Précédemment…

Cylia et son équipage ont fait un bref passage dans leur Base de rattachement. Après une rapide maintenance de leur navire et des équipements, ils ont dû repartir pour une mission spéciale. Pour cela, elle contacte Shanks le Roux et demande à le rencontrer. Ils se donnent alors rendez-vous sur l'Izilia Island.

Chapitre 97 : Mouvements

J'ai la tête posée sur mon oreiller et je suis bercée par les forts ballottements inlassables du navire. Au moins, je suis bien au chaud sous ma douce couverture. Pourtant, il n'y a rien à faire : j'ai les yeux grands ouverts, observant dans le vague la cabine plongée dans une quasi obscurité. Cela fait un bon moment que nous traversons une zone du Shin Sekaï où le ciel est entièrement recouvert d'un tapis d'épais nuages grisâtres. Même s'il y a de nombreuses averses qui sont utiles pour nos stocks d'eau douce, la nuit nous sommes pratiquement plongés dans le noir. Le groupe électrogène du navire nous a lâché par manque de soleil en journée pour qu'il puisse se recharger. On a aussi essuyé plusieurs tempêtes, à cause de ça six hommes ont été blessés, dont un grièvement. Sept autres sont malades et ont dû être isolés afin de limiter la propagation de la maladie. Le repos leur permettra aussi de guérir plus vite. Notre situation n'est réellement pas alarmante, en fait on s'en sort globalement bien jusqu'à présent. On aurait très bien pu être attaqués par un monstre marin ou avoir à subir je ne sais quelle folie de la météo cinglée du Shin Sekaï…

Il y a deux semaines, j'ai décidé de changer le cap, préférant faire un grand détour pour éviter une île trop fréquentée par les pirates. Là-bas, on y trouve de nombreux criminels dont les têtes valent quelques millions. Même si les gars veulent rompre le quotidien, il faut qu'ils se rentrent dans le crâne que croiser l'un de ses équipages peut nous coûter la vie. Notre avantage sur eux est que je peux nous aider à prendre la fuite grâce à mon fruit du démon, du moment que la météo me le permet. En plus, nous avons perdu Al', qui était de loin notre meilleur combattant, maîtrisant sans problème le haki de l'armement et de l'observation.

Même si Isao commence tout juste à se débrouiller avec le haki de l'armement, il en est tout autre pour celui de l'observation. Quant à moi, c'est uniquement lorsque le violent instinct de survie de l'animal mythique en moi prend le dessus sur ma part d'humanité que je parviens à l'utiliser. Je m'en suis rendue compte ce jour-là, celui où j'ai perdu Al'... Je suis trop dangereuse quand je suis dans cet état. Bref, nous ne sommes pas assez nombreux et forts pour affirmer pouvoir gagner une bataille contre un équipage avec une prime à million. Nous avons perdu notre carte maîtresse, là est le principal problème avec notre force de frappe.

Il me fallait trouver une solution pour que l'on sorte de cette situation trop dangereuse. Maintenant, elle est toute trouvée. Il ne reste plus qu'à faire en sorte que ça se passe comme je l'ai prévu… Dans un premier temps, il me faut de l'or. J'en ai promis à l'Empereur, mais je n'en ai pas assez sur le navire. J'ai senti de l'or grâce aux pouvoir de l'Alicanto, ça se déplace et c'est à plusieurs jours de notre position. Il s'agit donc d'un navire. Prudente, j'ai appelé la Base pour savoir s'ils avaient des informations là-dessus. J'ai appris qu'il y avait de forte chance qu'il s'agisse de l'équipage du Rack-All. Un informateur aurait appris à la Marine qu'ils se seraient échappé de justesse suite à une escarmouche face aux Sad Moon(1), des pirates adverses.

Je m'étais déjà renseignée sur eux et ils ne sont pas hors de notre portée. Ils sont moins nombreux que nous et en dehors du capitaine qui a une petite prime, aucuns autres membres de l'équipage ne constitue une réelle menace. Toutefois, ils pillent les îles sans protections et tuent sans hésitations les civils. Ils ne s'étaient mis personne à dos, jusqu'à peu. La raison du différents entre les Sad Moon et les Rack-all est inconnue, mais peu m'importe. Il y a de grandes probabilités qu'ils soient affaiblis, c'est donc le meilleur moment pour les attaquer. D'après leur direction, ils se dirigent sur une île dont les journaux parlent beaucoup dernièrement. Il y a eu une révolte là-bas, le peuple c'est soulevé contre la royauté. Juste avant que la révolution ait lieu, l'île a arrêté d'être sous la protection du Gouvernement Mondial. On ne devrait normalement pas intervenir, mais le pays est actuellement affaibli et risque d'être une proie facile pour des pirates. Les Rack-All en ont sans le moindre doute conscience.

Même si c'est triste, retrouver les propriétaires de l'or qu'ils ont volé relève de l'impossible. Lorsque ces pirates seront morts, je récupérerais leur butin. Je n'aime pas vraiment cette idée, mais je n'ai pas d'autre choix (2). L'île n'est plus très loin et les pirates sont presque arrivés à leur destination. On doit absolument les rattraper avant qu'ils atteignent le pays. J'ai alors commencé à utiliser ma forme de zoan mythique pour nous faire gagner du temps. Tracter le navire sur de grandes distances durant des périodes prolongés m'épuise, mais ça a été efficace. Ils ne sont vraiment plus très loin de notre position actuelle.

J'ai donc décidé de persévérer en le faisant le plus longtemps possible. Mais à deux reprises, j'ai dû me rendre à l'infirmerie. J'ai de vives douleurs à l'estomac, je pensais pouvoir me contenter de cachets, mais du sang m'est remonté dans la gorge. Je plonge dans mes souvenirs, me rappelant alors l'échange que j'ai eu avec Amort dans la journée…

Flash-back

Comme à chaque fois que je suis dans une infirmerie, je suis tendue.

-Tu peux te rhabiller Capitaine, j'ai fini. Ton état c'est empiré malgré le traitement que je t'ai fait. J'ai eu aussi les résultats des derniers examens.

Il se détourne et range son matériel dans une armoire. Je soupir intérieurement de soulagement, il n'a pas sorti d'aiguille. Je me relève et remet ma chemise, avant de reporter mon attention sur lui.

-Alors ?

-D'après moi, il est fort probable que ton problème vienne de ta forme de zoan.

J'hausse un sourcil, surprise par ce que je viens d'entendre.

-Ah bon ? Tu peux m'en dire plus ?

Il referme l'armoire et se retourne vers moi en s'adossant au meuble. Il croise les bras et me réponds.

-D'après moi, si tu utilises trop longtemps ta forme de zoan, il faut adapter ton régime alimentaire. L'or est nécessaire au bon fonctionnement de l'organisme de ton animal. Il ferme les yeux un instant, les trais de son visage sont tendus. Il semble pensif. Si tu abuses de la force de l'Alicanto sans te nourrir d'une quantité d'or suffisante, ça te tuera progressivement.

Ces dernières paroles m'ont estomaqué. Je ne trouve rien à dire.

-Hum…

Il repose son regard sur moi, toujours appuyé sur l'armoire.

-Le corps à tendance à réclamer naturellement se dont il a besoin. Quel est ton appétit quand tu es sous la forme de ton zoan ?

-Honnêtement ?

Il acquiesce d'un signe de tête.

-L'appétit de l'Alicanto est déjà énorme, mais dernièrement il est… démentiel. Ça m'en fait tourner la tête. Pour être honnête avec toi, je me surprends à lorgner sur notre navire.

-Je vois.

Un silence s'installe un instant. Je garde les yeux dans le vague, réfléchissant.

-En tant que médecin, je t'interdirais bien d'utiliser les pouvoirs d'attraction de ton zoan jusqu'à nouvel ordre. Mais c'est toi qui commande… donc qu'est-ce que tu vas faire ?

Je relève la tête et il me scrute attentivement. Il n'a toujours pas bougé d'un poil.

-Le plan doit se dérouler comme prévu, quoi qu'il m'en coûte.

Il se redresse brusquement, la colère transparaît sur son visage.

-Bordel Cylia, tu n'as pas compris ce que je viens de te dire ?!

Je ne bouge pas, surprise par son changement de ton soudain. Mais sa réaction est compréhensive, il s'inquiète.

-Si, mais certaines choses m'importent plus que ma propre santé.

Voyant qu'il allait reprendre la parole, je poursuis sans lui laisser le temps.

-Vous passerez toujours avant moi Amort, c'est pour vous que je fais ça ! Si tout se passe sans accro, les choses pourrons enfin bouger !

De l'irritation transparaît toujours dans son expression.

-Je ne prendrais pas de stupides risques pour ma santé s'il n'y avait pas de tels enjeux.

On s'observe un moment en silence.

-Tu ne me laissera pas le choix de toute façon, vu que ça nous concerne directement. Tu te fais passer après nous et ça ne me plait pas ! Tu vas prendre soigneusement ton traitement jusqu'au bout et que je ne t'y prenne pas à essayer de te dérober !

Je lève les mains en signe de reddition. Il soupire et reprend, toujours avec sa voix déformée par l'appareil qu'il a dans son masque (3).

-Sérieusement Cylia… reposes toi un peu plus sur nous, sinon on va tous se sentir mal. Ce n'est pas ce que tu veux, n'est-ce pas ?

Je regarde mes pieds et lui réponds d'un petit « Non. », me sentant coupable. Il se rapproche de moi et je vois ses pieds dans mon champ de vision. Je sursaute en sentant sa main m'ébouriffer les cheveux. Je relève la tête. Bien que ce soit gentil, son geste me gêne. Alors j'essaye de lui attraper le poignet, mais en vain, il l'enlève avant que je ne puisse le faire, un sourire moqueur.

-C'est aussi notre boulot de mec de te protéger, tu es une belle femme Cylia. Je suis bien placé pour le savoir !

Malgré ma gêne, je le reprends tout de même.

-Doc !

J'en ai assez, alors je tente une sortie rapide de l'infirmerie. C'est sans compter son avis, car il pose sa main sur l'une de mes épaules, me faisant m'arrêter sur le pas de la porte. Je tourne la tête juste assez pour le regarder sans me retourner.

-Prends soin de ta santé, tu n'as qu'une vie et on tient tous à toi. S'il te plait.

Fin du Flashback

Je soupire, songeant que par cette énième nuit sans lune, j'ai du mal à dormir. Mon dernier échange avec Shanks par escargophone remonte maintenant à quelques semaines, malgré tout, mon esprit n'arrête pas de divaguer. Nuit après nuit, les heures défilent avant que la fatigue finisse par faire son effet. Je ne sais pas si je m'inquiète plus pour les gars ou pour moi-même.

Mes désirs sont égoïstes. J'ai envie de continuer à naviguer avec eux. J'ai fait des entretiens avec chacun d'entre eux, un par un en soirée. Beaucoup souhaitent une vie paisible et dès lors qu'ils seront libres de rejoindre leurs familles, nous nous dirons adieux. Quelques-uns m'ont avoué souhaiter poursuivre dans la Marine, sur des eaux plus calmes qu'ici, pour avoir un bon gagne-pain honnête. À part ceux qui étaient à Hand Island avec moi qui retournerons sans le moindre doute vers la piraterie, les autres ne le souhaitent pas. Et moi, que vais-je faire ?

Dois-je tenir ma promesse et donc rejoindre les Shirohige en désertant la Marine ? Mais, dans l'esprit de certains, est-ce que je ne resterais pas « l'officier Cylia » ? Est-ce que je peux réellement faire partie de leur équipage alors que je suis actuellement Capitaine de la Marine ? Il n'y a qu'une chose que je suis certaine, c'est que je vais avoir besoin de réfléchir posément. Mais je ne me vois pas rester patiemment sur une île pour y réfléchir. L'Alicanto n'est pas un animal sédentaire, je perdrais la tête avant d'avoir trouvé une solution.

De plus, étant une utilisatrice de zoan mythique, j'ai conscience que je ne peux pas accorder ma confiance à n'importe qui. Je suis comme un trésor ambulant… Alors je ne peux pas me permettre de séjourner sur n'importe quel navire. Je peux être ciblée aussi et mettre en danger les gens qui naviguent avec moi. Je sais qu'actuellement, je dois ma tranquillité relative à la protection de Shanks.

Je vais avoir besoin de lui. Je veux lui demander de m'aider à vérifier si ce qui est écrit dans les documents officiels sur les gars est vrai ou non. Mais il faudrait aussi qu'il accepte de me laisser passer quelques temps avec lui lorsque les gars seront définitivement libres. Je dois réfléchir et ne pas prendre de décision hâtive. Je veux être certaine d'avoir ma place dans le prochain camp que je rejoindrais, ce qui est arrivé à Albert résulte de cette naïveté qui me colle à la peau…

Je ne compte pas essayer de l'acheter, disons juste que je me suis souvenue des mots de Marco. Il m'avait parlé d'une relation « donnant donnant ». Alors je présenterais à Shanks mes problèmes mais ce ne sera pas les mains vide, j'aurai un trésor à lui offrir. Mais qu'importe, si je continue à réfléchir autant, c'est certain que je vais faire une nuit blanche. Je me rends donc à l'évidence, je ferme les yeux et arrête de spéculer sur ce que l'avenir me réserve.

Quelques heures plus tard, tandis qu'il fait encore nuit…

- BOOUUUM

Le fracas assourdissant d'un boulet de canon s'écrasant sur notre navire me fais sursauter et tomber du lit. Il me faut quelques secondes pour que je finisse d'émerger de mon sommeil.

- BAOOOUUUUMM

Ce deuxième coup de canon fini de me réveiller. Je me lève en précipitation et enfile rapidement mon pantalon et mes chaussures restés au sol la veille, le wakizashi toujours attaché à la ceinture. Gardant sur moi mon large t-shirt blanc mais glissant sur mes épaules mon manteau d'officier accroché à la porte, je me précipite vers le pont, accompagnée par d'autres. Une fois sur place, la pluie battante et le manque de visibilité dû à notre panne d'énergie m'empêche de comprendre qui nous attaque. Autant perdue que les gars, je cris pour me faire entendre par tous sur le navire, un sentiment partagé entre la crainte et la colère transparaissant dans ma voix.

-QUI NOUS ATTAQUE ?

-BOOOUUUMMM ! PLOUF

Je serre les poings, tentant vainement de ne pas perdre mon sang froid. Le jeune Isao vient jusqu'à moi, l'air désemparé.

-On ne sait pas Cap'taine ! À cause de l'obscurité, on ne les a même pas vu arriver !

Au moment même où il finit sa phrase, l'un d'entre nous hurle depuis le pont arrière.

-NAVIRE ENNEMI REPÉRÉ ! IL SONT JUSTE DERRIÈRE NOUS !

-Merde, on se fait canarder depuis l'arrière… ACCROCHEZ-VOUS, JE VAIS NOUS FAIRE FAIRE UNE MANŒUVRE D'URGENCE !

Alors que je m'apprête à m'éloigner pour prendre la forme de l'Alicanto, une main saisit mon épaule. Je me retourne, prête à remettre à sa place celui qui nous fais perdre un temps précieux. Avec le bas de son visage masqué, je reconnais immédiatement Amort.

-Tu ne devrais pas faire ça, dit-il avec sa voix déformée artificiellement, maintenant qu'on a plus Albert personne ne pourra te protéger des balles adverses !

-ON N'A PAS LE CHOIX ! ILS VONT NOUS COULER SI JE NE FAIS RIEN !

Il me libère de sa poigne et baisse la tête, bien que ça soit à contrecœur, il sait que j'ai raison.

-BAAOOUUUMM ! CRRAACC !

Dès que le boulet touche notre navire, une équipe d'homme s'organise pour aller colmater la brèche en urgence. D'autres ont déjà commencé à répliquer à coup d'arme à feu. Personne ne reste à rien faire, même Amort se ressaisit, me faisant une frappe dans le dos et m'encourageant d'un regard avant de s'éloigner à son tour.

Déterminée malgré le danger, je change de forme et m'envole. Même si je ne vois pas clair, le vent n'est pas au rendez-vous. Tant mieux pour moi, ça aurait pu m'handicaper. Je touche la coque du navire, me liant alors à lui. Je lui fais faire une impressionnante manœuvre, secouant violemment l'équipage au passage, qui est malgré tout habitué à ce genre de tactique d'urgence. Les entraînements servent pour ce cas de figure.

Quand nous avons fait notre demi-tour, ce n'est plus qu'une question de secondes avant que nos deux navires se rejoignent. Ma tête est douloureuse. Mon cœur bat si fort, que mes tempes menacent d'exploser. À l'approche du combat, je ne suis pas sereine. Que va-t-il nous tomber dessus ? Qui sont nos adversaires ?

Après ces questionnements, je me replace au-dessus du pont. Seulement on ne me laisse pas le temps de redevenir humaine. Une espèce de ballon fuse sur moi. Je n'arriverais pas à l'éviter. Je ferme les yeux, redoutant la douleur. Mais rien ne vient. Toutefois, je suis prise de court lorsque j'ouvre les yeux et que je recouvre ma forme humaine. Une matière visqueuse jaune phosphorescente m'immobilise le bras.

-MERDE !

Nos adversaires nous abordent, jaillissant sur notre pont arme à la main. Un énorme spot de lumière blanche est braqué sur nous. L'obscurité percée, je constate avec inquiétude notre désavantage. L'attaque dont j'ai été la cible à distrait mon équipage. Les épées s'enrochent, créant des fracas métalliques. Un petit groupe d'ennemis me charge. Je serre les dents, regagnant ma hargne. Mes pieds prennent la forme de serres. Des coups de sabres s'abattent de plusieurs directions. Je bondi en l'air, m'aidant de ma seule aile valide. Je les repousse violemment. Handicapée, je me sens comme un oiseau en cage et cette sensation haïssable me rend agressive.

-RÉPUGNANTES CRÉATURES !

Dès que je retouche le sol, j'attaque. L'un d'entre eux perd l'équilibre. Je le cible instantanément, mais son compagnon le couvre. J'esquive à peine l'épée d'un autre, du sang gicle dans l'air. Il m'a fait une entaille sur mon bras invalide. Je lui fauche les jambes, il tombe à terre. Durant un court instant, son cœur est à portée de ma serre.

Au moment où j'allais le lui arracher, un fouet s'enroule autour de ma patte dorée. La force de son utilisateur me fais chuter. Ma tête cogne violemment le parquet du navire, me sonnant légèrement. Je me fais traîner par la jambe, toujours aux prises du fouet. L'homme que j'ai failli tuer juste avant surgis. Le tranchant de son épée me menace la gorge. J'entends quelqu'un hurler « ARRÊTE TOI HIRO ! ». Dans ma position, impossible de contrer avec mes serres. Ainsi traînée, je ne peux pas esquiver. Sa lame est trop proche, je n'ai pas le temps d'utiliser ma forme de zoan.

Alors agissant sur un réflexe, je dégaine le wakizashi à ma taille. J'évite une mort imminente en déviant légèrement son coup. Il m'entaille juste la peau du cou. Je prends ensuite la forme de l'Alicanto. Je me redresse, maintenant trop lourde pour pouvoir être traînée. Je me rue sur le sabreur, son arme s'abat sur moi. Mais à sa grande surprise, la lame se brise. Mon bec s'érafle mais résiste. Je m'apprête à le déchiqueter. Hors, je suis stoppée par une voix criarde.

-HEY, L'OFFICIER !

Le sabreur est entre mes deux pans du bec. D'une simple pression, je peux le découper en deux. Sans bouger, je tourne mon regard vers l'homme qui m'a hélé. Il ne fait pas partie de mon équipage. Il porte un Joly Roger tatoué sur sa joue que je ne reconnais pas.

-ON RETOURNE AU NAVIRE LES GARS ! Il reporte son attention vers moi. Hiro, un utilisateur de fruit du démon mort ne rapporte RIEN !

-CAP… CAPITAINE !

Je ressers ma prise sur lui, il pousse un cri de douleur.

-Il est stupide, mais je tiens à lui. De plus, il fixe le wakizashi, je refuse qu'on soit impliqué dans une histoire avec l'un des Empereurs.

Je balaye du regard le pont, voyant plusieurs de mes gars sérieusement blessés. Doc est déjà en train de s'occuper de l'un d'eux. Il n'attend pas et ordonne dans le même temps d'aller chercher des civières. Je jette un regard noir aux pirates, qui restent de marbres, attendant visiblement que je libère leur nakama. L'envie de resserrer ma prise et de le tuer me démange. Mais on n'est pas en position de force. Je le relâche donc avec remord. L'un de ses compagnons s'approche de moi, il porte une étrange arme à feu dans le dos. Il utilise un gaz sur la matière visqueuse qui s'évapore comme par magie. Mon aile est ainsi libérée.

Pendant qu'ils quittent tous notre navire, je reprends forme humaine. Je remarque que certains sont blessés, mais ils sont bien moins nombreux que de notre côté. Si le combat avait duré, on aurait subi de lourdes pertes. Cela ne fait aucun doute… Je ramasse les petits éclats de mon bec, plusieurs gouttes de sang tombe alors sur le parquet sous mes yeux. J'enfouie les petits morceaux brillants dans ma poche avant de porter ma main à mes lèvres. J'ai une petite entaille ici aussi. Mais je serais salement gonflée de me plaindre de ça. Certains ont été vraiment blessés. Tout cela est dû à mon incompétence en tant qu'officier ! J'ai été incapable de les protéger. Quand je me dis que j'ai déjà eu du mal à me défendre moi-même, sérieusement je me trouve tellement minable… C'en est presque risible. Je serre les poings, je dois au moins leur donner l'illusion d'être moralement forte. Maintenant que le navire ennemi s'éloigne, on doit nous aussi rapidement reprendre notre route.

Je donne les ordres afin de m'assurer qu'il y ait suffisamment de main d'œuvre pour aider à traiter les blessés. Ensuite, viennent les instructions pour ceux charger des manœuvres, j'envoie un gars demander à notre charpentier l'état du navire. Les canons et l'armement doivent ensuite être vérifiés et il me faut informer la Base de l'attaque que nous venons de subir. Le tout en ayant qu'un éclairage minable et en étant trempés par la pluie.

Subitement, le vent commence à souffler. La pluie fouette alors avec encore plus de violence nos peaux, déjà trempées. Même si je suis Capitaine, j'aide les hommes aux manœuvres qui deviennent l'urgence absolue. Le plancher est glissant et les vagues prennent de la hauteur, faisant qu'il devient encore plus difficile et dangereux d'être ici. Si l'un d'entre nous tombe à l'eau, c'est la mort assurée…

XxxxxxX

Les eaux ont été agitée même après le levé du jour. Durant deux nuits, nous n'avons pas pu nous reposer. Actuellement, nous sommes enfin sortis de la zone continuellement couverte. C'est une bonne chose, car les tempêtes y étaient très fréquentes. Le groupe électrogène commence à se recharger car le soleil est au rendez-vous. Je grelotte, mes vêtements sont les même que durant l'attaque. Mon pantalon et mon t-shirt me collent à la peau, pourtant j'ai mon manteau que j'avais fermé mais la pluie a été tellement abondante que je suis complètement trempée de la tête aux pieds.

Seul un homme tient la barre, c'est l'un de ceux qui a pu se reposer un peu pendant que nous étions en train de tenter de ne pas perdre le contrôle du navire. Un autre est dans le nid-de-pie, afin d'éviter d'être pris par surprise. Je me laisse tomber par terre, adossée contre le bastingage. J'aimerai me sécher et me changer, mais il me reste encore à faire le point avec l'équipage. Ça ne peut pas attendre, par contre si je garde ses vêtements trempés sur moi, je vais choper la crève… Autour de moi, les hommes se sont mis torse nu depuis un moment. Le soleil sèche leur peau, aucun d'entre eux ne semble avoir froids, au contraire. Il doit faire bon, mais moi je n'arrête pas de trembler.

Tant pis pour la pudeur, je suis fatiguée et j'en ai marre d'avoir froids comme ça ! Je ne peux pas retourner à ma cabine, je suis l'officier commandant ce navire je dois encore répondre à mes obligations. Alors, je puise dans ma volonté la force nécessaire pour me relever.

-Beart !

L'homme ours nous a été très utile durant ses deux derniers jours. À lui seul, il a la force de plusieurs. Ça n'empêche pas qu'il est tout autant fatigué que les autres. À l'entente de son prénom, il vient me voir.

-Tiens… Je retire mon manteau trempé et il l'attrape. Passes à ma cabine et ramènes m'en un propre, avec un t-shirt s'il te plait. Tu trouveras ça dans mon armoire. Ensuite, demande à ce que tout le monde soit rassembler sur le pont dans vingt minutes.

Je sens son regard glisser sur mon haut blanc, qui ne cache plus du tout mon sous-vêtement. La transparence du vêtement lui retire tout utilité.

-Beart, mon visage est plus haut.

-Hum désolé Cap'taine !

Je soupire, même s'il n'y a rien de ce genre entre nous, un homme reste un homme. Et ça fais un bail que les gars n'ont pas vu de « vrai » femme. J'enlève mon t-shirt et lui pose par-dessus le manteau. Un petit rappel à l'ordre est nécessaire par contre. Alors tandis que Beart s'en va rapidement, je crie à l'attention de ceux qui pose leurs regards sur moi.

-LE PROCHAIN QUI SE RINCE L'ŒIL, JE LE FOU EN CELLULE POUR UNE SEMAINE !

Ils palissent et détournent le regard, sachant que je suis parfaitement capable d'appliquer la punition. Pendant que Beart s'occupe de remplir sa mission, je vais à l'infirmerie faire le point avec Doc. Je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement en voyant tous les hommes allongés dans les lits. La plupart semblent dormir. En même temps, il a dû leur être difficile de récupérer tant ils ont été secoués à cause de la dernière tempête.

Je prends une chaise et m'assoie, patientant pendant qu'Amort fini de changer la perfusion d'un patient. Ils échangent quelques mots puis Amort fini par se tourner vers moi. Il tique en m'observant. Il sort quelques compresses, bandages et flacons avant de venir à ma rencontre.

-Tch ! Tu aurais pu faire attention à toi ! Il se baisse pour me regarder de plus prêt. Tu as une plaie qui s'infecte sur la tête. Il m'attrape ensuite le bras et me tire vers l'avant sans ménagement. Sur ton épaule aussi ! J'ai été trop occupé pour m'en charger pour toi, mais franchement tu aurais pu te désinfecter au moins ! Tu veux choper une gangrène ?!

-Désolée…

Il me lance un regard sévère, il est en colère.

-Déshabilles toi !

Sa demande brusque me prend de court.

-Maintenant !

-Ou-oui !

Je retire avec difficulté mon pantalon trempé qui me colle à la peau. Encore une fois, il m'est difficile de pouvoir faire preuve de pudeur sur ce navire. Il tique de nouveau.

-Ne bouge pas, je n'en ai pas pour longtemps. Non mais franchement… vous êtes tous inconscient !

Durant le temps qu'il s'occupe de moi, je prends les dernières nouvelles.

-Amort, comment vont les blessés ?

-Ils devraient tous s'en sortir, mais ils ont besoin de repos.

-Tous ?

Il comprend ma question indirecte, je songe à celui dont l'état était le plus alarmant.

-Oui, tous. Oh et ceux qui ont été mis dans les quartiers d'isolement peuvent reprendre du service. Je leur ai rendu visite ce matin, les antibiotiques ont bien fonctionné. Il n'y a plus de risque de contagions.

-Ça tombe bien, on a besoin de main d'œuvre. Après cette tempête, il nous faut dormir et de reprendre des forces avec les gars. On va mettre en place un roulement. Tu as pu t'en sortir de ton coté ces deux derniers jours ?

Je l'entends soupirer pendant qu'il s'occupe d'une plaie que j'avais apparemment sur la tête.

-Je te mentirais si je te disais que je n'ai pas eu de complications. Mais ça fait partie des aléas du métier quand on est praticien sur un navire. Bon j'ai fini, tiens.

Il me tend un petit flacon jaunâtre contenant des pilules.

-C'est en complément de ton traitement actuel. Continue de le suivre scrupuleusement, mais prend ça aussi. J'imagine que tu vas recommencer à utiliser ton fruit du démon dès que tu te seras reposée ?

J'hoche la tête.

-Ne remets pas ton pantalon trempé. Il ne manquerait plus que tu tombes malade…

-Je ne peux pas sortir en culotte doc !

Il rigole de son rire si caractéristique, avec voix déformée. Il ouvre une armoire, fouille et en sort un pantalon bleu d'uniforme.

-Tiens, la taille devrait te convenir.

Je l'attrape et le mets sans hésiter.

-Il y a des uniformes ici ?

-Ouais, c'est ici qu'on stock les uniformes Capitaine.

-Je ne le savais même pas !

Il ricane.

-Merci Amort ! Je te laisse, il faut que j'y retourne.

-Entendu, pense à prendre ton traitement ! Sinon…

Il sort une aiguille. Je comprends immédiatement la menace et je lui réponds en même temps que je m'enfuis d'ici.

-Promis !

Je soupire pendant que je referme la porte. Je remonte sur le pont, les gars sont déjà sur place. Dès qu'il me remarque, Beart me passe les vêtements que je lui ai demandé. J'enfile rapidement le t-shirt et dépose sur mes épaules le manteau propre d'officier. Il se recule, se mêlant au reste du groupe qui me fixe maintenant en silence.

-L'équipe de maintenance, faites-nous un point très bref sur l'état du navire.

Le charpentier prend la parole. Il a les trais du visage tiré par la fatigue. Sa peau brille sous le soleil, prouvant qu'il a beaucoup transpiré ses derniers jours. Il est fort et trapu, mais ses épaules sont affaissées, il est visiblement épuisé. Il me répond en se grattant sa barbe grisonnante.

-Franch'ment Cap'taine, on a pu faire que du bricolage ! On a r'bouché les trous dans la coque, mais faut qu'on s'arrête à la prochaine île pour continuer les réparations.

-D'accord, dès que j'aurais récupéré, j'irai tracter le navire pour finir de rattraper notre cible. On fera une halte comme prévu juste après. Bon, sinon pour l'organisation… Amort a estimé que les gars qui étaient en quarantaine pouvaient reprendre du service.

J'explique comment sera l'organisations des prochains jours. Dès que c'est fait, je libère les gars et me dirige vers ma cabine. Après avoir fait un rapport à la Base par escargophone, je me prends une bonne douche chaude et me couche après avoir avalé vite fais une ration et quelques morceaux d'or, dont les éclats de mon bec.

À suivre…

(1) Les Rack-All et les Sad Moon : il s'agit de deux équipages inventés, ils sont cités lors du HS sur Marco (première partie).

(2) Cylia tient à ses plumes comme à la prunelle de ses yeux. C'est donc difficile pour elle d'envisager de les vendre.

(3) Je rappelle que Doc Amort porte un masque sur le bas du visage. Il modifie aussi sa voix.


Je m'excuse de ne pas publier plus souvent de chapitre. Je vous jure que je ne vous oublie pas, ni cette fanfiction. J'ai toujours du mal à me faire au changement de rythme de vie que j'ai depuis un ans et demi. Mais ce ne sera pas à vitam aeternam ! Donc vous pouvez être sûr que lorsque je serais libéré de ça, je reprendrais de plus belle !

Je tiens à remercier tous ceux qui suivent cette fanfic' ainsi que ceux qui ont laissé une review.

Merci aussi à ma beta pour son travail.

Vous êtes géniaux ! À bientôt j'espère.