NE PENSE PLUS QU'A mon visage lors de cet instant

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« Le soleil se levait doucement, arquant le ciel de lumière. Les fleurs dans le jardin d'hiver brillaient étrangement, miroitantes dans l'aurore rougie de givre. On avait regardé le jour s'éveiller, tous deux côte à côte. Ce fut comme un immense halo de chaleur, une couronne d'or ornée de diamants qui venait auréoler la terre. Et c'est comme si on était plus que tous les deux dans le monde, juste nous deux, qu'il existait plus qu'un seul homme et qu'une seule femme.
Rappelles-toi, c'était si beau. Assis tout deux au milieu des roses, sur un par terre de fleurs. Le ciel gigantesque au-dessus de nous, et la vie qui semblait immobile, à portée de main, s'offrant à nous pour que nous la façonnions comme on en aurait eu envie. Alors doucement tu t'es tourné vers moi. Tes yeux brillaient comme deux perles de velours liquide, légèrement plissés, amoureux. Et ton sourire s'ourlait d'une douceur sereine. Tu as posé une main sur le contour de mo visage et tu m'as embrassé. Tes lèvres étaient tièdes et chacun de tes baisers était aussi merveilleux que le premier. Doux et tendre, humide un peu, ni trop chaud ni trop froid. Ni trop mou ni trop ardent. Et ton pouce toujours sur ma joue, ton nez pressé contre le mien.
Et mes yeux que je m'amusais à entrouvrir pour te contempler. Observer tressauter tes fines paupières, tes longs cils blonds élégamment avachis sur ta peau clair. Et alors ton regard cillait et tu m'observais, ta main descendant peu à peu, le long de mon cou, de mon épaule et rejoignant ma taille. Alors tu m'allongeais doucement, sur ce parterre couvert de rosé. Comme l'on couche une princesse de porcelaine sur un lit de violettes C'était magnifique parce que tu étais là, au dessus de moi.
Je me souviens des froissements de tissu, de tes yeux ancrés dans les yeux. Des quelques larmes qui m'ont embué le regard. Nous étions ainsi. Allongés l'un sur l'autre, silencieusement, à profiter de ce « ensemble » éphémère. On était peau contre peau, tes lèvres tremblaient et tes yeux brillaient. Mes paupières se sont closes et aucun son n'est sort de mes lèvres. Tu étais là, le plus près possible et c'est comme si nous n'étions plus qu'un. C'était beau. C'est beau.
Jamais je n'avais été confrontée de si près au mot « Amour ». A ces « Je t'aime » qu'on se disait cent fois par jour et dont enfin je pouvais explorer toute la profondeur. De tous ces scellements d'éternité et ces liages de toujours. De tous ces mots doux qu'aucun de nous n'a prononcés et qui pourtant étaient là. Alors j'ai compris que oui, je t'avais bien aimé avant même le premier jour. »