Hello puppies ! Je ne vais pas vous faire tout un speech sur à quel point je suis heureuse de vous présenter cette traduction, mais... Je vais le faire, en fait.

Cette fic, c'est mon bébé, mon précieux. L'auteur, KouriArashi sur AO3, est absolument formidable et j'ai dû lire cette histoire plus de fois que bien d'autres fics réunies. Je suis tombée amoureuse de cette œuvre, à chaque fois je suis transportée, chamboulée, heureuse, triste, je sens mon cœur se pincer et mes joues me faire mal à force de sourire et mon petit cœur fondre sous l'angst et le fluff et l'humour et la perfection de ce petit bijou. J'ai demandé l'autorisation de l'auteur sans trop y croire, et, surprise, à peine deux jours après, réponse positive et tout à fait enthousiaste dans ma boite mail. J'ai véritablement versé une larme de joie et j'ai fait la danse de la victoire autour de mon ordinateur pour fêter ça. J'en ai parlé à tout le monde dans mon entourage, surtout ma famille, qui a dû se demander pourquoi j'avais soudain poussé un cri étrange toute seule dans ma chambre. Je vous vois venir, non, ce n'est pas pour ça.

MAIS je ne vais pas non plus trop m'attarder, je ne sais pas si j'ai encore du monde, là xD Je vais donc vous laisser avec quelques petits détails sur la fic.

Donc, petite note directement de l'auteur :

Ce n'est pas un UA complet (on est à Beacon Hills, quoi!) mais les loups-garous sont une caste de la société dont tout le monde a connaissance, et le rituel d'union est très fréquenté par les humains. Normalement, tout devrait être expliqué dans la fic.

Cette fic sera pleine d'émotions et de sentiments et d'une famille Hale en vie (bien que le feu ait quand même eu lieu). Elle sera également remplie de gens têtus et de malentendus et de gens qui ne savent pas vraiment ce qu'il se passe exactement autour d'eux.

Cette fic a été écrite avant la saison 3 et donc les épisodes flash-back sur les Hale.

Et, dernier point, je tiens à remercier Orange Sanguine pour le soutien et les remarques constructives tout au long de mon processus de traduction, ainsi que Bruniblondi qui a la tâche de sublimer ce texte et de traquer toutes mes petites erreurs. S'il en reste, c'est de ma faute, j'ai tendance à modifier quelques petits trucs après la béta. Mais les vilaines, je vous aime.

Et, enfin, je vous souhaite une bonne lecture.

OoO

Le premier février est la journée que Derek Hale aime le moins dans l'année. Ce n'est pas avec la date elle-même qu'il a un problème, mais avec le festival qui se déroule ce jour-là. C'est la Cérémonie de la Recherche et chaque année, il doit rencontrer un tas de personnes avec lesquelles il n'a aucune envie de passer le reste de sa vie et supporter leurs sourires alors qu'elles essaient de le charmer en imaginant leur vie tranquille en tant que nouveau membre de la meute Hale.

Cela ne le dérangeait pas autant quand il était plus jeune. Les humains étant autorisés à entrer dans le bassin des candidats à quinze ans, la plupart des loups-garous commencent à chercher à peu près au même âge. Mais c'est amusant, quand on est jeune. Il n'y a aucune pression. C'est juste un jour pendant lequel on rencontre plein de monde et où on se fait des amis en espérant rencontrer la personne qui a cette étincelle. Pour les adolescents, c'est romantique.

Mais Derek n'est plus un adolescent. Il a vingt-quatre ans. L'odeur de désespoir sur les humains devient un peu plus forte chaque année. Il est de notoriété publique que si un loup-garou n'a trouvé personne à vingt-cinq ans, cela veut dire que ce n'était pas censé arriver, et le loup arrête d'assister au festival. Derek sait que ce n'est pas vrai. Peter n'a rencontré sa compagne qu'à vingt-huit ans, et ce n'était même pas à la Cérémonie, mais dans un café. Mais la vérité ne semble pas déranger les festivaliers.

Derek peut gérer ça. Sa méthode préférée, c'est de ne pas assister à la Cérémonie. Ou de laisser tomber après quinze minutes, juste faire une rapide apparition et repartir aussi vite que possible. Mais là il y a sa mère, son alpha, qui a placé de plus en plus de pression sur lui ces six derniers mois pour qu'il trouve enfin quelqu'un, n'importe qui.

Il ne peut pas vraiment la blâmer entièrement. La moitié de la meute Hale a été décimée dans l'incendie, et ça a été un miracle qu'autant survivent. Le père de Talia est mort, ainsi que son plus jeune frère, sa compagne et leur fille, la compagne de Peter et leur enfant à naître, ainsi que les deux frères de Derek. Depuis, si Talia est un peu obsédée à l'idée de trouver un compagnon ou une compagne à ses enfants restants, personne ne lui en tient vraiment rigueur.

Derek avait pensé, après que Laura ait trouvé son compagnon à vingt-deux ans et soit tombée enceinte trois mois plus tard, que leur mère lui lâcherait un peu de lest. Mais Talia n'avait fait qu'augmenter la pression. Dans chaque conversation qu'ils avaient revenait une variante de 'Mais si Laura peut le faire, pourquoi pas toi ?'

Alors il a accepté d'y aller cette année et de vraiment regarder les candidats et leur parler, et c'est la dernière des choses qu'il a envie de faire aujourd'hui. Mais il va le faire, parce que c'est plus facile que se disputer avec sa mère.

Cependant, c'est incroyable comme l'attitude des humains le fait se sentir comme une proie dans une pièce pleine de prédateurs, plutôt que l'inverse. Ils le regardent comme s'ils le déshabillent du regard et ils n'ont pas l'air de réaliser qu'il peut sentir la convoitise sur eux, qu'il peut entendre tous leurs commentaires sur le fait qu'il est le rejeton de la famille Hale, la meute la plus ancienne et la plus illustre de toute la région, à quel point être choisi serait un ticket pour une vie facile. Ils pourraient s'asseoir et mettre les pieds sur la table, ils pourraient régner sur tous les pathétiques qui n'ont pas été choisis, ils pourraient avoir la morsure et devenir membre de la plus haute caste.

Il les déteste. Il déteste leur visage souriant, il déteste Harris, le coordinateur, qui marche avec le nez tellement relevé qu'il a l'air d'essayer de renifler le paradis, il déteste leurs habits et le son de leurs battements de cœur et leur voix qui dégouline d'engouement à chaque syllabe.

Non seulement Derek trouve que ce rituel d'union est une vaste connerie, mais c'est une vaste connerie qu'il est obligé de supporter depuis des heures. Comme si lire tous ces dossiers n'a pas déjà été assez, il doit maintenant s'asseoir et rencontrer ces gens, ces 'candidats éligibles' contre lesquels il veut grogner et rouler des yeux ou encastrer leur visage dans un bureau. Il ne peut s'empêcher de se demander ce que ces gens pensent qu'un loup-garou recherche dans un compagnon, parce que les minauderies et les ricanements lui tapent vraiment sur les nerfs.

Il est sur le point d'aller trouver Harris pour lui dire que c'est fini pour cette année, pas de chance, ses parents devront s'y faire, quand la porte s'ouvre pour laisser apparaître un adolescent trébuchant. Il est à peu près de la même taille que Derek, bien que beaucoup moins musclé, porte un T-shirt proclamant qu'il est un 'beau gosse' et une chemise à carreaux. Ses cheveux bruns sont coupés courts, mais ce sont ses yeux qui retiennent l'attention de Derek. Ils sont marron clair, de la couleur de l'ambre. Ses yeux et ses mains, avec de longs doigts agiles s'enroulant autour de la porte alors qu'il tombe pratiquement à travers.

« Hé Scott, je t'ai ramené... Tu n'es pas Scott. » Il cille en direction de Derek. Puis en direction de tous les hommes et toutes les femmes qui le fixent puisque c'était évident que Derek allait faire une annonce et maintenant, ils doivent attendre encore un peu. « Wouah, désolé, heu... Il y a beaucoup de monde là, sérieusement, c'est à ça que je vais devoir m'attendre pour plus tard dans la vie ? »

Sans réfléchir, Derek pointe un doigt dans la direction du jeune homme. « C'est lui que je veux. »

Les yeux écarquillés, Stiles se montre lui-même. « Moi ? »

« Euh, Monsieur Hale, il n'est pas sur la liste. » Balbutie Harris.

« Je m'en fiche. Je le veux. »

« Très bien, heu, d'accord. » Il est évident qu'Harris ne sait pas vraiment comment réagir. Stiles reste juste là, momentanément figé, la bouche légèrement entrouverte (ce qui est très distrayant). Quand il ne fait pas mine de bouger, le coordinateur fait un geste en sa direction et dit sèchement : « Vous avez entendu, M. Stilinski. »

Derek ne peut s'empêcher de grimacer au ton employé et il pense à dire quelque chose quand Stiles dit « Heu, oui, hum. ». Il promène son regard autour de la pièce comme s'il cherche de l'aide, et il ne rencontre que des regards froids et étonnés. « Oui, d'accord, je... C'est un honneur et un privilège. » Ajoute-t-il de manière guindée, essayant manifestement de se souvenir de la formule.

« Le privilège est mien. » Répond Derek automatiquement, les mots tombant de sa bouche, véridiques. C'est un privilège d'être assez chanceux pour trouver la bonne personne. Personne ne sait vraiment comment ils peuvent le dire. L'odeur, les gestes, un sens que seuls les loups-garous possèdent. Ce qui ne veut pas dire que les loups-garous ne tombent pas amoureux comme tout le monde, ou que ça les frappe toujours de la même manière. Mais parfois, peut-être une fois sur cent, ils rencontrent quelqu'un et sentent cette connexion instantanée qui leur dit que c'est la personne qui leur est destinée, que c'est la personne qu'ils attendaient. Et cette personne a trébuché sur lui, lui est atterrie pratiquement sur ses genoux quand il était sur le point d'abandonner. Il ne veut même pas penser au pourcentage de chances que ça arrive.

Les humains ne peuvent pas ressentir le lien de la même manière ce qui est la raison pour laquelle les bassins de candidats ont été créés. Toute personne y entrant conclut essentiellement un accord disant qu'elle s'en remet aux sens du loup-garou, qu'elle permettrait d'être clamée sans poser de questions si un loup-garou la choisit. Ce garçon n'était pas sur la liste, apparemment, mais ça ne change rien au fait que le monde entier de Derek est déjà en train de se réorganiser pour lui laisser de la place.

Il se rapproche et tend la main à l'homme plus jeune. Le besoin de le toucher, de capter son odeur un peu plus, est envahissant. Stiles fait automatiquement un pas en arrière, trébuche sur une chaise, et tombe par terre. « Bon dieu ! » Dit Derek, bondissant pour attraper le T-shirt de Stiles (ce qui était le plus facile à agripper) et l'empêche ainsi de toucher le sol, puis le redresse. Il se fait une note mentale que son compagnon a l'air d'être maladroit. « Tu vas bien ? » Demande-t-il, voulant s'assurer que Stiles a retrouvé son équilibre avant de le relâcher.

« Oui, bien. Super, génial. » Stiles dit en arborant une jolie couleur rose. « On devrait, heu... On devrait probablement y aller. » Ajoute-t-il, lançant un regard un peu nerveux au monde autour de lui, qui est en train de passer de stupéfait à outragé.

Derek hoche la tête sans se soucier des autres personnes dans la pièce. Il le guide dans le couloir, faisant attention aux meubles sauvages. Il se souvient alors de ce qu'a dit l'adolescent en entrant dans la pièce. « Tu as besoin de le retrouver ? Scott ? » Qui que soit Scott, Derek suppose qu'il lui en doit une.

« Oh, non, je vais juste lui envoyer un SMS. » Stiles sort son téléphone et commence à pianoter rapidement. « J'allais lui apporter à manger. Il attend de rencontrer, hum, Cora. Ta sœur, c'est ça ? Il est sur la liste. Des candidats. Alors, il attend de rencontrer plus de monde, pas seulement Cora. Je venais lui apporter mon soutien. Mais il me racontera plus tard. C'est probablement plus important. »

Mais maintenant, Derek ne sait pas vraiment comment agir. Que faire avec la meilleure personne qu'il vous ait été donné de rencontrer une fois que vous l'avez trouvée ? Ne pas chambouler tous les plans qu'elle a avec quelqu'un à qui elle tient, pour sûr. « On peut attendre. Si tu veux. »

« Nope. » Stiles range son téléphone. « C'est bon, c'est fait. »

Derek acquiesce. « Tu veux... » Il s'arrête de marcher soudainement. « Je ne connais que ton nom de famille. »

Stiles cille. Pendant un instant, il semble sur le point de faire un commentaire à propos du fait qu'il vient de lui demander de passer le reste de sa vie avec lui sans même savoir son prénom. Mais il se secoue et dit : « Heu, Stiles, appelle-moi Stiles. Et tu es... Derek Hale. » Ce n'est pas vraiment une question, mais il le dit quand même. « Tu sais que j'étais pas sur la liste, non ? Je veux dire... Je suis pas un candidat. »

Derek répond en acquiesçant à nouveau. Stiles. Il peut bien imaginer ce petit paquet de membres et de mots nerveux avoir un nom comme ça.

« Tu as aussi remarqué que j'ai un pénis, pas vrai ? » Demande Stiles, ayant recouvré assez son sang-froid pour insister sur ce point, étant donné son importance.

À ces mots, Derek se tourne pour lui faire face entièrement au lieu de juste être à côté de lui. Il hausse un sourcil. « Oui, j'ai remarqué. »

« Et ça n'est pas contraire au but ? » Stiles a l'air un peu sceptique. « Je veux dire, je pensais que l'idée, c'était que vous vous retrouviez pas avec plein de petits bébés malformés consanguins. Que vous aviez besoin de, je sais pas, pondre, ce qui vous fait en quelque sorte ressembler à des saumons, désolé - »

Derek a un petit reniflement qui se transforme en rire. « Des saumons. Oh mon dieu, tu es incroyable. »

« Je, quoi ? Nan, mon pote, tu sais même pas – peu importe. Donc heu... Et maintenant ? Ils nous parlent pas beaucoup de ce qui se passe si on est choisi. C'est juste à propos de comment être choisi, tu sais, comment se rendre attirant et tout d'un coup, ça devient super flippant. »

D'un hochement de tête, Derek se calme. Il se sent un peu étourdi, presque intoxiqué par l'odeur de Stiles. « Tu n'es pas censé te rendre 'attirant'. Tu es censé être toi-même. » Il secoue une nouvelle fois la tête. « Maintenant, je vais t'emmener rencontrer ma famille, peut-être une partie de la meute, et après avec de la chance, rencontrer la tienne. À moins que tu ne préfères faire l'inverse ? »

« Nan mec, je... Tant que ça te va. » Dit Stiles. « Je suppose que les autres sont mieux préparés pour ça, tu sais, ils voulaient être choisis. Du coup, ils sont probablement à vos pie- » Il semble réaliser ce qu'il est en train de dire et ajoute rapidement : « Mais rencontrer ta famille, c'est bien. Je peux faire ça. »

« Je ne saurais pas vraiment dire, je n'ai encore jamais fait ça. Choisir quelqu'un. » Une pause. « Évidemment. » Il regarde Stiles pendant une longue minute. En fait, il ne peut pas s'empêcher de le regarder. Ses yeux ambrés et les grains de beauté qu'il n'avait pas encore remarqués, ou sa manière de ne pas être immobile même en étant juste debout. Il sait que c'est rare de trouver quelqu'un avec lequel le loup peut forger une connexion si forte dès la première rencontre. Il sait qu'à son âge, les chances de trouver quelqu'un d'aussi compatible sont très minces. Mais il se force quand même à parler. « Es-tu... Veux-tu refuser ? Tu n'étais pas sur la liste. Tu as le droit. »

« Tu plaisantes ? Je serais un paria. » Dit Stiles, esquivant soigneusement la question. « Tu vas juste devoir me protéger de toutes tes fangirls. J'espère que t'es prêt. »

L'idée que quelqu'un puisse penser faire du mal à Stiles ne rend pas le loup-garou heureux. Il réprime un grognement et dit : « Compris. »

« Et... Rencontrer ma famille va devoir attendre. Mon père assure la sécurité aujourd'hui. Tu... Tu sais qui est mon père, n'est-ce pas ? »

Derek acquiesce. « Le shérif. » Dit-il, principalement pour prouver à Stiles qu'il sait vraiment.

« Oui. Et, heu, aujourd'hui est un grand jour et parfois, il y a des bagarres - » Et parfois, il y a des émeutes, en fait « - donc je pense pas qu'il sera vraiment disponible. »

« Pourquoi y aurait-il... » Derek abandonne. Les humains sont fous. « Je ne veux pas le déranger dans son travail. Si tu penses qu'on devrait attendre, alors nous attendrons. »

« Oui, je devrais probablement commencer par... Lui annoncer la nouvelle, ou quelque chose, au lieu de juste arriver avec toi. Je pense qu'il sera un peu surpris, j'ai que seize ans, tu sais. » Stiles réalise qu'il babille et ferme brusquement la bouche.

« Ceci explique pourquoi tu accompagnes quelqu'un pour Cora. » Derek apprécie tous ses babillages, ce qui le surprend. Il aurait pensé que ça le rendrait dingue. « Je pensais que tu étais un peu plus vieux. Peut-être dix-sept ou dix-huit ans. »

« Heu, oui, non. » Dit Stiles. Il s'arrête de marcher. « Mec, t'es sûr ? Je veux dire, que tu me choisis moi ? Tu peux encore y retourner et dire à Harris que tu as changé d'avis en apprenant que j'ai que seize ans. Ou que je suis un garçon. Ou quelque chose. »

Derek s'arrête à son tour et s'assure de regarder Stiles droit dans les yeux. « Je n'ai jamais été aussi sûr de quelque chose de toute ma vie. »

Stiles rougit immédiatement, et son regard glisse sur le côté. « Eh bien. C'est bien, alors. »

Son enthousiasme est un peu décevant. Derek veut lui offrir sa main à nouveau, parce qu'il n'a pas encore eu l'occasion de le toucher, mais il se rappelle la manière dont Stiles s'est écarté la dernière fois et il ne veut pas pousser sa chance. Alors il se remet juste à marcher. Une fois sur le parking, Derek a l'occasion de voir enfin une autre émotion que la confusion ou la nervosité sur le visage de Stiles. Quand Stiles voit sa Camaro. « Okay, ça, je peux m'y habituer. » Dit-il en passant une main révérencieuse sur le capot en se dirigeant vers le siège passager.

Derek ne peut s'empêcher d'avoir un sourire ravi. « Cora se moque de moi pour aimer cette voiture. Mais elle conduit une Prius, alors qu'y connaît-elle ? »

« Je sais même pas pourquoi vous avez des voitures. » dit Stiles. « Vous devriez pas simplement, je sais pas, courir partout ? »

« On pourrait, si on voulait arriver tout nus et les mains vides. » Derek ouvre la portière côté conducteur, s'assoit et déverrouille les autres portes. Il attend que Stiles s'installe avant de continuer. « Sérieusement, cependant, pour la vie quotidienne une voiture est tout aussi pratique pour nous que pour les humains. »

« Oh. » Dit Stiles. « Okay. » Il n'arrive pas à penser à autre chose à dire, et il retombe dans un silence atrocement gêné pour lui. Pour Derek, pas tant que ça. Il profite de l'absence de battements de cœurs excités, de bavardages, et de bien trop de parfum. C'est agréable de respirer un air normal à nouveau. Et maintenant, il peut commencer à cataloguer Stiles. Le rythme de ses battements de cœur et son odeur.

C'est assez distrayant pour qu'il ait besoin d'une minute pour se souvenir de comment conduire. Alors qu'il sort de sa place de parking, les mains de Stiles jouent nerveusement la mesure sur ses cuisses. « Hey, tu dis quoi - » dit-il, et commence à jouer avec les boutons de l'autoradio sans demander la permission.

Derek ouvre la bouche automatiquement pour lui demander d'arrêter, comme il le fait d'habitude, mais il la referme sans parler. Il préfère découvrir quel genre de musique aime Stiles, et à quelle vitesse il va comprendre comment ça marche. Il commence aussi à penser que Stiles est littéralement incapable de rester immobile. Donc il le laisse faire et prétend se concentrer sur sa conduite.

« Oh, bien. » Murmure Stiles en tombant sur une station qui diffuse les Rolling Stones. Il jette un regard en coin à Derek, essayant clairement d'évaluer sa réaction.

Derek acquiesce. « J'avais peur que tu mettes de la country. » Il marque une pause. « Est-ce que je viens de t'insulter ? »

« Nan, je suis pas fan de country. » Répond Stiles. « Mon père en écoute parfois, malgré mes meilleurs efforts pour bannir ça de la maison. »

« Je suis vraiment désolé. » Derek secoue légèrement la tête, amusé. « Il y a quelques membres de la meute qui aiment ça, la country en général, alors il y en a un peu pendant les grands événements. »

« Ah oui ? » Stiles tape à nouveau nerveusement sur ses cuisses. « Et donc... Il y en a beaucoup ? De grands événements ? C'est un grand événement ? »

« Oui et non. » Derek jette un coup d'œil à Stiles en entendant le pic de son rythme cardiaque. « Tu ne vas pas être assailli. Promis. » Il pourrait en dire plus, mais il veut que Stiles prenne une grande inspiration d'abord.

À son soulagement, c'est ce que fait l'adolescent. Plusieurs grandes inspirations, en fait. « Okay, je... Merde. Habituellement, ça ne m'arrive pas. Ne rien dire, je veux dire. »

« Oui, c'est un grand événement. » dit Derek. « Mais c'est aussi privé. Les gens ne vont pas nous imposer leur compagnie. Éventuellement, une fois que tu te sentiras plus à l'aise et qu'on se connaîtra un peu mieux, il pourrait y avoir une fête pour te présenter au reste de la meute. Mais si ça prend quelques mois, ce n'est pas un souci. »

« Oh. Okay. » Stiles s'agite à nouveau.

On n'entend plus que la musique dans la voiture pendant une longue minute avant que Derek ne laisse échapper : « Ça te dérange ? Que je sois un homme ? »

Stiles lui jette un autre regard et dit juste « Non. Non, je m'y fais. »

Derek laisse échapper un soupir de soulagement. « Dieu merci. »

« Je pense quand même que c'est contraire au but recherché. »

« Les saumons. » Dit Derek, amusé. « En fait, je m'en fiche un peu. Laura a déjà deux enfants. Et son compagnon était humain. »

« Oui, mais... Je... Je ne veux pas aborder un sujet sensible, mais je pensais que le but c'était, d'essayer de repeupler. Tu sais. À cause du feu. »

Derek hausse les épaules, déterminé à ne pas être trop sensible à propos du feu. Pas avec Stiles. Stiles doit se sentir assez à l'aise pour poser toutes les questions qu'il veut. « Tu es la bonne personne. Malgré la plomberie. Peut-être que nous sommes censés adopter. Peut-être que nous sommes trop jeunes pour penser à des enfants. »

« Peut-être. » Dit Stiles d'un ton pince-sans-rire. « Oui, c'est vrai que je pensais attendre d'avoir au moins dix-sept ans. »

« Tu es hilarant. » Répond Derek, occultant le fait qu'il apprécie pour de vrai les sarcasmes de Stiles.

« Donc... » Stiles se frotte vigoureusement les mains. « Je dois dire quoi ? Il y a un protocole ? Le 'C'est un honneur et un privilège. ' c'est tout ce que je sais. »

« Sois toi-même. J'insiste là-dessus. » Derek y pense un moment, se creusant la tête. Il y a des différences entre la culture humaine et la culture lupine. « N'essaie pas de serrer leur main. Personne ne va vouloir te toucher. Ce n'est pas une insulte. C'est juste que nous pouvons dire qui sont les plus proches dans la meute avec les odeurs. Et personne ne va vouloir se mettre entre nous. Pas pendant un moment. »

Ça devrait être suffisant pour que Stiles s'en tire bien pendant la première rencontre, et c'est aussi une bonne chose, parce qu'ils arrivent devant la maison. Personne n'a voulu reconstruire par-dessus les ruines de la première elle a été rasée, et un arbre a été planté à sa place en mémoire des disparus. Mais la propriété était assez grande pour en construire une autre à environ huit cents mètres. Il reconnaît les trois voitures garées devant. Tout le monde est à la maison à l'exception de Cora, qui est encore probablement au lycée.

Derek gare la voiture et en sort. Il attend auprès de la portière passager et, une fois que Stiles en a immergé et a refermé la porte, il lui offre sa main. Stiles la regarde pendant un moment, déglutit bruyamment, et la prend dans la sienne. Sa main tremble légèrement et est un peu moite. Son cœur bat fortement dans sa poitrine, bien qu'il essaie de donner l'apparence d'être calme. Le rythme cardiaque de Derek s'emballe et il ressert ses doigts autour de la main plus fine de Stiles.

On ne peut pas se faufiler dans une maison pleine de loups-garous. Ils ont tous entendu la voiture approcher et, bien qu'ils aient pu ne pas y prêter attention, ils peuvent maintenant entendre le second battement de cœur, la seconde série de bruits de pas. Ils savent qu'il n'est pas seul. Et il n'y a qu'une raison au fait que quelqu'un soit avec lui en ce moment-même. Alors il n'est pas surpris de voir que toute la famille s'est rassemblée derrière la porte.

La maison dispose d'un grand hall, avec un escalier sur un des côtés, ainsi qu'une grande arche qui mène dans le salon. Il y a également deux portes, l'une donnant sur la cuisine, l'autre sur un bureau. Il jette un coup d'œil autour de lui pour voir où tout le monde s'est positionné. Ses parents sont debout juste au pied de l'escalier Talia grande et fière, comme toujours et son père, Aaron, juste un pas derrière elle, un bras autour de sa taille. Il a hérité sa carrure de son père alors que ses sœurs tiennent de sa mère, élégantes et raffinées. Laura est là aussi, debout sous l'arcade menant au salon et se balance sur ses talons sous l'excitation, sa petite fille agrippée à son dos, comme toujours. Puis il y a Peter. Un peu à l'écart, comme il a tendance à être. Accoudé à la balustrade de l'étage, observant sans être impliqué.

Derek laisse échapper un souffle quand il les voit tous l'attendre, et hoche la tête en direction de ses parents. « Maman, papa. » Dit-il. « Voici Stiles. »

Stiles déglutit à nouveau, sa pomme d'Adam montant et redescendant. Il s'avance un peu jusqu'à être complètement à l'intérieur. « Hum. Enchanté de... Vous rencontrer ? »

Il commence comme une affirmation, pour finir comme une question en voyant l'expression de Talia un mélange d'exaspération et de colère qui indique qu'elle en a par-dessus la tête. « Vraiment, Derek ? Vraiment ? »

Derek ne s'attendait pas vraiment à ce que sa mère soit ravie de son choix, mais c'est peut-être un peu beaucoup. Beaucoup trop, en fait. Il s'avance un peu et se place devant Stiles. C'est un geste de protection instinctif et ça place Derek entre Stiles et ses parents. « Oui. » Dit-il d'un ton plat. « Vraiment. »

Talia gémit et repousse les cheveux de son visage. « D'accord, je sais que ça t'ennuie qu'on t'ait poussé à trouver quelqu'un, mais tu ne peux quand même pas penser t'en sortir en choisissant un candidat totalement non-viable. Pour l'amour de dieu, Derek - »

Les sourcils de Derek se froncent et sa mâchoire se resserre. « Je pensais que je devais trouver mon compagnon, pas quelqu'un à qui faire des bébés. »

« Je pense que ce que ta mère veut dire » intervient Aaron, tentant d'être un minimum diplomatique « est que c'est totalement contre-productif d'essayer d'échapper au fait de choisir un compagnon en sélectionnant quelqu'un avec qui tu n'aurais jamais signé le contrat et - »

« J'ai choisi Stiles. Si je n'avais trouvé personne cette année, je l'aurais dit. Comme l'année dernière, et celle d'avant. »

« Derek, penses-tu que nous sommes stupides à ce point ? » Demande Talia, redressant le menton en signe d'irritation. « Tout ce dont tu as parlé ces trois dernières semaines, c'est d'à quel point tu n'avais pas envie d'y aller. Ça ne pourrait pas être plus évident que tu essaies de nous le faire payer. »

Stiles s'éclaircit la gorge. « Je vais y aller. » Dit-il, la voix tendue.

Derek se retourne vers lui et réalise qu'il n'a aucune idée de quoi dire pour arranger les choses. Bizarrement, 'désolé' ne semble pas assez fort.

« Oh, mais les choses commençaient juste à être intéressantes. » Remarque Peter du second étage.

« Tais-toi Peter. » dit Talia d'une voix tendue. Elle laisse échapper un soupir et essaie de parler civilement avec Stiles. « Écoute, je suis vraiment désolée que Derek t'ait joué un tour aussi horrible. C'était vraiment cruel de te faire entretenir de faux espoirs comme ça. »

« Ce n'est pas une blague. » Dit Derek à Stiles, recherchant le moindre signe indiquant que le jeune homme le croit. « Je te promets que ce n'en est pas une. »

« Oui, je... » Stiles recule d'un pas. « Vous savez quoi, ça devient gênant, et de toute façon, ça allait probablement pas marcher alors... Oui, je vais juste m'en aller. » Il libère sa main de celle de Derek et sort de la maison sans un autre mot.

La main de Derek reste là, vide pour quelques instants, et il se sent immensément seul. Puis, soudainement, il est en colère, et la colère se transforme rapidement en quelque chose qu'il ne peut contenir. Ses lèvres se retroussent et il montre les dents à ses parents, principalement à sa mère, hargneux. Après que les bruits animaux se soient un peu calmés, il aboie « Regardez ce que vous avez fait ! » Puis il tourne les talons pour retrouver Stiles. Après ça, il ne peut pas attendre du jeune homme qu'il reste là.

« Derek, pense à ça - » dit Talia d'un ton sec alors qu'il sort en furie. Il l'entend, mais il ne ralentit pas, et il s'arrête encore moins. Il entend aussi Peter dire d'un ton beaucoup plus doux « Merde, il est sérieux. » avant que la porte ne se referme derrière lui. Il cherche Stiles. Pendant un moment, il ne le voit nulle part, avant de réaliser que le jeune garçon est retourné dans la Camaro. Il est assis dans le siège passager, le visage rouge d'embarras et de honte, les mains attachées ensemble sur ses genoux.

Dès que Derek approche, sans lui laisser une chance de parler, il lui dit « Ramène-moi à la maison. »

Derek s'installe et ferme la portière. Il se recroqueville sur lui-même, le front posé sur le volant pendant un long moment. « D'accord. » Il se redresse et démarre la voiture.

Stiles se contente de regarder par la fenêtre alors que Derek conduit, la mâchoire serrée et légèrement tremblante, sans dire un mot.

Quand Derek finit par briser le silence oppressant, sa voix est calme. « Je suis désolé, vraiment. Elle... » Il n'a pas les mots pour essayer de rattraper ou excuser ce que sa famille a fait.

Stiles ne lui accorde pas un regard. « Derek. » Dit-il, utilisant son prénom pour la première fois, ce qui concentre toute l'attention du loup-garou sur lui. « Je suis tellement énervé en ce moment que tout ce que tu peux dire ne me donne qu'une envie, celle de te frapper dans les noix. Alors ferme-la et ramène-moi chez moi. »

Après un moment, Derek hoche la tête. Il ressent la même chose envers ses parents, particulièrement envers sa mère, pour l'instant. Cela renforce simplement sa certitude que Stiles est la personne qu'il lui faut. Aucune des personnes qu'il a rencontrées aujourd'hui au festival n'aurait osé lui dire ça, et encore moins mettre cette menace à exécution. Alors il conduit en silence à l'exception des brèves directions que Stiles lui donne une fois qu'ils sont de retour en ville. Une fois arrivés devant la maison des Stilinski, Stiles sort de la voiture sans un mot et claque la portière tellement fort que Derek grimace. Il ne lui reste plus que le silence étourdissant et l'odeur de la colère et la honte de Stiles. Il préfère ça que rien du tout.

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J'espère que ce premier chapitre vous aura plu ! Je vous donne rendez-vous mercredi 16 pour la suite !