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Harry Potter et l'Histoire inachevée, présentation :
- Crédits : Les noms, éléments et autres légalement reconnus comme appartenant à Joanne Kathleen Rowling restent son entière propriété. Toute autre propriété légalement reconnue appartient à ses dépositaires légaux. Certains éléments (références uniquement) sont issus de différents ouvrages et/ou copiés/collés depuis différents sites internet tous signalés à la fin des chapitres correspondants.
- Cette fiction n'a aucun rapport avec mes autre textes, à l'exception du dénommé « E=magie » pour la science magique.
- Cette fiction ne suit le canon que pour la première année.
- Estimations : scénario terminé, quatre-vingt quatorze chapitres à rédiger, plus six de bonus, soit environ quatre-cent mille mots au total.
…
Harry Potter et l'Histoire inachevée, introduction.
Seize octobre 1995. Moi, Harry James Potter-Black, déclare être sain de corps et d'esprit et n'être soumit à aucune influence extérieure à ma propre volonté.
Ce jour, je m'apprête à partir en guerre contre le seigneur des ténèbres, et ignore si je survivrais. Ce testament a pour but de répartir mes biens moraux et physiques entre les personnes citées plus avant. Il sera déclaré caduc au nom des lois de sang si je reviens en vie.
À ma compagne bien aimée, je lègue dix millions de galions et l'ensemble de mes possessions foncières sur le sol britannique. Puisse-t-elle en faire heureux usage. À elle, je lègue ma baguette magique et ma pensine, avec tous les souvenirs qu'elle contient. Que ces mémoires soient utilisées afin de révéler la vérité au monde de la magie.
Au Conseil de la Magie, je lègue dix millions de galions afin de favoriser la création d'un orphelinat dédié à toutes les victimes de la guerre. Au Conseil de la Magie, je lègue tout le reste de ma fortune afin de promouvoir la paix et la reconstruction.
Moi, Harry James Potter-Black, sain de corps et d'esprit, libre de pensée et de volonté, déclare achevé et primaire le présent testament daté du seize octobre 1995. Puisse l'avenir permettre sa réalisation.
…
Harry Potter et l'histoire inachevée
Chapitre 1 : l'hécatombe.
Mémoires de HJ. Potter, introduction.
En ce jour du quinze mars 1996, moi, Harry Potter, met par écrit ma véritable histoire, celle que le monde ne retiendra pas.
Tout commence voici près de quinze ans… au mois de juin de l'an 1993.
J'ai effectivement dit quinze ans et non pas trois, car c'est tout le temps qui s'est écoulé depuis lors, depuis que j'ai été trahi odieusement par ceux que je considérais comme mes amis.
L'affaire de la chambre des secrets avait alors été une véritable hécatombe. Dès que moi et mes amis Ron et Hermione découvrîmes l'inscription gravée près des toilettes de Mimi Geignarde, les morts s'enchaînèrent à toute vitesse. Il ne se passait pas une nuit sans que quelqu'un ne perde la vie.
Durant deux mois, tout se passa seulement à Poudlard. Puis le ministère autorisa finalement Dumbledore à faire évacuer le château pour loger les élèves à Pré-au-lard. Mais la malédiction nous suivit : les habitant du village furent eux-aussi frappés, par familles entières cette fois-ci. Et les villes moldues avoisinantes ne furent pas épargnées. Les victimes atteignirent la centaine en un rien de temps, et le cap du millier fut franchi après quatre mois seulement.
Poudlard fut rapidement déserté par de nombreux élèves rapatriés par leur famille. Seuls les professeurs et les aurors s'y rendaient de temps à autres, au péril de leur vie. Ils enquêtaient pour tenter de résoudre l'énigme, pour savoir ce qu'était le monstre. Mais rien n'y faisait. Plusieurs ne revinrent jamais.
La lumière nous parvint lorsque Rusard découvrit que quelqu'un s'en allait furtivement chaque nuit en direction du château… en provenance des dortoirs de secours. Il n'était pas dur de comprendre que le coupable se trouvait parmi les élèves. Mais le concierge ne put jamais faire part de sa découverte, car il fut découvert en deux morceaux aux entrées du village. L'info fut rapportée par les jumeaux Weasley, qui avaient tenté de s'esquiver pour aller piller les réserves du magasin de bonbons et avaient eux aussi aperçu la scène. Ils n'en parlèrent qu'à quelques personnes, mais ce fut suffisant pour que tout le monde apprenne rapidement la nouvelle.
Hermione avait découvert depuis un peu que le monstre était très certainement un basilic et qu'il devait se promener dans la tuyauterie, et les professeurs n'avaient pu qu'admettre que cette théorie tenait remarquablement bien la route. Ils avaient envoyé des centaines de coqs parcourir le château, mais rien n'avait réussi. Le massacre continuait, et les dortoirs n'étaient pas épargnés.
C'est ainsi, aidé de ces seuls maigres indices et des spéculations de mon amie, que je décidai d'aller mener ma propre enquête et m'aventurai jusqu'à Poudlard. Atteindre le château ne fut pas particulièrement difficile. La garde des aurors ne tenait pas compte des capes d'invisibilité…
Pourquoi ai-je tenté cette folle entreprise ? Tout simplement car je n'avais pas le choix. Dès le début, tous les soupçons pesèrent sur moi. J'étais le seul suspect à posséder une cape d'invisibilité, qui plus est réputée réellement invisible. J'étais le seul à parler fourchelangue. Je m'étais trouvé sur les lieux de nombreux crimes horribles au moment où d'autres les découvraient. A chaque attaque, je n'étais avec personne et personne ne savait où j'étais. Et encore bien d'autres « preuves » de ce genre.
Il m'apparait aujourd'hui flagrant que j'étais la seule cible des attaques, qu'elles avaient pour but de me faire accuser. Et à l'époque, cela fonctionna à la perfection : presque tout le monde s'en prit à moi, et ceux qui restèrent neutres ne me firent plus confiance et s'éloignèrent de moi. Lorsque Percy fut tué, Ron refusa de désormais m'adresser la parole. Lorsque Neville fut retrouvé à l'état de revêtement mural, je fus chassé de mon dortoir et obligé de dormir dans la salle commune, enroulé dans une seule couverture, puis plus tard à Pré-au-lard dans la salle principale des Trois-balais. Et les brimades ne cessaient pas, au point que je regrettais presque le temps de l'école primaire. Presque, car je disposais aujourd'hui de l'arme merveilleuse qu'étaient mes capacités magiques. Et je l'utilisais pour me défendre. Attisant ainsi plus encore la méfiance de mes camarades.
M'aventurer dans le château ne fut pas difficile, pas plus que m'y dissimuler pour échapper aux rondes armées des aurors. Ceux-ci n'étaient pas très attentifs aux détails, ils se contentaient d'écouter et d'avancer en fermant les yeux. Avec leur manque de méthode, il n'était pas étonnant que l'enquête ne connaisse aucune avancée.
Nous étions dans la nuit du vingt juin lorsque l'affaire connu son dénouement. Cela faisait deux jours que je me trouvais dans le château. Deux jours que les professeurs devaient me chercher. Et deux jours aussi que, à mon insu, les attaques s'étaient multipliées, atteignant un niveau de violence encore inégalé et corroborant la thèse de ma culpabilité.
J'étais en train de m'endormir, épuisé par ma surveillance constante des toilettes de Mimi. Je pensais en effet que le problème ne pouvait venir que de là. Et je ne m'étais pas trompé, je le compris lorsqu'une forme encapuchonnée y entra et siffla un bien audible « ouvre-toi » en fourchelangue. Tenter de l'arrêter maintenant me paraissait inutile, il valait mieux que je la laisse avancer dans la chambre afin qu'elle m'ouvre le passage au cas où il y ait des pièges ou des portes fermées. J'ignorais alors que cette erreur aurait d'horribles conséquences.
J'ai suivi mon suspect à l'intérieur d'un toboggan encrassé tracé dans les canalisations du château, à travers un large tunnel creusé dans la roche, puis jusque dans le cœur même de la chambre…
« - Sois le bienvenu, Harry Potter », m'accueillit une voix.
J'étais visiblement tombé dans un piège, comme le simple amateur que j'étais à l'époque.
« - Qui êtes-vous ? » Demandai-je en fixant ce qui semblait être le fantôme d'un adolescent.
« - Tu ne reconnais pas ton cher vieil ennemi ? Je suis déçu Harry. Mais il est vrai que tu n'as jamais vu Lord Voldemort avant Lord Voldemort. »
La suite de l'histoire, vous la connaissez. Fumseck vint m'aider en crevant les yeux du basilic, le choixpeau me légua l'épée de Gryffondor… le basilic fut finalement vaincu, mais ce fut malheureusement trop tard. Ginny, celle qui avait été possédée et enlevée, avait succombé à ses blessures et au drainage de ses forces. Voldemort avait gagné et s'était enfui.
C'est pleurant de peur, de tristesse et de nervosité que je remontai difficilement à la surface, traînant le corps froid de ma camarade. Je ne pensais pas avoir droit à un accueil très heureux –j'étais après tout considéré comme le premier suspect et depuis longtemps nommé l'Héritier de Serpentard-. Mais je ne pensais pas non plus être arrêté par les aurors et traité comme le pire des criminels, traîné dans la boue, enfermé et enchaîné dans un des cachots du château…
…
Au cours de ma seconde année, être sans cesse accusé de tous les maux et douleurs de la société sorcière devint pour moi une habitude. Le massacre qu'était l'affaire de la chambre des secrets avait en effet causé la mort de plus du quart de la population magique de Grande-Bretagne, et principalement dans les jeunes générations. Une hécatombe.
Je suis resté enfermé dans mon cachot durant ce qui me parût une éternité, malmené par les aurors et les rats. Les interrogatoires musclés pouvaient survenir à tout moment du jour ou de la nuit, m'empêchant de dormir correctement. A cette époque, j'ignorais l'existence du veritaserum. Cette potion ne me fut administrée qu'après plus de deux semaines de souffrance. Alors que le harcèlement constant dont j'étais l'objet commençait à me persuader que, en effet, j'étais coupable, le ministère découvrit ainsi ma parfaite innocence. Même les « inspections » mentales poussées menées par les professeurs Dumbledore et Rogue et par divers langue-de-plomb du ministère prouvèrent mon innocence.
En conséquence de cela, je fus libéré de ma cellule. Ma liberté ne fut toutefois que partielle : en dehors des ultimes cours, j'étais assigné à une chambre verrouillée de l'extérieur et surveillé de loin par plusieurs aurors qui se relayaient constamment. Je ne pouvais sortir que pour étudier, les repas m'étant automatiquement apportés par portoloins à usage unique. Même les elfes de maison ne pouvaient entrer en contact avec moi –mes liens avec Dobby étaient bien entendu connus-.
Réinvesti par les élèves, le château n'en était pas moins pour moi plus mort encore qu'auparavant. Tout le monde savait que j'étais innocent, mais la suspicion à mon égard –et bien souvent la haine- ne pouvait disparaître ainsi. D'autant plus que certains, toujours convaincus de ma culpabilité, ne cessaient de médire sur mon compte et de me pousser à bout de nerf. Tel était le cas de Ron.
Tout d'abord choqué par la mort de Percy, il s'était rapidement éloigné de moi, réfutant notre amitié. Puis, en apprenant la pétrification des jumeaux, il est entré dans ses habituelles colères incontrôlables et s'est jeté sur moi pour me tabasser. Les deux jours que j'ai dû passer à l'infirmerie à ce moment donnent une estimation de ce qu'il a tenté de me faire en apprenant la mort de sa sœur. Je dis bien ce qu'il a tenté, car je ne lui ai pas laissé l'occasion de me toucher. Sa définition de l'amitié m'ayant servie de leçon, je m'étais préparé à ce genre de situation. Ma baguette cachée dans ma manche, il m'a cru désarmé et n'a pas pu réagir quand mon sort de lévitation l'a frappé.
« - Tu regretteras de m'avoir attaqué, enfoiré ! » ne put-il s'empêcher de postillonner. « Dumbledore me vengera ! »
Dumbledore. Tout occupé que j'étais à sans cesse être sur mes gardes et tenter de me défendre, j'en avais oublié ce… je ne trouve pas les mots pour définir ce que je pense de cet homme. Et je pense qu'il vaut mieux que je ne fasse pas part de mes sentiments, je risquerais de choquer les lecteurs de ces mémoires.
Comment donc avais-je put oublier le vieux directeur de Poudlard ? J'avais des comptes à régler avec lui. De lourds comptes. A ce moment-là, je me suis laissé emporter par ma fureur renouvelée, et je suis parti en courant en direction du bureau du citronné, bousculant tout le monde sur mon passage et m'attirant les habituelles réprimandes. Mais même l'orpheline miss Teigne lancée à mes trousses ne pouvait arrêter mon envie de vengeance.
C'est sans doute là la pire erreur que j'ai faite de ma vie.
Dans son bureau, Dumbledore n'était pas seul. Quelques voix étouffées me parvenaient à travers l'épaisseur de la porte du bureau. Ne parvenant pas à résister à la tentation, je me suis calmé tant bien que mal en m'approchant discrètement.
« - Albus, » demanda une voix rocailleuse, « allez-vous enfin nous dire ce que vous avez découvert ? Où votre enquête vous a-t-elle mené ? »
« - Mon cher Alastor, ne soyez donc pas si pressé. J'ai bien assez de mauvaises nouvelles et de révélations à vous faire ce soir, mieux vaut que n'en fassiez pas une indigestion. »
« - Je sais, les bonbons au citron sont bons pour l'estomac. Vous m'en direz tant ! Je ne suis pas fait en papier comme vos professeurs ! Parlez, mais parlez vite et bien ! »
« - Je suis pour une fois d'accord, » ajouta une voix doucereuse reconnaissable entre mille. « Allez droit au but Albus. »
« - Soit, » soupira Dumbledore. « Messieurs mesdames, vous n'êtes pas sans ignorer quel est l'évènement qui a mit fin à l'hécatombe de la chambre. »
« - La victoire du jeune Potter sur le basilic, oui, » répondit une voix féminine inconnue.
« - Vous n'êtes pas non plus sans ignorer que ledit jeune Potter est l'élu. »
« - Oui, et ? »
« - Bien peu de gens savent de quoi il est l'élu. Presque tout le monde pense qu'il est celui de la société magique. En vérité, il est celui d'une prophétie. »
Derrière la porte, je n'en croyais pas mes oreilles. Moi, élu par une prophétie ? Qu'étais-ce donc que ce ramassis d'âneries ? Je recollais mon oreille contre le bois pour suivre la suite de la discussion.
« - Peu de personnes connaissent le texte de cette prophétie, et encore moins de personnes le comprennent réellement. »
« - Quelle est cette prophétie Albus ? » Demanda le dénommé Alastor.
« - Écoutez. »
A l'intérieur du bureau, Dumbledore se leva et se dirigea vers sa pensine. Il la remua doucement et sélectionna un souvenir particulier, qui apparut tel un hologramme. Une voix fantomatique se fit entendre, me forçant à me coller à la porte plus avant pour entendre ce qu'il se passait.
Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche...
Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois...
Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore...
Hein ?
…et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit...
… …QUOI ?!
…celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois...
C'EST UNE BLAGUE ?!
Derrière ma porte, j'étais en train d'entrer dans une rage folle. Dumbledore avait connaissance de tout ça, mais il me l'avait toujours caché !
A ce moment, j'étais prêt à faire un massacre, mais j'ai tout de même essayé de reprendre le contrôle de ma personne. Ce maudit citronné avait intérêt à avoir une bonne raison de m'avoir dissimulé ce secret !
Le silence fut maître quelques secondes, puis Alastor reprit. « Et vous croyez vraiment à toute cette histoire, Albus ? Je n'ai jamais cru en ces âneries de prophéties, de voyants et autres religieux. Tous des escrocs ! »
« - Je n'ai moi non plus jamais cru à ce genre de choses, pas plus que je n'ai prêté foi à celle-ci lorsque je l'ai entendue. Mais force est d'avouer, après plusieurs années, que les probabilités de sa réalisation sont immenses. »
« - Laissez-moi deviner, » intervint Rogue. « Lily et James en tant qu'aurors ont personnellement combattu Vous-savez-qui à trois reprises, leur fils est né à la fin de juillet… vous ne vous basez sûrement pas sur ces seuls faits ? J'imagine que vous avez conscience de ce qu'est le pouvoir spécial du jeune Potter. »
« - En effet Severus, j'ai mis bien du temps à le comprendre, mais j'ai fini par y parvenir récemment, en sondant son esprit à des profondeurs rarement égalées jusqu'ici. »
« - Et ? » S'impatientèrent tous les invités. Dumbledore adorait laisser monter un certain suspense, surtout lorsque la situation était sérieuse…
« - Et il s'avère qu'il a une capacité particulièrement impressionnante dans le domaine de la… »
« - POTTER ! » Hurla soudain une voix derrière-moi. « JE VOUS Y PREND À ÉCOUTER AUX PORTES ! »
Chourave ! Tout à mon espionnage, j'avais oublié que je l'avais bousculée en me précipitant ici. A n'en pas douter, elle venait se plaindre à son maître-chien. Après tout, j'étais son souffre-douleur préféré, même s'occuper de ses plantes ne lui plaisait pas autant que me tourmenter.
A l'intérieur du bureau, entendre cette voix fit sursauter tout le monde. En une demi-seconde, Rogue se précipita sur la porte et l'ouvrit, me faisant tomber sur le sol.
« - Que fais-tu là Harry ? » S'écria soudain Dumbledore, une pâleur légère trahissant sa crainte que je l'ai entendu. Il ne m'en fallu pas plus laisser exploser toute ma colère.
« - J'AI TOUT ENTENDU, VOILÀ CE QUE JE FAIS LA ! »
« - Calme-toi Harry… »
« - ME CALMER ?! ALORS QUE VOUS VOULEZ M'UTILISER COMME UN OUTIL ?! ESPÈCE DE ! »
Je me suis alors précipité sur lui, dominé par mes hormones adolescentes, dans le but de me calmer à coups de poings. Quelle bêtise !
« - Stupefix ! »
A si faible distance et dans l'exiguïté des lieux, le sort me toucha sans me laisser la moindre chance de réagir. Maudit citronné !
« - Tu me déçois énormément Harry », me dit-il alors qu'il me tenait immobilisé. Son regard de vieux papy gâteau n'aurait sans doute jamais put m'insupporter plus que maintenant.
C'est en me fixant froidement qu'il laissa Pomfresh m'administrer une potion calmante et me léviter jusqu'à ma chambre.
Je ne m'imaginais pas alors qu'il avait déjà tout prévu… tout, ou presque.
…
L'année terminée, il était temps pour tout le monde de retourner à la maison. Pour tout le monde, sauf pour moi. Cela faisait bien longtemps, depuis la mort de mes parents, que je n'avais plus de foyer. Que je n'avais plus qu'un enfer perpétuel.
Dépressif. C'est bien là le mot qui décrit le mieux l'état dans lequel j'étais lors du voyage dans le Poudlard Express. Depuis que la vieille foldingue de Pomfresh m'avait administré sa potion, je ne cessais de me morfondre sur ma vie de chien… à n'en pas douter, il n'y avait pas que des calmants dans sa saleté !
J'étais en colère, bien évidemment. En colère contre tout et tout le monde, et en premier lieu contre moi-même. Pourquoi m'étais-je laissé faire sans cesse durant toute cette année ? J'avais à disposition la formidable arme qu'était la magie, et je ne m'en étais qu'à peine servi…
Heureux. L'étais-je vraiment ? Je me suis pris à penser par la suite que ces jours étaient de beaux jours, tant ils furent calmes par rapport à ce que l'avenir devait me réserver…
…je n'étais pas heureux, non. Je n'étais pas non plus dépressif ou en colère. J'étais insatisfait. Insatisfait de ma vie, de tout ce qu'elle était et de tout ce que j'en avais fait jusqu'à maintenant. De tout ce que j'en avais fait et de tout ce qu'On en avait fait. J'aurais voulu tout recommencer…
Le voyage en train ne fut pas particulièrement mouvementé. C'était étonnant, lorsque l'on sait que maints et maints élèves avaient une passion pour le harcèlement… peut-être que le fait qu'Hermione était assise juste à côté de l'entrée de mon compartiment y était pour quelque chose.
Hermione… je ne savais trop que penser d'elle. Elle était partagée entre les autres et notre amitié durant la première année. Et moi-même, je l'étais tout autant qu'elle. Tout au long de mon calvaire, elle n'avait eu aucun geste malencontreux à mon égard, et m'avais même de nombreuses fois amené à l'infirmerie alors que je venais de subir la juste colère de mon entourage. Mais c'était bien là la limite de sa gentillesse. Malgré le fait qu'elle s'était fâchée avec Ron à cause de son comportement, elle ne s'éloignait pas de lui, et se montrait de plus en plus timide avec moi. Je pense maintenant qu'elle avait peur d'être mise dans le même sac que moi, de revenir elle aussi au traitement de son enfance, lorsque ses camarades moldus ne cessaient de la maltraiter. Je comprenais cela, et je le comprends toujours. Mais au fond de moi, je lui en voulais autant qu'aux autres, lâche que je la considérais de ne pas avoir le courage de prendre parti. Au final, je me suis de moi-même éloigné de la seule personne qui aurait pu rester en ma compagnie.
« - Tiens donc, qui voilà ! C'est l'héritier de Serpentard, le futur mage noir en devenir ! Comment va le maître pétrificateur ? »
« - Ron ! Laisse-le tranquille ! » gronda Hermione.
« - Laisse Hermione, ce lâche ne mérite que ça. Et il n'oserait de toute façon pas me faire de mal, maintenant que son cher monstre n'est plus là pour le défendre. »
Meurtre. Sang. Déchirer. Écorcher. Je repensais aux premiers sifflements du basilic. Et j'avais une folle envie de les prendre pour des ordres.
« - Disparais immédiatement, saleté d'enflure ! » Sifflais-je alors, faillissant perdre le contrôle de ma colère. Il ne lui en fallu pas plus. Blêmissant en un instant, lui, ses acolytes et Hermione partirent sans mot dire.
Après cela, fermant le compartiment d'un sort, je laissais retomber ma rage. Qu'il pouvait être bon d'être ainsi enfin tranquille… ou plutôt seul. Trop seul.
Et, une nouvelle fois, je me laissais aller à mes pleurs.
…
À la sortie du train, traverser le quai fut un véritable enfer. Personne ne se mettait sur mon chemin, tout le monde m'évitait comme la peste, et en cela je les remerciais presque. Je n'étais pas en état de patience. Mais les regards… haine, dégoût, médisance… je ne les supportais pas.
Parvenir sur le quai moldu fut une véritable libération. Enfin ! Enfin, j'étais de retour au sein d'un monde plus sain, plus… saint. Les sorciers m'avaient tant et tant horripilés que j'avais surmonté la répulsion insufflée par ma famille. Si les moldus étaient eux aussi idiots et agaçants, au moins ils étaient riches d'une multitude d'opinions, et j'étais certain qu'il y avait quelque part des gens qui me soutiendraient si mon cas leur était connu.
…bien entendu, il ne fallait pas tant en espérer du pachyderme qui me servait d'oncle.
« - Enfin ! Tu devrais avoir honte de faire ainsi attendre les braves gens, sale gamin ! Bientôt trente secondes que je t'attends ! Tu devrais me remercier pour ma patience ! ET CACHE IMMÉDIATEMENT cette chouette ! Tu veux que des gens plus respectables que toi nous voient ? »
Meurtre. Sang. Déchirer. Écorcher. Un rêve malheureusement irréalisable. Dumbledore et les sorciers ne me laisseraient pas m'en tirer à bon compte, sans compter la justice moldue, qui n'était pas du genre à prendre en compte plus de dix années de maltraitances.
Ne comptant pas supporter les vociférations de Vernon, je me saisi discrètement de ma baguette, la glissant dans ma manche avant de la pointer sur lui en faisant mine de lui tendre ma main. Et, murmurant…
« - Ma baguette est pointée sur toi. Ose un seul instant t'en prendre à moi ou me faire le moindre mal, le moindre, adresse-moi la moindre insulte, et je ferais en sorte que tu ais une raison de haïr la magie. Compris, tonton ? »
Il blêmit en un instant en apercevant le bout de bois qui pointait de ma manche. A n'en pas douter, le souvenir de la queue de cochon de Dudley lui revenait, et il s'imaginait déjà subir bien pire…
« - Tu n'oserais pas ! » Murmura-t-il en se saisissant de mes affaires, soudain servile.
« - Je vais me gêner ! Mais tant que tu te montreras tranquille, tu ne risqueras rien. Autrement toutefois… »
Je n'ajoutai rien, le fixant sévèrement et me délectant mentalement de sa peur.
Et, comme je l'avais espéré, l'été commença sous de bons auspices. De tout le voyage jusqu'à Privet Drive, mon oncle ne m'adressa pas la parole à une seule reprise. Et après quelques dizaines de minutes, sentant ma présence et ma colère de plus en plus fortement, il en vint même à arrêter de me lancer des regards noirs via le rétroviseur.
Les premiers jours furent dans le même ton. Il tenta bien entendu de me donner des corvées, mais je ne me laissai pas faire une seule fois. J'aurais pu m'y plier pour m'occuper, mais j'avais bien autre chose à faire. Je savais bien entendu que la magie était interdite en dehors de l'école et que je risquais gros en menaçant ma famille… sans compter avec la colère de Vernon lorsqu'il découvrirait sûrement la supercherie. C'est pourquoi je m'attelai le plus tôt possible à réaliser des potions spéciales… de quoi me défendre comme des potions de vitesse et de force pour moi, d'entrave pour eux. Et j'y arrivai plutôt bien. Rogue avait beau être un professeur détestable et insupportable, ses conseils étaient pertinents lorsqu'il n'était pas là pour les donner.
Le temps passa lentement… jour après jour, je me réduisais de plus en plus. Je ne dormais pas de la nuit. Partagé entre douleur physique et déprime mentale, le sommeil me fuyait depuis plusieurs semaines. Les cernes de mes yeux étaient d'ailleurs un nouveau sujet de moqueries de la part de Dudley et de ses amis… après l'anormal, arrivait maintenant le hibou… si seulement j'avais eu le droit d'utiliser la magie ! J'aurais apprécié de commettre là mon premier meurtre ! Mais je me contentais de quelques potions de démangeaison. Ma colère était à son paroxysme, mais je me retenais. Et pour mieux y arriver, je restais sans cesse dans ma chambre. Même mon oncle avait renoncé à me faire faire mes corvées, c'est dire à quel point je me montrais têtu.
Effet secondaire de mon enfermement, pour m'occuper l'esprit je me mis à lire mes livres de cours. Et, étudiant, analysant et apprenant, j'en vins bien vite à être déçu par leur contenu. Que cela pouvait être simple lorsque l'on s'y penchait quelques instants ! Je comprenais maintenant mieux Hermione qui adorait accumuler les connaissances… apprendre pouvait être une vraie drogue.
Ce trente-et-un juillet, je m'étais penché sur un ouvrage très spécial que j'avais commandé par courrier. Si même le libraire de Fleury & Bott ne m'aimait pas, il ne faisait pas le difficile devant un achat dès l'instant où je ne me montrais pas dans sa boutique. Et il n'était pas non plus très regardant sur mes commandes…
Au fil des mois précédents, j'avais profondément remis en cause l'enseignement et l'éducation que j'avais reçus. Et j'en étais venu à m'intéresser à ce que d'autres voyaient comme des aberrations, comme par exemple les magies du sang, les sciences moldues, ou même… la magie noire. Et c'est pour ce dernier cas que j'avais commandé chez Barjow & Beurk une Introduction à la magie noire, un livre strictement interdit en Grande-Bretagne. Étonnant lorsque l'on savait qu'il était partie intégrante de la liste des élèves de Durmstrang… comme quoi même des sang-pur pouvaient faire preuve d'ouverture d'esprit. Bref, passons.
Minuit arriva finalement. J'avais avidement commencé ma lecture et dévoré la quasi-totalité du livre, passionné, lorsque soudain…
« - AU NOM DU MINISTÈRE DE LA MAGIE ! SORTEZ DE CETTE MAISON ! VOUS ÊTES TOUS EN ÉTAT D'ARRESTATION ! »
…
À suivre…
L'image illustrant cette fiction (sur ffnet) est un portrait du fascinant Mustafa Kemal Atatürk (militaire ottoman, vainqueur des Alliés pendant la 1ère GM, révolutionnaire, fondateur, premier président et dictateur auto-élu de la république Turque, abolisseur du sultanat et du califat, réformateur de l'Islam turc, etc…) Je l'ai choisi en rapport avec sa titanesque gloire personnelle qui incarne plutôt bien l'esprit de ce texte, celui d'une personne dont la volonté permet de surmonter toutes les difficultés. N'hésitez pas à aller lire son wikipédia, il est passionnant.