Bonjouuuur à tous !

Me revoilà avec une nouvelle fiction toute fraîche !


/!\ Tout d'abord, je voudrais faire passer un message aux lecteurs de Gris Orage, si ceux-ci sont ici en ce moment. Je n'ai pas abandonné la fic, loin de là. Il est vrai que cela fait un mois et demi que je n'ai rien posté, et je n'ai prévenu personne, j'en suis désolée. J'ai repris les cours et mon emploi du temps de dingue m'a quelque peu déprimé. J'ai perdu l'envie de continuer la fic. Mais mon inspiration est revenue et je vous assure que le chapitre 11 sortira avant lundi prochain, foi de Mylush ! /!\


Sinon, par rapport à la fic Le Départ des Sombrals:

Le thème de cette fiction a été vu et revu, et j'espère faire quelque chose d'un peu différent. Ici, il s'agit donc d'une fiction ou Harry remonte le temps, à l'époque des Maraudeurs. Cette fiction est assez sombre au départ, et ne respecte pas la trame du tome 7. Ces deux informations dîtes, je vous propose de la découvrir. Je préviens ceux qui n'aiment pas voir un Harry puissant: Ici, Harry possède une grande puissance magique, car je ne cautionne pas trop le fait qu'il ait pu tuer notre petit Voldy avec l'entraînement quelque peu.. léger.. qu'on lui a procuré. Je ne veux pas tremper, et ne tremperais pas dans le Gary-Sue. Harry a ses défauts, et je compte bien les mettre en avant.

Je vous préviens d'ores-et-déjà que je suis bien loin d'avoir apposé le mot fin à cette histoire. De plus, comme Gris Orage est ma première fiction, je la ferais passer d'abord. Ce qui signifie que les chapitres du Départ des Sombrals ne seront pas postés toutes les semaines. Il se peut qu'il y ait un espace de plusieurs semaines (ou même plusieurs mois !) avant qu'un autre chapitre ne soit publié. Je m'excuse d'avance des désagréments que cela peut engendrer mais je préfère d'abord finir Gris Orage. De plus cette fiction possède de longs chapitre, il est donc normal que je mette plus de temps à les écrire.


Voilà, je vous laisse tranquille avec mon blabla !

J'espère que vous aimerez cette histoire. On se retrouve en bas,

Bonne lecture.

MAJ du 29/12/15: Ma bêta m'ayant renvoyé le début de ses corrections, voiçi mon texte corrigé ! (Nous sommes toutes les deux humaines, du moins cela est vrai pour moi, et il se peut que quelques fautes subsistent encore et toujours malgré notre décrassage à l'extrême). Love.

MAJ du 14/01/16: Ma deuxième bêta m'ayant renvoyé ses propres corrections, je vous présente un chapitre un doublement ou même triplement corrigé ! (je me compte dedans hep). Un grand merci à Yumin-Chi et Karmila23 qui font un travail monstre pour que vos petits yeux (et les miens!) ne soient pas trop abîmés par les immondes fautes ^^.


Chapitre 1 : Le Temps d'une révérence

A travers la fenêtre et ses carreaux sales, se dessinait une large forêt. A perte de vue s'étendaient des arbres, et une brume légère survolait les cimes vertes. L'on pouvait voir quelquefois des oiseaux qui s'envolaient brusquement dans le ciel gris. Ils paraissaient minuscules. Pourtant, la vérité était toute autre : Ces oiseaux minuscules mais majestueux, à la forme étrange, et à la couleur si sombre; ces oiseaux-là, n'en étaient pas. On leur donnait un tout autre nom, et pourtant ce nom, encore une fois, s'éloignait tant de la vérité. On les craignait, alors qu'il fallait les respecter. Sombrals.

Harry Potter, était là, devant la fenêtre, et regardait d'un œil absent le froid paysage qui s'offrait à lui. On venait de le convoquer. Ou du moins, on lui avait demandé de venir, et il avait accepté. Car personne n'exigeait quoi que ce soit d'Harry Potter. En ces temps de guerre, on proposait, et il décidait. En ces temps de guerre, la Lumière était fébrile, et de nombreuses bourrasques menaçaient de l'éteindre. Alors aveuglement, on s'accrochait à celui qui l'incarnait. Le Survivant. Aujourd'hui, que ce surnom était approprié. Aujourd'hui, qu'avait-il à perdre, si ce n'était sa propre vie ? Et même maintenant, en suivant les courbes esquissées par les Sombrals dans les cieux, Harry Potter s'en moquait. Il se moquait de perdre la vie, il se moquait de vivre ses dernières heures.

Aujourd'hui, il avait accompli sa mission. Il se doutait bien que le monde ne réalisait pas encore la portée de son geste. Lord Voldemort avait été abattu. Lord Voldemort était mort, enterrant avec lui ses idées immondes et ses actes inhumains.

Harry avait fait ce que tout le monde attendait de lui, et maintenant, la population pouvait se relever. Et ils allaient le faire, fêtant à travers le monde la fin du règne du mage noir. Petit à petit, ils oublieraient. Ils oublieraient, et Harry savait qu'à ce moment-là, il n'aurait plus de raison de vivre, car toute sa vie, ce pourquoi il continuait à respirer, était mort pendant cette guerre. Cela avait débuté avec Sirius, son parrain, la première figure paternelle qu'il avait pu avoir. Et cela avait terminé avec Ginny, sa femme, la personne qui aurait pu l'obliger à avancer. Maintenant, autour de lui, ceux à qui il tenait ne ressemblaient qu'à des loques. Ron et Hermione. Georges, Percy et Bill. Mr Weasley, Kingsley. Luna, Dean.

Et tous les autres étaient partis. Ils étaient morts durant ces cinq années de guerre.

Harry tendit le bras et toucha la fenêtre du bout des doigts, frottant légèrement la fine couche de poussière qui recouvrait le verre. Il se sentait las, las de vivre, ou plutôt de survivre. Que restait-il dans ce monde ? Il lui restait Ron et Hermione. Mais rien ne serait plus pareil, et Harry savait qu'il ne pourrait pas supporter de vivre à leurs côtés pendant plusieurs décennies.

Un bruissement d'aile, et une minuscule chauve-souris atterrit sur le bras toujours tendu d'Harry. Celui-ci la regarda longuement, et murmura à son attention :

« C'est fini Viktor. C'est fini. Et pour la première fois, je ne sais plus ce que je dois faire. »

L'animal s'ébroua, s'envola et se posa par terre. Il y eut un flash de lumière et à la place du volatile, se tenait maintenant un homme de grande taille. Il avait de courts cheveux noirs, qui rappelaient la couleur profonde de ses yeux. Son teint était extrêmement pâle, ce qui contrastait avec ses habits sombres. Il fixa Harry d'un regard particulier, puis siffla doucement. Harry lui offrit un léger sourire et sortit de sa poche une petite grenouille qui commençait à s'agiter. Il la posa par terre, et comme précédemment, une lumière vive illumina la pièce, et là où se tenait le batracien quelques secondes plus tôt, se trouvait maintenant une jeune femme à l'aspect étrange. Elle avait la peau d'une couleur marron foncé, presque rouge, et des cheveux d'un blanc éclatant, qui descendaient jusqu'à la taille. Mais le plus impressionnant chez elle, était l'absence de pupille. Elle offrit au Survivant un sourire carnassier :

« Harry, Harry... Que tes épreuves fussent longues, et que tes souffrances fussent grandes, il n'en reste pas moins que la proposition d'une fouine tient toujours. »

Harry leva les yeux au ciel. L'elfe aimait particulièrement parler en énigme, et depuis qu'il la connaissait -c'est-à-dire depuis un bon bout de temps-, elle n'avait jamais émis une parole dont le sens était aussitôt compréhensible. Mais aujourd'hui, devant la fenêtre poussiéreuse, dans cette tour du château, la phrase de l'elfe prenait un sens concret. Harry se tourna vers Viktor, et le questionna du regard. Celui-ci souleva ses deux mains au niveau de sa poitrine, paumes en avant et susurra, ironique :

« Jamais je ne me risquerai à contredire notre très chère Dexumria. Et puis, une fois n'est pas coutume, il se trouve que je partage son avis. »

Harry pinça ses lèvres et reporta son attention sur les lointains sombrals. Des minutes passèrent, pendant lesquelles Viktor bâillait aux corneilles et tentait d'embêter Dexumria par de nombreux moyens. Celle-ci ne bronchait pas, habituée aux manies agaçantes de l'homme. Elle se contentait de fixer Harry, et de se déplacer imperceptiblement de temps en temps pour éviter les boulettes de poussière que Viktor lui envoyait, et qui devenaient menaçantes à cause de la magie que l'homme leur avait prêtée. Le brun ne se découragea pas devant tant d'impassibilité, et se mit en tête de lui envoyer des sorts mineurs, qui étaient très faciles à contrer... tels que l'imperium... ou le crucix...

C'est à ce moment qu'Harry se retourna, et ne put retenir un sourire devant le combat silencieux qui se déroulait dans son dos. Ses deux compagnons, un peu ébouriffés, arrêtèrent leurs sortilèges, pour reporter leur regard sur le Survivant. D'un coup de menton, Viktor voulut savoir ce qu'il avait décidé. Harry fronça les sourcils, signe de grande réflexion, et soupira :

« J'imagine que tu as raison Dex. C'est ce qu'il aurait voulu. J'accepte. »

Dexumria hocha la tête, d'un air entendu, tandis que Viktor se frottait les mains, un air goguenard paraissant sur son visage. Harry reprit :

« J'imagine que vous m'accompagnerez ? »

Dexumria sourit paisiblement, tandis que Viktor prenait un air sérieux et déclarait durement :

« Une dette est une dette Harry. Et elle est infiniment plus importante quand il s'agit d'une dette de vie. »

Sur ces mots, il se détourna et envoya une dernière boulette de poussière dans les longs cheveux de Dexumria avant de se transformer en chauve-souris. Le volatile plana un instant, et émit un cri plaintif quand l'elfe l'attrapa d'un mouvement vif pour lui tordre légèrement l'aile. Bat-Viktor lui lança un regard de reproche et alla s'installer sur son perchoir attitré, accessoirement l'épaule gauche d'Harry. L'elfe laissa dériver son regard sur le corps d'Harry, puis elle acquiesça et murmura :

« Maintenant que le choix est fait, l'adieu est inévitable. Décider est une chose, mais agir en est une autre. »

Harry soupira, sachant très bien qu'il allait devoir affronter Ron et Hermione, et leur faire part de son choix. Il s'approcha de la jeune femme, lui posa une main sur l'épaule et lui sourit :

« Reste avec moi s'il te plaît. Je doute fortement qu'une grenouille m'aide à les convaincre. Mais une elfe, c'est d'une autre trempe. »

L'elfe lui offrit un sourire franc mais secoua négativement la tête :

« Mon rôle n'est pas de remplacer tes mots. Il s'agit de ta responsabilité, et que la peine envahisse ton être ne peut justifier ma prise de parole. »

Harry resta figé un instant, puis sachant pertinemment que son amie avait raison, il conclut :

« Alors reste tout de même à côté de moi, tu dissuaderas les passants de m'aborder. Viktor en a marre de jouer ce rôle. Et puis, tu m'apaises. »

L'elfe caressa la joue du Survivant et et s'éloigna doucement, lui montrant ainsi qu'elle comprenait et qu'elle resterait sous sa vraie forme, pour l'accompagner.

Harry prit une inspiration et s'avança vers la porte en bois, qui fermait la petite salle circulaire dans laquelle il se trouvait. En venant à Poudlard, il avait demandé à ce qu'on lui laisse une salle à sa disposition pour qu'il puisse réfléchir, avant de décider ce qui allait se passer, maintenant que Voldemort était six pieds sous terre. Il était censé prendre une décision, une solution, qui amènerait un renouveau sur l'ère qui s'ouvrait à eux, les survivants de la seconde guerre. Il avait effectivement trouvé une solution, mais en plus de cela, avait pris une résolution quant à son futur. Et il doutait qu'elle plaise à tout le monde. D'un geste de la main, il déverrouilla la lourde porte de bois et la poussa vivement. Elle s'ouvrit en grinçant, et laissa apercevoir un couloir désert. Harry s'y engagea, suivi de près par Dexumria. Pendant de longues minutes, ils parcoururent le château, le brun effleurant du regard les coins si familiers, qui avait abrité les heures les plus heureuses de son existence. Harry paraissait impassible, mais en lui tourbillonnaient des pensées colériques et peinées. Maintenant que Voldemort était vaincu, ses souffrances revenaient. Maintenant qu'il avait gagné, le mage, les combats, les attentats et les tactiques de guerre s'étaient évaporées, et ne restait que le douloureux souvenir des morts. Mais Harry ne pouvait pas laisser entrevoir ses sentiments. Il ne pouvait pas car il n'y arrivait plus. Des années d'apprentissage et le masque froid du Survivant était devenu sien lorsqu'il se trouvait en public. Maintenant, il allait devoir réapprendre à vivre, et laisser fondre ce masque d'impassibilité.

Il arriva rapidement à la grande salle, qui ne ressemblait en rien à celle qu'il avait connue lors de ses études à Poudlard. Les quatre énormes tables qui accueillaient autrefois les élèves avaient été poussées dans un coin, et un sortilège les avait réduites à l'état de tabourets. La table professorale n'était tout simplement plus là, de même que les bougies qui planaient 5 ans auparavant sous le plafond enchanté. Le plafond étoilé. C'était la seule chose qui restait. Personne, ni les Mangemorts, ni même Voldemort n'avaient réussi à briser l'enchantement qui maintenait les étoiles dans la voûte profonde.

Harry s'arrêta brusquement dans l'encadrement de la porte et dévisagea calmement les êtres qui se trouvaient dans la pièce. Il y avait là les derniers membres vivants de l'ordre du Phoenix, et de nombreux combattants qui avaient rejoint la bataille finale, déjà surnommée « la bataille des peuples ». En effet, les sorciers s'étaient alliés à de nombreux peuples pour pouvoir en finir avec Voldemort. Ici et là dans la pièce, se trouvaient nonchalamment appuyés contre des murs, des elfes des bois, des vampires, des gobelins, et même des centaures. Ces derniers étaient peu nombreux, car beaucoup avaient préféré rester neutres. Mais les sorciers dépassaient généreusement le nombre d'êtres non-humains. Tous rassemblés ici, dans un même but : en finir avec Voldemort et son ère sombre. Et aujourd'hui, ils avaient réussi.

Un lourd silence s'installa dans la Grande Salle quand Harry y pénétra. Il s'avança, tandis que chacun amenait sa main droite contre son épaule gauche. Harry fit de même, impassible, mais ému au fond de lui, de ce si grand hommage. Le geste qu'ils effectuaient tous en ce moment, dans cette salle abîmée par le temps et les combats, était le signe de ralliement des combattants de la Lumière. Et si tout allait bien, aujourd'hui serait la dernière fois qu'ils effectueraient ce geste. Harry laissa tomber son bras, pour grimper sur l'estrade qui servait autrefois à soutenir la table professorale. D'un coup de baguette, il amplifia sa voix. Il jeta un coup d'œil à Dexumria qui se trouvait en retrait, légèrement dans l'ombre, et celle-ci l'encouragea du menton. Merlin sait ce qu'il serait devenu sans le soutien sans failles de Dexumria et de Viktor.

Il reporta son attention sur la salle, dans laquelle les yeux de tous étaient braqués sur lui. Il se racla la gorge. Il n'avait jamais aimé faire des discours, et encore moins être le centre de l'attention. Mais en tant que leader de la Lumière, il avait bien dû s'y habituer. Il prit donc la parole, d'une voix totalement paisible, professionnelle, et qui collait avec son personnage du Survivant.

« L'ombre est vaincue. La lumière a gagné. »

Il fit une pause, comme pour laisser à tous la possibilité d'intégrer pleinement ces deux phrases dans tout leur être. Puis il continua :

« La première chose qui me vient à l'esprit, est de rappeler à tous la mémoire de ceux qui sont tombés. Hélas, je ne vais pas mentir, je ne connais pas la moitié de ceux qui sont morts pour la liberté. Je ne citerai donc aucun nom, mais je sais que chaque disparu vivra à jamais dans la mémoire de chacun. »

Il fit une nouvelle pause, les visages de Ginny, d'Albus, de Sirius et de Molly se représentant devant ses yeux. Merlin, que la souffrance revenait vite lorsque la liberté venait d'être acquise. Harry continua, ignorant ces visages qu'il ne reverrait jamais.

« Ensuite, je vais parler de notre avenir. Nous avons tous combattu, pour nous, pour nos enfants, pour les générations à venir. Et nous avons gagné. Il faut maintenant ne pas oublier, pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Il faut d'ores et déjà bannir toutes distinctions entre les différents peuples qui composent cette salle. Si nous ne le faisons pas, Voldemort aura perdu le sourire aux lèvres, sachant qu'un autre continuera sa quête de pouvoir et d'esclavagisme. Nous avons combattu ensemble, vampires, sorciers, elfes, centaures, gobelins ! Aujourd'hui est le début d'une nouvelle ère. Il va falloir réapprendre à vivre. Il va falloir reconstruire, réapprendre à sourire, à respirer. Nous allons pouvoir nous lever le matin sans écouter avec angoisse la longue liste des morts qui défilent sur la chaîne de radio. Nous sommes tous frères et sœurs, aujourd'hui. Et j'espère que nous le serons aussi demain. Je n'ai plus grand chose à ajouter. Je vous remercie d'avoir combattu corps et âme, pour une raison peut-être légèrement différente selon vos vies, mais qui a abouti tout de même au même résultat : Voldemort et ses sbires ont été défaits. Je m'en vais maintenant, et je laisse place à l'avenir. »

Sur ces paroles, Harry écarta les bras en grand, et laissa éclater une partie de sa magie. Des effluves blanches émanaient de lui, et s'aventuraient de long en large de la salle. Puis aussi brusquement qu'elles étaient apparues, elles disparurent. Harry ferma les yeux, légèrement essoufflé. La grande salle resplendissait. Les tabourets étaient redevenus des tables, et les chandelles voletaient dans l'air tiède du matin. Les couleurs des quatre maisons étaient de nouveau présentes, mais un peu différemment. En effet, Harry avait pris soin de mêler les symboles de Gryffondor, Serpentard, Poufssoufle et Serdaigle sur une même tapisserie, qui ornait maintenant le mur central de la pièce. Il incitait ainsi les gens à ne plus faire de distinctions entre les maisons, et plus largement, entre les êtres-vivants. Presque heureux de son œuvre, Harry descendit du podium, Dexumria faisant de même. Il s'avança vivement vers la porte, caressant du regard quelques personnes qu'il reconnaissait. Il savait qu'il n'allait plus jamais les revoir. Du coin de l'œil, il repéra Ron et Hermione, et leur fit signe de le suivre en dehors de la salle qui était redevenue bruyante, chacun applaudissant ce qui était, sans qu'ils le sachent, la dernière œuvre d'Harry Potter.

\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\ ¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\

Arrivé dans la tour de Gryffondor, Harry s'écroula sur son vieux lit qui grinça sous le poids. Un nuage de poussière s'éleva des draps froissés qui n'avaient jamais été changés depuis des années. Harry se retint d'éternuer et regarda ses amis rentrer à sa suite, et se diriger vers l'ancien lit de Ron. Après s'être assis le plus confortablement possible, les deux amoureux dirigèrent leur regard vers le brun. Celui-ci avait les yeux perdus dans le vague, se remémorant les heures joyeuses qu'ils avaient passées ensemble dans ce lieu. Ron et lui, et puis Dean et Seamus aussi, et Neville... Un sentiment de douleur s'installa en lui, mais il le repoussa prestement. Seamus et Neville avaient donné leur vie pour que de nouveaux enfants puissent un jour considérer cette pièce comme une nouvelle maison. Cette pièce qui n'avait plus été utilisée depuis la dernière année d'Harry et de ses congénères à Poudlard. Cette pièce qui attendait impatiemment d'entendre à nouveau des cris de jeunes enfants résonner dans ses murs.

Ce fut Hermione qui tira Harry de sa rêverie :

« Harry, où est Dexumria ? »

Harry montra la porte d'un mouvement de la tête :

« Elle monte la garde. Enfin, vu qu'il n'y a pratiquement plus rien à craindre, je préfère dire qu'elle 'décourage' les curieux. Il fallait que je vous parle. Seuls à seuls. »

Hermione et Ron se redressèrent, légèrement inquiets. Ils affichaient tous deux le même air interrogateur, ce qui provoqua un petit sourire sur le visage de Harry. Le premier petit sourire qu'il affichait en dehors du cadre privé et protecteur constitué de Viktor et Dexumria. Et il l'offrit à ses amis de toujours. Ces derniers n'en devinrent que plus étonnés, bien qu'heureux. Ils savaient qu'Harry avait tout perdu quand Ginny était morte. Et ils espéraient depuis longtemps que leur ami arriverait à surmonter sa perte. Hermione reprit la parole :

« Qu'y a-t-il Harry ? »

« Vous vous souvenez de ce jour.. Le jour où l'on a 'fêté' notre dixième évasion du manoir de Voldy ? On était tous les six. Nous, et puis Draco, Blaise et Pansy. »

La voix d'Harry se serra. Les trois anciens Serpentards étaient devenus de vrais confidents, de vrais amis au fil du temps. Et comme beaucoup d'autres, ils étaient partis. Harry continua, se concentrant sur le présent :

« Ce jour là, on était tous un peu euphoriques, parce qu'on n'avait jamais imaginé qu'on arriverait à s'en sortir tous ensemble. Tard dans la nuit, Draco m'a pris à part et m'a parlé. Il m'a parlé d'une chose que lui avait dite Rogue. »

« Quelle était cette chose ? » Demanda gentiment Ron

« Rogue avait mis au point une nouvelle potion, pour ne pas changer.. Et il s'avère que cette potion pouvait m'être bénéfique. Non non Hermione, ne râle pas, je vais développer. Cette potion, est à peu près le fruit du hasard. Rogue était en train de fabriquer une variante du Felix Felicis : elle permet normalement à celui qui en boit d'augmenter ses capacités physiques et mentales. Bon, il se trouve que Rogue a commis une erreur. Oui Ron, ne me regarde pas comme ça, j'ai bien dis que le Prince des potions s'était trompé. Bien que cela ne soit pas véritablement sa faute. Au moment même où il rajoutait un ingrédient, une attaque a été commise sur Poudlard. Un des murs du cachot a explosé. Il a malencontreusement laissé tomber tout un bol de cet ingrédient mystérieux. La potion en a été complètement changée. Il s'avère maintenant qu'elle permet de euh... de se déplacer à travers les dimensions.. »

Hermione souleva un sourcil, tandis que son visage restait immobile.

« Harry, j'ai plusieurs points à éclaircir : 1) Il est impossible qu'un ingrédient change si radicalement une potion. 2) Il est impossible de voyager à travers euh.. les dimensions. 3) Même si c'était possible, comment saurais-tu qu'elle permet de faire cela ? »

Harry acquiesça devant le raisonnement juste de son amie et répliqua :

« 'Mione.. Bien que tu saches à peu près tout ce qu'il faut savoir sur terre, il est impossible que tu connaisses quelque chose qui n'a jamais été réalisé. »

Il s'arrêta, répétant la phrase dans sa tête, puis soupira :

« Par Merlin, je me mets à parler comme Dexumria. »

Ron rigola doucement, tandis qu'Hermione pinçait les lèvres, sceptique :

« Je suis d'accord avec toi, mais mes trois points tiennent toujours. Éclaire ma lanterne s'il-te-plaît. »

Harry secoua la tête devant l'air têtu de son amie, mais s'expliqua :

« Premièrement, si, un ingrédient peut complètement changer une potion. J'ai quelques notions de potions maintenant : j'ai pas pris des cours avec Rogue pour rien. Tu connais L'Amortentia ? Bien. Si tu rajoutes deux gouttes d'extrait d'essence de Gousses, la potion se transforme tout simplement en potion de langage. Après avoir ingéré de cette potion, tout ce que tu diras sera parfaitement compréhensible pour tout le monde, quelle que soit la langue que tu parles, et cela pendant l'espace d'une heure.

Il réfléchit un instant, et murmura, presque pour lui même :

« En fin de compte, je devrais peut-être en préparer un chaudron et en donner à Dex. Ses paroles atteindraient avec un peu de chance mon cerveau. »

Ron éclata de rire. Mais il s'arrêta brusquement, comme étonné par l'action qu'il venait de faire. Lui aussi avait oublié comment on riait. Il toucha sa mâchoire doucement et sourit, ému :

« Ça fait du bien. Vraiment. »

Harry lui sourit. Décidément, il souriait beaucoup aujourd'hui. Puis il continua, pour le plus grand plaisir d'Hermione :

« Donc, ton point numéro 1 est éclairé. Passons au deux. Mon explication est très courte, et ne va en aucun cas te satisfaire, mais tant pis. Tu dis que voyager à travers les dimensions est impossible. Je te réponds que tout est possible tant que le contraire n'est pas prouvé. »

Hermione fit la moue, mais fut bien obligée d'avouer qu'Harry avait raison. Surtout qu'il avait l'air de croire que les dimensions temporelles existaient vraiment, ce qui, aux yeux d'Hermione, était une invention totalement stupide, et dont la possibilité avait été exclue en 1786, pendant la 28ème réunion des Gobelins des Pierres Dorées. Et qui mieux que des gobelins, qui avaient l'habitude de toucher à des magies complexes, pour démontrer que les dimensions n'existaient pas ?

Harry reprit :

« Troisièmement, et là je te jure que mon explication va te satisfaire car elle est plus que rationnelle. Elle ne va par contre peut-être pas te plaire.. Bref. Ne mettons pas la charrue avant les hippogriffes . Draco m'avait donc parlé de cette potion. Je suis allé voir Rogue, qui m'a euh.. gentiment expliqué ce qu'il savait sur les effets de la potion qu'il venait de créer, … c'est-à-dire trois fois rien. On s'est dit qu'on pourrait tester la potion sur un quelconque animal inoffensif. On a donc fait boire à un rat quelques gouttes de la mixture. Il a tout simplement disparu. »

Harry marqua une pause, et regarda successivement ses deux amis. C'est à ce moment là que Viktor se fit remarquer en battant des ailes et en allant se poser par terre. Quelques secondes et un flash blanc plus tard, se tenait à la place le ténébreux jeune homme. Il se vit dans l'obligation d'expliquer son brusque changement de forme lorsqu'il vit les yeux interrogateurs d'Harry se poser sur lui.

« Je voulais juste voir de mes propres yeux la réaction de tes deux potos. Quand on passera au stade sentimental, j'irai embêter Dex, ne t'inquiète pas. »

Harry haussa les épaules, et reporta son attention sur le jeune couple. Il chercha ses mots un instant puis déclara :

« Comme nous ne pouvions rien conjecturer après cette disparition, nous l'avons testé une nouvelle fois, ayant au préalable jeté un sort de pistage sur notre cobaye. Comme le précèdent, il disparut après l'administration de la potion. Grâce à mon sort de pistage, j'ai pu constater que le rat ne se trouvait ni dans la pièce, ni dans le château. Mais comme mon sort avait été lancé avec une certaine.. puissance, je pouvais aussi ressentir le fait qu'il ne se trouvait pas en Angleterre... ni en Europe, ni dans le monde entier. Il y avait deux solutions : soit le rat s'était désintégré brusquement, soit il avait réapparu quelque part dans l'immensité de l'espace. Je vous avoue que nous étions quelque peu intrigués.. Sauf que nous n'avions aucune solution pour savoir laquelle des deux explications était la bonne. Fort heureusement, un elfe de maison, -Hermione je t'arrête tout de suite, je n'ai pas forcé cet elfe à prendre la potion-, qui était un des elfes que j'avais libérés lors de la rafle du Manoir Malfoy, était souffrant. Il allait mourir dans les jours à venir. Cet elfe s'est proposé de tester la potion, pour pouvoir faire avancer nos recherches. »

Hermione suffoqua, outrée :

« Mais par Merlin, Harry ! Comment oses-tu te servir d'un elfe de maison pour faire des recherches ? »

Harry resta impassible tandis qu'il déclarait :

« Je te l'ai déjà dit. Il allait mourir. Je l'avais sauvé. Une dette de vie est une dette de vie. Il n'avait de toute façon plus rien à perdre et rien ne l'enchantait plus de pouvoir régler une partie de sa dette. Mais là n'est plus la question, ce qui a été fait, a été fait. Cet elfe, nommé Carrimbur, a donc de son plein gré ingéré un peu de potion. Il a évidemment disparu. Nous avons attendu quelques minutes, puis il a réapparu aussi soudainement qu'il avait disparu. »

Ron et Hermione étaient pendus aux lèvres d'Harry, tandis que celui-ci se remémorait la suite de l'histoire.

« Il nous a alors confié que nos deux théories étaient fausses, et qu'en réalité, il avait atterri dans une réalité parallèle. Je préfère appeler cela 'dimensions temporelles'. »

« Pourquoi 'temporelles' ? », releva Hermione.

« Eh bien, car lorsque l'on arrive dans une nouvelle dimension, celle-ci est totalement indépendante de la nôtre. C'est-à-dire que si j'arrivais en 1930 dans une dimension quelconque et que j'empêchais Hitler d'arriver au pouvoir, cela n'empêcherait pas l'Hitler de notre dimension de devenir chancelier en 33. Vous comprenez ? De plus, lorsque l'on arrive dans une dimension, on peut très bien arriver à une époque différente. Par exemple, Carrimbur est arrivé la première fois dans les années 1700, d'après ce qu'il a pu nous raconter. »

Harry s'arrêta pour laisser le temps à ses amis d'assimiler les nombreuses informations qu'il venait de donner. Un ange passa, puis Hermione demanda :

« Tu es en train de nous dire que grâce à cette potion, nous pourrions nous déplacer à travers les dimensions, à n'importe quelle époque, et en revenir aussi facilement ? »

Harry secoua la tête vivement et répondit :

« Non. Carrimbur était un elfe de maison. Il pouvait transplaner de n'importe quel endroit, car nos lois magiques ne s'appliquent pas aux elfes de maison. Pour résumer, si un sorcier prenait cette potion, il pourrait aller dans une nouvelle dimension, mais y serait coincé à jamais. Avec Rogue et l'avis de Carrimbur, nous avons décidé de détruire toute la potion. Mais avant, Rogue m'a tendu une gourde qu'il venait de remplir. Il ne m'a jamais dit pourquoi. Il m'a juste dit que quand le moment serait venu, je saurais. Et maintenant, le moment est venu, et je sais. »

Hermione ferma les yeux un instant et soupira doucement. Harry plissa les yeux, un léger sentiment de plénitude s'installant au fond de lui. Hermione avait compris ce qu'il projetait de faire, et elle l'acceptait. Il fallait maintenant s'occuper du cas de Ron, qui serait plus que réticent à accepter cela.

Harry sourit brièvement à Hermione, et tourna son regard vers Viktor qui paraissait dormir. Bien sûr, cette idée était stupide, Viktor n'avait pas besoin de dormir. Harry, d'un claquement de doigts, le ramena à la réalité, et lui fit comprendre rapidement qu'il devait rejoindre Dexumria, le temps qu'il parle à Ron. Le brun se leva souplement et s'avança jusqu'à la porte. Il disparut bien vite de la pièce, et Harry put reporter son attention sur le rouquin qui essayait de réfléchir à la signification de la dernière phrase de son meilleur ami :

« Quand tu dis... 'le moment est venu'.. Tu parles de... ? »

Harry cligna des yeux et murmura :

« Il est temps pour moi de partir d'ici. Non Ron, ne m'interromps pas s'il te plaît, c'est déjà assez dur pour moi de l'expliquer. J'ai pu surmonter la mort de mes proches. Sirius, Remus, Cédric, Seamus, Draco, Neville, et tellement d'autres. A chaque fois, je me brisais un peu plus. Je sais qu'il en était de même pour vous. Mais quand ce fut le tour de Ginny de partir, j'ai su que je ne m'en remettrais pas. Elle est la femme que j'aime, et que j'aimerai toujours. Je ne... Je ne peux pas rester dans ce monde-ci. »

Harry se passa la main sur le visage, redoutant d'avouer la suite :

« Avant que Rogue ne trouve la potion, j'avais.. comment dire cela.. pour seul but de tuer Voldemort. C'était la seule chose qui me retenait en ce monde. Je savais que si je réussissais, je n'aurais plus rien -à part vous- . Alors j'avais décidé de.. ne plus me battre pour vivre après en avoir fini avec Voldy. »

Ron écarquilla les yeux, la bouche aussi ronde qu'une citrouille :

« Tu voulais... te suicider ? »

« Oui. »

Ron se figea devant cette réponse froide et assurée. Il se rendait maintenant compte que Harry allait encore plus mal qu'il ne le pensait. Il essaya de garder son calme et demanda lentement :

« Et maintenant... ? »

Harry soupira et frotta négligemment la poussière qui recouvrait la couette sur son lit.

« Maintenant, je ne sais pas. J'ai un échappatoire, et je vais le prendre. Je vais m'en aller. Si là-bas non plus, je n'arrive plus à retrouver le goût de vivre, alors, oui, je m'en irai définitivement. Maintenant, la seule chose que je vous demande est d'accepter mon choix et de me laisser partir. Et j'espère une dernière chose.. »

Il s'arrêta, un léger sourire aux lèvres. Il fixa tour à tour ses deux amis dans les yeux et asséna :

« Quand vous aurez des enfants, vous raconterez à quel point Tonton Harry était beau et gentil. »

Hermione étouffa un son étranglé et se précipita sur Harry qui l'enserra fortement. Il enfouit son visage dans la tignasse brune de la jeune femme et respira longuement l'odeur qui s'en dégageait. Ils avaient beau faire la guerre depuis 5 ans, jamais l'odeur de parchemin qui émanait d'Hermione ne s'était atténuée. Après un instant, il la repoussa doucement, et caressa du bout des doigts son visage. Il murmura doucement :

« Sans toi 'Mione, sans toi, je n'aurais jamais réussi. Sans toi, mon aventure se serait arrêtée dans les filets du diable de première année. Sans toi, je n'aurais jamais appris à vivre, et à rire. Sans toi, je n'aurais jamais pu continuer. Tu es, et tu resteras à jamais ma meilleure amie, ma sœur. Sois heureuse, et aide ce monde à se relever. Je maintiens mes propos : Tu feras une excellente ministre de la magie. Fonce, Hermione. »

La jeune femme hocha la tête, la gorge serrée, et s'éloigna de son amie. Ron avait toujours la bouche grande ouverte et bégaya :

« Mais... mais... tu pars maintenant ? »

« Oui Ron. Je ne peux plus attendre une minute de plus. J'ai dis adieu à ce monde depuis longtemps, et j'ai rendu mon dernier hommage à Poudlard et ses occupants tout à l'heure. »

« Et les autres ? Kingsley, Dean, mon père ? »

« Si je les vois avant de partir, je sais qu'ils feront tout pour me retenir. Et ça, je ne pourrai pas le supporter. Je sais que vous, vous acceptez mon choix, et que jamais vous ne m'empêcherez de partir. »

Il se leva sur ces paroles et s'approcha de son meilleur ami, qui fit de même. Ils se considérèrent longuement, puis finirent dans les bras l'un de l'autre, se serrant à s'étouffer. D'une voix sourde, Harry murmura :

« Tu as toujours été là pour moi, et il n'y a pas grand chose que je peux te dire là que tu ne sais déjà. Tu es mon frère, mon ami, mon double, et jamais personne ne pourra te remplacer. Tu vas me manquer, mais je sais aussi qu'Hermione a besoin de toi, et réciproquement. Ensemble, vous créerez la nouvelle génération des Weasley. Vous allez réussir, tu sais. Vous allez réussir à réapprendre à vivre. Tout comme moi, je l'espère. Maintenant je m'en vais, mais jamais je ne t'oublierais. »

Il s'arracha presque de l'étreinte, et se recula vers la porte, les yeux secs, et le visage impassible. Il savait que s'il se laissait porter aux sentiments, jamais il ne réussirait à partir. Il caressa du regard ses deux amis, qui se tenaient maintenant par la main, et leur dit, dans un dernier salut :

« Vous embrasserez tout le monde pour moi. Et évitez de parler de la potion. Je suis sûr que vous trouverez une excuse pour expliquer mon départ. Vous allez me manquer. Adieu, Ron, Hermione. »

Et sur un dernier sourire, il sortit de la chambre, fermant la porte derrière lui. C'est sur cette phrase et cette image, qu'Harry Potter, le Survivant, leader de la Lumière, et tueur du plus grand mage noir, s'en fut.

\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\ ¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\¤\

Harry arriva près de la lisière de la Forêt Interdite, suivi de près par Dexumria et Viktor qui, étrangement, ne se disputaient pas. Il se tourna vers le château, qu'il avait considéré comme sa seule maison, pendant tant d'années. Il resta un moment à le contempler, entendant au loin les tumultes des réjouissances. Il offrit un dernier regard ému à la grande bâtisse, puis se retourna et s'enfonça dans l'obscurité de la Forêt Interdite. Il se savait suivi par Dexumria et Viktor, pourtant aucun bruit ne s'élevait dans son dos. Il ne s'en inquiétait pas.. Les créatures non-humaines étaient très réputées pour leur discrétion. Il s'avança rapidement vers le centre de la forêt, se dirigeant vers une clairière où aucun habitant de la Forêt n'osait s'aventurer. Cet endroit était maudit depuis que Voldemort, à travers le professeur Quirell, y avait tué une licorne. De là, Harry pourrait ingérer la potion et s'en aller, sans que son brusque départ n'affecte personne.

Lorsqu'il y arriva, il fut surpris d'y trouver déjà une de ses connaissances : le centaure Kane. Ce dernier était l'un des plus vieux centaures, et réputé pour être totalement fou. Bien sûr, Harry ne prêtait guère attention aux rumeurs, et considérait que Kane était aussi sain d'esprit que lui (ce qui aurait dû en inquiéter plus d'un). Le centaure regardait d'un air absent quelques taches noirâtres qui ornaient le sol gris de la Forêt. Il sentit plus qu'il ne vit Harry et ses compagnons arriver. Il entama la conversation sans même les regarder :

« La folie de Voldemort n'avait pas de frontière. Elle a même atteint le cœur de ma maison. Ici en sont les preuves. »

Il désigna les traces étranges. Harry leva un sourcil digne de Severus Rogue, puis haussa les épaules.

« Si la folie de Voldemort ne se résumait seulement qu'aux tâches de sang de Licorne qui sont tombées à terre, alors je ne serais pas allé jusqu'à y mettre fin. »

Kane fit volte-face et grimaça à l'intention d'Harry. Puis il porta son regard sur Dexumria et s'exclama :

« Toi, future reine des elfes de la forêt, je sais ce que tu prévois de faire. Tu comptes accompagner cet humain dans un espace où tu ne pourras plus prétendre à ton titre. »

Dexumria le regarda d'un air vide et ne répondit rien. Viktor laissa échapper un ricanement moqueur et expliqua :

« Si ma très chère amie ne te donne pas de réponse, c'est parce qu'il faut que tu saches que ce titre de princesse que tu lui donnes, elle l'a perdu à l'instant même où cet humain -il désigna Harry du doigt-, l'a sauvé d'un destin qu'elle n'était pas sensé connaître : la mort. »

Dexumria fit la moue et renchérit :

« Bien que cet argument soit valable, ma principale raison est toute autre. Que le titre de reine n'emballe pas mon cœur tient à une raison toute simple : je n'en ai cure. Mais il est vrai qu'à partir de l'instant où la mort aurait pu me prendre, ce titre m'est retiré. Cet humain, dont tu désignes ainsi la caractéristique, m'a sauvé de deux funestes destins : la mort, mais surtout mon règne. »

Harry suivait cet échange sans qu'aucun sentiment ne transparaisse. La question que Kane posait à Dexumria avait été abordée de nombreuses fois par ses amis, et il connaissait maintenant la réponse par cœur. Dexumria était effectivement la fille de la reine des elfes actuelle, et après deux cents ans de règne de la part de cette dernière, il était normal qu'elle prenne le relais. Or la jeune elfe (de seulement 70 ans), ne prenait pas goût à ce poste. Il avait été heureux qu'elle se trouve en danger de mort et qu'Harry la sauve. Les créatures non-humaines prenaient très au sérieux les dettes, et une dette de vie étaient la plus grosse dette qu'une créature pouvait avoir. Ici, Dexumria et Viktor avaient décidé de rembourser leur dette envers Harry en restant avec lui pendant le temps que celui-ci le désirerait. Cela faisait maintenant 4 ans que Viktor protegeait et conseillait Harry, et 3 ans pour Dexumria.

Harry revint au présent juste à temps pour entendre la réponse de Kane quant à la question du règne de Dexumria :

« Elfe, ton raisonnement t'appartient, et en plus de cela, est juste. Je m'incline devant la véracité de tes paroles. Maintenant, humain Harry, dis-moi. Que comptes-tu faire quand tu seras là-bas ? »

Harry ne s'étonna même pas que le vieux centaure soit au courant. Ces êtres, ayant une affinité spéciale avec les cieux, savaient tout avant tout le monde, et qu'Harry parte dans une Dimension Temporelle ne leur avait pas échappé. Il répondit donc tout naturellement :

« Dans un premier temps, je vais m'occuper du Voldy de là-bas. Car même si cet espace temps est différent, je doute fort que Voldemort n'y soit pas présent. Ensuite, la question est plus complexe. »

Viktor ricana et murmura :

« Plus complexe que tuer Voldemort ? Je demande à voir. »

Harry lui sourit d'un air malin et continua :

« Eh bien, Kator - Viktor grimaça devant le surnom honni - c'est tout simple. Le Voldy de la Dimension Temporelle où je serai sera tout simplement beaucoup moins puissant que celui que nous connaissions. Car je compte bien revenir en 1978. C'est-à-dire l'année où mes parents et leurs amis sont en 7ème année. »

Viktor mima un « Ô » avec sa bouche, tandis qu'il joignait les mains et qu'un air ému apparaissait sur son visage. Harry leva les yeux au ciel en voyant la fausse joie que se faisait Viktor à l'idée de rencontrer les géniteurs de son compagnon. Le Survivant continua :

« Donc, je disais, avant que Viktor m'interrompe, que ma deuxième décision est plus complexe. »

Il marqua une pause, chercha ses mots et continua :

« Ce qu'il me restera à faire, est de vivre. Ou du moins, d'essayer de réapprendre à. Et je t'avoue, Kane, que cela me paraît assez difficile. Mais qui sait, peut-être qu'avec Dex et Kator à mes côtés, ajouté à la joie de revoir des visages que j'aime, j'arriverai à surmonter quelque peu la mort de Ginny et de mes amis. »

Kane ne répondit pas, mais inclina sa tête, approuvant silencieusement les paroles du jeune homme. Harry sourit légèrement, et, ne voulant s'attarder encore dans ce monde-ci, se rapprocha de Dexumria et Viktor. Il prit la main de la femme et prononça une formule inaudible, qui lia son bras avec celui de l'elfe, avec un léger fil translucide. Il fit de même avec Viktor. Maintenant liés tous ensemble, Harry était sûr que Viktor et Dexumria n'atterriraient pas dans une autre Dimension Temporelle que celle où il irait. Il fit apparaître trois verres vides et sortit une fiole de sa poche. Il en versa le contenu de façon égale dans les trois verres et déclara :

« Nous allons boire la potion ensemble. Je vais penser exactement à l'époque où je veux me trouver. Mais il ne faut pas qu'une seule pensée traverse votre esprit lorsque je penserai à l'année 1978. Sinon, nous pourrions arriver là où vous avez songé. Ou pire, nous pourrions être, comme avec le transplanage, désartibulés dans diverses Dimensions Temporelles. Je vous avoue que je n'ai pas envie de finir comme ça. Alors s'il vous plaît, ne pensez à rien pendant quelques minutes. Surtout toi Kator. Je sais qu'il t'est difficile de ne rien faire. »

Viktor lui fit la grimace et leva les yeux au ciel. Harry prit cela pour un assentiment et attrapa un des verres qui flottaient dans l'air. Ses compagnons firent de même. Harry regarda Kane, et avec un demi-sourire, murmura :

« A la tienne Kane. Buvons dans l'espoir de réparer un monde qui commence à s'obscurcir. »

Et dans un bel ensemble, Harry, Dexumria et Viktor portèrent les verres à leurs lèvres.

Il y eut un léger instant de flottement, et ils disparurent.

Et Kane resta seul dans cette clairière qui avait été témoin de l'impureté de Voldemort.


Voilà pour ce premier chapitre. J'espère qu'il vous a plu. Quelques reviews peut-être de votre part ^^ ?.

Je vous dis à bientôt (et pour ceux qui veulent lire quelques chapitres en attendant le chapitre 2 du départ des Sombrals, vous pouvez aller découvrir Gris Orage sur mon profil (quoi ? Je fais de la pub pour mes fics ? Mais quelle idée saugrenue :P)

Sorcièrement vôtre,

Mylush

07/10/2015