Chapitre 10
Lorsque Aragorn ouvrit les yeux, il mit quelques secondes à s'habituer à la lumière du jour qui entrait à flots dans sa chambre. Quelque chose de doux et soyeux lui chatouillait la joue et il écarta d'un geste tendre la mèche de cheveux blonds qui le gênait. Puis, il posa le regard sur le visage de l'Elfe et vit deux grands yeux bleus le scruter avec intérêt.
- Bonjour.
- Bonjour. Tu as bien dormi ?
- Je n'ai jamais dormi aussi bien. Et toi ?
En voyant l'air étonné de l'Elfe, Aragorn se mit à rire :
- C'est vrai que tu ne dors jamais ! Excuse-moi, j'avais oublié. Mais, puisque tu ne dors pas, qu'as-tu fait toute la nuit ?
- Je t'ai regardé. Tu es encore plus beau quand tu dors…
Pour une fois, ce fut Aragorn qui se mit à rougir sous le regard amusé de son compagnon. Essayant de changer de sujet, il demanda :
- Tu as réfléchi à ce que je t'ai dit hier soir ?
- Ton projet de départ ?
- Oui.
- C'est une bonne idée.
- Je pensais laisser les rênes du royaume à Faramir en mon absence. Cela lui permettrait de s'habituer à l'exercice du pouvoir. Qu'en dis-tu ?
- Que je serais ravi de t'accompagner où que tu ailles.
Un grognement fit sursauter Legolas.
- Qu'est-ce que…
- Mon ventre, répondit Aragorn d'un air amusé. Je n'ai rien mangé depuis hier midi et ce n'est pas ce que l'on a fait cette nuit qui va m'avoir coupé l'appétit !
Legolas rougit violemment sous le regard narquois de son aimé. Puis, il se mit à rire.
- Tu ne vas pas te mettre à avoir l'appétit d'un Hobbit ?
- Impossible ! Surtout si ce Hobbit s'appelle Merry ou Pippin !
Aragorn déposa un baiser sur les lèvres de l'Elfe et se leva, à contrecœur, mais affamé. Il s'habilla sous l'œil intéressé de Legolas qui n'avait pas l'air de vouloir se lever.
- Tu comptes rester au lit toute la journée ?
- Non… Je profite seulement du spectacle…
Aragorn lui lança un regard noir, tout en souriant. Puis, l'Elfe se leva à son tour et s'habilla, ne voulant pas rester seul dans le grand lit.
Quand Legolas et Aragorn arrivèrent dans la grande salle à manger, ils eurent la surprise d'y trouver les Hobbits et le Magicien déjà attablés devant un imposant petit-déjeuner.
- Je vois que vous avez déjà tout prévu ! Lança Aragorn d'une voix forte.
Pippin, qui ne l'avait pas entendu arriver, manqua de s'étouffer avec sa tartine. Merry lui donna une grande claque dans le dos.
- Merci, mais je me serais débrouillé tout seul, grogna Pippin.
Frodon se leva et se dirigea vers Aragorn qui s'accroupit en face de lui.
- Je voulais vous remercier encore une fois de m'avoir sauvé.
- Tout le mérite en revient à Sam.
L'ancien jardinier rougit et se concentra sur son assiette. Aragorn ouvrit les bras et serra Frodon contre lui, regrettant que le Hobbit ne soit pas son fils. Puis, il le lâcha et se releva pour annoncer :
- Mes amis, je vais partir en voyage pendant quelques temps.
- Où allez-vous ? Demanda Merry, toujours curieux de tout.
- Je ne le sais pas encore. Nous irons où le vent nous portera.
- Nous ? Interrogea Gandalf en haussant un sourcil.
Il connaissait déjà la réponse, mais s'amusa du trouble qui venait de s'emparer des deux hommes.
- Legolas part avec moi… Bon, je meurs de faim !
Il s'assit et commença à manger, espérant éviter d'autres questions. Legolas prit place à côté de lui en souriant.
- Nous allons rentrer dans la Comté, annonça Frodon. Cul-de-Sac me manque.
Gandalf se tourna vers Merry et Pippin.
- Vous rentrez aussi ?
- Nous allons d'abord rendre visite à l'un de nos vieux amis, Sylvebarbe. Et vous, Gandalf ?
- J'ai encore quelques affaires à régler. Je dois aller rendre visite à l'une de mes amies qui vit à Edoras. C'est une magicienne très puissante qui a le pouvoir de lire dans le cœur de tout être qui croise sa route.
Disant cela, il se tourna vers Legolas qui comprit de qui le magicien parlait et qui sut que sa rencontre avec la vieille femme aveugle n'était pas due au hasard. Il remercia le magicien d'un signe de tête, ravi qu'on l'ait poussé à dire la vérité à Aragorn.
Une fois le repas terminé, tous se préparèrent à prendre la route. Les Hobbits partirent ensemble, ne devant se séparer qu'à la lisière de la forêt de Fangorn. Gandalf partit vers Edoras avec pour mission d'informer Faramir de la décision d'Aragorn. Celui-ci les regarda tous partir le cœur gros. Il ne savait pas s'il les reverrait. Il ne savait même pas s'il reviendrait un jour dans ce château où il avait vécu tant de joies et de peines. Une pointe de nostalgie l'envahit, mais elle se dissipa vite dès qu'il sentit les bras de Legolas se refermer autour de son torse et la tête de l'Elfe s'appuyer sur son dos.
- Où veux-tu que nous allions ?
- J'aimerais revoir la Lorièn. Penses-tu que nous y serions bien accueillis ?
- Presque tous les Elfes sont partis, mais je suis certains que ceux qui restent serons ravis de nous offrir l'hospitalité.
- Alors, c'est décidé. Ensuite, nous verrons bien…
- Tu ne comptes pas reprendre le trône, n'est-ce pas ?
- Je ne peux rien te cacher, soupira Aragorn. Non, je ne reviendrais pas. Ou seulement en visiteur.
Il se retourna et prit l'Elfe dans ses bras en souriant.
- J'ai envie de voyager et de profiter de toi aussi longtemps que possible.
- Moi aussi, souffla Legolas en posant ses lèvres sur celles de son aimé.
Et, ils rentrèrent au château pour préparer leurs bagages, heureux à l'idée de cette nouvelle vie qui s'offrait aujourd'hui à eux.
The End.