Chapitre 4

Plymouth, 2013.

Bien évidemment, Mycroft s'était occupé de tout.

Et quelque part, les jumeaux le remerciaient pour ça.

Dévisagés par tous les habitants de cette ville du Devonshire, ils s'éloignèrent de l'établissement où leur mère avait fini ses jours.

Suivie pour sautes d'humeur depuis son divorce, elle n'avait plus jamais été la même.

Et cette situation avait eu des répercussions pour toute la fratrie Holmes.

« Tu es partie à cause de ça. »

« ... C'est vrai. »

« ... Pourquoi ? »

Elle soupira, tournant la tête sur le côté.

« Je... je ne voulais pas... voir son mal-être. Et même si elle prétendait qu'elle allait très bien, je savais que... »

« C'était faux. »

« Hhh. »

Oo*oO

Mycroft avait insisté pour que Janneska change de manteau.

Un vêtement de cette couleur à un enterrement, c'était... indécent.

Mais elle avait refusé, répliquant qu'en étant une photographe, on le mettrait sur son côté artiste.

Il n'avait pas insisté, connaissant son esprit buté.

Ainsi, elle apparut en manteau rouge, choquant l'opinion publique.

Mais elle ne cilla pas, debout entre ses deux frères.

Elle ne se soumettrait pas, elle ne s'était jamais soumise.

Alors que le prêtre finissait la lecture de son discours, un homme approcha.

À ses côtés, sa femme, depuis quinze ans.

Les cheveux avaient été bruns mais le regard scrutateur était toujours le même.

Le patriarche Holmes arrivait, créant la surprise.

Car depuis plus de dix ans, il ne s'était plus jamais soucié ni de sa femme... ni de ses enfants.

Il retrouva Mycroft, totalement parfait.

Les jumeaux, quant à eux, dénotaient, comme ils l'avaient toujours fait.

Sherlock, froid et distant, regard métallique et répliques acérées.

Janneska, plus rebelle que ses frères, mais tout autant cérébrale qu'eux.

Une parfaite petite famille de sociopathes, il le savait.

N'en avait-il pas été un, durant de longues années ?

Oo*oO

« Mycroft, je suis... heureux de te revoir. »

« Thomas... »

Deux sourcils furent arqués comme les cadets se tournaient vers l'aîné.

Lui qui respectait l'étiquette dans ses moindres détails appelait leur père par son prénom ?

Celui-ci tiqua :

« Mycroft, ce n'est pas poli d'appeler son père ainsi. »

« Mon père ? Tu as perdu ce nom il y a quinze ans. »

« Allons, ne nous énervons pas. Votre mère ne mérite pas ça. »

« Je m'étonne de ta présence ici. »

« Et bien... »

« Un dernier sursaut de ta conscience avant la fin ? »

Sur cette dernière remarqua cinglante, il salua sa... belle-mère et s'éloigna, raide et digne.

Sherlock se contenta de toiser son père, un étrange sourire énigmatique aux lèvres.

Janneska avança d'un pas, effleurant à peine la joue de cet homme, devenu un étranger par la force des choses, chuchotant :

« Au revoir... Thomas. »

Oo*oO

Ils s'éloignaient, suivant de loin Mycroft qui, déjà, les attendait dans la limousine.

Ils savaient que leur père les fixait, certainement partagé entre la colère... et la résignation.

« Et maintenant ? »

« Quoi ? »

« Qu'est-ce qui va se passer ? »

« Rien. »

« C'est vraiment ce que tu veux, Sherlock ? Qu'on soit des étrangers l'un pour l'autre pour encore quinze autres années ? »

Il hésita et elle sourit, l'embrassant sur la joue avant de continuer vers la voiture.

Mais une main enlaça la sienne et elle s'arrêta, tournant lentement la tête.

Deux regards bleus se rencontrèrent comme il murmurait :

« Reste avec moi. »

« Et que dira... John ? »

« Il s'en remettra. »

Le sourire de sa sœur fut plus qu'éloquent et ils continuèrent à avancer, les doigts entrelacés.

Ils étaient peut-être tous des sociopathes mais qu'importe, ils étaient une famille...