Mais kesskisspass ?

Un nouveau chapitre avant l'an 2056 ?

Braval ! On applaudit des deux mains !

Je ne suis pas peu fière d'avoir mis qu'un tout petit mois pour vous présenter ce beau bébé :)

J'espère que vous êtes contentes, les endives !

Plein de bisous sur la fesse gauche, puis trois sur la droite.

CyberCoffee


Chapitre 46

Le couloir qui menait au bureau du Directeur était encore vide à cette heure matinale.

-Qu'est-ce qu'il te veut ? demanda Soul, aussi anxieuse que son hôte.

-Je ne sais pas, Soul, répondit Nathanaël.

Cela faisait seulement quelques jours qu'il était sorti de son coma quand le professeur McGonagall lui avait fait passer un mot venant du directeur, à la fin de son dernier cours de Métamorphose. La missive était claire : « Cher Nathanaël, je t'invite à venir prendre le thé dans mon bureau demain matin, avant le commencement de tes classes. Signé, Albus Dumbledore. » Bien qu'il lui semblait normal que le directeur veuille le voir afin de lui parler de l'incident de magie, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine appréhension à l'idée de se retrouver en face à face avec le vieil homme.

Lailoken avait grogné et vociféré contre l'idée qu'il se retrouve seul avec son ancien apprenti.

-Lailoken a un réel problème avec Dumbledore, fit remarquer Soul.

-Je ne pense pas qu'il s'agisse tant de la culpabilité supposée de Dumbledore que de la nécessité d'avoir quelqu'un à haïr afin de pouvoir supporter une vie trop longue et dénuée de sens. Lailoken sait pertinemment que Dumbledore n'a jamais fait partie de l'équation de la lignée des Enchanteurs, il l'a avoué lui-même, mais je suppose que rejeter la faute sur une personne bien réelle et tangible est plus salvateur que d'en vouloir à la destinée. Cela lui aura permis de garder au moins une raison d'exister.

-Lailoken est trop intelligent pour lui en vouloir simplement pour cela, non ? insista Soul. Il doit y avoir une autre raison au fait qu'il se méfie autant de cet homme.

-C'est bien ça qui m'inquiète, confirma Nathanaël. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Pourquoi Lailoken, l'être le plus puissant au monde, reste-t-il sur ses gardes dès il s'agit d'Albus Dumbledore ?

« Ne le regarde jamais trop longtemps dans les yeux ! » l'avait averti Lailoken juste avant que Nathanaël sorte des appartements de ses parents pour se rendre à son rendez-vous.

-Un Légilimens, avait deviné Soul en disant tout haut ce que lui-même pensait tout bas. Tu as des barrières exceptionnelles, je ne pense pas qu'il soit capable de passer au travers.

-Je n'en mettrai pas ma main à couper, Lailoken ne m'aurait jamais prévenu s'il était certain qu'il ne tenterait rien.

-Tenter ne veut pas dire réussir.

Nathanaël ne put que s'incliner devant la sagesse de Soul. Une fois devant la gargouille qui protégeait l'entrée qui menait au bureau du directeur, Nathanaël inspira une grande bouffée d'air et donna le mot de passe d'une voix claire. La gargouille fit un pas sur le côté et dévoila un escalier en colimaçon. Il s'avança et l'escalier se mit en branle, comme un escalator.

-Tu penses que les escalators des moldus ont été inventés par un né-moldu qui se serait inspiré de ceux-ci ?

-Probablement.

Arrivé devant la lourde porte en bois, Nathanaël allait soulever le heurtoir en cuivre en forme de griffon mais, avant que sa main ne puisse s'en saisir, la porte s'ouvrit d'elle-même avec lenteur. La pièce était circulaire et un nombre impressionnant de livres qui semblaient anciens étaient soigneusement rangés dans les nombreuses étagères qui cachaient les murs. Au fond de la pièce, sur une estrade qui menait à d'autres escaliers, se trouvait le large bureau directorial et, sur le dossier de l'imposante chaise, se trouvait un très gros oiseau aux plumes rougeâtres. L'appréhension quitta immédiatement Nathanaël pour faire place à de l'émerveillement : il en était certain, il s'agissait là d'un phénix !

-Théophile Gobeplanche avait un sacré coup de pinceau ! s'exclama Soul. Il est identique au dessin de son livre !

-C'est décidé, je parcourrai le monde pour continuer son œuvre ! s'exclama Nathanaël silencieusement.

Le Poufsouffle s'approcha avec précaution de l'animal, faisant bien garde à ne faire aucun geste brusque. Lorsqu'il arriva à une trentaine de centimètres, il leva lentement la main vers le phénix en priant pour qu'il ne la lui arrache pas d'un coup de griffes.

-Tu peux y aller, il est très sociable.

Nathanaël retira aussitôt sa main et se retourna dans la direction de la voix. Albus Dumbledore se tenait en haut des escaliers qui menaient à une mezzanine où devaient probablement se trouver ses appartements. Bien que le directeur sourît, Nathanaël ressentit un étrange inconfort. Il eut la désagréable sensation que le directeur le mettait à nu.

-Détends-toi, tu vas finir par devenir parano, fit Soul.

-Ne parle plus jusqu'à ce qu'on parte du bureau ! ordonna Nathanaël sans fournir d'explication.

Il l'avait peut-être rêvé, mais il lui semblait avoir vu un léger froncement de sourcils quand Soul avait parlé. Pouvait-il l'entendre ? Avait-il percé ses protections sans même qu'il s'en aperçoive ?

-Bonjour, monsieur, le salua-t-il tout de même avec politesse.

-Bien le bonjour à toi aussi, Nathanaël, répondit l'homme en se dirigeant vers son bureau pour caresser son phénix qui se lova contre sa main. Je t'en prie, assieds-toi !

Nathanaël s'exécuta en silence. Il attendait de savoir ce que lui voulait le vieil homme.

-Une tasse de thé ? proposa ce dernier.

-Non, merci.

Nathanaël ne se sentait pas capable d'avaler quoique ce soit sans le régurgiter aussitôt. Dumbledore haussa les épaules et s'en servit une très grande tasse.

-Je ne commence jamais une journée sans un bon thé, expliqua-t-il en apportant la boisson brûlante à ses lèvres.

Espérant ainsi donner le change, Nathanaël avait gardé un sourire poli sur son visage et il l'agrandit légèrement comme pour répondre au directeur. Le vieil homme reposa la tasse et regarda Nathanaël qui fixa aussitôt un point invisible au milieu de son front pour éviter tout contact visuel direct.

-Tu es bien plus intéressant que je ne m'y étais attendu de prime abord, finit-il par dire. Je me demande à quel point tu seras puissant lorsque tu auras un contrôle total sur ta magie… Si j'ai demandé à te voir ce matin, c'est tout d'abord pour m'assurer de ton bon rétablissement mais aussi pour te parler un peu des sombres évènements qui ont lieux tous les jours en-dehors des murs protecteurs de Poudlard.

-Les évènements, monsieur ?

Dumbledore balaya la question d'un geste de la main.

-Nous y reviendrons plus tard. Tout d'abord, comment te sens-tu ? Ce genre d'accident est assez commun à Poudlard mais jamais avec une telle…intensité.

-Depuis ma perte de contrôle dans la forêt calédonienne, ma magie ne semble plus vouloir attendre que je veuille la laisser sortir. Il semblerait qu'elle cherche à s'exprimer à toute occasion, expliqua Nathanaël.

Dumbledore fronça les sourcils.

-La forêt calédonienne ? répéta-t-il.

Nathanaël hocha la tête.

-Oui, j'ai apparemment perdu le contrôle de ma magie pendant un entraînement avec Lailoken, fit-il. Je croyais qu'il vous l'avait déjà expliqué et que vous n'aviez pas vu d'inconvénient à ce que je vienne tout de même à Poudlard ?

-…oui, oui ! acquiesça le vieil homme comme s'il se souvenait finalement de la conversation qu'il avait eu avec l'Enchanteur. En effet, il m'avait…prévenu. « Apparemment » ?

-Apparemment ? répéta le Poufsouffle qui ne comprenait pas ce que voulait le directeur.

-Tu viens de dire que tu as « apparemment » perdu le contrôle.

-Oh ! Je ne m'en souviens pas ! Lailoken dit que ça peut arriver et Maman m'a dit que je finirai par me rappeler.

Les yeux de Dumbledore pétillèrent d'une étrange lueur et Nathanaël eut la sensation gênante d'avoir loupé quelque chose de pourtant évident.

-En effet, ce sont des choses qui arrivent, approuva le Directeur avant de faire un geste de la main pour l'inviter à continuer de lui dire comment il se sentait.

-Vous étiez un apprenti Enchanteur, pour un temps tout du moins, alors vous savez que l'entraînement de Lailoken consiste en l'absence de pratique de la magie durant trois ans afin de se concentrer sur les Elémentaires.

Albus Dumbledore acquiesça.

-Dès le début de mon entraînement, Lailoken a compris que ce ne serait pas possible dans mon cas. Apparemment je cumule trop de magie en moi et j'aurais pu « exploser »…ce qui est arrivé au final… Enfin, il a trouvé un moyen détourné pour que je puisse évacuer un peu de magie sans la pratiquer et j'ai pu m'entraîner pendant deux ans sans aucun problème.

-Quel moyen détourné a-t-il trouvé ? demanda le vieil homme, avec un air intéressé.

Nathanaël le fixa un moment en se demandant s'il pouvait lui avouer pour les exercices d'Occlumencie, puis décida qu'il fallait toujours garder un coup d'avance.

-Je ne suis pas certain d'être en droit de vous le dire, finit-il par dire.

-Bien sûr, bien sûr. Poursuis.

-En ayant perdu le contrôle, ma magie est devenue plus avide de liberté, si je peux dire. En fonction de mes émotions, elle prend le pas sur ma volonté et la combattre est extrêmement difficile.

Soudain, Nathanaël sentit quelque chose dans sa tête. C'était trop faible pour être dangereux mais c'était . Il devina que Dumbledore essayait d'avoir la réponse à sa question en utilisant, lui-aussi, un moyen détourné. Nathanaël sentit une colère qui n'était pas la sienne gronder dans son esprit. Soul n'appréciait pas l'impolitesse du directeur. Nathanaël fut tenté d'éjecter le vieil homme de son esprit mais il opta finalement pour lui présenter tout un tas de souvenirs sans importance. Il préférait lui laisser croire qu'il avait le contrôle.

-Maman et Lailoken ont passé la semaine à remettre de l'ordre dans ma magie et je vais reprendre l'entraînement pour l'apprivoiser à nouveau, continua-t-il comme si de rien n'était. Bien entendu, je ferai attention en classes.

Le Directeur fouilla encore un moment dans son esprit, triant les souvenirs avec douceur puis, voyant qu'il ne tirerait rien de son élève, sortit de sa tête.

-J'ai déjà prévenu les différents professeurs de ne pas te demander d'exécuter des exercices trop difficiles, comme tu as sûrement pu le constater.

Nathanaël hocha la tête. En effet, les derniers cours avaient été pauvres en pratique.

-Je suis ravi de savoir que tu as pu te rétablir aussi vite, Nathanaël, dit le directeur en se resservant autant de thé que la première fois. Toujours pas de thé ?

Cette fois-ci Nathanaël accepta une tasse. Il ne se sentait plus aussi stressé qu'en arrivant. Il avala une gorgée du breuvage brûlant et dû admettre qu'il était excellent.

-Vous avez parlé d'évènements, monsieur.

-En effet…approuva Dumbledore. Comme tu as pu le constater, les mangemorts font beaucoup de dégâts et il devient de plus en plus difficile de protéger les citoyens, sorciers comme moldus.

-Effectivement, j'ai eu connaissance des différentes attaques récentes, confirma Nathanaël en repensant au titre évocateur de La Gazette du Sorcier de la veille.

-Les Aurors font un travail remarquable mais il est évident qu'ils sont submergés et qu'ils ne peuvent pas fournir toutes les patrouilles de surveillance dont l'Angleterre aurait besoin, continua le Directeur.

Bien que Nathanaël soit d'accord avec lui, il ne voyait pas où il souhaitait en venir et en quoi cela le concernait directement.

-L'Angleterre a besoin de personnes de valeurs pour la défendre contre l'oppression et le despotisme de Voldemort afin de préserver la liberté et la paix… Je suis moi-même à la tête d'un petit groupe de résistants qui pourrait faire la différence dans cette guerre.

-Pourrait ?

-Oui, si de nouvelles recrues consentaient à nous prêter main-forte, ajouta-t-il avec un regard lourd de sens.

Désormais, tout était très clair. Dumbledore espérait recruter les Wyllt, Chiridirelle, Rowena et Godric dans sa lutte contre Voldemort. Une seule part d'ombre demeurait.

-Pourquoi m'en parler à moi ? voulut comprendre Nathanaël. Je ne suis encore qu'un enfant, et je ne contrôle plus ma magie. Je ne suis pas le meilleur candidat, peu importe la puissance que j'ai.

-Je pense au contraire que tu es tout indiqué dans cette situation, rétorqua le vieil homme. Je ne vais pas passer par quatre chemins avec toi…tu sais pertinemment pourquoi c'est à toi que je pose la question et non à Lailoken.

Nathanaël prit un moment avant de répondre.

-Vous pensez que si vous me convainquez moi, les autres suivront.

Dumbledore hocha la tête en souriant.

-Absolument !

L'honnêteté du Directeur agaça Nathanaël. Il avait la désagréable sensation qu'il ne le voyait pas comme un défi mais comme une simple formalité.

-Vous avez l'air sûr d'arriver à me convaincre, souligna-t-il, tandis que son agacement grandissait.

Dumbledore se resservit une troisième tasse de thé.

-Oh, non ! démentit-il. Je ne suis sûr de rien, Nathanaël. Mais j'ai constaté -après t'avoir observé attentivement ces dernières semaines- que tu sembles être une personne franche et honnête. Si cela peut prouver ma bonne foi et apaiser ta réticence à m'accorder ta confiance, je suis plus que disposer à jouer carte sur table… Je dois dire que ce n'est pas désagréable, de temps en temps ! Je peux t'assurer que les personnes avec lesquelles je converse la plupart du temps ont toutes des buts bien différents de ce qu'ils prétendent et cela m'oblige à ne jamais dévoiler la totalité de mon jeu.

Nathanaël observa le Directeur qui rajoutait une cuillère de miel dans sa tasse de thé. Il guettait les traits de son visage, la peau de son cou et sa pomme d'Adam, s'attendant à voir des tensions apparaître qui confirmeraient qu'il mentait ou, tout du moins, qu'il n'était pas à l'aise. Mais Albus Dumbledore semblait être parfaitement détendu.

-Je ne te cacherai donc pas ce que je compte gagner de cette « collaboration ».

-Vous voulez plus de puissance, devina Nathanaël.

-Oui…et non, fit le vieil homme. Je veux plus de personnes qualifiées. Certes, la puissance compte. Mais ce que je veux surtout, ce sont des personnes qui savent déjà combattre, qui ont l'expérience du terrain. Et qui peuvent transmettre ce savoir à d'autres, moins expérimentés.

-Les personnes dont vous parlez là, je n'en fait pas partie, monsieur. Alors, cela ne me concerne pas et je ne gagne rien à « collaborer » avec vous.

Dumbledore rit doucement.

-Ce que je t'offre, Nathanaël, c'est justement cette expérience sur le terrain. J'ai été à ta place, j'ai participé –brièvement, certes- à l'entraînement de Lailoken. Son entraînement est purement théorique si je peux dire…

-Pas du tout ! défendit le jeune homme. Il y a beaucoup de duels et de combats !

Dumbledore se redressa sur son fauteuil et ses yeux semblèrent le sonder.

-As-tu déjà combattu contre une personne extérieure à tes relations proches ? demanda-t-il.

Nathanaël allait ouvrir la bouche pour réfuter une nouvelle fois ce que lui disait le vieil homme mais, il la referma car c'était la vérité. Il n'avait jamais vécu de combat réel. De combats contre des personnes qui en voulaient vraiment à sa vie.

-C'est bien ce qu'il me semblait, fit Dumbledore en se callant à nouveau au dossier de son fauteuil. Je te propose cette expérience. Tu es le prochain Enchanteur, Nathanaël. Je t'offre ce que Lailoken ne t'as pas donné.

Nathanaël plissa les yeux et serra les dents.

-Dénigrer Lailoken devant moi n'est pas la meilleure façon de me convaincre.

-Je ne le dénigre pas, je constate.

Cela énerva d'autant plus le Poufsouffle mais…

-Il a raison, intervînt Soul qui désobéit à l'ordre de son hôte. Tu dois pouvoir combattre dans toutes les situations. Les duels que tu fais avec Chiri, Godric ou Lailoken, bien qu'ils soient douloureux, tu sais au fond de toi qu'ils ne seront pas mortels.

-Peut-être que vous n'avez pas tort, admit finalement le jeune homme. Mais vous oubliez une chose : un Enchanteur ne prend pas parti. Si je vous rejoins, je brise l'équilibre.

-Mais tu n'es pas encore Enchanteur, je me trompe ?

-Et alors ? Je le deviendrai. C'est une question d'éthique.

-Je ne vois pas en quoi cela briserait quoique ce soit, réfuta Dumbledore. Le rôle de l'Enchanteur est de garder les balances équilibrées, n'est-ce pas ? Voldemort est en train de faire pencher la balance de son côté. Le fait que toi, en ta qualité d'apprenti enchanteur, m'aide à faire reculer le mal, aiderait justement à rééquilibrer la balance.

-Lailoken dit que Mère Nature nous prévient quand nous devons intervenir. Ce n'est pas à nous de décider.

Dumbledore plissa légèrement les yeux. Il semblait agacé.

-J'ai une théorie différente, Nathanaël. Veux-tu l'entendre ?

-Oui, s'il vous plaît.

-Même si elle peut ébranler ce que t'enseigne Lailoken ? insista le vieil homme.

Le garçon resta muet, il n'appréciait pas la manière qu'avait Dumbledore de remettre en question l'apprentissage de Lailoken mais, d'un autre côté, il était curieux.

-Qu'en pense-tu Soul ? demanda-t-il silencieusement.

-Ecoute ce qu'il a à te dire, et fais-toi ta propre opinion.

-Oui, je veux l'entendre, annonça-t-il au Directeur, avec un air déterminé.

-Ma théorie, Nathanaël, repose sur le fait que Lailoken exècre le rôle d'Enchanteur qui lui a été imposé.

-On ne peut pas dire qu'il parte mal, commenta Soul.

-… Lailoken n'a jamais accepté son rôle et n'a donc fait que le strict minimum. Je pense qu'un Enchanteur doit parcourir le monde pour aider et équilibrer les balances. Je pense qu'un Enchanteur sait d'instinct quand il peut et doit le faire. Si Mère Nature a toujours prévenu Lailoken c'est qu'il attend trop longtemps avant de rééquilibrer les balances entre le bien et le mal et qu'elle se voit dans l'obligation de lui signaler avant qu'il ne soit trop tard. Voilà ma théorie, Nathanaël.

Il y eut un long silence, entrecoupé par les petits bruits aigus que faisait le phénix du Directeur.

-Je dois dire que…

-C'est possible, finit Nathanaël sans se rendre compte qu'il parlait à voix haute.

Dans le coin de la pièce, une étrange horloge qui indiquait tout sauf l'heure, sonna.

-Il va être l'heure de tes cours, Nathanaël, lui fit savoir le vieil homme. Je te laisse réfléchir à ma proposition. Prends ton temps, et si tu as des questions, tu sais où me trouver.

Nathanaël se leva, l'air absent. Il n'entendait que d'une oreille les paroles de Dumbledore car Soul avait entreprit de lui lister les pours et les contres d'une possible collaboration.

-B…bonne journée, monsieur, le salua-t-il avant de se diriger vers la porte en bois.

Oo

Bien que l'ombre des arbres soit la bienvenue, Nathanaël sentait son t-shirt trempé coller ses omoplates à cause de la chaleur ambiante. Le temps était lourd et étouffant, il était à parier qu'un orage éclaterait dans la soirée.

-Evidemment, ce vieux bouc a trouvé qu'avec trente-cinq degrés à l'ombre c'était le moment idéal pour faire une randonnée dans la Forêt Interdite, marmonna-t-il du bout des lèvres en fusillant du regard Lailoken qui ouvrait la marche en sifflotant.

Oh comme il aimerait qu'il se prenne les pieds dans une racine !

-Je t'entends, tu sais ? l'informa ce dernier en lui parlant directement dans sa tête.

-C'était fait pour ! grogna Nathanaël.

-Il n'y a que moi qui aie relevé que dans Forêt Interdite il y a le mot « interdite » ? questionna Soul avec sarcasme. Je n'ai pas un très bon souvenir du Bois aux Disparus…La chimère, ça ne rappelle rien à personne ?

-Il n'y a absolument rien à craindre dans cette forêt, leur dit Lailoken tout en aspirant une grande bouffée de fumée de sa cigarette avant de la laisser s'échapper de sa bouche sous la forme d'une chimère. Juste deux ou trois…canassons irritants.

-Des canassons ? répéta Nathanaël.

-Irritants, des canassons irritants, insista Lailoken à voix haute. Ils devraient se montrer d'ici peu.

A peine eut-il terminé sa phrase qu'un grondement sourd, semblable aux grondements du tonnerre, se fit entendre au loin.

-Qu'est-ce que…

Le grondement s'intensifia.

-Les voilà, soupira Lailoken en reprenant une bouffée de cigarette.

Les arbres aux larges troncs empêchaient Nathanaël d'avoir une vue dégagée et il dû plisser les yeux pour tenter d'apercevoir ces « canassons » dont Lailoken parlait. Au début, il ne vit que des silhouettes se mouvoir dans leur direction à vive allure. Puis, il distingua des sabots, des poitrails musculeux, et enfin des torses humains. Les canassons irritants étaient des centaures.

Bientôt, six centaures les encerclèrent, ruant et tapant le sol de leurs sabots. La partie chevaline de leur anatomie était démesurément grande. Le haut de la tête de Nathanaël arrivait au garrot du plus petit d'entre eux. Aucun avait l'air affable. L'un d'entre eux, le plus âgé, s'avança vers Lailoken et renâcla furieusement.

-Il était écrit que tu viendrais, Enchanteur, dit-il d'une voix grave, sans le quitter du regard. La constellation du Corbeau brillait avec un éclat tout particulier depuis deux lunes… Mais il ne se passe rien dans cette forêt qui nécessite que tu t'y attardes, Enchanteur. Que viens-tu faire en ces lieux ?

Lailoken avait l'air agacé pour une raison qu'il était le seul à connaître.

-J'ai besoin d'un endroit où je peux entraîner mon successeur en toute discrétion.

Le centaure se tourna pour dévisager Nathanaël de haut en bas.

-Verser de l'huile sur des braises te permettra d'avoir un feu intense immédiatement mais prends garde au retour de flammes, finit-il par dire.

-Euh…d'accord, répondit Nathanaël qui ne voyait pas ce qu'il pouvait rajouter à ça.

-Tu peux venir t'entraîner dans cette forêt avec l'Enchanteur.

-…merci…euh…

-Abrazaël, se présenta la centaure en inclinant très légèrement la tête.

-Merci, Abrazaël, répéta le jeune sorcier en s'inclinant à son tour. Je suis Nathanaël. Nathanaël Wyllt.

Le centaure recula, ce qui sembla donner le signal de départ à ses congénères qui l'imitèrent. Sans un regard pour Lailoken, ils disparurent dans l'ombre des arbres. Ce dernier grogna.

-Ils m'insupportent ! râla-t-il avant de sortir son paquet de cigarettes d'un geste rageur.

-Que leur reprochez-vous ? demanda Soul avec curiosité.

Lailoken se tourna vers Nathanaël en aspirant une grande bouffée de fumée.

-Ils sont clairs comme une flaque de boue ! fit-il sur le ton de l'évidence. Mercure rétrograde et tout leur toutim, tout ça c'est du vent ! Je déteste parler à des centaures, ça me donne toujours un mal de tête carabiné.

Nathanaël se mit à rire avant d'ouvrir la marche.

-Allez l'vieux, allons nous entraîner avant que les anneaux de Saturne ne versent de l'huile sur le feu de ton agacement !