Bonjour à toutes et à tous, je suis heureuse de vous retrouver ! Ici, c'est la PARTIE 2 de la fic, alors si vous n'avez pas lu la partie 1 vous ne comprendrez rien. Je m'excuse pour l'attente. En général, je corrigeai les chapitres avec une amie avant d'envoyer sur fanfic, mais nous ne trouvons plus le temps pour cette correction. J'ai donc décidé d'envoyer quand même, au lieu de vous faire attendre encore dix ans (quitte à renvoyer le chapitre quand on trouvera le temps de se pencher sur une meilleure correction) Merci de votre attention !


23 ans auparavant

Un nouveau jour se lève sur Athènes. A l'écart de la ville et des quartiers principaux se dresse une maisonnette volontairement isolée au cœur d'un jardin de roses. Comme à son habitude, le propriétaire se lève aux aurores et appuie machinalement sur le bouton de la machine à café. Pensif, l'homme regarde sans le voir le filet brun et chaud remplir sa tasse. Il songe aux derniers évènements en date.

La Guerre Sainte se rapproche… Imminente. Les Gémeaux Aspros et Deutéros viennent de perdre la vie après avoir localisé, au prix de grands efforts, le Manoir où Hadès sera logiquement réincarné. Les Dieux Jumeaux, Thanatos et Hypnos, y sont déjà retranchés et confirment leur dernier rapport. Le Seigneur des Enfers et la Déesse Athéna devraient s'incarner dans des hôtes humains d'ici les prochaines années. Les Chevaliers se rassemblent, sur le qui-vive. Chacun d'eux devra se montrer inflexible une fois la Déesse parmi eux.

Lugonis attrape sa tasse de café et boit une gorgée.

Le gros des troupes est déjà mobilisé, certains sont envoyés par le Grand Pope à la recherche de potentielles recrues, d'autres se chargent d'entrainer davantage leurs pairs éveillés au Cosmos.

L'une comme l'autre, ces tâches ne sont pas faites pour lui, son sang empoisonné pourrait causer des problèmes. Les Chevaliers se déployant souvent en binômes, la plus basique des missions pourrait s'avérer catastrophique… Or Lugonis ne souhaite pas prendre le risque d'affaiblir, ou pire, tuer son coéquipier. Quant à entraîner un élève… il lui faudrait déjà trouver un être exceptionnel capable de survivre aux émanations toxiques de ses roses, puis au rituel du Lien Rouge.

Lugonis achève de boire son café et rince la tasse dans son évier. En tournant le robinet pour couper l'eau, le Chevalier d'Or se fige.

Qu'est-ce que c'est ?

Il tend l'oreille en silence, persuadé d'avoir entendu un bruit insolite dans son jardin.

Personne ne s'aventure par ici, sauf les plus téméraires des Chevaliers d'Or. Et ils s'annoncent toujours..

Un peu inquiet à l'idée qu'un humain se soit faufilé jusqu'ici et se risque dans son champ de roses empoisonnées, Lugonis sort de chez lui. Ses yeux balaient immédiatement les lieux, à la recherche d'une silhouette ou même de traces à suivre.

Rien.

J'ai dû rêver.

Il s'apprête à retourner dans sa maison et arrête immédiatement son mouvement en entendant une nouvelle fois l'étrange bruit, comme une sorte de gazouillis.

Aucun oiseau ne produit ce son.

Les sourcils froncés, Lugonis contourne sa maison afin d'atteindre le vaste jardin qui se trouve à l'arrière. Les massifs de fleurs s'étendent de chaque côté du chemin en graviers blancs. Rapidement, le Chevalier des Poissons dépasse les roses normales et sans danger pour gagner les rosiers plus dangereux entretenus pour s'entraîner et se battre contre tous ennemis qui voudraient attaquer le Grand Pope ou les autres Chevaliers.

Les roses noires succèdent aux blanches et il n'y a toujours rien en vue.

Encore une fois, le son se fait entendre.

On dirait des couinements ou des gémissements. Est-ce un animal ? Il ne va pas survivre si je ne le retrouve pas rapidement.

Précipitamment, il entre dans la dernière partie de son jardin qui regroupe ses roses rouges au poison fatal. L'oreille tendu, Lugonis écarte les fleurs au hasard mais il n'entend plus rien.

Je suis arrivé trop tard, les animaux ne survivent pas plus de quelques secondes dans ces massifs.

Le Chevalier d'Or soupire. Seuls les froissements des feuilles qu'il écarte rompent le silence.

Ni humains, ni oiseaux, ni insectes, ni végétation, ces roses ne permettent aucune autre présence que la leur… Rares sont les animaux à venir dans ce champ de fleurs empoisonnées, mais ça arrive tout de même de temps en temps, des imprudents…

Sa surprise est sans égale après quelques minutes de recherches. Il vient effectivement de trouver la source du bruit, ce n'est pas un animal perdu mais un bébé. Un bébé humain.

Qui est assez fou pour se débarrasser d'un enfant ici, aussi loin de la ville et en plein dans ce jardin de Roses Démoniaques ? A croire qu'on voulait s'assurer que ce pauvre petit ne survivrait pas…

Le cœur serré, le Chevalier des Poissons ramasse délicatement le nourrisson aux yeux clos.

Pauvre petit…

A cet instant, le bébé ouvre les paupières et se met à bailler. Stupéfait, Lugonis observe le petit être dans le creux de ses bras qui semble être tiré du sommeil.

Le poison ne lui fait aucun effet… ?

Mal réveillé, le petit cligne plusieurs fois des yeux avant de poser son regard bleu sur le Guerrier. Emettant un petit couinement content, il tend ses bras vers lui.

Si mignon… Si minuscule et déjà capable de résister au parfum des Roses Démoniaques.

Délicatement, il caresse la joue de sa trouvaille, sans oser le croire. L'enfant essaye d'attraper sa main que le Chevalier lui abandonne, attendri. Occupé à suçoter l'index de Lugonis, le bébé ne se soucie plus du reste et le laisse examiner la couverture dans laquelle il est emmailloté.

De la simple laine, pas d'étiquette ou d'indices qui pourraient m'en dire plus sur cet enfant. Il faudra que je vérifie s'il n'y a pas eu de kidnapping ces derniers jours.

Ses doigts butent alors sur un pendentif accroché au cou du nourrisson. Sans attendre, craignant qu'il s'étrangle avec, le Guerrier le retire et l'examine. Le cordon noir est des plus banals mais le bijou taillé en forme de goutte d'eau qu'il retient l'est déjà beaucoup moins.

Cette matière m'est inconnue.

Lentement, Lugonis retourne vers sa maison. Bien sûr, il va faire les démarches afin de vérifier si cet enfant n'est pas à quelqu'un qui le recherche, mais au fond de son cœur, le Guerrier sait déjà la vérité : il n'obtiendra aucun résultat.

Ce petit n'est pas ici par hasard. Peut-être même est-ce un cadeau des Dieux, peut-être veulent-ils qu'un nouveau Chevalier des Poissons soit formé afin de veiller sur la prochaine réincarnation d'Athéna.


8 ans plus tard.

TCHAC ! TCHAC ! TCHAC !

Les tiges des roses s'enfoncent avec précision dans les cibles de bois déjà maintes fois utilisées. Albafica lève les bras en signe de victoire et se tourne vers Lugonis, assis sur un banc, qui le regarde s'entraîner.

- Maître ! J'ai enfin réussi ! J'ai atteint toutes les cibles avec les Roses Démoniaques !

Loin de s'en émouvoir, le visage impassible, le Chevalier des Poissons regarde l'enfant :

- Recommence.

Stupéfait, son fils adoptif baisse les bras, déçu par la froideur dont fait preuve le Guerrier. Lui qui s'attendait à des félicitations…

- Mais j'ai atteint toutes les cibles…

- Tu en es sûr ?

Albafica se retourne lentement, ses yeux bleus se posent sur les rectangles de bois plantés à quelques mètres devant lui. Tous sont atteints… sauf un. Celui tout à droite. Contrairement à ce qu'il croyait, la fleur l'a seulement effleuré et s'est figée par terre.

- Oh… murmure le jeune garçon avec dépit.

Lugonis se lève et franchit la distance qui les sépare :

- Inconscient… Il ne faut jamais crier victoire trop tôt.

Le Maître se baisse et ramasse la fleur rouge au toxique parfum :

- Tu sais ce qu'une cible ratée signifie ?

Albafica baisse piteusement les yeux en répondant à mi-voix :

- La mort d'un innocent…

- Exactement, réplique sévèrement le Guerrier en lui mettant la rose entre les doigts.

Le garçon regarde la fleur aux pétales couleur de sang, avant de relever les yeux. Sans crier gare, Lugonis expédie brusquement dix Roses Démoniaques vers les dix cibles. Chaque fleur se plante avec une précision mortelle en plein centre du cercle rouge dessiné au milieu des rectangles.

Découragé, Albafica fixe ses propres fleurs qui sont accrochées aléatoirement sur les morceaux de bois.

- Tu dois toujours faire mieux que ton mieux, Albafica. Atteindre toutes les cibles est une chose. Toucher leur centre en est une autre. Recommence à présent.

Le garçon hoche la tête en fronçant les sourcils, le visage résolu.

J'ai encore du travail avant d'arriver à faire la même chose… Mais j'y parviendrais pas !


Albafica continue de s'entraîner avec assiduité, chaque jour. Il aime voir son Maître sourire devant ses progrès et sait aussi qu'une fois qu'il atteindra parfaitement son but avec les Roses Démoniaques, il aura le droit de s'entraîner avec les noires, que Lugonis appelle les Roses Piranhas, et avec les blanches.

Le découragement s'abat parfois sur ses épaules quand il a l'impression de ne pas progresser, mais il perdure et s'accroche, rêvant du moment où il pourra montrer ce qu'il sait faire à son Maître.