DISCLAIMER (inspiré de celui de Delphlys) : Toute copie, adaptation, arrangement ou modification de tout ou partie de ce texte, est interdite sans l'autorisation préalable de l'auteur. L'univers de OUAT ne m'appartient pas. Ce disclaimer est valable pour tous les chapitres. Cette fiction est une réédition suite à une suppression de mes écrits pour les retravailler (et surtout les finir !).


« Deux adolescentes, Reine et Ange, un monde rempli de préjugés. La normalité, les règles, ne pas sortir du rang. Si la raison peut se conformer aux conventions, il en est tout autre des sentiments... » Un livre, deux personnes, un amour.


Hello les SwanQueeneuses,

Cette fiction étant achevée de mon côté, je la republie ! Publication deux fois par semaine : mercredi et samedi. Ce sera rapide.

En espérant que cela vous plaise,

LPE

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« Faux-semblants »

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Prologue

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Il s'agissait du roman de l'année. Tout le monde en parlait, tout le monde avait attendu sa sortie. Un roman aux allures juvéniles à l'origine de la vague des romances lesbiennes. Mais ce qui choquait dans « Faux-semblants », c'était la mise en scène d'adolescentes et leur remise en question sur le plan sexuel. Aux Etats-Unis, dans le pays le plus libéré et le plus prude au monde, sexe et adolescente ne font pas bon ménage et on hurlait des insanités avant même la sortie officielle de ce livre. Pourtant, tout le monde voulait le lire, savoir, connaître ses deux héroïnes et ce nouveau genre littéraire, la romance lesbienne. On accusait également l'auteur d'être en réalité un homme. Qui d'autre, à l'exception d'un homme, aurait pu créer un pseudo aussi ridicule que Leslie Alim Aniger ?

Derrière ce pseudo alambiqué, se cachait forcément un esprit tordu. Emma n'en fut pas pour autant effrayée et quand elle reçut le livre envoyé par une maison d'édition avec lequel elle avait un contrat en tant que chroniqueuse sur le site internet "Les Petites Revues du Net", la jeune femme avait aussitôt bondi dans son canapé, thé à la cannelle dans sa main gauche et le livre dans l'autre main. De l'index, elle feuilletait les pages, captant quelques mots du regard. Le texte avait l'air plutôt bien écrit.

Tout en buvant une gorgée, Emma referma le livre et le retourna pour lire le résumé :

« Deux adolescentes, Reine et Ange, un monde rempli de préjugés. La normalité, les règles, ne pas sortir du rang. Si la raison peut se conformer aux conventions, il en est tout autre des sentiments... »

Une moue se dessina au coin de sa bouche. Encore quelques heures à perdre pour un roman à l'eau de rose, c'était bien décevant. Elle dont la vie sentimentale se résumait au néant intersidéral allait à nouveau devoir écrire une chronique sur un sujet qui lui était indifférent.

Non sans un soupir, contrariée, Emma ouvrit la première page.

« A mon premier et seul amour, celle que je n'oublierai jamais, ma E.S. »

Le titre du premier chapitre était des plus banals, « Rencontre ». Elle le lut en sautant quelques lignes. On aurait dit un Twilight revisité. Une adolescente Reine, la narratrice, régit le lycée comme bon lui semble. Terrorisés, aucuns élèves ne s'opposent à ses désirs. En quelques lignes, Emma nota le caractère profondément froid de cette Reine, comme si celle-ci ne possédait pas de cœur. Au chapitre deux, l'élément perturbateur : l'arrivée d'une jeune élève, Ange. Ce ne fut pas tant les prénoms ridicules qui perturbaient la jeune chroniqueuse dans sa lecture mais sa normalité… il s'agit du début le plus normal.

Déçue, Emma se leva, posa le bouquin dans un coin avant d'aller prendre une douche pour oublier ce navet.

Jusqu'au soir, les phrases de « Faux-semblants » tournèrent en rond dans sa tête comme une vieille chanson. C'était comme elle connaissait déjà cette histoire. Cette adolescente, Ange, la petite orpheline débarquant parmi un lycée d'inconnus, lui était si familière. Sans parler de cette Reine, la maléfique Reine, qui semait la terreur. Cette Reine, on aurait dit…

Non… , souffla Emma en se prenant la tête dans les mains.

L'eau ruisselait sur son visage, elle augmenta un peu la chaleur pour sortir de sa torpeur. A peine lavée, la jeune femme sortit de sa douche et enfila en vitesse un drap de bain et une serviette pour ses longs cheveux blonds. A la sortie de la salle de bain, dans la précipitation, elle bouscula Chafouin, le chat obèse de sa colocataire Mulan.

Mais ce soir-là, pas le temps pour un masque ou un gommage, pas le temps de s'excuser auprès de Chafouin et l'amadouer par des caresses, elle se précipita dans le salon pour se blottir sous son plaid, attrapant le bouquin « Faux-semblants » au passage.

Aussitôt, elle sauta deux chapitres « Soupçons » et « Le regard » pour arriver au cinquième chapitre dont le titre la fit bondir : « Une après-midi studieuse. ». Ce titre transpirait l'ironie. Ses doigts tremblaient, tout se passait comme…comme ce qu'elle avait vécu. Sauf que Reine n'était pas Reine et Ange…

Son index suivait les phrases avec assiduité, chacune lui coupant un peu plus le souffle.

Reine, ce qui s'est passé au musée…je…

Ce sera notre secret, Ange, lui répondit la brune légèrement amusée tout en caressant le haut de la main d'Ange, posée sur son livre, pour la rassurer. Elle craignait que la blonde se défile et parte loin d'elle. Reine avait toujours craint d'être abandonnée. Son seul moyen d'être entourée par des personnes était d'être haïe de tous. C'était l'unique manière qu'elle avait trouvée pour qu'on éprouve quelques sentiments à son égard.

Pourquoi ?

Je ne comprends pas ta question.

Pourquoi m'as-tu embrassé ?

Cette fois-ci, Ange la regarda droit dans les yeux en lui posant la question.

Qui ne peut avoir envie d'embrasser la personne qu'il aime devant le sublime tableau de René Magritte « Les Amants » ?

Jamais Reine n'allait par quatre chemins. Elle désirait Ange plus que tout et elle l'aurait coûte que coûte. Peu importe le prix.

Ce sont un homme et une femme, Reine.

La brune éclata de rire.

Tu me blufferas toujours par tant de perspicacité, ma chérie.

Visiblement, le petit surnom ne plut pas à Ange qui frissonna. Une fois sa moue de désapprobation disparue de sa face, cette dernière planta son regard dans celui de Reine qui, pour la première fois, craignit de ne faire face à un refus.

Nous sommes deux femmes. C'est anormal.

Tu ne désapprouves pas pour autant qu'on puisse éprouver des sentiments l'une pour l'autre ?

Non, gémit la blonde en ôtant sa main, loin des caresses de Reine, puis elle roula sur le lit pour se rapprocher du corps de celle-ci. Leurs jambes s'enroulèrent, leurs respirations se firent plus bruyantes. Chacune parcourait le corps de l'autre. Avec passion, avec une envie interdite.

— ... Je t'aime aussi, Reine. »

Emma rongeait l'ongle de son pouce à tel point qu'elle en saignait. Elle referma brusquement le livre. Était-ce son imagination ? Après tout, toutes les histoires se ressemblaient mais celle-ci, on aurait dit l'histoire de sa propre vie. Jamais elle n'avait parlé de son adolescence. Refoulé au plus profond d'elle-même, le secret avait toujours été bien gardé. Son secret avec Reine. Son secret avec Regina.

Soudain, son regard scruta le pseudo de l'auteur : Leslie Alim Aniger. Un frisson remonta son échine. Regina adorait les anagrammes. Leslie Alim Aniger, sllim Aniger, Regina Mills. La blonde ne put s'empêcher de laisser échapper un hoquet de surprise.

Il n'y avait qu'un seul événement qui pouvait confirmer ses doutes. Elle devait en avoir le cœur net et lire le livre.

Pendant tout l'après-midi, Emma lut le livre de plus en plus stupéfaite par la vraisemblance avec son adolescence ; mais elle continua de le lire sans même prendre une pause.

Et enfin elle le trouva, page 260. Les mains tremblantes, elle tourna les quelques pages du chapitre : « La première et dernière fois ».

Pour cette dernière nuit avant le bal de promo, les deux adolescentes s'étaient retrouvées dans un parc. Il faisait nuit noire et toutes deux s'étaient allongées, le visage tourné vers le ciel étoilé. Reine en profita pour se dévoiler.

J'ai peur, Ange. Peur que tu m'abandonnes quand tu iras chez ton oncle là-bas à Springfield tout cet été...peur que tu m'oublies et qu'on ne se voit pas avant mon déménagement dans le campus de l'Université Columbia.

Ange avait l'air surprise, sa princesse n'exprimait jamais ses sentiments. Alors, elle prit la main de celle-ci et la porta à sa bouche pour l'embrasser.

C'est notre dernier jour de lycée mais je te promets que ce jour ne marquera pas notre séparation. Nous nous écrirons. A mon retour à Storybrooke, je chercherai du travail pour gagner assez d'argent qui me permettra de te rejoindre à New-York. Je ne laisserai pas la distance nous séparer. Je t'aime Reine, plus que tout au monde. Même si nous nous cachons, même si le monde n'est pas prêt à voir notre amour, tu seras toujours dans mon cœur.

A ces mots, Ange se releva puis se pencha pour embrasser la brune. Cette dernière garda les yeux fermés et souffla :

Alors, prouve-le. Prouve-moi que je suis la seule. Donne-moi la seule chose que tu n'aies jamais donné.

Les joues d'Ange s'empourprèrent car elle savait parfaitement de quoi Reine parler. Maladroitement, elle s'allongea sur le corps de sa chérie qui enfouit aussitôt ses mains gelées sous le pull de la blonde qui gémit aussitôt.

Désolé, murmura Reine avant d'enfouir sa tête dans la chevelure dorée pour y mordiller l'oreille d'Ange.

Toutes deux roulèrent dans l'herbe. La brune se révéla très entreprenante, laissant sa langue glisser sur le corps de son Ange tout laissant ses mains caresser le haut de la poitrine. Ni l'une ni l'autre ne réfléchissait. Poussées par l'excitation, elles se déshabillèrent tout en déposant quelques baisers. Ange qui avait appréhendait ce moment depuis des mois oublia toutes les règles que lui avait inculqué son éducation. Nulle pensée vers les interdits inculqués par la société. Seule Regina l'obsédait. Ce n'était pas son corps qui l'excitait tant mais le fait d'être autant aimée d'une personne. Cette première fois était bien plus parfaite que toutes les premières fois qu'elle avait imaginées.

Une larme coula le long de la joue d'Emma. Cela faisait deux jours qu'elle avait vingt-huit ans et depuis son adolescence, elle n'avait jamais retrouvé une personne comme Regina. A présent, elle était sûre que, derrière Leslie Alim Aniger, se cachait Regina Mills. En lisant « Faux-semblants », Emma se rendait compte à quel point cette dernière la connaissait.

Pour la première fois, la chroniqueuse ne prit pas le temps de finir le livre. Elle connaissait déjà la fin. Il s'agissait d'un drame. Reine allait se retrouver seule au bal de promo car Ange ne viendrait pas. Aux yeux de Reine, Ange avait eu peur d'officialiser leur relation en dansant ensemble, en vivant leur amour au grand jour.

La réalité était tout autre.

Ce soir-là, le soir de leur première fois et dernière fois, Ruby, la voisine d'Emma, était au parc. La jeune adolescente les avait vues et prises en photo. Le lendemain, Emma avait subi des menaces de sa part. Or, quand on est jeune et sous le joug d'un amour interdit, la moindre menace peut paraître bouleversante. Si elle était allée au bal de promo, Ruby aurait publié les photos de Regina et elle, envoyé des copies à leurs familles respectives. Or, la famille de sa douce, très à cheval sur les apparences, aurait renié leur propre fille à la découverte de cette horreur — quitte à l'abandonner dans une rue sans le sou. La mère de Régina, soupçonneuse, lui en avait déjà touché quelques mots. Souhaitant les protéger, la blonde s'était résolue à faire une croix sur son premier amour. Ruby poursuivit son chantage à l'université ; avec le temps, Emma perdit de vue Regina. L'été était passé et aucune nouvelle l'une de l'autre. Autant la passion de courte durée avait été intense que l'été l'avait balayée d'un revers, semblait-il.

Cette histoire, elle l'avait refoulée durant toutes ces années.

A la fin du bouquin, la chroniqueuse trouva une enveloppe : une invitation privée à une soirée pour rencontrer la fabuleuse Leslie Alim Aniger. Un sourire s'élargit sur le visage d'Emma.

Bientôt, « Faux-semblants » aurait une suite.