Ce jour là...

Je sens une masse s'abattre à l'arrière de mon crâne

BLACK OUT

###

Tout ce que je sais, c'est qu'à minima, je suis une chose pensante.

Philosophie de Descartes.

###

Aujourd'hui.

7h30

Je suis devant la glace de la salle de bain.

Comme d'habitude, je n'ai pas vu la nuit passer.

C'est assez étrange quand on y pense.

Une transition directe entre le soir et le matin.

Enfin, tout ce qui compte, c'est que je sois reposé...

Mes lunettes noires sont repliées dans ma poche.

Je les chausses sur mon nez.

Encore une journée en mode astigmate.

Je me regarde dans le miroir.

Conan Edogawa.

Oui, c'est moi.

Quand j'y pense, je devrais avoir un truc à écorcher d'un trait chaque maudite journée enfermé dans ce corps. Un peu comme un taulard, sommes toutes.

Ça me rappelle ce fameux mythe du supplice Tantale. Le pauvre homme, puni par les dieux, avait de l'eau sous le menton et des fruits suspendus juste devant son nez. A chaque fois qu'il baissait la tête pour boire, le niveau de l'eau chutait, et dès qu'il la levait, les fruits reculaient.

*Toc Toc Toc*

« Conan, dépêches-toi, tu vas être en retard à l'école ! »

Madame Eau&Fruits veux que je me dépêche !

Bon, bah si c'est l'heure...

Je pousse la porte, met mon masque, et repart au front.

###

Pour la énième fois, j'emprunte le chemin de l'école. Les bras croisés derrière la tête, j'observe mes paires. Ils sont super sympas quand même quand on y pense. Je crois que si je ne m'était pas si vite intégré, ma vie aurait vachement plus triste.

« - Encore dans le coma Kudo ?

- Ouais, je fais le point.

- Tu veux en sortir de ce cauchemar, hein ?

- Bah, tant qu'à faire ! »

###

16 h 00

Sur le chemin du retour.

Une Mercedes s'arrête à ma hauteur. J'ouvre la portière arrière et rentre dans la voiture.

« - O-On a décidé de provoquer les événements. Déclare-t-elle solennellement.

- Comment-ça Jodie-san ?

- Au lieu de se confronter à l'Organisation au hasard des rencontres,

On voudrait se mettre à enquêter de manière beaucoup plus efficace.

Elle est entrain de se ramifier. Et si l'on ne fait rien, elle sera hors d'atteinte.

A l'image de l'hydre de l'Herne : Quand on coupe une tête, trois repoussent.

Mais, si tu coupes la bonne...

- Le Boss...

- Tu as tout compris.

- Mais il va nous falloir une piste, une brèche dans laquelle nous pourrions nous immiscer .

- Le Boss est extrêmement prudent et ne rencontre pas ses agents. Donc nos taupes ne peuvent pas nous aider. Les personnes qui peuvent nous conduire à lui sont les personnes qui le connaissent.

- Je ne penses pas que les taupes soient si inutiles que ça... »

###

Je sais à qui m'adresser. Ça tombe bien, il est juste sous l'agence.

Je pousse la porte d'entrée du café Poirot .

Bourbon, ou plutôt Amuro-san, à la vie civile, s'approche de moi.

« - Qu'y a t-il Conan-kun ?

- Amuro-san, je dois te parler de quelque chose de très important, mais pas ici. Les murs ont des oreilles...

- Bien. Alors où veux tu qu'on se rencontre ?

- Dans le parc non loin de mon école. Ça sera suffisamment discret. »

###

« - Tu est dans l'Organisation depuis un petit moment déjà, et j'aurais besoin de savoir une chose : qui connais le Boss ?

- Je n'en sais rien. Je ne l'ai jamais rencontré.

- Menteur, je sais que tu en connais plus que tu ne veut l'admettre.

- T-Tu m'excuseras Conan-kun, mais j'ai du travail... »

###

22 h 00

J'enlève mes lunettes et les pose à côté de moi.

Allongé sur le matelas, je penses aux options qui se présentent.

Je suis presque sûr que Gin connais le Boss mais il est bien trop dangereux et loyal pour cracher le morceaux. Rum, pareil. Mais il y a une personne assez proche du Boss et moins dangereuse qui pourrait convenir...

Reste à voir comment je vais m'y prendre.

Mais une chose est sûre, je le sens au plus profond de mon être : quoi que je fasse, le dénouement laissera des séquelles...

Je ferme les yeux.

Black out.