Coucou ! Cette histoire est ma réponse à un prompt d'otpprompts, sur Tumblr. Elle comportera une dizaine de chapitres (j'hésite encore sur le découpage de certains) qui sont déjà écrits. S'il fallait la faire rentrer dans une catégorie, je dirais qu'on est entre la crack!fic et le fluff. Pour faire plus clair, il y aura - je l'espère - de l'humour et pas mal de guimauve, aussi. Diabétiques s'abstenir.

L'image d'illustration est Family portrait d'Amy.

Disclaimer : le petit Einar mis à part, les personnages restent la propriété de Marvel.

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« Non, pas l'histoire du Vaillant Petit Tailleur ! Tu me l'as déjà racontée il y a six mois ! s'élève la voix d'un garçonnet d'environ six ans.

— Tu es sûr de t'en rappeler ? En six mois, je suis certain que tu as oublié les détails...

Par un beau matin d'été, un petit tailleur assis sur sa table et de fort bonne humeur, cousait de tout son cœur. Arrive dans la rue une paysanne qui crie : « Bonne confiture à vendre ! Bonne confiture à vendre ! », commence Einar en levant les yeux au ciel, en une troublante imitation de son père.

Tony regarde son fils avec stupéfaction et admiration.

« Comment fais-tu pour t'en rappeler si bien ? demande-t-il, mi amusé, mi perplexe.

— Je suis un génie, papa, assène l'enfant. C'est toi qui me l'as dit.

— J'ai dit que tu étais très doué, voilà ce que j'ai dit, Einar, rétorque Tony en réprimant un sourire.

— Quoi qu'il en soit, reprit Einar en haussant les épaules, ce n'est qu'un conte pour enfants, ce n'est pas bien difficile à retenir. » Il soupire. « Grimm, Perrault, Andersen... tu me les as déjà tous racontés, tu ne pourrais pas trouver autre chose ? Pas une histoire pour les bébés, une vraie histoire, avec de l'action, des péripéties, des rebondissements... une vraie histoire, quoi ! »

En terminant sa phrase, il croise résolument les bras sur son torse dans une attitude de défi. En le voyant, le milliardaire se remémore une bande dessinée qu'il avait lue lors d'un de ses passages en France. Le souvenir le fait rire, ce qui fait froncer les sourcils du petit. Ses iris émeraude s'assombrissent sous l'effet de la colère.

« Pourquoi tu ris ? Tu te moques de moi ? », fait-il, furieux. Le gamin est susceptible, tout son père, pense Tony.

« Calme-toi, terreur, répond le génie en lui ébouriffant les cheveux. Je ne me moque pas de toi, je repensais juste à une histoire que j'ai lue, dans laquelle un petit garçon menaçait de retenir sa respiration s'il n'obtenait pas ce qu'il voulait. Tu me fais penser à cet enfant, finit-il avec un sourire.

— Je suis fils de prince et j'ai droit à des égards ! », fait Einar, mortellement sérieux.

Au regard interloqué de son père, l'enfant finit par lui adresser un clin d'œil avant de se mettre à rire.

« Ah, ah ! Tu verrais ta tête ! Moi aussi, j'ai lu Astérix. Tu trouves vraiment que je ressemble à Pépé ? », fait-il, toujours boudeur malgré son rire.

Tony prend son temps pour observer son fils. Einar a hérité des yeux de sa mère, euh, de celui qui l'a porté, euh, de son père. De son autre père. De Loki, pour faire simple. La masse indisciplinée de boucles chocolat est un cadeau de son père. Euh, de son géniteur. Disons, de son autre père. De Tony, quoi. Tony trouve qu'il lui ressemble, et n'hésite pas à sortir des photos de lui au même âge pour le prouver. Loki estime que c'est son portrait craché et demande à Thor de le confirmer.

En ce qui concerne le caractère du bambin... curieusement, ses parents attribuent plus facilement les traits de caractère qui les dérangent à l'autre père. Einar est un enfant qui sait se montrer charmeur, surtout quand il veut vraiment quelque chose ou qu'il veut se faire pardonner. Tout Loki, pense Tony. Il peut également se mettre à bouder et à taper du pied s'il estime qu'on ne lui témoigne pas assez d'attention. C'est tout à fait toi, déclare dans ces moments Loki à Tony. Tony lève alors les yeux au ciel et lui rétorque que c'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité. Ce que ses parents n'avoueraient jamais, même sous la torture - devoir assister une fois par an à la tenue du Varthing sur Asgard, ou subir les blagues de Fandral, ou écouter un discours de Steve, au choix - c'est qu'ils fondent tous les deux pour leur fils et qu'ils ont le plus grand mal à lui refuser trop longtemps quelque chose. Il suffit que le morveux aille voir son dieu de père avec un grand sourire pour lui demander de lui expliquer telle ou telle notion de magie, ou qu'il rejoigne son génie d'autre père pour discuter physique quantique et, tant Loki que Tony capitulent devant ces 120 cm de ruse et de charme.

Tony lui sourit et répond gentiment.

« Tu sais ce que tu veux, mon grand.

— Alors, tu vas me la raconter, mon histoire ? fait le petit démon, avec une moue adorable.

— Quelle histoire, mon fils ? fait le dieu du Chaos en rentrant dans la chambre.

— Papa ne me raconte que des histoires de bébé, dénonce Einar. Moi, je veux une histoire de grands, avec de l'action et des renversements de situation !

— Ne me dis pas que tu lui racontais une nouvelle fois Hansel et Gretel ? demande le dieu à Tony, l'air suprêmement ennuyé.

— Non, j'allais lui lire le Vaillant Petit Tailleur mais ce jeune homme veut de la nouveauté, répond Tony sans se troubler.

— Je ne comprendrais jamais pourquoi les Midgardiens s'obstinent à raconter des âneries pareilles à leurs enfants, alors que l'histoire est pleine de récits édifiants-

— Comme celui du roi Gyrd le Chevelu qui triompha des monstres chtoniens de Niflheim ? le coupe Tony, goguenard. Ceux qui ressemblaient à des écureuils géants ?

— C'était Sigurd et non Gyrd, rétorque dignement Loki. Et ils ne ressemblaient pas à des écureuils, béotien.

— Veuillez excuser mon ignorance en la matière, Votre Altesse », fait le génie en effectuant une parodie de révérence, sous les gloussements ravis de leur fils. Einar adore ces fausses prises de bec, il compte les points et se délecte de l'opposition quasi perpétuelle entre le dieu et le mortel sur... à peu près tout, en fait.

« Je comptais lui relater la manière dont je défis le géant Þrymr-

— Père ! l'interrompt Einar. Je la connais aussi, cette histoire ! Oncle Thor et toi vous êtes déguisés en femmes pour récupérer Mjöllnir qui avait été dérobé par le géant Þrymr et Thor-

— Thor n'a joué qu'un rôle mineur dans cette histoire, l'interrompt Loki, un peu pincé. C'est grâce à mon intelligence supérieure que ton oncle a pu retrouver Mjöllnir.

— C'est clair que ce n'est pas grâce à la goinfrerie de Thor que vous avez réussi, observe narquoisement Tony. Quel dommage que ton « intelligence supérieure » n'ait pas eu à l'époque l'idée d'inventer la vidéo ! Vous deviez être tellement mignons tous les deux, à porter les robes de Frigg... »

Loki lui décoche une œillade assassine à laquelle son compagnon répond en tirant la langue. Découragé, le dieu soupire et choisit de se tourner vers son fils.

« Inutile de tourner trop longtemps autour du coffre des Anciens Hivers. Je suppose que tu as déjà une idée précise de l'histoire que tu souhaites entendre, mon fils », demande-t-il, l'air suspicieux.

L'enfant lui adresse son sourire le plus adorable, celui susceptible de transformer jusqu'à la Veuve Noire en crétine décérébrée. Son expression se fait carrément angélique quand il lâche :

« Racontez-moi comment vous vous êtes rencontrés... »

Tony manque de s'étrangler avec son verre d'eau, tandis que Loki, un instant décontenancé, se reprend vite.

« Tu le sais déjà, non ? Que ce soit Thor, Bruce Banner ou les minables journaux de ce misérable royaume, tout le monde en a parlé. À croire qu'il ne se passe jamais rien d'un tant soit peu intéressant sur Midgard et- »

Einar interrompt son père avant qu'il ne se lance dans une énième tirade sur les bassesses de ce royaume où il vit pourtant depuis des années avec son compagnon.

« Justement, père ! Chacun a une version différente de votre histoire, je ne sais laquelle est la vraie ! Alors, je veux connaître la vôtre. » Il se tait un instant avant de reprendre, les yeux pétillant de malice. « J'aimerais surtout bien savoir comment vous avez pu tomber amoureux, vous n'êtes jamais d'accord sur rien... »

Loki redresse la tête avec hauteur, très prince d'Asgard offensé.

« Tu es encore un peu jeune pour entendre ce genre d'histoires, Einar. Je crois que je vais plutôt te raconter comment Reginfred le Glorieux vainquit les Elfes de feu lors de la bataille de Hjaltadalr-

— Par la tête de Mimir, non ! Père, j'en ai assez de vos histoires de glorieux guerriers ou de vous entendre raconter vos faits de jeunesse ! » Voyant le regard de son père virer au noir, l'enfant change de tactique. « Père, s'il vous plaît... » Il prend un petit air triste et sa moue boudeuse se fait tremblante. « Tout le monde raconte n'importe quoi sur vous et cela m'attriste. Je voudrais tellement savoir la vérité pour pouvoir remettre à sa place Curtis Bailey. Il est dans ma classe et il n'arrête pas de dire que vous n'êtes venu sur Midgard que pour vous cacher, parce que vous aviez peur de Thanos et d'Odin... », finit-il, l'air au bord des larmes.

Tony, qui connaît bien cette tactique pour l'avoir souvent utilisée, lève les yeux au ciel et secoue la tête. Loki, tout dieu de la Malice qu'il est, tombe dans le panneau.

« Quoi ?! Comment ose-t-il ?! Ce misérable mortel ! Moi, me cacher ?! Moi, avoir peur ?! Je vais aller lui montrer, moi, ce que c'est que d'avoir peur ! Je le ferai écarteler ! Je le donnerai en pâtée à Fenrir ! Je...

— Chéri ? Tu te rappelles que tout ceci est strictement interdit à New York ? fait ironiquement Tony.

— Il ne faut pas s'étonner que ce royaume soit en pleine déliquescence si on ne peut même plus inculquer les notions de respect les plus élémentaires aux enfants ! Sur Asgard... »

Tony et son fils se regardent, pensant tous les deux « Et c'est reparti ! ». Le milliardaire décide de couper son amant au milieu de son laïus sur la supériorité supposée de l'éducation asgardienne sur l'éducation midgardienne.

« Loki, mon sucre d'orge, si tu racontais plutôt à ton fils comment nous nous sommes rencontrés ? Tu sais très bien qu'il ne nous lâchera pas tant qu'il ne saura pas.

— Appelle-moi encore une fois mon sucre d'orge et...

— Et ?

— Et nous ne... », le dieu s'apprête à préciser sa menace quand il croise le regard intéressé de son fils. Il finit, un peu au jugé. « Et nous ne jouerons plus au... au Rummikub, pendant au moins une semaine !

— Au Rummikub ? fait Tony, clairement effaré.

— Il veut dire que tu feras ceinture pendant huit jours, le renseigne aimablement l'enfant.

— Einar ! », s'exclame le dieu du Mensonge pendant que Tony se tord de rire. Se retournant vers lui, il explose. « Tu donnes vraiment le mauvais exemple ! Un enfant de cet âge ne devrait pas...

— Ça va, père, je sais tout de même comment je suis venu au monde, je n'ai plus deux ans, hein. »

Le dieu se prend la tête entre les mains, marmonnant indistinctement. Tony croit entendre « plus de jeunesse » et « qu'est-ce que j'ai bien pu faire aux Nornes », mais il n'est pas sûr. Il vient se placer derrière lui et passe les bras autour de sa taille.

« Loki. C'est ton fils et c'est le mien. C'est normal qu'il soit un peu... en avance ?

— Déluré, rectifie le dieu, la mine sombre.

— Si tu veux. Allez, raconte-lui. »