Résumé : Un criminel/consultant qui revient peut-être d'Outre-tombe, une histoire abracadabrante de Ligue des Rouquins et un frère disparu depuis trente ans qui décide qu'il est temps d'en finir, il n'en faut pas plus pour plonger Sherlock Holmes dans l'abîme de ses souvenirs d'enfance. Parce que Sherrinford n'a jamais accepté d'être battu, que Mycroft s'est un jour promis de toujours protégé son petit frère, et que Sherlock refuse d'admettre qu'il est encore parfois bassement humain, l'histoire risque d'être plus compliquée que prévu. Heureusement, il y a John, ce brave John, toujours là pour son ami. Sauf que cette fois il ne pourra peut-être pas le sauver à temps.

Commentaire : Hello les lecteurs! Voici venir, pour ceux qui l'attendait ( laissez-moi rêver, s'il vous plais xD) la "suite" des "Trois Holmes"! Je sais que je devais la poster pour fin novembre, ce qui fait que j'ai plus d'un mois de retard, mais en raison d'évènements indépendants de ma volonté ( si si si, ces choses que l'on appelle examens et qui vous tombent dessus sans prévenir!), je n'ai pas pu faire plus vite. Surtout qu'il faut rajouter à tout ça mes panes d'inspiration et le fait que j'ai longuement hésiter à poster, ré-écrivant un nombre infinies de fois mes chapitres, sans jamais être satisfaite. Mais finalement, me voilà!

En fait, pour ceux qui n'ont pas lu "Les Trois Holmes", sachez que cette fic est une sorte de "suite", mais selon moi elle peut être lu de façon à part entière, avec un peu d'imagination et de patience, l'essentiel étant expliqué au cours des chapitres ( John oblige). ( mais comme je ne peux pas vraiment juger, sachez juste que Sherrinford est le frère ainé des Holmes et n'est pas gentil. Voilà, si avec ça vous ne comprenez rien au chapitre, merci quand même d'être passé! ^^) ( vous pouvez aussi aller voir mon autre fic, bien sur, cela me ferait énormément plaisir ^^)

Pour parler de l'histoire en elle-même, eh bien elle se place juste après l'épisode 3x3, et ne prend pas en compte l'épisode spécial ( qui au passage était *-*). Une partie de l'enquête qui suivra est inspirée de façon très très libre de la nouvelle "La Ligue des Rouquins" d'ACD. ( oui, je ne vais pas chercher mon inspiration pour mes titres très loin xD). Sinon, j'ai aussi fini de l'écrire ( 40000 mots approximativement et dix chapitres), même s'il me reste quelques corrections, donc vous êtes sur d'avoir la fin, si jamais l'histoire vous plait ( l'espoir fait vivre xD). Pour ce qui est du chapitre, c'est surtout une introduction, mais je l'aime bien quand même. J'espère sincèrement que ce chapitre vous plaira! Bonne lecture!

Disclamer: Rien à moi ( sauf Sherrinford), tout à Gatiss, Moffat et BBC.


Sherrinford contemplait les toits de Londres, assis sur le rebord du toit de l'hôtel miteux de coin de rue qu'il occupait depuis plusieurs jours déjà, ses jambes pendant dans le vide, une cigarette entre les doigts et un nuage de fumée au bord des lèvres. Son manteau sombre, pendait, ouvert, de chaque côté de son torse, et s'agitait de temps à autre, lorsqu'un souffle de vent s'engouffrait dedans, sans pour autant faire ne serait-ce que frémir l'homme qui le portait.

Londres. Ce mot le plongeait toujours dans un état méditatif étonnant, lui qui d'habitude ne se laissait jamais envahir par ses pensées.

La ville avait bien changé depuis qu'il en était parti.

Les façades des maisons s'étaient faites plus grises, s'imprégnant un peu plus chaque jour de la pollution ambiante, les voitures ne circulaient guère plus que par amas coagulés, qui s'écoulaient lentement, rendant irascibles les occupants des véhicules qui se déchaînaient sur leur klaxon.

Au loin, au bord de la Tamise qui elle aussi avait pris un coup de vieux, emportant dans ses courants des traces de l'agitation humaine, il pouvait apercevoir le London Eye, grande roue devenue emblématique de la ville, mais que lui n'avait jamais pu contempler.

Et pour cause, cela faisait des dizaines d'années que son pas n'avait plus foulé le sol londonien. Près de trente ans qu'il avait embarqué sur un cargo, payant son billet de la même manière que sa nouvelle identité, grâce aux ventes qu'il effectuait avec talent dans les rues.

Trente ans qu'il avait quitté le pays qui l'avait vu naître pour tout recommencer, ailleurs, ne plus faire d'erreur. Trente ans durant lesquels il s'était acharné à gagner, toujours gagner plus, gagner en pouvoir, gagner en respect. Il avait brillement réussi.

C'était un adolescent, endurci très vite par la vie, un adolescent au visage enjôleur et avenant, mais au cœur fermé et au regard glacial, qui avait un jour quitté Londres. C'était un homme flirtant avec la cinquantaine qui y revenait. Un homme encore séduisant, au yeux gris acier attirants, aux cheveux d'un roux toujours flamboyant, bien que certaines mèches plus claires commençaient à parsemer sa tignasse. Un homme à la voix et au charisme envoûtant, qui possédait la certitude absolue d'avoir toujours tout réussi, d'être supérieur en tout point au commun des mortels, qui s'agitait d'ailleurs dans la rue à ses pieds. Un homme qui alors qu'il balançait ses jambes à plus de vingt mètres au-dessus du sol, savait qu'il ne glisserait pas, parce qu'il ne pouvait tout simplement pas. Il était trop au-dessus de ça.

Il avait toujours tout gagné, il gagnerait toujours tout.

Cependant il y avait eu une exception, il y avait déjà plus de trente ans de cela, où il avait dû fuir, fuir son ancienne vie et ceux qui l'avaient remplie, fuir pour son avenir. Il avait laissé en Angleterre sa famille et ses repères. Il y avait laissé ses frères, sur ce qui lui semblait être une victoire pour eux. Donc une défaite pour lui.

Sherrinford ne regrettait pas son choix, c'était après tout ce qu'il lui avait permis de devenir l'homme influent, important, qu'il était aujourd'hui. L'homme qu'il aurait toujours dû être. Un magnat de la pègre de l'Europe de l'Est, qui possédait le pouvoir de, s'il le voulait, faire s'effondrer d'un pichenette certaines des personnalités les plus importantes qui régissaient le monde. Un homme d'affaire, un meneur, un criminel. Lui. Sherrinford Holmes. Même si ce nom n'était plus le sien depuis trente ans, à présent.

Il tira une nouvelle bouffée de sa cigarette, ressentant, en observant les silhouettes qui s'agitaient en contre-bas, le sentiment de pouvoir qu'un chasseur devait éprouver face à ses proies.

Sherrinford, ou peu importait son nouveau nom, avait quitté Londres trente ans plus tôt. Ce n'était pas sans raison qu'il y était revenu.

Il était revenu, parce qu'alors que tout lui réussissait, il lui restait cette gêne, lancinante. Cette défaite, qu'il avait essayé d'admettre, au fil des années, mais dont le goût amer n'avait jamais cessé de le tourmenter. Il avait abandonné ici ses frères, les avait laissés se construire une vie, sans lui, l'oublier, lui, croire qu'ils pouvaient être débarrassés de lui.

Sherlock avait dû grandir en tentant d'occulter la partie de sa vie où il obéissait sagement à son grand frère, où il observait son aîné agir, des étoiles dans les yeux, où il était si fier lorsque le regard gris se posait à son tour sur lui. Et ça, Sherrinford ne le supportait pas, parce que Sherlock n'avait pas le droit d'oublier, parce que Sherlock ne pouvait pas avoir cessé d'être à lui. Parce que Sherlock avait un jour été son jouet, et se devait de le rester.

Et Mycroft devait désormais renifler de dédain lorsque son nom, ce nom qu'il avait autrefois envié, haï peut-être, mais jalousé, passait dans son esprit. Et ça, Sherrinford le refusait parce que Mycroft devait continuer à l'admirer et à le craindre, parce qu'il ne pouvait pas avoir cessé d'être cet adolescent qui serrait les poings en sa présence, sans jamais oser laisser libre court à sa rage. Parce que Mycroft n'avait pas le droit de s'être libérer de son emprise.

Ces constatations, furieuses, amères, douloureuses, ne l'avaient pas quitté en trente ans. Il était dit qu'un homme ne pouvait être parfaitement heureux que quand il avait fini, accompli, tout ce qu'il avait entrepris. Sherrinford, depuis ses dix-sept ans, avait laissé ses frères lui échapper. Et cela lui laissait un détestable goût d'inachevé sur la langue.

Il avait pensé pouvoir oublier, mais il n'y était pas arrivé, et c'était pour cela qu'il était revenu, même si cela faisait déjà trente ans. Pour régler ses comptes, arracher, enfin, cette victoire qui lui échappait.

Une rafale, violente, vint secouer ses cheveux et son manteau, et Sherrinford ne put s'empêcher de penser à ce soir là, au bord de la Tamise, à ce soir là, où il avait pris la décision de partir.

Si en trente ans il n'était pas revenu, c'était parce qu'il était trop occupé à bâtir son empire, trop occupé à jouir de son pouvoir, à écraser ceux qui osaient encore prétendre se mettre entre lui et son objectif.

Pendant les premières années, il avait presque réussi à occulter tout ce qui avait rapport avec Sherlock ou Mycroft. Puis les premières nouvelles concernant ses frères lui étaient parvenues, et avait failli tout chambouler. Lorsque, pour la première fois, il avait vu le nom de Mycroft Holmes apparaître dans un journal politique, il avait failli s'étrangler avec son thé (mort qui aurait été, il fallait l'avouer, un brin cliché pour un anglais).

Sherrinford Holmes avait toujours réussi dans la vie car il tenait à l'écart tout ce qui avait trait au mot sentiment. Cela ne lui avait jamais été difficile. Ressentir, c'était pour les faibles, s'attacher ne menait qu'à l'autodestruction et l'amour brûlait, mutilait, détruisait. Cela, il l'avait toujours su. Mais quand ce nom, ce nom de souvenir, s'étala devant ses yeux, il se sentit vacillé au bord du gouffre de ses émotions. Parce que Mycroft était son petit frère, parce qu'il le méprisait, qu'il était idiot, et que son nom n'aurait pas dû être cité comme étant un de ceux promis au plus grand avenir politique. Sherrinford avait choisi d'ignorer, pensant que cela lui serait facile, parce qu'il était lui, et que les sentiments glissaient sur sa peau comme de l'eau.

Il avait pensé y arriver, mais il ne put pas.

Il suivit l'ascension de son petit frère avec avidité. Pas par affection, ou attachement qu'il aurait pu encore avoir pour lui, non, certainement pas. Mais par rivalité. Qui était Mycroft pour oser prétendre lui voler la vedette ? Qui était Mycroft pour oser se prétendre aussi puissant que lui ? Il n'était rien. Rien d'autre que cet adolescent aux cheveux auburn qu'il côtoyait avec mépris, dans son enfance.

Le rappel que lui fit Sherlock de son existence fut encore plus violent. Parce que quand Sherrinford apprit que son frère benjamin était devenu un détective/consultant à la renommée non-négligeable, il apprit également sa mort.

Sherlock s'était suicidé, il avait sauté d'un toit.

Le jour où la nouvelle lui était parvenue, Sherrinford venait de régler une affaire qui lui avait demandé une attention toute particulière. Lorsque ses yeux s'étaient posés sur le journal étalé sur la table de son salon, parmi d'autres journaux traitant de politique et d'autres, le rouquin avait senti son regard être irrésistiblement attiré par les yeux de l'homme dont la photographie s'étalait à la une du Times. Et il les avait reconnus, ces yeux hésitants entre le bleu et le gris, insondables, calculateurs, perçants. Les yeux de Sherlock.

Sherrinford aurait voulu dire qu'il n'avait pas lu l'article avec une désagréable sensation au creux de son estomac, que la mort de son petit frère l'avait laissé indifférent. Mais il ne pouvait tout simplement pas nier que cela ne lui avait pas fait éprouver une détestable sensation de regret. Le regret de ne pas avoir pu l'affronter une dernière fois.

Il avait appris dans l'article, que Sherlock avait entraîné dans la mort le criminel/consultant, James, dit Jim, Moriarty. Et Sherrinford ne put s'empêcher de penser que Sherlock, dans sa mort, lui avait rendu service. Moriarty faisait, depuis quelques années, de l'ombre dans ses affaires.

James Moriarty, une figure de l'art criminel, au réseau si étendu que Sherrinford n'avait pu s'empêcher d'accorder à celui qui se prétendait l'unique criminel/consultant au monde, un certain mérite. Ce qui, venant de sa part, signifiait beaucoup. Mais Jim Moriarty s'était suicidé, montrant ainsi sa faiblesse, son incapacité à vivre avec ses actes, au reste du monde. Et ce nom, autrefois respecté, n'arrachait plus à l'aîné des Holmes qu'une grimace de mépris. Ainsi qu'une certaine satisfaction. Même Moriarty n'avait pas pu se prétendre supérieur à lui. Parce que lui, il était toujours en vie.

Sherrinford avait fait mine d'ignorer cette histoire. Sherlock était mort, soit. La seule chose d'importance à retenir, c'était qu'il était enfin débarrassé d'un concurrent notoire.

Pendant deux ans, le roux avait continué à étendre son empire, à conclure des alliances, à les trahir. Les noms de Sherlock et Mycroft n'étaient plus qu'un lointain souvenir dont il ne devait pas plus se soucier. Car, après tout, si Sherlock était mort, son unique défaite avait en quelque sorte été entraîné dans la tombe avec lui.

Mais Sherlock Holmes n'avait pas daigné rester six pieds sous terre, il avait fallu qu'il revienne.

C'était en apprenant cette nouvelle que Sherrinford avait compris qu'il ne pouvait plus laisser passer une occasion d'enfin se mesurer à lui.

Cela lui avait pris des semaines, des mois, avant de réussir à mettre toutes ses affaires en ordre, avant de s'envoler pour Londres, vers la confrontation que les trois frères Holmes attendaient tous depuis trente ans déjà, sans même le savoir.

Il y était, désormais, perché sur un toit, à observer, supérieur, la vie à ses pieds. Bientôt, tous ces gens dont il ignorait les noms, allaient apprendre le sien. Parce qu'il voulait attirer pour lui l'attention de Sherlock et Mycroft Holmes, et que cela ne se ferait certainement pas sans casse.

Sherrinford sourit, désabusé. Il n'y avait rien au monde qu'il aimait plus que la casse.

Lorsque Sherlock et Mycroft se rendraient compte de sa présence, ils remueraient ciel et terre pour le retrouver. Ils comprendraient qu'il avait toujours été là, les guettant, attendant son heure. Qu'ils n'auraient jamais dû se laisser l'oublier. Parce qu'ils n'avaient pas le droit. Personne n'oubliait Sherrinford Holmes.

Il les laisserait venir à lui, s'amusant du jeu du chat et de la souris. Et quand viendrait enfin le règlement de compte, celui qu'ils attendaient tous depuis trente ans déjà, il serait prêt. Prêt à enfin arracher sa victoire.

Un rire silencieux le secoua, tandis que ses yeux gris se perdaient à nouveau sur les toits.

Bientôt, bientôt ils sauraient.

Et ce jour là, le jeu recommencerait, enfin.

Et il comptait bien le gagner.

Sherrinford se releva, épousseta son pantalon et jeta sa cigarette au sol.

Parce qu'il était Sherrinford Holmes.

Il écrasa le mégot du talon, et souffla sa dernière bouffée de fumée vers le ciel.

Et qu'il ne se faisait jamais battre.

Les bruits de la circulation incessante dans la rue finissaient par mettre John sur les nerfs. La vie continuait, à Londres, aussi agitée et fatigante qu'elle l'avait toujours été. Il entendait des gens héler des taxis, des pleurs d'enfants sans doute en pleine crise pour un bonbon refusé, des bruits divers qui fusaient, les uns après les autres, se rencontrant au passage pour finalement ne créer qu'un brouhaha continu et inintelligible qui bourdonnait aux oreilles du médecin.

Pourtant, ni Sherlock, ni Mycroft, ne semblaient s'en soucier, trop occupés semblait-il à se jauger du regard.

Les deux Holmes avaient pris place dans l'appartement du 221B Bakerstreet, l'aîné ayant réquisitionné d'autorité le fauteuil qui revenait habituellement au meilleur ami de son jeune frère. John, trop nerveux pour s'installer posément à côté de Mary, qui elle, avait envahi le canapé, ses mains posées sur son ventre devenu proéminent, se tenait donc près d'une fenêtre, le dos appuyé contre le mur, ses doigts ayant entamé un tapotement exaspéré le long de sa cuisse.

Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils étaient ainsi, attendant en silence une réaction quelconque de la part d'un Holmes suite à la nouvelle éclair dont ils avaient tous été témoin. Moriarty était de retour, et il l'avait fait savoir, en toute modestie, en diffusant une vidéo sur la totalité des écrans du pays.

Et personne ne savait comment il l'avait fait. Surtout que James Moriarty était mort.

Mais Sherlock, le poing contre la joue, le coude appuyé sur l'accoudoir de son fauteuil, un sourcil levé, semblait trop occupé à fixer le regard de Mycroft, qui le lui rendait bien, pour songer au cas du criminel/consultant.

John laissa échapper un soupir agacé. Si l'un de ces deux Holmes ne prononçait pas une parole dans la minute, il allait craquer.

Moriarty était probablement de retour, et tout ce qu'ils trouvaient à faire, c'était un duel de regard ?

Mary lui jeta un coup d'œil affectueux. Elle ne semblait pas s'inquiéter plus que ça de la situation. Et John en fut persuadé. Sa femme était tout aussi atteinte que les deux phénomènes qui leur faisaient face.

Alors que John pensait sérieusement à quitter cet appartement de fous, pour aller trouver Lestrade, Mike, un gars dans la rue, bref, n'importe qui, qui paniquerait avec lui de façon normale, Sherlock brisa enfin le silence – tout à fait relatif, les oreilles de John en étaient témoin- qui régnait dans la pièce :

- Tu as tort, Mycroft.

L'aîné Holmes haussa un sourcil narquois, et secoua la tête.

Parce que ce que venait de dire Sherlock avait un sens ? John renonça à comprendre et se contenta plutôt d'écouter. Après tout, l'un d'eux finirait bien par expliquer de quoi ils voulaient parler. Du moins, John l'espérait-il.

- Tu dois considérer qu'il s'agit d'une option, Sherlock. N'est-ce pas ce que fait un détective ? Considérer toutes les options avant d'aboutir à une conclusion ?

Le ton de Mycroft était clairement supérieur, mais pour une fois, et John remercia le dieu des sociopathes pour ça, Sherlock ne s'en offusqua pas, préférant continuer :

- Figure toi que je l'ai fait. Et, après réflexion, j'en suis arrivé à cette conclusion. James Moriarty est mort, Mycroft, il n'est même pas convenable d'en douter. Tu as donc tort de penser le contraire.

John se tendit à l'entente du nom du criminel/consultant. Mycroft décroisa les jambes, et posa sa main sur l'accoudoir de son fauteuil.

- En es-tu bien sûr, Sherlock ? Après tout, tu as bien réussi à faire croire à ta mort, il serait idiot de penser que celui qui se prétend être l'unique criminel consultant au monde n'a pas pu faire de même.

Les yeux bleu-gris du cadet Holmes se fixèrent à nouveau dans le regard de l'homme du gouvernement, mais non plus dans l'intention d'entretenir avec lui une conversation silencieuse, mais de lui faire lire la certitude sans faille qu'il éprouvait.

Sherlock savait, il était sûr, que Moriarty était bel et bien passé de l'autre côté. Il l'avait vu mourir, avait vu la vie quitter à jamais ses yeux, avait vu son corps tomber. Il avait vu. Il savait. James Moriarty ne pouvait pas avoir annoncé son retour en diffusant cette vidéo, parce qu'il était mort.

Cette constatation enleva un poids des épaules de John et il se mit à respirer plus facilement. Le retour de Jim Moriarty aurait signifié le retour de l'incertitude, de la mort. Et il avait bien plus à perdre aujourd'hui que quelques années plus tôt. Le regard du médecin coula sur son épouse et par conséquent sur son enfant à naître. Beaucoup plus.

Mycroft soutint un instant le regard de son frère, avant de soupirer. Vaincu. Mycroft Holmes s'inclinait devant son cadet. Il prit l'arête de son nez entre ses doigts, secouant la tête.

- Si ce n'est pas lui, qui est-ce alors, qui a diffusé cette vidéo ?

La voix de John lui avait échappé. Le regard de Sherlock se posa vivement sur lui, presque surpris, comme s'il avait, durant un moment, oublié la présence des Watson. Le détective haussa les épaules :

- Je pense que c'est ce qu'il va nous falloir découvrir, John.

Mary intervint alors, se mêlant à son tour à la conversation.

- Un des membres de son réseau, peut-être ? Quelqu'un qui veut affoler le monde avec le retour du criminel/consultant ?

Un frémissement agita le coin de la lèvre de Mycroft.

- Ou, quelqu'un souhaitant attirer pour lui toute notre attention, dit-il.

Les yeux des deux Holmes se croisèrent à nouveau, et John eut l'impression de passer à côté d'un échange d'information important.

La seconde d'après, Mycroft s'était levé et annonçait :

- Je vais devoir te laisser réfléchir à ce mystère, mon très cher frère. Je ne doute pas que tu apporteras très vite une conclusion à cette affaire. Après tout, c'est grâce à elle que tu n'es pas en Europe de l'Est à l'heure qu'il est, elle mérite donc toute ton attention.

Sherlock se leva à son tour, le menton relevé, les yeux pétillants.

- Ta confiance me touche, Mycroft. Où vas-tu ?

L'homme du gouvernement ramassa son éternel parapluie, et sourit.

- Mes devoirs m'appellent. Je ne doute pas que le gouvernement ait déjà ouvert une cellule de crise concernant le problème Moriarty. Je me dois d'aller les rassurer. Nous avons Sherlock Holmes sur l'affaire.

La pointe de sarcasme non dissimulée lui attira un regard noir du grand brun. Mycroft l'ignora, et, saluant, d'un geste de la main les Watson, prit le chemin de la porte.

John le regarda, intrigué, s'arrêter sur le seuil de celle-ci, et hésiter. Il se retourna à demi, et lâcha :

- Je suis très heureux que tu n'ais pas dû partir.

Voyant les airs surpris qu'il provoqua autour de lui, il se reprit :

- Tu comprends, maman et papa auraient été effondrés s'il t'était arrivé quelque chose.

Sherlock lui adressa un sourire entendu, et, sans plus s'attarder, Mycroft disparut à grands pas.

- Il vient de dire qu'il tenait à toi, là ? s'étonna John.

Sherlock haussa les sourcils.

- Absolument pas, il vient de dire qu'il aurait détesté devoir s'occuper de nos parents si jamais je mourrais.

John faillit contredire, mais il intercepta le regard de Mary, qui lui disait clairement de laisser tomber, et renonça. Décidemment, les relations entre les Holmes étaient des plus étranges.

Il ne fallait s'attendre à rien d'autre venant d'une phrase mêlant les mots « Holmes » et « relations ».

Mary détourna le sujet vers ce qui, après tout, les intéressait le plus :

- Alors, Sherlock, une idée concernant cette affaire ?

Le détective joignit les mains sous son menton, et se mit à marcher au hasard dans la pièce. Il résuma :

- Alors, nous avons sur les bras un potentiel criminel qui a diffusé sur tout les écrans de Londres une vidéo annonçant le retour de Moriarty. Pourquoi quelqu'un ferait-il ça ?

Sans laisser le temps aux Watson de répondre, il enchaîna :

- Pour attirer l'attention, c'est évident. Peut-être parce qu'il s'apprête à commettre un crime de grande envergure, et qu'il a besoin, ou désire, qu'un sentiment de peur s'installe dans la population, pour que son acte ait encore plus d'ampleur. Cependant, ce n'est absolument pas logique, puisque cette vidéo a entraîné plusieurs conséquences qui ne doivent pas arranger quelqu'un s'apprêtant à commettre un acte criminel. Il y aura tout d'abord le renforcement de sécurité, une police sur les dents, beaucoup plus zélée. Cette vidéo a aussi conduit à mon retour, ce qui n'est certainement pas favorable à un quelconque criminel. Et aussi, quel criminel narcissique au point de vouloir que toute l'attention se fixe sur lui choisirait de donner son mérite à Moriarty ?

- Tout cela n'a pas de sens, Sherlock, l'interrompit John.

Les yeux de l'interpellé se posèrent sur lui, surpris d'être ainsi sorti de ses réflexions. Puis il se reprit.

- Précisément, John. Je ne vois pas quel intérêt quelqu'un a eu de faire ça.

- Peut-être cette personne voulait-elle simplement attirer l'attention pour attirer l'attention, supposa Mary.

Sherlock grimaça. Un tel comportement illogique n'était pas pour lui plaire. Cependant il concéda :

- C'est possible, Mary, possible.

John croisa les bras, devinant ce qui allait suivre.

- Mais tu ne penses pas que cela soit le cas.

Le sociopathe qui lui faisait office de meilleur ami s'approcha lentement d'une des deux fenêtres en secouant la tête. Il planta son regard à l'extérieur, avant de souffler.

- Ce que je pense, John, c'est que cette vidéo est l'annonciatrice que quelque chose de plus grand, de beaucoup plus grand, se prépare.

Le médecin se sentit brusquement mal à l'aise. Le ton bas de Sherlock ne lui annonçait rien de bon.

- Quoi donc ? demanda Mary.

Sherlock ne répondit pas tout de suite, son regard s'était perdu dans la rue de Bakerstreet, il était plongé dans une profonde réflexion. Puis il se retourna, lentement, et John put voir dans son regard un mélange étonnant d'excitation, celle de la chasse qu'il avait ouverte, celle de l'enquête qu'il s'apprêtait à mener, et de calme glacial, celui qui faisait dire que Sherlock sentait que l'histoire dans laquelle il allait plonger était tout autre chose qu'un simple mystère.

- Je ne sais pas, Mary.

Et John sut qu'il n'aurait jamais dû, mais alors jamais, se réjouir que cette vidéo n'ait pas été diffusée par Moriarty. Moriarty, c'était un danger connu, il n'irait pas jusqu'à dire prévisible, mais au moins il savait à quoi s'attendre, avec lui.

Cette lueur dans les yeux de Sherlock ne lui parlait que d'inconnu. Sherlock avait sans doute compris quelque chose qui lui échappait encore, comme toujours. Alors John réfléchit, et il savait que Mary faisait de même.

Il comprit soudainement.

- Sherlock, la seule raison pour laquelle cette vidéo a été diffusée, c'est pour attirer l'attention. Mais pas celle des gens…

- La mienne, compléta l'unique détective consultant au monde. Celui, ou celle, qui a fait ça, veut mon intérêt. J'aurais dû le comprendre tout de suite, le timing était trop parfait. A peine ai-je décollé qu'on me rappelait. A cause de cette vidéo. La personne qui a fait ça savait que j'allais partir, et voulait me retenir.

Mary demanda :

- Cela ne peut pas être une simple coïncidence ?

Sherlock secoua lentement la tête. L'univers ne pouvait être aussi fainéant. Mary s'abstint d'insister.

- A quoi a-t'on affaire, cette fois ? interrogea à son tour John.

- Un timing trop parfait, qui m'empêche de quitter l'Angleterre, une vidéo diffusée sur la totalité des écrans de Londres, sans laisser la moindre trace, énuméra Sherlock. On a affaire à quelque chose de nouveau, John. Et à quelqu'un d'intelligent, possédant beaucoup de moyens et voulant me défier. Je vais donc lui donner satisfaction.

John déglutit. Merde, ça recommençait. Sherlock allait de nouveau se jeter la tête la première dans les ennuis, et lui, comme un idiot, il allait le suivre. Parce que c'était son ami. Son ami qu'il avait failli perdre une nouvelle fois, aujourd'hui. Alors oui, il le suivrait, il le suivrait toujours.

En voyant l'air concentré de Sherlock, John ne put s'empêcher de remercier intérieurement ce criminel qui allait de nouveau mettre leur vie en danger. Parce qu'en diffusant cette vidéo, il avait permis à Sherlock Holmes de revenir. Il lui avait ramené son ami.


Voilaaaaaaa, j'espère que ça vous a plu! Que vous ayez aimé ou détesté, que vous ayez envie de m'assassiner pour avoir agressé vos jolies petits yeux délicats ou envie de me faire un câlin ( j'ai le droit de rêver, je vous l'ai dit. Et puis, j'aime les câlins, tout le monde aime les câlins! Non ? ) laissez une review ( s'il vous plait, s'il vous plait, s'il vous plait! *S'agenouille et joint les mains**Puppies Eyes* S'il vous plaiiiiiiiit ?)

Sur ce, je vous laisse les lecteurs, la suite sera posté dimanche prochain, normalement, sauf si d'ici là on me signifie clairement qu'il ne vaut mieux pas que je continue ^^.

Aller, Kisssss les lecteurs que j'aime!