Tout d'abord, je tiens à vous présenter mes excuses pour ce petit retard. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigeur :)

Comme d'habitude, un grand merci à mes revieweuses favorites. Vos avis me sont précieux.

En route donc pour ce dernier chapitre de la première partie (qui devait, au début du projet, n'en compter que dix ^.^). Il est un peu plus long et comporte un GRANDE partie sur Kaya, j'espère que vous aimerez.
Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir l'histoire ;)

Disclaimer : One Piece ne m'appartient pas, il s'agit de l'entière propriété intellectuelle de Eiichiro Oda.

Je vous souhaite une bonne lecture.


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''Partie 1 : Vies croisées''

''Chapitre 20 : Toute fin a un commencement : une nuit de cauchemar''

Cette cellule est réservée à ceux qui passent leurs derniers moments entre ces murs. Je n'y aurais pas passé beaucoup de temps. Ainsi est fait le couloir de la mort, vous pouvez attendre des années dedans sans savoir quand vous serez exécuté. Mais lorsque l'on vous mène dans cette pièce, vous savez que vous vivez votre dernière journée. Plus que trois heures et cinquante et une minute.

13 mai, 19h48

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(Vision de Luffy)

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Deux ans plus tôt

Shanks avait été plus ravi que la situation ne l'exigeait lorsqu'il a accepté que je sorte ce soir. Il m'a que c'était bien que je ne sois pas à la maison ce soir. J'imagine qu'il doit avoir prévu une réunion et je suis presque tenté de rester pour l'espionner. Mais j'ai rendez-vous avec Ace. J'attrape mon portable, rappelle le rendez-vous à Usopp et fourre le combiné dans la poche de mon treillis, accompagné de mon portefeuille. Je dévale les escaliers en quatrième vitesse et m'arrête devant la cuisine, où mon père est attablé.

''- Je ne rentre pas tard, promis.''

Il tourne son visage vers moi, visage flanqué d'un grand sourire. Mais je suis moi crédule qu'il n'y parait, j'ai eu le temps de voir son air dévasté avant qu'il n'affiche ce bonheur de façade.

''- Ce qui, pour toi, signifie rentrer avant le petit déjeuner.

- Exactement !...Je t'aime Papa.''

Je crois que je ne lui ai plus dit depuis que j'ai appris la vérité sur ma naissance. Mais j'ai peur de regretter un jour de ne pas lui avoir assez dit. Il sourit tendrement et tapote la chaise à côté de lui. Je ne me fais pas prier, il faut qu'on parle. Je suis déjà en retard mais après tout je n'ai jamais été très ponctuel dans ma vie, Garp peut en témoigner, alors ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer.

''- Je comprend que toute cette histoire doive te chambouler un peu et je veux que tu sache que je trouve que tu gère très bien la situation.''

Pas si bien que ça. D'après Usopp je suis en plein déni, je préfère faire comme si rien ne s'était passé, comme si tout était comme avant. C'est lâche. Mais c'est mieux pour tout le monde, du moins pour le moment. Car trop de questions sans réponse se pressent déjà dans ma tête. Inutile d'en ajouter.

''- Je sais que tu as fouillé dans mes affaires avec ton ami hier soir.''

Et mince ! Usopp m'avait pourtant dit d'être plus discret.

''- Luffy, j'ignore ce que tu cherches mais je veux que tu me promette de cesser.

- Mais écoutes…

- Non ! Regardes moi bien, je ne plaisante pas. Promets-moi que tu ne vas plus te mêler de ce qui ne te regarde pas. Luffy à partir de maintenant et quoi qu'il arrive tu reste en dehors de tout cela ! Promets !''

Il n'avait jamais élevé la voix envers moi. Son regard est plus dur que jamais. Et froid aussi. Beaucoup trop sérieux pour une simple discussion père-fils. Face à mon silence il insiste, m'empoignant par les épaules.

''- Luffy, tout cela est bien trop dangereux pour toi. Tu fais face à quelque chose de bien plus grand que toi.

- Mais Ace…

- Ace est un danger pour toi !

- Tu me laisses le fréquenter depuis que je suis arrivé ici, ne me fais pas croire que tu ne savais pas que je le voyais car c'est faux !''

Je m'emporte moi aussi, ça m'arrive rarement. Mais je ne supporte pas cette tension, j'ai ouvert les vannes, j'ai besoin de lui faire comprendre ma frustration. La frustration d'être dans un monde dont tous comprennent les règles sauf moi. Où tout le monde semble avoir un rôle sauf moi.

''- Ace est mon ami, compris ?! Tu n'as pas le droit de m'interdire de le voir ! Je n'ai plus cinq ans au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai le droit de faire mes propres choix !''

Je ne remarque que je suis debout que lorsque je le vois baisser la tête, qu'il avait du lever pour me regarder. Il semble anéanti. Sa voix n'est plus qu'un souffle lorsqu'il reprend la parole.

''- Je veux juste vous protéger.

- Protéger qui ? Maman et moi ?''

Son regard semble perdu dans le vide et j'ai l'impression que ma réponse n'est pas tout à fait la bonne. Le voir si abattu m'a calmé d'un coup. Je ne supporte pas de la voir dans cet état et, à vrai dire, ça m'inquiète un peu. Je suis habitué à un père enjoué et bon-vivant mais l'homme que j'ai face à moi en cet instant n'a rien à voir avec cette image.

''- Je reviens, je vais appeler Ace et Usopp pour remettre notre soirée.''

Mes paroles semblent le sortir de sa torpeur. Il se retourne, plus alerte que jamais vers moi.

''- Non, non, surtout pas, vas y. Passes une bonne soirée, on parlera demain.''

Son sourire est de retour, pourtant je sens bien qu'il est faux. Il ne va pas bien je devrais rester un peu avec lui.

''- Tu n'as pas l'air d'aller bien, papa.

- Ne t'en fais pas pour moi voyons. Aller file !''

J'hésite mais il insiste.

''- Tout ira bien, ne t'en fais pas pour moi.''

Il a peut-être envie d'être seul. Il a raison, on aura toute la journée de demain pour discuter. Et toutes les suivantes aussi. Je lui souris à mon tour.

''- Prends soin de toi alors. À demain !''

Je l'embrasse sur le front en quittant la pièce. J'entends à peine sa voix qui murmure dans mon dos.

''- Sois prudent Luffy. Et n'oublie pas, quoi qu'il arrive : je t'aime plus que tout.''

Je me retourne et lui souris de plus belle.

''- Je t'aime aussi.''

Et tandis que je m'éloigne lentement pour rejoindre Usopp je ne peut m'empêcher de me demander ce que cette discussion signifiait. C'est comme s'il avait voulu me dire quelque chose d'important mais s'était ravisé. Je le ferais parler. Demain nous parlerons de tout ça. Je lui confierais mes pensées et peut-être qu'il fera de même. On s'installera devant la télévision et peut-être même que l'on ferra des crêpes, comme lorsque j'étais enfant. Et tout ira bien. N'est-ce pas ?

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(Vision d'Ace)

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Ça va être une bonne soirée. Un sourire niais est fiché en permanence sur mon visage. Je tambourine contre la porte, Kidd est enfermé dans cette salle de bains depuis des heures.

''- Sors de là Manson, de toutes façons ta face est un cas désespéré.''

La porte s'ouvre brusquement sur un Kidd moqueur.

''- Reste toujours la chirurgie esthétique.''

J'éclate de rire. J'ai l'impression qu'il est aussi heureux que moi de la soirée qui se profile. Deux gamins je vous jure. Mon portable vibre sur la table basse. C'est Sabo.

''- On bouge Marilyn, Sabo et l'autre sont déjà là et j'ai pas vraiment envie d'être le dernier arrivé.

- Tu sais qu'elle porte un prénom ?''

Question rhétorique. On quitte assez rapidement le salon et se faufile hors de la zone sous haute sécurité. C'est au détour d'un couloir que je l'aperçois. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne l'ai pas vue. Elle est dans l'encadrement de la porte d'un bureau, visiblement en grande conversation avec une personne encore à l'intérieur, un dossier serré contre sa poitrine.

Elle est belle en fait. Je ne m'étais pas fait la réflexion avant mais elle est pas si mal. C'est pas une bombe, ça c'est clair mais elle est plutôt mignonne dans son genre. Elle serait même carrément canon si elle prenait confiance en elle et qu'elle s'arrangeait un peu. Enfin j'imagine que le côté poupée parfaite et timorée peut plaire à certains.

Elle semble se rappeler quelque chose d'important et quitte son interlocuteur assez expéditivement. Kidd m'attrape par la manche et me tire contre le mur, dans une partie plus sombre. Précaution inutile, elle est trop absorbée par ses pensées pour nous remarquer. Son visage est fermé tandis qu'elle passe devant moi. Lèvres serrées, regard rivé au sol et bras contractés enserrant le dossier contre sa poitrine.

Kidd me tapote l'épaule et j'abandonne là ma réflexion. On s'éloigne ensemble dans le couloir et, au moment de quitter le bâtiment, je risque un regard en arrière. Elle est là, arrêtée au beau milieu de l'allée. Elle me fixe. Même à cette distance je ressens sa tristesse. Et ça me serre le cœur. Je ne connais pas l'empathie, c'est ma psy qui le disait quand j'étais petit. Force m'est de constater que parmis tous les bobards qu'elle a proféré à mon encontre il y avait aussi quelques vérités. Mais pour une fois je comprends.

Elle me tourne le dos et s'éloigne. Elle voulait me passer un message ou quoi ? Mon sixième sens me hurle de pas partir. Mais Kidd m'entraîne dans la cour vers le point de rendez-vous. Et à l'instant où j'aperçois Sabo adossé à la voiture sur le bord de la route, toutes mes craintes s'envolent. Son merveilleux pouvoir magique. L'autre est là aussi. Je ne m'en réjouis pas vraiment mais je vais faire un effort. Pour Sabo. Pour personne d'autre. Je souris de plus belle et il me rend mon sourire.

''- Ils arrivent ou quoi ?''

Kidd est de loin l'être le plus impatient du monde.

''- Tu peux parler. Ça va faire un quart d'heure qu'on vous attend.''

Elle a une bonne répartie la rousse. Si ma mère était là elle rectifierait sûrement en ''blond vénitien''. Ça fait longtemps que je n'ai pas pensé à elle tiens. Je sors mon téléphone de ma poche et compose le numéro de Luffy, qui décroche, essoufflé, à la seconde sonnerie, me gratifie d'un ''On arrive'' expéditif et me raccroche au nez. Va falloir que je lui apprenne la politesse à celui là. Et la ponctualité. Heureusement pour ses fesses il apparaît au coin du parking, exténué et accompagné de Pinocchio. J'étais hilare quand Sabo m'a sorti ce surnom. Ça lui va bien après tout.

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C'était une belle journée. Il m'avait invitée au parc pour un pique-nique. Je pensais que tous ses amis seraient là, j'ai été très surprise lorsque, en descendant du bus, je l'ai vu là, seul, un panier sous le bras. Il m'avait prise par le bras et entraînée, son éternel air joyeux fiché sur le visage, dans le dédale de plantes vers la fontaine de la roseraie, à l'ombre des pêchers(1). Il avait tout préparé lui-même. Enfin, c'était sa version, la mienne c'est qu'il avait été par ses amis. Ce qui ne donnait pas forcément un résultat plus concluant. Mais ça m'avait touchée.

J'avais passé une merveilleuse après-midi. La plus belle de ma vie. C'est ce jour là que j'ai compris qu'il m'aimait. À sa façon de me regarder, comme si j'étais un diamant, il m'a faite me sentir belle, aimée. Il me servait chaque plat avec une extrême douceur, que je ne lui aurait jamais soupçonnée. Et parfois il frôlait mon bras, avec douceur, comme une brise, il ne s'attardait pas. Et à chaque fois j'avais des picotements dans les membres et des papillons dans le ventre. Le cœur au bord des lèvres.

Et puis le repas à prit fin et il m'a entraînée dans le labyrinthe près de la roseraie où on a couru comme deux enfants. J'ai eu l'impression de redevenir une enfant durant cette après-midi. Comme à chaque fois que je suis avec lui. Il s'est arrêté dans un cul-de-sac, dans une partie moins fréquentée. Il s'est tourné vers moi et a accroché mon regard. J'ai su qu'il allait m'embrasser avant même qu'il ne s'approche. Et nos regard sont resté vissés l'un à l'autre, suspendus dans l'instant. Un moment d'éternité.

Je regarde mon reflet dans le miroir et souris en repensant à ce merveilleux jour. Le premier jour du reste de ma vie. Les gens disent que le mariage est le plus beau jour d'une vie mais je sais qu'aujourd'hui ne remplacera jamais ce beau souvenir. Je n'arrive pas à croire que je me marie. Quelqu'un toque deux coup et pénètre dans la pièce. Ma future belle-sœur s'arrête derrière moi, les yeux embués de larmes rivé sur le miroir qui me découvre dans ma robe immaculée.

''- Je t'en supplie Jew' ne pleure pas, mon mascara ne tiendra pas le choc.''

Ma tentative d'humour lui arrache un sourire mais n'empêche pas mes larmes de commencer à couler.

''- Tu es magnifique Maki'(2). Mon frère a beaucoup de chance...et moi aussi.''

Et voilà, quelques mots gentils et je fond en larmes comme une enfant. On doit avoir l'air bien cruches : une mariée et sa demoiselle d'honneur, agenouillées sur le sol et en larmes. Un vrai massacre de maquillage et de robes blanches.

Et pourtant, lorsque quelques minutes plus tard je remonte l'allée au bras de mon beau-père je sais que tout ira bien. Car il est là, devant l'autel. À m'attendre avec ce même sourire flamboyant qu'il m'a offert à l'entrée du parc. Et nos regards se croisent. Et je sais que je serais heureuse à jamais, tant que je serais avec lui. Car j'épouse l'homme que j'aime, un homme en qui j'ai confiance. Un homme qui ne me trahira jamais. Le prêtre prononce les mots et je souris. Oui, un homme avec qui je resterai jusqu'à ce que la mort nous sépare. Puisse-t-elle nous laisser de longues années ensemble. .

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(Vision de Kaya)

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Crocus m'a proposé de rester plus tard pour m'aider à boucler mon dossier pour le mois prochain. J'aime bien prendre de l'avance. Les couloirs de l'unité sont particulièrement animés à cette heure tardive, l'effervescence est palpable. Mon supérieur m'a prévenue qu'il serait en retard alors je décide de commencer sans lui et m'installe dans la salle de réunion afin d'avoir le plus de place possible afin d'étaler mes fiches et rapports.

J'aime bien schématiser ma réflexion, ça m'aider à tout mettre en ordre alors je commence à organiser mes idées sur des petits bouts de papiers que j'aligne consciencieusement sur la grande table. J'aime travailler en musique, je suis plus efficace. C'est occupée à danser autour de la table en installant mon schéma géant que Crocus me surprend. C'est bon, c'est officiel, je ne pourrais jamais plus le regarder dans les yeux. Il rigole et s'installe face à moi.

''- Alors ce dossier ?''

Oui, le dossier. Reprends-toi Kaya il y a des priorités dans la vie.

''- J'étais en train d'organiser tout ça.

- C'est en effet très méticuleux. Tu planifie souvent ton travail aussi intensément ?

- Toujours.''

C'est vrai, je suis une mordue du travail et une perfectionniste invétérée. Je sors le reste du dossier de mon sac.

''- Voilà ce que j'ai commencé à rédiger.''

Il me prend le dossier des mains et examine mes relevés, visiblement impressionné par mon travail minutieux. Je rougis, c'est plutôt flatteur de voir que votre travail peut impressionner un professionnel. Il est d'une grande aide. Il pointe très vite les problèmes sur lesquels je bute et tente de me guider vers une solution, sans me la donner directement, ce que j'apprécie. Nous restons ainsi un bon moment à travailler sur ce projet, ses connaissances comblant mes lacunes, avant qu'un bruit ne ne nous trouble.

Le bruit était tout d'abord confus, des bruits de pas, de course même, de casiers renversés, de tables et de chaises jetés en vrac. Puis les cris ont commencé. Des cris d'horreur d'abord, puis de douleur. Des larmes, des hurlements. L'horreur à commencé.

Je veux le retenir mais mes bras si frêles ne font pas le poids face à sa détermination et les mots qui se forment sur mes lèvres ne parviennent pas à les franchir. J'ai peur. La porte se referme derrière lui et le brouhaha redouble d'intensité.

J'ignore combien de temps je reste là, prostrée sur ma chaise à entendre ces hurlements. C'est comme dans un rêve, comme si le temps s'était arrêté. Je n'entends presque plus les cris mais je sais qu'il sont toujours là. Je suis comme anesthésiée, incapable de réfléchir ou de me mouvoir. Je suis de nouveau une enfant, celle que j'étais à la mort de mon père. Perdue.

Les soldats investissent la pièce et je suis traînée de force à l'extérieur, je peux à peine protester. L'unité est méconnaissable. Les couloirs sont emplis de dossiers piétinés, les portes des salles ont étés arrachés et certains murs sont ornés de traînées de sang. Ceux qui résistent sont battus et traînés à l'extérieur, d'où le sang. J'en reconnais certains. Des gens qui m'ont accueillie et que j'ai appris à apprécier. J'ai peur. Et cette peur se diffuse dans chaque vaisseau sanguin, dans chaque fibre de mon être.

L'homme qui me pousse dans le dédale de couloirs me broie le haut du bras et je manque de trébucher plusieurs fois à cause de son rythme de marche si soutenue que je me retourne plusieurs fois afin de vérifier que le diable n'est pas à nos trousses. Il me faut du temps avant de réaliser que l'on ne m'emmène pas dehors comme les autres, mais vers les salles affectées aux membres de l'unité. Je comprends vite pourquoi lorsque l'on s'arrête devant la porte de ces dernières, où attendent une demi-douzaine d'autres soldats.

''- Si tu compose gentiment le code d'accès, mes hommes t'escorteront vers la sortie.''

Je sais très bien où ils veulent en venir, ils pensent que parce que je suis jeune je vais accepter de les aider pour pouvoir rentrer chez moi. Ils pensent que je suis effrayée, ils ont raison, mais cela ne fait pas de moi une lâche. Je reste muette et statique devant la porte. Je pourrais mentir et tenter de nier connaître le code mais je doute qu'ils auraient kidnappé la première cruche venue s'ils avaient ignoré que tous les assistants connaissent les codes. Je ne comprends pas ce qu'il font là.

''- Écoutes petite, je comprends que tu tiennes à ce job mais sache que le docteur ''Red Hair'' est sous le coup d'une injonction gouvernementale le condamnant pour des crimes très graves. Tu ne veux pas être liée à tout ça ?''

Ils me prennent vraiment pour une lâche ? Au vu de la patience qu'il emploie à mon encontre je comprends vite qu'ils ont du tenter de faire parler plusieurs employés avant moi, sans succès. Mon cerveau se met à effectuer de rapides calculs. Je sais qu'Ace et Kidd sont sortis, ce qui ne laisse que Teach et Law. Avec ce que je sais sur le passé de Law, j'imagine que ces gars sont là pour le livrer à Doflamingo, qui a du être d'une grande aide au gouvernement pour la mise en place de cette opération, comme de tant d'autres. Alors quels sont les risques ?

L'effet de surprise jouera en faveur des soldats. Car les murs de cette zone sont totalement insonorisés chimiquement et matériellement, il est impossible qu'il ai entendu le vacarme qui règne ici. Il n'a aucune chance de leurs échapper. Je ne peux pas le condamner sciemment.

J'ai étudier ces hommes pendant des mois et des mois, certains pendant même des années. Je connais chacun de leurs crimes, chacune de leurs perversions. Pourtant je ne peux les voir comme les monstres qu'ils sont aux yeux des autres personnes. Justement parce que je les connais. Je suis sûrement aussi naïve que le docteur ''Red Hair'' à penser que je puisse les aider. Mais c'est pour cela que je l'ai toujours admirer. Parce qu'il croit en l'Homme. Aussi naïf soit-ce.

''- Tu vois bien qu'elle ne dira rien. Embarques moi ça dehors, elle ne nous servira à rien.''

Un soupire de soulagement muet franchi mes lèvres. Juste avant que mes yeux ne s'agrandissent d'horreur en voyant l'un des hommes braquer une arme sur ma tempe.

''- Elle a peut-être juste besoin d'un peu de motivation. Je commence à en avoir plus qu'assez de ces employés muets.''

Je déglutie. C'est type ne peuvent pas être du gouvernement si ? Le gouvernement ne peut pas tolérer qu'on traite les gens comme ça. C'est un mouvement fugace au bout du couloir qui attire mon attention. Je n'hésite pas longtemps car je sais, bien qu'elle soit possiblement mon ennemie, qu'elle ne laissera pas ces hommes me faire du mal.

''- Monet !''

Elle se retourne instantanément et son visage affiche une colère sans limites. Et se précipite à notre hauteur et se plante face à celui qui semble être le chef.

''- Laissez-là, cette fille est sous ma responsabilité à partir de maintenant.

- Désolé mais les ordres de l'amiral sont clairs…

- Je me fiche des ordres que vous avez reçus. Personne ne vous a ordonné de menacer une jeune fille innocente avec une arme. Mais peut-être devrais-je aller renseigner vos supérieurs sur vos agissements ?''

Les soldats se calment instantanément et, baragouinant des excuses, me relâchent. Je me réfugie d'instinct aux côtés de Monet, haranguée à présent par l'un des hommes.

''- Nous avons reçu l'ordre de transférer Trafalgar D. Water Law, c'est un criminel très dangereux.

- Trafalgar Law a déjà été extradé plus tôt dans la soirée. Maintenant foutez le camp.''

Ça a le mérite d'être clair et tous semblent comprendre le message. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour Law cependant. Si Monet dit vrai ce dernier est sûrement auprès de Doflamingo à présent. Mais mon petit doigt me dit qu'elle a menti. Mais pourquoi ? Crocus se serait-il trompé sur elle ? Je croyais qu'elle travaillais pour Doflamingo. Pourtant elle semble énervée...et inquiète. Attendez, est-ce qu'elle vient de protéger Law ? C'est pour ça qu'elle est effrayée ? Elle a peur des conséquences ? Dès que le dernier soldat eût disparu au coin du couloir elle se retourne vers moi, rivant son regard au mien. Et commence à parler à toute vitesse, tout en jetant des regards en arrière. J'avais raison, elle craint quelque chose...ou quelqu'un. M'est avis que l'opération de ce soir ne faisait pas partie de ses plans.

''- Écoutes moi bien, tu dois partir immédiatement. Tu sais comment te rendre dans la zone des archives ?''

Je hoche la tête machinalement, gagnée par son inquiétude.

''- Très bien, tu vas t'y rendre et sortir du bâtiment par l'arrière. Prends mon surtout, surtout, ne fais demi-tour sous aucun prétexte c'est clair?''

J'acquiesce de nouveau. J'ai envie de l'interroger, de comprendre ce qu'il se passe.

''- Crocus est…

- Kaya ! Ne t'occupe pas de ça et va t'en ! Tu n'as rien à voir avec cette affaire mais si les soldats t'arrêtent tu pourrais avoir de gros ennuis. Il est hors de question que tu paye pour les autres.''

Mais de quels autres elle parle ? Une rafale de coups de feu résonne dans la prison et met un terme à mes questionnements. Je jette un dernier regard inquiet à Monet qui murmure un juron avant de courir en direction des coups de feu tout en me criant un dernier ''Va t'en !''.

Je ne me fais pas prier et prend mes jambes à mon cou, en direction de l'aile d'archivage. Les coups de feu se font de plus en plus nombreux. Les cris semblent sans fin. Mes larmes coulent sans que je ne puisse les arrêter. Et mes questions s'enfuient dans ces couloirs sans fin où la mort s'est établie. J'ai peur, je pleure, je cours… Je fui, le plus loin possible de cette horreur. Et je sais, au fond de moi, que rien ne sera plus comme avant.

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Innocence : état provisoire qu'il nous faut tous abandonner un jour.

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Mes pas résonnent entre les vieux murs tandis que mes chaussures se gorgent du sang qui macule le sol. Des chuintements insupportables se font entendre à chaque pas. Ces bruits résonnent sans cesse, sans fin, se répercutant contre les murs froids et vides. Les portes sont arrachées et les bureaux, en pièces, balancés à travers les pièces, les casiers, éventrés, décorent le sol de leur contenu, les travaux de recherchent se mêlant au rouge sang qui emplit ma vision. La désolation.

Le silence règne à présent dans ces couloirs déserts où quelques heures auparavant la terreur se répandait telle la peste. Où les hommes et les femmes tombaient les uns après les autres. Les corps qui se disloquent sur le sol sont à présent vides de vie. Et sans l'odeur de mort qui se diffuse à présent on pourrait presque penser que tout cela n'est qu'un décor de film d'horreur. Et que je joue merveilleusement bien le rôle de la proie.

Je n'ai pas écouté Monet. Je suis revenue. J'ai attendu plus d'une heure avant que le nombre de soldats ne commence à diminuer. En laissant traîner mes oreilles j'ai vite compris qu'aucun des détenus n'était présent et qu'il leur fallait les trouver. Certains hommes sont restés sur place, pour surveiller. Il ne me verront pas. J'ai passé ma scolarité à être invisible aux yeux de mes camarades, aujourd'hui cette insignifiance va enfin me servir. Je serais invisible, tapie dans l'ombre, silencieuse.

Je ne suis pas revenue pour Crocus. Je sais que tous les membres de l'unité ont été tués ou arrêtés. J'espère juste qu'il fait partie de la seconde catégorie. Mais ce sont là des questions que je me poserai plus tard. Savoir ce qu'il est advenu de chacun doit rester un mystère pour le moment, car ce n'est pas pour ça que je suis revenue. Monet a dit que je n'avais rien à voir avec ''ça''. Mais le fait est qu'elle se trompe. Car j'ai lu les dossiers de l'asile, car Crocus m'a confié la vérité sur Monet et Law, car je sais beaucoup plus de choses que je ne le devrais. Car je sais que je dois continuer à jouer les ignorantes pour le moment. Car je dois aider Ace.

C'est pour cela que je suis revenue. Je sais que c'est sûrement une erreur mais j'ai passé ma vie à admirer le Dr ''Red Hair''. J'ai aussi passé des heures et des heures à étudier Ace...et je l'ai rencontré. Et j'ai vu suffisamment dans ses yeux pour avoir envie de l'aider. Des ténèbres si profondes.

Je parviens sans encombres devant le bureau du docteur, cette partie de l'unité est encore plus saccagée que le reste, ce qui n'est guère étonnant en fait. Je pousse la porte sortie de ses gonds qui obstrue ma vue et observe enfin la pièce. J'ai pénétré il y a peu dans ce bureau pour rencontrer le Dr ''Red Hair'', l'endroit est méconnaissable. Et mes yeux se portent sur le sol.

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Réalité : état perpétuel incompatible avec l'innocence.

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J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Et je ne réalise pas, quand les pas résonnent dans le couloir, que plus d'une heure s'est écoulée. Je suis agenouillée sur le sol, dans une mare de sang, la tête de cet homme que j'ai tant admiré posée sur mes genoux. Je ne prête pas pas de suite attention aux visages qui apparaissent dans l'encadrement de la porte, persuadée que ce sont des soldats qui vont me traîner dehors sans autre forme de procès. Le silence s'installe dans la pièce et je lève les yeux. Je reconnais d'abord Ace et Kidd, au second plan, ainsi que deux inconnu et Usopp, le garçon de l'université qui m'avait paru si avenant. Et puis finalement mon cerveau remarque Luffy. Je sais maintenant qu'il est le fils du docteur, ce que j'ignorais à notre rencontre. Je suis son regard qui est rivé sur l'homme allongé sur mes genoux. Le brouillard qui m'entourait semble se dissiper et tous les événements de cette nuit paraissent soudainement plus réels que jamais.

Je lève de nouveau les yeux vers Luffy. Il ne bouge pas, comme en état de choc. Il ne dit rien. La main d'Ace se pose sur son épaule mais il ne réagit pas. Il ne tremble pas non plus, ne cille pas et surtout, ne pleure pas. Alors je plonge mon regard dans le sien et comprend que pour lui non plus rien ne sera plus jamais pareil.

Au milieu du silence, dans cette prison abandonnée où la mort règne désormais en maître, je vois dans le regard de ce garçon… des ténèbres si profondes.

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''L'innocence, une fois perdue, ne peut être retrouvée.
Les ténèbres, une fois perçues, ne peuvent être chassées.'

- John Milton

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(1) : Ceux qui me connaissent le savent, j'adore le langage des fleurs. Ici les pêchers signifient poétiquement ''je suis votre prisonnier''. J'ai longuement hésité avec les tilleuls qui signifient ''amour conjugal'' mais bon, c'est un premier rendez-vous après tout.

(2) : ''Maki'' est un nom et surnom couramment utilisé au Japon. Il se compose de deux kanji qui peuvent signifier notamment ''vraie'' ou ''précieuse''. J'ai trouvé que ça lui correspondait bien.

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Je vais sûrement recevoir la haine de celles qui m'ont supplié à genoux de ne pas le tuer mais j'espère que vous comprendrez que c'était essentiel pour permettre au personnage de Luffy d'évoluer.
L'histoire va désormais prendre un tout autre tournant et j'espère que vous continuerez à suivre.

Je précise tout de même que je ne suis pas entièrement satisfaite de ce chapitre, que je voulais parfait, et que je pense sûrement le modifier à l'avenir.

N'hésitez pas à laisser un petit mot, une petite critique. Je suis toujours heureuse d'en recevoir et je veux vraiment m'améliorer donc allez y :)

Dans tous les cas on se retrouve la semaine prochaine pour un petit épilogue. Je n'avais pas prévu d'en écrire un au début mais je me suis dis qu'il était important de coucher par écrit la réaction de Luffy.

J'espère que votre lecture a été agréable.

Affectueusement,
Hinata