Bonjour, bonsoir et bienvenue !

Voici le dernier chapitre, la fin d'une longue aventure en votre compagnie. Merci d'avoir lu, suivi, apprécié, commenté. Merci d'avoir été là chaque semaine pour faire vivre cette traduction.

Il y aura un chapitre bonus sous forme de one-shot qui fera suite. Remerciez ZephireBleue parce que c'est grâce à elle que vous verrez Sam avec un chien d'aveugle. Mais pour l'instant, il n'est pas encore sorti alors n'hésitez à suivre l'activité de l'auteur et à m'en informer si jamais je passe à côté.

Merci encore à Adalas pour avoir commenté le chapitre précédent !

Bonne lecture et laissez un commentaire !

Chapitre trente-trois

John semblait sur le point de s'effondrer. Dean se leva rapidement, attrapa l'épaule de son père et le tira jusqu'à la chaise pour les visiteurs. Le père s'y assit gracieusement.

« Vraiment ? » demanda John, « Ce n'est pas une blague ? »

Sam secoua la tête, « Pourquoi est-ce que je rigolerais à propos d'un truc pareil ? »

John haussa les épaules, « Je... ne sais pas quoi dire. »

L'infirmière avait quitté la chambre cinq minutes plus tôt et pendant ce temps Sam avait révélé à son père l'incroyable histoire de sa vue retrouvée.

« Je ne sais pas si c'est permanent ou pas, » dit Sam sérieusement, « Donc on ne devrait pas trop s'exciter. »

John secoua la tête, « Je crois... je crois que ça l'est, Sam. »

Les sourcils de son cadet se haussèrent de confusion, « Qu'est-ce que tu veux dire, papa ? »

John prit une grande inspiration, « J'ai parlé à ton donneur, Sam. En personne. Il m'a dit qu'il était médium. »

L'expression confuse de Sam ne changea pas, « Tu as quoi ? Papa ! Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? »

« Je voulais être sûr qu'il n'essayait pas de nous embobiner, » lui dit John, « Je voulais être sûr qu'il était sérieux. »

Sam ouvrit la bouche mais la referma, «C'était un médium. »

John hocha la tête, « Oui... Il ne pouvait pas voir l'avenir... mais il a dit qu'il pouvait voir des... auras autour des gens et ça ressemble beaucoup à ce que tu peux voir en ce moment. »

Sam en resta bouche bée.

« Comment ? Comment c'est possible ? »

John haussa les épaules, « Peut-être qu'avoir son rein t'a donné quelques unes de ses capacités. »

Sam secoua la tête, clairement incertain sur quoi dire.

John savait comment il se sentait même pour lui, c'était impensable.

Dean brisa le silence, « Où est Bobby ? »

John leva la tête, dans le seul but de remarquer que son ami ne l'avait pas suivi dans la chambre de Sam.

Le père se leva et sortit de la pièce. Il regarda d'un côté et de l'autre du couloir et il vit le chasseur venir dans leur direction.

« Où étais-tu ? » demanda John, suspicieux.

Bobby leva un sourcil et ouvrit l'un de ses poings, révélant une salière en plastique.

« Parti cherché des réserves, » répondit-il, « Il y en a tout un tas à la cafétéria. »

« Du sel ? » demanda Dean, voyant ce que Bobby tenait, « Pourquoi on aurait besoin de sel ? »

« On pense qu'un démon a tué le donneur de Sam et on ne sait pas si il sera le suivant, » expliqua Bobby, gardant une voix calme.

« Tout va bien ? » demanda Sam nerveusement, les yeux fixés sur Bobby.

« Euh... Oui, » répondit le chasseur, « Ne t'inquiète pas, gamin. »

Dean regarda John puis Bobby.

« Je vais lui dire la bonne nouvelle, » dit l'aîné de John et il s'approcha pour parler à voix basse avec le plus vieux pendant qu'ils traçaient des lignes de sel sur le rebord de la fenêtre et au pas de la porte.

John s'approcha de son cadet la gorge serrée et il s'assit dans la chaise réservée aux visiteurs.

« Je... n'arrive pas à y croire, » marmonna-t-il.

Sam lui donna un léger sourire, « Moi non plus. »

John soupira, ne sachant pas quoi dire.

Il leva la tête quand il sentit la main de Sam sur son bras.

« Ne t'inquiète pas, papa, » dit son fils, « Tout va bien se passer maintenant. »

John, vétéran de la guerre du Vietnam et chasseur robuste, acquiesça, le menton tremblant.

Randall Gorman avait cru qu'il allait simplement donner un rein à Sam mais ce qu'il lui avait réellement donné représentait bien plus.

John pouvait le voir sur le visage de son fils – appelez ça de l'espoir ou de la joie ou comme vous voulez – mais le comportement de Sam avait entièrement changé d'un claquement de doigt. Même quand Sam s'était de plus en plus habitué à utiliser sa canne et à lire le braille, il n'avait pas été comme ça.

John ne savait pas comment l'expliquer et il était sûr qu'il n'y arriverait pas. Mais peu importe ce que c'était, ça représentait tout pour Sam et donc, pour lui aussi.

SPN

Dean resta fermement aux côtés de Sam pendant qu'ils attendaient que ce soit le rétablissement de Sam pour retourner à Sioux Falls, ou l'apparition du démon qui avait tué Randall Gorman, ça n'avait pas d'importance. Dean refusait de bouger de son siège même quand Bobby sortit de la chambre pour aller chercher du café.

Le père du garçon s'assit sur le siège apporté pour les visiteurs, ses yeux noirs fixés sur la porte.

Dean sentait le besoin d'être aussi proche que possible de son frère et il était perché sur le haut du lit à côté de Sam.

« Comment tu te sens ? » demanda doucement Dean à son frère, « Est-ce que ça te fait mal ? »

Sam haussa les épaules, « Un peu. Mais ça va. »

Dean leva le regard et il se tendit quand il vit une infirmière entrer dans la pièce.

« Bonjour, » fit-elle en traversant la ligne de sel sur le pas de la porte sans montrer de difficulté, « Je m'appelle Maggie. Je serais votre infirmière. »

« Bonjour, » répondit Sam et Dean fit de même.

Maggie se tourna vers John et le chasseur se présenta lui et ses fils.

« Vous avez été transféré depuis Sioux Falls, » dit Maggie tandis qu'elle parcourait le dossier de Sam clipsé au pied du lit, « pour vous rétablir d'une greffe de rein. »

L'infirmière leva le visage et sourit, « Comment vous sentez-vous ? Pas d'inconfort ou de douleur au niveau de la zone d'incision ? »

Sam haussa des épaules, « Ça ne fait pas si mal que ça... »

Maggie s'approcha de lui, « Sur une échelle de un à dix – dix étant le maximum et un étant le minimum – à combien estimez-vous votre degré de douleur ? »

Dean sourit lorsque Sam soupira mais il répondit.

« Deux... ou trois... pas plus que ça, » répondit-il.

L'infirmière hocha la tête avant de reprendre la parole, « Êtes-vous déjà allé aux toilettes ? Depuis que vous êtes sorti de la salle d'opération ? »

Dean gloussa à la vue du visage rouge d'embarras de son frère.

« Euh... Non ? » dit Sam incertain.

Maggie soupira, « Vous ne pouvez pas partir avant d'avoir été aux toilettes. Je sais que les gens ne pensent pas que ce soit important mais nous devons être sûr que vos organes fonctionnent normalement après l'anesthésie que vous avez reçu... Et nous devons aussi être sûr que votre nouveau rein fonctionne correctement. »

Dean renifla à l'entente du sujet de conversation – et à la vue du visage rouge de Sam – mais il redevint sérieux quand John lui lança un regard désapprobateur.

« Tant que la douleur est soutenable, je pourrais revenir plus tard, » dit Maggie à Sam, « Pressez le bouton si vous avez besoin de quelque chose. »

Sam, marmonnant, dit qu'il le ferait et l'infirmière quitta la pièce.

« T'es chiant, Dean, » grommela Sam et le jeune homme de vingt-deux ans cligna des yeux, feignant l'innocence, « Qu'est-ce que j'ai fait ? »

« Les garçons, » dit John pour les prévenir de ne pas aller plus loin mais il était évident qu'il ne se sentait pas complètement concerné par le début de dispute de ses fils.

Bobby apparut à la porte, plusieurs gobelets de café dans la main.

« J'ai pensé que vous en auriez besoin, » commenta-t-il.

Dean sourit quand il vit le regard surpris de Sam, « Pas pour toi, Sammy. »

L'aîné prit la boisson que Bobby lui offrit et en prit une gorgée, « En y pensant bien, ce truc te rend hyperactif. »

Dean approcha le gobelet de son frère mais le visage de Sam se referma et il l'éloigna.

« Non merci, » marmonna-t-il.

« Aucun signe du démon ? » demanda John au vieux chasseur et Sam et Dean redevinrent sérieux.

Bobby secoua la tête, « Si il est là, il prend son temps pour venir chercher Sam. »

Dean fronça les sourcils, « Peut-être qu'il n'en avait qu'après Gorman. »

John regarda Bobby et le vieux chasseur acquiesça, « Peut-être. »

Cependant, les chasseurs restèrent vigilants et guettèrent le moindre signe d'activité surnaturelle.

SPN

Sam bougea d'inconfort contre le matelas de l'hôpital, fronçant les sourcils.

« Ça va, Sammy ? » demanda Dean, concerné.

« Ouais... Je, euh... » bégaya le jeune homme, embarrassé.

« Je peux appeler une infirmière, » insista Dean mais Sam secoua la tête, « Non... Je dois... euh... »

« Sam, » dit John, « Quel est le problème ? »

Sam ferma les yeux et soupira.

« Je... dois aller aux toilettes, » marmonna-t-il et il leva la tête, heureux de ne pas pouvoir voir l'expression sur le visage de Dean.

« Pourquoi tu ne l'as pas dit ? » demanda John, « L'infirmière a dit que tu devais y aller pour qu'ils puissent savoir si tout fonctionnait normalement. »

Sam lança un regard à son frère tandis que Dean lui donnait un coup dans l'épaule, « Sam ne veut pas qu'on le sache. »

« C'est pas vrai ! » lâcha le jeune homme de dix-huit ans même si c'était la vérité. Ça avait été embarrassant d'avoir eu son frère et son père avec lui quand Maggie lui avait expliqué qu'il devrait aller aux toilettes pour être sûr qu'il n'était pas tombé malade.

« Allez Sammy, » commenta Dean, « J'ai changé tes couches quand tu étais bébé et je t'ai appris à aller aux toilettes. Ce que tu fais aux toilettes n'est pas un secret pour moi. »

Sam fixa avec horreur l'aura dorée autour de son frère.

« D'accord, d'accord, » fit Dean, « Tu as besoin d'aide pour te lever ? »

Sam secoua la tête et descendit du lit, le sol enfin sous ses pieds. Levant la tête, Sam pouvait deviner la porte de la salle de bain en noir qui contrastait avec le décor blanc et il traça une ligne dans cette direction.

Il tendit la main et toucha l'encadrement de la porte, extrêmement content de pouvoir bouger dans la chambre d'hôpital sans aide, et il grimaça quand Dean ouvrit la bouche pour avoir le dernier mot.

« Appelle-moi si tu as besoin d'aide Sammy ! »

« Dean ! » lâcha John et Sam sourit avant de fermer la porte.

SPN

Après avoir apporté plus de café, si nécessaire pour les deux plus vieux Winchester, Bobby quitta la chambre et déambula dans les couloirs. Si le démon montrait le bout de son nez dans l'hôpital, le chasseur ne voulait pas que la petite famille soit prise de court.

En plus de garder un œil sur les personnes qui pourraient lui sembler suspectes, Bobby voulait également du temps pour réfléchir.

C'était fantastique et incroyable que Sam recouvre la vue – plus ou moins. Les dommages qu'avaient subi les yeux du jeune homme avaient été tellement importants qu'il aurait pu être certain de rester aveugle toute sa vie.

Même si les Winchester étaient heureux – comme ils avaient le droit de l'être – de cet événement, cela mettait mal à l'aise le vieux chasseur.

Bien sûr, ça pouvait se résumer au fait que Sam avait pris le contrôle des pouvoirs de médium de Randall Gorman à travers le rein de l'homme. Bobby avait déjà entendu des histoires où des gens qui avaient reçu des greffes et avaient soudainement commencé à aimer certains aliments ou à les détester, à avoir des rêves étranges qui ne ressemblaient pas à ce que leur subconscient pouvait fournir mais ça... Ça semblait un peu tiré par les cheveux.

Oh, Bobby ne doutait pas que Sam puisse voir de nouveau. Il n'était pas complètement sûr du pourquoi.

Et pourquoi son donneur était-il mort de la main d'un démon ?

Est-ce qu'une force invisible avait guidé Gorman vers Sam ? John avait raconté à Bobby l'histoire de Randall comme quoi il devait pister Sam pour l'ex-directeur de Dunhill et ça semblait donner un sens à tout ça mais c'était tout ? N'y avait-il pas quelqu'un d'autre ayant un intérêt tout particulier pour le jeune Winchester ?

Bobby soupira et se gratta la tête, se dirigeant vers les ascenseurs pour aller à la cafétéria et manger quelque chose.

Il était peut-être un chasseur – et un bon chasseur – mais Bobby n'était pas un expert en politique démoniaque. Il ne savait pas si Gorman avait été tué pour autre chose que le fait d'avoir servi ses intérêts et qu'il n'était plus utile. Il ne savait pas pourquoi les démons s'intéressaient aux Winchester, et spécialement au jeune Sam.

Secouant la tête, Bobby entra dans l'ascenseur et sourit à une jeune infirmière qui s'appelait Maggie selon son badge.

La jeune femme sortit de l'ascenseur, se glissant entre les deux portes qui se refermaient sans un regard en arrière tandis que Bobby tendait la main pour appuyer sur le bouton pour l'étage inférieur.

Le vieux chasseur ne vit pas les yeux de l'infirmière flasher au jaune vicieux quand elle quitta l'ascenseur.

SPN

Sam ferma les yeux et croisa les bras sur sa poitrine, s'appuyant contre le matelas.

« Vraiment ? Tu es fatigué ? » demanda la voix de Dean à côté de lui, « Tu as déjà dormi pendant trois heures et demi aujourd'hui. »

« Laisse-moi tranquille », marmonna Sam, irrité.

« Dean, laisse-le dormir, » ordonna la voix de John et Sam sentit le matelas bouger quand Dean en descendit.

« Je vais chercher un magazine ou quelque chose d'autre, » dit son frère, « Tu veux un truc, papa ? »

John avait apparemment secoué la tête parce que Dean quitta la chambre quelques secondes plus tard, laissant Sam seul avec leur père. Sam, qui s'était senti mal à l'aise une semaine plus tôt, se sentait bien en la présence de John.

Soupirant, Sam s'installa confortablement pour une sieste, pensant que la chambre était protégée contre toute attaque.

SPN

John leva la tête et vit Maggie debout au pas de la porte. Elle sourit et fit un pas au-dessus de la ligne de sel tout en gloussant en entrant dans la pièce.

« Sam dort, » expliqua le père, « Mais je crois que tout va bien. »

L'infirmière eut un immense sourire, « C'est bien. Je m'inquiétais pour lui. »

John sourit, « C'est un battant. »

Maggie hocha la tête, « Je sais, je compte là-dessus. »

Le père fronça les sourcils, « Quoi ? »

« Ce que je veux dire, » répondit Maggie, tournant la tête pour regarder John, « c'est qu'il a toujours été mon préféré et j'ai été énervé d'apprendre sa malencontreuse rencontre avec le marché noir dans cet hôpital psychiatrique. »

John se leva, soudain effrayé, et il ouvrit la bouche pour reprendre la parole quand l'infirmière leva la main et il fut projeté contre le mur.

« Shhh, » fit Maggie, un doigt contre ses lèvres, « Sammy dort. Nous ne voulons pas le réveiller, n'est-ce pas ? »

« Comment...avez...vous...pu...entrer ? » grogna John, sa poitrine se soulevant rapidement à cause de la panique.

Maggie lui lança un regard incrédule, « Vous pensiez vraiment que ces maigres lignes de sel pourraient m'arrêter ? »

John se débattit en vain contre les liens invisibles qui le retenaient contre le mur, terrifié pour son cadet.

« Ne...lui...faites...pas...de...mal, » supplia-t-il.

Le démon s'approcha du lit où Sam était allongé et il tendit la main, les doigts planant à quelques centimètres du visage du garçon endormi.

« Voyons, pourquoi voudrais-je faire ça, John ? » demanda le démon, « J'ai dit que Sam était mon préféré et je n'ai pas menti. J'ai des plans pour Sammy, oh oui, j'en ai. De grands plans. »

John grogna d'un air terrifiant quand Maggie posa une main sur la tête de Sam, flattant ses cheveux courts. L'adolescent soupira légèrement et tourna le visage sur le côté mais il ne se réveilla pas.

« Ne...le...touche...pas ! » lâcha John mais le démon l'ignora.

« Ce ne serait pas juste pour Sam d'être complètement aveugle, » continua Maggie comme si John n'était pas intervenu, « Je ne suis pas si cruel. C'est pourquoi j'ai embauché Randall Gorman pour trouver Sam à ma place. Oui, j'ai possédé ce connard égoïste de Findlay et j'ai appelé le médium. »

« Lâche...moi ! » demanda John mais le démon ne le regardait pas, il était focalisé sur Sam.

« Je savais que Randall se sentirait obligé de faire quelque chose pour aider ton fils, » lui dit Maggie, « Il aime penser qu'il était un dur à cuire mais il avait vraiment un cœur en or. »

Le démon se tourna enfin vers John, « Et il s'avère que j'avais raison. Je n'ai même pas eu à intervenir ! Randall a librement décidé de donner un rein ! »

« Comment...Comment...tu...as...su- » commença le père mais le démon l'interrompit, terminant sa phrase, « Que le rein de Gorman allait transférer certains de ses pouvoirs à ton fils ? »

John inclina la tête – c'était le maximum qu'il pouvait faire pour acquiescer – et il attendit la réponse du démon.

« Appelle ça une intuition, » répondit Maggie, « Je peux être bon mais je ne suis pas si bon que ça. En tout cas, si ça n'avait pas marché et que Sammy était resté aveugle, au moins il n'aurait pas eu à voir son sang nettoyé quatre fois par semaine. Je veux que tous mes enfants soit en grande forme et avoir Sam si malade n'allait pas m'aider. »

« De...quoi...tu...parles ? » demanda John, sa bouche s'asséchant à cause de la peur.

« Je ne peux pas te le dire. C'est une surprise, » lui dit Maggie, « Tu aimes les surprises, n'est-ce pas Johnny ? »

John ouvrit la bouche quand les yeux de l'infirmière flashèrent au jaune avant de jeter un coup d'œil à sa montre.

« Toi ! Espèce...de...salaud ! » bégaya John, commençant à se sentir malade.

« On dirait que je suis à court de temps, » dit le démon, « J'adorerais rester et continuer à discuter mais j'ai des endroits à visiter et des gens à posséder. »

John regarda le démon s'éloigner de Sam et quitter la chambre. Le pouvoir du monstre continua de l'immobiliser contre le mur pendant une longue minute avant de le libérer et John tomba à genoux et sur les mains.

« Sam ! » cria-t-il et il se leva, titubant à travers la pièce jusqu'au cadet.

« Sam ! Sam ! Réveille-toi ! »

John sentit un soulagement le traverser quand les yeux du jeune homme de dix-huit ans s'ouvrirent lentement.

« Papa ? » marmonna-t-il, confus.

« Tu vas bien ? Est-ce que tu as mal quelque part ? » demanda John, tendant la main pour prendre le visage de Sam entre ses mains.

L'adolescent devint confus et effrayé, « Quoi ? Non, je me sens bien. Papa, qu'est-ce qu'il y a ? »

Le père prit une profonde inspiration. Sam n'était pas blessé, il n'était pas blessé et le démon était parti. Ne voulant pas inquiéter son fils plus qu'il ne l'était déjà, John secoua la tête, « Rien Sam. Désolé. »

Se reculant, John secoua la tête et reprit son siège, troublé.

Prenant une profonde inspiration, le père se frotta le visage avec les mains, se disant que Bobby et Dean n'avait pas besoin de savoir quoi que ce soit par rapport au démon. Cela ne ferait qu'enrager le vieux chasseur et inquiéter son fils. Non, pour le meilleur ou pour le pire, John allait garder ce secret.

SPN

« Tu es sûr ? » demanda Bobby pour la dixième fois, « Tu peux encore rester ici un peu plus longtemps. »

Sam sourit au vieux chasseur et il le prit dans ses bras, « Je sais Bobby. Mais je vais bien. Vraiment. »

Le vieux chasseur acquiesça, soupirant.

Un mois était passé depuis que Sam était sorti de l'hôpital Mitchell.

Il n'y avait pas eu de signe du démon qui avait tué Randall Gorman et une fois que les Winchester furent de retour à Sioux Falls, le Dr Greene demanda à voir Sam régulièrement pour faire des bilans. Le jeune homme prenait ses médicament sans broncher et il n'y eut pas de complication à cause d'une infection ou d'un rejet – la chance souriait aux Winchester – et le Dr Greene rendit joyeusement un bilan de santé parfait.

Rayann Muir, étonnée par le rétablissement rapide de Sam de son opération et ses progrès continus avec le braille et la canne, avait annoncé la semaine dernière qu'elle avait fini son travail.

Même si Sam pouvait voir les objets inanimés en noir et blanc et les gens avec des auras colorés autour d'eux, les mots écrits lui restaient impossible à lire. Se plongent dans un livre Sam ne voyait que des pages mais pas les mots imprimés dessus. L'écran de la télévision, lui aussi, n'était qu'un carré blanc sans image.

« Tu es sûr de vouloir venir avec nous ? » demanda Dean à son frère, concerné, « Bobby a raison. Si tu ne te sens pas prêt, tu peux rester là. »

Sam secoua la tête et prit son sac qu'il avait posé à ses pieds.

« Je veux aller avec toi et papa, » insista-t-il.

Bobby devait bien reconnaître la ténacité du garçon. Même si John avait décidé qu'il était temps de retourner sur les routes et que Sam avait annoncé qu'il venait avec son frère et son père, les deux plus vieux Winchester avaient fait de leur mieux pour convaincre le jeune homme de dix-huit ans de rester.

« Je réussirais à m'occuper, » leur répétait Sam encore et encore, « Ne vous en faites pas pour ça. »

Finalement, battant en retraite, John et Dean avait timidement accepté que Sam vienne avec eux – même si l'adolescent serait venu de toute façon et leur invitation n'était là que pour la forme – et ils commencèrent à rassembler leurs affaires dans le coffre de l'Impala.

John passa une tête à l'intérieur depuis la porte de devant, « Vous êtes prêts les garçons ? »

Les deux frères acquiescèrent et Bobby ne put s'empêcher de ressentir un peu de tristesse en voyant les garçons s'en aller.

« La prochaine fois que vous passez dans le Dakota du Sud, venez me voir, » ne put-il s'empêcher de dire et Dean hocha la tête, souriant.

« Évidement, Bobby, » promit-il, « Ce sera probablement pour te laisser Sam parce qu'il s'ennuiera à mort avec nous ! »

Sam prit Bobby dans ses bras encore une fois et ensuite Dean prit le vieux chasseur dans une accolade.

« Merci, Bobby, » chuchota-t-il, « Pour tout. »

Des larmes se formèrent aux coins des yeux gris de Bobby et il secoua la tête, « C'est à ça que sert la famille. Maintenant, vous devriez y aller avant que votre père ne décide de vous laisser ici. »

SPN

Dean se sentait mal de laisser Bobby, même si il savait que le vieux chasseur pouvait se débrouiller tout seul.

Lui et Sam marchèrent jusqu'à l'Impala et placèrent leurs sacs dans le coffre, leur père fermant derrière eux une fois que les bagages furent rangés.

Le jeune homme de vingt-deux ans s'assit à sa place habituel – le siège passager – pendant que Sam s'asseyait à l'arrière.

« Vous avez tout ? » demanda John, réglant le rétroviseur intérieur pour qu'il puisse avoir une meilleure vue de son cadet sans avoir à tourner la tête, « Médicaments, livres, canne ? »

Dean commença à jouer avec la radio pendant que Sam répondait, essayant clairement de dissimuler son exaspération.

« Oui papa, » commenta-t-il, « Tout est dans mon sac. »

John hocha la tête et Dean sourit, augmentant le volume tandis que 'I Can See For Miles' de The Who commençait.

« Où est-ce qu'on va ? » demanda Dean, jetant un regard à son père.

« Seattle, » répondit John, « Mais il y a un endroit où on doit s'arrêter avant. »

SPN

Sam regarda nerveusement à travers la fenêtre de l'Impala. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre.

John lui avait assuré que tout irait bien et qu'il avait une promesse qu'il devait tenir.

La Chevy s'arrêta devant un bâtiment délabré, et même Sam pouvait voir les tuiles se détacher du toit, et John sortit de la voiture.

Dean ouvrit la portière pour Sam et le jeune homme de dix-huit ans fit un pas à l'extérieur.

« Détends-toi, Sammy, » dit Dean, « Personne ne va te manger. »

Sam eut un sourire crispé et il prit fermement le manche de sa canne.

Dean marcha à ses côtés tandis qu'ils approchaient du bâtiment et Sam sursauta quand la porte s'ouvrit et qu'une femme – Sam était sûr que c'était une femme – apparut avec une aura d'un rouge incandescent.

« John Winchester ! » appela la femme, « J'étais sûr d'avoir entendu le vieux tas de ferraille que tu conduis ! »

« Heureux de te voir, » entendit Sam grommeler son père et il sourit.

« Ben merde alors, » dit la femme, ayant arrêté de crier, « Tu as emmené tout le clan avec toi. »

« Salut, » fit Dean et Sam sentit son frère lui donner un coup dans l'épaule.

« Bonjour, » fit-il à son tour lentement, soudain timide.

« Sam Winchester ! » fit d'un cri perçant la femme et elle descendit les quelques marches. Sam fut tétanisé quand la femme attrapa ses bras, « Regarde-toi. »

Sam leva la tête et aperçut le regard de son frère sur lui.

'Aide-moi,' mima-t-il désespérément.

Au lieu de l'aider, Sam entendit Dean glousser.

« Tu sembles aller beaucoup mieux, » lui dit la femme, « En meilleure forme. »

« Euh... » répondit Sam.

« Entrez, » la femme libéra ses bras mais prit sa main libre et elle commença à le tirer, « Les autres vont vouloir te voir. »

« Les autres ? » demanda Sam et il chercha son frère, « Quels autres ? »

Dès que Sam fit un pas à l'intérieur du bâtiment – le Roadhouse, c'est comme ça que l'avait appelé John – il se retrouva au centre d'un groupe de personnes qui lui parlaient toutes en même temps, tendant toutes la main pour toucher ses bras ou ses épaules – et il commença à se sentir à l'étroit.

« Allez, allez ! » sonna la voix de Dean après une très longue minute, « Ça suffit ! »

Le groupe battit en retraite mais Sam n'eut aucun moment de répit car, au lieu de ça, Dean le présenta à tout le monde un par un. Il y avait Joshua, et Caleb, et Ellen, et Jo, et Ash, et Deke, et le Pasteur Jim. Sam connaissait certaines de ces personnes même si il ne les avait pas vu depuis des années et d'autres lui étaient complètement inconnus. Sam se retrouva à fermer les yeux pour s'éviter d'être malade à cause de toutes les auras qui commençaient à s'agglutiner.

« Tiens, Sammy, » entendit-il Dean dire et il sentit un verre froid être pressé dans sa main.

« Merci, » marmonna-t-il et il porta le verre à ses lèvres, goûtant le Coca-Cola.

Dean prit la main de Sam qui tenait la canne et le tira, « Assis-toi. »

Dean prit le verre des mains de Sam et le jeune homme l'entendit entrer en contact avec du bois – un comptoir – et Sam tendit la main, les doigts effleurant le tabouret du bar.

Sam se hissa sur le tabouret et il ouvrit de nouveau les yeux avec précaution, soupirant au familier 'crayonné' en noir et blanc, dénué de couleur.

« Comment tu te sens ? » demanda Dean.

Sam haussa les épaules, « Ça fait un peu beaucoup d'un seul coup. »

Il entendit Dean glousser, « Ouais, mais je pense que papa voulait que tous ceux qui ont aidé pour ton sauvetage te voient en une seule fois. »

Sam acquiesça et prit son verre de Coca.

« Tu vas bien ? » demanda Dean, sa voix concernée et Sam lui jeta un regard du coin de l'œil.

L'aura de Dean, dorée comme celle de John, était très éblouissante. Sam tourna rapidement la tête.

« Je réfléchis, c'est tout. » marmonna-t-il.

« Ce n'est jamais bon quand tu réfléchis, » répliqua Dean.

Sam sourit tristement.

« Quoi que ce soit, » continua Dean, « Oublie ça. Tout ce qui s'est passé c'est du passé. Tu n'as plus jamais à y penser si tu ne veux pas. Tu es en vie, tu es en bonne santé...ce que t'ont fait ces salopards n'étaient pas permanents. Tu ne les as pas laissé gagner. Le fait que tu soit là le prouve. »

Sam baissa la tête. Dean avait raison.

Levant le regard, le jeune homme de dix-huit ans hocha la tête.

« Si j'étais toi, » lui dit Dean d'un air conspirateur, « Je penserais plutôt à une façon de me faire embrasser par Jo. »

« Dean ! » s'exclama Sam, riant malgré lui.

« Elle n'arrête pas de te regarder depuis que tu es entré, » lui dit Dean.

Sam secoua la tête, « Elle doit avoir peur de mes yeux. »

« Non, » répliqua Dean, « Pas moyen. Tiens, je vais te le prouver. Hey ! Jo ! Viens voir une minute ! »

SPN

John sourit tandis qu'il regardait ses fils et la fille d'Ellen parler à l'autre bout du bar.

Ellen soupira et se tourna vers John.

« Il semble allez beaucoup mieux, » dit-elle et le père acquiesça.

« Il a complètement changé, Ellen, » lui dit John, « C'est un homme nouveau. »

La femme acquiesça et prit une gorgée de sa bière.

« Je déteste juste le fait qu'il ait du passer dans toute cette merde pour en arriver là, » se lamenta le père.

Ellen fronça les sourcils et reposa sa bière.

« On a tous vécu l'Enfer, » dit-elle, « Parfois, on l'a cherché et d'autres fois... ben... tu sais... »

John hocha la tête, « Il est fort. Plus fort que moi. »

Ellen jeta un regard au fils de John, « Parce que tu l'as élevé pour le devenir. »

John la regarda, « Je crois que je n'avais pas réalisé à quel point ce garçon était fort. »

La femme lui sourit, « Les gosses nous surprendront toujours. »

John lui retourna le geste, « J'espère juste qu'il est assez fort pour faire face à tout ce qui pourrait arriver. J'ai un mauvais pressentiment. Je crois que ça va devenir de plus en plus difficile pour lui à partir de maintenant. »

Ellen tendit la main et toucha timidement le bras du père, « Avec toi, et Dean, Je sais que Sam sera capable de surmonter tous les obstacles. »