Nos moments d'ivresses


Avant-propos

« Elles vivent sous les falaises au fond de la mer, là ou il est impossible de croiser un humain. »

Il ne suffit que d'un instant pour faire tomber les masques, oubli éphémère. Elle se laisse guider par les sons que produit cette musique au rythme entêtant. L'abandon total du corps, seul l'esprit reste. La coquille insoupçonnée qui se fissure pour laisser entrevoir le visage dissimulé. L'autre n'en perd pas une miette et perçoit le regard enjôleur. Il est trop tard.

La peur s'ensuit, la fuite et la glace qui commence à fondre, tout doucement.

Le condamné laisse entendre ses quelques mots.

« Je te retrouverai ».


Introduction à l'histoire

[La marche routinière]


Le temps tourne à l'orage. Tout s'accélère. Les nuages traversent le ciel comme pour échapper aux ténèbres, à une vitesse folle. Ils s'obscurcissent, se densifient. La pluie se fait ressentir bien avant son apparition. Cette odeur d'oublie. Elle s'apprête à unir une fois encore ciel et terre.

Le décor se trouble tandis que le son des clapotis recherche son public dans ce moment de sérénité.

Momentanément bafoué.

La population se bouscule à la sortie de métro, aux argoulets. Les uns se précipitent pour rejoindre leur véhicule et les autres pestent contre la météo et l'absence soudaine du soleil.

La pluie d'été gagne en intensité et atteint son paroxysme, apportant une vague de fraîcheur. Temps-mort bénéfique dans cette hausse ardente des températures. La canicule rejoint les bancs de touche et prévoit déjà son prochain assaut, sans doute dévastateur.

Parmi ces âmes en peine, désabusées par les caprices du ciel, un homme fend la foule et se dirige vers les quartiers résidentiels, d'un pas lent. Il ne prend même pas la peine de regarder ce qui l'entoure, il connait ses rues par cœur et il sait exactement quel itinéraire il doit poursuivre. La fin de journée annonce le retour au bercail. Le repos salutaire avant de rejoindre à nouveau le front le lendemain matin. Un soupir échappé. C'est ainsi que se déroule la routine mortelle.

Il ne faut qu'une vingtaine de minutes pour rejoindre la résidence et l'appartement où il a élu domicile. Une rue tranquille, familiale, près du métro, à l'écart du centre-ville.

Les piétons pressés sont partis il y a déjà longtemps, lui a le temps et les pensées en pagaille qui peuplent son esprit l'ont largement fait ralentir. Il peut au moins pratiquer les trottoirs en paix sans avoir à se soucier de qui que ce soit.

Une fois arrivé à destination il fouille dans son sac, à la recherche de ses clefs et du badge permettant de franchir le portail de la grande résidence. Il lui faut ensuite traverser le grand parc pour arriver devant son immeuble. Il jette au passage un regard à la piscine désertée à cause du temps. Ce sera déjà une soirée de gagné sans avoir à supporter les piaillements des gosses.

L'appréhension l'envahit soudainement lorsqu'il franchit la porte d'entrée où le silence règne.

Il vit ici, en collocation avec d'autres personnes. Quatre autres au total. Il pense sincèrement qu'il faut bien les deux-cent mètres carrés qui forment l'appartement pour que chacun puisse disposer de son havre de paix.

Il aime être seul, seulement aujourd'hui il espère croiser la route d'une autre personne. Une étrange lubie pour cet homme au cœur de glace. Il s'avance prudemment vers le salon.

C'est sur la grande table à manger qu'il croise une femme à la crinière rousse accompagné d'une jeune fille aux cheveux noirs. Erza et Wendy. Deux de ses colocataires.

Il connait Erza depuis de nombreuses années, ils se sont rencontrés au lycée et ont poursuivi leurs études autre part, mais toujours ensemble. C'est donc tout naturellement qu'ils ont décidé de vivre ensemble dans cette nouvelle ville. Elle est la grande sœur qu'il n'a jamais eue.

Wendy, c'est la petite cousine d'Erza. Certaines circonstances font qu'elle a du aménager ici il y seulement quelques mois. Elle a rapidement pris ses repères.

Elles sont toutes les deux attablées autour d'une boîte en carton venant de la pâtisserie voisine, au bout de la rue. Elles fixent leur futur repas avec grande envie.

« Tu rentres bien tard ce soir Gray. Ta journée s'est bien passée ? »

Il ne l'a même pas vu se retourner, il est perdu, cependant il ne veut rien laisser paraître. Gray lâche un soupir communicatif et fixe son interlocutrice.

« Ouais comme d'hab. Vous avez mangé ?

- Oui mais nous t'attendions pour le dessert. »

Il sourit tendrement à Wendy et s'approche d'elle pour lui ébouriffer les cheveux. Il s'installe ensuite à ses côtés.

« Natsu et Lucy ne sont pas là ce soir ?

-Non ils ont une soirée au SoonLight, ils rentreront sans doute tard, comme toujours.

-Ils ne savent jamais s'arrêter ces deux là. 'Fin tant que ça me permet de ne pas croiser l'autre malabar ça me va. »

Ils étouffent un rire. Ils imaginent Natsu en train de faire l'imbécile, par habitude et partagent ensemble le contenu de leur journée respectives. Ils mangent dans une atmosphère chaleureuse.

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« Natsu si tu ne ramènes pas ton gros cul tout de suite on part sans toi ! »

La rousse affiche un sourire crispé qui ne rassure pas Lucy, la jeune fille blonde assise à ses côtés. Vingt minutes qu'ils l'attendent, dans la voiture, pour enfin pouvoir partir pique-niquer. Le temps qui s'est radouci et le soleil d'été bien moins agressif ont donné l'occasion parfaite pour eux de se retrouver, de profiter de ce jour de repos commun. Ils veulent juste en profiter, et ce malgré cette journée qui démarre sur les chapeaux de roue à cause d'un radio-réveil qui n'a jamais sonné.

« On attend plus personne ! Dis adieu à ta bouffe. » Beugla Gray tout en insérant la clef dans le contact. Il démarre la voiture tout en faisant grogner exagérément le moteur. Le résultat est immédiat. Natsu sort en trombe de l'immeuble, à moitié fringué, le tee-shirt à la main et courant comme un fou furieux vers la voiture. Les filles sont hilares lorsque Gray commence à rouler vers le portail de sorti, Natsu à ses trousses.

La journée en elle-même se déroule dans la joie et la bonne humeur. Ils se sont installés aux abords du lac de la Ganguise pour manger, discuter et s'amuser. Le début du mois de septembre annonce le retour aux habitudes, la fin des vacances. Peu de monde se trouve sur place, ils ont pu profiter du calme tout en dégustant leur repas. Les anecdotes sont aux rendez-vous, les rires aussi. Baignades, chamailleries et farniente sont au programme.

Faire durer, encore un peu, ces moments de plaisir qu'ils partagent tous ensemble. Car ils en sont tous conscients, les temps changent bien trop vite.

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Novembre arrive avec son lot de fraîcheur. Gray s'habille silencieusement dans sa chambre. Après son emploi d'été il a pu reprendre ses études en quatrième année d'histoire. Les jours se succèdent et se composent de la même matière. Malgré tout, ce jour-là est différent, on le distingue déjà à l'air austère qu'affiche le jeune homme. Personne n'est encore levé dans l'appartement lorsqu'il en franchi le seuil.

Il lui faut emprunter le métro pour se rendre à la gare de Matabiau, en centre-ville. A même pas six heures du matin, les rues sont désertes, aussi vides que ses pensées. Il imprime à la borne ses billets et les compostent dans la foulée, ainsi il n'a plus à y songer. Ne reste plus qu'à attendre le train. Il se fait patience.

Lorsque son moyen de locomotion daigne enfin se présenter, quelques personnes se sont rassemblés autour de Gray, sans doute les travailleurs qui se rendent dans la ville voisine. Ou peut-être même des vacanciers, retardataires, qui veulent profiter de la baisse de population sur les plages. Qu'en sait-il après tout ? Mais il lui faut bien de la matière à cogiter. Ce n'est pas moins de cinq heures de route qui l'attendent jusqu'à Saint-Etienne. L'agent de mouvement siffle le départ du train. Les portes se ferment. Les voilà partis.

Le train se remplie davantage à Carcassonne, peu de places restent disponibles. Gray se retrouve à présent face à un homme d'affaire. Une jeune fille à sa droite semble plongée dans son monde musical. Il en fait autant, revêtant ses écouteurs, il se calle contre la vitre. Il attend patiemment ce moment, à Montpellier où il verra la mer. Cet étendu bleu qu'il ne quitte plus des yeux. L'échange est bref mais ça le remplit d'un sentiment apaisant qu'il veut pouvoir graver en lui.

Il se sent quelque peu engourdi lorsqu'il quitte enfin son siège pour rejoindre la sortie. Sur le quai, il s'étire de tout son long et attend l'arrivé de son ami. Ces quelques minutes de répit lui permettent d'envoyer un message à Erza, il lui indique qu'il est arrivé à bon port. Quelques SMS avec Lucy, des banalités qui le rassure un peu. Il apprécie beaucoup la blonde de part sa personnalité et son physique attrayant, il doit bien se l'avouer. Un e-mail de sa faculté lui fait part de son absence aux cours obligatoires du matin, clamant un justificatif sous peine de sanction. Il va devoir trouver une excuse pour pouvoir conserver ses bourses d'études.

« Gray ! »

L'interpellé relève la tête et cherche du regard la personne qu'il attend. Il affiche un sourire un peu fané lorsqu'il le voit. Rapide accolade, dépourvue de chaleur.

« Léon, ça fait un bail ! » L'autre lui sourit avec cette lueur dans le regard.

« Comment vas-tu ? »

La réponse de Grey ne parvient pas. Le silence s'installe, la gêne aussi. Les souvenirs remontent lentement à la surface. L'atmosphère est soudainement plus lourde, empreinte d'une grande nostalgie.

« Ne la faisons pas attendre plus longtemps, allons y ! »

Ils se lancent un regard puis d'un accord commun prennent la route.

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Il a en horreur ses moments là. Il n'aime pas se faire passer pour le méchant. C'est toujours la même rengaine, malgré ses avertissements répétés. La femme n'en fait qu'à sa tête, pensant être l'heureuse élue. A quoi pensent-elles ? Il n'est pas de ceux qui s'attachent. Ce cercle vicieux, toujours ce même schéma qui se répète. L'homme finit toujours par quitter l'appartement avec un soupir, ne laissant derrière lui qu'une colère sourde et des sanglots étouffés.

Quand il rentre à l'appartement, il tombe sur Lucy et Wendy. Elles regardent un film à l'eau de rose, les yeux en cœur. Ça lui fait tirer la grimace. Il repense alors à la scène qu'il vient de vivre. Il s'installe aux côtés de la blonde. Cette dernière se retourne pour lui lancer un sourire. Il la trouve belle à cet instant précis. Ils leur arrivent de flirter de temps à autre, rien de bien sérieux. Ses lèvres à elles se meuvent et murmurent des paroles que lui seul peut comprendre.

« Viens avec moi ce soir, on sort. On va s'amuser. »

Il frissonne un peu, il imagine très bien comment il voudrait passer cette soirée, avec elle, mais quelque chose va venir obscurcir le tableau, il le sait.

« Natsu ? »

Elle valide alors ses craintes dans un clignement de cils.

Il savait très bien qu'il s'agissait encore d'une soirée en boîte de nuit. Il en avait horreur.

« Je veux que tu viennes, on se trouvera un moment juste pour toi et moi, c'est promis ! » Il acquiesce bêtement, juste pour lui plaire, juste pour la voir sourire, ça lui suffit.

Natsu rentre avant la fin du film et va directement se préparer. Grey se lève lui aussi lorsque le générique commence à défiler sur l'écran et il s'enferme dans sa chambre.

Quand il en ressort, Wendy lui prend la main et l'entraine dans le salon pour quémander son aide, pour répondre à un exercice de mathématiques. Lorsqu'ils arrivent au bout du problème, les autres sont prêts à partir. Juste le temps de lorgner sur les cuisses largement dévoilés de Lucy. Il déglutit. La soirée promet d'être longue.


Reviews please! :)

Voilà pour le chapitre introductif à cette nouvelle fanfiction. C'est court, je vous l'accorde, j'ai entamé il y a peu le second chapitre, j'espère pouvoir le publier rapidement.

J'attends vos réactions, que vous ayez aimé ou non, n'hésitez pas à me laissez vos impressions.

Fairy Tail est une oeuvre appartenant à Hiro Mashima, les lieux proviennent à la fois de mon imagination et de lieux réels basé sur la commune de Toulouse et de ses environs.

Merci de m'avoir lu. A bientôt!

Dreenaeth