[Participation au Challenge d'Octobre du Collectif NONAME.]

Ma première participation... Allez zou, champagne pour tout le monde !

Ce que j'aime chez mes lecteurs : le fait qu'ils posent souvent des questions auxquelles on ne s'attend pas, ou qu'ils voient les choses de toute autre façon. Ca décape les neurones !


En fait il n'y avait pas porté attention au début. Pas son genre, pas son style, pas ses habitudes. Un peu routinier sur les bords, il avait même refusé d'essayer, arguant qu'il n'y voyait aucun intérêt. Sherlock avait haussé les épaules et répondu qu'il attendrait son heure.

- Même pas en rêve je te dis !

- On verra John, on verra. Je peux être très patient...

Un demi-sourire aux lèvres, il était retourné à ses expériences nauséabondes tandis que John maugréait dans sa barbe.

Les jours passaient et la tentation commençait à s'installait, vite combattue par un «certainement pas !» de moins en moins convaincant au fil du temps. Cela avait commencé par une étude de loin, une observation prudente, l'air de rien. Au fur et à mesure, le périmètre d'observation se réduisait, se précisait, s'affinait. Sherlock observait du coin de l'œil et ne disait rien. L'image qui venait à l'esprit de John était celle d'un chat aux aguêts. Cliché éculé certainement, mais ô combien applicable à cette silhouette longiligne et surmontée d'une paire d'yeux plus que féline. Et inquisitrice. John fanfaronnait, prenait un air détaché qui ne trompait personne et lui encore moins.

Le toucher est arrivé progressivement : un simple effleurement rapide des doigts et aussi vite retirés, comme s'ils craignaient une brûlure. Sherlock en avait ri, John était parti bouder dans son coin, car ça lui arrivait à lui aussi… Petit-à-petit le contact s'était affirmé et de quelques milli-secondes passait à de très longues secondes. Du moins dans l'esprit de John qui bataillait de moins en moins, néanmoins parfois secoué par quelques bouffées de rébellion envers une tentation qui ne lui laissait presque aucun répit. Son instinct militaire reprenait alors le dessus et il ne se passait plus rien pendant plusieurs jours. Puis plusieurs heures… Puis… C'est dingue comme la notion du temps pouvait être élastique quand on y réfléchit bien ! Petites bêtes curieuses, les doigts exploraient, suivaient les contours, virevoltaient, et semblaient prendre une certaine indépendance que John ne contrôlait plus, pour autant qu'il en ait eu l'intention dès le début, ce qui restait encore à prouver.

Après la chute de l'empire romain, la chute de John Watson. Ni plus, ni moins, n'ayons pas peur des comparaisons hasardeuses. Dès le matin, John savait que ce jour particulier serait le «jour de trop» en quelque sorte. Grève des transports, taxis prohibitifs, patients revêches, pluie au retour, mal à la jambe… Ce qu'on peut appeler une pure journée de daube. Il était rentré d'une humeur de chien et s'était précipité dans la cuisine histoire de se faire un bon thé chaud, panacée bienvenue et plus que réconfortante. Installé à la table de la cuisine, Sherlock était occupé à scruter quelque chose dans son microscope. Et c'est là que les doigts de John entrèrent dans la danse, profitant de son état d'énervement pour faire sécession. On ne se méfie jamais assez de ses doigts. L'affaire fut rondement menée, avec une efficacité toute militaire et une précision sans faille. En entendant John grogner de plaisir, Sherlock, sans relever la tête, se mit à rire.

- 12 jours, 6 heures et 52 minutes.

John, l'index et le majeurs enfoncés jusqu'à la dernière phalange dans la pâte chocolatée, regarda le pot de Nutella auquel il soupira :

- Tu seras ma perte.