Juste One Bullet

Castiel observait une des filles du barman en train de tenir compagnie à un homme qu'il savait avoir la gâchette facile. Et quant il buvait, c'était encore pire. Une fois, il avait dû intervenir, le gars ayant commencé à essayer d'allumer un canasson sans aucune raison. La couleur de sa robe avait dû l'offenser. Castiel soupira de fatigue et finit son verre de whisky. Il était crevé et voulait aller dans son plumard, mais Peter pouvait très bien péter un câble juste après son départ... Il râla et se leva, se plaçant à la table juste derrière celle du gars. Avec des gestes expérimentés, il récupéra le pistolet de Peter, ce dernier étant trop bourré pour remarquer quoi que ce soit, et retira les balles qu'il mit dans sa poche. Il remit le pistolet de Peter à sa place, tapota son épaule en lui souhaitant une bonne fin de journée et s'en alla.

Il inspira l'air tiède de la nuit. Même la nuit, il ne faisait pas frais. C'est affreux comme il faisait chaud l'été, ici. La ville était calme la nuit à part quelques pochetrons à la recherche d'un réconfort absent du foyer. Il était presque arrivé chez lui lorsque le son de deux chevaux lancés à plein galop le firent se retourner. Il jura et sortit son arme. Il n'y avait que deux hommes assez inconscients pour se lancer à plein galop dans une ville à une heure pareille.

- Winchester, jura Castiel qui réalisa que son cheval était trop loin, il n'aurait jamais le temps de le sceller.

Il vit Impala, la jument de ce Dean Winchester de malheur, passer à toute allure dans la rue. Il ne pouvait rien faire, on n'y voyait strictement rien dans cette nuit obscure. Cette crapule et son frère avaient encore dû braquer une autre banque ou s'y préparaient... Castiel les regarda s'éloigner en soupirant. Quelle journée de merde. Il se retourna et rentra chez lui.

Les frères Winchester étaient une énorme épine dans le pied de nombreuses villes. Ils braquaient les banques et les populations riches. Ils faisaient ça régulièrement depuis maintenant quelques années. On ne savait jamais quant ils allaient frapper ni où. Ils pouvaient remettre le couvert à peine quelques mois après le précédent ou attendre bien plus longtemps, le plus longtemps ayant été un an. Mais généralement, c'était tous les quatre mois qu'ils volaient à nouveau. Personne ne savait ce qu'ils en faisaient et pourquoi ils ne s'arrêtaient pas, ne partaient pas loin...

Castiel les avait, tout à fait par hasard, affrontés dans une autre ville il y a quelques années. Il les avait vus descendre de leur monture sans se poser de question, ne les connaissant pas encore, son attention particulièrement attirée par l'un d'entre eux : Dean. Il était plus petit que son frère et d'une beauté... captivante. Il avait été bien surpris d'entendre deux minutes après l'alarme stridente de la banque sonner. Et plus encore surpris lorsqu'il avait braqué son arme sur cet homme même entrain de braquer la banque. La surprise lui avait d'ailleurs fait perdre de précieuses secondes. Dean en avait profité pour donner un habile coup de pied retourné dans son arme, qui avait été envoyée au loin. Castiel s'était giflé pour avoir eut le souffle coupé par ce mouvement digne d'un combattant hors paire et avait relevé le regard vers cet homme qui le tenait maintenant en joue en souriant sarcastiquement... Cet incident était sa plus grande honte.

Lui et ce criminel s'étaient fixés sans dire un mot, leur regard ne se quittant pas une seconde tandis que l'autre frère emplissait des sacs avec l'argent de la banque. Dean n'avait pas enlevé ce sourire agaçant de ses lèvres fines. Sa posture assurée et immobile l'avait incité à ne pas tenter quoi que ce soit, sûr et certain qu'il aurait tiré sans hésiter et sans manquer sa cible. Dean l'avait regarder de ses yeux provocants, inquisiteurs et amusés et ça l'avait rendu furieux. Il l'avait ridiculisé, tenu dans sa main, faisant passer tous les shérifs pour des blaireaux. Parce que oui, c'était lui le shérif de Cincinnati et il avait été parfaitement inutile, un vrai boulet, humilié. Il en avait fait son affaire personnelle.

Il s'effondra dans son lit. Demain, il reporterait qu'il les avait vus passer ici.


Le lendemain, il fit remonter les infos et en profita pour récupérer celles des autres. Les Winchester avaient bel et bien commencé une tournée de hold-up. Ils en avaient fait deux en à peine une semaine... Ils ne faisaient jamais ça... Ce n'était pas dans leurs habitudes d'en faire autant en si peu de temps. Quelque chose avait dû se passer, un imprévu qui faisait qu'ils avaient besoin de beaucoup d'argent et rapidement... Et les imprévus, c'était bon, ça leur faisait faire des erreurs. Le fait qu'il les ait vus la veille tandis que leur dernier hold-up était il y a deux jours signifiait qu'ils avaient juste repéré les lieux et allaient bientôt passer à l'attaque. Et la seule banque présente dans le secteur duquel il venait, il la connaissait.

Il remercia le shérif de ce comté et enfourcha son cheval qu'il lança au galop en direction de la ville voisine. Il laissa la selle à Faith au cas où il devrait poursuivre les deux frères. Il était posté non loin de la banque, attendant patiemment que les deux hors-la-loi se montrent. Deux heures plus tard, rien en vue... Mais il resta vigilant, grattant l'encolure de Faith qui commençait à s'impatienter. Il tenta de le calmer en lui donnant une pomme au moment où il sentit quelque chose s'enfoncer dans son dos, le faisant se figer. Castiel ferma les yeux en soupirant fortement lorsqu'il entendit un ricanement moqueur juste derrière lui.

- Regarde qui est là, Sammy ! Fit Dean en passant un bras devant la gorge du brun qui grogna et recula lorsque le criminel le tira en arrière. T'es pas très doué, toi, non ? Se moqua Dean avec un sourire de deux kilomètres de long sur le visage.

Castiel ne dit rien, excédé de sa connerie. Dean le fit reculer jusque contre un poteau.

- Apporte de la corde, Sammy, on va attacher cet amour, ricana Dean en plaquant Castiel contre le poteau.

Le cadet apporta rapidement ce dont ils avaient besoin, ligotant comme un saucisson le shérif, qui devait ajouter une nouvelle humiliation à sa liste des hontes... Qui bizarrement, étaient toutes dues à ce démon aux beaux yeux verts. Ce dernier se recula justement pour admirer son œuvre, un sourire hilare sur les lèvres.

- Ça lui va merveilleusement bien, tu trouves pas, Sammy ?

- Tu trouves ? Demanda le cadet, perplexe.

- Ouais... Son regard furieux fait ressortir sa virilité, non ?

- Vous avez fini, oui ? S'agaça Castiel. Je ne suis pas un morceau de viande.

De suite après, Castiel vit Dean se lécher les lèvres puis s'approcher de lui et s'accroupir à ses côtés. Castiel déglutit lorsque le criminel saisit sa mâchoire et lui fit relever la tête d'autorité.

- T'as raison. T'es pas un morceau de viande, concéda Dean. T'es Mon morceau de viande ! Finit-il avec un grand sourire malicieux sur ses lèvres qu'il mordait doucement sans le lâcher de son regard intense...

Castiel sentit un drôle de frisson le prendre, son regard ancré dans celui vert émeraude... C'est Sam se raclant la gorge qui leur fit rompre le contact visuel.

- Si tu veux, on remet ça à demain ! Fit sarcastiquement le cadet.

- Non, on y va, répondit Dean d'un ton tout à coup sérieux en se relevant.

Castiel les regarda récupérer les sacs qu'ils plièrent soigneusement, les cachant un maximum. Puis il les vit vérifier leurs armes et leurs munitions avec agacement. Est ce qu'il se sentait comme le plus inutile et abruti des shérifs ? Bordel oui ! Dean lui lança un dernier sourire moqueur, son regard passant sur son corps ligoté avec satisfaction avant qu'il ne se lance dans le hold-up au côté de son frère. Il les vit marcher tranquillement, sans se presser, professionnels. Castiel grogna et cogna l'arrière de son crâne contre le poteau. Il entendit des bruits rauques et écœurants dont il ne tarda pas à découvrir la provenance. La jument de Dean n'arrêtait pas de cracher et respirait anormalement fort. Il entendit soudain l'alarme de la banque retentir et peu de temps après, les Winchester déboulaient devant lui avec des sacs pleins. Ils sautèrent sur leur chevaux, Dean lui faisant un dernier clin d'œil provocateur, et détalèrent à toute allure.

- Putain de Winchester, pesta Castiel qui dut ronger son frein une bonne heure sous un soleil de plomb avant qu'on ne repère enfin qu'il était là.

Il dit poliment merci au bon samaritain l'ayant libéré et récupéra Faith... Mais il savait que les deux hors-la-loi étaient déjà loin et en sûreté. Il monta sur son cheval et regagna sa ville. Il avait encore manqué une opportunité en or de les arrêter ! Et encore une fois, c'était Dean qui l'avait tourné en ridicule... Il les détestait mais il devait admettre que c'était des pros. Ils tiraient avec précision et rapidité, restaient calmes et professionnels en toutes circonstances et savaient improviser. Ils savaient se battre à mains nues comme personne... Il rentra Faith aux écuries et alla se coucher. Il retira son étoile de shérif et se mit torse nu pour la chaleur, son dos encore endolori d'avoir été dans la même position désagréable durant tant de temps. Le seule chance qu'il lui restait était que les Winchester aient encore besoin d'argent, mais il en doutait. C'était la troisième banque qu'ils cambriolaient, après tout. Castiel soupira fortement et s'endormit rapidement.

Castiel fut réveiller par un chien jappant dans la rue... Encore ce chien, râla-t-il avant de se lever. Il décida de se ravitailler en provisions, incapable de refermer l'œil cette fois. Il sella donc Faith pour se diriger au bord de la ville. Il le monta et parcourut la fin des écuries lorsq'un cheval respirant fort et crachant attira son attention. Il fronça les sourcils et passa derrière l'écurie où étaient attachés deux chevaux qu'il reconnaissait parfaitement !

- Impala, souffla Castiel avant de regarder la banque de sa ville. Sale Winchester de... Jura-t-il avant de talonner Faith qui trotta calmement jusque derrière le bâtiment à côté de l'écurie, où il attendit patiemment.

Il n'allait pas refaire deux fois les mêmes erreurs. Dean lui botterait les fesses s'il rentrait maintenant. À peine une dizaine de secondes plus tard, les deux frères sortaient de la banque qui se mit à sonner. Castiel attendit juste avant qu'ils ne montent en selle et talonna sévèrement Faith, qui se lança instantanément au galop. Dean, qui apparemment, flattait l'encolure de sa jument, releva la tête et jura en montant souplement sur sa jument. Dean le prenait vraiment à la légère, pensa Castiel. Il allait le regretter. Sam était déjà lancé au galop, s'éloignant rapidement. Castiel était presque au niveau de l'aîné mais il savait sa jument rapide, alors il devait faire vite. Il sortit son arme et la braqua sur Dean. Il devait le viser dans l'épaule, la cuisse à la rigueur. Impala prenait rapidement de la vitesse et Castiel ne tirait toujours pas. Il ne pouvait être aussi précis à cheval ! Il risquait de toucher un point vital de Dean... Et il le voulait vivant.

Il jura et rangea son arme, sollicitant maintenant Faith qui accéléra son rythme. Castiel suivit Dean durant plusieurs centaines de mètres, le criminel ne cessant de prendre de la distance grâce à son excellente monture. Mais soudainement, cette dernière ralentit brutalement et Castiel écarquilla les yeux, Faith était lancé au grand galop tandis que Impala fit soudainement un pas de côté chancelant. Les deux chevaux se percutèrent violemment, Faith envoya Impala au sol et Dean fut projeté également. Ce dernier heurta violemment le dur et roula sur plusieurs mètres, tellement l'impact avait été fort. Castiel sauta de sa selle, son cheval encore au trot, et sortit son arme qu'il braqua sur le voleur toujours au sol. Il restait à bonne distance, mais Dean ne bougea pas d'un pouce. Castiel fronça les froncils et se rapprocha doucement de lui. Puis il l'entendit grogner et bouger lentement, maladroitement. Castiel rangea son arme et sortit ses menottes. Dean était encore sonné et désorienté, une parfaite occasion pour lui passer les menottes sans risque de se prendre un coup.

Dean grogna plus fort lorsque ses bras furent brutalement tirés en arrière puis ses poignets menottés. Le son des menottes se fermant sembla lui donner la bribe d'adrénaline qui lui manquait puisqu'il bougea brutalement, se releva violemment et tenta de se retourner mais Castiel le tenait fermement.

- Putain, ragea Dean en commençant à se débattre, mais il se stoppa net lorsqu'il sentit le canon d'une arme dans son dos.

- T'es à moi, maintenant, s'exalta Castiel en poussant sévèrement Dean en avant.

- T'aimerais bien, murmura le voleur en cherchant sa jument du regard.

Castiel repéra Faith, non loin d'Impala qui soufflait toujours aussi fort et crachait encore plus. Dean tenta de regarder par-dessus son épaule mais Castiel le poussa en avant, le faisant grogner. Le shérif jeta toutefois un coup d'œil à son tour, voyant le cadet des frères au loin et à l'arrêt. Il ne pouvait pas le choper aujourd'hui. Mais il avait Dean et ne le lâcherait pas.

- Impala ! Appela soudainement Dean qui obtint l'attention de sa jument dans la seconde, ses oreilles orientées vers lui. Tu bouges pas !

Impala bougea une oreille vers l'arrière avant de la rediriger vers son maître et se mit à marcher doucement en cherchant des touffes d'herbes de-ci de-là. Dean sourit et se laissa entraîner par Castiel qui interpella un homme non loin, lui demandant de récupérer son cheval. Dean fut poussé tout le long du chemin qu'il avait parcouru en catastrophe avec Impala, sous le regard des gens sortis lorsqu'ils avaient entendu la course-poursuite. Il ricana cyniquement en voyant les air horrifiés des femmes et ceux méprisants des hommes.

- Ça te fout la trique de me trimballer comme un putain de trophée, avoue, fit-il avec mordant.

- Plus que je ne l'aurais imaginé, répliqua Castiel en souriant.

Il le poussa jusque dans le commissariat. Une fois arrivé, il attacha la chaîne des menottes de Dean à un barreau de cellule, le plaçant dos à celle-ci. Dean tenta de forcer dessus, en vain. Frustré, il regarda le shérif lui prendre son pistolet et le poser sur son bureau, hors d'atteinte.

- Je vais devoir te fouiller, fit Castiel.

- Je t'en prie, fais-toi plaisir, grogna Dean.

Castiel passa ses mains dans le cou de Dean qu'il sentait tendu. Il dévala lentement ses pectoraux fermes puis ses abdos toniques sans déceler d'objet sous le tissu recouvrant le corps du criminel. Il passa sur les reins, gagnant un grognement puis redescendit sur les hanches qu'il saisit fermement. Castiel releva son regard tout en tenant Dean qui le fixait intensément, ses mâchoires serrées. Le shérif fit ensuite glisser ses pouces dans l'aine, se rapprochant de l'entre-jambe, puis glissa une main à l'intérieur de la cuisse de Dean, qui prit une grande inspiration. Il vérifia qu'il n'ait aucune arme tout le long de sa jambe puis refit la même chose pour l'autre jambe. Puis il souleva une jambe et retira la chaussure de Dean, découvrant un couteau coincé entre le pantalon et le cuir de la botte.

- Je me disais bien, aussi, murmura Castiel en retirant également la chaussette, laissant Dean pied nu.

Il procéda de la même façon à l'autre pied. Puis il se releva en faisant remonter ses mains sur l'arrière des cuisses du voleur qui grogna lorsque ses fesses furent brièvement touchées. Castiel vérifia qu'il n'y ait également rien dans le dos de Dean, préférant prévenir que guérir. Mais de ce fait, il se retrouva quasiment torse contre torse avec Dean, qui souriait en coin en se léchant les lèvres. Castiel ignora ce détail et vérifia les bras. Rien.

- Satisfait ? Demanda sarcastiquement Dean.

Castiel ne lui répondit pas et le mit dans la cellule avant de le détacher avec précaution. Dean commença de suite à tourner comme un lion. Le shérif s'en délecta immédiatement. Il remarqua un filet de sang sur la tempe droite de l'homme, qui semblait ne toujours pas s'en être rendu compte. Dean lui lançait des regards furibonds. Il frappa dans les barreaux de sa cage qu'il serra par la suite en fixant son ennemi.

- Et maintenant quoi ? Demanda-t-il d'un ton sec.

- Maintenant, tu vas être jugé, fit le shérif en s'asseyant sur le bord de son bureau.

- Quand ?

- Je me tâte encore, fit pensivement Castiel.

- Parce que t'es juge aussi ?! S'exclama Dean avec condescendance.

- Non, juste shérif, mais je peux attendre autant de temps que je veux si je dis qu'on peut attirer ton frère grâce à toi.

- Ça ne marchera pas, ricana Dean. L'est trop malin, mon petit frère.

- Je sais. Murmura Castiel qui ne pouvait retirer son regard de l'homme transpirant la colère en face de lui. C'est dingue comme tu fais plus viril, maintenant.

Dean renifla, reconnaissant ses propres paroles et se vautra sur le sol, grimaçant brièvement.

- Vous auriez pu mettre des couchettes, ce sol fait mal au cul.

- Désolé, princesse, se moqua le brun avec délice, faisant fulminer son prisonnier. Reste tranquille, maintenant, je dois aller vérifier que Faith est arrivé à bon port.

- Fais ce que tu veux, grogna Dean en se massant le flanc.

Castiel sourit de toutes ses dents, incapable de cacher sa joie. Il tenait enfin ce malfrat ! Des années qu'il le chassait et suivait ses moindres faits et gestes, et maintenant c'était enfin à son tour de lui faire la misère ! Il vérifia que Faith avait été conduit à l'écurie, le dé-sella et le nourrit. Il voulait retourner à la cellule de Dean, le narguer, le regarder... Mais il décida à la place d'aller au bar. Histoire de le faire mariner dans son jus.

- Gabe, un whisky ! Fit Castiel avec enthousiasme.

- Qu'est-ce qui te rend si heureux ? Demanda le barman.

- J'ai mis Dean Winchester derrière les barreaux.

- Sérieux ? Bravo !

- Merci, mais je dois avouer que j'ai réussi par chance. Son cheval a agi étrangement au moment critique, expliqua Castiel en buvant une gorgée du liquide foncé.

- Raconte.

- Il a ralenti et s'est mis pile en face de moi. Nos deux chevaux se sont percutés et Dean a été éjecté. Lorsque je l'ai menotté, il était encore dans les vapes à cause de la chute qu'il avait fait.

- Chanceux, ouais, sourit Gabriel. Tu vas devenir une star. Ça fait des années que les chasseurs de primes essaient de mettre le grappin dessus. Le juge va certainement le condamner à mort.

Castiel se figea subitement, puis but une gorgée de son verre avec lenteur. Gabriel fronça les sourcils et se rapprocha de lui pour éviter les oreilles indiscrètes.

- Tu l'as dit au juge, au moins ?

- ... Pas encore... Souffla Castiel.

- Mais qu'est-ce que t'attends ? Qu'il s'évade ? S'étonna Gabriel.

- Ça risque pas, il n'a plus aucune arme et il est dans une cellule sûre.

- Oui, mais il a réussi à nous glisser entre les doigts durant...

- Je veux juste pas précipiter les choses, il pourrait m'être utile pour capturer son frère, mentit Castiel.

Gabriel se redressa en continuant de le détailler. Il était clairement perplexe de cette explication mais haussa les épaules.

- C'est toi le shérif, se contenta de dire Gabriel.

Dean était coincé dans cette cellule de merde et il faisait une chaleur ignoble ! Il essuya son front en pestant, regarda son haut qui commençait déjà à s'imbiber de sueur et le retira prestement. Il espérait qu'Impala n'ait pas bougé et que son frère l'ait récupérée... Oui, il l'avait forcément fait. Sam n'aurait jamais laissé son bébé dehors dans son état. Il soupira en cambrant son dos, faisant craquer quelques vertèbres. Il grimaça en sentant son flanc le lancer. Et en plus, Cas lui avait chouré toutes ses armes !

Castiel resta au bar jusqu'au début d'après midi, commençant à avoir un creux il s'en alla. Il alla se payer un sandwich, n'étant du coup pas allé chercher des provisions. Il se stoppa un instant pour observer les autres choix et en fit faire un autre. Lorsqu'il entra à nouveau dans le commissariat, Dean était assis contre le mur, torse nu, trempé de sueur.

- Comment ça se fait qu'il fasse aussi chaud ici, bordel ! S'insurgea-t-il à la seconde ou Castiel entra.

- Le métal garde la chaleur, et comme je t'ai mis dans une cellule entièrement faite de fer... Expliqua Castiel, qui effectivement, trouvait qu'il faisait particulièrement chaud ici, bien plus que dehors.

Dean grogna en essuyant son front dégoulinant.

- Vous comptez me mettre à mort par déshydratation ? Cracha Dean, qui regardait son gardien manger tranquillement tout en l'observant.

Castiel continua encore quelques secondes avant de partir soudainement sans rien dire. Il revint avec une chope pleine d'eau qu'il fit passer entre les barreaux. Dean s'en empara et vida le contenu en de grandes gorgées. Castiel observait sa pomme d'Adam se mouvoir avec fascination et un filet d'eau dévaler son cou tanné dans sa précipitation de se désaltérer, visiblement assoiffé. Puis il lui jeta le sandwich qu'il avait pris pour lui et Dean le regarda suspicieusement.

- On ne compte pas non plus te mettre à mort en t'empoisonnant, roula des yeux Castiel.

Dean le regarda, puis évalua la bouffe avant de faire une moue puis de la saisir. Il ne finit pas, la chaleur l'assommant. Castiel regardait d'un œil distrait les gouttes de sueur dévalant la peau dorée de Dean. Ce dernier se leva soudainement, agrippa les barreaux et s'y appuya, mettant en valeur son corps musculeux.

- Alors c'est ça qui va se passer ? Toi en train de me surveiller ? À moins que tu décides d'aller voir une de ces dames du bar d'où tu viens ? Fit moqueusement Dean.

- Peut-être bien, ouais, murmura Castiel qui admirait la taille fine du voleur. Qu'est-ce que tu as au flanc ? Demanda-t-il en voyant un début de bleu violacé.

- Juste un bleu à cause de ma chute d'Impala, souffla Dean qui se perdit dans ses pensées.

Castiel remarqua l'inquiétude soudaine du voleur.

- Qu'est-ce qu'elle a ? Demanda-t-il.

Dean releva son regard sur lui, le jugea puis soupira.

- Elle a mangé une plante très toxique il y a quelques jours... Expliqua Dean. Ça l'empêche de respirer correctement, et ça n'ira qu'en empirant... Finit-il sombrement.

- ... Et le traitement est coûteux, en déduisit le shérif.

- Très, se lamenta Dean. Mais mon frère a dû la récupérer. Il a assez d'argent pour payer ce stupide antidote, elle ira bientôt mieux.

Castiel était surpris. Dean paraissait tellement épris de sa jument. Il lui vouait un amour puissant, à toute épreuve... Ce dernier se redressa soudainement, le regard dans le vague, inquiet. Il se retourna, tourna en rond nerveusement quelques secondes avant de grogner et de donner un coup de poing dans la surface métallique du fond de sa cellule. Il était de profil à Castiel qui fit défiler ses yeux sur son ventre plat, ses pectoraux saillants, ses épaules puissantes... Dean était vraiment très bel homme. Peut-être que s'ils n'avaient pas été ennemis...

- Qu'on en finisse, le sortit ce dernier de ses fantaisies. Je sais que tu sais que tu ne peux pas piéger mon frère grâce à moi alors mettons-y un terme et appelle ce foutu juge, ordonna Dean, la mâchoire serrée.

Castiel se lécha les lèvres, captivé par ce regard dur d'un vert sensuel. Il s'approcha lentement de la cellule de son prisonnier, saisit négligemment un barreau sans rompre le contact visuel.

- Non, fit-il d'une voix douce et grave mais implacable.

Dean fut piqué à vif. Il parcourut les quelques mètres le séparant de ce brun et empoigna violemment les barreaux, les faisant vibrer dans leurs gonds.

- Tu ne pourras pas me garder éternellement ici, prévint Dean.

Les deux hommes se fixaient, se détaillaient, s'observaient sans relâche et avec intensité. Soudain, Dean passa son bras en travers des barreaux en vue de choper son geôlier par le col et de le tirer violemment à lui pour que son front heurte ces maudits barreaux. Mais Castiel fut plus rapide, sortit son arme de son étui et la braqua au niveau du sternum de Dean, qui stoppa net son mouvement. Le shérif baissa les yeux et vit que le voleur avait tout de même réussi à empoigner un pan de sa chemise et à faire sauter deux boutons. Il soupira et passa à son tour son autre bras entre les barreaux. Ne pouvant faire comme Dean à cause de sa demi-nudité, Castiel empoigna donc fermement ses cheveux et le rapprocha au maximum de lui. Le criminel grogna lorsque son torse et sa tempe rencontrèrent le métal chaud.

- Je serais toi, Dean, je ferais profil bas, souffla le brun, son nez frôlant la pommette de Dean qu'il vit déglutir.

- Ou sinon quoi ? Le mit au défi ce dernier.

Castiel sourit finement, ses yeux naviguant sur le visage aux traits fins puis sur ce torse à damner à quelques centimètres de lui. Il fit passer le canon de son arme entre les barreaux. Dean frémit en sentant le bout de l'arme caresser doucement son cou, puis descendre tendrement entre ses pectoraux. Il haleta en entendant Castiel mettre la balle dans la chambre et respira plus vite en sentant l'arme mortelle défiler sur son abdomen et flatter les muscles de son ventre. Castiel s'amusa à aller jusque contre la ceinture du voleur, faisant tinter le métal de son arme avec la boucle de ceinture.

- Ou sinon tu le regretteras, murmura Castiel qui se délectait de la respiration laborieuse du voleur.

Puis Castiel relâcha soudainement Dean et se recula rapidement. Le voleur ne bougea pas, se contenta de pivoter la tête pour le regarder, positionnant son front entre deux barreaux. Castiel observa les muscles de l'abdomen de Dean se contracter avec colère, sa respiration saccadée... Puis, subitement, il se recula et se positionna au sol, commençant à faire des pompes pour canaliser sa colère. Castiel ne se gêna pas pour observer avec fascination les muscles de Dean travailler sous sa peau tannée. Il s'humecta les lèvres en voyant déjà une goutte de sueur s'écouler dans sa nuque. Hypnotisé, il se rapprocha lentement pour pouvoir suivre le parcours de cette goutte qui s'insinua dans le creux de la colonne de Dean. Elle bifurqua sur les reins, se logeant dans l'un des creux puis s'échappa sur le côté, dévalant la hanche de Dean qu'il savait être parfaitement sculpté devant. Castiel respira fébrilement puis décida de sortir pour se changer les idées...

Il savait ce qu'il se passait... Il fantasmait sur ce voleur, rêvait de poser ses mains sur son corps autrement que pour le maîtriser... Ou peut-être un mélange des deux... Il se passa une main sur le front, constata de la sueur. Il se dirigea vers un tonneau d'eau de pluie où il s'en abreuva. Il regarda son reflet dans l'eau puis décida de prendre une de ses gourdes placées dans l'écurie sur l'équipement de Faith et la remplit. Lorsqu'il revint avec l'eau pour son prisonnier, celui-ci faisait maintenant des abdos. Castiel serra les mâchoires en le voyant faire puis se força à se reprendre, se rapprochant et tendant la gourde. Dean se stoppa, mains derrière la tête, et relâcha ses cuisses, faisant s'écarter légèrement ses genoux. Castiel jura intérieurement lorsqu'il eut la fugace image de ses mains les écartant bien plus largement.

Dean le regarda se lécher les lèvres et sourit en coin. Puis il se leva et se saisit de la gourde offerte. Il l'ouvrit, en but de longues gorgées, son regard focalisé sur Castiel qui, lui, était focalisé sur son corps. Il ne put s'empêcher de déverser le reste de l'eau sur son visage parce que nom de Dieu, c'était frais et ça faisait un bien fou ! Il gémit de bien-être en sentant l'eau rafraîchir son cou, ses épaules, son torse... Lorsqu'il rouvrit les yeux, il ricana face au regard bleu enflammé.

- Vraiment dommage que tu ne veuilles pas me laisser sortir, ronronna-t-il, tu ne trouves pas ?

Castiel ne répondit rien, le regard perdu dans celui de Dean... Dean qui s'appuya à nouveau sensuellement sur les barreaux sans le lâcher de son regard de braise, dévorant... Il déglutit difficilement et quitta précipitamment les lieux. Il s'éloigna rapidement, la tête pleine d'images... Il savait qu'il le désirait... Bordel, il désirait tellement ce criminel ! Son imagination boostée par les paroles de Dean l'avait pris de court. Il s'était vu, plaqué dos contre son propre bureau avec ces hanches magnifiquement sculptées logées entre ses cuisses... Castiel inspira profondément. Il ne devait pas ressentir ce genre de choses, pas pour un criminel tel que Dean... C'était toujours source de problèmes d'avoir du désir pour un hors-la-loi.

Dean soupira en se reculant des barreaux. Il venait de perdre sa seule source de distraction. La journée allait être longue. Castiel passa effectivement la journée chez lui... Il n'avait toujours pas prévenu le juge, il savait qu'il devrait mais ne pouvait s'y résoudre. Il se coucha sur son lit en grognant. Dean Winchester avait toujours été une grosse épine dans son pied... Il devait finir son boulot, prévenir le juge... Et le laisser mettre Dean à mort. Il tourna sur le côté, se mettant en boule... Il devait... Mais d'imagienr le corps sans vie de Dean lui était étrangement insupportable... Alors à la fin de la journée, il n'avait strictement rien fait.

Dean se lécha les lèvres. Ça faisait des heures qu'il était dans cette saloperie de cellule. Il avait transpiré il ne savait combien de litres ! La nuit tombait et Castiel n'était pas revenu. Avait-il changé d'avis sur sa mise à mort par déshydratation ? Il grogna en fermant les yeux mais il était incapable de dormir à cause d'une telle chaleur. Sa gorge était horriblement sèche, il avait l'impression d'avoir une fièvre carabinée.

Castiel se réveilla en sursaut au milieu de la nuit. Bordel, il n'avait pas prévu de s'endormir ! Il se leva précipitamment, chopa sa gourde et s'empressa d'aller la remplir au point d'eau. Il faisait très sombre au commissariat car ce bâtiment n'avait aucune ouverture, aucune fenêtre pour éviter que les prisonnier ne s'évadent.

- Dean ? Appela-t-il en entrant, incapable de distinguer quoi que ce soit dans la pièce.

Il jura lorsqu'il n'entendit pas de réponse et sortit ses clefs. Il se stoppa au moment d'ouvrir la cellule. Et si Dean faisait exprès ? Pour lui sauter dessus ? Puis il entendit un grognement faible et le pantalon de Dean raclant contre le sol. Il mit de côté ses doutes et entra dans la cellule. Il marcha lentement dans le petit espace, ses pieds ne tardant pas à rencontrer un obstacle. Il se baissa et dut tâtonner pour trouver le visage de Dean. Sa main se posa à plat sur le ventre humide de sueur du voleur. Il passa outre le frisson qu'il ressentit et remonta rapidement dans le cou de Dean. Il saisit l'arrière de son crâne et souleva sa tête, la calant dans le creux de son bras. À l'aveuglette, il porta le goulot de la gourde aux lèvres de Dean. Il s'était précipité, il aurait dû emmener une bougie.

Dean grogna à nouveau lorsqu'il sentit de l'eau passer dans sa gorge. Il toussa un peu puis porta mollement ses mains à celles de Castiel pour mieux incliner la gourde. Castiel l'entendit boire avec empressement en de grandes gorgées. L'une d'elle passa de travers et Dean toussa fortement.

- Doucement... Murmura Castiel en retirant la gourde alors que Dean voulait continuer de boire malgré tout, n'ayant jamais eu aussi soif de sa vie.

Il sentit le voleur respirer fortement, serrer avec plus de force son bras détenant la gourde. Castiel patienta le temps qu'il se calme puis lui re-présenta l'eau. Dean se redressa contre lui en recommençant à boire avec empressement. Il finit rapidement la gourde et grogna de frustration avant de laisser son corps choir sur Castiel.

- Je peux savoir où t'étais passé ? Demanda-t-il d'une voix rocailleuse qui semblait douloureuse.

- Désolé, se contenta de murmurer Castiel en déposant doucement Dean au sol.

Ce dernier geignit et resserra sa poigne sur le poignet de shérif.

- Je reviens, fit Castiel en se libérant d'un geste souple.

Il entendit Dean murmurer quelque chose sans comprendre de quoi il retournait et s'en alla. Il referma la cellule derrière lui et sortit du commissariat. Il faisait vraiment très chaud, là-dedans, il pouvait sentir une nette différence de température avec l'extérieur. Il alla à nouveau remplir la gourde et revint dans le sauna. Il déposa la gourde contre les barreaux pour que Dean puisse facilement la prendre et s'adossa à son bureau, assis à même le sol. Il entendit rapidement son prisonnier se mouvoir et attraper la gourde. Il l'entendit boire facilement la moitié de cette dernière avant de souffler de soulagement et de la reposer.

- T'es plus cruel que je ne le croyais, murmura Dean en se recouchant.

- Désolé, je me suis endormis...

- ... C'est bien l'excuse la plus débile que j'ai jamais entendu, grogna Dean. Avoue que t'as fait ça pour me donner une leçon.

- Je t'assure que non, murmura Castiel.

Dean ne répondit rien et tourna la tête sur le côté, essayant de distinguer le visage du shérif en vain. Il soupira et ferma les yeux, s'endormant rapidement. Lorsqu'il se réveilla, il faisait jour, Castiel lisait sur sa chaise et de la nourriture avait été mise à côté de sa gourde à nouveau pleine. Il s'assit, gagnant un coup d'œil du brun qui retourna à sa lecture dès que leurs regards se croisèrent et commença à manger.

- Sérieusement, finit-il par dire après avoir bu une bonne partie de son eau. Qu'est-ce que tu comptes faire de moi ?

Castiel abaissa son journal pour le regarder.

- J'attends que ton frère vienne te chercher pour le capturer, fit-il avant de prendre une gorgée de sa bouteille d'eau.

Dean renifla et se releva pour se dégourdir les pattes et étirer ses muscles endoloris. Castiel l'observa faire par-dessus son journal. Le voleur avait plusieurs bleus, maintenant nettement visibles un peu partout sur le corps, le plus étendu et le plus sombre étant de loin celui qu'il avait au flanc. Il remarqua qu'il avait également encore un peu de sang séché sur la tempe. Castiel sortit son mouchoir, l'imbiba d'eau et le donna à Dean. Celui-ci le regarda avec incertitude.

- T'as du sang sur la tempe, expliqua le brun.

Dean le saisit et porta donc le mouchoir en tissu à sa tempe.

- L'autre tempe.

Dean souffla et frotta son autre tempe. Il vit effectivement du sang sur le mouchoir une fois qu'il eut fini.

- Merci, fit-il en rendant le carré de tissu au shérif.

Celui-ci le regarda un court instant avant de relever ses yeux vers son prisonnier qui l'observait toujours aussi impassiblement. Il déglutit et retourna à son bureau. Le reste de la matinée se passa dans un silence de temps en temps rompu par un commentaire de Dean, qui restait souvent sans réponse. Castiel ne le quitta pas d'une semelle de toute la journée, l'observant régulièrement tourner en rond dans sa cage. Le brun finit par avoir pitié et lui donner les feuilles du journal qu'il avait déjà lues. Dean en fut surpris mais s'empressa de les saisir. Le voleur finit par faire une boule de papier avec laquelle il s'amusa, la jetant pour la rattraper, la faisant percuter les murs... Il lança une plus petite boule en travers des barreaux, explosant de rire lorsque celle-ci arriva en pleine face du shérif. Dieu qu'il se faisait chier !

Castiel ne dit rien, sourit même brièvement. Il ne sortit qu'en fin de journée pour aller se restaurer et souffler. Dean était exténuant. En même temps ça faisait deux jours qu'il était là-dedans sans avoir aucune idée de ce qu'il comptait lui faire... Lui-même ne savait pas. Lorsque Castiel retourna auprès du voleur qui le regardait discrètement en coin, il fronça les sourcils en s'installant sur son bureau. Dean se releva souplement et s'appuya aussitôt contre les barreaux.

- Il est tard, fit le criminel sur un ton neutre.

Castiel le regarda brièvement avant de focaliser son attention sur son livre qu'il avait récupéré. Il ne redressa plus la tête.

- Il fait nuit.

- ...

- Il ne doit plus y avoir de monde dehors.

- ...

- Personne ne nous verrait.

- Où veux-tu en venir ? Demanda finalement Castiel en se forçant à ne pas le regarder.

- Fais-moi sortir.

- Tu sais très bien que je ne peux pas, soupira Castiel.

- Tu ne seras pas déçu, assura Dean d'une voix malicieuse.

Castiel ne put s'empêcher de relever le regard. Il frémit dès qu'il croisa les yeux vert de Dean qui avait une lueur nouvelle, une lueur sauvage, pressante, prenante. Castiel déglutit en le voyant se lécher les lèvres, ses mains empoignant plus fortement les barreaux avec fébrilité...

- Laisse-moi sortir, Cas, ordonna doucement Dean d'une voix rauque à souhait.

- ... Non, répondit celui-ci en sentant un frisson parcourir son corps.

Pourquoi Dean le regardait-il aussi intensément ? Il le dévorait des yeux... Non, c'était lui qui s'imaginait des choses, qui fantasmait. Il avait horriblement chaud. Il avait besoin de boire. Il ne vit pas le regard concupiscent de Dean lorsqu'il but quelques gorgées d'eau.

- Nerveux ?

Castiel soupira en regardant à nouveau Dean. Bordel, mais à quoi jouait-il ? Il le vit croiser ses bras sur son torse, un nouveau sourire satisfait fiché sur ses traits... Pourquoi souriait-il à nouveau de cette façon ? Il ne l'avait plus vu sourire de la sorte depuis qu'il l'avait mis derrière les barreaux...

- Qu'est-ce que tu...

Castiel ne finit pas sa phrase, se sentant d'un coup très fatigué. Il se pencha sur son bureau, une envie de dormir impossible à surmonter s'abattant sur lui. Il grogna et tenta de se redresser mais ses forces le quittèrent soudainement et il s'effondra sur son bureau. Il vit en dernier sa bouteille d'eau. Dean sourit en secouant la tête.

- Quel crétin, murmura-t-il en continuant de le regarder avec des yeux tendres.

Puis il se retourna et récupéra sa chemise qu'il remit. Il allait enfin pouvoir sortir de ce four ! Quelques minutes après, Sam entrait dans le commissariat.

- Tu t'éclates ? Se moqua-t-il gentiment.

- Comme jamais, grogna Dean.

Sam rit et récupéra les clefs sur le bureau puis alla libérer son frère. Celui-ci récupéra ses armes et ses pompes. Sam se faisait déjà la malle tandis que Dean s'était arrêter en face du brun. Son cadet le regarda avec incompréhension.

- Si tu veux, on attend qu'il se réveille !

- ... C'en est une idée, ça... Murmura Dean en contournant le shérif.

- À quoi tu joues ? Demanda Sam.

- Aide-moi, ordonna l'aîné qui tentait de hisser Castiel sur son épaule.

- Mais qu'est-ce que tu fais ?

- On l'emmène avec nous, fit catégoriquement Dean.

- T'es dingue ! S'exclama Sam. On fait pas dans le kidnapping, nous !

- Sam ! Fit Dean avec sévérité, mais son petit frère ne bougea pas d'un pouce. S'il te plaît.

- Mais pourquoi ?

- Sammy... Soupira Dean. Je ne sais pas pourquoi, s'il te plaît, aide-moi.

Sam le regarda avec incompréhension. Dean le suppliait de l'aider à faire une connerie. Il fut surpris de son regard de détresse... Pourquoi était-ce si important ? Puis il remarqua la main de son frère glissée dans les cheveux noirs de Castiel... Il soupira, se passa une main nerveuse dans ses cheveux mi-longs et rejoignit rapidement son frère. Il prit l'autre bras du shérif totalement inconscient, dormant comme un gros bébé.

- Je savais que cette obsession cachait quelque chose, murmura Sam en traînant Castiel hors du commissariat.

Il savait que Dean l'avait entendu mais celui-ci ne répondit pas. Ils le hissèrent laborieusement sur le cheval de Sam, Impala étant maintenant en convalescence, ils préféraient ne pas trop la charger.

- Le véto à pas fait d'histoire ? Demanda Dean en flattant sa jument.

- Non. Je l'ai emmenée dès que je l'ai récupérée. Elle s'affaiblissait trop vite, j'avais peur que perdre plus de temps encore ne laisse des séquelles ou je ne sais quoi, expliqua Sam en montant sur son cheval.

- T'as bien fait, fit Dean en montant à son tour.

L'aîné regardait le corps ficelé de Castiel dodeliner dans le galop tranquille du cheval de son frère. Il ne savait ce qu'il était en train de faire, il savait que c'était stupide mais... Il n'avait juste pas pu se résoudre à partir en le laissant derrière. Il serra les mâchoires. Il ne savait pas pourquoi il faisait ce qu'il faisait mais il savait qu'il voulait le faire... Et pour lui, c'était une raison suffisante. Ils montèrent plusieurs heures, changeant d'allure pour que Impala ne se fatigue pas trop. Ils arrivèrent à l'aube. Les deux frères s'empressèrent de s'occuper de Castiel, ne sachant quand précisément il pourrait se réveiller.

Leur habitation de fortune était de plein pied, plutôt grande, avec deux chambres distinctes. Il déposèrent le shérif toujours inconscient dans le séjour. Dean sortit la paire de menottes de ce dernier, l'ayant chourée en reprenant ses affaires. Sam sortit s'occuper des chevaux tandis que Dean passait les bracelets en métal autour des poignets de Castiel, le rattachant à un tuyau en acier. Puis il saisit délicatement la mâchoire du brun pour lui redresser la tête. Castiel semblait encore dormir à poings fermés. Il poussa une mèche de cheveux noirs qui était en travers de son front et sourit. Naturellement décoiffé, celui-là !

Puis il se releva, le bout de ses doigts caressant la joue pâle dans son mouvement. Il retourna au près d'Impala, la dé-sella, la brossa, la bichonna. Il pouvait voir qu'elle respirait déjà avec plus de facilité. Ça le rassurait énormément. Il s'était épris de cette pouliche, avec son tempérament de feu, dès la première seconde où il l'avait vue. Elle galopait à toute vitesse dans le pré, laissant sur le carreau les autres poulains. Il était de suite tombé sous le charme de ses foulées souples et puissantes. Alors il n'avait pas hésité à voler quatre banques pour la soigner plutôt que de prendre un nouveau cheval.

Lorsqu'il put enfin aller se coucher, Castiel pionçait encore. Il hésita à aller dans sa chambre. Castiel avait de grandes chances de se réveiller pendant que lui et son frère dormiraient... il se décida donc à se coucher sur le canapé, pile dans le champ de vision du shérif.

To be continued...