Bonjour bonjour !

Chapitre deux, avec 24h de retard (bah ça commence bien x'D). L'ultime de cette partie.

Un grand merci de la part Abbey et moi à tout le monde, revieweurs, favoriteurs, followeurs, et simples lecteurs de passage ! :D

Bonne lecture à tous !

Nauss


Chapitre : 2

Le lendemain matin, John s'éveilla avec une sensation de joie et réalisa qu'un certain Sherlock Holmes en était à l'origine. Il étendit instantanément le bras vers son téléphone sur la table de nuit et vérifia ses messages. Il y en avait deux que Harry lui avait envoyés avant d'aller au travail, ou quel que soit l'endroit où elle se trouvait actuellement, et, sans surprise, aucun de Sherlock. John hésita à lui envoyer un message puis décida de ne pas le faire. Sherlock ne paraissait pas particulièrement enclin à papoter. John restait un inconnu, après tout.

Il se leva, se rendit à la salle-de-bain pour ses ablutions matinales. Il habitait chez Harry et, bordel, tout l'appartement était en désordre. Il n'avait pas l'énergie de nettoyer, mais il le fallait, c'était la veillée de Noël après tout. Le cerveau de John sursauta et sortit de son état confus et ensommeillé. Il n'avait rien acheté pour Harry et il devait toujours retrouver Mike. Il réalisa qu'une longue journée l'attendait.

Une fois à l'arrière d'un taxi, il succomba à son envie et décida d'envoyer un message à Sherlock. Le pire qui puisse arriver était soit que Sherlock ne réponde pas, soit qu'il lui demande d'arrêter de l'ennuyer, mais au moins John arrêterait de tripoter son téléphone sans arrêt. Ca commençait à devenir gênant.

''Bonjour – JW''

Presque quinze minutes plus tard, une réponse arriva alors qu'il était sur le point d'entrer dans un magasin de cadeaux. Il s'arrêta net et attrapa rapidement son téléphone.

''Je crains de ne pas suivre ton observation. Ce n'est qu'un jour neigeux, normal, ennuyeux, rien de bon ni spécial à son propos. - SH''

John éclata de rire et entra dans la boutique. C'était un magasin Chinois Feng Shui. Harry semblait croire en ce genre de trucs. Pas qu'il la juge ou quoi que ce soit, mais il était opposé à l'idée que Harry pense qu'une amulette pourrait avoir un quelconque impact positif sur sa relation avec sa petite-amie. Elle ne mettait jamais en cause son alcoolisme. C'était toujours la faute soit de leurs parents décédés, soit des amulettes de pacotille, soit de l'enrôlement de John, ou de l'univers en général. John aimait sa grande sœur, vraiment, mais passer une semaine avec elle était plus éreintant qu'envahir une terre étrangère. John ressentit de la pitié pour Clara, la copine actuelle de Harry.

Son téléphone sonna de nouveau.

''Bonjour à toi aussi, John. - SH''

''Tu veux un Chat Porte-Bohneur pour Noël ? - JW''

''Grand Dieu, qu'est-ce qu'un Chat Porte-Bohneur ? - SH''

''Un chat doré Feng Shui qui éloigne le Diable. Il te ressemble un peu :p – JW''

''Une autre vaine tentative d'être drôle. Les personnes qui me connaissent pourraient avoir besoin de ce chat, ceci dit. Et je puis t'assurer que je ne ressemble en rien à un chat, surtout un chat doré porte-bonheur. - SH''

''Les gens qui te connaissent aurait besoin de ce chat ? Tu sous-entends que je ferais mieux d'arrêter de te parler ? - JW''

''Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je voulais dire que, eh bien... j'ai un peu de mal avec les autres, c'est tout. - SH''

La réponse était arrivée trop vite. John ne faisait que taquiner Sherlock, mais cela lui fit réaliser que ce dernier voulait vraiment parler avec lui et ça le rendit incroyablement heureux. Il quitta le magasin et marcha vers l'appartement de Mike. John espérait qu'il y habitait encore. Un message arriva entre temps.

''Est-ce que tu as acheté le chat ? - SH''

''Nope. J'ai décidé de te garder, à la place. J'aime les personnes diaboliques. Brillant, charmant et diabolique, c'est mon truc. - JW''

''Il semblerait. - SH''

John sourit en coin. Il avait atteint l'appartement de Mike qui n'était pas chez lui. Il eut le numéro de Mike par sa logeuse puis se hâta vers l'appartement de Harry.

''Alors, quels sont tes plans pour Noël ? -JW''

''Rien. Peut-être un dîner de famille pénible. Tu as quelque chose de prévu, je présume ? -SH''

''J'ai perdu contact avec la plupart de mes potes de la fac et mes autres amis sont soit en Afghanistan soit en train d'apprécier une semaine de permission dans leur famille. Harry va certainement sortir avec sa petite-amie. J'ai récupéré le numéro de Mike chez sa proprio. Je le verrai certainement demain s'il est libre. Ca m'a tout l'air d'un plan du feu-de-Dieu, non ? - JW''

''J'espère que ton ami Mike sera disponible demain, John. - SH''

C'était étrangement adorable. John ne prenait pas Sherlock pour une personne vraiment sympathique mais il sentit le soutien et la compréhension qu'il avait essayé de lui apporter à travers ce message.

''J'espère que tu feras quelque chose d'intéressant ce Noël, quelque chose de nouveau. - JW''

John était arrivé à l'appartement. Il cacha ses cadeaux et alla préparer du thé et quelque chose à manger dans la cuisine. Wow, il était franchement affamé.

''Combien de temps dure ta permission actuelle ? - SH''

''J'ai mon vol le 29. Pour laisser les autres rentrer chez eux et passer le Nouvel An avec leur famille et leurs amis. - JW''

''Combien de temps dois-tu continuer à servir ta Reine et ton Pays ? - SH''

''Tu veux dire quand est-ce que je reviens définitivement ? Dans cinq ans, si seulement je survis aussi longtemps ! - JW''

''Dans ce cas, tu mourras en martyr. Ce n'est pas ça, le rêve de tout soldat ? Servir la Reine et les compatriotes, mourir en martyr et devenir un héros ? - SH''

John se hérissa. Pour lui, il n'y avait rien de plus courageux que de se dresser sur la ligne de front et prendre une balle dans l'espoir que sa mort éviterait celle de quelqu'un d'autre.

''Ne plaisante pas avec ça, Sherlock. C'est grâce à nous que tout le monde peu dormir serein la nuit. Personne ne veut mourir sauf si c'est absolument nécessaire. J'ai vu tellement de soldats blessés pleurer sur leur lit de mort pour vivre un peu plus longtemps. Ils m'ont supplié de les sauver pour revoir leur famille, leur pays encore une fois. On sert, on meurt parce que quelqu'un le doit. Quelqu'un doit protéger ceux que nous aimons. Je regrette chacun de mes échecs, chaque patient que je n'ai pas pu sauver, je les regrette chaque jour. Quand je me suis enrôlé, j'avais peur de la mort au début, mais maintenant j'espère juste que je pourrai servir aussi longtemps que possible. - JW''

''Pourquoi ? -SH''

John était un peu irrité. D'abord parce qu'il ne supportait pas les piques sur les soldats, quelles qu'elles soient, et ensuite parce qu'après sa longue confession émouvante, la seule réponse de cet homme était ''pourquoi'' ! Ce type était un point d'interrogation vivant, hein ?

''Il y a plusieurs raison et l'une d'entre elles est qu'il y aura toujours des vies à sauver, à protéger. Il n'y aura jamais un nombre suffisant de docteurs sur le terrain et, sachant ça, je doute de pouvoir m'empêcher de renouveler mon engagement. - JW''

''Quelle sont les autres raisons ? - SH''

John aurait dû être agacé ou énervé, mais, en fait, ça lui faisait du bien. Il se sentait soulagé de partager certaines des ses émotions, de ses pensées, avec un être vivant qui pouvait vraiment lui répondre. C'était plus facile d'ouvrir son cœur à un étranger sans visage qu'à un ami ou à sa famille. Alors il continua.

''Un fois que tu as vu un champ de bataille, tu ne peux jamais revenir à une vie civile normale, Sherlock. Regarde, moi par exemple. J'ai été là-bas pendant deux ans seulement mais ça me fait déjà bizarre d'être revenu je n'arrive pas à lier avec des amis, avec la seule famille qui me reste. J'essaie de plaisanter, de rire de l'inconfort, mais à la fin de la journée tout ce que je peux voir c'est le sang, le sable et la mort. J'ai déjà l'impression que je n'appartiens plus à cet endroit, tu peux imaginer ce qu'il va se passer quand je devrai rentrer après cinq années de plus ? Je vais peut-être survivre en zone de guerre, mais je ne suis pas sûr de survivre à un retour à la vie normal. - JW''

Il y a eu un long silence, plus long que ce que John avait anticipé. Il voulait juste ne pas rester seul avec ses pensées morbides. Puis Sherlock répondit enfin.

''La norme, c'est surfait et ennuyeux. Une autre raison ? - SH''

''Il n'y a aucune motivation pour moi à revenir ici. - JW''

Cette fois, la pause fut encore plus longue. C'était étrange. John voulait continuer à parler mais il ne savait pas comment repartir après ça.

''Je vais te laisser et prendre ma douche, maintenant, d'accord ? - JW''

C'était foireux mais il ne voulait pas finir la conversation sur une telle note.

''Oui, d'accord. - SH''

John se doucha, rangea un peu l'appartement, prépara un repas rapide et léger puis s'assit devant la télé. Mais il réalisa rapidement qu'il pensait à Sherlock et alla récupérer son téléphone dans sa chambre. John était surpris de voir à quel point un relatif inconnu dont il ne connaissait pas le visage pouvait influencer son humeur, mais il se dit que Sherlock Holmes n'était pas juste n'importe qui. Il était une rencontre plus intéressante et passionnante que qui que ce soit qu'il ait pu connaître avant. Ce à quoi ressemblait cet homme n'avait aucune importance pour John, Sherlock lui apparaissait déjà comme la personne la plus attirante et captivante qu'il ait jamais rencontrée et il appréciait chaque minute passée à discuter avec ce génie. Néanmoins, il voulait le voir. Son départ était dans quelques jours et il voulait rencontrer Sherlock en personne, mais était trop gêné pour le lui dire. C'était trop tôt, n'est-ce pas ?

''Hey. - JW''

''Hello, John. - SH''

''Qu'est-ce que tu fais ? Je regarde des conneries à la télé, personnellement. - JW''

''Mmh. Je pense. - SH''

''A quoi?- JW''

''Rien en particulier. - SH''

''Menteur. T'es sûrement en train de penser à ton Bébé ;) - JW''

''Selon des normes sociales établies, il est considéré comme impoli de traiter quelqu'un de menteur sans en voir la moindre preuve. Et je ne possède pas d'enfant. - SH''

''Nan mais qui 'possède' un enfant, sérieusement !? Et je parlais de ta petite-amie, crétin. :) - JW''

''Les filles ne sont pas vraiment mon domaine. Et John, c'est dans tes courses de chez Tesco que tu trouves tous ces 'smileys' et points d'exclamation gratuits ? - SH''

'Les filles, pas son truc ? Qu'est-ce que... ? Oh !' Il comprit, soudainement.

''Okay, d'accord... petit-ami alors ? - JW''

''Je me considère comme marié à mon travail, John. Et maintenant, si tu es satisfait de cet interrogatoire plutôt brute sur ma vie sexuelle, peut-on parler de quelque chose d'un peu plus utile ? - SH''

John gloussa. 'Petit con,' marmonna-t-il dans un souffle tout en remarquant que Sherlock avait évité de répondre à la question. Il décida d'abandonner le sujet.

''T'as remarqué qu'on a trouvé le moyen de passer vingt-quatre heures ensemble ?! :D – JW''

Ce n'est qu'après avoir appuyé sur 'envoyer' qu'il réalisa comment sonnait le message et il se dépêcha d'en envoyer un autre.

''Je veux dire que tu as réussi à me supporter pendant un jour entier. Tu vois, comme je suis charmant ? ;) - JW''

Oui, taquiner c'était sûr ça aiderait à diminuer son attirance envers cet homme étrange.

''Si je suis parvenu à te souffrir aussi longtemps, alors tout le mérite me revient, Watson ;) - SH''

''Oh mon Dieu ! Est-ce que tu viens d'utiliser un smiley ? Sherlock fucking Holmes vient d'utiliser un smiley ! Un putain de smiley ! :D :D :D – JW''

''La ferme, John. Ton imbécillité déteint sur moi. Je devrais m'inquiéter. - SH''

John était hilare. Il ne savait pas à quoi ressemblait Sherlock mais il imaginait un gosse boudeur avec une moue intense et un énorme clin d'œil. John tomba presque du canapé à force de rire. Dans cet instant léger et amusant, il rassembla enfin le courage de demander à Sherlock ce qu'il voulait lui demander depuis la veille.

''Hey, tu pense qu'on pourrait se voir ce week-end pour boire un verre ou deux ? Tu sais, juste se connaître un peu mieux ? Et honnêtement, ça sera bon pour moi d'enfin rencontrer Son Excellence :p – JW''

Oui, c'était bien. Rester léger, c'était bien. John savait être amusant. Ca ne sonnait pas désespéré, hein ? Sherlock mit longtemps à répondre et John attendit en retenant son souffle, comme un ado anxieux, et se haït pour ça. Enfin, l'alerte SMS résonna.

''Je suis désolé, John, mais ça n'est pas possible. Je quitte le pays très bientôt. - SH''

Alors on y était. Le refus. Très poli, au moins, songea John. C'était vraiment trop tôt, donc, mais John n'avait jamais ressenti ça avant. Il avait toujours été un type populaire, toute sa vie, n'avait jamais eu de problème pour avoir des rendez-vous ou quelqu'un avec qui baiser. Il était tombé amoureux quelques fois aussi, ou du moins l'avait-il pensé sur le moment, mais jamais dans sa vie il ne s'était senti aussi avide de rencontrer quelqu'un qu'il ne connaissait pas en personne. Ca ne faisait qu'un peu plus de vingt-quatre heures, bordel ! Il était embarrassé, tout en sachant que c'était sa seule chance de rencontrer Sherlock. Avec un travail comme le sien, il pourrait ne plus être en vie le mois prochain et était désespéré de rencontrer la personne par laquelle il était attiré comme un papillon par une bougie. C'était probablement sa seule chance, et elle était passée. Il n'était pas certain que Sherlock doive réellement quitter le pays prochainement. N'était-ce pas qu'une excuse ? Mais est-ce que ça avait encore vraiment de l'importance ? Il retournerait en Afghanistan dans quelques jours, ne reviendrait peut-être pas pendant longtemps, ou alors dans un cercueil. John eut un rire amer. Un nouveau message arriva de Sherlock et John l'ouvrit avec une certaine réticence.

''Mais ça ne signifie pas que je ne veux pas te rencontrer, John, je le veux vraiment. J'aimerais te connaître mieux aussi, mais ma situation est compliquée en ce moment et peu importe combien je voudrais la voir changée, ça ne se passera pas comme ça. Je suis désolé, John. - SH''

'Oui, c'est ça, bien sûr que tu es désolé,' marmonna John. Il regrettait tout, venir ici, échanger des messages avec Sherlock, vivre avec Harry, tout. Il n'appartenait plus à cet endroit. Plus maintenant.

''Non non, c'est bon. Tout va bien. Profite de ton voyage, Sherlock. - JW''

''Nous nous rencontrerons de nouveau, John. - SH''

''Ouais, certainement -JW''

John se leva. Harry lui avait demandé de les rejoindre dans un pub, elle et Clara, mais John décida de ne pas y aller. Il opta pour une longue marche à la place. Il avait besoin de prendre l'air. L'obscurité tombait, dehors l'air glacial lui brûla le visage, le rendant rouge et vif. Il marcha sans but ni direction. Il ne renvoya pas de message à Sherlock après son dernier, et Sherlock non plus. Tout allait bien. C'était juste une chance d'entrer en contact avec l'homme le plus intriguant qu'il ait été donné à John de rencontrer, un intérêt, une rapide attraction à sens unique, et puis la fin. C'était normal, un événement tout-a-fait commun. La seule chose qui n'était pas commune était que cette personne était Sherlock Holmes. John avait su que la fin était inévitable. Il était soldat, déployé sur un autre continent, revenait seulement pour quelques jours et retournerait au front dans une semaine. Il était suffisamment avisé pour ne pas se bercer d'illusion, mais il pensait qu'il pourrait au moins emmener avec lui des souvenirs agréables, à chérir pendant les nuits longues et chaudes, dans lesquels il pourrait se plonger pour se rappeler que Londres était réelle, qu'il avait aussi une vie en dehors du désert. Maintenant, il apparaissait qu'il en demandait trop.

John finit dans un pub rempli de personnes joviales et bruyantes savourant l'ambiance festive. Il s'assit dans un coin avec une bière et observa le flot de vie. Un groupe de garçons plein de joie qui se bousculaient en riant, un couple rougissant, quelques vieux acariâtres qui se plaignaient du froid, et d'autres. Il regarda et regarda et sentit combien sa vie était différente et éloignée de la leur. Il ne pouvait reconnaître le moindre visage et se sentit particulièrement seul. Assis au milieu d'une foule pendant la veillée de Noël, il se sentit plus solitaire que jamais. Sous une impulsion soudaine, il sortit son téléphone et envoya un message.

''Je peux t'appeler ? - JW''

La réponse fut instantanée.

''Comme tu veux. - SH''

Bon, ce n'était pas très engageant.

''Est-ce que tu veux que je le fasse ? - JW''

Après un instant,

''Oui. - SH''

John quitta immédiatement le pub et se posta à l'extérieur. Il avait besoin de savoir que Sherlock était réel. Il essaya de calmer les battements de son cœur et appuya sur le bouton d'appel. Après quelques sonneries, il fut accepté.

J : ''Sherlock ?''

S : ''Bonsoir, John.''

John fut surpris d'entendre la voix profonde et grave. Il n'avait que vingt ans, non ?

J : ''Euh... Salut... Je... Je voulais juste parler... parler avec toi.''

S : ''Je suis ravi que ce soit le cas. C'est agréable d'au moins pouvoir mettre une voix sur un nom.''

J : ''Oui, oui, exactement ce que je me disais, oui.''

John avait les plus grandes difficultés à trouver un sujet de conversation, n'importe quel foutu sujet...

S : ''Tu es de sortie ?''

J : ''Ouais, je suis dans un pub, j'attends que le temps passe.''

S : ''Et tu t'amuses ?''

J : ''Pas vraiment.''

S : ''Bien ce que je pensais.''

John eut un sourire en coin.

J : ''Bien sûr que tu le savais. T'es Monsieur Je-sais-tout.''

S : ''Toi et ton inepte sens du surnom...''

J : ''Eh bien... Je fais de mon mieux pour continuer à te divertir.''

John entendit un rire de gorge, de l'autre côté du fil. Il se sentit heureux et triste à la fois.

S : ''Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ?''

J : ''Non, pas vraiment. J'ai juste... Je... Désolé, je te dérange sûrement. Je devrais raccrocher.''

S : ''Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire. Pas du tout. Je suis vraiment content, John, que tu aies décidé de m'appeler. Vraiment.''

John se sentit un peu mieux en entendant la réaction de Sherlock. Ce dernier semblait apprécier l'appel aussi.

J : ''Okay, d'accord. Je voulais entendre ta voix, en fait. J'avais besoin de savoir que tu étais réel.''

S : ''Ca paraît légitime, surtout dans cet ag...''

J : ''Je voulais des souvenirs à emmener là-bas, des souvenirs heureux.''

S : ''…''

J : ''C'est pour ça que je voulais te rencontrer, tu sais. Créer des moments.''

S : ''J'aurais aimer faire partie de tes souvenirs heureux. Je suis désolé, honnêtement, John.''

J : ''Tu fais déjà partie de mes bons souvenirs, Sherlock. Tout ce que tu m'as dit, tout ce qu'on s'est dit, a rendu mes journées un peu moins difficiles. Je suis vraiment content que Harry ait mal écrit ce numéro. Je ne t'aurais jamais rencontré autrement. Je ne te connais même pas, mais je suis content de t'avoir trouvé, Sherlock.''

S : ''John, je... Je ne sais pas quoi dire. Je ne suis pas bon en communication et maintenant les mots m'échappent complètement. Mais je veux que tu saches que tu es apprécié. Je te remercie de me laisser être une partie de ton bonheur. C'est... Personne ne m'a jamais dit quelque chose comme ça avant, n'a jamais ressenti ça à mon propos. Je ne savais même pas que je pouvais rendre quelqu'un heureux et même si je suis certain que tu m'estimes bien plus que je ne le mérite réellement, je t'en remercie malgré tout. Et je suis heureux d'avoir choisi de répondre à ce 'faux numéro'.

John resta sans voix. Il n'aurait jamais pensé que Sherlock le remercierait pour ses sentiments. Il se sentit apprécié, appréciable, grâce à Sherlock. Son désir ardent de le voir gonfla brusquement.

J : ''Tu pars quand ? On ne peut pas se rencontrer juste pendant une heure ? Je peux te rejoindre où que ce soit qui serait pratique pour toi. Ca sonne désespéré, je sais, mais j'ai vraiment envie de te voir Sherlock.''

S : ''On se rencontrera, John. C'est obligé. Je te le promets.''

J : ''Tu ne comprends pas. Je ne serai peut-être plus en vie le mois prochain. Cette prochaine fois pourrait ne jamais venir. S'il te plaît Sherlock, juste une fois ?''

S : ''… Ma voiture arrive dans moins de trois minutes, John. Je pars ce soir.''

J : ''… Ah. D'accord.''

S : ''John... On se rencontrera la prochaine fois que tu rentreras.''

J : ''Si je rentre.''

S : ''Alors je te donne une raison de rentrer. Tu avais besoin d'une motivation pour revenir à Londres, maintenant tu en as une. Tu reviendras pour me voir. Pour moi.''

J : ''Il y aura un continent entier entre nous. Il y a tellement de choses intéressantes dans ta vie, Sherlock. Qui se souviendrait d'un imbécile de médecin de l'armée sans visage ? Tu vas m'oublier.''

S : ''Alors tu me retrouveras, exactement comme tu l'as fait cette fois.''

J :''Et si je ne peux pas te joindre ? Si j'oublie le chemin pour rentrer ? Qu'est-ce qui se passera, dans ce cas ?''

S : ''Dans ce cas... C'est moi qui te retrouverai.''

John ferma les yeux, serra les paupières. Des larmes chaudes roulaient sur ses joues glacées.

J : ''Tu me le promets, Sherlock ?''

S : ''Je te le promets, John. Mon véhicule est arrivé. Laisse l'adresse de ta base sur mon site. Mon téléphone ne fonctionnera pas pendant quelques temps jusqu'à ce que mon frère mette à jour ma carte SIM, vu l'errance à venir... Alors si tu ve...''

J : ''Tu ne m'as pas dit où tu partais.''

S : ''Tu ne me l'as pas demandé. Je vais en France vivre chez ma grand-mère.''

J : ''Tu pars encore plus loin... Mais on sera à des milliers de miles l'un de l'autre, de toute façon.''

S : ''L'esprit voyage plus vite que la lumière, John. Rappelle-toi toujours de ça. La distance n'est qu'une notion, franchie par la pensée. Même si on se connaît depuis peu, tu m'es plus proche que mon propre frère. Et je t'écrirai dès que je le pourrais. N'oublie pas de me laisser ton adresse.''

J : ''Oui, oui, je le ferai. Fais attention sur la route, Sherlock. Bon voyage.''

S : ''Joyeux Noël, John.''

J : ''Joyeux Noël, Sherlock.''

S : ''Nous nous rencontrerons de nouveau.''

J : ''Oui, oui.''

Lorsqu'il raccrocha, John leva les yeux et fixa le ciel noir. Tellement noir, inconnu et énigmatique et pourtant si proche du cœur. Il le faisait penser à Sherlock. Au moins, ils partageraient le même ciel. Si loin et pourtant si proche. Il avait une raison maintenant, et il trouverait toujours le chemin du retour. Toujours.

O-O-O

Quand l'appel termina, Sherlock était déjà en route vers l'aéroport. Les émotions n'étaient pas sa tasse de thé c'était la dernière des choses dans laquelle il voulait se laisser emporter. Malgré son jeune âge, il avait presque perfectionné l'art de se distancier des autres, du moins le pensait-il. Personne n'avait jamais essayé de le connaître et il retournait la faveur avec grand plaisir. Les prédications de Mycroft et ses propres expériences amères avaient convaincu Sherlock que se soucier des autres n'était jamais un avantage, raison pour laquelle ce qu'il ressentait vis-à-vis de John lui était tellement étranger qu'il ne savait qu'en penser, ni comment procéder. Sherlock détestait ne pas savoir quelque chose et ça avait un effet néfaste sur ses facultés mentales. Il y avait trop d'émotions, trop de questions sans réponse, de réflexions différentes dans son cerveau et toutes étaient générées par une unique source – John Watson.

Sherlock avait regretté beaucoup de décisions prises par le passé, simplement sur des coups-de-tête, mais jamais à ce point. Il regrettait d'avoir pris sa première dose de cocaïne, regrettait d'avoir développé une addiction, regrettait d'avoir donné à Mycroft une raison de douter de lui. S'il avait su que quelques minutes de plaisir lui voleraient la chance d'expérimenter le bonheur réel, une chance de créer une connexion solide, concrète avec un autre être humain qui non seulement le supportait mais en plus voulait créer des souvenirs heureux avec lui, il n'aurait jamais pris cette petite fiole d'insouciance liquide... Oh, si seulement il avait su...

Il n'avait jamais apprécié l'attachement. Avec une mère décédée, un père distant et un frère excessivement ambitieux, cette option ne s'était jamais vraiment présentée à lui. Pourtant il avait essayé de s'insérer, avait essayé une ou deux fois de rentrer en contact avec d'autres qui n'étaient pas des Holmes, mais ça n'avait jamais su que le faire souffrir. Sherlock n'était pas sûr que John l'aurait apprécié s'il avait eu l'opportunité de le rencontrer en personne mais, une fois encore, John Watson était une exception à toutes ses notions et expériences passées. Alors Sherlock se laissait à espérer que John pourrait bien l'aimer même en le connaissant. En tout cas, il devait essayer. Il voulait mieux connaître John, il voulait que John connaisse le vrai lui et pour ça, il devait essayer et il le ferait. John Watson était le bouton 'reset' dont sa vie avait besoin et quand il reviendrait de France, il serait un homme meilleur. Pour John.

Il était arrivé à l'aéroport et accomplissait les dernières formalités obligatoires. Il brillait de sa nouvelle résolution. Il avait trouvé son espoir, avait trouvé sa lueur, enfin. Avant d'embarquer dans l'avion, il envoya un dernier message à John.

''Peu importe où tu vas, que ce soit en zone de guerre ou en même en Enfer, je te retrouverai, John Watson. J'en fais la promesse. - SH''

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Fin

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La suite viendra dans pas très longtemps, moins d'une semaine (et pas un vendredi, c'est tout sauf stratégique pour moi de poster les vendredis X). Publiée sous le titre A Promise To Keep.

J'espère que cette première partie vous aura plu.

A tout vite pour la prochaine !

Nauss

PS : je traduis toujours les reviews à Abbey, si vous voulez lui dire deux-trois mots, n'hésitez pas !