Nos Corps A La Dérive

Les blas-blas de Xérès : Je crois que ceci a été le chapitre le plus long à rédiger de toute ma vie. Pas le plus long en termes de mots car il ne fait que dix pages, mais en raison d'un gros blocage et d'un gros manque de temps/motivation, il est resté près de trois mois à moitié fait sans que je n'arrive à écrire un seul mot de plus…
Bref, donc que je vous présente en quelques mots cette nouvelle fiction… Il s'agit de la réécriture d'A Celui Que J'ai Perdu Deux Fois, une précédente fiction inachevée que je ne voulais pas continuer telle quelle. Je l'ai donc transformée. C'est désormais un Univers Alternatif, mon premier, ce qui explique peut-être le blocage et le stress… Je n'y respecte donc pas tous les aspects chronologiques du canon (au sens où cela se passe en dernière année de lycée, et que par exemple Tonks et Remus sont mariés et Teddy a déjà un un an et demi…). Les caractères des personnages sont également revisités, il n'y aura plus de racisme né-Moldu/Sang-Pur puisque la magie a disparu, mais d'autres aspects sociaux vont opposer nos personnages. Et bien entendu, ce sera encore sombre et violent, dans la même veine qu'Ennemi(s) Intime(s), même si la romance Dramione y tiendra une plus grande part (et promis, Théodore ne sera pas un psychopathe dans celle-ci, ahah). J'espère que vous allez aimer ce premier chapitre ! Toutes les critiques sont les bienvenues, surtout si elles sont constructives et n'hésitez pas à me donner votre avis. En début de fiction, c'est vraiment primordial, surtout que je considère l'abandon d'« A Celui » comme un gros échec, ce qui ajoute à mon stress… Bref. Je vous laisse juger par vous-mêmes. Bonne lecture !

Disclaimer : Les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling mais le reste est à moi !

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Chapitre 1 : Hermione

Du sang… du sang partout…

Entre mes doigts, sous mes ongles, sur mon visage. Mais pas seulement. Il y en a aussi sur les murs, le sol, les meubles qui m'entourent. J'ai l'impression de voir le monde entier à travers un filtre écarlate, aux couleurs de mon dortoir. Je me sens partir, lentement mais sûrement. Le seul son que je perçois est celui de mon cœur battant furieusement dans ma poitrine. Il vrille mes tympans, fait vibrer ma gorge parsemée de sueur, et je tremble. Je sens aussi qu'on se penche sur moi, qu'on me touche, mais je ne bouge pas. Je n'ai pas peur.

Qui que soit cette personne, elle vient de me sauver…

Et quelque part au fond de moi, je suis ravie que tout ce sang ait coulé.

~o~

« Excusez-moi, Mademoiselle. Je pourrais avoir un expresso, s'il vous plaît ? »

Hermione Granger, dix-sept ans tout juste, presque toutes ses dents et comme à son habitude le nez plongé dans un livre, leva les yeux vers la cliente qui venait de l'interpeller. Une quarantaine d'années, un tailleur Chanel sobre et caractéristique de la femme au foyer fortunée, un maquillage impeccable et une manucure parfaite. Du pur produit roman sentimental, pensa l'adolescente en baissant les yeux sur le volume que la bourgeoise tenait dans sa main gauche, un doigt glissé entre les pages pour marquer celle qu'elle était en train de lire. Gagné, il s'agissait d'un vieux Norah Roberts dont les coins cartonnés commençaient à souffrir des ravages du temps (et des mains des nombreuses lectrices qui flânaient chaque jour au Café Litté). A force d'y passer ses journées, Hermione pouvait presque à chaque fois deviner les goûts des clients en matière de littérature d'un simple coup d'œil à leur physionomie.

« Je vous fais ça tout de suite, Madame », assura-t-elle avec un large sourire, tandis que la femme se rasseyait dans un coin du café-librairie et replongeait tête la première dans les intrigues sulfureuses de cette bonne vieille Norah. Replaçant une boucle brune et indisciplinée derrière son oreille, Hermione glissa délicatement une barrette à cheveux entre deux pages de son dernier Stephen King avant de poser le livre sur le comptoir et de s'atteler à la préparation de l'expresso de Madame Roman-Sentimental.

Lorsque son oncle lui avait proposé ce job d'été dans son café-librairie en échange d'une modeste rétribution, Hermione n'avait pas hésité une seule seconde. Passer toute la période estivale entourée de livres, dans le calme et sans ses parents sur le dos toute la journée ? C'était presque comme lui proposer d'emménager trois semaines gratuitement dans un Hilton. Ne vous méprenez pas, Hermione adorait passer du temps avec ses parents. Mais quand on a dix-sept ans et que l'on a passé l'âge de se laisser traîner dans les musées et les sites touristiques par ses géniteurs, toute alternative est la bienvenue.

Le bruit du percolateur la tira de ses pensées, juste au moment où la porte du Café Litté (une idée de son oncle en l'honneur des cafés latte qui avaient contribué à faire sa réputation dans ce quartier cossu de Londres) s'ouvrait sur son client le plus fidèle de ces dernières semaines. Hermione esquissa un sourire et fit un signe de la main à l'homme qui venait d'entrer celui-ci lui rendit son salut avec entrain. Hermione avait tout d'abord trouvé cet homme étrange et attendrissant, avec ses vêtements légèrement usés, ses gestes maladroits et sa cicatrice qui lui barrait tout un côté du visage, mais en apprenant à le connaître, elle avait découvert un quarantenaire tout à fait charmant, discret et bienveillant. Ses vieux pulls et ses pantalons en velours côtelé lui évoquaient un professeur de philosophie ou de français un peu démodé, ce qui s'était avéré presque exact. Remus Lupin enseignait la Littérature. Il venait ici chaque jour depuis un mois étancher sa soif de lecture, préparer ses prochains cours et ainsi occuper ses longues vacances scolaires, pour le plus grand bonheur d'Hermione qui n'avait encore jamais rencontré quelqu'un d'aussi passionné qu'elle par l'univers des livres.

Le professeur Lupin essuya ses pieds sur le paillasson et s'ébroua légèrement, retirant son manteau qu'il agita vigoureusement à l'entrée avant de refermer la porte. Dehors, la pluie s'était mise à tomber et son pardessus râpé était trempé. Il l'accrocha au porte-manteau réservé à la clientèle et passa une main dans ses cheveux châtains humides.

« Trois jours de beau temps à Londres, ça ne pouvait pas durer… », lui dit Hermione à mi-voix lorsqu'il s'approcha du comptoir où elle achevait de préparer le café de sa cliente. « Vous voulez quelque chose pour vous réchauffer ? »

Lupin hocha vigoureusement la tête avec un sourire doux. « Dans sa bonté infinie, Dieu a donné la pluie aux Anglais afin de leur fournir pour l'éternité un sujet de conversation », déclama-t-il, tandis qu'Hermione réprimait un gloussement.

Remus Lupin avait un autre hobby, en plus de la lecture : les citations. Et il ne manquait jamais d'en glisser quelques-unes à chacun de ses passages au café.

« Qui a dit ça ? Un Français, je parie… », dit-elle en déposant une cuillère, un sucre et un petit carré de chocolat sur la sous-tasse, avant de contourner le comptoir pour apporter le tout à Tailleur Chanel, assise dans son coin.

« Pire, un Américain… », avoua Lupin, amusé, avant d'ajouter : « Je prendrai un café serré et un scone, s'il te plaît. »

« Je vous apporte ça dans une minute. »

Hermione se mit au travail avec le sourire. C'était vraiment agréable de papillonner ainsi d'une table à l'autre, apportant à boire et à manger aux clients tout en passant chaque minute de temps libre à bouquiner. Elle n'aurait pas pu rêver d'un meilleur été avant sa dernière année à l'internat de Poudlard. Dans quelques semaines, elle quitterait ce petit univers tranquille pour se replonger dans les cours et les examens de fin de cycle. Et ensuite ce serait la fac. Où, elle ne le savait pas encore, mais ce qui était sûr, c'était que les été passés à glandouiller dans le café de son oncle seraient terminés. Elle apporta sa commande à Remus, qui la gratifia d'un sourire éclatant, avant de le laisser à sa lecture d'un traité de sociologie économique dont le seul titre donna presque envie à Hermione de bâiller. Allez savoir ce qu'un tel livre faisait dans le Café Litté. Mais c'était aussi ce qui faisait le succès de cet endroit : il y en avait vraiment pour tous les goûts.

Elle avait repris son Stephen King avec délectation lorsque la clochette accrochée à la porte de la librairie tinta de nouveau. Hermione leva le nez et son sourire se figea aussitôt en voyant entrer son nouveau client. Un autre habitué… Celui-là avait beau porter des vêtements neufs et parfaitement repassés, Remus Lupin par comparaison semblait mille fois plus avenant que le jeune garçon blond qui venait de passer la porte. Son sempiternel regard taciturne accentuait la froideur de ses iris bleu-gris. Ses cheveux blond platine, aussi figés que le reste de ses traits, étaient toujours impeccablement coiffés qu'il pleuve ou qu'il vente. Hermione en avait toujours ressenti une extrême jalousie et elle passa inconsciemment une main dans ses cheveux fous, redoutant déjà le moment où elle devrait sortir sous la pluie battante qui la ferait ressembler en un temps record à un caniche en cours de toilettage.

Hermione riva ses yeux chocolat sur la silhouette parfaite du jeune homme parfait qui s'avançait vers elle avec une démarche parfaite, arquant ses sourcils parfaits eux aussi. Comme si cela ne suffisait pas de devoir supporter ce snobinard à l'internat, il fallait aussi qu'elle le voie pendant les vacances. Prenons les paris, va-t-il daigner me dire bonjour aujourd'hui ou va-t-il simplement me passer sa commande comme si j'étais une de ses domestiques ?, pensa Hermione en le regardant approcher du comptoir.

L'adolescent laissa courir ses yeux sur la liste des cafés et des pâtisseries affichée au mur derrière Hermione, puis poussa un soupir déchirant. A croire que se décider entre une part de carrot cake et un muffin était un véritable choix cornélien. « Juste un latte… », lâcha-t-il avant de sortir son téléphone portable de sa poche pour y lire un SMS.

« Bonjour, Malfoy », grinça Hermione sans faire un geste en direction de la machine à café.

Le blond leva un instant le nez de son téléphone pour lui jeter un regard d'incompréhension totale, avant de répéter : « Ok, un latte. »

« Bonjour, Malfoy », répéta Hermione sur le même ton que la première fois, s'attirant exactement le même regard de la part de son interlocuteur. Celui-ci la dévisagea un instant, plissa les yeux. Comme il ne disait toujours rien, Hermione ouvrit la bouche et s'apprêtait à réitérer son salut pour la troisième fois lorsqu'il grogna un « Bonjour » lourd de lassitude.

« Ce n'était pas si difficile. Un latte, donc… », ironisa Hermione en se détournant pour préparer sa boisson. Elle ne vit pas le jeune homme lever les yeux au ciel dans son dos, ni secouer la tête, avant de repencher celle-ci sur son SMS auquel il répondit en pianotant à vitesse affolante sur le clavier tactile.

La barista en herbe se tourna vers lui le temps que le liquide s'écoule dans un mug en céramique beige et elle vit qu'il venait de poser un des livres de son oncle sur le comptoir. Elle pouvait le deviner à la gommette colorée qu'il apposait sur chacun des ouvrages de la librairie et fronça les sourcils.

« J'en profite pour rendre ça… », déclara Draco Malfoy en désignant le livre du menton.

« Comment ça, rendre ? », articula Hermione en baissant d'un ton. « Tu es censé reposer les livres que tu lis avant de partir. Ce n'est pas une bibliothèque ici, tu ne peux pas quitter les lieux avec nos livres sous le bras, c'est-

« Relax, Granger, je l'ai rendu. Il n'y a pas mort d'homme… », maugréa le blond en haussant les épaules.

Elle serra les dents, prête à lui faire la leçon sur le règlement intérieur du Café Litté, mais accrocha du regard l'expression curieuse de Remus qui les observait depuis sa table et s'efforça de laisser retomber la pression. Elle saisit le livre d'un geste agacé et le posa près de son Stephen King en se promettant de le ranger discrètement plus tard. Draco Malfoy lui adressa un rictus triomphant, ce qui énerva d'autant plus la jeune fille. Comme lorsqu'ils étaient à l'école, ce type se croyait tout permis. Sous prétexte que son père faisait partie des plus grosses fortunes d'Angleterre, Monsieur Draco Malfoy pensait que le monde entier se devait d'être à ses pieds. Bien entendu, Hermione avait souvent envoyé balader ce gosse de riche au cours de leur scolarité, mais tout ce qu'elle y avait gagné, c'était plusieurs obligations de faire des excuses au fiston en présence du père, des heures de retenue et un bon millier de petits rictus comme celui-ci. Sans parler d'un dégoût profond pour la classe aisée que les Malfoy représentaient.

Elle acheva la préparation de la boisson du blond, en se retenant péniblement de ne pas la saboter volontairement, puis la déposa sur le comptoir. « Deux livres, s'il te plaît », annonça-t-elle avant de soupirer. Malfoy pianotait toujours obstinément sur son téléphone, les pommettes légèrement rosées, et ne semblait pas lui prêter la moindre attention. « Ok, deux livres cinquante ? » Silence. « Trois livres ! Tu es généreux, aujourd'hui. » Tip tip tip tip. Seul le bruit ténu des doigts du jeune homme sur la surface de l'iPhone lui répondit. « Trois cinquante, alors, mais seulement parce que tu insistes… », ironisa-t-elle, lui faisant enfin lever le nez.

« Tu vas augmenter le prix encore longtemps, Granger ? », lâcha-t-il d'une voix traînante qu'Hermione avait progressivement appris à détester au fil des ans.

« L'impolitesse coûte cher, de nos jours. Que veux-tu, c'est la crise ! »

Il la fixa un instant avec une expression goguenarde puis fouilla dans la poche arrière de son jean de couturier délavé pour en ressortir un billet de dix livres qu'il posa près de sa tasse. « Voilà dix. Garde la monnaie et éclate-toi. Tu trouveras peut-être un jardinier pas cher qui saura tailler ton buisson… » Il rit doucement. « Je parle de celui sur ta tête, bien entendu. »

Hermione contracta les mâchoires et pinça les lèvres. D'accord, elle l'avait bien cherché. « Si tu savais comme je regrette de ne pas avoir craché dans ton latte à cet instant précis… »

Malfoy gloussa et prit son mug pour y tremper les lèvres. « La prochaine fois, n'hésite pas. Les scrupules sont ce qui différencie les gagnants des perdants. Laisse-moi te dire que ça ne te ferait pas de mal de passer dans la première catégorie, de temps en temps… »

Le portable de Malfoy vibra de nouveau, tandis qu'Hermione fusillait son client du regard. Quel mufle…, pensa-t-elle tout en priant intérieurement pour qu'il s'étrangle avec son café. Ou qu'une bactérie ultra vicieuse et dangereuse se soit glissée dans la tasse pour le terrasser d'une gastro-entérite monumentale. L'image d'un Draco Malfoy en pleine agonie sur le trône, mais toujours impeccablement coiffé, lui traversa l'esprit et elle faillit laisser échapper un ricanement. Fort heureusement, Malfoy ne lui prêtait déjà plus attention, trop absorbé par l'écran de son smartphone. Il gloussa, sûrement à une blague vaseuse de son correspondant, puis releva ses yeux de glace pour constater qu'elle le dévisageait avec un rictus moqueur.

« Ah oui tiens, en parlant de perdants… tu as vu ce qui est arrivé à Binns ? », demanda-t-il en haussant un sourcil.

Le professeur Binns était l'enseignant préféré d'Hermione à Poudlard. Anglais, Histoire de l'Art, Littérature… c'était un passionné et bien qu'ayant largement dépassé l'âge de la retraite, la jeune fille l'avait toujours trouvé très intéressant. Elle aurait dû l'avoir en Littérature anglaise à la rentrée, mais le vieil homme s'était fait agresser une semaine plus tôt dans une rue de Liverpool, où il résidait pendant les vacances. Après deux jours de soins au CHU de Liverpool, le vieil homme avait demandé à être transféré à l'hôpital de Pré-au-Lard où il résidait, et y était depuis lors en convalescence. Mais il se murmurait déjà qu'il ne trouverait pas la force d'enseigner à nouveau.

« Oui, c'est horrible… », murmura Hermione en baissant les yeux.

« Horrible ? », grinça Malfoy avec une grimace. « Un coup de bol, tu veux dire. Ce vieux croûton était chiant à mourir. Place à la jeunesse, Granger. Blaise a même organisé un petit apéro chez lui ce soir pour fêter l'événement… »

Elle le regarda bouche bée, scandalisée par ce manque cruel de compassion. « Vous organisez un apéritif pour fêter l'hospitalisation d'un vieux monsieur ? Vous n'êtes vraiment que de sales petites merdes, toi et tes amis… » Et voilà, c'était arrivé. Encore une fois, il avait réussi à la mettre en colère. Et comme toujours, Malfoy irait sûrement se plaindre de son comportement à son cher papa, qui lui-même irait se plaindre au Directeur Albus Dumbledore, et ce-dernier demanderait pour la énième fois à Hermione d'essayer de se contenir en présence de Malfoy. Le vieux Directeur était pourtant juste et droit, la plupart du temps. Mais les Malfoy faisaient partie des plus généreux donateurs du pensionnat et même si Dumbledore disait ne pas vouloir risquer que Lucius Malfoy réclame le renvoi de sa meilleure élève, Hermione savait qu'il redoutait surtout de voir s'envoler les dizaines de milliers de livres sterling que le père du blond injectait chaque année dans les comptes de Poudlard. Mais contre toute attente, Draco Malfoy se contenta d'un autre haussement de sourcil. Tiens ? Pas de « mon père en entendra parler » ni de « attends un peu que mon père entende ça » ?, remarqua intérieurement Hermione, presque déçue.

« Ça va, desserre le string, Granger… J'ai menti : ce n'est pas un apéro, mais un barbecue. » Voyant les yeux de Granger devenir de nouveau ronds comme des soucoupes, il s'esclaffa : « Tu prends vraiment toujours tout au premier degré, c'est dingue. »

Hermione soupira et se rassit derrière le comptoir pour reprendre son livre, les sourcils froncés. Malfoy gloussa une dernière fois et alla s'asseoir avec son mug près d'une fenêtre, après avoir choisi un nouvel ouvrage dans les rayonnages. Ce type avait vraiment un don inouï pour la faire sortir de ses gonds. Peut-être parce qu'elle méprisait tout ce qu'il était, tout ce qu'il représentait. Lui et ses amis passaient leur temps à faire la fête, dans tous les sens les plus extrêmes du terme, et rien ne les arrêtait. Pas même l'internat, avec son couvre-feu, son règlement de bienséance dans les dortoirs et ses multiples interdictions. Car les résidents du dortoir de Serpentard (celui qui pratiquait les prix de pension complète les plus exorbitants) bénéficiaient d'une sorte de traitement de faveur qui semblait les placer au-dessus des lois de l'école. Et c'est cela qui énervait le plus Hermione. Les trois autres dortoirs faisaient l'effort de suivre les règlements à la lettre, mais les Serpentard faisaient fi de toute autorité. En cas de bêtise, leurs parents faisaient de gros chèques et on passait l'éponge sur leurs ardoises déjà chargées.

Pourquoi le dortoir de l'étage Serpentard (nommé d'après l'un des quatre fondateurs du pensionnat, Salazar Serpentard) était-il aussi cher et privilégié ? Contrairement à leurs camarades des autres étages, il ne s'agissait que de chambres privées et relativement spacieuses, et toutes les deux chambres se trouvait une salle de bains que les occupants mitoyens se partageaient. Autrement dit, une personne par chambre et deux personnes par salle de bains. Un luxe dont les autres élèves ne pouvaient que rêver. Sans parler du fait qu'ils se trouvaient au dernier niveau du bâtiment de nuit, jouissant donc de la plus belle vue sur les montagnes écossaises, la forêt et le lac qui entouraient l'école.

Aux troisième et second étages se trouvaient les dortoirs de Gryffondor et de Serdaigle, qui accueillaient indifféremment les élèves issus de la classe moyenne (dont faisait partie Hermione). Le prix des chambres était tout à fait raisonnable et ils se partageaient celles-ci par petits groupes de quatre filles ou quatre garçons, avec salle de bain attenante. Enfin, le dernier dortoir au premier étage (Pouffsouffle) était réservé aux étudiants dont les familles n'avaient que peu d'argent ou comptaient sur les aides de l'Etat pour scolariser leurs enfants à Poudlard. Ils y dormaient dans des dortoirs de huit à dix personnes avec salle de bain commune.

Hermione avait toujours détesté ce système archaïque. La première fois qu'elle était entrée dans le dortoir à l'âge de onze ans, elle avait aussitôt pensé à la répartition des voyageurs du Titanic (film qu'elle avait vu pour la première fois durant l'été précédent après voir tanné son père pendant des heures pour qu'il le loue au vidéoclub). Les nantis, tout en haut, occupaient des cabines richement décorées et spacieuses, tandis qu'à l'entrepont, les troisième classe dormaient entassés les uns sur les autres juste au-dessus des machines. Elle avait vite remarqué que ce n'était pas la seule injustice : à Poudlard comme partout dans le reste du monde, l'argent était roi et ceux qui n'en avaient pas devaient se contenter de suivre le mouvement imposé par ceux qui en avaient trop…

Elle fut tirée de ses pensées par le vibreur de son téléphone portable qui chatouillait sa cuisse à travers son jean. Elle glissa la main dans sa poche de pantalon et baissa les yeux. VIKTOR s'affichait en grand au centre de l'écran, juste en-dessous d'une photo miniature le représentant. Le garçon sur le cliché, aux traits relativement brutaux malgré son sourire séducteur, lui faisait un clin d'œil mais Hermione pinça les lèvres et fit glisser son doigt sur le symbole rouge pour couper la communication. L'écran se figea de nouveau et elle remit son téléphone dans sa poche.

Viktor Krum avait été son petit ami pendant un an. Il avait deux ans de plus qu'elle, largement plus de masse musculaire que de matière grise, et était devenu rugbyman professionnel à la fin du lycée. C'était un garçon adorable, mais Hermione avait eu du mal à supporter les médias, les « troisièmes mi-temps » jusqu'au bout de la nuit, les filles en petite tenue qui ne manquaient pas de venir tenter leur chance avec les sportifs… et elle avait fini par mettre un terme à leur relation deux semaines plus tôt au cours du mois de juillet. Avoue, il n'y avait pas que ça…, pensa-t-elle en pinçant les lèvres. Non, il n'y avait pas que ça. Au cours des derniers mois de son année de première, alors que Viktor enchaînait les matchs encensé par les journalistes sportifs, Hermione s'était peu à peu rapprochée de Ron Weasley. Ils étaient amis depuis leur première année d'internat, après que lui et son ami Harry Potter l'aient sauvée des griffes d'un grand adolescent boutonneux qui tentait de la racketter dans les toilettes. Après plusieurs années passées à se tourner autour, Ron avait enfin entamé une approche plus sérieuse, du moins Hermione le pensait-elle. Et elle avait décidé qu'elle ne pouvait pas continuer sa relation avec Viktor. Même s'il ne s'était encore rien passé entre elle et Ron… par respect pour Viktor et pour leur passé commun, elle ne pouvait pas le tromper. Pas comme ça.

Si elle-même était en paix avec sa décision, ce n'était clairement pas le cas de Viktor, qui ne cessait de l'appeler régulièrement pour essayer de la faire changer d'avis. Cependant, la seule Hermione à laquelle le rugbyman parvenait à s'adresser était celle du message enregistré sur le répondeur. Une vibration unique la fit soupirer : il avait laissé un énième message vocal. Qu'elle n'écouterait probablement pas d'ailleurs.

Comme à chaque fois qu'elle pensait à Viktor, ces derniers temps, son esprit se mit aussitôt à vagabonder du côté de l'objet de sa rupture. Ronald Weasley. Ou le total opposé du Monsieur Muscle cité précédemment. Grand, maigre, les cheveux flamboyants et le visage parsemé de taches de rousseur, Ron était l'archétype même de l'adolescent dégingandé, qui mange comme un ogre sans prendre un gramme et se fait aisément maîtriser par ses grands frères. Ces derniers étaient au nombre de cinq, tous déjà diplômés ou à l'Université. Ron était le sixième de la fratrie et sa petite sœur Ginny, d'un an sa cadette, était elle aussi scolarisée à l'internat. Tous les Weasleys avaient sans exception séjourné au dortoir de Gryffondor, malgré leurs revenus modestes. Mais Arthur Weasley, leur père, bénéficiait d'un traitement de faveur de par sa fonction d'employé du Ministère britannique. Si bien que ses sept enfants avaient pu aspirer à un peu plus de luxe que le commun des mortels.

Hermione sursauta en entendant une chaise crisser contre le plancher du café. La bourgeoise reposait son Norah Roberts dans le petit chariot prévu à cet effet et récupérait son manteau avant de partir. Elles se saluèrent poliment, puis Hermione alla nettoyer et débarrasser la table qu'elle occupait. Son regard croisa celui de Remus, qui lui sourit par-dessus son traité de sociologie économique, puis de Malfoy brièvement, avant que celui-ci ne rebaisse les yeux vers son téléphone. Dire que Ron et Malfoy se détestaient était un euphémisme. Certes, ils se cherchaient régulièrement des crosses en cours et dans les couloirs, mais leur rivalité dépassait largement les frontières de l'école. Leurs propres familles ne pouvaient pas se voir en peinture. Le père de Draco travaillait lui aussi au Ministère, bien qu'à un poste cent fois plus prestigieux que celui d'Arthur, et il considérait les Weasley comme des rats infiltrés clandestinement sur un paquebot de luxe. A chacune de leurs rencontres, Lucius ne manquait pas de rappeler à Arthur qu'il évoluait dans une classe qui n'était pas la sienne, et le pauvre M. Weasley devait se contenter de serrer les dents en attendant que son ennemi se trouve une autre victime à harceler moralement.

Hermione acheva de nettoyer la table de sa cliente et retourna derrière son comptoir. Quelques secondes plus tard, Lupin posa maladroitement son traité de sociologie et se leva avec une expression timide, qui étira légèrement sa cicatrice. Il s'approcha d'Hermione, qui lui adressa son plus beau sourire.

« Vous voulez autre chose à boire ? », demanda-t-elle en haussant les sourcils. Mais Lupin déclina d'un mouvement de tête.

« Vous saviez qu'il n'y a rien de plus triste qu'une vie sans hasard ? », s'amusa Lupin en enfonçant les mains dans les poches de son pantalon en velours côtelé élimé.

« Balzac… ? », devina Hermione en plissant les yeux.

« Tout juste… » Lupin émit un petit rire puis désigna du doigt Draco Malfoy qui sirotait son latte à une table voisine. « En parlant de hasard… je t'ai entendue parler avec ce jeune homme d'un certain professeur Binns, n'est-ce pas ? »

« Vous le connaissez ? »

« Pas exactement… En réalité, ma femme, qui est inspecteur de police comme j'ai déjà dû te le dire… » Hermione hocha la tête. Nymphadora. Inspecteur Nymphadora Tonks Lupin, comment oublier un nom pareil ? « Après avoir servi dix ans dans la police londonienne, elle a demandé sa mutation au commissariat de son village natal, Pré-au-Lard. Nous nous installerons dans la maison de ses défunts parents début septembre. »

« Pré-au-Lard ? », s'étonna Hermione avec un sourire ravi. « C'est… juste à côté de mon internat ! »

« L'école de Poudlard où Monsieur Binns enseignait et où elle-même a fait sa scolarité, oui j'ai fait le rapprochement… », confirma Lupin avec un petit rire. « J'ai postulé avant-hier pour assurer son remplacement, je ne sais pas si je serai pris, vu que j'ai peut-être un autre poste à l'école publique de Montrose mais… »

Un mug vide fut sèchement déposé sur le comptoir près d'Hermione et du professeur Lupin, qui sursautèrent et tournèrent la tête vers la personne qui les avait si grossièrement interrompus. Malfoy. Celui-ci dévisageait Lupin avec un air sarcastique, détaillant de ses yeux d'acier le vieux pull-over et le pantalon d'un autre âge, la cicatrice et le front de Lupin qui commençait à se dégarnir légèrement. « Vous avez le look parfait pour Montrose, cet endroit est fait pour vous… professeur. » L'ironie était palpable dans son dernier mot, comme si l'apparence un peu vieillotte de Lupin remettait en doute ses compétences pédagogiques. Puis il jeta un coup d'œil rapide à Hermione avant de la saluer d'un mouvement sec du menton. « Granger. »

Et ce fut tout. Sans un mot de plus, Malfoy remit sa veste et sortit du café en emportant au passage un nouveau livre posé sur le présentoir le plus proche de l'entrée.

« Malfoy, je t'ai déjà dit que tu ne pouvais pas les empor- ! »

La voix d'Hermione mourut lorsqu'il claqua plus qu'il ne referma la porte du commerce. Elle soupira et vit du coin de l'œil que Lupin semblait complètement sous le choc du manque de savoir-vivre de ce potentiel futur élève.

« Avant que vous ne posiez la question, je peux vous dire que non, celui-ci ne fera pas partie de vos étudiants préférés… », soupira la jeune fille en lui adressant un regard désolé.

« Ce sont les élèves les moins doués qui forcent les professeurs à mieux enseigner… »

« Voltaire ? », proposa Hermione, dubitative. Lupin s'esclaffa.

« Non, ça c'est de moi… »

~o~

« Alors, avec Hermione, ça avance ? »

Harry Potter, dix-sept ans et étalé de tout son long sur son vieux lit d'enfant au premier étage du 4 Privet Drive, tendit le bras droit en direction du sol où était allongé son meilleur ami Ronald, venu lui rendre visite. Celui-ci saisit entre ses doigts le joint qu'Harry lui tendait et gloussa en discernant derrière ses petites lunettes rondes cerclées de noir les pupilles dilatées du « Survivant ». Ce surnom collait à la peau d'Harry depuis son plus jeune âge. Seul rescapé de l'accident de voiture qui avait tué ses parents alors qu'il n'était âgé que d'un an, Harry Potter avait de multiples fois échappé à la mort durant son enfance et adolescence. Depuis que Ron le connaissait, il y avait déjà eu une morsure de serpent dans la forêt en deuxième année, une noyade accidentelle après une baignade nocturne dans le lac de l'internat en quatrième, une grave infection à la suite d'une tentative ratée de tatouage fait maison sur sa propre main en cinquième année et jusqu'à quelques mois plus tôt où il s'était violemment battu avec Malfoy et deux autres gorilles du dortoir de Serpentard dans les toilettes. Il s'en était tiré avec un traumatisme crânien lorsque l'un de ses adversaires, Vincent Crabbe, lui avait écrasé la tête contre un lavabo. Crabbe avait été renvoyé. Mais comme à chaque fois Harry Potter, lui, restait en vie et presque sans séquelles. Et recommençait les bêtises dès le lendemain.

Son oncle et sa tante, Vernon et Petunia Dursley, désignés tuteurs légaux après la mort de ses parents, n'avaient jamais su canaliser cette fièvre autodestructrice. Harry ne faisait pas vraiment exprès, mais les ennuis semblaient attirés par lui comme par un aimant. Poudlard avait donc été une solution salvatrice pour leur santé mentale : ils avaient gardé leur fils naturel, Dudley, auprès d'eux et envoyé le fils adoptif en pensionnat pour que d'autres s'occupent de lui et qu'ils se retrouvent déchargés de sa responsabilité au moins dix mois par an.

« Je dirais plutôt que ça recule… », marmonna Ron avant de tirer une profonde bouffée sur le cône légèrement difforme roulé par son meilleur ami. « On ne s'est pas parlé depuis début juillet. Du coup, j'ai recommencé à coucher avec Lavande. Elle, au moins, est… disponible. »

« Je crois qu'Hermione a largué Viktor… », commenta Harry en roulant sur le flanc.

« T'es sérieux ? », fit Ron en tachant de ne pas se montrer trop intéressé. « Qui t'a dit ça ? »

« Ginny… »

Ron fronça les sourcils et tira une autre bouffée. « Ma sœur ? »

« T'en connais d'autres ? », se moqua le brun.

« Pourquoi tu parles à ma sœur ? »

« Pourquoi je parle à… non mais ça va bien, la parano ? » Harry levait les yeux au ciel lorsqu'un bruit de portière dans la rue en contrebas le fit se redresser et jeter un coup d'œil par la fenêtre. « Merde, déjà ? »

Petunia et Vernon sortaient de leur voiture et avançaient dans l'allée centrale en direction de la maison. Un bruit de pas lourds et rapides se fit entendre dans le couloir et la porte de la chambre d'Harry s'ouvrit toute grande sur son immense et massif cousin Dudley. « Tu vas te faire défoncer, s'ils sentent encore que t'a fumé dans ta chambre… », grinça le jeune obèse avec un sourire mauvais. « Mais je peux leur dire que la vieille Mrs Figg les attend pour le thé et les empêcher de monter te voir… »

« Et j'imagine que ça ne sera pas gratuit… ? », maugréa Harry en fusillant son cousin du regard.

« La moitié de ton shit et tu feras le ménage dans ma chambre toute la semaine prochaine. »

« C'est un bon deal… », commenta Ron depuis le sol, tandis qu'Harry lui jetait un regard indigné. « Quoi ? Ce sera toujours mieux que de passer la semaine qui vient chez le psy, comme à chaque fois qu'ils te coincent en train de faire une connerie. »

Harry soupira et ouvrit le tiroir de sa table de nuit. Il en sortit un sachet contenant deux barrettes marron et en lança une à Dudley.

« J'adore faire des affaires avec toi, cousin », s'esclaffa ce dernier en refermant la porte de la chambre. Les deux garçons entendirent les pas pesants de Dudley descendre les escaliers et sa voix de stentor accueillir ses parents. Puis quelques minutes plus tard, la porte claquait de nouveau et Harry vit son oncle et sa tante s'éloigner à pied sur le trottoir de Privet Drive.

« Alors comme ça, tu parles à ma sœur pendant les vacances ? », reprit Ron en rallumant le joint qui s'était éteint.

« T'es lourd, Ron… »

~o~

Lorsque Remus Lupin rentra chez lui ce soir-là, il ne put s'empêcher de sourire en entendant les petits pas précipités de son jeune fils Teddy approcher du hall d'entrée. Il s'accroupit sur le sol et accueillit dans ses bras l'enfant de dix-huit mois encore relativement instable sur ses deux jambes.

« Hééé, comment il va, mon petit bonhomme ? », s'exclama Remus en le soulevant de terre, tandis que l'enfant éclatait d'un rire ravi.

« Super, il a passé la journée à sortir des cartons tout ce que les déménageurs tentaient de ranger dedans et il a vomi sur ta mère juste avant qu'elle ne rentre chez elle… », répondit sa femme, Nymphadora, en faisant irruption dans l'entrée pour l'embrasser. Il remarqua qu'elle s'était teint les cheveux en noir corbeau avec des reflets bleus au cours de la journée. Il en fut soulagé : le rose fuschia qui avait orné sa tête pendant les trois dernières semaines n'avait pas été des plus harmonieux. Dora avait toujours pris sa crinière pour une œuvre d'art. Même à l'école de police, ses supérieurs avaient renoncé à lui faire adopter une coupe et des couleurs plus sobres, et plus tard ses compétences d'inspecteur avaient été si efficaces que tout Scotland Yard avait décidé de fermer les yeux sur ses excentricités capillaires, tant qu'elle continuerait à faire son job correctement. Ce n'était pas une flic comme les autres, ça non. Remus sourit.

« J'aime beaucoup… »

« De quoi ? Que ta mère ait été couverte de vomi ? », s'amusa sa femme, qui savait très bien de quoi il parlait. Mais elle reprit avant qu'il ait eu l'occasion d'ajouter quoi que ce soit. « Tu as du courrier ! »

Remus reporta le poids de son fils sur le bras gauche et se tourna vers le guéridon près de la porte d'entrée. Une lettre reposait dessus et dans le coin supérieur gauche de l'enveloppe… l'écusson de l'internat de Poudlard.

« Ils ont fait vite… », commenta Nymphadora en croisant les bras sur sa poitrine.

« Sûrement parce qu'ils ne veulent pas de moi… »

Remus s'assombrit. C'était sûrement ça. Une réponse aussi rapide ne pouvait être positive. Nymphadora se mordit la lèvre, comprenant très bien l'appréhension de son époux. Quel soulagement cela aurait été d'enseigner à Poudlard : le salaire y était bien supérieur qu'à Montrose ou que dans toutes les autres écoles publiques où il avait enseigné. Et maintenant qu'ils avaient Teddy, un peu plus d'argent n'aurait pas fait de mal…

« Ou parce qu'ils sont désespérés de trouver un remplaçant ? », proposa-t-elle pour lui remonter le moral. « Prendre le poste d'un type qui vient de se faire sauvagement agresser, ça ne doit pas motiver beaucoup de candidats… Mais toi, tu peux dormir sur tes deux oreilles. Ta super femme vient d'être chargée de l'affaire, ce sera mon premier boulot à Pré-au-Lard. L'équipe de Liverpool leur a refilé le dossier : ils ont certaines raisons de penser qu'il s'agirait d'un élève de Poudlard mal intentionné… »

Remus esquissa un sourire crispé mais il n'ouvrait toujours pas la lettre pour autant. Nymphadora dut voir passer le doute sur ses traits, car elle glissa une main dans les cheveux bruns de son mari. « Hé… quoi qu'il y ait dans cette lettre, ça ne changera rien à notre décision de partir à la campagne. J'adore Londres, tu le sais… Mais élever un enfant dans cette ville, avec tout ce que j'y vois chaque jour… »

« Je sais… », marmonna-t-il en hochant la tête.

« Et puis, tu n'es pas obligé de trouver du travail tout de suite ! On a la maison à Pré-au-Lard, j'ai mon poste d'inspecteur qui m'attend au village. On a suffisamment d'économies… »

« Je ne veux pas être un fardeau pour toi… », commença Remus en fronçant les sourcils. Nymphadora le força à se retourner vers elle et prit son visage marqué entre ses mains.

« Tu n'es PAS… un fardeau pour moi, Remus John Lupin. Allez, ouvre cette lettre. Je n'en peux plus de tout ce suspense », plaisanta-t-elle en lui prenant le bébé des bras. Remus lui adressa un doux sourire et décacheta l'enveloppe.

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Inspire… expire… inspire… Un rond est un carré, un carré est un rond… Inspire, expire…
Alors vous en avez pensé quoi ?
D'après vous, pourquoi quelqu'un irait s'en prendre à ce vieux Binns ? Remus va-t-il enseigner à Poudlard ? Que ressentez-vous vis-à-vis de Ron et d'Harry ? Quel rôle pensez-vous qu'ils auront dans l'histoire ? Et Draco ? Oh lala j'ai tellement de questions à vous poser, je suis trop en stress… xD
J'ai hâte de savoir ce que vous pensez de ce début d'histoire. Pour commencer, comme j'ai encore plus de travail que d'habitude, je vais sûrement poster un lundi sur deux. Le deuxième chapitre est déjà terminé mais j'aimerais prendre un peu d'avance car je suis vraiment débordée. Mais si toutefois je peux le faire, je publierai ensuite chaque lundi comme avant !

Je vous embrasse très fort et vous remercie d'être toujours là malgré ces mois d'absence !

Xérès