ET LA SUITE ?


Bonjour, me revoici avec une nouvelle fiction, ou plutôt, des nouvelles fictions. En effet, ce que vous allez lire est un recueil d'OS.

Ces OS seront plus ou moins longs, certains auront plusieurs parties, d'autres non. Certains se dérouleront dans le même univers, d'autres n'auront rien à voir entre eux. Certains se suffiront à eux-mêmes, d'autres encore seront en lien avec d'autres de mes écrits, voire ne seront qu'un extrait de projets en cours.

Les paring seront aussi différents, pour ne pas dire éclectiques, bien que ce sera en majorité du slash M/M, mais pas que. J'ai longtemps hésité à mettre les paring en début de chaque fiction et puis bon... un peu de surprise ne fait jamais de mal, n'est-ce pas ? Sachez juste que vous verrez Harry, bien sûr, mais aussi Théo, Marcus, Olivier, Hermione, Blaise, Draco et bien d'autres encore, dans l'ordre et le désordre ;)

Pas de ''fin'' en bout de chapitre mais pas de ''à suivre'' non plus, sauf cas exceptionnel. Est-ce pour autant que ces histoires sont terminées ? Peut-être, peut-être pas, je ne sais pas encore. Ceci explique en partie le titre de ce recueil (bien qu'il puisse changer en cour de route) même si ce titre est également un clin d'œil à mes bêtas, Nanola en tête, qui me susurrent toujours à l'oreille quand j'envoie un texte : ET LA SUITE, BORDEL !? Charmant, n'est-ce pas ^^

La raison de ces OS ? Le point commun ? Tous sont des cadeaux.

Des cadeaux à des ami(e)s selon leur souhait ou tout simplement à des gens à qui j'ai eu envie d'écrire quelque chose. Donc, certaines écritures ne seront pas de mon goût mais c'était aussi la règle du jeu : ne pas écrire forcément ce que j'aime mais ce qui fait plaisir.

Bonne lecture.

Mandy


HISTOIRE 1


Bêta correctrice : Nanola

Bêta lectrice : Chapaf

Rating : M

Genre : slash M/M

Warning : présence de violence psychologique et physique

Destinataire : Redkunst (à vos souhaits)

Redkunst voulait un OS d'un genre un peu particulier et avec de la sensualité. Elle m'a harcelée et j'ai craqué parce c'est un chaton. Je craque toujours face à elle, Nanola ne cesse de se moquer de ma terrible faiblesse mais qu'y puis-je ?

Tiens, chaton, Nanola et moi voulions te faire la surprise de cette publication, en fait elle a corrigé ce texte il y a une semaine. Joyeux anniversaire :)


L'ARTISTE

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"L'art de vivre consiste en un subtil mélange entre lâcher prise et tenir bon" - Henri Lewis


Ses mains parcourent le torse devant lui, déclenchant une musique douce à ses oreilles. Son futur amant gémit, les yeux clos.

Il se sent l'âme d'un artiste. Cette nuit, il en sera un. Ses mains, son corps, seront l'archet sur le violon, le crayon et l'aquarelle sur le papier, la peinture sur une toile vierge. Il le façonnera, comme de la terre glaise qui devient œuvre d'art, le marbre une statue.

Ensemble, ils créeront une symphonie, un tableau de maître, une composition d'infinie.

L'artiste se penche vers son ouvrage, sa future création, ce qui deviendra, à n'en pas douter, l'œuvre de sa vie.

« Tu ne sais pas, tu ne sais pas ce que tu représentes pour moi, » marmonne-t-il en se penchant vers l'homme qui gémit, frémit alors que ses lèvres effleurent son oreille.

Il sourit, puis ses lèvres déposent un baiser juste sous le lobe tendre, son nez s'emplit de l'odeur divine qui émane de l'homme sous lui.

« Théo, » soupire-t-il.

Le baiser en devient deux, puis trois, puis une multitude alors que sa bouche découvre le cou, le creux de la clavicule, l'os saillant sur l'épaule ronde et surtout, ce torse blanc, imberbe, qui se soulève au rythme frénétique de la respiration de son amoureux.

Harry gémit à son tour, sa bouche se ferme sur un téton clair, plus que les siens, et de sa langue, il en trace le contour avec délectation. Le corps de Théo s'arque, ses reins se creusent alors que les lèvres de Harry s'étirent dans un sourire.

Non, Théo ne sait pas encore, mais bientôt il comprendra. Lui, il sait. Il a compris qu'il pouvait être celui qu'ils attendaient tous les deux. Cette nuit en sera la preuve. Harry ne veut pas imaginer un seul instant que leur expérience se soldera par un échec. L'idée en elle-même est absurde. Il sourit encore alors que le souvenir d'un film lui revient à l'esprit, film qu'il avait vu chez les Dursley, une après-midi où il était resté seul. « N'essaye pas, fais-le, ou ne le fais pas ! »

Non, Harry n'essayera pas cette nuit. Il va faire, et il va réussir. Cette nuit, Théo sera à lui, Théo sera aimé, protégé, comme il ne l'a plus été depuis des années, peut-être même jamais. Après tout, c'est bien ce qu'il lui avoué, tout à l'heure, avec sa bouche tremblante et ses yeux craintifs. Il n'a jamais rien fait avec un homme. Peut-être même n'a-t-il jamais rien fait avec une femme non plus. Cette nuit sera sa première, leur première. Et elle sera parfaite.

Harry continue son ouvrage, se laisse guider par ses instincts, ses envies, et par les gémissements qui s'échappent de la bouche de Théo.

Il est un chef d'orchestre qui s'échauffe. Bientôt, très bientôt, la musique éclatera, la danse débutera.

Sa langue trouve le nombril, elle le découvre pleinement, entre en lui comme un prélude à ce qui va suivre. Ses mains, plus hâlées que le corps pâle sous lui, se saisissent des hanches étroites afin de maintenir Théo qui se tortille sous les douces attentions linguales.

« Patience, patience, » ronronne Harry en le caressant. « Je vais bien prendre soin de toi. »

Un autre gémissement, une douce plainte glisse entre les lèvres de Théo. Harry redresse son visage, tombe dans les yeux bruns. Et de nouveau, il le ressent, ce coup au cœur, comme un poignard, une flèche qui le transperce et ne le fait penser qu'à lui.

La première fois qu'il l'a vu, ce regard, Harry s'en rappelle encore. Il n'était pourtant pas prêt à le voir, et encore moins sur ce visage qu'il connaissait depuis des année, sans vraiment le savoir.

Théo était sur le banc des accusés avec d'autres personnes. Les jugements se faisaient souvent ainsi juste après la guerre. On prenait une famille, un groupe, et les juges délibéraient rapidement. Harry était présent, pour presque chaque procès.

La veille, c'était une famille de trois personnes blondes qui avait comparu. Harry avait témoigné à décharge pour deux d'entre eux seulement. Malgré cela, les trois étaient ressortis libres, laissant un goût d'amertume dans la bouche de Harry. Le pouvoir de l'argent et certaines alliances n'étaient pas morts avec Voldemort, à n'en point douter.

Du coup, il avait hésité à venir pour ce procès-là, finalement convaincu par Hermione qui elle aussi y assistait.

« Nous devons veiller, Harry. L'injustice à la fin d'une guerre est monnaie courante et du coup, bien souvent aussi le lit de celle d'après, » lui avait-elle répété.

Harry était donc venu, plus écœuré que jamais par le rôle qu'il devait endosser. Lui qui avait espéré, cru qu'après cette guerre sa vie changerait pour devenir plus simple, il s'était lourdement trompé.

On ne tue pas un Seigneur Noir par deux fois sans en payer le prix.

Alors il s'était tenu, là, devant cinq personnes dont trois qu'il ne connaissait même pas. Les deux autres étant Gregory Goyle et Théodore Nott, deuxième du nom. Harry les avait à peine regardés, avant que le garçon filiforme, pâle et tremblant ne se lève alors que le juge l'appelait par son nom. Il semblait perdu, comme s'il ne comprenait pas ce qu'il faisait là, les chevilles et les poignets liés, installé à côté de meurtriers.

Harry avait croisé son regard, et son cœur avait eu un raté. Les yeux marron, chauds, étaient trempés par les larmes qui dévalaient sur ses joues creuses. Ils étaient tristes, emprunts de peur, de terreur même, et par dessus tout, semblaient l'appeler à l'aide.

Ce regard.

Il remua Harry au plus profond de ses tripes, l'envahit. Il en tomba, bien qu'il l'ignorât à ce moment-là, éperdument amoureux.

Des témoins avaient défilé, parlé, accusé les cinq personnes en face d'eux. Et Théo n'avait eu de cesse de pleurer, assis sur son banc, son visage caché par ses mains fines.

Harry s'était alors levé. Lui, Ron et Hermione bénéficiaient d'une place de choix, au premier rang sur un fauteuil rembourré et pile en face de la vermine qui avait suivi Celui-Dont-On-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom. Mais Harry le disait, lui, ce nom, avec du mépris, du dégoût dans chaque lettre. Avec la même envie de vomir qui lui tordait le ventre à chaque fois qu'il s'installait là, sous les hourras hypocrites de la foule.

Ils avaient donc une place d'honneur et la possibilité d'intervenir quand ils le souhaitaient. Ce qu'il fit.

« Nott n'était pas un Mangemort. Pas lui. Son père, oui, mais il est mort durant la Grande Bataille. »

A chaque fois qu'il prenait la défense d'un de ces êtres, les mêmes réactions s'enchaînaient. Soulagement, pleurs et remerciements chez l'accusé. Cris parmi ceux qui se disaient victimes. Cette-fois-là ne fit pas exception.

Pourtant, Harry entendait à peine ce qui se passait autour de lui. Ses yeux restaient accrochés à ceux de son ancien camarade de classe. Il n'avait pas vraiment connu Théo, mais justement, jamais le Serpentard ne lui avait fait la moindre crasse, même suite à l'affaire du Ministère quand son père s'était retrouvé à Azkaban. Pourtant, il aurait pu, peut-être même dû lui en vouloir, son père était son seul parent encore vivant, son emprisonnement le laissait complètement seul à à peine seize ans. Néanmoins, Théo n'avait rien dit, rien fait contre Harry ou ses amis. Il passait tout son temps à la bibliothèque ou le nez plongé dans des livres, en particulier ceux de potions. Harry s'étonna sur le moment de se souvenir aussi bien de ces instants, à Poudlard, alors que les yeux de Théo ne le quittaient pas, ses lèvres gercées murmurant sans fin une litanie de « merci, Harry, merci ».

Ses yeux, ce regard le hantèrent pendant des nuits. Des mois. Sans qu'il ne sache pourquoi.

La vie avait repris son cours, du moins pour la majorité d'entre eux. C'est bien ce que l'on dit, non, après une tragédie ?

Pas pour Harry, pas pour les victimes, les vraies, et ceux qui restent une fois les morts enterrés. Harry avait repris le chemin de Poudlard, passé ses ASPIC. Puis il était rentré à l'école des Aurors. Une fois encore, il faisait ce qui lui semblait juste, même si c'était aussi ce que le monde sorcier attendait de lui.

Et ça, il ne le supportait plus. Il était fatigué de ces sourires faux, de ces félicitation qui ne voulaient plus rien dire. Écœuré par ce qu'il voyait et vivait. Ces gens qui pleuraient des morts, leur vie détruite, et ceux qui festoyaient sur leur chagrin. Que les survivants soient d'un camps ou d'un autre, Harry le voyait de moins en moins, il ne voyait plus que la peine et la douleur.

Hermione le comprenait. Hermione était rentrée au Ministère et faisait ce qu'elle pouvait. Harry, lui, quand il ne travaillait pas, sombrait dans la déprime, l'alcool et les excès. Il avait rompu avec Ginny, il ne voulait pas s'engager dans une relation alors qu'il pouvait à peine se gérer lui-même.

Ron le lui avait longtemps reproché, avant d'admettre la vérité. Harry ne pouvait pas, ne voulait plus.

Le Survivant survivait, une fois encore.

Et puis Hermione l'avait traîné chez un psy, Moldu. À demi-mot, histoire de ne pas passer pour un fou qu'il fallait interner, Harry avait parlé. La femme l'avait aidé, et surtout il avait compris qu'il ne fallait pas qu'il rejette sa nature. Oui, il était ce que l'on appelle un défenseur de la veuve et de l'orphelin (après tout il en était un) et oui, il souffrait du complexe du Héros... ainsi que de celui du survivant, mais cela, il l'avait gardé pour lui.

Par la suite, Harry s'était lancé dans sa carrière, voulant absolument prouver à tous qu'il allait finir le premier de sa promotion, que tout ce qu'il avait fait depuis des années n'était pas usurpé. Il l'avait fait la première année, la deuxième suivrait. La remise des diplômes était dans un mois à peine et Harry, comme prévu, sortirait major de promotion.

Cependant, il y avait de cela un ou deux mois, alors qu'il se lavait dans les douches du vestiaire de l'école, son cœur avait raté un battement, pour la seconde fois. Deux de ses camarades s'en prenaient à un autre. Du moins c'était ce qu'il crut jusqu'à ce que ses yeux verts ne rencontrent ce regard, celui qu'il ne pouvait toujours pas oublier.

Ce n'était pas un camarade de promo. Théo était là, toujours aussi efflanqué, comme un chat écorché. Les autres le bousculaient, se moquaient, pour au final le faire tomber au sol et lâcher les serviettes qu'il avait dans les mains.

« Nott ! » cria alors son professeur de sorts d'attaque en entrant dans les douches. « Vous n'êtes vraiment qu'un fouteur de merde et un incompétent ! Vous êtes viré, peu m'importe ce que dit le directeur ! »

Le garçon se redressa avec peine, sans un mot. Il passa devant Harry, ses yeux bruns remplis de détresse et de résignation. Il regarda Harry mais n'ouvrit toujours pas la bouche. Puis il disparut.

Harry avait demandé le soir-même à Hermione de faire des recherches pour lui, au sujet de ceux qui avaient été accusés et innocentés. Si la jeune femme en fut surprise, elle ne le montra pas. Harry étudia les dossiers.

Rares étaient ceux qui s'en étaient sortis suite à leur procès. Nott n'en faisait pas parti. Bien qu'innocent, il avait dû payer de lourdes amendes aux victimes de son père. Il avait tout perdu : sa maison, ses biens, tout. Il n'avait pas fini ses études et vivait de petits boulots, ses maigres salaires finissant de rembourser ce qu'il devait. Il n'avait pas d'adresse connue.

Mais Harry n'avait pas abandonné ses recherches. Il ne comprenait toujours pas pourquoi, mais il voulait savoir, tout savoir sur Théo, il voulait le revoir, peut-être comprendre cette étrange fascination qu'il exerçait sur lui. Et il avait trouvé.

Nott vivait dans un taudis, un squat moldu. Il mangeait ce qu'il trouvait dans les poubelles tout en se rendant chaque matin au Chemin de Traverse, afin de tenter de gagner un peu sa vie.

Caché sous sa cape d'invisibilité, Harry l'observait, jour après jour.

Un soir, le jeune homme sembla être encore plus résigné qu'à l'accoutumé. Il se leva, s'habilla de ses plus beaux habits moldus et sortit dans la grande ville de Londres, sans se douter un seul instant de l'ombre derrière lui.

Harry le vit hésiter, puis entrer dans un bar moldu. L'enseigne donna un dernier coup au cœur de Harry. Il enleva sa cape et y entra, lui aussi. Le sorcier fit en sorte de s'approcher de son obsession, sans se faire voir de lui. Le jeune homme était nerveux. Pourtant, bientôt ceux autour de lui comprirent rapidement ce qu'il était venu chercher. De l'argent facile en échange de son corps. Quand Harry le comprit également, quand il entendit les propos salaces des hommes, son verre se brisa sous ses doigts.

Il se leva, se posta devant Théo et son ignoble conquête dépravée, fou furieux. L'autre sorcier écarquilla de grands yeux affolés en le voyant apparaître ainsi. Il s'enfuit purement et simplement, bousculant Harry au passage.

Cette nuit-là, après s'être un peu calmé, Harry retourna dans ce qui servait de chambre à Théo. Il l'écouta pleurer. Entendit ses peines, ses espoirs, ses peurs. Il était seul, gay, et ne savait plus quoi faire pour survivre dans un monde qui le méprisait en raison de son nom.

Quand Harry retourna à son tour dans sa propre chambre, il était bouleversé. Mais aussi indéniablement excité. Il se toucha pour la première fois depuis des lustres, sa libido l'ayant quelque peu abandonné sauf durant la grande époque juste après la guerre quand il était trop ivre pour y réfléchir. Il jouit rapidement en pensant aux yeux de Théo, au regard de Théo.

Alors il sut.

Le lendemain, dès sa dernière heure de cours avalée, il se remit en chasse. Théo était spécial, il le sentait. Il était celui qu'il lui fallait, celui qui lui redonnerait goût à la vie, de façon pleine et complète. Et lui, Harry, comblerait ses attentes, exaucerait ses vœux.

Il le dénicha dans un bar miteux dans l'Allée des Embrumes, remerciant aux passage le fait d'être le meilleur élève de son école. Théo servait à boire à des gens ou des choses, Harry ne savait pas et ne voulait pas savoir, avec un air fatigué sur son visage résigné. Les lourds cernes sous ses yeux étaient la preuve flagrante qu'il n'avait pas beaucoup dormi. À la fin de son service, la matrone lui donna une poignée de pièces. Son ancien camarade protesta, sans grande conviction toutefois, alors que la femme revêche le flanquait dehors.

Ce fut à ce moment que Harry sortit de sous sa cape et s'approcha de lui.

« Putain, Potter, mais tu cherches à me faire avoir une crise cardiaque ou quoi ! » s'exclama Théo, une main sur son cœur.

« Non, pas du tout, je m'en voudrais même. »

Il sourit. Théo fit un pas en arrière, peu assuré. Et Harry l'avait vu de nouveau. Ce regard. Ce regard qui doute, qui a peur, mais aussi qui supplie et qui dit : « sauve-moi ».

Harry lui avait tendu la main.

« Viens avec moi, Théo. Je te promets que je ne te ferai rien de mal. Que dirais-tu d'un repas chaud et d'un bon lit ? »

Théo avait écarquillé les yeux. Puis rapidement baissé la tête, ses lèvres malmenées par ses dents.

« Tu sais que je n'ai plus rien de tout ça, pas vrai, Potter. »

Harry avait acquiescé sans cesser de sourire, la main toujours tendue.

Théo avait fini par la saisir.

« Je... tu sais, hier soir... c'était... c'était la première fois que je faisais ça et... »

« Tu n'as pas à te justifier, » le coupa Harry. « Et puis, je m'en doutais un peu. »

Non, ne pas lui dire qu'il l'avait suivi, épié, qu'il savait tout ou presque de sa vie depuis des jours, des semaines.

« Mais... Et toi, tu... tu faisais quoi, là-bas ? »

« Boire un coup. »

Théo se dandina sur un pied. Harry le regardait toujours, observant ce corps grand et maigre, ce visage émacié, triste. Et ces yeux bruns si merveilleux.

« Ce que.. ce que je voulais dire c'est que... » Théo prit une grande inspiration. « C'était une erreur, je ne veux pas... faire ça, tu vois. Alors si tu me proposes de venir chez toi parce que... eh bien... je ne préfère pas. »

Harry s'était mis à rire alors que sa main s'était refermée sur les doigts fins.

« Non, Théo, je ne veux de ton corps en échange de billets ou de pièces. Je te le jure sur la tombe de mes parents. »

Le jeune homme aux cheveux châtains avait redressé son visage, dévoilant un regard humide, éperdu.

« Merci, Harry. »

Harry avait continué de sourire. Il les avait fait transplanés chez lui, ici.

« Ce que je veux, Théo, c'est toi tout entier, » lui avait-il avoué alors qu'ils atterrissaient dans la pièce, 12, Square Grimmaurd.

… … ...

Les gémissements de Théo sont une musique aux oreilles de Harry. La plus belle en ce monde, en cet instant précis. Il continue de dévorer le nombril et le ventre doux, un peu trop maigre certes mais si attirant. Tout en levant les yeux vers son futur amant, Harry poursuit sa course un peu plus bas, entre les cuisses ouvertes et les jambes relevées de Théo, dont les genoux largement écartés sont au niveau de ses côtes. C'est indécent, c'est divin, cette façon dont le corps de Théo lui est offert, livré sur ce matelas, sans pudeur, sans tabou, dévoilant tout.

Théo qui a les yeux fermés, mais qui les ouvre brusquement alors que la bouche de Harry se referme sur sa virilité. Son corps s'arque de nouveau, ses doigts s'agrippent aux barreaux de la tête de lit, pour autant ce n'est pas ce que Harry remarque. Lui est plongé dans les yeux marron qui l'enflamment, l'avalent, de la même façon que fait sa bouche avec ce que ce corps haletant a de plus privé.

Harry aime ses yeux, vous le saviez ? Il a toujours aimé les yeux sombres. Pas noirs, mais marron, bruns, noisette, châtaigne, chauds, ondoyants comme du chocolat au lait que l'on fait fondre. Théo a les yeux de cette couleur. Ce sont les plus beaux qu'il a vus, parce qu'ils ont quelque chose de plus, ce petit quelque chose qui le fait vibrer depuis cette journée au tribunal.

L'artiste qu'il est cette nuit s'active sur la douce fermeté de son amant qui prend vie, s'étire, s'épaissit dans sa bouche. Oui, il se sent l'âme d'un chef d'orchestre qui va élever ses musiciens vers le plus beau qu'ils peuvent donner. Et Théo a tant à donner, il en est certain.

Théo gémit de plus en plus fort, mais Harry n'a pas l'intention de le libérer de suite, oh que non. Il va le garder encore et encore. Pour toujours s'il le peut.

En attendant, il faut que cette première fois soit parfaite, saisissante. Absolue.

Harry décide donc d'abandonner pour un temps son ouvrage, afin de le poursuivre plus bas, dans l'intimité la plus profonde et la plus cachée de Théo. Son lieu secret, celui qui le portera dans la plus claire expression de son talent.

Cette fois, Théo étouffe une plainte longue, désespérée, alors que Harry va plus loin, le goûte autant qu'il le peut en lui soutenant le bas des reins

Le Survivant n'en peut plus, son désir est si vif, si dur, qu'il en devient douloureux. Il se redresse d'un coup, se saisit du lubrifiant qu'il avait préparé, comme tout le reste, et s'en verse une giclée généreuse sur les doigts. Il sent le regard de Théo sur lui, qui le guette. Harry lui sourit.

« Ne t'inquiète pas, je vais prendre soins de toi, je te l'ai promis. »

Théo déglutit. Il a peur, Harry le sait. C'est normal. Lui aussi a comme un nœud dans l'estomac. C'est sa première fois avec un homme, après tout. C'est pour ça qu'il s'est bien documenté avant d'aller chercher Théo, il sait ce qu'il doit faire et comment.

C'est un artiste accomplit, il ne veut rien gâcher. Son œuvre doit être parfaite ou ne sera pas.

Ses doigts humides caressent l'endroit qu'occupait autrefois sa langue. Ici aussi c'est humide désormais grâce à sa salive. Harry ferme les yeux alors que de son doigt, il prend place dans le corps de Théo. C'est la première note, le premier coup de crayon, le premier jet de peinture. Théo y répond avec son corps qui se tend, il est le violon et le piano, la feuille et la toile, le marbre et l'argile.

« Oui... Oh oui... »

Un murmure, un souffle.

Le doigt progresse, suivi d'un autre.

Ce n'est que le prémices, l'esquisse.

Harry trouve enfin le point des délices, la note sublime, le trait parfait. Et là encore, Théo réagit.

« C'est bon... »

Oui, c'est bon, tellement bon, si bon que Harry en veut plus. Plus de rythme, plus de couleur, plus de mouvements et d'intensité.

Il se penche vers Théo, l'embrasse dans le cou, le caresse. Le vénère presque.

Ses doigts quittent à regret son instrument de plaisir, l'objet de ses fantasmes et de son besoin. Mais il a autre chose pour lui, de plus complet, de plus beau. Ce qui feront d'eux le compositeur et le musicien, le professeur et le danseur, le maître et l'élève, l'artiste et l'œuvre d'art.

Théo étouffe un cri, les larmes coulent sur ses joues alors que l'apprentissage commence, que la symphonie s'ouvre et le ballet s'échauffe.

« Non, pardon, Théo, ça va aller, détends-toi, détends-toi, mon amour, » murmure Harry en faisant courir sa langue dans le cou humide.

Aller moins vite, le rassurer, le cajoler, lui faire comprendre que tout ira bien, cette nuit et demain.

Harry remonte sur la joue de Théo, avale ses larmes, savoure le goût du sel. Tout en lui est tellement bon.

« Oh... oh... putain... »

Il est entièrement en lui, dans sa chaleur, son étroitesse, tout ce qu'il peut lui donner alors que son ventre se creuse et sa respiration se fait erratique. Autour de lui, Théo se referme, l'enserre.

« Oh, Théo, » soupire Harry.

L'autre homme pleure, sa tête se tourne. Mais Harry le caresse encore, sa main passe et repasse dans les cheveux fins si doux. Sous la lumière des bougies, ses cheveux châtains prennent des reflets d'or.

« Tu es si beau, Théo. Si parfait. Je sais que tu ne me crois pas, que tu n'as pas confiance en toi, mais je suis là, je ne te laisse pas tomber, moi. »

Harry continue ses caresses, ses baisers doux. Il attend, guette le moment où les larmes se tariront, où le corps de Théo se détendra alors qu'il acceptera pleinement l'intrusion. Harry a tout son temps.

Peu à peu, il le sent arriver. Théo sanglote doucement, bien que ses larmes se font moins nombreuses, moins vives. Harry l'encourage, le soutient. Sa main se glisse le long du torse humide et va chercher le membre de son amant qui s'est flétri. Il va le faire renaître.

Les sanglots font bientôt place à une respiration sourde, épaisse, hachée.

« Voilà, mon cœur, c'est bien, détends-toi, » chuchote Harry.

Le visage de Théo se tourne vers lui, ses yeux l'engloutissent une nouvelle fois. Harry lui sourit tendrement, lui embrasse une paupière, puis l'autre.

Sa main voyage toujours, l'instant de la perdition approche. Il est là. Harry décide de commencer la danse sensuelle. La tête de Théo part en arrière, son dos se cambre.

Harry ferme les yeux à son tour, il se laisse porter par les bruits de Théo, ceux de sa bouche, de son corps tout entier.

Il ne sait pas combien de temps dure leur symphonie, juste qu'il donne le rythme, que Théo le suit. Ils font une valse, un tango... non, un opéra. Il ne sait pas et il s'en fout. Seules importent les sensations.

Après quelques minutes, le corps de Théo cède sous ses coup de reins extatiques. L'homme se rend, s'abandonne, se livre à lui. Harry le sent dans la façon dont maintenant son corps se fond dans celui de Théo, dont il s'enfonce profondément en lui, sans plus de résistance aucune, dans leurs gémissements sourds qui ne sont plus que synonyme du lâcher prise. Théo est à lui, désormais.

Harry s'abandonne au plaisir, comme il ne l'a jamais fait, avec personne. Il n'oublie pas pour autant celui de son amant, son si précieux amant. Sa main glisse sur le sexe tendu de Théo, elle suit le rythme de la volupté de son propre sexe dans les entrailles brûlantes. Sa main glisse plus vite, et lui glisse plus vite entre les reins offerts, entre les jambes ouvertes. Théo se tend entre ses doigts, sa respiration se fait plus rapide, plus vive, ses gémissements sont plus forts.

Harry mord ses lèvres, il se retient, encore, encore.

« Oh... putain... putain... »

C'est l'explosion, le grand final, les couleurs se mêlent, la danse s'enflamme.

Ils crient ensemble, jouissent ensemble.

Pour Harry c'est la preuve ultime. Jamais il n'a connu l'orgasme en même temps qu'une de ses maîtresses.

Il s'effondre sur son amant, en sueur tous les deux. Malgré son orgasme, les premières pensées de Harry sont pour Théo. Il s'oblige à se redresser, se retire avec la plus grande douceur du corps tremblant, ce qui n'empêche pas Théo de faire une grimace de douleur. Puis il s'allonge à ses côtés.

« Théo... Tu sais, je dois être honnête avec toi. Moi non plus je n'avais jamais fait l'amour avec un homme avant toi. » Il se met à rire nerveusement alors qu'il tourne son visage vers son amant. « Putain, je savais même pas que j'étais gay avant de te voir dans ce bar, avec cet espère de sale porc qui te tournait autour ! J'ai pas pu le supporter. »

Harry se met sur son côté, la tête sur son bras replié, toujours en regardant Théo.

« Je... J'ai fais pas mal de conneries, juste après la guerre. Je me suis à boire, j'ai même pris des drogues. Je baisais quand j'étais shooté. Hermione l'a découvert et elle m'a sérieusement engueulé. Ensuite, elle m'a traîné chez le psy. Si je te dis tout ça, c'est pour te rassurer. J'ai changé. Je bois plus. Et la dernière fois que j'ai pris mon pied, je veux dire en dehors de maintenant, ben c'était hier après t'avoir vu dans ce bar, et j'étais seul dans mon lit. »

Il a un pauvre sourire, tend sa main vers Théo, lui caresse sa joue humide.

« Je suis désolé, Théo. Parce que je t'ai suivi, espionné. Je sais que tu as pleuré hier soir parce que tu es seul au monde et que personne ne veut de toi. J'étais là, je t'ai écouté. Alors je veux que tu saches que c'est faux. Je suis là, moi, et je veux de toi. Laisse-moi te montrer à quel point on peut être heureux tous les deux. »

Les larmes de Théo coulent de nouveau sur ses joues creuses.

Harry s'avance vers lui et avec tout l'amour qu'il peut mettre dans ce geste, lui retire son bâillon.

« S'il te plaît, Harry, laisse-moi partir, » le supplie de suite Théo.

« Pourquoi ? » fit Harry, malheureux.

« Je dirai rien, je te le promets. Mais laisse-moi partir, je veux rentrer chez moi. »

Théo sanglote, ses yeux bruns supplient. Harry sent son cœur fondre à cette vue.

« Chez toi ? Mais Théo, tu n'as plus de chez toi. Tu n'as plus personne. Tes parents sont morts, tu n'as plus d'amis, plus rien. Je suis le seul qui me soucie de toi, tu ne le vois pas ? »

La blessure est vive dans les prunelles sombres.

« Oh, pardon, pardon, amour, » fait Harry en se penchant sur lui.

Il lui essuie les joues tendrement avant de reprendre.

« Je ne veux pas te faire de la peine. Pourtant, c'est la vérité, tu le sais. Tu n'as plus un sous en poche, tu vis dans un taudis. Je... Laisse-moi t'aider. Ici, avec moi, tu seras heureux. Je prendrai soin de toi, plus personne ne pourra te faire du mal, plus personne ne pourra te blesser. Théo... Depuis ce jour au tribunal, il y a bientôt trois ans, je ne pense plus qu'à toi. Je peux te rendre heureux. »

Théo ferme ses yeux, sans cesser de pleurer.

« Dis-moi la vérité, tu penses vraiment que c'est ce que tu voulais ? Je veux dire, cette vie que tu mènes ? »

Le silence se fait, puis Théo finit par hoqueter.

« Non... mais... je veux pas... Harry... je veux pas... » il fond en larmes.

Son corps se recroqueville comme il peut et Harry réalise seulement à cet instant qu'il ne l'a pas encore libéré du sort qui le maintient dans cette position si aguichante, jambes écartées et les genoux contre ses flancs.

« Pardon, mon cœur, attends. »

D'un geste de baguette, il annule le sort. Aussitôt Théo se pelotonne sur lui-même, il s'éloigne de Harry. Seul l'un de ses poignets est encore attaché à la tête de lit mais avec un lien si lâche qu'il lui permet de passer ses bras autour de son torse.

« Théo... »

Harry déglutit, ses yeux s'embrument eux aussi en le voyant faire.

« Je suis sincère. Je... je t'ai pas menti. Je veux prendre soin de toi. »

« Tu m'as violé, » pleure amèrement son amant.

« Non ! Non, je t'aime, je... »

Harry le prend dans ses bras, le caresse encore, lui embrasse le front, les cheveux moites.

« Tu as aimé, tu as joui, » dit-il d'une voix étranglée.

« Tu m'as touché ! Alors... Alors forcément, mais... Pourquoi t'as fait ça... »

La voix de Théo le lâche, il pleure, gémit, ne sais plus ce qu'il dit, ce qu'il fait. Harry le berce tout contre lui.

« Je t'offre tout ce que tu n'auras jamais. Un lit chaud, confortable, une vie loin de toute faim, toute haine. Tu seras un prince avec moi. »

« Je serais ton prisonnier. »

« Non... non... » dit Harry. « Tu seras plus obligé de fouiller dans les poubelles ou de dormir au sol. Tu feras ce que tu veux, ici, avec moi. Je t'offrirai des livres, tu pourras même faire des potions si tu veux. Tu verras Théo, on sera heureux, tous les deux. »

Harry le maintient fermement contre lui, sans cesser ses douces caresses. Il pleure, lui aussi. Avec les minutes qui s'écoulent, le corps de Théo se détend, ses larmes se tarissent. Celles de Harry aussi.

« Harry, » murmure-t-il. « Pourquoi tu pleures ? »

Il est fatigué, épuisé. Il ne comprends plus depuis longtemps sa vie, hait ce qu'il est devenu, cette solitude qui l'étouffe, les regards méprisants des sorciers qui le jugent. Mais il comprend encore moins l'homme qui le tient dans ses bras comme s'il était la plus belle chose qui existe sur cette terre pourrie.

« Parce que... Parce que je suis tellement seul, moi aussi. Je... Putain, Théo, j'ai besoin de toi. Je sais pas pourquoi mais je sais que tu es ce dont j'ai besoin. Et toi, toi, tu as besoin de moi aussi. J'en ai marre de tout ça, quand je suis avec des gens, je sais plus... je sais plus s'ils me parlent parce que je suis moi, Harry, où parce que je suis ce connard de Survivant qu'ils vénèrent. »

Harry tourne sa tête. Il plante ses yeux verts dans les marron.

« Avec toi c'est différent. Parce qu'on est pareil, Théo, on est juste à des extrémités différentes. Laisse-nous une chance. Je vais te montrer, Théo, te montrer qu'ensemble on sera bien. Tu ne regretteras pas d'être là. »

« Harry, » supplie Théo, sans plus savoir ce qu'il supplie d'avoir ou de ne plus avoir.

Il ne sait plus où il en est.

« Est-ce que je t'ai menti ? » s'exclame d'un coup Harry. « Est-ce que je t'ai une seule fois menti ? »

« Tu m'as trompé ! Tu... tu m'as fait venir ici, en me faisant croire que c'était pour m'aider mais tu m'as fais venir dans cette geôle ! »

Harry regarde autour de lui. Pourtant, elle est belle cette pièce. Claire, lumineuse. Il l'a faite lui-même dans une partie de son grenier. Théo sera bien ici, protégé de tous ceux qui voudraient le blesser.

« Elle n'est peut-être pas encore à ton goût, » élude-t-il, « mais avec le temps, tu pourras l'aménager comme tu veux. »

« Harry... tu m'as trompé. Tu... Laisse-moi partir ! » Théo se met à crier d'un coup, se débat comme il peut avant de s'effondrer à nouveau. « Je te promets que je dirai rien, et si tu veux, si tu veux vraiment alors... alors OK, on pourrait se revoir, non ? Comme... comme des rendez-vous, quelque chose de normal et alors, et alors on pourrais voir ce que ça donne et... »

Théo s'embrouille, bafouille. Harry, lui, a un rire désabusé.

« Théo, c'est toi qui es en train de mentir et d'essayer de me mener en bateau. Réfléchis. » Harry se redresse, s'installe à califourchon sur son amant. « D'après toi, pourquoi je t'ai emmené ici, hein ? Pourquoi tu es encore attaché ? Tu crois quoi ? Que c'est parce que j'ai peur de ce que tu pourrais dire ? Mais enfin, ouvre les yeux, je suis Harry Potter, le Survivant, celui qui a Vaincu ! » Harry ne se vante même pas, sa voix suinte l'ironie. « Et toi, toi tu n'es que le fils du Mangemort Nott. Les sorciers pensent que je t'ai sauvé à tort d'Azkaban, parce qu'ils s'en foutent que tu sois innocent ou non, ils veulent des coupables, c'est tout. Alors tu penses sincèrement que si je te laissais sortir, je risquerais quoi que ce soit ? Qui te croirait ? Personne. Et quand bien même certains penseraient que c'est vrai, ils s'en foutront. Alors, cher Théo, ce n'est pas pour ma précieuse réputation que je te garde ici. »

Tout le long de son discours, Harry voit la blessure dans le cœur de Théo s'ouvrir, devenir un véritable gouffre. Parce qu'ils savent tous les deux qu'il ne ment pas. Si Théo va se plaindre que Harry Potter l'a enlevé, violé, personne ne le croira. Pire, ils lui riront au nez. Ou alors ils penseront que c'est lui qui l'a aguiché et qui cherche ensuite à se faire de l'argent en le faisant chanter ou Merlin seul sait quoi encore comme absurdité. Sans oublier ceux qui penseront que même si c'est vrai, le fils Nott n'aura eu que ce qu'il méritait.

Théo avale sa salive avec difficulté, les yeux dans ceux de Potter.

Après tout, Harry n'a que l'embarras du choix, Théo le sais bien, il lit encore la Gazette du sorcier et les autres journaux. Tout le joli monde se bat pour être vu au bras de Harry ou pour finir dans son lit avec l'espoir d'être la prochaine madame Potter. Alors qui pourrait croire à son histoire ? Il est le fils du redoutable Mangemort Nott, il est maigre, sans attrait particulier, sans rien à pouvoir offrir à quiconque, pauvre et rejeté. Pourquoi Harry Potter voudrait de lui ?...S'il parle, il sera seul, une fois encore, plus seul que jamais.

Harry a raison, cent fois raison.

Cette vérité s'imprime avec douleur dans son cœur et dans sa tête. Il fond de nouveau en larmes tandis que Harry l'observe, toujours assis sur ses hanches.

« Alors pourquoi tu me gardes attaché ? » finit-il par murmurer.

« Parce que si je m'en fous de ce que tu pourrais dire, si je m'en fous de ce que pourrait dire tout le monde, je n'ai pas envie de te perdre. Je ne veux pas te perdre, » répond Harry. « Je ne veux pas prendre le risque que tu partes d'Angleterre ou que, je ne sais pas, que tu fasses n'importe quoi, comme hier soir avec cet espèce de porc qui voulait coucher avec toi pour 55£. Putain, Théo, 55£ ! Tu penses vraiment que tu ne vaux pas plus cher que ça ? Pour ce mec et les autres peut-être, peut-être même que les sorciers te donneraient moins pour te baiser mais pas moi ! Pas moi ! » crie Harry avec fougue. « Alors non, je te garde ici, avec moi, même si pour le moment tu ne le comprends pas.

Théo ferme ses yeux. Les mots de Harry le déchirent un peu plus parce qu'une fois encore, ils lui disent la vérité, lui mettent le nez dans la réalité de sa vie.

« Je ne t'ai pas menti. T'ai-je menti ? » recommence à se justifier Harry. « J'ai pris soin de toi, tu as un bon lit, un repas chaud et abondant qui t'attend. » Il caresse de nouveau la joue imberbe. « Je t'ai donné du plaisir, Théo. Ton sperme recouvre encore ton ventre et le mien. » Il lui sourit alors que Théo baisse la tête, rouge de honte. « Et je te refais une promesse. Je t'aimerai encore et encore, jusqu'à ce que tu comprennes que nous sommes fait l'un pour l'autre. »

Il se penche, embrasse enfin les lèvres pâles. Un simple bécot, parce qu'il ne veut pas le brusquer.

« Je te protégerai, Théo. Plus personne ne se moquera de toi, plus personne ne te blessera. Tu ne seras plus obligé de supporter leurs moqueries, leurs coups et leur boulot de merde. La vraie liberté est ici, avec moi, dans cette maison. Notre maison. »

Théo lève ses yeux bruns vers son amant. Car c'est ce qu'il est désormais, il le sait.

« Ne me fais pas de mal, Harry, s'il te plaît. »

Sa voix se brise sur les derniers mots.

« Jamais, » jure l'élève Auror avec sincérité.

Il se penche une nouvelle fois sur le jeune homme dans le lit. Cette fois le baiser est plus profond, sa langue franchit la barrière des lèvres de Théo. Ce dernier a un mouvement de recul, avant de se laisser aller sur l'oreiller. Alors que sa langue s'enroule autour de celle de son amant, Harry sourit.

C'est le premier pas, la première note, le premier trait sur le papier.

Théo cède, ils le savent tous les deux.

Demain, Harry en est sûr, ils construiront un nouvel opéra, commenceront le chef d'œuvre de leur vie.

… … …


NDA : je tiens juste à préciser que c'était Redkunst qui voulait dans son Harry/Théo un, je cite, « viol sensuel » - et démerde-toi à faire une fiction avec ça ^^" Pour les âmes sensibles qui l'ignoreraient encore (mais dans ce cas c'est qu'elles ne me lisent pas ou pire, qu'elles me lisent mal) je ne cautionne en aucune façon les violences sexuelles, physiques ou psychologiques qui restent, quelle que soit la façon de les aborder, des violences.