Bonjour, Bonsoir mes chers lecteurs !

Je vous présente ici l'humble début du texte que j'offre à Louisalibi dans le cadre du Secret Santa organisé par le Collectif NoName !

Louisalibi, même si ce chapitre ne correspond pas vraiment à tes attentes, j'espère pouvoir te satisfaire avec le/les suivant(s) !

Je n'en dis pas plus, et vous retrouve en bas !


« John ? Je souhaiterais te parler, tu peux rester un peu ? »

Le jeune homme acquiesça, finissant de ranger ses affaires en attendant que les autres élèves ne sortent de la salle. Rajustant d'une main experte ses lunettes sur son nez, il se demanda ce que lui voulait la prof principale. Certainement lui demander d'organiser un évènement pour la classe, ou bien un compte-rendu de leurs activités.

Il s'approcha finalement du bureau, curieux. L'information ne tarda pas à venir.

« John, je sais que tu es déjà très occupé avec tes fonctions de délégué de classe en plus des cours, mais j'ai une faveur à te demander. Vois-tu, un nouvel élève va arriver dans ta classe à partir de demain. Il a été transféré d'Oxford, et aura besoin d'aide pour se familiariser à sa nouvelle école, se rendre dans les bonnes salles de classe, ou encore se faire de nouveaux amis. J'aimerais que ce soit toi qui te charge de ça. Je sais que je peux te faire confiance, et que ta gentillesse le mettra tout de suite à l'aise. Ça ne te dérange pas ?

- Non, madame.

- Très bien, je n'en attendais pas moins de ta part. Je te remercie, et te laisse filer. A demain.

- A demain, madame. »

John sortit de la classe, et se dirigea vers la sortie du lycée, calant son sac un peu mieux sur son épaule droite. En quelques foulées, il rejoignit la personne qui l'attendait près du portail.

Il glissa ses doigts dans la main du garçon, se rapprochant de lui pour poser ses lèvres contre les siennes.

Se reculant légèrement, John laissa un doux sourire fendre son visage.

« Hey ! lança-t-il au garçon face à lui.

- Hey toi-même ! Tu as été retenu ?

- Oui, Madame Sawyer voulait me parler à la fin du cours…

- Ne me dis pas qu'elle t'a rajouté du travail ! Moi qui comptais profiter de mes quelques heures de libre avec toi… »

Son vis-à-vis se pencha à nouveau, lui volant un rapide baiser qui en disait long sur ses intentions.

John rit doucement, avant de reprendre :

« Ne t'inquiète pas, James. Je dois juste m'occuper d'un nouveau qui arrive demain. J'ai un peu de temps maintenant. Mais il faudra ensuite que je rentre réviser mes cours.

- Oh, lâche un peu les cours ! Tu les connais certainement déjà par cœur, je suis sûr ! »

John rougit légèrement face au reproche amusé de son petit-ami. Peut-être qu'il connaissait effectivement ses cours, mais ce n'était pas une raison pour passer à côté de sa routine journalière ! Il ne voulait pas rater son prochain examen…

C'était leur chamaillerie habituelle, James ne comprenant pas sa volonté de réussir au mieux, lui-même se contentant généralement des révisions la veille au soir et de sa capacité à improviser. John ne se moquait pas de lui, pourtant, lorsqu'il se plaignait d'avoir tout juste la moyenne.

« Passons ! Et si on bougeait de là ? » finit par répondre John, peu désireux de repartir sur cette pente glissante.

La prise de James se fit plus ferme sur sa main, imposant le mouvement en avant.

Perdu dans ses pensées, John en laissa une s'échapper à voix haute.

« J'ai hâte de le rencontrer. J'espère qu'il se plaira ici ! »

La réponse de James fusa rapidement.

« Occupe-toi plutôt de ce qui me plait. Mes parents sont pas chez moi avant vingt heures. On aura tout le temps qu'on veut à condition qu'on ne reste pas plantés là ! »

John ne répondit pas. Ses pensées s'envolaient déjà vers le lendemain.

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C'est avec une légère excitation que John se prépara à son réveil. C'était comme si une aura de mystère entourait le nouvel arrivant, et John avait hâte de le découvrir.

Il connaissait déjà la plupart des élèves, de près ou de loin, comme ils fréquentaient tous le même établissement depuis leur entrée en sixième année.

Il l'imaginait déjà de différentes manières. Serait-il plutôt sportif ? Ou préfèrerait-il, comme lui, le calme de la bibliothèque ? Peut-être aucun des deux. Il l'imaginait châtain, un peu comme James. Mais vraiment, il pouvait être bien différent.

Dans tous les cas, il pouvait bien imaginer à quel point déménager en cours d'année pouvait être difficile. Il comptait bien l'accueillir du mieux possible.

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John se rendit en cours un peu plus tôt que d'habitude, tentant au passage d'apercevoir la salle d'attente du proviseur. Vide.

Légèrement déçu malgré lui, il était sur le point de se remettre en marche lorsque la porte du bureau s'ouvrit, laissant en sortir trois personnes.

« Ah, monsieur Watson ! l'interpela le responsable d'établissement. Vous tombez bien. Madame Sawyer vous a bien transmis l'information ? Voici votre nouveau camarade de classe. Sherlock Holmes. Je vous laisse faire connaissance… »

Il se tourna ensuite face à la seconde personne présente, vêtue d'un costume impeccable, un parapluie pendu gracieusement au bras.

« M. Holmes. J'ai bien pris note des différents points que vous avez mentionnés. Nous gardons contact. Je vous remercie d'avoir pris de votre temps.

- Merci à vous, monsieur. Je vous souhaite une bonne journée.

- De même. »

Sur une poignée de main, l'étrange homme en costume s'éloigna vers la sortie, n'accordant pas un regard à John.

Il se retrouva bientôt seul avec Sherlock – quel drôle de prénom – qui n'avait toujours pas bougé depuis sa sortie du bureau, la tête baissée sur une moue boudeuse, les bras croisés.

John se décida finalement à s'avancer, un grand sourire aux lèvres.

« Bonjour, je suis John. On a encore un peu de temps avant le début des cours, tu veux que je te fasse visiter le bâtiment ?

- Non. » répondit abruptement Sherlock.

John laissa passer quelques secondes, abasourdi par la dureté de sa réponse.

« Tu préfères peut-être que je te dise où nous en sommes dans le programme ?

- Inutile. »

Nouveau silence.

John ne se découragea pas pour autant.

« Tu as envie de voir la bibliothèque ? On devrait pouvoir te dénicher quelques bouquins de cours pour… »

Estomaqué, il ne finit pas sa phrase, regardant l'odieux personnage passer devant lui sans un regard de plus.

Très bien, si tu préfères te débrouiller tout seul…

John se dirigea vers sa salle de classe, énervé mais tout autant déçu de cet échec cuisant. Sa fierté en prenait un sacré coup, mais il ne fallait pas qu'il se laisse toucher par le comportement d'un inconnu qu'il pourrait très bien ignorer !

Redressant d'un geste sec les lunettes sur son nez, John tenta de garder la tête haute en se rendant à la bibliothèque. Puisqu'il avait un peu de temps devant lui, autant l'utiliser à bon escient…

John ne revit pas le nouvel élève avant le début du cours.

Celui-ci entra en dernier dans la salle, à la limite du retard.

Il était déjà en chemin vers l'une des tables du fond lorsque leur professeur de mathématiques le coupa dans son élan.

« Jeune homme ! Revenez un instant par ici, s'il vous plait ! »

Avec un soupir si peu masqué que l'ensemble de la classe put en profiter, Sherlock revint à l'avant de la classe.

John ne parvint pas à supprimer son sourire narquois. Epinglé par le professeur dès le premier cours, ça lui apprendra, à cet être hautain !

A peine la pensée disparue de son cerveau, John s'en voulut. Il ne devait pas juger les gens aussi rapidement. Il y avait probablement une bonne raison à son comportement.

Le professeur reprit :

« Vous devez être notre nouvel élèves, M. Hormes, c'est ça ?

- Holmes.

- M. Holmes. Et si vous vous présentiez devant la classe, pour commencer ? »

Si les regards pouvaient tuer, Sherlock serait certainement l'un des plus grands assassins de l'histoire, se dit John.

Le brun se tourna alors vers la classe, lançant un regard glacial à l'assemblée.

« Mon nom est Sherlock Holmes, ce que je viens faire ici ne vous regarde absolument pas, tout autant que mes passions et mes hobbies. Merci de me laisser tranquille. »

Tous les élèves le regardèrent, totalement surpris.

John ne sut pas s'il devait rire ou se frapper la tête à multiples reprises.

Ok, je n'ai rien dit, il est tout simplement détestable.

Visiblement satisfait de son impression, Sherlock était sur le point de retourner au bureau qu'il avait repéré au fond de la salle avant de se faire de nouveau couper l'élan par le professeur, qui avait enfin reprit ses esprits.

« Pas si vite ! Mettez-vous devant, que je puisse vérifier avec vous où vous en êtes rendu avec le programme. Là, à côté de M. Watson, ça sera parfait. »

Cette fois-ci, la main de John atteignit son front avant même qu'il n'en formule l'idée.

Il ne manquait plus que ça…

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Ils passèrent le reste du cours à s'ignorer, laissant une bonne distance de sécurité entre leurs coudes.

C'est avec une stupeur de plus en plus grandissante que John se vit assigner Sherlock comme voisin de table à tous les cours.

C'est comme s'ils s'étaient tous mis d'accord pour lui donner une crise de nerfs…

John était quelqu'un de gentil, capable d'encaisser les coups durs, mais là, vraiment, c'était trop.

Dans le meilleur des cas, Sherlock se murait dans un silence immobile. Dans le pire…

Eh bien, dans le pire des cas, il était capable de réflexions les plus cyniques et blessantes qu'il ait pu entendre, que ce soit à l'encontre d'un camarade de classe qui avait commis l'outrage de donner une mauvaise réponse à une question (« Faux ! »), ou bien même à un professeur.

John n'avait jamais vu ça. Ne l'avait jamais ne serait-ce qu'imaginé.

Comment pouvait-on dire à un professeur qui enseignait depuis des années que son cours était basé sur des théories et des notions totalement fausses et qu'ils n'étaient pas suffisamment intelligents pour s'en rendre compte eux-mêmes ?

Quel impossible vantard…

En tant que délégué de classe, les autres élèves lui avaient demandé de dire quelque chose à cet énergumène aux noms d'oiseaux déjà fournis…

John soupira d'exaspération.

Lui qui pensait se faire un nouvel ami, il y avait trouvé son pire cauchemar.

Et ce n'était que le premier jour…

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« Alors, ça y est, tu t'es fait un copain de plus ? » demanda immédiatement James lorsqu'il le rejoignit à l'entrée du lycée à la fin des cours.

Devant la mine déconfite de John, celui-ci ne mit que peu de temps à saisir le problème.

« C'est un connard à ce point ?

- Tu n'as pas idée… Il a passé la journée à humilier tout le monde. Et bien sûr tous les professeurs ont trouvé que c'était une bonne idée de le mettre à côté de moi à chaque cours… Et le pire dans l'histoire, c'est qu'il semble déjà tout connaître !

- Ah, le petit chouchou des professeurs a peur de perdre sa place de premier de la classe ?

- Ce n'est pas drôle, James ! »

Ça semblait pourtant l'être, au vu du rire tonitruant que lâchait maintenant son petit-ami.

Exaspéré, et franchement fatigué de sa journée, John commença à s'éloigner en ruminant.

James le rattrapa par le poignet, sa poitrine toujours secouée de spasmes.

« Attends, John. Je sais ce qu'il te faut, pour te détendre. Viens chez moi.

- Je n'ai pas franchement envie, là, James. Je veux rentrer chez moi et me poser. »

La poigne de James se raffermit sur son bras.

« Tu viens. »

Son ton n'était plus joueur.

James le tira derrière lui, l'entrainant sur le chemin habituel.

Le regard de John croisa une paire d'yeux de glace le fixant.

De nouveau excédé, il allongea le pas, se mettant au niveau de James, faisant mine de prendre les devants, la tête haute.

Il sentit pourtant que les yeux ne le lâchèrent pas jusqu'à ce que James et lui-même ne disparaissent derrière le portail.

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« Qu'est-ce que tu penses d'une glace, avant que je te dépose chez toi ? » demanda James tout en reboutonnant adroitement sa chemise.

John, allongé sur le ventre, le corps recouvert par endroits du fin drap blanc, ne répondit pas immédiatement, son esprit aussi engourdi que ses muscles.

Il laissa échapper un soupir avant de se redresser sur ses coudes, observant James terminer d'ajuster ses manches.

Lorsque les yeux bleus clairs se posèrent sur lui, attendant une réponse, John sortit de sa torpeur.

« Hmm… Pourquoi pas, mais ce sera crêpe pour moi ! »

James lui lança l'un de ses sourires en coin charmeurs dont il avait le secret.

« Une crêpe pour Monsieur Watson ! Mais pour cela, il faudrait que celui-ci s'habille ! » lança-t-il, joueur.

John se reçut peu de temps après une boule au visage, dont il démêla mollement son t-shirt avant de s'asseoir au bord du lit, souriant de nouveau.

« Ça va, ça va, j'arrive !

- Ah, son Altesse est décidée ! »

James réceptionna à son tour le jean qui lui avait lancé John.

Une fois prêt, James l'enlaça, ses larges mains parcourant son dos, avant de se pencher pour ravir ses lèvres dans un baiser tendre. Leurs lèvres se séparant, il caressa l'arête du nez de John avec le sien.

« Allons-y, sinon je vais être obligé de te garder prisonnier… »

Ils sortirent, main dans la main, les doigts entrelacés.

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Les jours de la semaine défilèrent, et les craintes de John se révélèrent fondées.

Le brun, toujours plus hautain et orgueilleux, était bel et bien meilleur que lui en classe. Et ça donnait envie à John de crier. Il se comportait comme le dernier des cancres, et pourtant avait réponse à tout en toute circonstance.

John l'avait même croisé une fois ou deux à la bibliothèque, alors qu'il travaillait entre deux cours.

Sherlock était avachi dans l'un des fauteuils de la section des sciences, les mains jointes sous son menton et les yeux fermés.

C'était comme ça qu'il révisait pour le contrôle de chimie du lendemain ?!

John, qui travaillait dur tous les jours en dehors des cours pour obtenir de bonnes notes, se faisait ridiculiser par ce… cet être machiavélique qui ne révisait même pas une seconde et semblait retenir tout ce qu'il lisait d'un coup d'œil ?

Il referma son livre de chimie d'un coup sec, et le posa sur la table un peu plus sèchement que ce que méritait ce pauvre manuel innocent.

Le bruit n'extorqua même pas un frétillement de paupière de la part de Sherlock, ce qui envoya John au bord d'un gouffre de colère qu'il n'avait encore jamais ressenti.

John quitta la bibliothèque, abandonnant pour la première fois ses révisions en plein milieu.

Lorsqu'il raconta l'évènement à James, lors de la pause déjeuner, celui-ci se moqua de lui.

« Tu es juste jaloux, John. Tu découvres enfin ce que ressentent les autres à ton égard !

- Mais enfin… Les autres ne sont pas jaloux de moi ! Je travaille dur pour avoir mes notes, ce n'est pas comme si je ne foutais rien ! Et je les aide quand ils me demandent !

- Tu te cherches des excuses là, John, c'est puéril. Arrêtes donc de faire le gamin et accepte que quelqu'un soit meilleur que toi ! Point. »

John le regarda, estomaqué. Il se leva de sa chaise, laissant son plateau repas intouché.

Alors que ses yeux s'humidifiaient de manière incontrôlée, John reprit :

« Oui, tu as certainement raison. »

Il n'en croyait pas un mot.

Il ramassa son sac et son plateau avant de s'éloigner.

« John, attends !... » lança vaguement James.

Et pourtant, il ne vint pas à sa suite.

John sortit du réfectoire, la bouche masquée par la manche de son cardigan, alors que deux larmes traitresses dévalaient ses joues.

Cette fois-ci, il ne vit pas qu'il était suivi du regard par les mêmes yeux cristallins.

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John ne sortit de sa cachette que lorsque l'heure de reprendre les cours sonna.

Ce que lui avait dit James avait été bien plus blessant que ce qu'il aurait pu penser. Il avait vraiment cru que James, par-dessus tous, le soutiendrait… Ce qu'il avait impliqué dans sa tirade lui avait laissé une sensation de coups de couteau savamment appliqués les uns après les autres dans son cœur.

Ses camarades de classe ressentaient réellement de la jalousie à son égard ? Il ne faisait pourtant rien pour jeter de l'huile sur le feu…

Toute la colère qu'il avait pu ressentir dans la matinée avait disparue, remplacée par une mélancolie agrémentée d'un sentiment de rejet bien trop fort pour pouvoir être ignoré.

La tête basse, il se faufila discrètement jusqu'à sa salle de classe et ne releva pas le nez de ses notes avant la fin de la journée, malgré les péripéties de son voisin de table.

Ce ne fut que lorsque Mme Sawyer posa une main sur son épaule qu'il se redressa en sursautant.

« Ça va, John ? »

Il tourna le regard autour de lui. La salle était vide. Les cours étaient terminés.

Il poussa ses lunettes contre l'arête de son nez.

« Je… Oui, oui, ça va. Excusez-moi, je finissais de relire une note, mais je vais partir ! »

Il commença à ranger ses affaires prestement, mélangeant ses différentes fiches par la même occasion.

La professeure reprit la parole lorsqu'il se leva.

« Tu es sûr ? Tu sais que tu peux me parler, si tu en as besoin ?

- Oui, oui, je suis désolé, madame, je ne vous embêterai pas plus longtemps ! Bon weekend ! »

Il fila par la porte avant qu'elle ne puisse répliquer.

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Lorsqu'il atteignit le portail du lycée, les élèves étaient déjà tous partis. Même James. Personne ne l'attendait.

Alors que sa gorge se serrait douloureusement, il ne sut pas s'il devait être triste de se sentir abandonné par son propre petit ami alors qu'il avait besoin de lui, ou bien être soulagé de ne pas avoir à subir de nouvelles remarques blessantes.

Il rentra directement chez lui et plongea dans ses devoirs pour ne plus penser au reste.

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La soirée était largement entamée, et il parcourait une dernière fois les cours de la journée lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit brusquement.

« James ?! » s'étonna-t-il.

« Alors, tu m'ignores, maintenant ? » cracha le concerné, venimeux.

John le fixa quelques instants, perdu, la tête encore pleine d'équations. James semblait fulminer, pour une raison qu'il ignorait.

« Mais… De quoi tu parles ? » lança-t-il, hésitant.

Après une œillade meurtrière, James reprit, les bras croisés fermement sur son torse :

« Regarde ton portable. »

John, hébété, mit plusieurs secondes à palper ses poches bêtement avant de se souvenir où il l'avait laissé.

Devant un James blasé, John se releva de son bureau pour aller fouiller dans les poches de sa veste, qu'il avait suspendu derrière sa porte. Il en sortit rapidement ledit portable et en éclaira l'écran d'une pression sur le bouton principal.

« Effectivement… Je suis désolé James… Mais tu sais que quand je travaille, je ne prête pas attention à ce qui m'entoure… Et vu que tu ne m'attendais pas à la sortie comme d'habitude, j'ai pensé que je ne te verrai que demain… »

Les muscles de la mâchoire de James tressaillirent. Il lâcha un soupir.

« Très bien. A demain alors.

- James, attends ! »

Alors que John tendait le bras pour le retenir, sa mère toqua à la porte. Elle l'ouvrit légèrement, passant la tête par l'entrebâillement.

« Excusez-moi les garçons, mais le repas est prêt ! James, tu restes dîner avec nous ?

- C'est très gentil de me proposer Madame Watson, mais j'ai déjà mangé, et je dois rentrer.

- Pas de problème, une prochaine fois !

- Avec plaisir, passez une bonne soirée ! »

James posa chastement ses lèvres sur celles de John, avant de passer près de sa mère et de quitter leur logement.

John se détourna pour soupirer et se frotter le visage, dépité.

Il avait le sentiment qu'il n'en avait pas fini avec cette histoire…

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James, tu es bien arrivé chez toi ? – John, ven. 18/01, 21h05

Ça tient toujours, le film demain après-midi ? – John, ven. 18/01, 22h30

Bonne nuit… Je t'aime… - John, ven. 18/01, 23h19

James, je suis devant le cinéma. Tu es bientôt arrivé ? – John, sam. 19/01, 13h36

Laisse tomber, la séance a commencé… - John, sam. 19/01, 14h12

James, tu m'en veux ? – John, sam. 19/01, 19h37

J'aimerais savoir pourquoi tu ne me réponds pas. C'est parce que je ne l'ai pas fait hier ? Je pensais que tu avais compris pourquoi. - John, sam. 19/01, 21h24

Réponds-moi… - John, sam. 19/01, 21h25

James, je suis désolé si je t'ai fait du mal… S'il te plaît, pardonne-moi… - John, dim. 20/01, 10h04

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Etonnamment, James était égal à lui-même, le lundi matin, avant les cours. Comme s'il ne s'était rien passé.

John tenta de se persuader que la crise était passée.

Quant à Sherlock, il semblait calme lors de la matinée, pour une fois… Il ne releva même pas, lorsque leur professeur de mathématiques blagua sur des sciences expérimentales comme la chimie, d'après lui inférieures à des sciences exactes comme la matière qu'il enseignait. Pour John, toutes les sciences se valaient, et il n'aurait pas protesté si le brun avait fait des siennes.

Il se permit de l'observer discrètement quelques instants.

La tête de son voisin était baissée sur sa feuille, vierge de notes, et ses longues boucles brunes tombaient sauvagement sur son front, masquant son expression au professeur. Sa main droite, au poing fermé, soutenait sa joue. C'était à peine si John le voyait respirer… Ses yeux furent attirés vers son cou, tentant d'apercevoir un battement au niveau de la carotide.

Il lui fallut quelques instants pour confirmer sa pensée absurde – bien sûr qu'il respirait, voyons ! – et cesser de fixer la nuque de son voisin, à peine masquée derrière le col de sa chemise bleue nuit.

C'est alors qu'il remarqua les deux yeux presque translucides qui le fixaient en coin sans ciller, sous les épaisses mèches de cheveux.

John sentit soudainement ses joues brûler et se retourna vers le tableau, non sans remarquer avant la bouche de son voisin s'étirer en un demi-sourire sardonique.

John termina le cours le regard forcé vers l'avant, s'empêchant tout mouvement de tête pouvant le trahir de nouveau.

Il quitta la salle rapidement à la sonnerie, peu désireux de se faire remarquer par qui que ce soit une nouvelle fois.

Il alla directement s'installer à une table de la bibliothèque pour continuer son devoir de chimie dû pour la semaine suivante.

Il ouvrit son livre, puis son trieur pour récupérer le sujet et ce qu'il avait commencé, mais ne parvint pas à mettre la main sur sa feuille. Il parcourut méticuleusement son trieur avant de céder à l'inquiétude, mais il devait se rendre à l'évidence : la copie n'était plus là où il l'avait glissée la veille au soir…

Il était pourtant persuadé de l'avoir mise à cet endroit…

Il ôta ses lunettes pour se frotter les yeux. Il n'avait plus qu'à espérer l'avoir oubliée chez lui…

« C'est ça que tu cherches ? » demanda une voix grave près de son oreille, qui le fit sursauter. Dans sa misère, il ne s'était pas rendu compte que quelqu'un s'était approché de lui… Et ce quelqu'un n'était autre que Sherlock, qui lui tendait une copie double à petits carreaux déjà soigneusement présentée et remplie.

« Tu l'as laissée sur ton bureau, tout à l'heure, et tu es parti trop vite pour que je puisse te la rendre immédiatement.

- Ah… Hmm, merci alors, je commençais à croire que je l'avais perdue ! »

John la parcourut des yeux, relisant les lignes qu'il avait lui-même écrites, prêt à replonger dans l'exercice.

Ce fut sans compter une nouvelle intervention de Sherlock, qui n'était pas du tout parti comme il avait pu le penser.

« Je l'ai parcourue, en venant ici. Ton explication sur la dissolution des molécules dans une base tient la route, si on prend en compte uniquement le modèle d'Arrhenius. Or, cette hypothèse se limite au milieu aqueux. Mais si on prend en compte ce que dit Lewis, ton explication est incomplète.

- Mais… Nous n'avons pas encore étudié ce que dit ce Lewis…

- Cela doit-il nous empêcher de nous intéresser à ce qui nous attend ensuite, John ? Bronstead et Lewis sont bien plus proches de la réalité qu'Arrhenius ! Tiens, commençons par Bronstead, sa théorie est en fait un cas particulier de la théorie de Lewis… »

Sherlock disparut un instant derrière les étagères avant de revenir muni d'un énorme volume de chimie réservé aux années supérieures.

Il ouvrit le livre d'une main experte, retrouvant la partie concernée sans même parcourir l'index. John ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu impressionné.

« Tu t'intéresses souvent aux cours que nous aurons dans plusieurs années ? » ne put-il retenir. Sa curiosité était piquée.

Sherlock releva les yeux du grimoire, surpris par la question. John put presque voir les rouages du cerveau de Sherlock s'enclencher pour former une réponse.

« Ce ne sont pas les cours qui m'intéressent. Ils sont ennuyeux à mourir. Je veux juste engranger le plus de connaissances utiles possibles.

- Utiles ? Donc pour toi, les cours sur le système solaire ne sont pas utiles ? »

Les sourcils de Sherlock bondirent sur son front, avant de se renfrogner en une ligne contractée.

« Comment ça ?

- Eh bien… Je me souviens encore de la réponse que tu as donnée au professeur, la dernière fois… Tu ne sais vraiment pas que la Terre tourne autour du Soleil ?

- Ah, c'est le cas ? Non, ça ne m'intéresse pas, j'ai dû le supprimer de ma mémoire.

- Comment ça, supprimer ? Tu n'as pas un disque dur à la place du cerveau ! »

Sherlock le regarda un instant, presque moqueur.

« C'est tout comme. Tu devrais essayer un jour, peut être que ça te permettrait d'approcher mon niveau ! »

John fit mine de s'offusquer à la remarque cinglante, un trait de caractère qui semblait être naturel chez son vis-à-vis. Autant ne pas démarrer au quart de tour comme lui…

Il se rappela finalement que malgré tout, l'heure continuait de tourner sans qu'il n'avance sur son devoir.

« Bon, montre-moi donc comment améliorer ma réponse, monsieur-je-sais-tout ! »

Sherlock se repencha immédiatement sur son texte, leur échange déjà visiblement oublié.

Sa voix grave et tout de même chaude malgré son air au contraire glacial remplit de nouveau leur espace de travail lorsque Sherlock entama son explication.

« Tu vois ici que la définition d'un acide et d'une base varie de celle que nous avons vu… »

Lorsque la sonnerie retentit, John n'avait pas écrit un mot de plus sur sa copie, mais avait alors acquit bien plus de connaissances que ce qu'il croyait possible en moins d'une heure.

Mais ça, il ne l'admettrait jamais devant Sherlock. Jamais.

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John passa rapidement se laver les mains aux toilettes avant de se rendre au réfectoire.

Alors qu'il se séchait les mains, il vit James le rejoindre.

« Ah, j'étais sur le point de te rejoindre, on y va ?

- Pas tout de suite. » répliqua le concerné.

Il saisit John par le bras et le traina derrière lui, allant droit dans l'une des stalles, qu'il verrouilla derrière eux.

Sa prise se relâcha légèrement sur le bras de John, qui se rendit compte à cet instant qu'il lui avait fait un peu mal, une fois la surprise passée.

« James ? hésita-t-il.

- A genoux.

- Quoi ?! » La surprise de John se mêla instinctivement à de l'inquiétude, laissant sa voix rauque.

Les doigts puissants se refermèrent sur son biceps, lui arrachant un faible gémissement.

« Tu m'as très bien compris. Je n'apprécie pas tellement ton comportement de ces derniers temps. Tu te prends pour qui ? Je suis obligé de te rappeler à l'ordre ici, tu te rends compte ? A. Genoux. »

John ne put qu'obéir, bloqué, coincé par James qui menaçait de lui broyer le bras s'il ne capitulait pas.

C'est dans une dernière pensée amère qu'il se rappela de la matinée. La crise n'était pas passée, comme il avait pu l'espérer, et il en payait les pots cassés à présent. Il était vraiment idiot d'avoir pu penser que James ne lui en voudrait pas, après ce qu'il avait fait…

Les larmes roulant sur ses pommettes et la gorge totalement nouée, il accepta la punition qu'il méritait d'avoir.


Boooooooooooon. Ne me tuez pas. plz. Je suis gentille, en fait. Review ?