Clint Barton (Hawkeye) et Natasha Romanoff (Black Widow)

Opération Séduction : Chapitre 1

L'agent Barton jeta un dernier coup d'œil au miroir du couloir. Il rectifia la position de son nœud papillon, et ferma les yeux un instant.

Les portes s'ouvrirent, et il entra d'un pas assuré dans la salle, un sourire satisfait accroché sur le visage. Il fendit la foule avec une aisance simulée, saluant de la tête quelques unes des personnalités présentes comme s'il les connaissait personnellement. Il se rendit jusqu'au bar et s'y accouda en sondant la foule du regard.

- On cherche quelqu'un, agent Barton ? fit une voix gouailleuse à sa droite.

Cette voix. Il la reconnaîtrait entre mille. Il tourna la tête, mi-souriant, mi-surpris.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il.

- Bonjour à toi aussi, répondit la jolie rousse. Contente de voir que tu vas bien. Un verre peut-être ?

- Jamais en mission. Tu en veux un ?

- Je suis au bar pour ça, mission oblige.

- Tu es en mission ici ? s'étonna Barton.

- Comme toi, je suppose, acquiesça la jeune femme.

Barton ne répondit pas. En fait, il n'avait même pas entendu sa phrase, tout occupé à la contempler.

Un visage fin à la peau d'une blancheur parfaite, au milieu duquel brillaient des lèvres vermeilles, encadré par un carré de boucles rousses flamboyantes. Il plongea dans le vert profond de son regard, dont la lueur moqueuse ne parvenait pas à cacher l'éclat d'affection qui s'y était allumé. Sa robe noire moulante, stratégiquement fendue jusqu'à mi-cuisse, rendait grâce à la beauté sauvage de la jeune femme. Le corset lacé parsemé d'une myriade de paillettes renvoyait quelques tâches de lumière sur le plancher, alors que la jupe ondoyait à chacun des mouvements de Natasha.

- Clint, tu m'entends ? répéta la Veuve Noire.

- Excuse-moi, j'étais dans mes pensées, fit-il en lui souriant d'un air charmeur.

- Je vois ça, lança moqueusement la jolie rousse en secouant sa crinière de feu. Mais dis-moi, reprit-elle plus sérieusement, quelle est la véritable raison de ta présence ici ? Et pourquoi tu ne m'as pas donné de nouvelles ? Deux mois qu'on a expédié Loki avec son frère au-delà de la stratosphère, et pas un message !

- J'étais occupé. Ce n'est pas parce qu'on venait de sauver la planète que Fury allait me donner des vacances, tu le connais. Et pour répondre à ta première question, je traque un milliardaire, un bonhomme qui a construit son empire sur le trafic de drogue. Il est en train de créer une nouvelle drogue, qui, si elle était diffusée, ferait des ravages.

- La nouvelle drogue qui supprime toute sensation physique pendant quelques heures ? le coupa Natasha.

- Oui, comment es-tu au courant ?

- On chasse le même gibier, agent Barton. Ta cible est Stanford Zacharie Dunball. Il s'est retiré dans le fond de la salle par là-bas, regarde.

L'agent Barton regarda dans la direction indiquée, et le vit enfin. Il était en grande discussion avec d'autres hommes.

- Je dois aller le rejoindre avant qu'il ne me cherche, je préfère ne pas le mettre en colère, lâcha la jeune femme en se redressant.

- Ne me dis pas que tu lui sers d'escort-girl ? s'offusqua Barton.

- Je préfère dire ''bonne compagnie''. On va faire simple. Tu sympathises avec lui et tu lui achètes toute sa marchandise afin de noyer la côte est avec cette drogue. Moi, je vais aller détruire la recette de cette saloperie.

Elle le planta sans plus d'explication. Barton resserra son poing autour du téléphone portable qu'elle lui avait glissé discrètement, au cas où ils devraient communiquer discrètement pendant la mission, avec une ligne privée et sécurisée. Il le mit dans sa poche, et se dirigea vers sa cible peu après que son amie soit partie.

- Monsieur Dunball ? appela courtoisement Barton.

- A qui ai-je l'honneur ? fit l'homme en se tournant vers son interlocuteur.

- Robert Ghermann, je suis propriétaire de plusieurs compagnies de transports et livraisons, mon réseau couvre tout le pays. Puis-je me joindre à vous ? J'aimerais qu'on discute business, si vous le voulez bien, lança l'agent en lui présentant un sourire affable.

En dire suffisamment et aller doit au but. Ne plus lâcher la proie.

Ravi de la courtoisie de l'homme qui s'était présenté à lui, Dunball lui fit un geste afin de le convier autour de sa table personnelle.

- Mesdames, fit Barton en s'y asseyant, saluant les jeunes filles de la tête.

« A part Natasha, elles n'ont pas plus de vingt ans... » pensa l'espion.

- Je vous félicite, Dunball, votre collection n'a rien à envier à la Vénus du sculpteur, le complimenta Barton.

- Un connaisseur, à ce que je vois, sourit le milliardaire. Mais revenons au business d'abord, les plaisirs suivront.

- Parler business sans un bon scotch ? s'étonna Barton, faussement outré. Monsieur, ça pourrait passer pour un blasphème !

Dunball éclata d'un rire gras.

- Enfin un homme comme je les aime ! Garçon, deux scotchs !

Une fois les verres devant eux, ils trinquèrent.

- Maintenant, on cause, dit autoritairement l'homme d'affaires.

- Bien. Je vais faire court, je ne voudrais pas vous ennuyer inutilement, commença Barton. En posant les bonnes questions aux bonnes personnes, avec toute la discrétion requise par le métier bien sûr, j'ai appris que vous cherchiez un distributeur, un diffuseur.

- Continuez, fit Dunball, attentif.

- J'ai ce que vous cherchez. Moi. Et j'ai même un plan. Si je fais semblant de vous braquer, vous passer pour une victime, et un simple maillon de la chaîne. Vous ne serez pas mouillé, et s'il y avait le moindre accrochage, mais il n'y en aura pas, vous vous en sortirez tranquillement, et moi je coulerais.

Dunball fit mine de réfléchir un instant, puis un large sourire découvrit ses dents jaunies.

- Vous êtes téméraire, pour venir me proposer une aussi grosse affaire sans qu'on se connaisse. J'apprécie cela, l'ami. Et je dois avouer que votre plan me plaît aussi. Ça prouve bien que vous ne comptez pas me rouler. On discutera des détails demain, qu'en dites-vous ?

- Je suis votre obligé, fit Barton en inclinant la tête.

- Décidément l'ami, vous me plaisez bien ! Demain alors.

Barton se leva de table, mais Dunball le retint.

- Faites-moi plaisir, choisissez une fille pour vous tenir compagnie cette nuit, vous me la ramènerez demain, lâcha-t-il avec un sourire torve et pervers.

Barton masqua son dégoût et fit semblant de les examiner.

- J'ai toujours apprécié les rousses, fit-il en posant ses yeux sur Natasha.

- T'as compris la miss ? aboya le milliardaire. Accompagne le monsieur et sois gentille avec lui !

Natasha se leva en silence et se colla à Barton. Il voyait à l'éclat particulier dans ses yeux qu'elle bouillait, et ne rêvait que d'étrangler Dunball avec ses tripes. Il ravala son rire, salua Dunball, et sortit de la salle accompagnée de la belle espionne, son bras enroulé autour de ses hanches.

- Qu'est-ce qui t'as pris, pesta Natasha une fois dans le couloir. Comment je peux savoir où trouver la formule de la drogue si tu m'empêches d'enquêter ?

- Tu devrais me remercier de t'avoir épargné de jouer les prostituées plus longtemps, contra Barton. Et vu l'homme que j'avais en face de moi, je peux t'assurer qu'il a été assez stupide pour écrire la formule sur un papier et la mettre dans son coffre fort.

- Ça te rend dingue hein ? Que je doive me jeter au cou d'un homme pour une mission.

- Ne dis pas n'importe quoi, lâcha Barton en rougissant à peine.

Et il la tira dans le couloir. Elle le mena jusqu'à la chambre de Dunball sans encombre. Ils entrèrent. Elle posa sa main sur la poignée du coffre, et en quelques gestes précis, l'ouvrit.

- Bingo ! dit-elle en tirant un rouleau de papier.

- Comment tu as su comment l'ouvrir ? s'étonna Barton.

- Je l'ai vu faire avant la réception, répondit Natasha. Simple et efficace.

Ils firent volte-face, et firent un pas.

- Qu'est-ce que vous fichez ici ?

Un garde du corps se tenait face à eux. Les deux agents du Shield ne se jetèrent qu'un bref coup d'œil avant de bouger. Barton fonça droit sur l'homme, alors que Natasha partait sur la gauche. Clint s'était accroché à son ennemi. La jolie rousse bondit, prit appui sur le mur, et atterrit sur les épaules du colosse. Elle noua ses jambes autour de son cou, cherchant à l'étouffer, mais l'homme recula précipitamment, la plaquant brutalement sur le mur. Assommée, elle perdit sa prise. Barton faucha le garde du corps au niveau des chevilles, et lui sauta sur le torse. Il martela son visage de coups de poings, mais fut vite rejeté en arrière. Natasha se relevait avec peine quand elle se sentit glisser. L'homme lui avait attrapé la cheville, et la tenait maintenant suspendue en l'air. Elle lâcha un cri de douleur, tant la main, tel un battoir, lui broyait l'articulation. Barton se stoppa.

- C'est mieux comme ça, lâcha l'homme. Maintenant réponds-moi. Qu'est-ce que vous faisiez ici ?

D'une torsion du buste et tirant sur ses abdominaux, l'agent Romanoff se redressa et passa en position assise sur le bras du colosse. Avant qu'il ait le temps de réagir, elle frappa du poing une fois à la tempe. Du sang jaillit. Natasha fit un saut périlleux arrière, et ré-atterrit en ravalant difficilement une imprécation de douleur. Elle essuya soigneusement sa petite lame sur les vêtements du cadavre, et se tourna vers son collègue.

- Mets-le dans le placard, j'appelle Fury pour qu'il prenne le reste en main.

- Quoi, c'est fini ? C'est vraiment aussi facile ? lança Barton.

- Parce que tu as trouvé ça facile, toi ?

Barton réprima un sourire et tira le corps dans le placard, dont il referma soigneusement la porte.

- Fury a envoyé son équipe pour s'occuper de Dunball, notre mission est finie et réussie.

Clint ne répondit rien, il la fixait étrangement.

- Clint ? Tout va bien ? s'inquiéta Romanoff.

- Oui, excuse-moi. C'est juste que... j'ai eu peur pour toi, souffla-t-il.

- Clint... murmura-t-elle.

- Ne dis rien, fit-il en posant son index sur les lèvres rouges si désirables de la jolie rousse. Tu sais, et je sais. C'est tout ce qui compte à mes yeux. Tu viens ? L'équipe de nettoyage ne va pas tarder, et j'aimerais aller me coucher.

Elle allait le suivre, mais grimaça subitement en s'effondrant à moitié.

- Nat' ! cria Barton.

Il se précipita vers elle, passa un bras sous ses épaules et la releva. Elle plongea ses yeux dans les siens. Clint l'empêcha de parler en scellant ses lèvres d'un baiser au goût de promesse, et l'enleva dans ses bras puissants.

Lovée contre le torse de l'agent Barton, Natasha pouvait sentir son parfum, et le roulement de ses muscles. Elle se laissa aller dans ses bras, telle une petite fille. Seuls comptaient Clint et elle à cet instant précis. Clint la porta jusque dans sa chambre, et la posa délicatement sur l'édredon comme s'il craignait de la briser. Ils restèrent un instant les yeux dans les yeux, sans parler, respirant à peine.

Il se jeta sur elle, et elle se laissa faire. Il la dévora de baisers... et, au bout d'un moment, la fébrilité les gagna. Les sourires s'estompèrent, et leurs contacts, d'abord joueurs, devinrent plus sensuels. Clint serra Natasha dans ses bras, elle pouvait sentir le rythme effréné des battements de son cœur. Piquée par le désir, elle fit glisser sa veste sur ses épaules et il l'aida à la retirer tout en s'accrochant à elle. Elle laissa tomber ses escarpins, qui atterrirent sur la moquette avec un bruit sourd. Barton aussi se déchaussa. Sans détacher ses lèvres des siennes, il la souleva et l'installa plus confortablement sur le lit, avec douceur. Elle desserra son nœud papillon et le jeta quelque part sur le tapis. Il alla rejoindre les chaussures.

- Vous enfreignez beaucoup de règles, agent Barton, souffla Natasha.

- On s'en fiche des règles...

Elle déboutonna maladroitement sa chemise, qui subit le même sort que le nœud papillon. Natasha fit courir ses doigts sur les abdominaux du bel agent. Quand ses mains arrivèrent à sa ceinture, elle l'attira à elle sans qu'il résiste. Il glissa une main sous sa jupe, elle perdit complètement la tête et enfonça ses ongles dans son dos. Il fit pleuvoir les baisers dans son cou alors qu'il essayait désespérément de lui enlever sa robe.

- Mais qu'est-ce que c'est que cette armure ? grimaça-t-il.

Il recula légèrement et d'un geste assuré, déchira le tissu sur toute sa longueur. Natasha passa ses bras derrière le cou de Clint, et le serra contre elle de toutes ses forces, comme si elle avait peur qu'il disparaisse. Le flot de sensations nouvelles qui déferlaient en eux les emporta dans une délicieuse spirale d'amour et de passion.

Plus tard dans la nuit, alors que Clint dormait à poings fermés, Natasha se redressa en sursaut, haletante. Elle passa une main tremblante sur son visage emperlé de sueur. Ses larmes se mirent à couler le long de ses joues, perles irisées qui reflétaient la faible clarté lunaire. Barton émergea de son sommeil en grognant, mais cessa tout borborygme quand il vit la jolie rousse paniquée. Il se précipita à côté d'elle et la prit dans ses bras.

- Shh, c'est fini, tout va bien, murmura-t-il en la berçant. Toujours tes cauchemars, hein ? Ne t'en fais pas, je suis là maintenant.

Ils restèrent un moment ainsi, enlacés dans le silence et le secret de la nuit. Natasha se rendormit enfin, la tête posée sur le torse de son compagnon.

*après être rentrés de mission et avoir fait leur rapport à Fury*

Alors qu'il conduisait tranquillement sur Madison Avenue, Barton se tourna vers la jolie rousse, silencieuse depuis le début du trajet.

- Je t'écoute, fit-il gentiment.

- Pardon ? demanda-t-elle en se tournant vers lui.

- Quand tu ne dis rien comme ça, c'est que tu meurs d'envie de dire quelque chose. Alors vas-y, je t'écoute.

L'agent Romanoff sourit. C'est vrai qu'il la connaissait si bien qu'il pouvait dire de quelle humeur elle était simplement en regardant ses yeux. Et une fois de plus, il avait visé juste.

- Je pensais à prendre des vacances, fit-elle.

- Quoi ? s'étonna Barton.

- Oui, tu sais, c'est quelque chose que les gens normaux font. J'aimerais partir une semaine, loin d'ici. Avec toi.

- A...avec moi ? bégaya-t-il.

- Avec toi, dit-elle.

L'espion mit un certain temps à retrouver ses esprits. Natasha avait changé, depuis l'épisode Loki, indéniablement.

- Tu serais d'accord, pour partir avec moi ? demanda-t-elle.

Il se tourna vers elle avec un sourire soulagé.

- Quand tu veux.

Arrêtés au feu rouge, ils échangèrent un baiser passionné, plein de promesses pour le futur.

Me voilà de retour :) joyeuse rentrée à tous ! :D et merci d'avoir lu ^^