Coucou les gens
Plus de notes à la fin, parce que c'est la fin...
Bonne lecture !
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This is the end
Hold your breath and count to ten
Feel the earth move and then
Hear my heart burst again
For this is the end
Let the sky fall
When it crumbles
We will stand tall
Face it all together...
- Skyfall by Adele
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Chapitre 15 :
The two of us... Always
Nous deux... Toujours
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''Non. Définitivement non.''
''Mais Jawn !''
''Ne me 'Jawn' pas. On n'emmènera pas un foutu microscope avec nous en France, point final. Si tu en as vraiment besoin, puisque je suis sûr que je suis bien trop ennuyeux pour toi, ton frère pourra t'en fournir un. Mais ne compte pas sur moi pour traîner ce monstre jusque là-bas.''
''T'as qu'à le prendre à la place de cette valise à roulettes. Problème résolu.''
''On a besoin de vêtements ! J'en ai besoin, en tout cas. Tout le monde ne peut pas se prélasser toute la journée enveloppé dans un drap.''
''Je ne me prélasse très certainement pas.''
''Euh... Qu'est-ce que tu es en train de faire là, tout de suite ?''
''Je suis principalement en train de contempler les désavantages à avoir un idiot pour compagnon.''
''Oh ? Tu veux faire un échange ? Peut-être que tu trouveras quelqu'un de plus intelligent en France, et pour être sûr de séduire un type comme ça, tu auras besoin de tes costumes classe pour te la péter, ce qui signifie que cette valise doit venir avec- owwww ! Sherlock ! Arrête de tomber comme une pierre sur mes genoux à chaque fois que tu me vois m'asseoir. Tu n'es pas un chat et t'es beaucoup trop lourd pour faire ça.''
''Mmmmm.''
''Crétin, arrête de me lécher, je me suis pas encore douché.''
''Mmmmmmm.''
''Qu'est-ce qui se passe, génie ? Besoin d'un câlin ?''
''Mmhmmm.''
''Okay... Bordel, tu es- oh, ça chatouille, arrêt- heyyy. Okay okay, on peut se câliner un peu – arrête de me mordre- on peu-mmph... mmmmm...''
''Tu disais ?''
'' 'Spèce d'insolent ! On part dans trois heures.''
''Mais on a déjà tout emballé.''
''J'ai tout emballé, oui, mais tu dois toujours enfiler des vrais vêtements.''
''Pourquoi ? Quelle est le problème avec cette robe-de-chambre ?''
''Je ne prendrai même pas la peine de répondre à ça. Tu vas mettre des fringues correctes pour ce voyage, et c'est un ordre.''
''Coquin, mais ennuyeux... ow ! Qu'est-ce que tu as avec mon nez ? Tu t'en prends toujours à mon nez, barbare brutal.''
''J'aime ton nez. C'est la seule partie de ton corps qui ne peut pas se renfrogner contre moi. Même ta bite se renfrogne, des fois ! Et puis il petit, et mignon, et très non-sherlockien.''
''Charmant, comme toujours, hein, Docteur ? Maintenant ferme-la et fournis-moi en données supplémentaires.''
''…''
''Encore.''
''…''
''Encore.''
''…''
''Encore.''
''Non, fini. On va être en retard. Mycroft va faire un scandale.''
''C'est très exactement mon plan. Et il y a toujours le temps pour une fois de plus, John.''
''… Sale môme.''
''Oui, ton sale môme.''
O-O-O
Le téléphone de Mycroft Holmes gazouilla, brisant la tranquillité du bureau spacieux.
Un message de la part d'un numéro masqué.
Il arqua un sourcil et l'ouvrit.
Qu'est-ce qui te paraîtrait le mieux, Mikey chéri ? Voir ton petit frère danser à travers un live filmé qui ruinera absolument ses beaux traits ? Ou obtenir un siège en première ligne pour une performance en direct ? - M
Mycroft lut le message une deuxième fois avant de reposer le téléphone sur la table. Il vérifia l'heure et appela Anthea à travers l'interphone ; puis il sortit le téléphone dans lequel il n'avait enregistré qu'un seul contact. Il avait un appel à passer.
Il aurait menti s'il avait affirmé qu'il ne s'attendait pas à ce que quelque chose du genre arrive. Cela intervenait seulement plus vite qu'il ne l'avait anticipé. Nulle inquiétude, cependant. Il était toujours prêt, quand son frère était en jeu.
Mycroft demeura là, assis, ses doigts joints devant lui. Son calme ne subissait jamais aucune vague. Jamais.
O-O-O
Sherlock ne voulait pas partir, pas le moins du monde. Mais à voir John si excité à propos de cet exil (urgh !), il ne voulait pas le décevoir. Par conséquent, il sourit quand il était censé sourire, acquiesçait à intervalle régulier, et porta même un sac de la chambre au salon ! Ce qu'il faisait pour John... Puis John l'embrassa en lui murmurant des promesses et l'exil n'eut plus l'air d'une perspective si désagréable que ça. Idiot.
Ils étaient assis dans le taxi, à présent, sur la route pour l'aéroport et John agissait comme un gamin qui aurait mangé trop de sucre.
''Des vacances, enfin ! On en a tellement besoin ! Tu te souviens de tout ce qu'on avait prévu dans nos lettres, si jamais on allait en France ?''
Sherlock leva les yeux au ciel : ''John, pour la énième fois, c'est un exil, pas des vacances. Et tu as fait un formidable travail pour me rappeler ces plans toutes les quarante minutes, ces deux derniers jours.''
''C'est parce que tu n'arrêtes pas de les effacer, crétin,'' répondit John avec bonne humeur.
''Tu veux que je les récite de mémoire ?'' Son ton, cependant, suggérait qu'il n'avait aucune intention de se plier à cela, même si c'était là le souhait de John.
Ce dernier ne sembla pas l'avoir entendu. A la place, il soupira un ''oh,'' et tira son téléphone de sa poche. Sherlock l'observait du coin de l'œil, son expression lassée se faisant interrogatrice quand son compagnon se pelotonna contre lui, une main tenant le téléphone à un angle étrange.
''Que fais-tu ?''
''Je prends un selfie pour le blog.'' John se tordit et tenta de trouver un meilleur angle.
''Mais tu n'as pas de blog !''
''Ça va arriver, bientôt. Maintenant, si tu pouvais arrêter de bouger à un moment... ?''
Sherlock avança la lèvre en fronçant les sourcils vers le portable puis, après le clic, vit son visage grognon à côté de celui souriant de John, leur joue l'une contre l'autre. Le blond était heureux d'une façon déraisonnable, face à cette photographie. Et Sherlock fut heureux de le voir comme ça.
Après quelques minutes, le taxi atteignit l'aéroport et ils sortirent du véhicule.
Ils approchaient du tarmac où leur vol privé les attendait quand son téléphone vibra, signalant un appel.
'Gros lard'
Sherlock fronça les sourcils en lisant le nom sur l'écran. Pourquoi son frère l'appelait-il alors qu'il savait que Sherlock préférait les messages ?
''Quoi ?'' aboya-t-il.
''Félicitations, cher frère, tes souhaits se sont enfin exaucés.''
''Si tu veux te montrer théâtral, je te suggère de rejoindre une troupe, Mycroft. Cesse de me faire perdre mon temps.''
''Le Traité naval a disparu des archives du MI6.''
''Je t'adresse mes plus sincères condoléances.''
''Par ailleurs, une bombe a explosé à Leinster Gardens, ne tuant personne, étonnamment. J'ai des raisons de croire que ces deux accidents sont liés.''
''De même que les snipers.''
''… Oui.''
''Accès total aux archives du MI6 et du MI5. Et je ne devrai répondre de personne.''
''Accès uniquement aux dossiers du MI6 en lien avec l'affaire, et tu me feras un rapport.''
''Les archives de tout le MI6, et de New Scotland Yard.''
''Quatre garde-du-corps du MI5.''
''Deux.''
''Deux et une voiture.''
''Baker Street.''
''Très bien. J'y serai dans une demi-heure.''
Sherlock mit fin à l'appel. John, à côté de lui, attendait patiemment. Le brun tourbillonna vers lui, attrapa ses épaules qu'il secoua : ''Un vol de grande envergure parfaitement exécuté et une bombe en plein jour. Noël est en avance, John ! Oh, c'est brillant.''
John sembla déconcerté. ''Quoi ? Mais... Le voyage ?''
''Le voyage ? Oh, la France peut bien attendre. L'Angleterre a besoin de nous maintenant, John. La Reine et la Patrie et toute cette comédie. Nous avons un criminel à attraper.''
C'était un constat de combien John l'avait changé que de voir comme, en plein milieu d'une excitation induite par une affaire, Sherlock remarqua que la nouvelle de l'annulation du voyage démonta le blond. Un sentiment de culpabilité s'empara de lui, mais...
''John.'' Il prit le visage de son amant à deux mains et l'embrassa doucement. ''Je te promets que nous irons où tu souhaiteras nous emmener, une fois que cela sera terminé. Mais, pour l'instant, j'ai besoin de toi à mes côté, s'il te plaît.''
Là-dessus, il recula d'un pas, saisit la main de son compagnon et le tira derrière lui vers la sortie.
L'aéroport bouillonnait, maintenant que la nouvelle de la bombe avait été relayée par les médias. Sherlock nota que l'heure approximative de l'explosion correspondait tout juste à leur arrivée à l'aéroport. Intéressant.
Une des voitures à kidnapping de Mycroft les attendait et Sherlock apprécia le geste à contrecœur, conscient que trouver un taxi et rentrer dans un tel chaos leur prendrait des heures. Il ouvrit la porte pour John et déclara : ''Le mystère nous attend, John, viens. Suis-moi, ou je serai perdu sans mon blogueur.''
O-O-O
Sherlock renversa presque Mrs. Hudson quand ils arrivèrent au 221B, à peine quinze minutes plus tard. Il était devenu un nœud d'énergie nerveuse, triturant ses doigts et marmonnant de façon inintelligible tout en tapant sur son portable Il monta les escaliers à petits bonds dès que leur logeuse ouvrit la porte, laissant John gérer les nombreuses questions de la femme. Le blond regarda vers le haut des escaliers, puis Mrs. Hudson et soupira.
''Oh, les garçons, vous êtes de retour ! Vous êtes partis, puis il y a eu cette explosion et j'étais si inquiète ! Ils ont bloqué des routes et... Oh, je ne devrais pas subir tant de stress, j'ai un problème de hanche ! Mais pourquoi êtes-vous revenus ?''
''Une affaire.''
''Oh, mon pauvre.'' Elle tapota la joue de John avec une affectueuse compassion. ''Je suis sûre que vous aurez bientôt une autre occasion, mon chéri.''
''Ouais, bien sûr,'' sourit John, malgré son humeur refroidie, en se préparant à hisser les bagages en haut des escaliers.
''Oh, John ?'' l'appela Mrs. Hudson depuis la porte de son étage. ''Il y a eu une livraison pour toi tout-à-l'heure, juste après votre départ. Je l'ai posée sur la table basse.''
''Oh, okay, merci Mrs. Hudson. Je vais...'' Il fit un geste vers les marches, déjà distrait par cette livraison. Qui pouvait lui avoir envoyé quoi que ce soit ? Harry ? Murr ? Peu vraisemblable.
Quelques instants plus tard, John entra dans l'appartement, légèrement essoufflé par l'effort, et vit Sherlock debout au milieu du salon avec un énorme bouquet de roses rouges. Une unique autre fleur, dont John n'avait aucune idée de la variété, s'élevait du milieu du bouquet. Sa mâchoire tomba.
''C'est- C'est ça, la livraison ?'' demanda-t-il, quelque peu abasourdi parce que c'est quoi ce bordel ? Des fleurs ?
Quand il n'obtint aucune réponse, il leva les yeux vers Sherlock et rencontra un regard perçant.
''Qui est Richard Brooke, John ?''
L'interpellé fronça les sourcils. ''Qui ?'' Richard Brooke ? Pourquoi ce nom lui semblait si familier ? Richard... Rich...
Il lui fallut quelques secondes pour rassembler ses esprits et creuser dans ses souvenirs pour retrouver ce nom. Et quand, enfin, il s'en rappela, ses yeux s'élargirent presque comiquement.
''Richard Brooke... oui, bien sûr,'' murmura-t-il pour lui-même, mais Sherlock l'entendit et demanda laconiquement : ''Bien sûr ?''
John secoua la tête. Il n'avait jamais pensé qu'il serait amené à croiser une nouvelle fois ce nom dans sa vie. Pour être honnête, il n'avait plus jamais eu une pensée orientée vers ça, vers lui.
''Tu te souviens du gamin qui m'écrivais quand j'étais en Afghanistan ? Celui qui était en rehab, dont je t'ai parlé ? C'est lui, Richard Brooke, mais qu'est-ce que ça a à voir avec- ?'' Il secoua la main vers le bouquet.
Sherlock plissa les yeux pendant un moment, concentré, puis leva un regard incrédule vers John. ''Tu échanges toujours des lettres avec lui ?''
''Quoi ?' John fronça les sourcils et cligna des yeux. ''Non, bien sûr que non ! Je n'ai pas entendu parler de lui depuis que je suis rentré, et je te l'aurais dit si ça avait été le cas, tu crois pas ?'' répliqua-t-il avec irritation, mais il avait d'autres sujets plus pressants desquels s'occuper. ''Est-ce que- Est-ce que ça vient de lui ?''
''Oui.'' La réponse était grinçante. ''Avec cette carte.''
''Une carte ? Qui dit quoi ? Et comment il sait où j'habite, bordel ?'' demanda John avec un sentiment d'inquiétude grandissante. Quelque chose n'allait pas. Pas du tout.
''J'aimerais bien que tu me le dises.'' Sherlock lui tendit la petite carte pliée.
Le papier était cher et portait un sceau. John l'ouvrit.
''Nous savons ce que nous sommes, mais pas ce que nous pourrions être...''
Tu m'as manqué, est-ce que je t'ai manqué ?
Ça fait tellement longtemps, John...
-Richard Brooke
John était totalement ahuri.
''Est-ce que tu sais ce que signifient ces fleurs, John ?'' La voix de Sherlock le secoua, le tirant hors du brouillard.
''Je- euh, je sais pour les roses rouges. Passion, désir, amour et, enfin, voilà. Mais je ne connais pas celle-là.'' Il désigna l'unique fleur inconnue du menton. ''Je ne connais même pas son nom.''
''Fraxinelle. La fleur du Feu.''
Leurs yeux se rencontrèrent et ils soutinrent le regard l'un de l'autre pendant un moment. Puis Sherlock se détourna, jeta le bouquet dans la cheminée éteinte et alla à la fenêtre. John était trop perplexe pour protester. Et il n'aurait de toute façon rien reproché à Sherlock en cet instant, quand bien même l'idée lui aurait traversé l'esprit.
Il relut rapidement en diagonal le contenu de la carte, essayant d'imaginer quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait expliquer cet incident étrange.
''Crois-moi, Sherlock, je ne sais pas comment-''
''Je te crois, John,'' l'interrompit Sherlock sans se tourner vers lui. ''J'ai confiance en toi. Peu importent mes réactions qui pourraient t'en faire douter, sache que je t'ai toujours fait confiance.''
John voulait le serrer dans ses bras, le tenir et ne jamais le laisser partir. Pour sa compréhension. Pour sa confiance. Parce qu'il ne pensait pas pouvoir supporter une autre crise de jalousie en cet instant. L'envie ardente de toucher Sherlock était si féroce qu'il fit plusieurs pas jusqu'à se tenir près à son amant. Mais il ne le toucha pas, pas encore.
''Alors... comment ? Pourquoi ?''
''Pourquoi, me demandes-tu, John ?'' Les doigts de Sherlock se rassemblèrent en un clocher qu'il tapota contre son menton, les yeux plissés, dans le vide. ''Parce que quelqu'un est suffisamment obsédé pour te tracer, remonter la piste et, finalement, retrouver un médecin de l'armée sans rien de particulier dont le passé, après qu'il a été réformé, est à présent consigné dans un dossier classé au MI6. Quelqu'un avec un immense savoir et des renseignements...'' Sherlock tourna la tête vers la droite pour rencontrer le regard de John. ''Quelqu'un comme moi.''
Le silence se prolongea alors qu'ils continuaient à se regarder, leur visage présentant une grande palette d'émotions. Puis John inspira profondément, brisant le moment.
''Mais je n'ai jamais eu l'impression que Richard était comme toi. De ce que j'ai pu comprendre de ses lettres, c'était juste un jeune de dix-sept ans comme un autre. Oui, il était très brillant, ça je peux le dire, mais ça n'avait rien à voir avec ton intellect, Sherlock. Et personne ne peut être aussi intelligent que toi. Personne ne peut être comme toi. Et-'' John hésita une seconde. ''Et il n'y avait aucun signe qu'il aurait été obsédé ni même émotionnellement impliqué avec moi.''
Sherlock émit un 'mmh' évasif, son cerveau toujours lancé à plein régime.
''Pendant combien de temps t'a-t-il écrit ?''
''Quelques mois, euh, ça a commencé peut-être trois ou quatre mois avant ce Noël où toi et moi on s'est rencontrés.''
''Hmm, plutôt longtemps, donc.''
''Oui, tu peux dire ça.''
''A quelle fréquence ?''
''D'abord, une lettre par mois pendant quelques mois, puis ça a augmenté.'' John fronça les sourcils, essayant de se souvenir. ''Je ne suis pas certain, mais c'était peut-être deux lettres par mois. Parfois plus. Mes potes étaient invivables, à propos de toutes ces lettres que je recevais.'' John eut un petit rire à ce souvenir, malgré lui.
Sherlock lui adressa un regard oblique. ''Tu as dit qu'il était en rehab. Toxico ? Et comment la correspondance s'est-elle mise en place ?''
''Je ne lui ai jamais demandé la raison de son séjour et il n'a jamais cherché à m'en parler. C'était un genre de programme de communication pour que les patients écrivent à un soldat déployé. A vrai dire, je ne sais pas grand chose de lui, je n'étais pas très curieux, tu sais. Mais il avait l'air plutôt intéressé par ma vie.''
''A quel point ?'' Sherlock se tourna pleinement vers lui. ''Quel genre de choses voulait-il savoir ?'' Sa voix se fit distante, comme s'il se parlait lui-même. ''Il rassemblait des informations, clairement. Les estimait et les utilisait.'' Ses yeux firent le point sur John, à nouveau. ''De quoi parliez vous, tous les deux ?''
John était vraiment, vraiment embrouillé en cet instant. Il savait que Sherlock connectait entre eux des points pour créer une image. Mais il ne parvenait même pas à voir ces points, encore moins l'image, ce qui le rendait perplexe et frustré. ''Je- Nous... euh... On parlait de ce qui se passait dans nos vies, de nos corvées quotidiennes, des trucs ennuyeux. Il me posait souvent des questions à propos de ma famille, ma maison, comment j'avais grandi, ce que j'aimais ou non. Ou même mes premiers jours dans l'Armée. Nous avons même parlé de toi quelques fois.''
''De moi ? Tu as parlé de moi avec un étranger ?''
''Euh... Tu vois, j'étais un peu déprimé et très affecté, après qu'on s'est rencontrés ; j'ai attendu longtemps l'arrivée de ta première lettre. Je voulais – j'avais besoin de – quelqu'un à qui parler. Rien d'explicite, hein, mais des choses que je ressentais. Parler de ce type de sujets avec Robbie et les autres était juste hors de question pour des raisons évidentes et, à ce moment-là, un étranger sans visage semblait la meilleure option disponible. C'était facile d'ouvrir mon cœur quand je ne connaissais pas la personne en face.''
Le sillon entre les sourcils de Sherlock se creusa encore, annonçant un renfrognement vicieux. ''Tu lui as parlé de nous ? Tu lu as ouvert ton cœur ?''' cracha-t-il.
''Non ! Non non non, ce n'était pas comme ça. Je lui ai seulement dit comme tu étais brillant et comme tu m'intriguais. Et que... que tu me manquais. S'il te plaît, il faut que tu te rendes compte que je ne savais même pas si j'entendrais parler de toi à nouveau, à ce moment-là.''
''Mais tu lui as donné assez d'informations pour que les événements soient ce qu'ils sont aujourd'hui.''
John parut contrit. Il n'avait rien fait de mal mais, eh bien, il n'aurait pas dû bavarder de cette façon avec un étranger, comme Sherlock l'avait fait remarquer. Gamin ou non.
''Tu as toujours ses lettres ?''
''Non, je n'ai que les tiennes. Je ne les ai pas retrouvées, après ma guérison.''
''Hm.''
Ils se tinrent là, dans un flottement désagréable, évitant le regard de l'autre. Enfin, Sherlock brisa le silence.
''John ?''
''Oui ?''
''Est-ce que- Est-ce que tu étais aussi proche de lui ? Pas sentimentalement, bien sûr, je l'ai bien déduit... mais était-il, lui aussi, ton meilleur ami ?''
John regarda le visage de Sherlock et se détourna de lui. Bordel, il était tellement beau.
''J'ai eu un meilleur ami. C'est toujours le cas. Et c'est toi, Sherlock Holmes. N'en doute jamais. Oui, j'aimais bien parler à ce gamin. Il était vif, énergique. Mais je ne m'étais pas attaché à lui, sentimentalement ou autre. Je ne me suis jamais autorisé à m'attacher à quelqu'un en dehors de l'Armée.''
''Mais tu l'as fait pour moi.''
''Depuis quand est-ce que tu suis les règles ? J'étais destiné à les briser pour toi. J'étais amoureux, après tout.''
Sherlock, qui le regardait à présent avec intensité, se pencha un peu plus en avant. ''Déjà ?''
''Toujours.'' Et John combla le vide qui les séparait encore pour embrasser cet homme magnifique. Son meilleur ami, son amant. Son Sherlock. Son chez-lui.
Le baiser fut tendre, indolent et plein de promesses et de nostalgie.
Mettant fin à l'étreinte, ils restèrent ainsi, John enveloppant Sherlock par derrière, son menton reposant contre l'épaule osseuse. Les grandes mains de Sherlock couvrant les siennes.
''Je te l'avais dit, John, n'est-ce pas, qu'il y aurait toujours quelqu'un quelque part, prêt à te prendre à moi ?''
''Tu le laisserais faire ? Sans te battre ?''
''Bien sûr que non !'' Le dédain était évident dans sa voix. ''Mais que se passera-t-il s'il se montre plus rusé que moi ? Si je te déçois, John ?''
''Personne ne peut surpasser ton intelligence, Sherlock. Tu es la personne la plus intelligente que je connaisse.''
''Ne sous-estime pas quelqu'un qui t'a pisté sur la seule motivation de quelques lettres. Et ne considère pas les personnes obsédées avec légèreté.''
''Je ne compte pas le sous-estimer, mais il doit avoir des personnes avec beaucoup de pouvoir à sa disposition. Je veux dire, c'est juste un ado, après tout.''
Sherlock renifla. ''J'ai résolu ma première affaire de meurtre quand j'avais huit ans.''
John rit, le son étouffé par le cou de Sherlock contre lequel il pressait ses lèvres. ''Une fois encore, il n'est pas toi.''
Ils se firent à nouveau silencieux.
''John ?'' La voix de Sherlock sembla calme, sombre. ''Parviens-tu à voir la toile qui se forme autour de nous ?''
John, déjà alerté par son ton, demanda avec un sérieux égal : ''Une toile ?''
''Oui, une toile. Une toile croissant rapidement. Les snipers, le vol au MI6, la bombe aujourd'hui et le retour de Richard Brooke. Tous ces points sont ceux qui connectent la toile.''
''Quoi ? Mais- Ça a l'air assez tiré par les cheveux, non ?''
''Non, ça ne l'est pas. Tu ne vois pas, John, c'était toi, toujours toi.''
''Moi ?'' John essaya de démêler ses membres de ceux de son compagnon pour regarder son visage ; il était profondément troublé. Mais Sherlock l'en empêcha. Il ne serra que plus son étreinte sur ses mains. John cessa ses tentatives et l'enveloppa plus fermement. ''Qu'est-ce que ça a à voir avec moi ?''
''Chez Milverton, ces snipers étaient là pour toi ; les tirs ont commencé au moment où Milverton a ordonné à tes hommes de te tuer. Le piratage de la CCTV, c'était pour te pister toi. La bombe de ce matin a explosé juste au moment où tu allais quitter le pays. Le bouquet a été livré quelques minutes après notre départ. L'expéditeur savait que nous reviendrions rapidement. Tout était planifié, John. Depuis le début. Mon arrogance m'a aveuglé, plus tôt, m'a empêcher de le voir,'' grinça Sherlock. ''Ce Richard Brooke est le point central de cette toile.''
''Il pourrait être une autre proie. Juste coincé dans le réseau, d'une façon ou d'une autre,'' suggéra John.
Le plus grand des deux hommes tourna la tête sur le côté et dit par-dessus son épaule : ''Ou peut-être en est-il l'araignée.''
John était figé, derrière lui. Les engrenages tournaient sous son crâne. Essayant toujours de nier les implications, de donner du sens à cette étrange situation. Pourquoi qui que ce soit ferait tant pour chercher à l'atteindre ? La seule personne à laquelle il pouvait penser qui aurait été capable de faire ça était actuellement dans ses bras. Alors qui ? Et...
''Mais quel est le rapport avec le vol au MI6 ? C'était pourquoi ? Je suis sûr que ce n'est absolument pas connecté à moi, pour le coup.''
''C'est là l'un des points que je ne parviens pas à relier aux autres. Il me manque quelque chose. Il y a quelque chose que je survole sans voir. J'ai besoin de plus de données. Plus de clarté. J'ai besoin de mieux voir, John, j'ai besoin de résoudre ça. Je ne peux pas te perdre. Toi- ça, ce besoin paralysant de toi, cette codépendance... Je la déteste, je déteste tellement ça. Et pourtant je ne désire rien plus que ça. Plus que la vie elle-même. Je peux voir pourquoi il veut te prendre. Mais je ne le laisserai pas faire, John. Je ne peux pas, je ne peux pas. Je t'aime et je ne le laisserai jamais et il y aura- il y aur-''
''Chhh, chh, chh.'' John posa ses mains sur le torse de Sherlock et le fit basculer légèrement vers l'arrière pour les presser plus profondément l'un contre l'autre. Il ne pouvait pas laisser Sherlock se montrer si misérable, en cet instant. Si les suppositions de Sherlock étaient correctes, il leur fallait garder leur calme maintenant plus que jamais. Il devait ancrer Sherlock dans la réalité. ''Je t'aime, je t'aime plus que tu ne peux l'imaginer. Et je n'ai aucun doute que tu ne le laisseras pas me prendre à toi. Je ne le laisserai pas faire. Sherlock, écoute-moi.'' Il embrassa son oreille. ''Il ne faut pas sauter aux conclusions dès maintenant. Je ne dis pas que tu as tort mais il y a d'autre variables qui doivent être prises en considération. Et pour ça, nous devons être au mieux de notre forme, hein ? On peut pas se permettre de se laisser déstabiliser maintenant. Je suis ici, avec toi, je serai toujours là avec toi. Je ne vais pas partir. On s'aime, Sherlock. Je ne survivrai pas à un jour sans toi, Love.''
''J'ai peur, John,'' murmura Sherlock.
Si ce constat honnête, quoique brutal, avait surpris John, il ne le montra pas. A la place, il embrassa l'oreille de Sherlock une nouvelle fois et lui demanda de façon décontractée : ''De quoi, exactement ?''
''De te perdre. De ne pas être capable de te sauver.''
John s'écarta et tendit le cou pour établir un contact visuel ; Sherlock se retourna légèrement pour faire pareil.
''Je n'ai pas besoin d'être sauvé, Sherlock. Ce dont j'ai besoin, c'est que tu me fasses confiance quand je te dis que tu ne me perdras jamais.''
''Tu ne peux pas me promettre ça.''
''Si, je peux.''
''Non.''
''Est-ce que tu crois au 'pour toujours', Love ?'' demanda John d'un ton sérieux.
''Non.''
''Alors pourquoi tu as peur ?''
''Parce que je voudrais y croire ! Pour nous.'' Sherlock avait l'air franchement frustré. Ça brisait le cœur de John, mais ce n'était pas l'heure de se montrer émotionnel. Il toucha le menton de son amant avec ses lèvres.
''Tu peux me promettre 'pour toujours', Sherlock ?''
Sherlock pensa pendant un moment, puis, logique comme il l'était toujours, déclara honnêtement : ''Non, je ne peux pas, malheureusement.''
Un léger frottement de lèvres : ''Dans ce cas, peux-tu me promettre d'essayer fort d'atteindre ce 'pour toujours' ?''
Les yeux de Sherlock se durcirent immédiatement, déterminés, et il répondit : ''Oui, je peux faire ça, et je t'en fais la promesse.''
''Bien. Dans ce cas je te promets la même chose. Je te promets d'essayer d'être avec toi pour toujours, peu importent les circonstances. Même quand tu mettras des globes oculaires dans nos tasses de thé. Ce sera toujours toi et moi, Sherlock. Toujours.'' Et il embrassa l'homme qui avait volé son cœur des mois auparavant et ne l'avait jamais rendu. Sale môme.
Sherlock le regarda avec un visage franc et à vif. ''Pour toujours ?''
''Toujours.'' John scella leurs lèvres dans un nouveau baiser qui dura plusieurs minutes.
Ils se tinrent là, pressés l'un contre l'autre. Enveloppés l'un dans l'autre. Amoureux fou de l'autre. Ils n'étaient pas naïfs. Ils savaient qu'une tempête se préparait ; ils auraient encore de nombreux obstacles qui se présenteraient à eux. Mais ils savaient également que, tant qu'ils seraient ensemble, ils pourraient faire face à tout, tout surpasser. Ils étaient fait l'un pour l'autre, après tout.
''Devrions-nous laisser la partie commencer, John ?''
''Oh que oui ! J'ai hâte.''
''Ça pourrait être dangereux.''
''Je n'en attendais pas moins.''
''Nous deux.''
''Contre le reste du monde.''
''Et Mycroft.''
''Et Mycroft.''
Ils s'écartèrent de la fenêtre et s'assirent chacun dans son fauteuil :une voiture noire venait de s'arrêter devant le 221B, Baker Street.
A l'heure pour une nouvelle aventure.
O-O-O
Fin... Pour l'instant
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Coucou les gens.
Ok, je vais commencer par laisser la parole à Abbey parce que c'est son histoire et parce qu'elle a des choses à vous dire. Comme d'hab', la version originale pour les anglophones parmi vous, puis la traduction juste en dessous pour les autres :
"Hey guys, This is it. The end of an adventure... Or maybe the beginning of another one? Who knows.
I still remember the day Kiddo asked me if she could translate this trilogy. I was so excited but was worried too. I was anxious about how the French readers would react to this. Then she began to publish the chapters and the responses overwhelmed me. I never thought this series would receive so much love and support. It was my first attempt into writing fiction and you guys made this journey an epic memory. I cannot express how utterly in love I am with all of you.
I wish my knowledge in French were better so that I could thank each of you personally. But there is no bound of Kiddo's kindness as she has never failed to translate your lovely reviews to me and convey my thanks to you. It's because of her I came to know all you wonderful people. Her flawless skill made these stories a success among you. I thank you, my Kiddo and I thank you whoever is reading this from the core of my heart. I am sad as I'm gonna miss you who used to leave reviews regularly. I'm gonna miss the love you bestowed upon our two boys. So, goodbye, my friends. We may or may not meet again but your positive words will always help me to write on. Love you. God bless you.
Abbey"
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Version française :
"Salut les gens, On y est. La fin d'une aventure... Ou peut-être le commencement d'une nouvelle ? Qui sait.
Je me souviens encore du jour où Kiddo m'a demandé si elle pouvait traduire cette trilogie. J'étais si excitée mais inquiète, aussi. J'appréhendais l'accueil des lecteurs français pour cette histoire. Puis elle a commencé à publier les chapitres et les réponses m'ont bouleversée. Je n'aurais jamais pensé qu'une telle série recevrait tant d'amour et de soutien. C'était mon premier essai d'écriture d'une fiction, et vous avez fait de ce voyage un souvenir épique. Je ne peux pas vous dire à quel point je vous aime, tous.
Je souhaiterais en savoir assez en Français pour pouvoir tous vous remercier personnellement. Mais il n'y a pas de limite à la gentillesse de Kiddo, puisqu'elle n'a jamais cessé de traduire vos adorables reviews pour moi et vous transmettre mes remerciements. C'est grâce à elle que j'ai pu faire connaissance avec tant de personnes fantastiques. Son talent sans faille a fait de ces histoires un succès auprès de vous. Je te remercie, ma Kiddo et je vous remercie, vous, qui que vous soyez, qui lisez ce texte qui vient du fond de mon coeur. Je suis triste, parce que vous allez tous me manquer, vous qui m'avez laissé des reviews régulièrement. L'amour que vous avez accordé à nos deux garçons va me manquer. Alors au revoir, mes amis. On se croisera peut-être à nouveau, ou peut-être pas, mais vos paroles positives m'aideront pour toujours à continuer à écrire. Je vous aime. Je vous souhaite tout le bonheur du monde.
Abbey"
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Et puis moi maintenant...
Je sais honnêtement pas quoi vous dire, en fait. Vraiment. Déjà parce qu'Abbey m'ôte les mots de la bouche, damned. Et puis surtout parce qu'il y a pas de mot, en fait, je crois. Déjà je suis triste d'arriver à la fin de ce voyage, moi aussi, qui aura duré sur toute mon année universitaire, pas la plus facile sur plein de fronts, et que vos reviews sur cette histoire notamment ont été un soutien indescriptible. A l'heure où je vous parle, il y a 114 reviews sur cette histoire et... c'est juste formidable :)
Ensuite, parce que grâce à cette histoire j'ai rencontré des gens absolument formidables, que ce soit à travers des échanges de reviews ou autre, et que votre soutien indéfectible ici puis, pour une bonne partie d'entre vous, sur mes propres écrits, ont aussi été formidables et très, très appréciés. Non, je ne me répète pas, c'est faux ;) C'est parce que je le pense très fort :P
Bref bref. Je vais m'arrêter là parce que c'est pas pour ça que vous êtes là en vrai, pis que je ne suis que l'humble traductrice donc je devrais même pas faire des tartines comme ça et simplement résumer à : MERCI.
Des bisous ! Et à tout vite pour une autre traduction ! (et non, je ne vous abandonne pas ici :p )
Nauss
