Bonjour à toutes !
Bienvenue sur ce nouveau chapitre de Natural Mystic.
Comme à chaque fois, je tiens à remercier mes bêtas, Maddy et Morgane, pour le temps qu'elles accordent à cette fiction mais aussi vous, lectrices pour vos messages et reviews qui me boostent. Mesdames, vous trouverez vos RAR en fin de chapitre !
S'il restait des fautes, elles sont entièrement miennes.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture et à vous abandonner aux mains de nos héros favoris.
Fictionnement vôtre,
VivinChlotte.
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Avec vous je serai franc, franc au possible,
Dans l'rang impossible, votre morale au crible,
Qu'on m'déleste de mon égo, ça m'rend psycho, j'sors les crocs (...)
Et là y'a plus d'idéaux (...) j'deviens accro à la suffisance, la violence,
Et là pour vous braves gens, ah c'en est trop ! (...)
Avec ma gueule de métèque rafistolée qui s'est bastonné,
A qui on a pris, tout volé, si peu donné,
J'ai pris des branlées par un père déserteur,
Au point d'en espérer qu'en Enfer y'ait du bonheur, (...)
C'est pas votre moralité qui m'a habillé,
Parce qu'anormal est l'isolement dans lequel j'ai pu nager,
Dans lequel on m'a plongé, auquel personne a jamais voulu rien changer !
Mon sacerdoce est ma mission et si récompense il y a,
Mon coeur me guide au trépas (...) ça, ça m'inquiète pas.
Joey Starr, Métèque, sur un sample de Georges Moustaki.
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Chapitre 39 : Where is my mind ? (Partie 1)
(NA : Le titre n'est pas de moi mais les Pixies étant des gars sympa, ils m'ont laissé l'utiliser.)
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12 Juin 1998, Cabane Hurlante.
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Précédemment :
Le regard de l'Auror passa successivement de la fiole au parchemin alors qu'un poids enserrait soudainement son coeur. Gregg avait un mauvais pressentiment mais en bon Gryffondor, il s'obligea à vider la substance argentée dans la pensine et à plonger la tête dedans.
Il lui fallait en avoir le coeur net.
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Comme à chaque fois qu'il avait plongé dans un souvenir, l'habituel boyau lumineux l'aspira et le petit salon délabré qu'il occupait disparut. Aveuglé par la puissante lumière qui le faisait voyager et prisonnier du tourbillon magique qui le secouait en tous sens, Gregg ne discerna rien de ce qui l'entourait jusqu'à ce qu'il atterrisse brutalement sur le seuil de la petite chambre qu'occupait Parkinson dans sa maison irlandaise.
Il n'était pas rare, lorsque l'on visionnait des souvenirs d'avoir un arrière-plan flouté ou vaporeux, seule la scène principale était généralement précise, mais ici aucun détail nemanquait. L'Auror inspira à pleins poumons et pu presque percevoir l'odeur iodée amenée par le vent du large. La puissance magique d'Hermione s'illustrait magistralement et il en ressentit un frisson bien réel qui secoua son corps affalé dans le fauteuil défoncé. Gregg pensa qu'aucun souvenir ne lui avait jamais semblé si réel et c'est avec un mauvais pressentiment rivé au coeur qu'il s'avança dans cette pièce atrophiée et intimiste avec pour seule compagnie ces deux femmes-là.
Il ne pouvait pas les manquer, la pièce faisait quinze mètres carré tout au plus et, à elles seules, elles occupaient l'espace laissé vacant entre le lit et la commode. Assise droite comme un "i" sur une chaise de bois, Parkinson avait les yeux gonflés et tenait un mouchoir entre ses doigts crispés quant à Hermione, ses yeux chocolat étaient compréhensifs mais son visage arborait des traits tirés.
En voyant la Gryffondor poser une main réconfortante sur le genou de la Serpentarde pour la consoler, Gregg se rapprocha sans bruit des deux jeunes filles et s'arrêta à côté d'elles pour entendre la Gardienne annoncer gentiment :
-Rassure-toi Pansy, l'enfant que tu portes est vierge de tous pêchés. Il sera d'une puissance hors du commun c'est certain mais il sera l'héritier de Voldemort seulement si c'est ce qu'il choisit de devenir.
Parkinson renifla disgracieusement mais c'est avec férocité qu'elle lâcha :
-Voldemort m'a fait croire que je porterai Son héritier, qu'avec mon aide Il assiérait Sa dynastie qui serait éternelle... Mais avant même d'être certaine de mon état, je savais au fond de mon coeur qu'il ne laisserait jamais la vie sauve à cet enfant... Moi, je veux qu'il vive ! Je me battrai s'il le faut, qu'importe le prix qu'il faudra payer, je ferai tout pour qu'il reste dans le droit chemin.
Il y eut un silence entendu entre elles avant que la Gardienne n'ajoute :
-Tu as été contrainte de faire un choix difficile Pansy mais tu es une personne avisée. L'Auror Harris sera une bonne figure paternelle, mieux que...
La Gardienne retint de justesse la fin de sa phrase mais personnen'eut besoin de l'entendre pour comprendre ce qu'elle avait l'intention de dire. Pansy leva immédiatement ses yeux verts flamboyant sur la Gardienne et persifla :
-Mieux que ne l'aurait été Blaise ? C'est ça que tu voulais dire, Granger ?
Hermione soutint le regard assassin sans ciller et c'est avec aplomb qu'elle affirma :
-Pansy, cela va bientôt faire un an que je ne suis devenue une Lady Malfoy, tu ne l'as sans doute pas oublié ?
La Serpentarde ne répondit rien et ne baissa pas les yeux tandis qu'Hermione racontait :
-Malgré mon Sang-de-Bourbe qui aurait dû m'épargner de telles pratiques, comme toi, je me suis retrouvée engagée dans un mariage de convenance avec la peur, la haine et l'injustice vissées au coeur. Dans les premiers temps, il y a eu pas mal de bas mais récemment, il y a aussi eu des hauts qui valaient la peine d'être vécus. Nous cherchons encore l'équilibre mais le temps finit par...
-J'imagine qu'avec ce qu'il se mettait dans le nez avant votre mariage, t'as du vite rencontrer le véritable Drago Malfoy, celui que personne ne t'envie.
Hermione pâlit et Parkinson se paya l'audace d'esquisser un sourire en coin avant d'enchaîner avec de nouvellescartouches.
-Mais toi avec ton âme de Gryffondor, je parie que t'as eu vite fait de le priver de sa poudre et de le coller en désintox. Dis-moi, le sevrage ça rend vraiment aussi pitoyable qu'on le dit ?
Le vent siffla dangereusement au dehors ce qui attira brièvement le regard de Pansy vers la fenêtre alors qu'Hermione répondait, dangereusement calme :
-C'est bon ? Tu as vidé ton chaudron ?
Déstabilisée par la non-agression, Pansy haussa un sourcil circonspect alors qu'Hermione en profitait pour affirmer, inflexible :
-Ce n'est pas de moi dont il est question ici. Toi, tu te devais de choisir entre un Mangemort embrigadé et un Auror respecté, des deux maux tu as pris le moins pire sans qu'il ne te vienne à l'esprit que du bon pourrait sortir de votre alliance.
Une boule lui obstruant douloureusement la gorge, Gregg laissa ses yeux couler en direction de la Serpentarde qui fronçait les sourcils, déstabilisée mais pas désarmée :
-Certes. Quel petit sorcier ne rêverait pas d'avoir pour père l'un de ces héros qui arrête les grands méchants ? Commenta-t-elle douce-amère.
Si la rhétorique de la Serpentarde froissa l'orgueil de l'Auror qui serra les poings, la Gardienne quant à elle laissa un soupir agacé lui échapper avant de reprendre :
-Ecoute Pansy, j'ai accepté d'être ton témoin et de répondre à tes questions concernant ton enfant. Si nous en avons fini, je vais rentrer au Manoir et te laisser te reposer, tu en as sans doute bien besoin.
Parkinson haussa une nouvelle fois son sourcil et esquissa un sourire en coin :
-Les elfes t'ont enseigné les bases de la courtoisie mondaine à ce que je vois, piqua une nouvelle fois Pansy sans pouvoir s'en empêcher.
Il y eut une seconde de flottement durant laquelle, aux premières loges, Gregg contempla la puissance du contrôle qu'avait la Gardienne d'elle-même. Elle paraissait crispée mais il la connaissait assez pour savoir qu'elle bouillonnait intérieurement et qu'à la prochaine étincelle, elle pourrait bien perdre sa patience. Pansy étant loin d'être l'idiote qu'on soupçonnait, comprit elle aussi qu'elle avait touché aux limites d'une Gryffondor qu'elle ne voulait pas se mettre à dos. C'est pourquoi elle s'empressa de reprendre avec douceur :
-Il y a quelques mois de cela, nous en serions venus aux baguettes avant même d'avoir échangé trois mots haineux. Ce temps est révolu aujourd'hui alors je te prie de m'excuser si mes mots t'ont blessée... Je voudrais que tu restes, il y a encore une chose dont je dois te parler.
Intriguée par le changement d'attitude, Hermione l'incita à poursuivre d'un geste de la main et la Serpentarde s'exécuta :
-Mon enfant sera un Harris de nom mais il naîtra avec une couleur de peau métissée qui se chargera bien vite de révéler une vérité que l'on aura pris tant de soin à cacher. Moi, je serai la putain de Voldemort, Harris, un vulgaire collabo et mon enfant, le bâtard à abattre ! Oh bien sûr, on pourrait le protéger du regard des autres en l'élevant ici, en Irlande... Mais que se passera-t-il quand à Poudlard, MacGonagall placera le Choixpeau Magique sur un Harris noir de peau ?! Il sera la cible des ragots et il vivra l'enfer ! Si ce bébé grandit en arborant son métissage alors tôt ou tard il se tournera vers les Ténèbres pour obtenir les réponses que je refuserai de lui donner et il basculera dans la noirceur, je peux presque le sentir Hermione !
En entendant sa future femme évoquer concrètement un futur qu'il n'était même pas sûr de pouvoir envisager, le coeur de Gregg se plomba et une peur presque panique de l'avenir le saisit.
-Alors tu as pensé que bâtir l'avenir de ton enfant sur un mensonge serait moins dangereux que la vérité ?
Gregg plissa les yeux et tourna son regard vers la Serpentarde qui répondait avec un aplomb presque Malfoyen.
-Toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre et il n'est jamais bon de remuer le passé quand il est mort et enterré. Moi, je veux faire table rase et recommencer à zéro avec mon enfant. Je sais qu'il existe des potions que l'on peut donner à un nouveau-né pour altérer son apparence physique à tout jamais.
Si Hermione se contenta de froncer les sourcils en entendant ses mots, Gregg lui serra les poings et maudit les Dieux de le contraindre à être un simple témoin quand il rêvait de tordre le cou à la langue de vipère qui suggérait l'impensable. Des potions contrefaites et illégales, il en avait déjà saisi un paquet dans les bas-fonds du Londres sorcier, il savait à quelle genre de mixture la petite pensait.
-Comment connais-tu l'existence d'une telle potion ? Demanda la Gardienne sans chercher à cacher son étonnement qui tira un sourire à sa complice.
-Le milieu Sang-Pur évidemment, répondit avec malice la Serpentarde avant d'expliciter. Quelques années après son mariage, une cousine germaine de ma mère, dont le mari n'avait pas jugé bon de la soumettre à la marque des épouses, s'est oubliée dans les bras d'un étalon et s'est retrouvée enceinte. Ma grande-tante Alberta m'a raconté qu'elle a fini par trouver un remède à son problème dans les Embrumes. On lui a concocté une sorte d'élixir auquel il fallait ajouter une mèche de cheveux de celui dont on voulait que l'enfant adopte l'apparence. Ma grande cousine Mulciba a mis ceux de son mari et la supercherie n'a jamais été découverte ! Tu comprends ce que ça veut dire Lady Malfoy ? Termina-t-elle de manière piquante.
Hermione ne répondit pas tout de suite et Gregg retint son souffle. Quand elle le fit, elle parla lentement et Gregg se demanda si elle se donnait ainsi le temps de trouver un argument à opposer à la Malice incarnée.
-Tu comptes sur les effets d'un élixir dérivé du Polynectar pour éliminer la moindre trace de Zabini de ses gênes et faire de lui un enfant dont on ne doutera ni du patronyme, ni de la filiation.
Pansy se contenta de lui sourire en se réinstallant confortablement sur sa chaise. Le silence dura une petite seconde avant que la Gardienne pointe le défaut du plan.
-Seul un Maître des potions saurait élaborer une telle potion et je n'ai pas ça sous la main, contra faussement Hermione alors que Gregg laissait ses yeux passer de l'une à l'autre à mesure que la main changeait de camp.
-Barjow est détenu à Azkaban. C'est un ancien Maître, il a été radié à cause de ses expérimentations mais il te fera cette potion les yeux fermés contre quelques faveurs comme une douche chaude et des couvertures propres, rétorqua platement Parkinson alors qu'Hermione répondait.
-Je ne peux pas décider de ça, seule.
-J'attendrai de tes nouvelles sur ce point alors, statua avec aplomb Parkinson en massant doucement son ventre arrondi alors que Gregg la regardait faire en se disant que la petite avait décidemment parée à toute éventualité.
-Nous en avons fini cette fois ?
Les yeux verts se levèrent sur la Gardienne mais cette fois c'est l'angoisse qui s'y refléta.
-Il reste une dernière chose et c'est sans doute la plus délicate de toutes mais elle est absolument nécessaire.
Les regards féminins s'accrochèrent et Gregg redouta d'autant plus la nouvelle à venir.
-Parle sans crainte Pansy, je ne suis pas ici pour te juger mais pour t'écouter. Parfois, il est plus facile de parler entre femmes, on se comprend sur un plan que les hommes n'atteindront jamais malgré tous leurs efforts.
La réplique tira un mince sourire à la Serpentarde qui avoua doucement comme si cela lui coûtait à elle aussi :
-Pour assurer la pleine et entière légitimité de ce mariage et de mon enfant, l'union devra être consommée.
Si le coeur de Gregg loupa un battement en entendant ces mots, le "pourquoi" que la Gardienne posa en réponse attira immédiatement son attention.
-J'ai déjà eu droit à un faux mariage, celui qui m'unira à Harris ne saurait être remis en question sans nous mettre en danger, moi et mon enfant.
-L'Auror Harris témoignera en ta faveur lors des procès. Je témoignerai en ta faveur Pansy. Rien ne t'arrivera...
-Et si la Mort venait à le trouver sur le champ de bataille ? Si Elle te fauchait toi aussi ? Aucun de vous deux n'est immortel à ce que je sache alors si vous veniez à disparaître, qui viendrait témoigner en ma faveur ? Après plus de trente années de guerre quasiment ouverte, tu penses vraiment que les juges prendront le moindre risque ?! Non. Bien sûr que non ! Politiquement il serait suicidaire de me libérer, je devrais fournir des preuves indiscutables de ma relation avec Harris si vous n'êtes plus là pour corroborer mes dires...
-Et les souvenirs étant des preuves indiscutables devant une cour, consommer ce mariage te permettra de faire d'une pierre, deux coups. Cela prouvera la paternité de l'Auror Harris et la véracité du lien qui vous unit... Tu ne doutes donc pas du fait que nous allons gagner ?
-Tu es devenue une Malfoy mais t'as pas changé Granger, tu poses toujours les bonnes questions... J'ai vu le fonctionnement intérieur des deux camps et c'est à nous que reviendra la victoire, il ne peut pas en être autrement.
Il y eut une seconde d'hésitation avant que Pansy n'avoue :
- S'Il gagne alors tout sera fini et la mort sera mon unique destin.
-Ce sera notre destin à tous et c'est exactement contre cela que je me bats. Je suis fière de pouvoir te compter dans nos rangs Pansy mais à l'avenir ne me qualifie plus de Malfoy ou de Granger. Je suis les deux à la fois et ça fait de moi Hermione. Juste Hermione.
Elles s'échangèrent un sourire et le décor se disloqua subitement autour de Gregg. Le tourbillon magique l'aspira de nouveau, il quitta l'Irlande et le passé pour revenir brutalement en Angleterre et dans le présent.
Quand ses yeux marrons se posèrent sur la note de la Gardienne prenant désormais tout son sens, abandonnée sur le guéridon branlant à côté de la bouteille de Sirius, Gregg se demanda s'il devait rire ou pleurer de se retrouver dans une telle situation.
-Par les Dieux mais qu'est-ce que je Vous ai fait ? Marmonna-t-il revêche en s'emparant du Whisky.
Ses yeux tombèrent sur l'antique coucou qui pendait au mur, il restait moins d'une heure avant qu'on ne lui passe la corde au cou, autant bien l'employer.
Il pointa le goulot aux cieux avant d'ajouter :
-Vos voeux de bonheur Vous pouvez Vous les foutre là où je pense !
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13 Juin 1998, Manoir Malfoy.
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Précédemment :
"(Hermione) referma doucement la porte du salon derrière elle et laissa ses deux Malfoy à leurs affaires. En remontant le couloir, elle murmura dans le silence à l'attention des Dieux :
-Utilisez Vos pouvoirs s'il le faut mais je compte sur Vous pour ne pas les laisser en venir aux baguettes, cette fois."
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Malgré leur état de choc frisant la catatonie, les deux Malfoy eurent conscience du léger déclic de la porte se refermant sur Hermione et même si aucun d'eux n'esquissa le moindre geste pour la retenir, elle, elle laissa ses espoirs entre leurs mains. Leur fille avait dit ce qu'elle avait à dire et provoqué un choc dont l'onde n'avait encore pas fini de s'étendre. A cet instant, il était attendu des Malfoy qu'ils traitent l'un avec l'autre et évidemment plus aucun délai ne leur serait accordé.
Le corps de Lucius apparaissait peut-être aussi rigide qu'une statue de marbre mais son esprit lui ne l'était absolument pas et cherchait un moyen, même quelconque, de se sortir sans dommage de l'impasse dans laquelle lui et son fils se trouvaient depuis des années, en vain. Par dépit, le père laissa ses orbes blancs se poser sur son fils tout aussi rigide et statique que lui-même et son instinct de Serpentard considéra que, face à l'insurmontable, la fuite était une solution à envisager.
En réponse à cette pensée et alors que les yeux du patriarche glissaient en direction de la baie vitrée donnant sur le jardin, un puissant coup de vent siffla au dehors et rabattit violemment les volets de bois qui se verrouillèrent miraculeusement sous le choc.
Immédiatement, Lucius sentit qu'Ils étaient à l'oeuvre et vérifia sa théorie en laissant son regard embrasser les doubles portes qu'Hermione venait tout juste de franchir. Il fallut une petite seconde avant que les verrous de toutes les portes, même celle de service réservée aux elfes, claquent à l'unisson et Lucius comprit que ni lui, ni son fils, ne sortiraient d'ici avant d'avoir surmonté leurs différends.
Son égo intimement Malfoyen et hérité de Morgane se révolta à l'idée de sacrifier sa dernière parcelle de fierté sur l'autel de la réconciliation. Mourir en se sachant haï par sa progéniture était une chose qu'il avait accepté il y a longtemps déjà. Jamais, il n'avait prévu de se mettre à nu devant son héritier, de lui dévoiler les tenants et aboutissants de son existence. Abraxas ne l'avait pas fait pour lui et Lucius s'était juré de ne le faire pour personne.
Rendu amer et presque aigri par la situation qu'Hermione avait provoquée, Lucius pensa sans censure que c'était d'un miracle dont ils avaient besoin et pas d'une vulgaire et caricaturale conversation père-fils. Le vent siffla sinistrement au-dehors et toutes les flammes des bougies éternelles s'enroulèrent sur elles-mêmes, preuve que sa pensée était entendue et réprouvée.
En bon Malfoy, Lucius ignora le subtil conseil divin et laissa ses idées aller à l'envie.
Un bon vieil Enervatum saurait sortir son rejeton de son mutisme et le remettre d'aplomb mais le risque était grand que cela ne réveille le tigre qui, pour le moment, semblait encore sous contrôle... Il pourrait plutôt sommer une potion Revigorante et lui faire avaler... Mais comment le forcer à boire ? Là encore, il faudrait utiliser la magie et Lucius ne souhaitait vraiment pas tenter le sort avec des interactions douteuses.
Et puis le fils de Morgane se laisserait-il seulement faire ? Lucius en doutait profondément et son âme se chargea de lui faire sentir qu'il n'empruntait pas la bonne voie.
Acculé, le patriarche finit par reconnaître que la magie ne lui serait d'aucun secours parce que ce n'était pas ça qu'Ils attendaient là-haut... Non eux, Ils voulaient, plus grand, plus fort et surtout plus vrai. Ils voulaient du sentiment, pas des illusions, ni des mots creux. Il fallait qu'il s'abandonne à ce que lui disait son coeur comme il l'avait fait l'été dernier perché sur son tonneau de la Traverse. Il se rappelait parfaitement de ce jour précis, comment arrivé devant chez Fortârome il avait accueilli le pressentiment qu'il devait s'arrêter et lever les yeux. Il avait alors vu Hermione et Potter en terrasse et il avait su ce qu'il fallait faire...
C'était le même genre de phénomène qui étreignait son corps et qui faisait battre son coeur aujourd'hui. Apeuré par l'idée de s'abandonner à ce que lui soufflait son coeur, Lucius appréhendait par-dessus tout d'agir sans la couverture de la magie, à découvert. C'était pour lui s'affaiblir et s'exposer mais n'était-ce pas là ce qu'Ils attendaient précisément ? Cela nécessitait un investissement personnel qu'il n'avait jamais consenti à faire, même pas pour son fils.
Mais aujourd'hui était un jour différent.
En ce jour, le véritable Lucius, celui qui était né avec la lumière et qui était appelé à engendrer la descendance de Morgane, comprenait que pour gagner sa paix dans l'Après, il faudrait bien plus que traduire un foutu livre et mourir au combat. Comme un mauvais coup du sort, son esprit choisit ce moment pour lui rappeler quelque chose qu'il avait consciencieusement oublié. Un désagréable frisson lui ébranla le corps et son coeur s'affola sous la décharge émotionnelle.
Comme Hermione mais avec vingt années d'avance, Narcissa avait elle aussi dû jouer de malignité pour réunir un Abraxas proche de l'alitement qui le conduirait à la mort et un mari qu'elle connaissait à peine. Le souvenir de ce dîner lui revenait clairement en mémoire... Alors que le repas était sur le point de tourner au pugilat, sa femme avait lâché sans ambages, la même nouvelle que la Gardienne entre le poisson et la viande. Un silence de mort avait foudroyé la salle à manger. Les elfes occupés à débarrasser s'étaient figés. Abraxas s'en était rassis dans son fauteuil alors que, fourchette suspendue dans le vide, Lucius regardait, paralysé, Cissa essuyer délicatement les coins de sa bouche et quitter la table avec la dignité d'une reine.
Voilà que le sort le condamnait, à revivre la même situation et la même ironie du sort... Mais comme vingt ans plus tôt, il avait réagi de manière incorrecte malgré l'importance de cette scène qui se révélait à lui avec tant de retard.
Il avait purement et simplement laissé passer sa dernière chance ce soir-là et tout n'avait été que de mal en pis après ce dîner raté. Il y avait eu la Première Guerre puis quelques brèves années de paix avant la Seconde et la Troisième. Cette fois-ci à l'aube de l'ultime combat,c'était Sa toute dernière chance d'arranger les choses et en prendre si brutalement conscience libérait son coeur d'un poids qu'il ne savait même pas qu'il portait.
Il avait accompli sa destinée de Malfoy. La continuité et le futur de sa famille, de son sang, était finalement assuré. Son nom continuerait d'être transmis parce que, à l'instar de toutes les autres épouses Malfoy, Hermione portait en elle un fils. Il pouvait ainsi quitter cette terre en sachant que sa lignée survivrait, son coeur s'en trouvait allégé et son orgueil florissait.
Presque étouffé par la chaleur qu'éveillait en lui ce curieux sentiment de paix, Lucius risqua un coup d'oeil vers son fils rendu apathique et malgré lui son coeur de père se serra de le voir ainsi. Par les dieux, il savait sans doute mieux que quiconque, ce qu'il se passait dans la tête de son rejeton à cet instant pour l'avoir vécu lui-même...
Il comprenait enfin la situation dans son ensemble et acceptait que la réconciliation soit une condition sine qua none à son accès au paradis... C'était une nouvelle épreuve, la toute dernière, alors pour une fois, Lucius ne réfréna pas l'élan de tendresse qui le traversa et qui le poussa à agir.
Sans engendrer la moindre réaction de la part de Drago, Lucius quitta le canapé et se dirigea vers la console à alcool pour en sortir deux verres et une bouteille qu'il ramena jusqu'à la table basse. Dans le silence, il fit le service puis il s'empara des cigarettes de son fils, en alluma une, poussa un verre devant lui et tendit la cigarette.
-Ce n'est pas le genre de nouvelle que nous attendions, n'est-ce pas ?
Si son fils s'empara sèchement de la cigarette, il ne prit cependant pas la peine de répondre à l'évidence.
Lucius lui regagna le canapé et puisa dans ce qui lui restait de patience pour s'asseoir et laisser le temps au temps. Comme tous les Malfoy, Drago ne parlerait que lorsqu'il l'aurait décidé et pour une fois, Lucius, céda à la volonté de son fils et prit son mal en patience.
Il ralluma son cigare et sirota tranquillement son verre, le regard tourné vers l'âtre quand, dans le silence, la voix mordante de son fils résonna :
-Je refuse d'être le genre de père que vous avez été.
Le Descendant eut un sourire amer et répondit en subissant pleinement l'ironie de son histoire :
-C'est exactement ce que j'ai dit à mon père il y a vingt ans.
-Vous avez été au moins aussi mauvais que lui, siffla Drago.
-Alors j'espère sincèrement que tu fasses mieux que moi mon fils. C'est tout le mal que je te souhaite.
-Fadaises ! Je sais très bien pourquoi vous êtes content de cette situation ! Hermione, comme Mère et toutes les autres épouses avant elle, donnera naissance à un fils qui sera dépositaire de l'héritage Malfoy... Un nom frappé par le malheur et une fortune qui ne sert qu'à engendrer le chaos dans la vie de ceux qui le portent ! Ragea-t-il avec une justesse qui serra le coeur de son père.
Cependant, par habitude, par facilité et pour reprendre le dessus, Lucius commenta :
-Toi et moi, on sait parfaitement ce qu'il en coûte d'être un Malfoy alors si tu voulais empêcher ce boulet de passer à la génération suivante, il fallait tenir la bride à ce que tu as entre les jambes !
Quand le patriarche se tut, une bouffée de chaleur satura la pièce. Par prudence et pour tâter le terrain, il jeta un bref coup d'oeil à la mine renfrognée de son fils et constata sans hésiter en voyant sa progéniture si apathique :
-Que croyais-tu donc qu'il arriverait Drago ?! Quand on fornique comme vous l'avez fait, à en faire trembler les murs du Manoir, tôt ou tard, la graine prend racine ! Tu es celui qui a répandu sa semence, tu ne peux donc ni me tenir responsable de cette grossesse, ni me reprocher de l'apprécier à sa juste valeur. Si tu ne la désirais pas, il fallait t'en prémunir avec une potion ou un sort mais tout comme ta mère, tu n'envisages jamais le pire, tu le subis !
Le feu rugit tel un lion dans la cheminée et teinta la pièce d'un rougeoiement d'enfer tandis qu'une chaleur ténébreuse s'installait. En pointant la négligence de son fils, Lucius comptait bien parer le sort à la racine et couper court à toute escalade. Il retint donc un sourire satisfait quand, à défaut d'avoir quoi que ce soit d'autre à dire, Drago se contenta de répliquer sèchement pour se donner le temps de la réflexion :
-N'impliquez pas Mère dans cette histoire !
Bien sûr que Drago n'avait jamais pensé qu'Hermione tomberait enceinte ! Comme la plupart des sorcières en âge de procréer, elle avalait toutes les trois lunes une potion stérilisante ! Alors quoi ? S'agissait-il d'une ruse de la part de la Gryffondor pour les forcer à s'entendre ? Avait-elle sciemment oublié de prendre la potion pour le piéger ? Malgré sa mauvaise foi qui le poussait à croire à ces hypothèses, Drago savait qu'Hermione n'avait pas menti. Il avait déjà rêvé des enfants et il sentait au plus profond de ses tripes cette douloureuse vérité qui s'imposait.
Les Dieux avaient décidé de faire de lui un père... Et dans un moment pareil, le sien père ne trouvait rien de mieux que de lui parler de sa mère, morte parce que ce salopard l'avait abandonné sur le champ de bataille.
-Ta mère, elle, aurait été heureuse à l'idée d'accueillir et d'aimer un autre petit Malfoy. Elle aurait aimé cet enfant, ton enfant, autant qu'elle t'a aimé parce qu'il aurait été de son sang ! Alors s'il te plaît Drago, n'exclus pas la seule chose qui nous rapproche encore toi et moi. Cissa était ta mère mais elle était aussi ma femme, la seule personne en qui j'avais confiance, la seule qui n'a jamais compté à mes yeux. Elle a toute sa place, ici et maintenant, parce que je ne doute pas qu'elle pleure de nous voir nous déchirer comme nous le faisons.
Le regard gris se fit dur et assassin quand Drago demanda froidement :
-C'est Hermione qui vous a demandé de faire ça ?
Les yeux laiteux s'ancrèrent aux gris et c'est sombrement que Lucius répondit :
-J'agis selon ma propre volonté, je me plie seulement aux demandes divines parce que je n'ai plus le choix et toi non plus.
Le regard laiteux coula brièvement en direction des portes résolument closes tandis que, du fond de son fauteuil, Drago soutenait le regard paternel en tirant sur sa clope avant de répliquer, non sans moquerie :
-Ouais sauf quand vous êtes sous Imperium et que vous débarquez au Manoir pour tuer ma femme, votre Gardienne, la fille des Dieux, vous, le Descendant de Morgane qui s'est planté sur toute la longueur de sa baguette !
Si les mots atteignirent profondément leur cible, Lucius n'en laissa rien paraître et c'est paré de sa dignité qu'il s'obligea à répondre :
-Tout le monde fait des erreurs. Les miennes ont eu des conséquences douloureuses. Je les regrette mais...
Là, Drago s'esclaffa ouvertement avant de répondre froidement :
-Vous osez parler de la mort de mère comme d'une conséquence douloureuse ? Vous saviez parfaitement qu'en la laissant seule elle n'avait aucune chance !
-Tu ne connais que la moitié de l'histoire et comme d'habitude, tu crois en une vérité tronquée ! J'ai tout fait pour la tirer du champ de bataille mais ta têtue de mère ne voulait pas partir sans toi Drago. Elle, elle doutait de tes capacités à survivre quand je savais que tu ne craignais rien !
-Elle portait la Marque des Epouses ! Il fallait l'obliger !
-Je ne pouvais pas ! Tempêta Lucius en écrasant rageusement son cigare.
-Et pourquoi cela ?! C'était votre femme, vous aviez tout pouvoir sur elle !
Un silence morbide envahit la pièce et la tension se fit pesante alors que le père avouait au fils :
-Après la nuit où ton intervention a été nécessaire...
-Celle où elle a failli mourir sous vos coups ! Corrigea sombrement Drago.
Lucius tiqua ouvertement mais il encaissa et poursuivit sans se laisser déstabiliser :
-Ta mère était avec moi le soir où Il est revenu, à la fin du Tournoi. Elle m'a vu agripper mon bras, me tordre de douleur sous l'Appel et comme ton grand-père, elle a immédiatement désapprouvé que je Le rejoigne. Je l'ai contrainte avec la Marque des Epouses à accepter et à cesser ses jérémiades, mais ta mère était forte et a multiplié les provocations, allant jusqu'aux insinuations face à Bellatrix ! Elle nous mettait en danger tous les trois... Alors quand cette nuit-là, elle a menacé d'aller chez les Aurors pour te protéger et empêcher que tu reçoives "la Marque de la honte" comme elle l'appelait... Une colère noire m'a aveuglée, jamais je n'avais ressenti quelque chose d'aussi puissant et d'incontrôlable.
Lucius s'interrompit brièvement pour chasser les souvenirs qu'il avait de cette nuit et reprit sans même se rendre compte que son fils ne l'avait ni jugé, ni corrigé, ni même interrompu. La colère, c'était une émotion que Drago connaissait bien et qu'il maîtrisait aussi mal que son père. Sur ce point-là, il pouvait difficilement jeter le premier sort. Et c'est à cet instant précis, au moment où le père ouvrait son coeur et où le fils retenait ses coups, que la magie de l'Equilibre opéra.
-Ton intervention lui a sauvé la vie Drago. Sans toi j'aurais pu la tuer en le désirant profondément, salir mon âme à tout jamais et me condamner aux Ténèbres. Tu nous as sauvé tous les deux ce soir-là et je t'en remercie.
Un nerf tressauta sur la tempe de son fils mais son visage resta de marbre laissant implicitement à Lucius tout le champ de poursuivre :
-Mais après que tu m'es mis hors d'état de nuire, elle a eu assez de clairvoyance pour te sauver d'un parricide qui t'aurait de facto condamné aux Ténèbres... Ta mère était la Glue Perpétuelle de notre famille, sans elle, ni toi ni moi n'aurions survécu à nos Destins respectifs, je m'en rends compte aujourd'hui, avoua le jaguar absorbé par son passé. C'est seulement une fois seuls, après qu'elle t'ait renvoyé dans ta chambre et alors qu'elle me soignait, qu'elle a finalement dévoilé son jeu et gagné sa liberté.
Il y eut un moment de silence durant lequel les souvenirs se rejouèrent dans l'esprit du patriarche avec suffisamment de force pour que les sentiments de regrets, de culpabilité mais aussi d'amour, parviennent jusqu'au fils déstabilisé par les révélations paternelles.
-Notre mariage n'a pas toujours été tranquille et aimable. Bien des fois et de bien des manières, j'ai usé et abusé des pouvoirs que me donnait sur ta mère la Marque des épouses... Mais cette nuit-là, après ce que je lui avais fait, elle m'a fait jurer de ne plus jamais faire appel à cette magie pour la contraindre à suivre ma volonté. Désireux d'obtenir son pardon et pour lui prouver qu'elle pouvait se fier à moi, j'ai juré sur ta vie Drago... Alors à Poudlard, quand elle a refusé de fuir la bataille à mes côtés, une certitude m'a envahi et j'ai compris que pour une fois, c'était elle qui allait me contraindre. Cissa connaissait tout de l'étendu de nôtre disgrâce et la femme qu'elle était n'aurait jamais supporté les conditions de ma cavale, pas plus qu'une incarcération ou les interrogatoires et encore moins le genre de torture que nous avons expérimenté dans Ses geôles. Elle ne voulait pas me suivre dans l'Enfer que je me devais de traverser seul. Je sais aujourd'hui qu'elle n'y avait pas sa place mais aveugle comme je l'étais à l'époque, je n'ai rien vu de tout ça... Elle, elle n'avait nulle besoin de rédemption, et après son mensonge dans la forêt, son Destin était accompli, elle pouvait enfin tirer sa révérence. Cissa ne pouvait plus rien faire pour nous épargner les coups du Destin, il fallait que nous volions de nos propres ailes. Elle avait tant compris qu'elle était prête à quitter cette vie mais pas sans s'assurer que tu t'en sortes.
Lucius déglutit mais la boule douloureuse qui s'était formée dans sa gorge refusa de partir et c'est la voix rauque d'un homme brisé par son Destin qui s'éleva :
-Je lui avais fait une promesse, je l'ai tenu et par les Dieux, cela m'a coûté bien plus que je ne l'aurais jamais imaginé... Mais juste avant qu'elle ne retourne au coeur du combat pour te chercher, elle m'a dit de ne pas oublier que tu resterais mon fils à jamais et qu'une partie d'elle vivrait toujours en toi. Tu es la quintesscence de ce que nous avons été et tu es tout ce qu'il me reste Drago.
A cet instant, depuis le haut de l'Univers, les yeux divins qui observaient attentivement la scène en contrebas se croisèrent et brillèrent d'espoir. L'instant clef allait se jouer. Quand le cuir du dragon ne suffirait plus à encaisser la pluie de coups assommant qui le percutait, alors la cuirasse d'orgueil et de fierté mal placée se fissurerait et tomberait.
Le corps plus crispé que jamais, Drago s'accrochait de toutes ses forces au fauteuil qui le soutenait. Ebranlé par l'annonce de sa prochaine paternité, déstabilisé par les émotions qui émanaient de son père, son esprit ne contint subitement plus les souvenirs de la bataille et ce fut la submersion. Drago se revit baguette à la main en train de croiser le regard de sa mère juste avant que le sort mortel ne la frappe. Reconnaître son fils et le voir sain et sauf au beau milieu du chaos lui avaient suffi. Une seconde plus tard, son âme s'échappait et son corps s'effondrait...
-Mère n'avait pas besoin de mourir ainsi ! Elle aurait pu continuer à vivre et votre rôle était...
-De la contraindre une nouvelle fois ? Je l'avais déjà fait par le passé et j'avais failli la tuer. Mais toi, tordu comme tu es, tu aurais sûrement préféré que je sois celui qui mette un terme à sa vie. Tu aurais ainsi pu me haïr de tout ton saoul, te venger en me tuant et finalement offrir ton âme aux Ténèbres aussi bêtement que je l'ai fait ! C'est ça que tu voulais, fils ?! Persifla froidement Lucius.
Si le verbe du père toucha douloureusement le fils tétanisé, Drago n'en laissa rien paraître et Lucius termina :
-J'aimais ta mère, Drago. Elle a été à l'origine même de ma rédemption. J'ai compris que mon incontrôlable accès de colère a eu pour conséquence de l'amorcer. Puis à Poudlard, en mettant de côté ma volonté pour la laisser agir comme elle le désirait, j'ai posé la première pierre de mon retour à la Lumière. Aujourd'hui je suis au terme de ce chemin et je suis très fier de pouvoir t'appeler "mon" fils.
Les verrous claquèrent comme un coup de tonnerre dans le silence alors que les volets s'ouvraient à la volée et s'écrasaient sur les murs extérieurs dans un bruit d'enfer. Lucius se leva et posa son verre sur la table basse avant de s'adresser une dernière fois à son fils :
-Tu seras un bon père Drago, j'en suis certain. Fais tout le contraire de ce que j'ai fait et aime ton fils sans détour. Je regrette de ne pas avoir fait preuve de la même ferveur à ton égard que ta mère mais je veux que tu saches que je t'ai toujours profondément aimé et protégé malgré nos différends.
Ne s'attendant à aucune réponse de la part de son fils, Lucius s'approcha doucement des baies vitrées, plus apaisé et le coeur presque léger. Au-dehors il faisait nuit noire et ses yeux d'humain ne discernaient rien du parc qui entourait le domaine. Réagissant instinctivement à l'envie qui le saisissait, sa main s'empara de la poignée et l'abaissa. La porte enfin ouverte, une délicieuse brise s'infiltra et apporta avec elle la fraîcheur de la nuit. La chaleur extrême qui saturait le salon se dissipa et Lucius ne réprima pas le frisson que le changement de température causa. Le courant d'air apaisant fit le tour de la pièce, balayant la tension et soulevant sur son passage les rideaux et les tentures avant d'aller gracieusement s'enrouler autour du Gardien dans une tentative de lui prodiguer un réconfort dont il semblait avoir bien besoin. Sachant pertinemment qu'un courant d'air avait plus de chance d'être une aide appréciée que lui-même, Lucius se détourna lentement de la scène mystique et laissa le frisson de la transformation le saisir. Plus en paix avec lui-même que jamais, son jaguar au pelage nuit s'élança au-dehors avec l'envie irrépressible d'une longue cavale en forêt.
Alors que le félin ne faisant plus qu'un avec l'obscurité ambiante contournait silencieusement le clan des lupins dont l'odeur lui révulsait les moustaches, une rafale de vent lui apprit que son fils était sur ses talons. Indécis quant à l'accueil qui lui serait réservé, le jaguar hésita. Devait-il fuir un éventuel combat ou affronter l'adversité qu'importe ce qui arriverait ? Se laissant porter par son instinct primaire, Lucius chercha en tout premier lieu à s'éloigner au plus vite du Manoir et de son public. Ses pattes s'élancèrent dans les sous-bois et prirent plein nord alors qu'un rayon de lune perçait la couverture nuageuse et éclairait subitement la forêt obligeant le jaguar à zigzaguer pour rester dissimulé dans les ombres. Sa course dura une poignée de secondes avant que le tigre noir et feu surgisse devant lui et lui barre la route.
Les yeux jaunes deux bêtes essoufflées se jaugèrent de longues secondes dans le noir de la nuit avant que le tigre ne feule soudainement. L'imposant félin fouetta l'air de sa queue à plusieurs reprises avant de détaler dans les sous-bois. Impossible de se méprendre pour le jaguar, avec un tel comportement, son fils l'invitait à la course et sans attendre, l'animagus s'élança à sa poursuite.
Gracieusement porté par les vents de Merlin, l'Oeil coassa bruyamment avant de saisir un courant descendant, abandonnant ainsi les créatures de Morgane à leurs retrouvailles. Fatigué par ces vols incessants, Il ne désirait plus qu'une branche où se poser pour nicher mais Il avait des ordres. Dans les étages du Manoir se jouait une autre scène qui méritait toute Son attention.
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A suivre...
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Voilà Mesdames, j'espère avoir réussi à vous divertir un peu !
En attendant la suite, prenez soin de vous et bon vent !
That's all folks !
VC.
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Sjrodgers23 : You're a faithful reader so, thanks a lot for your support ! I hope you liked this chapter.
Fleur d'Ange : Merci pour toutes tes reviews et ton soutien malgré la lenteur des posts. J'espère que tu as aimé ce nouveau chapitre.
Charlotte : Je suis contente que mon histoire t'es tenue éveillée, ça veux dire que j'ai réussi à t'embarquer dans mes divagations ^^. J'espère que ce chapitre t'aura plu autant que les autres. Merci beaucoup pour ton message.
Black Banshee : Merci d'être toujours fidèle au poste et de prendre le temps de commenter à chaque fois. Contente que tu ai considéré le précédent chapitre comme un cadeau supplémentaire, c'était aussi la façon dont je le voyais ^^. J'espère que ce nouveau chapitre t'as plu !
Ecathe38 : Tu attendais impatiemment la suite, la voilà ! J'espère que tu as aimé ce nouveau chapitre. J'ai hâte de te lire mais en attendant, je te remercie du fond du coeur pour ton soutien sans faille malgré le temps qui passe.
Swangranger : Je suis très contente que le précédent chapitre t'ai plu ! Merci beaucoup pour ta fidélité et les messages que je lis à chaque fois avec grand plaisir. J'espère que ce nouveau chapitre aura été à la hauteur !
Math'L : Tu attendais la confrontation père-fils, en voici une partie, la prochaine sera du point de vue de Drago. Hermione enceinte, ça va mettre le bazar ? C'est le moins que l'on puisse dire mais je suis tenue par le secret professionel, j'peux rien dire ^^. Sinon l'histoire du sort entre Pansy et Gregg se clarifie, j'espère que le dénouement pour ces deux personnages sera à ton goût ^^. Merci beaucoup pour ta fidélité et tes messages que je lis à chaque fois avec beaucoup de plaisir.