisser Merlin se reposer. Arthur acquiesça et quitta la pièce, mais non pas sans avoir déposé un baiser sur la tempe de Merlin d'abord.


Deux jours plus tard, Merlin sortit de l'hôpital, et Arthur l'attendait à la sortie. Il ne put réprimer sa joie lorsque Merlin déclara qu'il pouvait revenir vivre avec lui s'il voulait. Arthur décida de lui laisser du temps, et de ne pas le pousser à accepter leurs sentiments avant qu'il ne soit prêt.

Quelques jours plus tard, Merlin déclara qu'il allait chercher le courrier et remonta avec une boite, d'où il sortit une sorte de cristal.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Arthur.

- On dirait un cristal comme ceux des grottes de Camelot, mais… Ce n'est pas possible.

Merlin posa le cristal sur la table et se dirigea vers la cuisine pour se servir un verre d'eau. Arthur récupéra l'objet, et le fixa longuement, avant de sursauter lorsqu'une image apparut à l'intérieur.

- Merlin !

- Quoi ?

- Pourquoi est-ce qu'il y a un dragon à l'intérieur du cristal ?

Merlin fronça les sourcils et prit le cristal, avant d'y voir le dragon dont Arthur parlait.

- Kilgharrah ? Qu'est-ce que…

Merlin se tut lorsque le cristal se mit à parler.

« Si tu vois ceci, jeune sorcier, cela signifie que ton roi est revenu, et qu'il est temps de vous révéler la vérité sur son destin. Le jeune Pendragon n'est pas revenu parce qu'Albion avait besoin de lui, mais bien parce que son autre moitié en avait besoin, parce qu'il était temps de reformer la pièce avant que l'une de ses faces ne se perde à tout jamais. Tu as fait beaucoup pour moi, jeune sorcier, c'est pourquoi j'ai convaincu les Sidhes et autres puissances de l'ancienne religion de te remercier. Le jour où tu verras ceci, tu perdras ton immortalité, et la pièce ne sera plus jamais séparée. Profites de ta destinée, jeune sorcier, et peut-être nous reverrons-nous un jour. »

Le cristal s'éteignit, et Arthur continua néanmoins à le fixer, perplexe.

- Qu'est-ce que… Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Ca veut dire que je ne vais pas te perdre, après tout. Je suis un homme mortel, Arthur, je suis comme toi !

La réalisation frappa finalement Arthur. Merlin était comme lui. Merlin allait mourir un jour. Il n'avait plus aucune raison de vouloir rejeter Arthur.

- Alors on…

Arthur n'eut pas le temps de finir sa phrase, Merlin s'étant jeté sur sa bouche. Il le serra contre lui, et enfoui son visage dans son cou.

- Tu ne vas pas me repousser à nouveau, n'est-ce pas ?

- Non. Plus jamais, déclara Merlin en l'embrassant à nouveau.

Arthur sourit, et, plus tard ce soir là, alors qu'il serrait Merlin contre lui, il décida que cette deuxième vie était la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée.