OMG coucou ! Ça fait une ETERNITÉ !

J'espère que ça va pour vous, l'année et tout le reste, je reviens publier les deux derniers chapitres de cette fiction, pour vous annoncer une chose ; je ne publierai plus sur ce compte, en tout cas plus jusqu'à ce que je sois de nouveau inspirée par ces deux-là ou d'autres personnages d'IE.

Comme vous le savez peut-être, un reboot de la série nommé Inazuma eleven Ares no Tenbin va démarrer en octobre prochain. Je regarderai la série bien sûr, et si je suis hypée par le scénario et les persos je reviendrai sûrement faire un tour ici. Mais en attendant je vais mettre mon activité ici "entre parenthèses".

Vous pouvez néanmoins retrouver mes fictions avec des personnages originaux sur FictionPress (et toujours le même nom d'auteur bien sûr). J'ai écrit une fiction cette année que je ne vais pas tarder à publier. Bref, pardon pour l'attente, bonne lecture ! :D


Il l'avait toujours su.

Sa vie n'était pas faite pour bien finir. Il l'avait su dès ses premiers pas, il l'avait compris dans sa boîte en carton, sa maison pendant des années. Abandonné de tous, de sa mère et de ses frères et soeurs, parce qu'il était le plus faible, le moins beau peut-être.

Le moins chien.

Il avait mal : il marchait depuis des heures, échappant de temps à autre à ces types en camion blanc, évitant soigneusement les routes. Il était si tard qu'il commençait à faire tôt, et s'il faisait encore nuit, les gens commençaient à marcher sur les trottoirs d'un pas pressé, journal sous le bras et café dans l'autre. Rien à voir avec la démarche des promeneurs de la nuit. C'était déjà le matin. Un jour neuf. Il essayait de suivre son instinct. Ça avait toujours fonctionné jusqu'ici. Tellement bien qu'on disait de lui qu'il retrouvait les choses perdues. Les causes perdues.

《Hey, mais c'est Sigmund Freud.》lança une voix dans la ruelle.

C'était la sortie de secours d'un petit bistrot, et aussi là où ils mettaient les poubelles. Et ce type qui fumait, adossé au mur, c'était un des employés, un vieil ami de Dazel.

《Salut mon grand. Dazel n'est pas avec toi ?》

Le fumeur s'était accroupi pour se mettre à sa hauteur, et tendait la main vers lui comme un signe de paix. Rassuré, le cabot sortit de la pénombre et alla caller son museau dans la main calleuse de l'homme. Il avait envie de s'écrouler. De pleurer.

《T'as pas l'air en forme petit.》marmonna le type.《Prends ça, ça va te revigorer.》

Il déballa une barre chocolaté, et la posa à ses pieds pour que le hien puisse le manger. Sigmund Freud ne se fit pas prier ; il avala goulument la sucrerie, affamé, sa queue battant l'air de gratitude. Une femme ouvrit la porte en rouspétant, et l'homme dit qu'il arrivait. Le cabot ne comprit pas tout ce qu'il lui disait, mais il semblait le saluer, aussi il lui lècha affectueusement la main avant que l'employé ne se lève pour suivre sa collègue. Il était de nouveau seul dans la ruelle, le ventre un peu moins vide, mais toujours ce vide insondable dans son coeur.

Dazel était mort. Il était resté à son chevet, à méditer et geindre, jusqu'à l'arrivée d'un client du combini sur le parking. Il était descendu de la voiture, incrédule, avait avisé le cadavre en jurant, et s'était jeté sur son téléphone portable. En entendant les sirènes de police, Sigmund Freud s'était repris, avait détallé. Il n'avait rien pu faire. Il s'était caché, les poulets avaient interrogé le voisinnage, les employés du combini, à la recherche de témoins. Ils avaient embarqué le corps. L'animal avait tenté de suivre le camion, bien vite semé, bien vite perdu et seul dans la ville. Sans son meilleur ami.

Il fut ébloui par un lampadaire et avisa l'immense building désafecté qui s'étendait devant lui. La cabane. Il y était enfin. Dans un regain d'énergie, il monta les escaliers de secours le long du batîment, sentant sur les grilles de métal le reste diffus du parfum de Dazel, ceux plus récents de Fudo et Kido. Ils étaient là. Il aboya pour les interpeller, tout en pressant le pas jusqu'à l'étage habité. Il arriva devant l'énorme porte de secours qui bloquait l'entrée à la cabane. Il aboya encore, gémit, gratta la porte frénétiquement. Il entendit les voix ensommeillés des deux garçons de l'autre côté.

《Qu'est-ce que c'est ?》marmonnait le châtain.

《Sigmund Freud... Laisse, c'est pas grave...》

《Quelle heure il est ?...》

《Nnhhh, reste là, encore un peu...》

Sigmund Freud lâcha un hurlement stridant pour les interpeller.

《C'est pas vrai... ce chien !》grogna le brun.

Il se levait, l'animal entendait ses pas calmes sur le sol bétonné. Enfin la porte s'ouvrit, le jeune homme nu se frottant les yeux. Le chien se faufila dans l'ouverture alors que le brun jetait un regard interloqué vers l'extérieur. Il se précipita sur le matelas où Kido était encore allongé, et se pressa contre lui pour réclamer un peu de réconfort.

《C'est bizarre...》fit Fudo en refermant la porte, se grattant l'arrière du crâne.

《Qu'est-ce qui est bizarre ?》demanda l'autre, cajolant doucement le corniaud.

《Dazel n'est pas là.》

Le brun se rapprocha, et Sigmund Freud sut à sa démarche lente et paisible que les deux garçons avaient passé une nuit bien douce. De toute façon, difficile d'ignorer cette odeur étrange d'amour qui saisissait les draps et flottait dans l'air de la pièce. Un peu plus calme que lorsqu'il était arrivé, le chien avisa longuement Kido : son regard rouge n'avait jamais été si tranquille, et lui rappelait celui de Dazel. L'apaisement brillait dans ses yeux comme l'insoucsience brillait dans ceux de l'homme, et ses traits blancs et jeunes lui faisait regretter le temps où Dazel n'était pas encore comme cul et chemise avec la bouteille. Les caresses tendres et calmes du châtain l'appaisaient. Un regard vers Fudo, et il le vit se rouler une cigarette, comme souvent. Ses cils bruns se détachaient comme des oiseaux prêts à s'envoler, et son regard bleu insondable se concentrait placidement sur ses mouvements.

Sigmund Freud se sentait parfois comme un être humain dans un corps de chien. Il ressentait tout, mais ne pouvait s'exprimer. Il gémit, colla sa truffe sur l'avant bras du brun.

《Qu'est-ce qu'il fout ?》marmonna Fudo en avisant le clébard.

《Il veut des caresses.》

《Il fait chier surtout.》

《L'écoute pas mon grand.》

Kido l'appaisait comme Dazel avait toujours su le faire, et il retrouvait en Fudo son insolente insoucience, son naturel philosophe. Il devait leur dire. Dazel est mort. Ce ne devait pas être si compliqué ? Dazel, lui, comprenait toujours ce qu'il disait. Pourquoi pas eux ?

《Mais qu'est-ce qu'il a ?》grogna Fudo, la cigarette aux lèvres, lorsqu'il avait de nouveau frotté son museau contre son bras.

《Il a besoin que tu lui prêtes attention.》

《Tu veux à manger c'est ça, gros bouffeur ?》

Kido lâchait un sourire amusé qui lui rappelait douloureusement Dazel. Il gémit longuement.

《Tu crois qu'il est malade ?》

《Peut-être que Dazel a besoin d'aide ?》supposa le châtain, ses yeux rouges inquiets plongés dans le regard noir de l'animal.

《Sigmund Freud, est-ce que Dazel a besoin qu'on aille le voir ?》demanda Fudo.

Il aboya. Il aboya le plus positivement possible, se leva et se précipita vers la porte de sortie pour gratter, et aboyer de nouveau.

《Ça a l'air urgent.》fit Kido.

《Ouais. J'vais y jeter un oeil.》

《Je viens avec toi.》

《Et les cours ?》

《Pas aujourd'hui.》

Les deux garçons s'habillèrent à la hâte, se tendant leurs vêtements l'un à l'autre lorsqu'il les trouvaient. Le chien voyait bien tout l'amour dans leurs gestes. La Princesse et Dazel étaient comme ça aussi. Au lendemain d'une nuit d'amour, rien ne semblait pouvoir les séparer. Les gestes de l'un, l'autre les achevait, c'était une prouesse humaine, une syncronisation spectaculaire : l'amour brut, il n'y avait rien d'autre entre Princesse et Dazel, il n'y avait rien d'autre entre Kido et Fudo.

Sauf que, Princesse s'était marié et avait fondé une famille, et Dazel était mort tabassé.

Fudo fut pris d'une envie irrésistible de prendre Kido contre lui, par les pans de sa chemise ouverte, tendrement, et de l'embrasser. Sigmund Freud espérait que le voeu de Dazel se réalise. Que la malédiction des toits ne s'abatte pas sur eux. Le fugueur fermait les yeux comme témoin d'une sensation nouvelle, amoureux jusqu'au bout des lèvres, et ses mains dans la nuque de son compagnon se lovaient comme de tous petits lapins blancs.

《Dis, Akio, est-ce que tu crois qu'on restera ensemble longtemps ?》

《Ça ne sert à rien d'y penser. Moi je veux juste y croire.》

《Je t'aime hein.》

《Je sais... Moi aussi je t'aime.》

Sigmund Freud ne savait pas vraiment comment retrouver Dazel. Il se contenta de suivre les voitures de police, les camions blancs et bleus qu'il apercevait, avec l'air de savoir où il allait. Puis, lorsqu'il perdait le véhicule de vue, il fonctionnait à l'instinct de nouveau. Les deux garçons le suivaient silencieusement, comme si tout avait été dit la veille, au coeur de la nuit, et qu'il ne restait plus qu'à vivre. Le temps qui passe, l'un à côté de l'autre, leurs coup d'oeil échangés furtivement, les gestes tendres et secrets, noyés dans la foule, dont ils se voulaient les seuls gardiens. Le cabot ne pouvait nier que l'amour devait être une chose formidable.

《La police ? Sérieusement, Sigmund Freud ?》

Ils arrivaient devant le comissariat de police en effet. Le brun pesta, lâchant un "mais dans quoi il s'est encore fourré ?", prenant la direction de l'établissement. Kido lui fit signe qu'il préférait rester dehors, au cas où son père ou sa mère avaient signalé sa fugue ; tant qu'il aurait dix sept ans, il ne pouvait pas échapper à ses parents. Il semblait regretter de ne pas avoir dit aurevoir à sa petite soeur, mais Fudo ne s'en inquiètait pas. Il lui lança un regard rassurant alors qu'il rentrait dans le bâtiment, avec sa démarche nonchalante et son jean lacéré par l'escalade.

Le châtain s'assit sur le trottoir, loin de l'entrée, et l'animal s'étonna de sa vitesse d'adaptation au mode de vie de Fudo. Il se souvenait bien de Princesse. La belle avait toujours été fascinée par les toits et les couleurs de la nuit, mais au final, elle avait choisi de vivre à l'abris du monde, dans son chateau fort. Dazel ne s'en était jamais vraiment remis. Personne ne s'en était jamais remis : leur séparation, ça avait été une sorte de fin du monde. C'est là que leurs histoires avaient tourné au drame, et c'est dans ce drame que Kido et Fudo tentaient maintenant de trouver leurs voies. Le chien se sentit soudain un peu vieux. Oui, il n'y avait rien à dire ; il attirait les causes perdues. Maintenant que le roi des sans-abris était mort, Sigmund allait passer le reste de sa vie avec son héritier, d'une certaine manière, le funambule, Fudo.

《Dis, tu as connu ma mère lorsqu'elle était jeune ?》

La question du garçon le sortit de ses vieilles réflexions.

《Elle m'a dit qu'elle était amoureuse. Qu'elle aimait Dazel et les toits comme rien au monde. Elle m'a dit qu'elle n'avait choisi la sécurité du faste que parce qu'elle me portait dans son ventre.》

Dazel n'avait jamais considéré le bébé comme étant le sien. Il le savait, pourtant. Ça ne pouvait être que lui. Elle n'était pas facile, elle ne se déshabillait pas pour le premier venu, à l'époque. Il l'avait prise et faite sienne bien avant le riche dirigeant de Kido Corp, et longtemps encore après, il en était sûr, le corps de la belle avait été marqué par ses empreintes. Dazel n'aimait que Princesse. L'enfant, il n'en voulait pas spécialement. Il voulait la liberté et l'amour. La sécurité n'était pas la seule raison pour laquelle Princesse avait quitté les toits ; elle avait espéré que Kido accepterait son fils, le bébé que Dazel lui avait donné, l'élèverait comme un père, un père que Dazel n'était et ne pourrait jamais être. Elle s'était lourdement fourvoyée.

Oui, Yuuto était un orphelin de père. Mais quelle importance ? S'il ne voulait que l'amour et la liberté, comme Dazel, alors il avait tout avec Fudo. Les clés en mains pour un avenir pur, infiniement grand, un avenir plus libre encore que l'horizon.

《Bizarrement, je me demande ce qui prévaut. Les gènes ou l'éducation. Je me demande si je suis plus Dazel ou plus Kido.》

Un mélange détonnant des deux. Voilà le plus beau. Et le plus dangereux. Il avait la beauté de sa mère, le regard sur le monde de Dazel, et la rationnalité de Kido. Pouvait-il possiblement vivre heureux, si son être même était fait de petits morceaux de tragédie ?

《Qu'est-ce que tu en penses ? Dazel disait que Fudo et moi, ça ne marcherait pas. Tu sais, Fudo a le sens pratique. Il ne s'embarrasse pas de doutes sur le passé, de doutes sur l'avenir. Je ne suis pas comme lui. Je regarde sans arrêt derrière moi, marchant vers le futur à reculons. J'ai besoin de me faire une idée des choses. D'imaginer ce qui m'attend, de réfléchir à ce que j'ai traversé.》

Sigmund Freud décida d'aboyer pour le rassurer, s'attardant à frotter ses bas-joues contre le jeune homme. Celui-ci le remerciait gentiment, un sourire fatigué aux lèvres, et semblait sur le point d'ajouter quelque chose lorsqu'il vit Fudo sortir du commissariat. Il se redressa, avisa le garçon qui s'était arrêté à quelques mètres de l'entrée, et semblait essayer d'allumer sa cigarette. Kido se leva, le rejoignit, le cabot sur ses talons, et l'animal put de nouveau être le témoin de tout la douceur du monde. Le châtain passa ses doigts sur les siens pour l'aider à agripper le briquet, Fudo tremblait, perturbé, incapable de parler tant qu'il n'aurait pas eu sa première bouffée. La clope s'alluma enfin, le garçon tira longuement dessus, avant de tout relâcher. Il affronta finalement le regard interrogateur de son partenaire.

《Dazel...》commença-t-il.

Et comme il ne savait pas comment le dire, il emprunta un chemin sur le trottoir. Le châtain le suivit, silencieux, comme s'il avait saisi qu'il se tramait quelque chose de sombre, et de compliqué. Sigmund Freud se dit qu'ils avaient compris.

《Où on va ?》demanda le fugueur d'une voix hésitante, comme s'il ne voulait pas vraiment savoir.

Le cabot crut que le monde allait se figer dans la glace en entendant la réponse directe du brun, son ton d'un calme trompeur, dissimulant une tristesse inouïe et orpheline :

《A la morgue.》


《Désolée.》fit la secrétaire, impuissante.《Vous ne pouvez pas entrer avec un animal.》

《S'il vous plaît.》pria calmement le brun.《C'était son ami. Il s'appelle Sigmund Freud.》

《Je ne peux rien faire pour vous.》

Les deux garçons se fixèrent, au bout de leurs forces. Ils avaient tous les trois parcouru la ville de long en large pour trouver cette morgue, renvoyé plusieurs fois par certaines qui ne possédaient pas le corps de Dazel. Si l'humanité qu'on entendait dans leurs voix suppliantes ne suffisaient pas à casser les codes et les éthiques sociales, alors que pouvaient-ils faire de plus ? Sigmund Freud se demanda si les deux jeunes allaient passer sans lui, le laisser là. Il ne voulait pas les empêcher de voir l'homme s'ils le voulaient. Il plaqua son museau à la main de Kido, humant son odeur douce aux accents d'idéal, cherchant à lui transmettre sa compassion. Il croisa ses yeux rouges fatigués, tristes, crut que toutes les larmes de l'univers allaient bientôt dévaller ses joues. Fudo gardait le silence, semblant chercher une solution, et baissa les yeux lorsque Kido saisit sa main douceureusement. Leurs regards insoutenables se croisèrent, comme dans une volonté de réconfort tacite et secrète.

La secrétaire les dévisageait, compatissante, détournant le regard sans arrêt, sans y parvenir tout à fait, comme si la vision d'un tel désespoir et d'un semblable amour lui était insupportable et à la fois, nécéssaire.

《Bien... je vous laisse entrer. Mon supérieur est dans la salle de garde, en train de se reposer. Si vous êtes discrets, il ne remarquera rien.》céda-t-elle enfin.

Elle fouilla dans une pile de paperasse et lut une sorte de code, avant de l'écrire sur un petit post-it jaune à l'intention des deux jeunes hommes. Elle expliqua qu'il s'agissait du matricule, et leurs dit de tourner sur la deuxième à droite au bout du couloir. Fudo réussit à sourire, gratifiant, et la petite procession prenait le chemin de la salle indiquée.

Ils attendirent d'être de nouveau hors de son champs de vision pour se donner la main, dans un silence solennel, dans l'affrontement d'un grand sinistre, ensemble. Sigmund Freud se dit que vraiment, si Dazel les avait vu, il aurait pleuré : ils s'aimaient, s'aimantaient. Rien que ça, ça faisait mal. Alors imaginer que ça puisse cesser un jour, c'était simplement terrible.

C'était une sorte de salle des archives. Et si Fudo marmonna en lisant sur une pancarte "corps non réclamés", l'animal ne saisit pas vraiment ce que ça signifiait. Les humains, ils étaient si compliqués. Kido lut la suite de chiffres donnée par la femme, et parcourut les tiroirs. Il posa enfin sa main sur une poignée, ouvrit, et Fudo s'approcha, l'air sombre, les mains dans les poches. Dazel était là, nu, bleu, froid, endormis, ou plutôt, mort. Il avait un papier accroché au doigt avec son numéro de série, comme une sorte de plat surgelé dans un supermarché. Il sentait la viande congelée. Dazel, le roi des vagabonds, n'était plus qu'un steack froid sur une plaque en métal.

《Il a été trouvé mort ce matin. D'après les flics, il est décédé dans la nuit, vers quatre heure du matin. Fractures multiples, hémorragie interne, dégradation prononcée du foi, ulcère à l'estomac...》dit enfin Fudo, dans le silence de deuil.

Kido ne dit rien, les yeux perdus sur le corps sans vie de son père biologique. Il semblait tenter de retrouver une partie de lui, de se refaire une identité. Le voyou l'avisait, hésitant.

《Tu veux que je te donne son nom ?》

Kido releva la tête.

《Hm ?》

《Le nom de Dazel. Son nom de famille. La police me l'a donné.》

Kido garda le silence un moment, fixant Fudo, avant de baisser les yeux, et Sigmund Freud le devina partagé entre le besoin de savoir identitaire et la peur de ce que cela signifiait dans la symbolique humaine. Les Hommes faisaient cas de leurs noms. Sauf Dazel. Il l'avait abandonné avant que ça ne devienne une entrave. Il avait nommé Sigmund Freud ainsi, et c'était son prénom. Un très long prénom. Dazel se fichait des noms. Du sien en particulier. Il n'aurait jamais voulu le donner à qui que ce soit, être rattaché à une enclume historique, une enclume familliale.

Mais Kido avait le droit de savoir, et selon le cabot, l'adolescent ne devait pas payer pour les décisions de son père. Ce qu'il avait pourtant fait, au final.

《Non.》finit-il par dire.《Dazel a raison. On a besoin d'un nom que quand on a une famille.》

Et Kido n'avait plus de famille. Comme Dazel, il n'en voulait plus. Trop de contrainte. Pas assez de fun. Fudo lui adressa un sourire doux comme un nuage, et Sigmund Freud devait admettre qu'un tel sourire sur un visage aussi mutin pouvait rendre fou.

《Yuuto...》fit pourtant le garçon, perdant son sourire.《Les flics ont dit qu'il avait été passé à tabac.》

《Battu ?》murmura l'autre, incrédule.

《Règlement de compte ils ont dit. Il devait p't'être de l'argent. Ou autre chose.》

Sigmund Freud lâcha un gémissement inconsolable. Un monde de chagrin résonnait dans sa plainte : il aurait préféré ne jamais avoir eu ce sixième sens, celui des drames, des catastrophes. Les garçons se fixaient. Ils avaient compris qui était la cause de tout ça, et se demandaient, chacun en lui-même si l'autre l'avait compris aussi.

La vérité, c'était que la police n'avait pas tout à fait cerné le problème. La vérité, c'était qu'elle n'avait pourtant pas tout à fait tort cette fois.

La vérité, c'était que Dazel avait été tabassé par les hommes de Kido Tsukimoto, que Akio le savait très bien, et que Yuuto aussi. Le drame résidait en cette simple vérité.

《On devrait y aller.》fit Kido.

《Ouais.》répondit l'autre.

D'un même mouvement, ils refermèrent le tiroir.

《Adieu Dazel.》

Et Sigmund Freud pleurait.


Et voilà ! Le prochain chapitre est le dernier de cette fiction et d'une longue série de petites ou grandes fictions sur IE et notamment Kido et Fudo. J'en attends beaucoup du reboot de la saga, en attandant, je vous promets de poster le dernier chapitre au plus tôt ! :)

Bisous à vous, je vous aime fort :-*