Il n'y eut pas de coming out grandiloquent, de larmes ou de harcèlement mais progressivement, la rumeur se répandit. Tout le monde n'était pas au courant bien sûr, loin de là, mais ceux qui fréquentaient Asahi et Nishinoya se passèrent le mot à mi-voix sans en faire part aux intéressés, trop discrets pour ça... Il n'y avait que Tanaka qui faisait des comptes rendus fréquents à Noya de ce qui se disait. Il avait failli taper des gars qui s'étaient moqués de son ami d'ailleurs. Il n'aurait pas dû et Noya culpabilisait d'autant plus qu'il le voyait moins souvent. Mais comme il ne pouvait pas s'afficher avec Asahi en journée mais qu'il le voyait quand même à l'entraînement, en mouvement, son corps exposé, sa frustration atteignait des sommets galactiques. Alors, chaque soir, après l'entraînement, il rejoignait Asahi et lui proposait de rentrer avec lui ce qui signifiait en réalité passer chez lui et s'embrasser dans la chambre. Il ne trainait plus trop avec Tanaka.

Celui-ci ne se plaignait pas. Noya se demandait s'il devait s'excuser mais au fond, il réalisait que ça ne servait à rien et que Tanaka le comprenait. On avait beau les prendre tous les deux pour des crétins immatures, Noya trouvait parfois qu'ils se comportaient de façon bien plus adultes que d'autres.

Avec Asahi, ils sentaient vaguement quelques regards les suivre quand ils se trouvaient tous deux en public mais ça n'arrivait pas si souvent... pas les regards, de se retrouver en public. Sans doute parce que ça rendait Asahi nerveux et puis, Noya avait appris à se contenter de ce qu'ils faisaient dans l'intimité. Rien de sexuel depuis la dernière fois mais ils développaient une intimité tendre, une échappatoire, un cocon... C'était très niais parce que c'était Asahi. Si Noya s'était écouté ils auraient passé leur temps à faire des trucs mais bon. C'était agréable. Ça valait le coup d'être regardé de travers par quelques idiots. Sa mère lui avait dit que ce serait dur quand ils en avaient discuté :

« Est-ce que tu es homosexuel ? lui avait-elle demandé posément après lui avoir reproché le bruit et suggéré l'usage de capotes.

- Je sais pas mais j'aime Asahi, avait répondu Noya avec franchise. »

Sa mère et lui étaient plutôt francs l'un envers l'autre. Ils avaient le même genre d'humour aussi, ça aidait à faire passer ces moments-là.

« D'accord. Vous êtes jeunes et il n'y a pas de quoi tirer des plans sur la comète mais je vais être franche avec toi, avait-elle soupiré, si ça dure entre vous ou si tu continues à aimer des garçons, ce sera vraiment compliqué. Tu saisis ? Je ne pourrai pas en parler à tes grands-parents, tu ne pourras pas le dire au travail...

- Les gars de l'équipe le savent et ils s'en fichent, avait argué Noya qui n'avait pas envie de penser à ça.

- Tu as de la chance...

- C'est eux qui ont de la chance de m'avoir. »

Elle avait souri et hoché la tête.

« C'est vrai mais tu comprends ce que je veux dire ?

- Oui, avait soupiré Noya, mais j'ai pas envie de penser à ça. »

Elle avait tenté de dégager les cheveux de son front mais il s'était écarté. Il n'était plus un enfant.

« Que ce soit un garçon c'est pas le seul problème tu sais ! C'est même pas le problème. Il flippe pour rien et si j'assurais pas ses arrières... Enfin...

- S'il t'ennuie à ce point qu'est-ce qu'il t'apporte ce garçon ? A part qu'il est vraiment bien de sa personne ce dont il a l'air parfaitement inconscient.

- Tu veux que je rompe avec lui ?

- Non. Tu fais ce que tu veux Yuu, ça te regarde. Mais permets-moi de m'inquiéter pour toi.

- Je ne te le permets pas ! Ça m'énerve que tu t'inquiètes !

- Je le ferai quand même chéri. Mais tu as parfaitement le droit d'être énervé contre moi à ce sujet. »

Qu'elle était irritante avec ce calme parfait, toujours... Noya l'avait néanmoins laissé passer sa main dans ses cheveux cette fois.

« Il en vaut la peine tu sais, avait dit Noya quand il avait entendu l'eau de la douche s'arrêter de couler ce qui indiquait qu'Asahi avait fini, il est vraiment bon sur le terrain... tellement fort. Et même s'il se laisse submerger et que c'est un lâcheur, il est vraiment gentil...

- C'est ce qu'on dit des idiots.

- Il a de meilleures notes que moi !

- Ce qui ne veut rien dire. Envoie-le moi, je vais lui faire passer un entretien. »

Noya ne savait pas ce que sa mère avait dit à Asahi mais ce qui comptait, c'est qu'elle ne trouvait rien à redire au fait qu'il vienne chez lui chaque soir après l'entraînement. C'était suffisant.

Pour ce qui était de leur relation, personne ne leur en parla en face jusqu'à ce que la rumeur parvienne aux oreilles d'un être encore plus bruyant et énergique que Noya (ça existait) Shoyo Hinata en personne. Et comme il ne faisait jamais un pas sans Kageyama, ce dernier découvrit la situation avec lui (des bavardages de vestiaires sûrement) et l'accompagna, sans avoir l'air d'y toucher, pour tirer les choses au clair avec le libero de l'équipe. Quand ils se présentèrent à Noya, ils étaient aussi flanqués de Yachi qui paraissait complètement mortifiée. Il les entendit discuter à la porte de sa classe alors qu'il s'apprêtait lui-même à sortir pour s'acheter un truc à manger.

« Mais enfin ça les regarde, on ne devrait pas s'immiscer comme ça dans leur intimité, disait Yachi.

- Je veux en avoir le cœur net ! S'écria Hinata, tout le monde en parle mais je n'y croirai pas tant qu'il ne me l'aura pas dit en face.

- Mais il n'a pas à te répondre. C'est privé... Tu vas juste le plonger dans l'embarras. Kageyama !

- Quoi ?

- Dis-lui, toi, que c'est le meilleur moyen pour se brouiller avec Nishinoya !

- Je suis pas sa mère il fait bien ce qu'il veut hors du terrain, grommela Kageyama.

- Ca c'est parce que lui aussi il veut savoir, glissa Hinata à Yachi.

- Pas du tout ! s'offusqua Kageyama sans pour autant y opposer de contre-argument crédible. »

Noya hésitait. Il ne savait pas trop quoi faire et plus il tentait d'y réfléchir, moins il y voyait clair. Ca faisait juste une semaine qu'Asahi et lui s'étaient, disons, stabilisés. Il n'avait pas eu le temps de penser à ce que diraient les secondes de l'équipe qui n'avaient pas été mis au parfum par Ennoshita et ses doutes, Tanaka et son indiscrétion ou Sugawara et ses sermons. Yachi avait raison d'ailleurs. En quoi ça les regardait ? Qu'est-ce que ça pouvait faire ? Il soupira et alla se rasseoir à sa place, attendant la sonnerie ou qu'Hinata finisse par entrer dans la salle. Il n'avait pas envie d'aller au devant d'une discussion. Il n'avait aucune idée de ce que son disciple penserait de la situation et il devait admettre que ça l'inquiétait un peu. Voilà qui était inhabituel. Il était plutôt du genre à se ficher du regard des autres et il le vivait très bien. Seulement, à force de s'inquiéter dudit regard parce qu'il savait qu'il mettait Asahi mal à l'aise, il avait fini par se faire contaminer par son anxiété.

Non... il devait être honnête avec lui-même. Ce n'était pas ça le problème en vérité. Le problème c'était qu'il n'avait pas envie de décevoir son disciple et il était presque sûr que son attirance pour quelqu'un du même sexe risquait de produire cet effet.

C'était tellement compliqué. Heureusement pour lui, la sonnerie retentit avant qu'Hinata ne puisse entrer dans la salle. Ca lui laissait un délai supplémentaire. A midi, il vérifia que la voie soit libre (pas de Shoya en vue) et se mit en quête d'une personne à qui parler. Tanaka n'était peut-être pas idéal. Sugawara serait certainement plus fiable pour ce genre de situation. Il se dirigea donc vers les classes des terminales. La première personne qu'il croisa se trouva cependant être Asahi.

C'était loin d'être idéal. S'il lui faisait part de ce qui le tracassait, ça le paniquerait certainement encore plus que lui et Noya ne tenait pas à paniquer Asahi. Même si ce dernier montrait de plus en plus de bonne volonté dans leur relation, Noya craignait encore qu'il ne lui file entre les doigts. Il détestait la situation d'incertitude dans laquelle il était plongé pour sa part mais contrairement à Asahi, il savait gérer son stress et il aimait les défis.

Bon, il ne lui parlerait pas d'Hinata... mais il ne crachait pas sur une opportunité de passer un peu de temps avec le pointu de l'équipe...en toute innocence.

« Tu es libre ? lui demanda-t-il sans le saluer, on déjeune ensemble ?

- Ah... heu... oui, bien sûr. »

Toujours ses balbutiements énervants mais Noya saisissait la subtile nuance de volonté dans le « bien sûr. » Il suivit Asahi qui allait chercher ses affaires dans sa salle de classe et l'attendit sur le pas de la porte, faisant fi des regards intrigués des autres élèves. Il y était habitué, aux regards. Des rumeurs avaient toujours circulé sur lui et Asahi, que ça concerne leur homosexualité ou leur implication dans des affaires de gangs.

Asahi le suivit en silence tandis qu'il descendait les escaliers. Il faisait vraiment beau, autant s'installer dehors. Pas trop près du gymnase néanmoins, Hinata serait sans doute déjà là. Noya en était là dans ses réflexions quand il sentit Asahi le tirer par le bras sous la cage d'escalier. Au rez-de-chaussée, elle formait une sorte d'alcôve qui donnait un semblant d'intimité aux couples les plus aventureux de l'établissement. C'était souvent pris mais ils étaient manifestement les premiers sur le coup cette fois là. Noya n'y avait même pas réfléchi mais il n'eut pas à se forcer quand Asahi l'attira contre lui et l'étreignit avec fougue.

« Tu m'as attiré dans un guet-apens, murmura Noya en passant ses bras sous sa chemise pour caresser son dos.

- Je pensais que c'était l'inverse, chuchota Asahi, je pensais que tu avais fait exprès de prendre ce trajet... enfin... »

Ils entrecoupèrent leurs paroles de baisers pressés. Noya savait apprécier ce genre d'initiative.

« Donc tu es au courant des endroits ou on fait ce genre de choses. T'es moins prude que t'en as l'air, fit Noya.

- J'ai déjà eu... des copines, fin tu sais... je disais oui comme ça et après elles rompaient parce que... enfin fais pas cette tête.

- J'oublie toujours que je ne suis pas le seul à voir que tu es beau, maugréa Noya, mais attends, tu m'avais dit que t'avais jamais embrassé personne avant moi.

- C'est le cas.

- Alors qu'est-ce que tu faisais avec tes copines ?

- Je... c'est... »

Asahi grimaça mais Noya ne le lâcha pas du regard. Finalement, il admit :

« Elles s'attendaient à ce que je prenne l'initiative je crois et c'était extrêmement gênant parce que je ne savais pas quoi faire.

- Tu n'es jamais sorti avec une fille entreprenante ?

- Elles ne cherchaient pas quelqu'un avec qui elles devraient être entreprenantes en sortant avec moi... je crois. »

C'est vrai qu'Asahi ne donnaient pas du tout l'impression de prime abord d'être le nigaud craintif qu'il se révélait en réalité. Noya était cependant très étonné qu'aucune fille ne lui ait sauté dessus et qu'il ait ainsi préservé son innocence labiale aussi longtemps. Pour sa part, il n'aurait pas pu se retenir. Asahi était la personne la plus attirante du monde.

C'était peut-être ça qui était le plus inquiétant en fait.

« Et quand tu disais qu'il n'y avait pas de risque qu'une fille gentille et mignonne te fasse une déclaration... en fait c'est déjà arrivé, dit-il.

- Bah... plus ou moins, mais quand est-ce que je t'ai dit qu'il n'y avait pas de risque que ça arrive ?

- Quand on a fixé les règles, expliqua Noya, je t'ai dit que je préférais que tu ne fasses pas de trucs avec d'autres gens... enfin... sans m'en parler... même si une fille mignonne et gentille te faisait une déclaration... tu m'as dit qu'il n'y avait pas de risque... Je pensais que... enfin c'est pas que je pense pas que ce soit possible que tu plaises mais...

- T'as pas bien compris ce que j'ai dit je crois, dit Asahi avec un sourire.

- Ah bon ? Qu'est-ce que je n'ai pas compris ?

- Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas de risque pour que je fasse des trucs avec d'autres gens parce que... »

Il avait pris son visage entre ses grandes mains et l'embrassa avec fougue. Ils allèrent au bout de leur souffle.

« Parce que ? demanda Noya, haletant.

- Parce que c'est toi que je préfère. »

Noya le fixa avec surprise et Asahi détourna les yeux en souriant d'un air embarrassé. C'était adorable. Il se jeta contre son torse, enfouissant son visage dans les plis de sa chemise.

« Ça va ? demanda Asahi.

- C'est beaucoup trop guimauve pour moi je vais vomir, fit Noya d'une voix étouffé.

- Ça te gêne ? Excuse-moi ! Tu avais l'air inquiet alors je me suis dit que ça te rassurerait peut-être mais peut-être que ce n'est pas ce que tu voulais entendre ? Auquel cas excuse-moi.

- Non... tu as été franc, c'est admirable ! Voilà un comportement digne d'un champion ! »

Il l'attira par le col pour un dernier baiser avant de ressortir de leur cachette. Il y avait du monde dans les escaliers à cette heure-ci et il croisa bien quelques regards perplexes ou irrités mais il n'en avait cure. S'il s'était écouté, il aurait pris Asahi par la main d'ailleurs mais ce dernier semblait beaucoup plus tendu que dans l'intimité de leur cachette alors il n'insista pas. Sa déclaration, c'était déjà plus qu'il n'aurait pu l'espérer. Ils se déteignaient l'un sur l'autre. Asahi le rassurait maintenant après avoir passé son temps à fuir. Pile ce dont il avait besoin.

Il en aurait presque oublié le problème qui l'avait tourmenté plus tôt dans la matinée et qui revint le frapper de plein fouet sous la forme d'un Hinata bondissant au travers de leur route alors qu'ils cherchaient un coin d'herbe où s'installer.

« Maître Noya ! s'écria-t-il avec une déférence spontanée, j'ai une question.

- Non il n'a pas de question ! s'écria Yachi qui lui courait après (il avait manifestement échappé à sa surveillance un bref instant et sa rapidité avait fait le reste)

- Si il en a une ! hurla Kageyama qui le suivait, une brique de lait parfumé serrée dans le poing. »

Noya jeta un regard à Asahi qui observait Hinata d'un air incertain. Le petit jeune homme trépignait, vaguement hésitant.

« La question s'adresse aussi à toi en fait, dit Hinata en désignant Asahi.

- Non ! beugla Yachi qui dut s'arrêter brutalement dans sa course, saisie par un violent point de côté. »

Kageyama, peu charitable, la dépassa à grande foulée et vint se poster à côté d'Hinata, l'air de rien. Hinata inspira :

« Vous deux, lança-t-il en les pointant du doigt, il paraît que vous sortez ensemble ! C'est vrai ? »

Avant que Nishinoya ait pu réfléchir à une réponse, Asahi avait très naturellement répondu :

« Oui. »

Tous les regards convergèrent aussitôt vers lui. Noya était submergé par la confusion. Comme ils semblaient en phase ces temps-ci, ce sentiment se transmit aussitôt à Asahi qui bafouilla des excuses :

« Ah pardon ! J'ai gaffé ! Je croyais qu'on avait dit qu'on disait la vérité si on nous demandait mais j'ai dû me tromper c'est pas ça ?

- Si, c'est ça, articula Noya.

- Donc, reprit Hinata, tu sors avec notre pointu...

- Hunhun, fit Noya en hochant la tête avec anxiété. »

Le visage d'Hinata sembla s'illuminer, traversé par un sourire fulgurant.

« C'est trop classe ! s'écria-t-il.

Ah ouais ? Si Noya s'était attendu à ça. Asahi, les sourcils froncés et les yeux écarquillés, était encore plus perdu que lui. « Trop classe » ? Vraiment ?

« Tu sais ce que signifie « sortir avec quelqu'un » ? demanda Kageyama à Hinata dont la réaction le laissait manifestement aussi perplexe que ses aînés.

- Évidemment que je sais ! rétorqua Hinata avec agacement, mais quand t'y réfléchis, ce sera très pratique sur le terrain parce que du coup, le fait que vous soyez ensemble... ça vous fera un genre de... synchronicitude...

- Synchronicité, grimaça Yachi qui était enfin parvenue à leur niveau et reprenait péniblement son souffle, pliée en deux.

- Ouais de synchronicité ! Un truc comme ça ! Et du coup vous jouerez de façon encore plus coordonnée.

- Et d'où ça viendrait cette « synchronicité » ? demanda Kageyama, guère convaincu.

- Tu veux que Yachi te fasse un dessin ? demanda Hinata, tu sais pourtant ce que ça veut dire « sortir ensemble ». »

Yachi et Kageyama rougirent de concert. Hinata ne sembla pas le remarquer.

« Oh ! Mais faut surtout pas que vous vous disputiez ! reprit-il, ceci dit, même si vous ne sortiez pas ensemble faudrait pas... à cause de l'équipe...

- Exact, renchérit Kageyama en hochant gravement la tête avant d'inspirer une gorgée de lait à la paille.

- On va essayer, fit Noya, un peu rasséréné par l'attitude d'Hinata, je lui botterai les fesses s'il essaie encore de se défiler.

- Je ne le ferai pas, assura Asahi. »

Il pouvait être vraiment classe quand il s'y mettait. Hinata souriait béatement face à lui et même Kageyama sembla un instant décontenancée par cette attitude étonnement ferme et digne de la part de leur pointu.

« Si je puis me permettre, vous allez vous mettre en retard à l'entraînement, dit alors Yachi, de fait... vous feriez bien de...

- C'est vrai ! Il faut y aller ! Prem's ! s'écria Hinata qui se lança alors dans une course jusqu'au gymnase avec Kageyama. »

Yachi les suivit du regard, poussa un soupir las, puis se tourna vers Noya et Asahi et s'inclina respectueusement :

« Veuillez les excuser.

- C'est pas ta faute, dit Asahi en se massant le cou d'un air embarrassé.

- Ouais, pas de souci, renchérit Noya.

- D'accord... bien je... du coup on se voit dans pas longtemps de toute façon. Tout de suite en fait... mais je vais vous laisser parce qu'il faut que je... vois Kiyoko pour... voilà. Veuillez m'excuser. »

Et elle s'empressa de filer à son tour en se tenant douloureusement la hanche, visiblement toujours en proie aux affres du point de côté. Elle semblait plus gênée qu'eux encore par la situation. Globalement, Noya avait l'impression d'avoir plutôt bien intégré le fait qu'Asahi et lui soient amoureux. Bon, c'était plutôt facile parce que c'était réciproque et que ce n'était qu'une seule personne. S'il s'était mis d'un coup à fantasmer sur toute son équipe, il se serait posé plus de question mais en l'occurrence ça allait. Son admiration s'était juste transformée en autre chose. Il n'avait pas de problème avec ça. Le souci ce n'était pas eux, en fait, c'était l'effet que ça faisait aux autres.

« Yachi avait l'air gêné, soupira Asahi.

- C'était l'attitude d'Hinata qui l'embarrassait, pas nous, assura Noya sans en être certain pour autant.

- Tu penses ? En tous cas, lui l'a bien pris.

- Oui... j'ai un peu l'impression d'avoir présenté mon nouveau partenaire à un fils issu d'un premier mariage, débita Noya, en gros... j'ai de la chance que ma progéniture soit si simple d'esprit...

- Hein ? Tu m'avais caché la nature de vos liens ! Et qui est sa mère ? fit mine de s'indigner Asahi.

- Kiyoko évidemment, répondit Noya, je me demande comment elle réagira, elle, si je lui dis pour nous. Elle fera mine d'y être indifférente mais elle est si pure et vertueuse qu'elle se réjouira intérieurement de mon bonheur...

- Wow... tu vas loin, lâcha Asahi.

- Faut pas m'encourager, répliqua Noya en lui donnant un coup dans le ventre. »

Asahi attrapa sa main. Leurs regards se croisèrent et Noya se sentit aussitôt rougir. Ce qu'il se sentait prude avec lui. Asahi lâcha sa main et détourna les yeux mais Noya la reprit dans la sienne.

« On n'est qu'à quelques mètres du gymnase et ils savent déjà de toute façon, dit-il.

- D'accord, dit Asahi. »

Il lui sourit et Noya eut très envie de l'embrasser mais il se retint. Il y avait quand même des limites à ne pas franchir. Hélas.


Asahi passait presque tous les jours chez Noya après l'entraînement. Il se disait que c'était parce que c'était le début et qu'ils n'étaient pas encore lassés l'un de l'autre. Il se disait que ça se calmerait vite et que de toute façon, les entraînements allaient s'intensifier, finir plus tard, les séparer. Il essayait de ne pas réfléchir mais il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il ne plaisait à Noya que momentanément et que ça finirait par se tasser, par s'éteindre et cette idée le rendait un peu triste. Mais en même temps, toute sa vie aurait été plus simple sans ça.

Plus simple mais moins... moins échevelée avec le cœur qui battait. Mais en même temps, s'il n'y avait pas eu ça, ça ne lui aurait pas manqué. C'était compliqué et simple à la fois. Ensemble, ils ne faisaient pas grand chose. Ils regardaient des vidéos, s'affalaient l'un sur l'autre, se tripotaient, mangeaient, se touchaient encore, se touchaient tout le temps. En fait, à deux, ils étaient incapables de faire preuve de mesure et restaient toujours en vague contact même quand ils essayaient de travailler (tentatives jamais très glorieuses). Dos à dos, doigts à doigt, le visage contre l'épaule, la main sur la cuisse, le pied contre le mollet, la tête sur les genoux, les bras autour de la taille, le nez dans les cheveux... C'était effrayant de constater à quel point ils étaient incapable de se rassasier l'un de l'autre, de se satisfaire même pour un temps. Asahi se demandait s'il en aurait été autrement si le monde avait été plus ouvert au toucher et que les gens avaient été plus familiers les uns envers les autres d'une manière générale. Certainement, si ça avait été le cas alors ces contacts n'auraient pas revêtu ce caractère intime et presque... sacré.

Quand Asahi repartait, il y avait une vingtaine de faux départs. Malgré la présence de la mère de Noya à l'étage inférieur ils s'embrassaient encore et encore et s'étreignaient et Noya ne le lâchaient pas et quand il le lâchait c'était Asahi qui ne voulait plus. Et quand Asahi passait sous la fenêtre de Noya il lui faisait signe à la fenêtre et Asahi ne répondait pas vraiment mais ça le faisait sourire et il gardait cette tête là jusque chez lui.

Ses sœurs finirent par s'étonner de ses détours perpétuels avant de rentrer et lui demandèrent un jour s'il avait une copine mais il nia car il savait qu'elles lui demanderaient de l'amener à la maison. Il n'était pas sûr de vouloir qu'elles sachent. Il avait fait la liste des pour et des contres une vingtaine de fois dans sa tête et une fois en vrai avec Suga. Il préférait ne pas le dire. Pour le moment.

Au fond il savait que ça ne poserait pas de problème à ses sœurs. Il était moins sûr pour ses parents. Ils ne seraient certainement pas aussi tranquilles que la mère de Noya avec l'idée de voir leur fils avec un garçon. Son père dirait que c'était une phase et peut-être même qu'il se mettrait à raconter des anecdotes embarrassantes sur sa jeunesse. Il avait ça une fois alors qu'Asahi commençait à se tripoter, qu'une de ses sœurs l'avait surpris et avait mis le sujet sur le tapis à table. Après le repas, il avait pris son fils à part et ça avait été affreux.

Pour l'un comme pour l'autre.

Il valait mieux ne pas troubler leurs tranquillités respectives et poursuivre paisiblement leurs vies dans l'ignorance réciproque de leurs vies sexuelles. Après tout, ce qu'avait entendu Asahi en passant devant la chambre parentale alors qu'il allait soulager sa vessie, c'était sûrement... le vent. De même, le garçon qu'il avait vu plonger de la fenêtre de ses sœurs alors que seule son aînée était à la maison, c'était sûrement... un camarade de révisions qui avait la phobie des escaliers.

Asahi vivait bien le déni. C'était une stratégie de défense comme une autre et parfois, il valait mieux l'adopter plutôt que de laisser s'accumuler les questionnements sans fin sur le reflet que lui renvoyaient les yeux des autres. Avec Noya, il s'enhardissait et s'oubliait parfois à un point inquiétant. Ce jour là, ils s'étaient pris la main en public. Bon, sur cent mètres à tout casser en se dirigeant vers des gens qui savaient pour eux et n'avaient pas de problème avec ça mais quand même. Il y avait eu des coups de coudes et des coups d'oeil parmi ceux qui n'étaient pas sûrs, des yeux au ciel (ça c'était Tsukishima), mais globalement, les réactions étaient restées discrètes. Malgré tout, ça avait un peu angoissé Asahi... bien malgré lui. Et sur le trajet qu'ils avaient fait jusqu'à la maison de Noya, il était resté un peu distant.

Noya avait laissé ses affaires en tas au rez-de-chaussée. Sans laisser le temps à Asahi d'enlever ses chaussures, il avait filé comme une flèche à l'étage. Quand Asahi l'avait rejoint, il était affalé sur son lit, les yeux clos. Il s'était douché mais pas changé après l'entraînement, arguant que son uniforme scolaire avait beau être cool, il était bien trop chaud. Le soleil frappait ses jambes nues dont l'une pendait dans le vide. Son petit visage était à demi enfoui dans son oreiller, ses cheveux épars raidis par le gel mais déjà emmêlé par la sueur. Il entrouvrit en œil et tendit mollement la main vers Asahi pour lui faire signe de le rejoindre. Il s'exécuta et vint s'allonger contre lui. Son lit était étroit. Il faisait trop chaud pour être proches mais ça n'empêcha pas Noya de tendre les bras pour l'étreindre. Il aimait s'agripper. Asahi se laissa faire mais n'accentua pas le contact. Après la douche, le trajet avait suffit à le rendre moite et il n'avait pas envie de lui imposer ça. Ils restèrent un moment ainsi. Asahi allait commencer à s'endormir mais Noya se redressa alors et crapahuta au bout du lit pour attraper l'ordinateur portable qu'il « empruntait » toujours à sa mère quand elle ne l'emmenait pas au travail. Il revint s'installer à côté d'Asahi au bout du lit et l'alluma. Il avait déjà une série de fenêtres ouvertes. Asahi se pencha puis se recula, frappé par la surprise et l'horreur.

C'était du porno. Du porno avec des gens nus, hommes et hommes et hommes et femmes et hommes et hommes et hommes et hommes et femmes... et des détails de leur anatomie vu de bien trop près. Seigneur !

Il jeta un coup d'œil à Noya. Avait-il voulu lui montrer ça ? Était-ce une erreur ? Il arborait un sourire tranquille et lui rendit son regard sans ciller.

« On n'a rien fait de cochon depuis la fois où tu es resté dormir et comme j'en ai envie j'ai décidé de me préparer et donc j'ai maté des trucs et je t'ai fait une sélection de scènes potentiellement intéressantes à imiter. Enfin si tu es partant et sinon on fera rien. C'est juste pour te préparer et pas tenter comme ça... et puis décrire le truc est pas toujours évident alors voilà un support visuel. Tu trouves ça chelou ? »

Oui. Oui ! C'était complètement chelou. Mais Noya avait dit tout ça très vite en se forçant à le regarder en face et Asahi savait que lorsqu'il était aussi intense, c'était pour cacher sa nervosité. Il ne pouvait pas lui dire que rien ne lui semblait plus embarrassant que la perspective de regarder ces vidéos que lui-même n'osait pas regarder chez lui avec ses sœurs et tout dans les parages et puis même, c'était tellement osé !

« Me laisse pas en plan, fit Noya, et si tu veux partir en courant j'ai la main sur ton calebute ça va tirer. »

Il avait littéralement la main dessus. Asahi éclata d'un rire nerveux.

« Je... »

Il inspira un coup. Noya ne déviait pas du regard.

« Tu veux pas, lâcha-t-il finalement quand le silence devint trop lourd.

- ...Je... n'ai pas très envie...

- De faire des trucs ? s'inquiéta Noya.

- Non non ! le corrigea aussitôt Asahi, je n'ai pas très envie de regarder. C'est tout. Je sais que c'est normal mais j'ai pas... j'ai pas envie... de regarder. Mais les trucs je veux... bien...

- Tu me rassures. Vu que tu ne tentais plus rien avec moi à part de baisers je pensais que tu ne voulais plus faire de trucs avec moi.

- J'ai envie... enfin... C'est parce que je... je sais pas comment dire... ça... et puis j'ai... »

Asahi inspira de nouveau et débita :

« Ça me fait un peu peur.

- Tout te fait un peu peur, maugréa Noya.

- Je sais excuse-moi. Je suis faible, soupira Asahi, je... en fait j'en ai envie presque tout le temps quand je suis avec toi mais j'ai peur de pas... assurer ? Je sais pas. De pas... heu... bander... ou pas assez... et de pas jouir et les fois où ça a marché c'était super mais c'était pas... ce sera pas systématique parce que je suis un peu nul... même avec toi... et qu'en plus je...

- Mais tu as envie de moi ? Hein ? »

Sa main avait commencé à faire le tour de l'élastique de son boxer pour venir devant.

« Oui, geignit Asahi. »

Ça sembla plaire à Noya qui referma l'ordinateur qu'il mit de côté avant de se pencher vers Asahi pour l'embrasser, entrecoupant ses baisers de questions idiotes :

« Parce que je suis génial ?

- Oui.

- Et très beau ?

- Oui...

- Et très sexy ?

- Oui...

- C'est tout ce que tu sais dire ? »

Asahi grimaça et l'attira plus près de lui malgré leurs moiteurs respectives. Il commença à embrasser la jonction entre son cou et son épaule.

« Je suis pas très doué pour la conversation, murmura-t-il.

- T'es pas bon à grand ch... mmh... »

Quand le dents d'Asahi se refermèrent doucement sur sa peau, Noya se figea presque par réflexe, comme électrisé. Puis, il prit Asahi par les épaules pour l'écarter de son cou :

« On va faire des trucs là ? Hein ? Ma mère rentre tard.

- D'accord. Mais heu... pas de porno s'il te plait.

- C'est dommage. J'avais un super anulingus en HD. Mais comme tu veux. Oh ! Je sais ! Du coup on va faire un jeu.

- Un jeu ?

- Tu sais comme les chasses au trésor quand on est petit et on te dit « tu chauffes » ou « tu refroidis » suivant si tu t'approches ou non. Sauf que le but c'est de chercher tes « zones érogènes » et ce sera pas moi qui chauffe mais moi qui te chauffe. Ah ah ! C'est drôle ! J'ai pas fait exprès de faire cette blague.

- J'ai rien compris, couina Asahi. »

Noya lui sourit :

« Ok bébé, en gros je te touche et tu me dis si ça te plait.

- Bébé ?

- Oui c'est très bizarre, je te le dirai plus jamais. Ça te dit ?

- D'a... d'accord.

- Tu es super, lui dit Noya les yeux fixés sur lui, si je fais des trucs qui te font rien c'est pas grave hein ?

- Oui.

- Et si ça te fait quelque chose c'est pas grave non plus. Ya rien de grave c'est un jeu. »

Asahi avala sa salive et se força à sourire. Il avait envie de faire plaisir à Noya, surtout après avoir refusé net le porno, mais être ainsi exposé, il n'était pas sûr que ça lui plaise.

Noya le poussa doucement pour qu'il s'allonge sur le dos et posa un temps la tête sur sa poitrine sans rien faire, le bras enserrant son buste. Asahi ne savait pas si le « jeu » avait commencé mais il hasarda un :

« Chaud... ? »

Noya éclata de rire et déposa un baiser léger dans son cou avant de se diriger posément à l'autre extrémité du lit. Les jambes d'Asahi allaient jusqu'au bout. Noya s'assit sur les talons et souleva le mollet d'Asahi qu'il plaça en travers de ses jambes. Puis il commença posément à lui caresser le... pied ? C'était pas une « zone érogène » ça ! Il n'y avait rien de moins érotique qu'un pied. Surtout ceux d'Asahi qui à force de courir et sauter tous les jours étaient... des épaves de pieds. Si Noya voulait toucher toutes les parties de son corps, il allait à coup sûr lui créer de nouveaux complexes.

« Heu...

- Attends un peu avant de me dire chaud ou froid, fit Noya, je tâtonne encore.

- Oui... mais juste si tu veux toucher ma... heu... après... tu pourras t'essuyer entre temps parce que... fin je sais pas si c'est très hygiénique... et... mes pieds sont horribles hein ? Je suis sûr que mes pieds sont horribles... »

Noya s'avança à quatre pattes et s'immobilisa juste au dessus du visage d'Asahi.

« Bon alors tu n'es plus autorisé à dire quoi que ce soit à part « chaud » et « froid »... non, même ça tu n'as plus le droit de le dire. Tu restes silencieux quand c'est froid et je n'insiste pas ou alors tu me refais le genre de cris que t'avais fait l'autre fois et qui étaient très chauds.

- Des cris ?

- Nnhh... Noya... c'est trop bon ! Ah !

- Ahh ! Tais-toi ! C'est super gênant !

- Toi tais-toi ! »

Asahi ferma la bouche et le fixa avec anxiété. Noya lui sourit et embrassa ses lèvres. Il repartit à l'extrémité du lit et reprit position. Asahi soupira et ferma les yeux pour tâcher de se détendre. Il avait vécu des situations bien pires que celles-ci... Sa discussion avec la mère de Noya tiens par exemple ! Dans le genre on pouvait difficilement faire plus embarrassant. Si ! Sa discussion avec son père. Ca ça avait été encore pire. Il lui avait raconté qu'il s'était masturbé dans une chaussette dans sa prime jeunesse... Oh mon dieu c'était la chose la plus horrifiante qu'on puisse imaginer... C'était...

C'était plutôt sympa ce que Noya lui faisait aux pieds en fait. Il n'aurait pas pensé être sensible à cet endroit. Ca chatouillait un peu au début mais il appuyait franchement aux bons endroits. De là à dire que c'était une zone érogène... ? Asahi laissa échapper un soupir de contentement néanmoins. Noya lui sourit.

« J'ai vu un porn où une meuf se faisait sucer les orteils. J'essaierai ça un jour mais là t'as l'air de te sentir dégueu même si honnêtement tes pieds sont cool ça me dérangerait pas s'il ne s'agissait que de moi. Toi au moins tu coupes tes ongles. Tanaka pourrait tuer quelqu'un à l'orteil ! »

Asahi n'avait pas le droit de parler mais ce qu'il pensait de ce que lui disait Noya se lisait sur son visage. Noya éclata de rire.

« Tu es mignon, lui dit-il. »

Il fit remonter ses mains vers les mollets d'Asahi qu'il caressa de la même façon. Après l'entraînement Asahi devait admettre que c'était vraiment très agréable d'être ainsi massé et délassé. Nouveau soupir presque malgré lui. Noya remonta vers ses cuisses.

« Tu veux bien te mettre sur le ventre ? demanda-t-il.

- Pourquoi ?

- Parce que je sais très bien que ce qu'il y a de ce côté est sensible.

- Et donc... tu veux...

- Te toucher les miches, ouaip.

- D'accord mais je te préviens c'est plat... mes sœurs disent que j'ai pas de fesses et...

- Tais-toi et tourne toi. »

Asahi s'exécuta lentement en enfouissant son visage dans son oreiller.

« Tes sœurs te malmènent vraiment hein ? Ne réponds pas... faudra que tu me présentes un jour, je leur apprendrai un peu. »

Asahi était certain qu'au contraire, ses sœurs et Noya s'entendraient comme larrons en foire pour le mettre en boîte mais il ne répondit pas et se contenta de se crisper en sentant les mains de Noya sur ses fesses. Quoi de plus gênant que de se faire malaxer les fesses ? Asahi essaya d'y réfléchir posément. L'anecdote de la chaussette avait dû être encore plus mortifiante à vivre pour son père qu'elle ne l'avait été à entendre pour lui. Non... le pire qui puisse se produire ce serait de...de... alors que Noya le touchait... Asahi eut un frisson en y pensant. Non.

« Ça te fait rien là... mais en même temps tu es crispé comme pas permis et je te touche à travers tes vêtements. Tu veux pas qu'on se dessape ? En plus on crève de chaud. »

Se dessaper ? Lui montrer ses fesses... nues... à regarder d'aussi près ? Jamais.

« Et si on gardait nos vêtements... On peut aussi faire des trucs avec nos vêtements, suggéra Asahi en se retournant et en se redressant sur les coudes.

- Mais c'est un peu nul non ? Fin c'est bien mais... Tu veux vraiment pas ? »

Asahi baissa les yeux. Noya tendit les bras vers lui et le serra contre lui.

« Excuse moi, fit Asahi.

- Et si moi je me dessape et que toi tu me touches ?

- Je...

- Et que je te dis quoi faire ? »

Asahi réfléchit un instant et parvint à la conclusion qu'être confronté à Nishinoya nu serait certes un peu gênant mais beaucoup moins que l'inverse. Il acquiesça et fut récompensé d'un baiser. Noya se leva ensuite sur son lit et envoya ses affaires aux quatre coins de la pièce en moins de deux. Puis, sans laisser le temps à Asahi de l'observer, il vint contre lui, les jambes de part et d'autre de ses cuisses, les bras autour de ses épaules.

« Embrasse-moi là, dit-il en désignant le lobe de son oreille. »

Asahi s'exécuta. Noya fronça les sourcils.

« Tu te fiches de moi ? »

Asahi les fronça à son tour et réitéra avec plus d'ardeur, happant ce minuscule et absurde bout de chair en allant jusqu'à y donner un petit coup de dents. L'étreinte de Noya se raffermit et il poussa un gémissement faible. Asahi se figea et le regarda d'un œil interloqué. Il souriait.

« Bah tu vois, quand tu veux. Ici ? dit-il en penchant sa tête pour dégager sa gorge. »

Asahi savait que Noya aimait qu'il embrasse son cou. Pas besoin d'être à poil pour le savoir. Seulement, alors qu'il s'appliquait à lécher, mordiller, pincer, tirer, sucer, la moindre parcelle de peau de cette zone là, il sentit l'odeur de sa peau, de sa sueur et de son érection en bas plus intensément que d'habitude. Ca le grisait. Il commençait oublier ses craintes, surtout que Noya avait passé les mains dans ses cheveux et les caressait avec douceur quand il ne se crispait pas en gémissant.

« Là, soupira-t-il en lui désignant ses tétons. »

Ils ressortaient sur son torse pâle, Asahi avait déjà senti des réactions de Noya quand il les avait touchés mais il n'avait jamais pu définir exactement si ça lui plaisait ou lui faisait mal. Il avait sa réponse. Il se pencha et en lécha un avant de resserrer ses lèvres aussi doucement qu'il pouvait de crainte de lui faire mal.

« Tu peux y aller, lui assura Noya, regarde ce que je fais quand je suis seul. »

Il garda une de ses mains sur la nuque d'Asahi pour diriger son regard mais commença à se caresser de l'autre main. Il resserrait ses doigts, pinçait carrément et tordait. Ca avait l'air douloureux mais il semblait apprécier ça. Sa respiration s'était accélérée. Asahi était fasciné.

« Me lâche pas, lui intima Noya. »

Oui. Asahi tenta de l'imiter d'une main et y alla avec la bouche de l'autre côté. Il se laissa aller et tenta une approche plus aggressive, comme avec son cou. Il le sentait se tendre à son toucher et commencer à se frotter contre lui en bas, sans contrôler, sans réfléchir. Noya avait les mains crispées sur son dos. Il criait presque à présent quand il ne mordait pas le cou d'Asahi, comme pour s'intimer le silence.

« Ah... attends... je... »

Pour le forcer à s'arrêter, Noya saisit son visage entre ses mains et pencha son front contre le sien.

« Je pourrai jouir juste comme ça tu sais. J'aurai l'air con.

- Non.

- Non ?

- Peut être que tu aurais l'air con mais ça me plairait, admit Asahi. »

Noya sourit. Il avait les yeux humides, le visage écarlate et ses cheveux étaient complètement ébouriffés.

« T'es mauvais quand tu t'y mets. »

Il l'embrassa et se laissa tomber sur le dos, l'entraînant avec lui. Asahi se rattrapa maladroitement pour ne pas l'écraser. Ils restèrent ainsi un instant, à se regarder sans rien dire. Puis, Noya passa une jambe sur son épaule en le fixant d'un air de défi. Qu'est-ce qu'il avait en tête ? Asahi embrassa son mollet et le sentit frissonner. Il n'osait néanmoins pas baisser les yeux vers son entrejambe qu'il ne pouvait pas manquer de voir dans une position pareille.

Noya porta sa main à sa bouche et, sans cesser de regarder Asahi, fit coulisser ses doigts entre ses lèvres, y passant la langue lentement. Asahi n'avait aucune idée d'où ça devait les amener mais cette vision le troublait un peu. Tout était petit chez Noya, y comprit sa bouche dont les lèvres étaient écarlates à force de baisers. Il se pencha pour l'embrasser mais Noya posa sa main sur sa bouche pour l'arrêter. Ce fut Asahi qui prit l'initiative de happer ses doigts entre ses lèvres et de les lécher à son tour. Noya sourit, et écarta sa main pour la descendre entre ses jambes. Asahi ne put s'empêcher de la suivre des yeux. Noya ignora son sexe tendu et vint placer son doigt en dessous. Il se caressa un moment avant de glisser posément un doigt en lui ce qui le fit se tendre. Asahi avait arrêté de respirer.

« Là, lui dit Noya.

- Là ? Je t'embrasse là ?

- Juste les doigts, d'accord ?»

Asahi tendit sa main vers Noya qui la prit dans la sienne et l'embrassa avant de lécher ses doigts. Il l'observait sans détourner les yeux. C'était gênant. Asahi baissa les siens pour constater que Noya était ressorti et, après s'être vaguement essuyé dans ses draps (il les changeait bien trop souvent) avait commencé à se branler. Asahi se rapprocha et caressa la jambe de Noya qu'il embrassa encore avant d'entrer dans le vif du sujet. Noya grimaça. Il y était allé trop vite ça avait glissé tout seul... leurs mains et même leurs doigts n'avaient pas le même gabarit. Mais s'il ressortait vite ça ferait mal aussi ? Non ? Il resta immobile. Enserré dans un étaux chaud et ferme. C'était vraiment étrange. Il ne savait pas où poser les yeux et les garda faute de mieux sur le visage de Noya qui avait fermé les siens et serré les lèvres. Il avait arrêté de se toucher et son érection retombait.

« Ça va ? demanda Asahi avec anxiété. »

Noya poussa un soupir.

« Essaie... de me caresser. Vers le devant...

- Par là ?

- Oui... vas-y doucem...han ! »

Il y avait un truc, il sentait un truc et ce truc lui plaisait manifestement beaucoup. Le cri qu'il avait poussé était la chose la plus excitante qu'Asahi ait entendu. Il réitéra et le même cri échappa à Noya.

« Ok... Ok... dit-il dans un souffle, c'est pas mal comme ça mais n'y va pas directement tout le temps c'est presque trop en fait.

- Je vais essayer. »

Asahi comprit le truc assez rapidement. Noya se caressait de nouveau, les yeux clos, le visage en arrière et le cou tendu. Il se cambrait sur le matelas et ses jambes tremblaient. Asahi embrassa encore son mollet sans réfléchir. Noya ouvrit les yeux :

« Touche-toi, lui dit-il. »

Asahi, concentré sur Noya et les sensations qu'il provoquait en lui, en avait presque oublié son propre corps. Il dénoua sa ceinture d'une main, comme il put, défit sa braguette et s'extirpa de son boxer. Il était presque surpris de constater à quel point la situation l'avait excité. Il tâcha de rester concentré sur Noya tout en se touchant. Le contact et les mouvements étaient machinaux et n'avaient pas vraiment besoin de concentration mais la situation était loin d'être ordinaire. Il sentait que Noya n'en avait plus pour très longtemps. Ca gonflait sous son doigt. Dans sa main, son sexe était sombre et visqueux déjà. Asahi ferma les yeux et laissa échapper un gémissement :

« Mmmh Noya. »

Il voulait plus de lui. Le contact était trop ténu. Mais il ne pouvait se résoudre à désobéir à Noya en se lâchant ou à quitter sa chaude moiteur. Il appuya sa joue contre sa jambe et se pencha vers lui autant qu'il put. Noya respirait fort sans un cri. Autour de son doigt, ça se contractait. Il rouvrit les yeux et vit le corps de Noya se tendre, s'arquer pendant un moment qui sembla durer une éternité. Puis la tension retomba et il resta pantelant à se goutter sur le ventre. Asahi attendit un instant puis ressortit doucement son doigt ce qui fit grimacer Noya. Il s'excusa et s'essuya sur les draps avant de venir s'allonger à côté de lui.

« T'as pas joui, maugréa Noya, la synchronicitude est partie.

- Synchronicité, dit Asahi, c'est parce que j'étais concentré sur toi, j'arrivais pas à partir mais c'était... heu... très sexy.

- Très ?

- Très... »

Noya sourit.

« Je vais me laver les mains puisque tu m'as dit de le faire tout à l'heure et quand je reviens je te suce et c'est moi qui te mets un doigt.

- Ah... je...

- Dis moi si tu veux pas.

- Je veux mais... n'y va pas avec la bouche... là... hein ? Devant oui mais pas... Et si au bout d'un moment ça ne vient pas et que...

- Je fais ce que tu me dis et comme tu veux. Bon, je reviens. »

Il attrapa ses mouchoirs dans la table de chevet, s'essuya le ventre, enfila rapidement son short faute de retrouver son boxer et sortit de la pièce. Asahi hésitait encore mais finalement, il décida de prendre le problème à bras le corps et commença à se déshabiller. Il se forçait à ne pas réfléchir et se contentait de posément plier ses affaires une fois qu'il les avait ôtées. Lorsque Noya revint, il ne portait plus que sa chemise dans les boutons desquels s'étaient coincés ses cheveux. Noya vint à sa rescousse en se retenant de rire. Asahi était mortifié mais lui, loin de l'enfoncer, ne lui fit aucune remarque et se contenta de l'embrasser encore et encore avant de descendre rapidement sur son ventre pour finir à genoux devant lui. Ca ne devait pas être confortable mais avant qu'Asahi ait pu s'enquérir de son confort, il l'avait pris en main et avait commencé à le lécher. C'était mieux que la dernière fois. Pas que la dernière fois ait été spécialement mauvaise mais il était plus doux et puis, c'était surtout lui même qui était plus en confiance. Moins effrayé. Il n'hésitait plus à parler même si la seule chose qu'il parvenait à prononcer vu l'état de sa concentration, c'était son prénom ou des phrases idiotes comme : « c'est bon. » parce que c'était bon. Ou encore « c'est trop bon »... parce que c'était vraiment trop bon.

Il avait été prévenu mais il se crispa néanmoins quand Noya hasarda son doigt « à l'entrée ». Ce dernier le laissa se détendre avant de tenter des caresses en restant « dehors ». Ce n'était pas désagréable, surtout qu'il continuait de le sucer sans changer de rythme. Belle coordination... Il se glissa doucement en lui. Progressivement, pas d'un coup comme l'avait fait Asahi. C'était bizarre. Vraiment bizarre. Mais rapidement il ressentit aussi un plaisir tout aussi bizarre qui fit faiblir ses jambes. Noya le lâcha dans un bruit obscène et lui jeta un regard amusé :

« C'était peut-être pas une bonne idée de rester debout, tu veux...

- Ne t'arrête pas s'il te plait, geignit Asahi. »

Il n'en pouvait plus. S'il bougeait, s'il changeait quelque chose. Ce serait perdu mais il sentait qu'il n'était pas loin. Ses jambes tremblaient.

« C'est demandé si poliment, fit Noya en le reprenant en bouche avec plus d'ardeur. »

Ses mouvements en lui étaient si infimes et révélaient pourtant un plaisir si monstrueux. Asahi aurait pu s'évanouir ou pleurer mais il tenait et tremblait. Il fallait que ça finisse. C'était beaucoup trop. Les paupières crispées, les dents serrées, les mains perdues dans les cheveux épars de Noya, il ne tenait que grâce au mur au contre son dos. Il ne parvint pas à le prévenir quand il partit et ne s'aperçut qu'après qu'il avait avalé. Un instant, plus rien n'exista. Il manqua de s'effondrer mais parvint à se traîner jusqu'au lit sur lequel il s'effondra comme une loque. Noya avait filé et revint un instant plus tard. Il se pencha au dessus de lui avec un sourire :

« J'avalerai plus jamais.

- Mmh, murmura Asahi, épuisé. »

Puis il réalisa ce qu'il venait de dire et se tourna vers Noya qui s'était allongé à côté de lui.

« Excuse-moi !

- T'excuse pas. Je voulais essayer et j'ai essayé. Mais je le ferai plus jamais. Tu me préviendras la prochaine fois ?

- Oui. »

Asahi était complètement vidé. Il ferma les yeux et sentit Noya se blottir contre son torse, passant son bras sous le sien pour enserrer son dos, entremêlant ses jambes avec les siennes.

« T'as pas les fesses plates, dit Noya en posant sa main sur lesdites fesses sans provoquer de réaction.

- Hunhun ?

- Mais je le savais déjà. Je passe mon temps à les mater aux entraînements... mais pas aux matchs officiels. Je suis un type fiable.

- Mmh.

- Et tu fais vraiment une tête bizarre quand tu jouis c'est marrant.

- Mmf...

- Te vexe pas. Je suis sûr que la mienne est pas mieux.

- Hmhm...

- Ton corps est vraiment beau tu sais.

- Hm ?

- Ouais... vraiment beau...

- Hun...

- Ouais... »

Asahi était encore parfaitement nu mais il n'eut pas de mal à s'endormir serré contre Nishinoya. Il était trop fatigué pour réfléchir aux risques, au retour de la mère de Noya, à ce que les autres auraient pensé s'ils avaient su, à ce que ses sœurs diraient de sa tête d'ahuri quand il rentrerait. Bien trop fatigué... Quelque part, c'était aussi simple que ça. Au réveil, il recommencerait à se poser des questions et la prochaine fois qu'ils feraient des « trucs » serait sans doute toute aussi compliquée à amorcer mais en attendant il avait juste envie de dormir avec lui. Avec Noya. Juste ça.

Il se sentait bien.


Note aux lect-rice-eur-s : Voilààààà... c'est Finiiiiiiiiiiiiii... Ce chapitre est le plus long de la fic et j'ai hésité à le scinder en deux mais en même temps j'aime bien garder un chapitre avec une partie Noya une partie Asahi. C'est un gros dialogues. Il y a pas mal de répliques débiles dont je suis assez fière dans ce chap, ma préférée doit être celle qui concerne les orteils de Tanaka mais n'hésitez pas à me dire ce que vous avez préféré vous :D

J'ai des idées (beaucoup) pour une suite qui plus j'avance dans sa conception se révèle beaucoup plus déprimante que je ne l'aurai pensé et je vais devoir me renseigner sur certains sujets de société dans le contexte Japonais même si la thématique que j'aborderai en filigrane fera échos à certains trucs dont on parle ces temps-ci en France. Bref j'en dis pas plus...ah si ! Évidemment yaura du smut ! :P Mais je sais pas quand j'aurai le temps d'écrire tout ça mais j'espère vous revoir à ce moment !

Merci à tous pour les reviews. Contente que la mère de Noya te plaise Ninareli :D j'aime beaucoup cet OC, c'est un peu une maman idéale. Guest, j'espère que ce long smut riche en dialogues awkward t'aura plu ^^. H.V. Chrome/Hatsuko, je suis si contente de convertir les gens au Asanoya 3 merci beaucoup ! Je suis très flattée d'avoir suscité ta première review. TiwaShin : wow... on se passe mes fics sur des groupes Yaoi FB... c'est la gloire ahah. Pour quelqu'un qui voulait pas m'envoyer de fleurs, tu m'en as quand même balancé un sacré paquet mais c'est méga gentil :) merci.

A bientôt (j'espère) mais en tous cas à la prochaine et merci à vous d'avoir lu, pris le temps de laisser des commentaires, etc :)