Un bouquet de roses et de lys

Prologue :

« Cette nuit-là devait être la plus belle de toute. Cette nuit-là aurait dû être une nuit tranquille, sans nuage. Cette nuit-là, un jeune garçon était parti observait les étoiles. Cette nuit-là, quand le garçon rentra chez lui, il perdit tout ce à quoi il tenait. Et c'est au milieu des flammes qu'est naît « Phantom », cette nuit-là… »


La première pensée qu'il lui venu à l'esprit fut :

« Rouge. Tout est rouge. D'un rouge brulant… D'un rouge flamboyant… D'un rouge sang… »

Il ne put rien faire d'autre qu'observer. Oui, observer ses cruelles flammes ravagées son chez-soi.
Tout n'était que confusion dans sa tête, le bruit des villageois qui s'agitaient autour de lui résonnait à ses oreilles comme un bourdonnement incessant et dérangeant. Il ne sut pas à quel moment il fut tombé à genoux, les yeux grands ouverts, la bouche demandant désespérément de l'air. Il était perdu, il ne comprenait pas…

Ce ne fut que lorsque quelqu'un l'attrapa par les épaules qu'il réalisa ce qu'il se passait autour de lui.
Son ami lui hurlait de lui dire quelque chose, de lui répondre, mais il n'avait d'yeux que pour la petite maisonnette, maintenant complètement prisonnière des flammes.

Oui, sous ses yeux, sa maison brulée. Le feu, qui éclatait avec une fureur sans égale, lui prenait non seulement sa maison mais aussi sa famille.

Il ne savait pas à quel moment il s'était mis à pleurer et à hurler, même son propre crie lui semblait inconnu à ses propres oreilles, désespéré, bestial. Oui, lui de nature si calme et si discrète criait à la mort, il criait que ce cauchemar s'arrête enfin.

Alors qu'on ne lui prêtait plus d'attention, le jeune homme se leva en direction de sa maison, le bras tendu et tremblant vers cette dernière... Ses parents… Ses parents étaient encore dedans...

Il cria ces derniers, mais ne les vit nulle part.
Lui qui, depuis sa naissance vivait sur cette petite colline, ne s'était jamais senti aussi perdu. On l'ignorait, on lui hurlait de se taire, mais les cris du jeune homme à la recherche de ses parents ne s'arrêtaient pas. Il crut entendre son ami lui dire que tout irait bien mais qui serait assez fou pour y croire ? Pas lui, pas maintenant…

Comme si c'était la faucheuse qui guidait ses pas, il tituba doucement vers l'endroit qu'il n'avait toujours quitté des yeux. Il tomba certes à plusieurs reprises suite aux tremblements violents de ses jambes, mais cela ne l'empêcha pas de se relever à chaque fois.

Il continuait à se rapprocher, observant de plus en plus près le feu rapide qui ne faiblissait pourtant pas malgré ses pleurs, comme si elles s'amusaient de son malheur. Le visage ruisselant de larme, il continuait d'appeler ses parents, de hurler de ne pas les lui prendre, de ne pas lui enlever sa seule famille, mais ses cris furent comme aspirer à leur tour par les flammes.

Il sentit soudain des mains l'agripper par les épaules, pourtant, avec une force qu'il ne soupçonnait pas lui-même de posséder, il réussit à s'échapper de l'emprise qui l'empêchait d'avancer et courut en direction de la maison, les pleurs laissant cette fois-ci place à la rage.

Son nom était crié, on le suppliait de ne plus avancer, mais il n'en avait que faire.

Il ne sut pas combien de fois il était tombé à plat ventre avant de pouvoir finalement attendre la porte d'entrée de la petite maisonnette qu'il ne reconnaissait désormais plus.
Quand il put enfin pénétrer dans le salon, la chaleur des flammes lui fit réaliser dans quelle situation il était.
Ce fut à ce moment-là qu'il rencontra pour la première fois et de si près la mort. Oui, il allait mourir il le savait, il le souhaitait. Pourtant, il n'avait pas peur, non, loin de là, il était résolu.

On lui avait souvent reproché son côté obstiné et jamais il n'avait été plus d'accord avec cela qu'en ce moment. Pourtant, malgré la peur et la douleur, il aperçut quelque chose bouger.
Alors qu'il s'y approchait, une poutre qui maintenait le premier étage s'écroula sous ses yeux. Les cris retentirent de plus belle mais le jeune garçon n'aurait pu dire s'ils provenaient de dehors ou de lui-même.

Tout était flou, tout n'était plus que confusion dans sa tête. La fumée l'empêchait désormais de convenablement respirer, les flammes lui arrachaient des cris de douleur qui se muait petit à petit en rage, c'était bien désormais la seule chose que le feu ne lui avait pas encore pris…

Et alors qu'il se sentait petit à petit partir vers l'inconscience, il comprit que la chose qu'il avait aperçu n'était en fait en rien une hallucination dû au manque d'oxygène, mais belle et bien une silhouette allongée au sol.
Cette dernière se retrouvait coincée sous l'énorme poutre en feu qui était précédemment tombée.

C'est à ce moment-là que le garçon retrouva finalement ses esprits. Les sons lui revenaient comme de très loin, ses yeux se brouillèrent de larmes et il put enfin crier de toute son âme le nom de la personne au sol, celui de sa mère.
Avec toutes les forces qui lui restaient, il se leva, bravant toujours les flammes et l'odeur de plus en forte du sang mais aussi de la mort. Il avait chaud, il avait peur, il avait mal. Il souffrait oui, mais pas d'une douleur physique mais souffrait de voir sa mère, au sol, le corps à moitié brulé.
Ses jambes tremblaient, sa toux ne cessait de le gêner et sa vue commençait déjà de nouveau à se brouiller, pourtant il réussit le miracle d'atteindre sa mère.

Cette dernière pleurait et, avant de pouvoir rendre son dernier soupir, lui murmura ses dernières paroles. Il n'eut pas le temps de comprendre, pas le temps de réaliser, pas le temps de répondre. Son ami était désormais plus fort que lui pour le soulever et l'emmener hors de la maison. Il hurlait qu'on le pause, qu'il voulait mourir ici avec ses parents, mais sa requête fut encore et toujours totalement ignorée.

Une fois dehors, tout ne fut pour lui que chaos, pourtant, il ne sentait rien, non plus rien. Ni la douleur, ni la peine.

Il observât ensuite, d'un œil sans vie, ses mains brulées où il y figurait encore le sang de sa mère.
Pris d'une soudaine crise d'hystérie, il se mit à les frotter l'une contre l'autre sans jamais rien ressentir. Il se sentait sal, il se sentait mort.

Son ami aux cheveux châtain lui supplia d'arrêter, que c'était trop tard, que rien n'était de sa faute, qu'il serait là, pourtant, à son tour, il ne lui répondit pas. Il continuait de frotter sur ses mains afin d'enlever la suit, les cendres et le sang mais rien n'y faisait. Les larmes avaient laissé place à la furie.

On lui hurlait de se calmer mais rien n'avait de faire, ses mains lui semblaient encore pleine de sang. Elles étaient rouges, rouge d'un feu brulant, rouge de sang.

« …-roko-kun… »

Les flammes, elles, telles venues de l'enfer, continuaient leur travail, brulées tout ce qui pouvait être important pour le jeune garçon.

« K…-ko-kun…! »

Quelle idée avait-il eu d'aller observer les étoiles cette nuit ? Pourquoi était-il parti ?

« Ku…-ko-kun ! »

Tout était de sa faute ! S'il avait été là, si seulement il était resté avec eux ce soir ! Et pourquoi ce putain de sang ne voulait-il pas partir de ses mains !

« Kuroko-kun ! »


Le jeune garçon se réveilla de suite. Il lui fallut néanmoins un peu de temps pour se remettre de ces émotions mais, sans réfléchir et par réflexe, il porta sa main sur son poignard, prêt à assassiner la personne l'ayant surpris durant son sommeil.

Où était-il ? Où étaient ses parents ? Les flammes ! Il faut les atteindre, il faut-

-Tu te réveilles enfin ? Je te rappelle que la réunion stratégique commence dans moins de deux heures et tu n'es toujours pas préparé.

Le jeune bleuté tourna lentement sa tête vers la source de ce vacarme et, au son familier de la voix, relâcha l'emprise de sa main sur son arme.

-Ogiwara…-kun ? demanda-t-il d'une voix mal assurée, encore endormie.

-Eh nan, pas cette fois ! Je te rappelle qu'il est parti en mission à Seirin sous ton commandement.

Le jeune garçon entreprit de se lever, mais sa tête ne semblait décidément pas vouloir être de son côté aujourd'hui.

-Houlà, vas-y doucement Kuroko-kun ! Tu as passé une nuit blanche hier soir, ton corps n'a pas encore récupéré !

Kuroko grogna en réponse et s'assit doucement sur le miteux mais confortable canapé qui lui avait servi de lit pendant quelques heures.
Il se frotta ensuite délicatement les yeux afin de mieux se réveiller, pourtant, il fut de suite surpris d'y retrouver des larmes.

-Kuroko-kun ?

Pour la première fois depuis son réveil, Kuroko dédaigna enfin lever la tête vers son compagnon d'arme et bras droit, Furihata Kouki.

-Tout va bien Furihata-kun…. Juste… Juste un mauvais rêve, lui répondit-il d'une voix sans vie tout en cachant rapidement ses yeux encore embués de larmes sous les quelques mèches de cheveux qui lui entravaient la vue.

Oui, il se devait d'être fort, de cacher ses faiblesses et cela, aux yeux de n'importe qui, ennemis ou alliés. Il s'était pourtant promit de ne plus pleurer…

-Je ne voudrais pas te presser mais la réunion ne va pas tarder à commencer et… Comment dire…

Sous l'hésitation de son ami, Kuroko leva sa tête et comprit où il voulait en venir. En effet, ce dernier avait le regard braqué en direction de ses cheveux bleus clairs qui semblaient, comme tous les matins ou à chaque moment où il posait sa tête pour se reposer, à un nid d'oiseau après une tempête.

Kuroko soupira alors tout en priant qu'il arrive en moins de trente minutes à limiter la casse.

-Merci Furihata-kun de m'avoir réveillé, je vais me préparer maintenant, tu peux disposer, répondit-il légèrement exaspéré.

Ce dernier s'exécuta, sachant pertinemment que Kuroko devenait très vite de mauvaise humeur quand la conversation tournait vers l'état de ses cheveux le matin.

La vielle porte en bois une fois fermée, le bleuté se leva finalement en direction de la salle de bain. Il fit doucement couler l'eau afin de se laver le visage tout en espérant que les larmes et les souvenirs disparaitraient avec la sueur qui résultait de son récent cauchemar.

Alors que des gouttelettes d'eau glissaient lentement sur son visage, Kuroko observa son reflet.
Il ne put que déplorait son état : une peau trop pale, des cernes énormes, des lèvres fines mais gercées, des yeux inexpressifs et fatigués et, bien évidemment, une tignasse qui partait dans tous les sens.

-Je sens que ça va être une longue journée…, déclara-t-il tout en lançant un regard de défis à son précieux et unique compagnon d'arme dans ces moment-là, son peigne.

Malheureusement, il lui fallut bien au moins une heure pour pouvoir avoir l'air un minimum présentable.

Alors qu'il venait à peine de finir de se changer, on frappa soudainement à sa porte et qui, sans attendre de réponse de sa part, s'ouvrit pour laisse apparaitre Furihata qui glissa délicatement sa tête dans l'entrebâillement de la porte.

-Tu es prêt Kuroko-kun ? C'est l'heure.

Le bleuté hocha de la tête, vérifiant néanmoins une dernière fois l'état de ses cheveux. Un petit rire parvient silencieusement à ses oreilles.

-Ne t'inquiète pas, tu as encore un peu de temps pour qu'ils retrouvent leur état normal.

-J'espère que tu as raison…

-Je ne suis pas ton bras droit pour rien ! Je sais exactement combien de temps il faut à tes cheveux pour retrouver leur état normal et cela rien qu'en les regardant !

-Une vrai prouesse dis-moi, répliqua-t-il tout en gardant son masque d'inexpressivité.

-C'est vrai que je ne suis pas un combattant hors pair mais au moins je peux me vanter de te connaitre par cœur !

Il n'allait pas le niais, s'il y avait bien quelqu'un qui connaissait Kuroko aussi bien que Ogiwara, son ami d'enfance, c'était bien lui.

Lorsque le bleuté eut finit enfin de se préparer en fermant les derniers boutons de sa chemise, un masque en forme de chat lui fit tendu. Kuroko l'accepta de ses deux mains et soupira avant de le poser délicatement contre son visage.

-Je ne comprends toujours pas pourquoi je dois continuer à le porter. On est bien dans mon quartier général, tout le monde connait mon visage, s'exaspéra-t-il.

-Ah non ! Tu ne vas pas t'y remettre Kuroko-kun ! Combien de fois vais-je devoir te répéter que-

-Que c'est pour ma sécurité ?

-Exactement ! Tu ne dois pas à aucun moment baisser ta garde, d'autant plus qu'une rumeur circule en ce moment.

-Une rumeur ?, demanda curieusement cette fois le jeune bleuté.

-Oui… Apparemment, on aurait un traitre dans nos rangs…, dit faiblement Furihata.

Un silence pesant suivit. Pourtant, malgré l'annonce de son ami, Kuroko n'en tenait guère rigueur: il n'avait jamais réussi à faire entièrement confiance à quelqu'un ici, mise à part quelques exceptions bien évidement. Quoiqu'il en soit, une trahison de plus ou de moins ne changeait plus rien pour lui désormais.
Néanmoins, son regard s'assombrit derrière son masque et Furihata le remarqua bien.

-Mais ne t'inquiète pas ! Tant que je serai là il ne t'arrivera rien, je te le promets !

Sur ces bonnes paroles qui lui semblèrent sincères, Kuroko sentit une esquisse de sourire naitre sur ses lèvres derrière son masque. Mais afin d'empêcher toute tentative de le découvrir, le jeune leader se dirigea vers sa porte et sortit de la chambre avant d'entamer sa longue traversée à travers le quartier général de la résistance.

Alors que sa démarche devenait de plus en plus assurée au fil des secondes et que les regards convergèrent vers lui, un nouveau petit rire lui parvenu.

-Qu'est-ce qu'il y a donc de si drôle Furihata-kun ? Tu m'as l'air de bonne humeur pour quelqu'un qui va passer la quasi-totalité de sa journée en réunion.

Ce dernier se reprit rapidement, oubliant pendant quelques instants la très bonne ouïe de son chef supérieur et se reprit en toussant, dissimulant ainsi les restes de fou rire.

-Je me disais juste que vos cheveux étaient aussi rebelles que votre statut.

Ce fut simple et clair, presque vexant venant d'une autre personne que Furihata.

-Et le rebelle que je suis te remercie de me rappeler ce petit détail, soupira-t-il d'exaspération.

-Allons ! Ce n'était qu'une simple petite blague pour te détendre !

-Je dirais plutôt une pique.

-Comme d'habitude, tu es toujours aussi tendu et déprimant avant chaque conseil stratégique, déclara-il tout en faisant un semblant de moue.

-Je te rappelle que je porte le poids de toute une armée sur les épaules, je n'ai pas le droit à l'erreur dans ces moment-là, sinon l'ennemi en profitera pour retourner la situation contre moi avant même qu'on s'en aperçoit…

Kuroko décida alors de reprendre sa course, toujours suivit de Furihata sur les talons.

Alors qu'il passait, tel un félin, dans les couloirs du QG, les regards se firent de plus en plus insistants, tout comme les chuchotements. Et dire qu'il était pourtant connu pour sa discrétion sans égale grâce sa Misdirection… Peut-être que Furihata avait raison, son stress était tel qu'on pouvait le remarquer malgré sa faible présence…
Pourtant, cela ne le déstabilisa pas. En effet, il était désormais connu de tous comme « Phantom », le célèbre chef rebelle qui se battait actuellement contre la féroce armée de l'empire Teiko.
En plus d'être un excellent tacticien, il s'était avérer aussi être le meilleur assassin de ses troupes. Son nom était désormais craint de ses ennemis tout comme de ses alliés. Ce n'était néanmoins pas quelque chose dont il devait se plaindre, moins il se faisait d'ami, moins les trahisons faisaient mal…

-Nous sommes arrivés Kuroko-kun, tu es prêt ?

Il n'avait pas vu, plongé dans ses pensées, qu'il avait déjà atteint la salle de réunion où de nombreux chefs alliés de branche secondaire de la résistance l'attendaient.
Il soupira alors un bon coup, laissant tout stress et toutes émotion derrière lui, et releva la tête, le visage sous son masque encore moins expressif que d'habitude, le regard froid, tueur, sans pitié. Une atmosphère glaciale l'entoura de suite et Furihata peinait alors à pouvoir garder un semblant de tranquillité à ses côtés.

Kuroko ouvrit ensuite sans plus attendre la porte et pénétra dans la salle où, ici aussi, l'atmosphère était à son comble.

Quand il entreprit de faire le tour de la table, personne au premier abord ne sembla le remarquer mais quand il frappa d'un faible mais bruyant coup sur la table, tout le monde fut surpris et se leva d'un seul mouvement de leur chaise.

Kuroko laissa ensuite glisser son regard sur le visage de toutes les personnes présentes autour de lui. Ces dernières ne bougeaient pas d'un iota, de peur de subir la colère du terrible assassin et leader « Phantom » peut-être.
Ce dernier, après avoir vérifié d'un simple coup d'œil que personne ne portait d'arme sur soi, soupira et leur demanda de sa voix froide et sans émotion de s'assoir.
Il exigea ensuite un bref résumé de la situation au front de la part de son bras droit, Furihata.

-La plus grande partie des soldats de l'empire se sont cachés dans le QG situé sous la montagne, au bord de Kaijo. D'après les informations que j'ai pu recueillir via nos espions en place, c'est là-bas qu'ils stockent leur réserve d'arme. Tant qu'on ne les aura pas arrêtés, on ne pourra pas atteindre la périphérie de la capitale et je ne parle même pas de pouvoir atteindre la porte du château de la famille royale.

A ces mots, l'ambiance s'assombrit… La famille royale… Celle qui, depuis des années, guidait le royaume de Teiko d'une main de fer mais d'une poigne à faire souffrir sa population depuis maintenant des décennies. Oui, si la rébellion s'était formée c'était avant tout parce que le peuple en avait assez de souffrir, de danser dans la paume de ce tyran à qui le profit et l'argent étaient tout ce qui lui importait.
Les habitants souffraient, la famine était désormais chose commune, les maladies ravageaient tout sur leur passage, personne n'avait de droit que ce soit le droit de s'exprimer librement, de reprocher les nouveaux capitulaires signés, de se plaindre… Non, le seul droit que posséder la population était de sourire comme si tout allait bien, d'ignorer leur propre malheur, de pleurer seulement chez eux, de payer les impôts, de vénérer la famille royale et de voir les personnes chères autour d'eux mourir les uns après les autre.

Le roi n'avait pas seulement de l'argent et du luxe qui en découlait, il possédait aussi les vies de ses habitants, mais, pire encore, il leur avait enlevé le droit de choisir. Non, ils n'avaient jamais eu le choix, ils n'étaient que des pièces de Shōgi dans son petit jeu de quête de pouvoir.

Face à ce constat, plusieurs tentatives de rébellion avaient tenter de se liguer contre la royauté mais elles étaient, à chaque reprise, très vite étouffées dans l'œuf, et cela avant même qu'elle puisse voir le jour.
Mais cette nuit-là, tout changea…

Alors que presque la totalité des personnes présentes dans la pièce fulminait de rage, Kuroko resta de marbre, pourtant, son cerveau tournait à plein régime, son esprit de tacticien en marche. Un grand silence s'installa jusqu'au moment où il ouvrit enfin de nouveau la bouche :

-Nous allons privilégier l'attaque contre le QG, dit-il d'une voix sans appel.

Pourtant, un des lieutenants à sa droite, le lieutenant Matsuoka, se leva de sa chaise brusquement.

-Ne devrions-nous pas nous concentrer sur la capitale ? Nous ne sommes plus qu'à deux villes de notre objectif ! Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de temps !

Kuroko soupira intérieurement. Voilà pourquoi les hommes comme lui se retrouvait toujours coincé au poste de lieutenant, ils ne savent que se servir des muscles et non de leur tête.

-Hors de question, nous ne pouvons pas nous permettre de prendre un risque pareil. Même si nous nous contentons de les surveiller, ils profiteront de la première faille qui s'ouvriront à eux pour contrattaquer.

-Mais nous-

- N'oublions pas, lieutenant Matsuoka, que non seulement ils sont beaucoup mieux entrainés que nous, mais aussi que nous nous trouvons actuellement sur leur propre terrain. D'autant plus qu'avec la menace de se faire attaquer dans le dos à tout moment troublerai le jugement et la concentration de nos soldats au front.

Et ce fut tout, personne ne sut quoi dire en retour, fin de la discussion. Le lieutenant Matsuoka ne put alors que se rassoir sur sa chaise, battu mais convainque.
Kuroko, d'un geste lent et calculé, tourna ensuite sa tête vers coéquipier.

-Furihata, combien de soldat avons-nous sous la main pour les diriger vers la frontière de Kaijo ?

-D'après mes rapports, il nous reste environ 5.000 hommes, tous armé de leur épée mais il nous reste très peu d'arc et-

-Nous reste-t-il des canons ? l'interrompt-il.

-Des canons ?

Furihata fut surpris tout comme l'assemblée autour de lui. Les canons n'étaient, en effet, plus vraiment l'arme la plus efficace et adaptée, surtout dans une telle situation où l'ennemi est confiné sous terre.

Voyant que personne ne voyait où il voulait en venir, Kuroko soupira et se leva.

-Nous allons utiliser une technique de chasse.

Tout le monde fut, une fois encore, incrédule mis à part Furihata. Il savait, en effet, que Kuroko avait, pendant presque toute son enfance, survécu en chassant avec son père depuis son plus jeune âge.

Le jeune leader saisit une carte où la montagne en question était fièrement dessinée. Il prit ensuite un marqueur et pointa à l'aide de ce dernier un emplacement précis où l'on pouvait observer une entrée.

-Imaginons que nous traquons une meute de loup cachée dans leur terrier. Nous allons, pour les forcer à sortir, procéder en plusieurs étape. Tout d'abord à l'aide des canons nous allons les enfermer vivants.

Une exclamation fut de suite entendue dans la salle mais elle fut vite dissimulée devant le regard froid et calculateur de « Phantom ». Non, dans ces moment-là, il n'était plus Kuroko, mais le chef des rebelles.

Il tenta alors d'ignorer les regards soit choqués, soit appréhensifs de ses « camarades » et reprit son marqueur pour tracer d'autres traits significatifs.

-Nous allons donc, à l'aide de ces canons, provoquer des éboulements à l'entrée Nord-Est et Nord-Ouest. Bien sûr, nous leur laisseront une chance de se rendre grâce à la sortie Sud où nous les attendrons. Mais je vous préviens tout de suite, je veux le moins de mort possible, s'ils se rendent, je ne veux pas entendre le moindre cri. Dans le cas inverse, nous utiliserons de la fumée pour d'abord les aveugler et ensuite on les destituera de leurs armes. Encore une fois, je ne veux pas qu'on les attaque. De préférence, essayez de les faire rejoindre à notre cause, sinon faites les prisonniers. Une fois cela fait, nous pénètrerons dans le QG pour obtenir le plus d'arme possible mais rester sur vos gardes, certains ennemis seront encore cachés à l'intérieur à nous attendre.

Les hommes hochèrent de la tête tout en continuant d'écouter le plan à suivre.
Tout le monde savait que, derrière son apparence glaciale, Kuroko évitait le plus possible de tuer. Beaucoup d'ancien lieutenant avait montré du doigt ce défaut, déclarant ainsi que jamais Kuroko n'arriverait à mener à bien cette révolution. Pourtant, ce dernier réussit à prouver le contraire et cela à maintes et maintes reprises.
Petit à petit, il était même parvenu à s'approcher doucement du palais royale, gagnant bataille sur bataille, meurtre sur meurtre, trahison sur trahison. Plus personne ne pouvait désormais douter de ses talents et de ses capacités de meneur.

-Furihata, as-tu des nouvelles de la capitale ?

Ce dernier maintenait un regard froid et hésitant.

-Plus de nouvelle de la famille royale depuis l'attaque de la semaine dernière destinée à les priver de leurs provisions habituelles.

-D'accord, ils doivent sentir la pression montée. Cela ne m'étonnerai guère si après notre tentative de ce soir ils ne tentent pas de signer un armistice…

La réunion dura encore quelques heures avant que Kuroko puisse enfin enlever son masque à l'abri des regards indiscrets. Il était désormais seul dans la grande salle de réunion où le moindre bruit était amplifié.

-Kuroko-kun, les troupes viennent d'arriver à la frontière, ils n'attendent plus que tes ordres.

D'une voix glaciale, Kuroko ordonna aux soldats de se cacher et d'attendre la nuit tombée.

Il fallait que ça marche, il fallait que tout cela se termine... Non seulement pour le peuple, pour tous les rebelles tombaient au combat mais aussi pour elle, pour eux…
Pourtant, tout semblait si facile, trop facile…

Alors qu'il sentait ses yeux se fermer doucement, Kuroko s'allongea sur la table de réunion et fixa le plafond avant de profondément s'endormir de nouveau.


Des cris résonnaient à ses oreilles, les flammes dégageaient une chaleur désormais insupportable mais le jeune garçon lutait, il continuait à marcher vers la silhouette qu'il reconnut comme sa mère.

Alors qu'il s'écroula à ses côtés, la fumée se faisait de plus en plus envahissante mais le jeune homme n'en avait que faire tandis que ses yeux larmoyants se tournaient vers la personne qui l'avait mis au monde.
Cette dernière tenta d'approcher sa frêle main tremblante vers son visage sans succès. Mais avant que celle-ci ne puisse tomber au sol, le bleuté la rattrapa et le contact physique permit à la jeune femme de retrouver ses esprits le temps d'une dernière et minuscule petite minute.

« Tetsuya… Mets fin à tout ceci… Mets fin à cette souffrance qui ravage notre pays depuis de si nombreuses années... Mets fin… A cette guerre… »

Une toux déchirante la coupa dans son élan mais pourtant, malgré l'approche de la mort, une détermination sans égale était visible dans ses yeux bleus claires qu'elle avait été heureuse d'avoir transmis à son fils.

« Tetsuya… Je… Je suis désolée de te laisser seul dans ce monde si cruel… Dorénavant, tu vas peut-être vivre des moments difficiles, des moments où tout te semblera désespéré… Mais quoiqu'il arrive n'abandonne pas d'accord ? Bats-toi pour ce qui te semble juste et pour ceux que tu aimes. »

Kuroko, comme en transe, hocha de la tête sans vraiment comprendre ce qu'elle lui disait. Il ne regardait plus ce qu'il se passait autour de lui, la seule personne qui avait désormais toute son attention était sa mère, la femme qu'il aimait le plus au monde et qui mourait petit à petit sous ses yeux.

« Pardonnes moi Tetsuya… Je t'aime… »

.

.

.

Le jeune Kuroko Tetsuya n'avait pas tout de suite comprit l'exact signification de ces mots, lui qui a toujours vécu choyé dans l'amour de ses parents. Il avait, bien entendu, connu comme tout le monde ici la faim mais il avait vécu dans l'ignorance, dans le rêve d'une vie difficile mais heureuse, d'un royaume paisible.

Mais un rêve reste un rêve et quoiqu'il arrive un jour, tout le monde se doit de se réveiller. Kuroko fut, malheureusement pour lui, juste réveillé plus violement qu'un autre. Et ce ne fut en effet que quelques jours plus tard qu'il comprit de quel mal sévissait son royaume et que c'était ce même mal qui avait décidé de mettre fin aux jours de sa petite famille, leur supprimant ainsi le choix de continuer à vivre.

Il se l'était alors juré, il se souvient parfaitement de ce jour… Ce jour où il s'était promit à lui-même de mettre fin à la tyrannie de la royauté.

Et même si cela l'obligerait à se salir les mains à l'avenir, il avait décidé de mettre fin à la cruauté de la famille Akashi.


Voilà, mon prologue est posté =D ! Donc vous l'aurez deviné, c'est une fiction AU!Royal centré sur le AkaKuro (si cela peut vous aider à mieux vous projeter, imaginez-vous dans le contexte du manga/animé "Akagami no Shirayukihime").

Bon avant de clore ce chapitre, je voudrais préciser que c'est ma première fiction « Kuroko no Basket » mais aussi mon premier yaoi. Que de stress quoi, d'autant plus que je suis plus lectrice qu'écrivain !
Les critiques et les reviews sont donc les bienvenues et j'espère vous revoir au chapitre 1 le plus vite possible.

Sinon, ne vous inquiétez pas, Akashi apparaît dans le prochain chapitre… Et certains risquent d'être surpris !
Tetsuna.