Auteur: Maeve Fantaisie (ou Maeve tout court :) ).

Prompt: Laissons la lumière allumée.

Couple: Destiel, mais pas tout de suite. :)

Disclaimer: Rien n'est à moi.

Note 1: Histoire écrite pour le Marathon des Fanfictions, sixième round de l'année (oui, je poste dans le désordre). Elle n'est pas encore terminée; je pense écrire des chapitres tranquillement, la plupart du temps indépendants et au gré de mon inspiration. Cinq chapitres d'écrits pour le moment. :)

Note 2: ...J'ai une excuse : j'ai gardé récemment le chaton de mon frère. :'D

Bonne lecture!


Felix Felicis - Chapitre 1

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Sam le trouva un jour de pluie, dans un carton qui prenait l'eau. Ses miaulements désespérés s'entendaient à peine sous les grondements de l'orage; sa voix semblait étrange, étouffée.

Noyée.

Sam se précipita vers le carton.

Il le trouva un jour de pluie, abandonné de tous, ce même jour où Sam lui-même avait été abandonné par sa famille. Ce même jour où, son père apprenant qu'il avait poursuivi son rêve d'aller à Stanford contre son accord, il lui avait coupé tous ses vivres et avait juré de ne plus jamais répondre à ses appels.

- Oh...

Seule la tête du chaton dépassait de l'eau. Il ne nageait pas; il se laissait simplement flotter, ses paupières à moitié fermées, ses oreilles plaquées contre son crâne et son corps frissonnant.

Un éclair tomba, et il releva vers Sam des yeux morts. C'était un regard que Sam n'oublierait jamais : celui d'une créature qui avait tout abandonné avant même de savoir comment vivre.

Sam tendit la main vers le petit chat, espérant lui faire sentir son odeur avant de le saisir. Le chaton, tout doré, le renifla à peine, remuant une oreille dans sa direction presque avec interrogation.

Sam sourit.

- Je vais te sortir de là.

Il attrapa le chaton et celui-ci, bien qu'à bout de force, le griffa soudain violemment.

- Ouille!

Les yeux du chat s'écarquillèrent. Il se tourna brusquement vers Sam et pour la première fois, quelque chose parut s'allumer dans son regard. Pour la première fois la vie se refléta dans ses cornées et il sembla voir le jeune homme.

Ses yeux verts étaient magnifiques.

Sam sourit encore plus. Un petit rire monta dans sa gorge, débordant des larmes qu'il avait déjà versées.

C'était un rire quand même.

- On dirait, finalement, que tu n'as pas encore tout abandonné...

La poitrine du chat se souleva. A la lumière des éclairs, sa fourrure était constellée de points noirs, comme des taches de rousseur.

Sam porta son doigt blessé à sa bouche.

On dirait que tu n'as pas encore tout abandonné...

Il repartit vers sa demeure universitaire, le chat serré contre son coeur.

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En chemin, Sam s'arrêta chez un vétérinaire.

- Il a même pas trois mois. C'est un miracle qu'il aille aussi bien, vu les conditions dans lesquelles vous l'avez trouvé.

Sam hocha la tête. Le chat éternua et Sam reporta son attention sur lui. Il était dénutri, probablement plus petit que ce qu'il aurait dû être, et son poil était terne et manquait par endroits; à part cela, quelques puces et l'aura meutrière qui l'entourait, il allait assez bien.

Le vétérinaire croisa le regard du chat et grimaça :

- Mouais. Il va vous donner du fil à retordre, celui-là. Il a l'air d'avoir un sacré caractère.

En réponse, le chaton gonfla sa fourrure et émit un couinement mouillé qui devait se vouloir menaçant.

Sam rit de nouveau. Au son, le chat se tourna vers lui et Sam aurait pu jurer voir son expression féline s'adoucir.

Le vétérinaire afficha une expression blasée qu'il semblait arborer souvent, facilement déchiffrable même à travers sa barbe épaisse :

- C'est ça. Tu me fais trop peur, maigrelet. J'en ai les jambes qui tremblent.

Le chaton fixa le vétérinaire avec dédain et ce dernier renifla en secouant la tête :

- Les chats. Franchement.

De sa grande main, il caressa le dos du petit chat qui se pétrifia sous le geste, tendu comme un arc.

Le vétérinaire renifla de nouveau :

- Tu vas t'en sortir, le marmot. Tu vas voir.

Il redressa la tête et plongea droit dans le regard de Sam :

- Toi aussi, gamin. Tu vas t'en sortir.

La gorge de Sam se serra. Il baissa les yeux, gêné des larmes qu'il sentait poindre à ses cils.

Le vétérinaire rit. Un rire rauque, paternel et gentil. Il caressa de nouveau le chat un peu brusquement, sa main bourrue et tendre :

- On dirait que tu t'es trouvé le maître parfait, marmot. Il est aussi idiot que toi.

Le chaton siffla. Il tenta de le griffer mais le vétérinaire retira simplement ses doigts, son regard harponnant celui de l'animal avec un sérieux intense :

- Ah, tu te rebiffes enfin? Pas trop tôt.

Sam observait l'intéraction en silence. Il avait entendu parler du Dr Bobby Singer à la fac. Les gens disaient qu'il avait un lien particulier avec les animaux, qu'il les prenait au sérieux, les respectait, et qu'en échange les bêtes le respectaient tout autant et faisaient ce qu'il disait. On racontait aussi qu'il était plus têtu que le pire âne buté du monde.

En les voyant intéragir tous les deux, ce vétérinaire proche de la retraite et ce jeune chat perdu, Sam se disait que, peut-être...

Le Dr Singer releva la tête :

- Alors, gamin? Tu crois pas qu'il lui faut un nom, à ce rat mouillé?

Le chaton feula de plus belle, son poil hérissé et outré.

Sam dut camoufler un nouveau rire, quelque chose, dans son ventre, se déplaçant pour combler un vide.

Peut-être que tout irait bien.

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Sur une dernière recommandation du Dr Singer de rentrer vite ("Et couvre-le bien parce que sinon, il va te l'attraper quand même, cette pneumonie!"), Sam atteignit finalement sa chambre universitaire.

Dean en fit vite le tour. Son regard, alerte, n'avait rien à voir avec ce regard mort qu'il avait arboré quand Sam l'avait trouvé. Sam se jura de tout faire pour que cela reste ainsi.

Quand Dean le rejoignit sur le canapé, étudiant son visage, presque solennel en venant frotter sa joue contre la sienne, Sam pensa que Dean veillerait peut-être sur lui en retour.

Sam vint gratter son menton. Le chaton se déplia sous ses doigts, ronronnant, bourdon chaud sous les poils. Ses iris verts étaient attentifs.

Sam sourit.

- Bienvenue à la maison, Dean. Ce sera toi et moi à partir de maintenant.

Il montra sa main, et Dean apposa sa patte contre sa paume et vint mordiller son pouce.

Sam rit.

Il était tard, et l'orage grondait toujours, mais il n'éteignit pas la lumière tout de suite.

XXX

Fin du chapitre.