HISTOIRE 7


Rating : M

Genre : slash M/M

Destinataire : Nanola

NDA : Oui, je sais, ça fait un an que je n'ai rien publié sur ce recueil. La vie fait que je ne peux plus écrire comme je le voudrais, c'est ainsi. J'ai d'autres projets, d'autres cadeaux en cours pour ce recueil, je les ferai, c'est promis.

Cette histoire est pour l'anniversaire de Nanola, encore une fois. Je l'avais écrite il y a déjà quelques mois, c'est pour cette raison que je peux vous la livrer aujourd'hui. Bonne anniversaire ma Bichette.

Nanola voulait une fin alternative à La Voie de l'Oméga. Pourquoi ? Parce qu'elle est tombée sous le « charme » de Daniel. Eh oui, parfois mes bêtas tombent amoureuses de mes personnages tortionnaires ou psychopathes.

Alors, faites-moi plaisir si vous lisez ce OS : oubliez la dernière Présentation dans LVO, oubliez le garçon brun aux yeux verts, il n'a jamais existé et Draco n'est jamais allé à la ville de Chourave ce jour-là. La suite, par contre vous la connaissez (ou pas) : son village s'est fait attaquer par une meute de Loups-garous sauvages qui lui a fait vivre l'enfer.

Je profite de cette publication pour vous rappeler, le plus cordialement possible, que mon univers, mes écrits, mes personnages, bref tout ce que je vous livre gratuitement sur ce site depuis des années ne sont pas là pour que vous piochez dedans et les recopiez. Vous voulez écrire ? Servez-vous de votre propre imagination.


L'Espoir

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Dans toutes les larmes s'attarde un espoir – Simone de Beauvoir


Fenrir revint peu de temps après la discussion des dominants, énervé et excité tout à la fois. Il était persuadé que Ralph et Megan avaient séjourné dans l'une des tavernes. Sa décision fut rapidement prise : cette nuit, la meute attaquerait le village, tuerait le maximum de villageois et en prendrait d'autres pour les faire parler. Greyback avait même l'infime espoir que les fuyards soient encore cachés ici !

Quand Daniel ligota Draco à un vieil arbre par un poignet, le garçon grelottait et tremblait de tous ses membres.

« Daniel, me laissez pas tout seul, je veux pas être tout seul ! » supplia-t-il, les larmes aux yeux.

« Non, tu resteras là. Fenrir a raison. Nous devons tous participer, le village est imposant, les villageois nombreux. »

« Vic' a dit que c'était dangereux, que vous pouvez mourir, » pleura désormais le garçon.

Draco se moquait bien que les mâles meurent ! En fait, ils pouvaient bien tous mourir, au contraire ! Non, ce qui le terrifiait, c'était que certains mâles meurent pendant que d'autres survivaient. Si Daniel mourrait, si Brutus survivait... Sans compter qu'il détestait être seul. Il était déjà seul, au sein de la meute mais là, ce serait pire. Les dominants allaient l'abandonner, le laisser à la merci de tous les dangers. Il était faible, petit, sans défense, du moins autant que pouvait l'être un Werwulf. Mais il était moins qu'un Werwulf, il n'était qu'un Oméga sous-alimenté et brisé.

Le bracelet d'argent que lui passa Daniel au poignet finit de le terroriser. Il savait ce que c'était puisque qu'il l'avait déjà porté. C'était un artefact qui empêchait le Loup-garou de se transformer. En dehors bien sûr des nuits de pleine-lune où la malédiction de l'Air et de la lune ne pouvait être rompue.

« Non, Daniel, pas ça ! Comment je ferai si je dois me défendre ? Si je dois vous appeler ? » gémit-il en levant des yeux humides vers le Bêta.

Ce dernier se pencha vers lui et le prit par les épaules.

« Écoute-moi bien, Draco. Je t'interdis d'appeler, tu entends ? Ne fais pas le moindre bruit, reste ici, sous ta couverture et ne bouge pas. Je reviendrai te chercher, moi ou l'un de mes hommes. Cette nuit, ou nous serons libre ou nous mourrons, » chuchota fermement Daniel.

Draco écarquilla ses yeux. Ainsi la rébellion se ferait bien cette nuit. Les hommes allaient profiter de la lutte pour tenter de détruire la meute afin d'en construire une autre.

« Et si tu ne reviens pas ? » souffla Draco, terrorisé par l'idée.

« Epsilon prendra ma place, ou Neuri ou Archus. Tu resteras avec eux, ils veilleront sur toi. »

« Mais... »

« Et si aucun de nous ne revient... »

Daniel fouilla dans sa poche et en sortit quatre baies noires.

« Tu pourras toujours prendre ça. »

Le garçon tendit la main mais le Lycanthrope sourit en enlevant la sienne.

« Oh, non, certainement pas. Il est hors de question que je découvre ton cadavre quand je reviendrai. Elles seront dans mon sac, tu les prendras quand un mâle viendra te délivrer. »

« Mais si personne ne vient ! » couina Draco, les poings serrés.

« Alors tu mourras attaché à cet arbre. Cela ne fait aucune différence. »

Là-dessus, l'homme se redressa, tapota la tête aux cheveux emmêlés, le prit brièvement contre lui et retourna vers les autres Werwulfs qui se transformaient déjà.

« Non... » murmura Draco, éberlué.

Alors qu'il regardait les loups partir dans la nuit, le garçon se mit à pleurer, désespéré.

« Non, t'avais pas le droit de faire ça... Je voudrais... Je voudrais... »

Il se cacha sous sa couverture, le corps secoué de sanglots.

Daniel et les autres mâles l'avaient abandonné à son triste sort.

… … …

Les minutes s'écoulèrent lentement pour le jeune Lycanthrope. Il était toujours assis, le corps enroulé dans sa couverture. La nuit était d'un noir d'encre, le silence seulement perturbé par le bruit des animaux nocturnes lorsque soudain des hurlements de loups en colère firent vibrer la forêt tout entière. Des cris humains s'en mêlèrent, des éclairs de lumière.

Draco se terra le plus possible contre l'arbre, terrifié. Il ne savait pas où était situé le village de Pré-au-Lard mais cela lui semblait bien trop près. La bataille, car ce ne pouvait être que cela, dura elle aussi plusieurs minutes, puis le silence revint.

La peur de Draco monta encore d'un cran. Que signifiait ce silence ? Ceux de sa meute avaient-il été tués par les villageois ? Où s'étaient-ils tous entre-tués ? Des bruits légers de pattes qui courraient parvinrent à ses oreilles. Le garçon se retint avec peine de se faire pipi dessus de terreur pure. La réponse à sa question arrivait, sur quatre pattes et au pas de course.

Un loup gris surgit le premier, faisant hurler Draco malgré lui. Deux autres lycanthropes au pelage sombre furent rapidement à ses côtés et accoururent vers le garçon hurlant, de nouveau caché sous sa couverture.

« Oméga, calme-toi ! » fit un homme en l'attrapent par les épaules.

En vain, l'Oméga était en pleine crise de panique.

« Draco ! Calme-toi, bon sang, c'est moi, Daniel ! »

Ce nom prononcé dans la nuit sembla faire revenir Draco à la réalité. Il abaissa sa couverture, son regard clair tombant directement dans ceux de nuit du Bêta.

« Daniel ? » balbutia-t-il.

« Oui, c'est moi. Nous sommes revenus, nous sommes libres, » déclara alors le dominant.

Draco ne comprit pas exactement ce qu'il voulait dire par là, la seule chose qu'il voyait c'était que le mâle était revenu, qu'il n'était plus seul. Se haïssant un peu pour cela, il lui sauta au cou, enroula ses bras autour du torse de l'homme et fondit en larmes de soulagement. Le garçon laissait sa nature lupine s'exprimer. Il était si fatigué de lutter tout le temps contre ses émotions, il avait trop besoin du réconfort de celui qui se comportait comme un compagnon avec lui, celui qui tentait de le féconder à la place de l'Alpha.

Ce fut avec un réel bonheur qu'il sentit que Daniel lui rendait son étreinte. Mieux, il le berçait contre lui. Puis il sentit que ses liens étaient enlevés, que le bracelet lui était retiré. Daniel le prit dans ses bras, le porta avant de s'effondrer au sol avec sa charge toujours maintenue contre lui.

« Comment te sens-tu, mon frère ? » demanda Archus en s'asseyant à son tour.

« Ça va aller. Qui est de retour ? »

« Nous tous, » fit alors la voix caverneuse de Heimdall.

« Dereck ? » voulu savoir Epsilon.

« Il a suivi David. Il est mort avec lui, » l'informa Neuri.

Draco consentit à lever le nez en entendant lui aussi ces informations. Il avisa alors vraiment pour la première fois les dominants qui étaient présents et étouffa un cri de surprise en remarquant leur état.

Ils étaient couverts de terre, de sang, de plaies et blessures diverses. Vircolac était allongé au sol, gémissant. Quant à Daniel, il avait le visage tuméfié au possible. Draco déglutit, ses yeux gris parcourant une nouvelle fois la clairière alors qu'Epsilon, baguette à la main, s'agenouillait devant Vircolac. Archus, lui, rallumait les braises afin que les flammes s'élèvent de leur ancien foyer.

« Où est l'Alpha ? » souffla Draco.

« Il n'y a plus d'Alpha, » déclara Daniel. « Je l'ai tué. »

Draco se recula prudemment. Il avait donc bien compris, la révolte de la meute avait eu lieu cette nuit et les loups de Daniel avaient gagné. Ils étaient tous là, contrairement aux trois Lycanthropes fidèles à Fenrir.

« Que faisons-nous, Daniel ? » l'interrogea Neuri.

« Tout dépend de l'état de Vircolac. Je préférerais que nous nous éloignons de ce lieu. Vic' avait raison, l'endroit n'est pas sûr, je le sens dans l'air. Je crains que les Mages ici ne nous trouvent. »

« Tu penses qu'ils savaient que nous venions ? »

« Je ne suis sûr de rien, Heimdall, mais Fenrir était trop obnubilé par Ralph et sa louve. Si c'est vrai qu'ils étaient là il y a peu de temps, ils auraient pu les prévenir de notre arrivé. Je ne me sens pas en sécurité ici. »

« Il faut partir, » renchérit Archus. « Mon instinct me le dicte. Epsilon ? »

« Je lance un dernier sort et Vircolac pourra venir, pas vrai ? »

« J'ai mal, putain de merde, » gémit le dominant blond.

« Il faudra pourtant y aller. Faites les sacs, prenez tout ce que vous pourrez. Epsilon, Vircolac, vos dons en magie vont nous être utiles. Draco, tu devras sans doute porter un sac, toi aussi, » ordonna Daniel en se redressant.

L'Oméga le regarda, éberlué. Daniel était leur nouveau Alpha, il le sentait, mais personne ne disait quoi que ce soit en ce sens. Pourquoi ? Quant au fait que l'homme ne cessait de le nommer par son prénom, il en restait coi.

« Allez, lève-toi, » fit Archus en le redressant. « Tu nous mettras les plus grosses charges et toi, tu ne prendras que tes affaires. »

« Fenrir est vraiment mort ? »

Sa question jeta un froid certain.

« Oui. Je l'ai combattu et je lui ai arraché la gorge, » déclara une nouvelle fois Daniel. « Maintenant, obéis. »

Ce qui se passa ensuite fut étrangement brumeux pour Draco. L'urgence était palpable, les Lycanthropes ne voulaient pas rester ici. Les sacs furent donc rapidement faits, les loups harnachés. Draco fut le dernier à se transformer, un sac léger et lâche passé sur ses épaules afin de ne pas le gêner durant la transformation. Dès que le loup blanc se tint sur ses quatre pattes, la meute s'enfuit en courant.

Ils coururent une grande partie de la nuit, Draco entouré par les mâles. Il ne savait pas pourquoi ils étaient ainsi tous autour de lui et de Vircolac, qui peinait à ses côtés. Pourtant, cette place le rassurait. Gueule ouverte et langue pendante, Draco réfléchissait.

Greyback n'était plus. Il était mort à l'image de sa vie, dans la violence et le sang. Brutus et David étaient morts aussi. Les trois derniers mâles les plus cruels avaient été tués par les autres. Dereck avait quant à lui mal choisi son camp. L'Oméga ne le pleurait pas, ni lui ni les autres, bien au contraire.

Alors qu'il galopait, Draco se sentit soudain libéré d'un poids. Il ne serait plus martyrisé, du moins, il l'espérait. Petit-Homme avait toujours peur mais lui se raccrochait aux souvenirs de ces dernières semaines. Aucun des hommes actuellement avec lui ne l'avaient touché ou battu depuis sa fausse-couche, depuis même la fuite de Megan et Ralph pour certains. Il ne savait pas ce qu'il deviendrait, quelle serait désormais sa vie, mais Fenrir ne le prendrait plus jamais. Rien que cela, c'était une liberté.

Alors que l'aube se levait, Daniel cessa sa course. Ils étaient toujours dans la forêt mais avaient parcouru de nombreux kilomètres en direction du sud et de l'est. Vircolac s'écroula, purement et simplement. Epsilon se transforma rapidement et vint à côté de lui. Draco fit de même, s'en pouvoir s'en empêcher. Le jeune homme blond saignait, sur le dos et le ventre. L'un de ses bras était bleu. Il gémissait et grelottait.

« Oméga, va me chercher des bandes. Il faut faire un feu aussi et bouillir de l'eau. Ensuite, apporte-moi le sac de soins. »

« Oui, » répondit Draco par automatisme.

Il fouilla dans les sacs, ramenant le nécessaire à Epsilon pendant que les autres s'occupaient du foyer et de chercher un point d'eau. Il aida ensuite Epsilon à laver et soigner son ancien bourreau, devenu victime à son tour. Tous les autres mâles se soignèrent tour à tour. Draco courrait de l'un à l'autre, pour les aider eux aussi. Il ne réfléchissait pas à ce qu'il faisait, trop fatigué pour concentrer ses idées. Il se laissait porter uniquement par son instinct qui lui dictait de secourir les membres de sa meute.

Enfin, tous se regroupèrent près des flammes. Draco, lui, se plaça un peu plus loin, sans trop savoir quoi faire. Est-ce qu'ils étaient une nouvelle meute ? Partiraient-ils chacun de leur côté ? Et lui, qu'allait-il devenir ?

Inconsciemment, une vague d'angoisse l'étreignit. Il ne voulait pas être seul et dans le même temps, il avait peur de rester avec ces hommes. De toute façon, pensa-t-il avec lassitude, il y avait peu à douter qu'il n'aurait pas le choix de son futur. Il posa sa tête sur ses genoux cagneux en frissonnant, le soleil faiblard ne parvenant pas à traverser les lourds nuages sombres et les branches déplumées des arbres. Il était épuisé, avait à la fois envie de pleurer pour il ne savait quelle raison exactement et de dormir. Pourtant, une présence qui venait vers lui lui fit redresser la tête. Son envie de pleurer se fit plus forte, bien qu'il retienne ses larmes. Sans doute que certaines de ses questions allaient avoir une réponse. Daniel se tenait devant lui.

Sans un mot, le grand homme se pencha, le prit dans ses bras et l'emmena avec les autres Lycanthropes, autour du feu. Daniel s'allongea au centre de la petite meute, sur une peau de bête. Draco se mit à trembler plus fort. Tous les hommes étaient nus, ou presque. Est-ce que Daniel allait reprendre le rituel de Fenrir et exiger qu'il s'accouple avec lui ? Draco était fatigué, si fatigué, il ne voulait pas faire ça, ne plus vivre ainsi, Oméga accouplé de force sans réel compagnon. Ses larmes se mirent à rouler sur ses joues creuses, en silence. Bien que Daniel soit celui qui lui causait sa peur et sa peine, Draco enfouit son nez dans son cou, cherchant une étreinte, un câlin qui ne soit pas d'ordre sexuel. Il voulait juste de la tendresse, de l'attention et du réconfort. Il n'y croyait cependant pas.

Aussi, l'adolescent mit un certain temps à réaliser que l'homme ne faisait rien d'autre que le maintenir contre lui, qu'il lui caressait les cheveux et le dos. Peu à peu ses larmes se tarirent alors qu'il comprenait que Daniel faisait ce qu'il espérait. Draco se serra un peu plus contre lui, timidement.

« Tu as été un brave Oméga, Draco. C'est bien, » murmura Daniel.

Le garçon leva son visage, étonné.

« Pourquoi ? »

« Tu as pris soin de ma meute. De notre meute. »

Draco replaça son nez contre le torse chaud.

« Tu es notre Alpha, n'est-ce pas ? »

« Je le serai très bientôt de façon formelle. Maintenant, dors, nous devons dormir. »

Il ne fallut guère de temps pour qu'effectivement, toute la meute s'endorme. Ils se réveillèrent dans l'après-midi, mangèrent et reprirent leur course. Draco ne savait pas où les entraînait Daniel ou si les autres dominants le savaient aussi. Néanmoins, chacun suivait leur nouveau chef sans rechigner, malgré leurs blessures. Ils traversèrent des forêts et des collines, toujours en direction de l'Est et du Sud. Ce ne fut plus les Grandes Rocheuses que Draco aperçut un jour, au loin, mais d'autres montagnes, inconnues. Là-bas, lui expliqua Neuri un soir, derrière elles, se tenaient les limites de l'Empire, la Terre de Feu où vivaient les dragons et les dragonniers. Et plus au Sud, les Terres Arides, inconnues et dangereuses.

Si les Lycanthropes adultes se remirent vite de leur combat, ce ne fut pas le cas de Draco, bien que lui-même avait été épargné. Il était de plus en plus faible et fatigué. Il essayait bien de manger mais n'aurait voulu que dormir. Il était aussi déstabilisé, désemparé. Daniel était vraisemblablement leur Alpha, mais cette nouvelle meute manquait de quelque chose. Heureusement, Compagnon-Loup avait cessé de considérer Fenrir comme son compagnon, il ne souffrait donc pas de ce manque. En revanche, bien que Daniel dorme avec lui chaque nuit, Draco était perdu quant à sa place auprès de l'homme. Il ne se plaignait sûrement pas de ne plus s'accoupler avec lui, ni avec personne, mais ne savait plus ce qu'il était et quel était son rôle. Il aidait les dominants à se soigner, à laver leurs plaies, il les écoutait parler et se plaindre, cela, semble-t-il, suffisait à les contenter et à leur faire dire qu'il était un brave Oméga. Peut-être, il ne savait pas.

Enfin, après plus de quinze jours de courses et alors que l'hiver les poursuivait à grand renfort de pluie glaciale et de neige à moitié fondue, ils arrivèrent dans une vaste clairière, au pied d'une colline et d'une rivière. Draco fut pour le moins étonné de découvrir qu'une maison, ou tout du moins une cabane, était dressée. Une vraie cabane, faite de bois, de planches et de pierres. Avec une cheminé et des fenêtres. Alors que les Lycanthropes se transformaient en homme, le garçon ne put s'empêcher d'être curieux.

« C'est quoi ? »

« Notre refuge pour l'hiver, » répondit simplement Epsilon.

Les mâles l'ignorèrent pour s'affairer dans la cabane et chercher du bois sec pour le foyer. Draco ne savait pas quoi faire, une fois encore. Il avisa alors un simple abris, qui ressemblait beaucoup à ce que ses sœurs louves et lui faisaient à l'époque. Il était plus vaste et servait aussi de bûcher mais il lui sembla fort accueillant. Il s'éloigna donc en silence des autres mâles et se glissa dedans, s'enroula dans sa vieille couverture élimée et s'endormit presque immédiatement. Ce ne fut que bien plus tard qu'il sentit des bras qui le portaient. Il n'ouvrit pas les yeux, trop épuisé pour le faire. D'autant qu'il savait pertinemment qui le portait de la sorte. Daniel l'allongea ensuite dans ce qui ressemblait fort à un nid douillet fait de nattes, de couvertures et de fourrures douces. Il faisait chaud, sec. Draco poussa un bref soupir de contentement alors qu'il se pelotonnait dans ce refuge réconfortant. Il était à l'abri dans la maison, les dominants voulaient bien de lui ici, dans leur chaumière. Il n'en conçut pour la première fois aucune crainte, juste un profond soulagement. D'autant que l'odeur d'une soupe qui cuisait éveillait délicieusement ses papilles.

« Il est vraiment dans un sale état, » maugréa Archus, au loin.

« Il pourra se reposer, désormais. Mais il ne fallait pas attendre plus avant la révolte, tu as raison. Je ne suis pas certain qu'il aurait supporté notre voyage, autrement. »

« En parlant d'attente, quand ferons-nous les cérémonies, Daniel ? » demanda Heimdall.

« Pour celle de la meute, demain soir. Pour celle qui concerne Draco et moi, pour les fêtes du solstice. Epsilon, tu pourras vérifier son état avant de manger ? »

« Sans problème. Oméga, je sais que tu ne dors pas, viens me rejoindre. »

Draco ouvrit ses yeux en papillonnant des paupières. Il s'assit avec difficulté, véritablement épuisé. Le fait que les dominants parlent de lui de cette façon était inattendu. Certes, le groupe présent était celui de la révolte, ceux qui l'avaient protégé les premiers, mais malgré tout, il restait dubitatif. Compagnon-Loup, lui, était heureux. Heureux et soulagé. Sa partie lupine était tout aussi fatiguée que lui, elle n'avait qu'une envie, se rouler en boule dans les couvertures et dormir. Durant tout l'hiver si cela était possible. Draco bailla et se traîna à quatre pattes vers Epsilon. Sans cérémonie, ce dernier le plaça entre ses jambes et entreprit de le déshabiller.

Le fait de se retrouver nu face à tous ces dominants réveilla les anciennes peurs de Draco. Il gémit et chercha à s'extirper des bras du mâle.

« Calme, Oméga, je vérifie ton état de santé, rien d'autre, » lança fermement Epsilon en lui jetant un regard sévère ainsi qu'une tape sèche sur les fesses.

Draco ferma les yeux et s'allongea docilement sur le sol. Ce dernier était fait de bois, sauf vers le foyer et la cheminée où la terre battue et les pierres régnaient en maître, y compris sur les murs.

Le mains de l'homme le parcourent, puis la baguette.

« Alors ? »

« Il est très faible, Daniel. Mais il n'est pas enceint. »

Draco rouvrit ses yeux, brusquement, avant de tourner sa tête vers celui qui avait tenté de le féconder à la place de leur ancien Alpha.

« Bien, je préfère ça pour le moment. Au moins, il n'y aura pas de doute possible. »

L'Oméga fronça ses sourcils blonds mais s'abstint de toute parole. Souvent, la prudence était de mise avec les dominants.

« Allez, viens avec moi, » lui dit Daniel en écartant bras et jambes.

Le garçon se glissa entre les membres offerts, colla son corps contre celui plus fort et plus âgé. Il referma aussitôt ses yeux alors que le mâle lui caressait le dos et les cheveux. Compagnon-Loup frémissait de bonheur. Enfin, enfin il allait pouvoir être câliné par son compagnon sans crainte de représailles ! Cette pensée perturba l'adolescent. Compagnon-Loup estimait toujours que Daniel était son compagnon. Il aurait aimé poser la question mais n'osa pas, de crainte que le dominant ne l'allonge au sol afin de s'accoupler avec lui, prenant ses questionnements pour une invitation. Pas qu'il n'en ai jamais eu besoin, mais mieux valait éviter de le tenter.

Les dominants mangèrent en cercle, Daniel donnant régulièrement de la nourriture à l'Oméga de plus en plus endormi entre ses bras. La chaleur, la quiétude laissaient Draco somnolent mais aussi plus hardi. Sans même s'en rendre compte, il se mit lui aussi à caresser le bras de Daniel et à frotter son nez régulièrement contre son torse. Le silence se fit dans la maisonnette, chacun appréciant le calme de ce qui était pour eux une après-guerre.

« On va rester ici tout l'hiver ? » murmura Draco, perdu dans cette torpeur.

« Oui. Pas d'errance pour nous cette fois. Nous ne repartirons qu'avec les beaux jours, » répondit Daniel.

Draco soupira d'aise. Enfin du repos.

« De quoi allons-nous vivre, Daniel ? » demanda Vircolac.

« Les forêts alentour sont plutôt prospères. Il y a aussi, plus au Sud, quelques villages. Quelques-uns parmi nous irons y chercher des vivres. Acheter, je précise, ou échanger contre de la viande. Nous avons aussi quelques réserves dans nos sacs. Si vraiment cela ne suffit pas, il faudra penser à faire un ou deux raid, mais plus au Nord et à l'Ouest. Les villages sont plus éloignés de ce côté-ci, ils ne nous retrouveront pas. »

« Le mot raid me plaît bien mieux, » ricana Vircolac, suivi par Heimdall.

« Nous verrons. Je n'oublie pas non plus nos anciennes missions. Greyback était tellement concentré sur Ralph qu'il les a oubliées. Moi non. Nous allons devoir finir le travail et les commandes. Et aussi en chercher d'autres. »

Draco frissonna. Avec ou sans Greyback, les hommes de sa nouvelle meute restaient mercenaires. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus qu'il s'endormait pour de bon.

La journée du lendemain fut indolente pour Draco, il ne quitta que peu l'endroit dévolu au sommeil, fait des nattes et des couverture ainsi que des fourrures. Tous avaient dormi là, entassés les uns à côté des autres. Si les dominants étaient désormais dehors, en chasse, au bois ou à remplir les outres d'eau, Draco, lui, préféra végéter. Personne ne lui demandait quoi que ce soit, cela lui convenait. Étrange, certes, mais parfait. Les dominants le laissaient dormir, manger, boire, à sa convenance.

Pourtant, alors que la nuit tombait, Draco fut sommé de se lever et de venir avec eux à l'extérieur. Il faisait froid, le garçon, nu sous sa couverture et une fourrure, sentit son nez devenir glacé. Neuri l'assit au sol, à côté d'un feu de camp.

Daniel était debout, nu lui aussi, comme tous les lycanthropes. Il respirait la puissance, la force. Un son sourd sortit soudain de sa poitrine, pour se transformer en hurlement. Draco recula, effrayé. Les autres hommes y répondirent, l'air s'emplit de phéromones, de colère, d'aura de dominance. Les dominants allaient se battre, compris l'adolescent terrorisé.

À peine pensa-t-il à cela que Daniel se transforma en loup, ainsi que tous les autres. Draco hurla, il se redressa et voulut s'échapper, néanmoins un poids fut aussitôt sur lui. Une patte le plaqua au sol. Le gamin hurla toujours, se débattit, mais rien n'y fit, le loup sur lui ne bougeait toujours pas d'un pouce. Draco entendait des cris, des bruits de lutte, de combat. Au bout de quelques secondes, qui lui parurent des heures, il réalisa que le loup sur lui, à savoir Archus, ne lui faisait rien, il se contentait de le maintenir au sol. Draco put tourner la tête, enlever de longues mèches de cheveux blonds devant ses yeux afin de regarder vers les combattants.

Daniel et Epsilon se battaient devant les flammes. Les autres étaient autour d'eux, crocs dehors, babines retroussées. Neuri s'attaqua lui aussi au Loup-garou noir, mais il fut rapidement mis hors de course. La façon dont le loup fauve battit en retraite interpella Draco. Il eut un hoquet de stupeur en comprenant que les dominants ne combattaient pas vraiment. Certes, Epsilon et Daniel semblaient remplis de fureur, mais Draco, au fond de lui, savait qu'ils ne donnaient pas tout ce dont ils étaient capables. Ils ne cherchaient pas à blesser réellement leur adversaire.

Rapidement, le Loup-garou noir qui était Epsilon se coucha au sol sur le dos, pattes écartées en signe de reddition. Daniel s'avança vers lui et sans somation, le mordit férocement à l'épaule. Epsilon hurla mais ne protesta pas. Neuri s'avança à son tour, en rampant. Une fois devant le mâle dominant, il s'allongea lui aussi et subit le même sort. Vircolac et Heimdall firent de même, Daniel les mordit également, bien que moins profondément. Enfin, Archus libéra Draco et s'approcha de son frère. Ils se frottèrent mutuellement la truffe, sans rien faire d'autre.

Quand Daniel s'approcha de lui, Draco fondit en larmes. Il ne voulait pas être mordu. Pas encore.

« Daniel, non, s'il te plaît, me mord pas, j't'en prie, » pleura le garçon en levant ses mains en un geste de protection.

Ce ne fut pas une patte de loup qui se posa sur son épaule mais une main humaine.

« Je ne te mordrai pas. Pas aujourd'hui tout du moins. Toi, ce sera pour les fêtes du solstice. »

Draco leva un visage humide de larmes.

« Pour.. Pourquoi ? »

« Tu le verras. »

L'homme se saisit du garçon, le porta et rentra de nouveau dans la maison. Draco sentit son cœur battre à tout rompre. Daniel était l'Alpha désormais, sans aucun doute possible. Il ne savait pas exactement ce qui s'était passé tout à l'heure mais il était devenu leur Alpha légitime à tous. Son odeur ne laissait que peu de doute. Mais alors, pourquoi ne pas l'avoir mordu se demanda l'adolescent. Il ne le voulait pas, mais au vu de leur petit nombre, Daniel aurait dû le faire. Il ignorait comment il le savait mais c'était ce que son instinct lui disait. Daniel devait le marquer, d'une façon ou d'une autre.

Le garçon écarquilla grand ses yeux en comprenant ce qu'il venait de penser. Oui, Daniel allait le marquer, mais pas de la même façon que les autres. Le mâle était excité maintenant. Sexuellement excité.

« Non... » souffla Draco alors que le dominant à peau brune s'allongeait sur lui.

Il ferma les yeux, l'aura de Daniel le plaquant sur la natte aussi efficacement que ses mains et son torse. Draco se mordit les lèvres. Est-ce que Daniel allait le prendre ? De quelle façon allait-il le prendre ? La mort de Greyback allait-elle changer quelque chose à son destin, à la façon dont l'homme allait s'accoupler avec lui ?

Les mains qui le caressaient lui apportèrent de suite un semblant de réponse. Daniel ne le caressait pas avant. Pas de cette façon en tout cas. La bouche de l'homme était aussi sur lui, mais elle ne mordait pas, non, elle embrassait sa peau, la léchait. Lorsqu'elle se referma sur son petit téton et l'aspira, Draco poussa un petit cri tout en ouvrant de nouveau ses yeux. Il ne savait pas ce que faisait Daniel mais c'était plutôt agréable.

Le garçon gémit, se tortilla alors que le dominant continuait de l'embrasser et de le toucher. Les autres mâles rentrèrent également, s'installèrent à côté d'eux afin de regarder leur nouveau chef revendiquer l'Oméga de leur meute.

Draco en fut honteux, d'autant que Daniel poursuivait sa course et d'un coup, prit son pénis dans sa bouche. L'Oméga cria une nouvelle fois en crispant ses doigts dans les cheveux aux boucles noires. Jamais personne ne lui avait fait cela. Lui-même avait plus d'une fois accordé de cette façon du plaisir à tous les hommes qui le dévisageaient, mais Daniel était le premier à lui faire ressentir ce que cela faisait.

« Oh... Oh ! » gémit-il.

Les mains de Daniel était toujours sur son torse, son ventre, ses hanches. Draco se sentit partir dans un monde totalement inconnu. Celui du plaisir. Il haleta de plus en plus vite, de plus en plus fort, au rythme des succions sur son sexe. Puis il explosa dans un cri, sa tête rejetée en arrière. Daniel redressa sa tête également, il cracha le sperme du garçon sur le ventre pâle et creux avant de l'étaler de sa main. Alors que Draco était encore perdu dans les limbes du plaisir, le nouvel Alpha se masturba violemment au dessus du nombril de l'Oméga. Sa semence jaillit, maculant l'adolescent. Daniel s'effondra sur le corps fin, frotta leur ventre et leur torse l'un contre l'autre afin d'étaler plus encore leur deux jouissances sur eux.

Encore humide et poisseux de leur orgasme, il s'allongea sur les nattes, prit le garçon contre lui et les couvrit d'une couverture. Les autres mâles firent de même, s'allongeant pour la nuit auprès de l'Alpha et de l'Oméga. Vircolac fut le dernier à s'endormir. Excité par le spectacle qu'il venait de voir, il se masturba et jouit à son tour dans sa propre main quelques instants plus tard.

Les jours succédèrent de nouveau aux jours. Draco ne comprenait toujours pas pourquoi, mais les dominants le laissaient en paix. Il dormait, mangeait, sortait peu, uniquement pour faire ses besoins la plupart du temps, alors que la neige faisait son apparition. Epsilon l'auscultait tous les jours, vérifiant qu'il allait bien. De fait, il allait de mieux en mieux et avait reprit du poids.

Ce que Draco comprenait le moins étant que Daniel ne le baisait toujours pas. Après leur petite séance masturbatoire, le garçon avait été persuadé que l'Alpha souhaiterait s'accoupler avec lui, mais rien. Il ne le regrettait pas mais cela le laissait plus que perplexe. Pire, Compagnon-Loup ne comprenait pas non plus et, contrairement à l'humain, commençait à le vivre comme un rejet. Cela était d'autant plus incompréhensible que Daniel le désirait, avec de plus en plus de force au fur et à mesure que le temps passait.

Non, Draco ne comprenait pas. Il était même de plus en plus perdu. La fête du solstice d'hiver approchant, il espérait que ce jour lui apporterait une réponse, quelle qu'elle soit. Il n'avait en effet pas oublié que ce jour-là, Daniel le mordrait, c'était ce qu'il lui avait dit.

Le jour fatidique arriva, et avec lui l'angoisse de Draco grimpa. La meute était tendue, bien que joyeuse. Il avait neigé mais le temps était dorénavant plutôt beau. Draco, assis au sol, regardait les hommes qui préparaient d'étranges mixtures dans des bols.

« C'est quoi, Epsilon ? » demanda le garçon, sa curiosité l'emportant sur sa crainte.

« C'est pour la cérémonie de ce soir. »

« C'est pour les fêtes ? C'est de la peinture ? Les Werwulfs peignent pour le solstice ? »

Neuri et Archus explosèrent de rire alors qu'Epsilon levait les yeux au ciel.

« Non, gamin, c'est pour l'union, » fit Neuri en lui ébouriffant les cheveux.

Draco plissa son nez. Neuri était l'un des Werwulfs les plus doux, surtout avec lui. Il alla donc vers l'homme qui pour sa part préparait un ragoût de lapin et posa sa tête sur son épaule.

« L'union ? »

« Oui. Toi et Daniel allaient être unis cette nuit, » expliqua à son tour Archus.

Draco sentit sa bouche s'ouvrir sous le choc.

« Unis ? Comme... comme unis, on sera... compagnon ? »

« Oui. Tu ne l'avais toujours pas compris ? Décidément, tu es beau, Oméga, c'est un fait, mais parfois tu es lent à la comprennette, » se moqua gentiment Neuri.

Draco ne dit plus rien. Son cœur battait la chamade alors que la peur, mais aussi l'espoir, l'envahissaient. Petit-Homme avait peur, Compagnon-Loup espérait. Daniel serait donc son véritable compagnon, cette nuit ? Ne sachant plus où il en était et ce qu'il devait penser, Draco sortit de la cabane afin de retrouver le principal intéressé. Daniel était en train de couper du bois à l'aide d'une hache un peu plus loin, vers le bûcher.

« Alpha, » murmura le gamin, deux pas derrière lui.

« Oui ? »

Daniel posa la hache, que Heimdall saisit aussitôt pour le remplacer dans sa tâche, et s'approcha du gosse qui gardait sa tête basse.

« Qu'il y a t-il ? »

En sentant les mains du dominant sur ses épaules nues, Draco craqua. Il se mit à pleurer tout en se serrant contre le torse du mâle. Les pensées et les sentiments contradictoires qui l'assaillaient depuis des mois au sujet de Daniel étaient épuisantes. Il n'en pouvait plus.

« Que veux-tu de moi, Alpha ? Est-ce vrai qu'on sera uni ? Tu veux quoi ? Est-ce que tu seras mon compagnon ? Mon vrai compagnon ? Est-ce que tu feras comme Greyback ? Tu veux un enfant de moi ? Tu me donneras aux autres ? Je sais plus où j'en suis, ce que je dois faire, ce que tu veux, et je suis fatigué, tellement fatigué. »

Draco sentit que Daniel le portait, comme il le faisait si souvent depuis qu'ils étaient ici. Il ne l'emmena cependant pas dans la maison mais un peu plus loin, où il assis le jeune Oméga sur une souche d'arbre mort. Il laissa l'enfant pleurer contre lui, lui donna le temps de se calmer alors qu'il lui caressait les cheveux et la nuque. Quand enfin les larmes se tarirent et les reniflements se firent moins forts, il prit le visage larmoyant entre ses mains pour le redresser et plonger ses yeux sombres dans les clairs.

« J'ai fait des promesses, Draco. »

Le garçon regarda l'Alpha dans les yeux. Il le pouvait avec lui. Surtout quand ils n'étaient que tous les deux, comme maintenant. Quand Daniel appelait son regard avec le sien.

« A toi, et aussi à ton amie dominante. »

« Hannah... » souffla Draco.

« Elle est morte dans mes bras, Oméga. Elle m'a fait promettre de veiller sur toi. Et j'ai promis. Je lui ai promis de m'occuper de toi, de faire de toi mon compagnon un jour, d'élever nos louveteaux ensemble. Quant à toi, je te l'ai dit aussi, Draco. Aucun autre mâle ne posera ses mains sur toi. Je serai ton compagnon cette nuit et jusqu'à ce que la mort nous prenne. »

Draco laissa de nouveau ses larmes couler sur ses joues. C'était ce que Hannah aussi lui avait dit, un jour. Que ce n'était sans doute pas le destin qu'il méritait mais que Daniel serait celui qui le sauverait et lui permettrait de vivre. Malgré cela, malgré le soulagement qu'il ressentait, le garçon était atrocement malheureux. Daniel ne lui parlait pas d'amour. Il ne connaîtrait pas l'amour. Est-ce qu'au moins il serait tendre avec lui, durant l'acte ? Est-ce qu'il lui donnerai du plaisir, comme il l'avait fait la nuit où il était devenu l'Alpha ?

« Prendras-tu soin de moi, Alpha ? »

« N'est-ce pas ce que je fais déjà ? »

Draco hocha la tête. Il savait qu'il allait sans doute trop loin dans ses questions. Fenrir l'aurait déjà battu depuis longtemps pour oser tenir de tels propos. Mais Daniel n'était pas Fenrir, lui glissa Compagnon-Loup.

Le garçon essuya ses joues avant de retourner dans la cahute. Il s'enroula dans sa couverture, comme à l'accoutumée, et s'empressa de s'endormir. Au moins, quand il dormait, il oubliait.

… … …

La peur lui nouait le ventre. Les dominants, en dehors de Neuri, étaient face à lui, nus et agressifs. Le feu qui les séparait lui semblait un bien faible rempart. Il se cramponna à l'homme roux alors que ce dernier terminait de lui mettre de la peinture sur le corps à l'aide de ses doigts.

« Neuri, j'ai peur ! »

« C'est l'union, Draco, tu n'as pas à avoir peur. J'ai déjà vu des unions dans mon ancienne meute, celle où je suis né. Tu verras, tout se passera bien. »

L'Oméga chercha toutefois encore le réconfort des bras du dominant, oubliant que cet homme, un jour, avait abusé de lui. Il ne pensait plus à cela depuis que les hommes ne le touchaient plus, ne le voulait plus, au risque de devenir fou. Neuri lui tapota le crâne mais le poussa devant lui, debout face aux autres dominants de la meute. Daniel était au centre, lui aussi le corps recouvert de peinture.

Heimdall et Archus le tenaient chacun par un bras alors que Daniel, en apercevant Draco, se mit à se débattre afin de le rejoindre. Epsilon s'approcha de lui, lui fit boire une gorgée d'un liquide dans un gobelet. Le Bêta se dirigea ensuite vers Draco qui gémit et se retourna dans les bras de Neuri.

« Non ! Non ! »

Mais le rouquin se contenta de lui maintenir les bras afin qu'Epsilon puisse l'obliger à avaler à son tour le breuvage.

Draco eut le sentiment de flotter, de brûler. Il se débattit mais finit par lâcher prise alors que tout autour de lui se teintait de noir et de rouge. La peur ne le quittait pas, elle augmenta même d'un cran alors qu'Epsilon lui passait le bracelet en argent restricteur. Il tomba au sol, paniqué, quand Neuri et le Bêta le lâchèrent. Ses yeux troubles virent alors l'enfer se déchaîner devant lui. Daniel s'était transformé et le regardait, ses babines retroussées.

« Cours, Oméga ! »

Le garçon ne savait pas qui avait hurlé et ne chercha pas à le savoir. Nu comme un ver, il se mit à courir le plus vite et le plus loin possible. Il savait que Daniel le poursuivait mais la terreur était telle qu'il n'arrivait plus à contrôler quoi que ce soit. Les souvenirs se mélangeaient dans sa tête, il ne savait plus qui le poursuivait et pourquoi. Aussi, quand le loup bondit sur lui et lui déchira la chair de ses crocs, il se contenta de hurler, perdant ses esprits et s'évanouissant, purement et simplement.

Il reprit conscience alors qu'il était à moitié allongé dans les bras de Daniel. Ils étaient dans la maison et tous les autres mâles s'affairaient autour d'eux. Cet état de fait fit gémir le garçon de terreur. Non, non il ne voulait pas qu'ils recommencent, Daniel le lui avait promis ! Les membres lourds et l'esprit brumeux, l'Oméga se mit à geindre, à pleurnicher tandis que des mains le touchaient. Les bras de Daniel le serrèrent un peu plus, son aura glissa sur lui afin de tenter de le calmer. Le jeune homme ouvrit légèrement les yeux alors que de l'eau délicieusement chaude était versée sur son ventre. Il vit que les autres dominants ne le caressaient pas, du moins, pas comme il l'entendait. Ils les lavaient, Daniel et lui. Epsilon s'occupait de la nouvelle morsure sanguinolente sur son épaule.

Draco gémit, chercha instinctivement la chaleur et la protection de son Alpha. Daniel le tenait fermement tout en laissant les autres dominants les toucher afin de les nettoyer. Parfois un sourd grondement rauque résonnait dans sa gorge. L'Oméga se laissa faire, amorphe et brûlant. Le venin de Daniel courrait dans ses veines. Il somnola à moitié, jusqu'à ce que Daniel ne le porte à nouveau. Draco ouvrit brièvement ses yeux avant de les refermer aussitôt. Daniel l'avait allongé sur le ventre dans le nid qui leur servait à dormir. Le poids de l'homme fut immédiatement sur lui et Draco sut ce qui l'attendait. Il en frissonna de peur mais ne put protester. L'aura de Daniel l'englobait tout entier, le maintenait cloué au sol de façon tout aussi efficace que son corps. Et puis, il ne se sentait ni la force, ni le courage de se rebeller. Ce n'était pas dans sa nature, mais plus que cela, ses mois de captivité lui avait appris que la rébellion, en ce qui le concernait, ne lui apportait que douleur et supplice. Sans compter que le venin de Daniel le laissait fiévreux et légèrement alangui. Il laissa donc l'homme lui écarter les jambes, s'installer entre elles. Il poussa une sourde plainte alors qu'une humidité envahissait ses fesses, puis des doigts. Daniel le préparait à le recevoir, avec impatience certes, cependant quelque chose de nouveau apparut. L'homme l'embrassait. Sa bouche parcourait ses épaules, sa langue léchait sa morsure, l'une de ses mains soulevait ses cheveux afin de dévoiler sa nuque qu'il mordilla doucement et embrassa, elle aussi. Draco gémit une nouvelle fois, incertain. C'était doux, plus doux que les simples caresses de la main brune sur son dos, quand Daniel le baisait autrefois. L'homme le désirait ardemment, mais il prenait aussi un peu plus son temps.

Les attouchements durèrent encore quelques minutes, puis Draco sentit le sexe épais du dominant pénétrer son intimité. Il gémit plus fort, son corps ayant perdu l'habitude des coïts. Il se tortilla un peu, mais Daniel le maintenait toujours fermement. Son aura se fit plus puissante, alors que son pénis s'enfonçait entre les chairs tendres du garçon. Draco lâcha prise, tenta de refouler la douleur sourde qui le saisissait. Alors que le premier va-et-vient lui labourait les entrailles, le garçon hurla, mais pour une autre raison que ce qui se passait dans son bas-ventre. Les dents humaines de Daniel venaient de s'enfoncer, à l'image de son sexe, dans sa chair, là où le loup l'avait mordu quelques temps plus tôt.

Draco pleura, tenta de se débattre mais en vain. Daniel le possédait de ses dents et de son sexe. Les deux étaient solidement ancrés dans son corps, le tenant sans pitié. Le garçon, une fois encore, céda, l'aura de Daniel ne lui laissant de toute façon pas le choix de même que ses membres qui le gardaient prisonnier. L'homme s'activa dans son dos, les bruits sourds et claquants de son pubis contre les fesses blanches résonnèrent dans l'air de la pièce. Ses dents lâchèrent enfin sa proie, aussitôt remplacées par sa bouche et sa langue. Draco se sentit partir dans des limbes brûlantes. Le venin, la salive de l'homme étaient en lui, tout comme cette verge chaude dans ses entrailles en feu. La douleur s'éloigna, ne laissant place qu'à cette chaleur moite et dévastatrice qui l'englobait tout entier. Aussi étrange que cela puisse être, Draco sentit de nouveau la graine du plaisir dans son ventre. Elle était là, comme souvent quand Daniel le prenait. Il voulu se concentrer sur elle, malgré cela, le garçon épuisé tomba dans un semi-sommeil comateux. Il comprit vaguement que son dominant, son désormais compagnon, jouissait en lui, l'imprégnait de sa semence puis qu'il le prenait dans ses bras avant de s'endormir pour de bon.

Quand Draco se réveilla le lendemain, il ne gardait que des souvenirs flous de la veille. Il savait, sans l'ombre d'un doute, que Daniel l'avait baisé et qu'ils étaient désormais unis, mais le reste était teinté de noir, gris et d'ombres rougeoyantes. Il resta allongé sur les nattes et les couvertures, incertain. À sa gauche, Heimdall dormait toujours, lui aussi. Les autres étaient levés et déjeunaient. Ses sens lupins en éveil, Draco compris que dehors le blizzard soufflait. Les hommes resteraient à l'abri, aujourd'hui.

« Viens manger, Oméga, » lui lança Archus.

Draco se traîna donc avec eux et prit le bol que lui tendait le frère de son amant. Est-ce qu'ils étaient beau-frère, désormais ? L'idée lui sembla un peu absurde, pourtant, c'était bien ce qu'ils étaient si l'union se comparait à un mariage. L'adolescent avisa que tous étaient habillés, à part lui. Il en fut un peu honteux et chercha des yeux les chiffons qui lui servaient de pantalon et chemise. Epsilon s'en rendit compte et se mit à rire.

« Tes guenilles nous servent de torchons, tu en auras d'autres quand notre Alpha le décidera. »

Draco jeta un regard en coin à Daniel qui mangeait à côté de son Bêta.

« Pas de suite. Je le veux nu avec moi. »

Draco baissa la tête et continua de boire son bouillon.

« Et quand il sortira ? » demanda Archus.

« J'accorde des vêtements à ce moment-là uniquement. Mais il n'a pas à sortir sauf pour ses besoins. »

L'ordre sous-jacent était clair, Draco le comprit aisément. Il finissait à peine son déjeuner en trempant de généreux morceaux de pain dans son bol quand Daniel se leva et se tint devant lui. Draco poussa un petit cri de surprise alors qu'il était soulevé du sol et que l'homme, une fois encore, le déposait sur les nattes.

Les phéromones du désir emplirent l'air, tout comme l'aura de puissance de l'Alpha. Draco se laissa une nouvelle fois faire. Si Daniel faisait comme Greyback la première fois qu'il l'avait possédé, il savait que l'homme s'accouplerait de nombreuses fois avec lui dans la journée. Greyback l'avait torturé si souvent dans cette caverne maudite.

Mais ce n'était pas comme avec Greyback.

Il était sur le dos, Daniel entre ses cuisses ouvertes. Le dominant ne le blessait pas. Il faisait comme la veille : le visage dans son cou, il l'embrassait. Draco rejeta sa tête en arrière, tant pour montrer sa soumission que pour lui laisser un plus large accès. Megan avait raison, les baisers, c'était bon. Compagnon-Loup était heureux, rassuré. Daniel était tendre avec lui. Le jeune Oméga voulait plaire au mâle, lui montrer qu'il serait un bon compagnon, lui aussi. Il voulait que le dominant le prenne. Draco gémit et eut un petit frisson alors que la bouche de Daniel se déplaçait sur son torse maigre. Il maudit sa partie lupine, mais ne pouvait pas lutter, ni contre elle, ni contre les désirs de son Alpha. Son aura glissait sur lui, le laissait indolent et passif. Alors il abandonna et se concentra sur le plaisir présent. Les caresses lui donnaient du plaisir, c'était tout ce qui lui importait pour l'instant.

Il savait que les autres mâles étaient là, qu'ils les regardaient. Encore une fois, ce n'était pas comme lorsque Greyback le possédait devant eux. L'ancien Alpha le faisait pour l'humilier, pour démontrer à ses hommes sa toute puissance. Daniel, lui, s'en moquait. Qu'ils soient présents ou non le laissait totalement indifférent. Il s'accouplait avec son compagnon et si ses hommes les regardaient pour se rincer l'œil, pour se distraire, voire, dans le cas de Vircolac, s'exciter et se masturber ou pour une toute autre raison, ce n'était pas important.

Toujours légèrement fiévreux, Draco posa ses mains sur les longs cheveux bouclés de Daniel. Encore un geste qu'il n'aurait jamais pu se permettre avec Greyback. Compagnon-Loup lui intima l'ordre de ne plus penser au Sanguinaire, ce n'était pas le moment. Non, alors que la langue de Daniel glissait dans son nombril, Draco fut bien de l'avis de sa partie lupine. Il gémit encore, de plaisir, et ses hanches se mouvèrent vers son dominant. Oh, si Daniel pouvait lui accorder encore une fois le délice de sa bouche ce serait si merveilleux, pensa l'adolescent, l'esprit embrumé.

Il poussa un léger cri alors que son vœux était exaucé. Le garçon ne croyait pas à sa chance. Daniel se saisit de ses jambes, les plaça sur ses épaules brunes afin d'avoir un meilleur accès à l'entière intimité du soumis.

Les attentions linguales durèrent un instant, avant que le dominant ne délaisse la verge tendue et rougie pour remonter dans le cou tendre. Ses jambes toujours sur les épaules de l'Alpha, Draco sentit son derrière être surélevé. Que faisait donc Daniel ? Pourquoi ne le retournait-il pas sur le ventre puisqu'il avait cessé de le sucer ?

Il eut sa réponse alors que des doigts humides le pénétraient rapidement pour laissait tout aussi rapidement la place à la verge du mâle. Draco poussa un gémissement rauque, arqua son dos et sa nuque sous la lente poussée. Ses bras rejoignirent ses jambes et se posèrent sur les épaules fermes du dominant au-dessus de lui qui commença aussitôt ses va-et-vient, pénétrant profondément le garçon de son sexe.

Draco garda ses yeux clos alors que de sa bouche s'échappait des plaintes et des geignements. Pour autant, ils ne témoignaient pas d'une quelconque douleur, loin de là. Ce que faisait Daniel était toujours bon, surtout que l'homme ne cessait de l'embrasser et de le caresser. Compagnon-Loup en frémit de contentement.

Totalement languissant et offert, Draco laissait le pénis fourrager ses chairs sans aucune résistance. Ce n'était pas la même position que ses précédents coïts, cela le perturbait mais lui faisait aussi découvrir d'autres sensations. La graine de plaisir s'éveilla de nouveau en lui et alors que Draco ouvrait les yeux, elle s'épanouit enfin, grandissait à travers ses membres, ses nerfs.

Daniel se redressa sur ses coudes, ses yeux noirs plongèrent dans les gris. Draco sut que l'homme voulait qu'il le regarde, l'autorisait à soutenir le feu de ses prunelles. Alors Draco, sans doute pour la première fois, regarda vraiment l'homme qui le possédait.

Il était grand, fort, ses muscles jouaient sous sa peau. Il les sentait qui bougeaient et roulaient sur son corps. Ses jambes pâles sur les épaules rondes tranchaient avec la peau brune, d'une couleur chaude, proche de celle du café au lait que buvait sa mère le matin. Les cheveux noirs, longs et bouclés, tombèrent sur les joues de Draco alors que Daniel baissait de nouveau sa tête pour l'embrasser furtivement dans le cou. Quand il releva son visage, Draco réalisa que l'homme, sans être foncièrement beau, était loin d'être laid. Il en fut stupidement heureux tandis que Compagnon-Loup, dans un élan narcissique, en fut hautement satisfait. Le nez était droit, les lèvres épaisses. Draco focalisa son regard sur elles pendant que les paroles de Megan revenaient dans son esprit.

Il avait envie d'essayer.

Ses mains se saisirent avec crainte et respect de la nuque du dominant, il s'en servit comme appui pour redresser sa tête et faire abaisser un peu celle de son amant qui labouraient toujours ses chairs. Draco avait peur, peur de faire un geste défendu, mais il continua pourtant, jusqu'à ce que ses propres lèvres rose pâle se posent sur celles de l'Alpha.

L'homme le plaqua aussitôt au sol avec force, ses reins accélèrent le rythme entre les fesses blanches. Draco ne put crier car la langue humide du dominant s'engouffra quant à elle dans sa bouche et fourragea avec entrain sa cavité buccale. Les mains de Draco se crispèrent dans les boucles noires. Sa langue, mue d'une vie propre, s'enroula autour de celle du dominant.

Les sensations, le désir, le plaisir, explosa dans tout son corps. La graine avait non seulement grandi mais elle fleurissait, explorait la moindre parcelle de son être. Il haletait, sa bouche parvenant à se détacher de temps à autre de celle de Daniel afin de pouvoir respirer bruyamment. Les gémissements de plaisir, les cris de volupté se propagèrent dans la pièce. Alors c'était ça, faire l'amour ? pensa furtivement Draco. Pourtant, l'homme n'avais pas dit qu'il l'aimait. Est-ce qu'on pouvait faire l'amour sans sentiments ? Car ce qu'il vivait là, en cet instant, ressemblait à ce que Megan lui avait expliqué un jour. C'était bon, c'était enivrant. Jamais le sexe d'un homme en lui ne lui avait fait ressentir tout cela. Alors ça devait être faire l'amour, non ?

La main de Daniel se saisit de son pénis en érection, le masturba, faisait geindre Draco d'un nouveau délice. L'homme accéléra encore la cadence, de son sexe, de sa main et de sa langue. Il poussa un grognement grave, lança son pénis le plus loin possible dans l'étroit fourreau de chair et Draco sentit les spasmes de l'orgasme de son amant alors qu'il explosait en lui. Quelques secondes plus tard, alors que l'homme bougeait toujours son sexe entre ses reins, jouait de sa langue et de sa main, Draco jouit à son tour dans un cri, maculant les doigts chocolat de blanc.

Les deux hommes restèrent unis un instant, dans leur corps et leurs souffles erratiques, front contre front. Puis Daniel se retira lentement et s'effondra sur la natte, à côté de Draco. Le garçon blond ne bougea pas, les jambes douloureuses à cause de la position qu'il avait eue. Mais il s'en fichait. Seules comptaient la chaleur dans son ventre et les bulles de félicité qui éclataient encore dans son crâne.

« Putain ! Alors ça c'est ce que j'appelle une putain de partie de jambes en l'air ! » s'écria Vircolac.

Draco grogna, maudissant ce stupide dominant. Il se tourna et se nicha dans les bras de Daniel.

« Dominant, cet imbécile me casse les oreilles, » marmonna-t-il.

Daniel explosa de rire et, à la surprise général, embrassa les cheveux blonds.

« Vircolac, la ferme, tu fatigues mon compagnon, » dit-il à son tour, un sourire aux lèvres.

Draco ouvrit ses yeux, étonné par les paroles de l'Alpha alors que dans la pièce, les éclats de rire fusaient. Il leva la tête afin de voir le visage détendu de son amant. L'avait-il déjà vu ainsi ? Il en doutait. Il posa sa paume sur la joue râpeuse, la caressa lentement.

« Est-ce que tous nos accouplements seront aussi bons, Alpha ? »

« Je le souhaite, » répondit Daniel.

Sans savoir pourquoi, les yeux de Draco se remplir de larmes. Il avait tant de choses sur le cœur, tant de mots qui ne voulaient ou ne pouvaient sortir de sa bouche. Il espérait, pour la première fois depuis des lustres, il s'autorisait de nouveau à espérer.

Daniel posa sa propre main sur la joue douce et humide, essuya les larmes.

« Pourquoi ce chagrin ? » murmura-t-il.

L'Oméga ne répondit pas, il tendit timidement le cou, effleura les lèvres du dominant d'un chaste baiser avant de reculer prudemment. Daniel sourit, lui rendit un baiser tout aussi chaste. Puis il embrassa les paupières de Draco qui se fermèrent.

… … …