Nous sommes le 28 Août... journée spéciale pour LadyDarkBley JOYEUX ANNIVERSAIRE (mm si c'est plus une surprise vue que tu as deviné pffffff -') j'espère que ça te plaira quand mm ^^

Bref baptême du feu pour moi... hummm nan je n'ai rien à dire pour ma défense. Soit vous aimez, soit vous n'aimez pas. C'est écrit donc voilà. Prenez un chocolat chaud, installez-vous et zou c'est partit !

Merci tout de mm à Loulouche qui est passé par là pour redresser cet OS

Ah oui euh blablabla les persos sont pas à moi et tt le tralala habituel que tlm connait et dont tlm se fout royalement !

*Pour Vous C'est Majesté*

Le ciel était d'un magnifique bleu clair en cette nouvelle journée printanière, où rien de ce qu'il se passait n'avait été prévu. Cela faisait plusieurs heures que la bataille faisait rage aux portes du palais. Les ennemis avaient attaqué à l'aube, de front, comme des désespérés. Déjà un nombre incalculable de corps sans vie jonchaient le sol, peignant l'herbe verte de rouge.

Le chevalier Swan, Commandant de la garde de la Reine, se battait avec ferveur tout en criant ses ordres. Elle vivante, il était hors de question que quelqu'un passe les remparts. Elle savait sa Reine en sécurité. Elle avait personnellement veillé à la tenir éloignée du champ de bataille. Bien sûr, elle avait dû user d'arguments en tout genre de promesses sans fin. Elle avait dû la rassurer, prendre des précautions, la consoler tout en se montrant ferme. Cela lui avait fait perdre du temps, certes, mais la Reine était la Reine. Une souveraine soucieuse de son peuple, de ses hommes. Une souveraine qui préférait défendre personnellement ses terres, usant de sa magie jusqu'à l'épuisement plutôt que de rester à l'abri. Le chevalier lui avait fait entendre raison quand elle lui avait dit que venir c'était mettre la vie de ses gardiens en danger. Chacun préférant se concentrer sur sa sécurité plutôt que sur leur propre combat. Mais la raison première était bien plus personnelle.

Les vagues d'ennemis venaient s'échouer à leurs pieds. Les armures commençaient à se faire lourdes. Les gestes devenaient plus lents, moins adroits. Une flèche siffla. Puis deux. Puis trois. Le Commandant Swan cria à ses hommes de se mettre à couvert. Les guerriers se rassemblèrent et les boucliers se soulevèrent malgré la fatigue formant un mur impénétrable face à la pluie de carreaux qui s'abattait sur eux. A leur tour, les archers, placés sur les remparts protecteurs du palais bandèrent leurs arcs et arbalètes puis firent parler l'acier.

Les ennemis venaient toujours plus nombreux s'écraser contre les blocs formés par les chevaliers, qui, sous les ordres de leur Commandant avaient reculé jusqu'aux murs de l'enceinte. Ils étaient acculés. L'adversaire le savait. Il semblait maintenant prendre le temps de rassembler ses troupes avant de lancer l'attaque finale.

Emma Swan savait chacun de ses hommes prêts au sacrifice ultime pour leur royaume. Elle leur hurla de retirer le plus lourd de leur armure puis de former des binômes indissociables. Tous s'exécutèrent. Ils savaient que leur supérieure mettait en place une des stratégies vue en entraînement. Ils seraient ainsi plus vulnérables, certes, mais aussi plus redoutables, plus rapides, plus précis dans leurs attaques, être deux les rendraient plus forts, plus courageux. Ils savaient également qu'ils pouvaient compter sur les sentinelles au-dessus d'eux. Tout était loin d'être terminé, ils avaient tous suivi un entraînement des plus rudes pour faire face à ce genre de situation, ils n'abandonneraient pas.

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Régina était face à son miroir. Ce dernier lui dévoilait la bataille qui se déroulait juste à quelques mètres d'elle. Elle observait ses troupes se battre, et grimaçait pour chacun de ses soldats tombé. Il y en avait tellement. Elle serrait les poings, se retenant d'intervenir. Elle avait promis à son Commandant de rester à l'abri. Quelle sottise. Elle le regrettait et s'en voulait énormément. Mais elle n'avait pu résister au regard suppliant de la blonde.

Elle avait bondi de son fauteuil quand ses troupes s'étaient trouvées piégées contre leurs propres remparts. Elle avait failli rompre sa promesse et faire son apparition parmi ses hommes. Puis son Commandant était apparu dans son armure noire, frappée de leurs armoiries respectives : un majestueux cygne blanc surmonté d'une fine couronne. Elle la regardait se débarrasser de quelques pièces de sa cuirasse. Quand le heaume fut retiré, elle put distinguer le visage de son chevalier. Ce visage aux traits fins et tirés par l'effort, au regard déterminé, d'un vert assombri par la concentration et l'adrénaline du combat. Quelques mèches blondes, échappées de sa tresse, s'étaient collées sur sa peau. La reine serra son poing sur son cœur, qui à cette vue magnifique, avait fait un bond dans sa poitrine, menaçant d'en sortir. Elle se savait totalement éprise de son Commandant, comme elle savait que la réciproque était vraie. Mais leur relation était si complexe.

Une souveraine était appelée à se marier et donner une descendance à son mari, non à gouverner à la place d'un homme. Un Commandant se devait de remplir son rôle auprès de sa souveraine et de gérer les hommes placés sous son commandement. Qu'il y ait des femmes dans l'armée de Régina avait déjà soulevé beaucoup de questions et de railleries de la part des royaumes voisins, alors une femme Commandant… Même étant issue d'une des plus prestigieuses familles elfiques, cela n'avait rien changé. Le royaume était toujours sujet aux moqueries et apparemment certains de ces détraqueurs s'étaient mis en tête de leur faire payer cet affront et leur prouver leur faiblesse.

Régina observait ses troupes abandonner une partie de leurs protections. Elle savait ce qu'ils s'apprêtaient à faire, elle les avait vus à l'entraînement. C'était risqué. Elle avait une confiance aveugle en son Commandant, qui savait ce qu'elle faisait et les avait préparés très durement à ces manœuvres. Régina ne put s'empêcher d'intervenir. C'est vrai, elle avait promis de ne pas sortir, mais rien ne lui interdisait d'utiliser la magie d'où elle était.

Aussi quand une pluie de boules de feu s'abattit sur les rangs adverses, les soldats comprirent qu'ils avaient l'entier soutien de leur Reine. Les épées se mirent à taper furieusement en rythme contre les boucliers, son nom était scandé en chœur. Ils étaient tous droits et fiers, le regard déterminé à ne laisser aucune chance à l'ennemi. Ce dernier donna enfin l'assaut. Tout ne fut plus que fracas et mort.

Elle les regardait se battre, tuer et être tués. Ils tenaient bon. Leur adversaire, face à tant de fougue et de détermination, commençait à montrer des signes évidents de fatigue et de doute. Quand soudain une flèche fendit les airs en direction du Commandant, qui disparut dans le flot de corps s'entre-tuant. Le cœur de la Reine manqua un battement. Elle la cherchait désespérément des yeux. Le chagrin la submergea, coulant le long de ses joues. Puis sa douleur se mua aussitôt en une colère noire, qui se propagea dans ses veines comme une coulée de lave, faisant douloureusement brûler son cœur. Elle ne se contrôlait plus quand elle disparut.

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Emma avait vu arriver au dernier moment le projectile et n'avait pu l'esquiver qu'en se jetant en arrière. Le carreau d'arbalète lui avait entamé le cuir chevelu sur quelques centimètres. Elle s'était difficilement relevée malgré la douleur et le sang qui coulait jusque dans son cou, et avait repris le combat. Quand elle aperçut le nuage de fumée violette annonçant l'apparition de sa souveraine. Son cœur palpita d'appréhension. Ne lui avait-elle pourtant pas fait la promesse de rester à l'abri ? N'attendant pas une seconde de plus elle appela à elle ses soldats et ils se créèrent un chemin au travers des combats. En à peine quelques instant, Régina apparue au milieu d'une ronde protectrice de soldats. Emma la vit comme jamais. La Reine était droite, le corps tendu à l'extrême, ses cheveux noirs virevoltaient autour de son visage. Ses traits déformés par une fureur sans nom, ses yeux habituellement noisette, étaient noirs d'une colère sans précédent. La magie tournait autour d'elle, comme une tornade prête à tout ravager sur son passage. Et c'est bien ce qui arriva.

La terre gronda, trembla, s'ouvrit sous les pieds des ennemis pour les engloutir au plus profond de ses entrailles à tout jamais. Le Commandant appela à nouveau au rassemblement. Ses hommes abandonnèrent le combat pour se placer les uns après les autres autour de Régina, qui semblait s'élever légèrement dans les airs, levant les bras et marmonnant des paroles d'un autre âge. Ils créèrent plusieurs cercles protecteurs entre leur souveraine et une probable menace.

Le champ de bataille devint une place d'exécution où Régina laissa libre court à l'expression de sa fureur, de sa peine. Le ciel s'assombrit sous un amas de nuages menaçants et une pluie froide s'abattit sur eux. Avant qu'une myriade de tourbillons décime les rangs adverses et les emporte mourir plusieurs mètres plus loin. Les ennemis prenaient la fuite. Ils détalaient aussi vite qu'ils le pouvaient de peur de se trouver à vue de cette souveraine démoniaque. Il n'y eut, bien rapidement, plus grand monde pour subir la colère noire de la Reine. Ses propres hommes ne bougeaient pas d'un pouce, restant là pour la protéger.

Le Commandant se fraya un chemin parmi ses soldats, jusqu'au centre du cercle et enlaça de ses bras musclés sa Reine, qui épuisée, menaçait de s'écrouler. Cette dernière, le corps tremblant de fatigue, fut surprise de se retrouver contre celle qu'elle ne pensait plus jamais revoir. Elle sanglota de bonheur et d'épuisement, tout en se laissant glisser dans cette tendre étreinte. Elles restèrent ainsi quelques secondes. Appréciant le contact rassurant l'une de l'autre, se dévorant mutuellement du regard. Puis le monde extérieur les rappela à lui.

Leur ennemi avait fui, mais il fallait maintenant s'occuper des dégâts engendrés par cette bataille. Le Commandant confia, à regret, la Reine à deux de ses gardes qui eurent pour mission de la ramener dans ses quartiers, de veiller et prendre soin d'elle. La voir partir lui brisait le cœur. Elle avait eu si peur en la voyant apparaître au milieu de ce carnage.

Elle prit en main l'organisation de l'après-guerre. Trouver les blessés, les amener jusqu'au bâtiment des guérisseurs, brûler les cadavres ennemis, rassembler les camarades tombés chez les embaumeurs pour une cérémonie en leur honneur, et réparer les dégâts occasionnés par l'assaut et la magie utilisée. Les jours à venir promettaient d'être plus qu'éreintants pour tous.

Emma s'évertuait à récupérer les armes et armures de ses troupes, slalomant entre les corps, se baissant pour ramasser ce qui leur appartenait, retirant de certains cadavres des épées, des couteaux. Elle tentait de comprendre pourquoi on les avait attaqués. Elle n'avait reconnu aucun blason. Ce qui était plutôt étonnant. Cependant dans son esprit il était clair qu'il s'agissait majoritairement de mercenaires. Seulement on engageait des mercenaires dans un but précis, certainement pas pour les mener dans une bataille, ils n'avaient aucune discipline. Puis en engager autant valait un prix exorbitant. A moins de leur avoir promis les terres du royaume conquis. Mais alors si on leur laissait la terre, qu'étaient-ils véritablement venus chercher ?

Emma se redressa d'un coup, lâchant ce qu'elle tenait dans les mains. La peur lui tordant le ventre, elle s'élança dans une course folle en direction du palais, attrapant au vol une arbalète des mains d'une sentinelle, qu'elle cala dans son dos.

_ Scarlett à moi ! Cria-t-elle en croisant la guerrière qui était devenu son bras droit.

La grande brune, bien que surprise, ne réfléchit pas une seconde, et s'élança aux côtés de son Commandant. Elles atteignaient le bâtiment principal, montant quatre par quatre les escaliers menant aux appartements royaux. Elles tombèrent sur deux mercenaires qui leur barrèrent la route. Scarlett sortit son arme et fit signe du menton à son Commandant de poursuivre sa route. Cette dernière la remercia silencieusement et d'une esquive dépassa les brigands.

Elle approchait des appartements personnels de la Reine. Elle ralentit l'allure, l'arbalète au poing, à l'affût du moindre bruit, du moindre mouvement. Quand elle les aperçut à un croisement de couloir. Les deux gardes qu'elle avait missionnés gisaient au sol, inertes, très certainement morts. Un homme, plutôt robuste, tenait Régina par le cou. Cette dernière, ayant épuisé sa magie, tentait désespérément de se dégager à mains nues de cette prise étouffante. L'homme sortit un poignard de son ceinturon.

Le sang d'Emma Swan se glaça d'effroi. Elle avait le souffle coupé par l'émotion qui l'avait saisie. Les battements déchaînés de son cœur résonnaient jusqu'à ses oreilles. Tout semblait s'enchaîner au ralentit. L'homme leva son poing armé, prêt à abattre froidement la brune sans défense. La guerrière blonde s'avança dans le couloir, l'esprit exclusivement tourné sur ce qu'elle avait à faire.

_ Hé ! Lança-t-elle d'un ton claquant dans l'air comme un ordre, sûre d'elle, le regard impassible et le bras armé vers sa cible.

Le mercenaire pivota instinctivement vers elle. Rien qu'un tout petit instant. Instant néanmoins suffisant au Commandant pour le terrasser. La corde siffla, la détente avait déjà été pressée. Propulsé à pleine puissance, le carreau d'arbalète vint se loger directement dans sa boîte crânienne. Le corps sans vie s'effondra dans un bruit sourd la seconde suivante.

Régina se laissa glisser contre le mur, tentant de reprendre une respiration normale entre deux quintes de toux. Le Commandant se précipita à ses côtés.

_ Tout va bien. Tout va bien, je suis là. La réconforta-t-elle en la prenant avec douceur dans ses bras, lui déposant un baiser furtif sur le front.

Un sanglot secoua le corps affaibli de la brune, qui se cramponna au cuir matelassé de sa sauveuse, enfouissant sa tête dans son cou. Inspirant à plein poumon cette odeur bien spécifique de son Commandant, ce qui l'apaisa quelque peu. Elle était bel et bien vivante.

Emma souleva la brune et l'amena en sécurité jusque dans sa chambre pour la déposer délicatement sur son lit. Elle la glissa sous ses couvertures, et l'installa le plus confortablement possible. La Reine murmura un remerciement avec un léger sourire et sombra dans un profond sommeil.

Le Commandant la contempla un long moment. Son cœur qui était affolé un moment auparavant, commençait tout juste à se calmer. Elle caressa du bout des doigts les contours du visage de celle qu'elle aimait. Celle qu'elle désirait. Celle qui la perturbait rien que par sa présence. Celle qui mettait le feu à son corps juste par un regard. Elle désirait plus que tout la faire sienne. Là, tout de suite, elle se battait intérieurement pour ne pas succomber et déposer un baiser sur ces lèvres pulpeuses qui l'obnubilaient inexorablement.

Un raclement de gorge la ramena à la raison. Rougissant légèrement de s'être faite prendre à admirer sa souveraine, elle se tourna vers l'importun.

Scarlett se tenait droite dans l'embrasure de la porte, un sourire en coin, les yeux pétillants de malice. Elle n'était pas aveugle et avait très vite comprit les sentiments que partageaient les deux femmes. Elle avait tenté plusieurs fois d'en parler avec sa supérieure. Cette dernière évitait sans cesse le dialogue, répétant inlassablement que ce n'était pas possible et qu'il n'y avait, donc, pas sujet à discuter.

_ Je veux que vous, Graham, Mulan et August fassiez des tours de garde par binôme pour garder cette chambre sous surveillance. Je ne veux voir aucun autre gardien s'en approcher. Au moindre problème, venez m'en aviser immédiatement. Compris ? Ordonna Emma.

_ Reçu Commandant. Acquiesça la grande brune.

_ Je vais les prévenir. Tu restes ici, personne ne franchit cette porte sauf ceux que je viens de citer ainsi que moi-même.

Sur ces consignes, la blonde tourna les talons et partit, le cœur lourd. Il y avait encore tant à faire.

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Trois jours passèrent. Les dégâts causés par la bataille s'effaçaient lentement mais sûrement, rendant au paysage sa splendeur printanière. Le Commandant faisait régulièrement un saut chez les guérisseurs s'assurant que les blessés récupéraient convenablement. Puis elle faisait également un tour aux casernements pour remonter le moral des soldats, qui bien que reposés, s'inquiétaient de l'état de santé de leur souveraine.

Cette dernière ne s'était toujours pas réveillée. Et n'avait montré aucun signe de vie à part ses mouvements réguliers de respiration. Emma savait que l'utilisation de la magie avait un prix et vu la quantité de pouvoir utilisée pendant le combat, elle pensait que le coût avait peut-être été plus élevé que d'ordinaire cette fois-ci.

La blonde passait ses journées à gérer les problèmes du royaume à la place de la Reine. C'est le soir, complétement vidée, qu'elle rejoignait les appartements royaux. Restant aux côtés de l'endormie, guettant le moindre signe d'éveil.

Comme à son habitude, elle tira le lourd fauteuil, qui lui servait de couchette, jusqu'aux abords du lit. Elle saisit la main froide de sa souveraine, espérant la voir ouvrir les yeux à son contact. Mais comme à chaque fois rien ne se produisit. Si ce n'est son cœur qui se déchirait un peu plus, perdant peu à peu espoir. Les larmes la submergeaient. Une fois encore. Elle ne fit rien pour les retenir. Elle ne savait pas quoi faire, quoi dire, qui prier, contre qui ou quoi se battre. Elle se sentait coupable et affreusement impuissante. Régina n'aurait pas utilisé tant de magie si elle, son Commandant, avait fait son travail convenablement. Elle en avait terriblement conscience.

_ Amin… hiraetha (je suis navrée).

Elle sanglota un long moment. Puis elle se leva brusquement, passant nerveusement une main dans sa chevelure qu'elle avait laissée lâchée, ses boucles blondes cascadant sur ses épaules. Elle fit quelques pas en direction de la sortie préférant aller prendre l'air, puis revint sur ses pas, serrant les poings.

_ Vous n'avez pas le droit d'abandonner vos sujets ! Je vous interdis de m'abandonner ! Vous m'entendez ?! S'emporta-t-elle se rapprochant davantage du lit, son regard tombant sur le teint pâle et inexpressif de sa Reine.

Ce qui eut pour effet d'anéantir aussitôt son élan. Elle souffla. Puis se pencha au-dessus de son visage.

_ Lasto beth nin. Tolo gan dan Galad (écoutez ma voix. Revenez à la lumière). Lui glissa-t-elle à l'oreille tendrement.

Son désespoir était si grand, si dévastateur. Elle avait tant besoin d'elle. D'entendre sa voix, de sentir son regard posé sur elle, de voir son sourire, l'admirer se mouvoir, l'accompagner pendant ses promenades sous un ciel étoilé, discuter pendant des heures à l'ombre d'un pommier, négocier avec elle des dispositions concernant sa protection. Son cœur pleurait son absence. Et elle se rendait compte que ses sentiments étaient bien plus grands, bien plus profonds qu'elle n'avait voulu le croire.

Ses yeux se posèrent sur ses lèvres pulpeuses et tentatrices. Se permettrait-elle seulement ? Elle secoua la tête. Non, elle ne devait pas. Et pourtant, elles l'attiraient, l'hypnotisaient, l'appelaient à elles. Pouvait-elle lutter indéfiniment ? Elle posa sa main sur une joue de la brune, et caressa sa peau du pouce. Puis elle se pencha davantage. Encore un peu. Un peu plus. Leurs souffles se mêlèrent. Son pouls s'affola.

Quand ses lèvres effleurèrent amoureusement les siennes, son cœur au bord du gouffre sembla exploser et sa raison l'abandonna. Elle ferma les yeux, et savoura ce doux contact quelques secondes avant de se reculer brusquement. Avait-elle halluciné où le corps de la Reine avait-il réellement tremblé ?

_ Emma?

Ce n'était qu'un murmure et pourtant.

La blonde restait stupéfaite. Son esprit devait se jouer d'elle. Elle ne voulait pas se faire de fausse joie. Pourtant elle dut se rendre à l'évidence quand elle observa la brune cligner plusieurs fois des paupières pour éclaircir sa vue et commencer à s'agiter.

_ Doucement Majesté, allez-y doucement. L'encouragea Emma, des larmes de pur bonheur inondant son visage.

Régina se sentait engourdie. Comme immergée dans de la mélasse. Son regard plongea immédiatement dans le vert profond des yeux de la blonde.

_ Ne pleurez… pas, Commandant. Lui dit-elle d'une voix rauque, encore un peu ensommeillée, dans un faible sourire.

_ Vous m'avez fait si peur. Souffla Emma en l'étreignant, se laissant finalement emportée par le maelstrom d'émotions qui la saisissait.

Elle avait besoin de la tenir tout contre elle, sentir sa chaleur, son odeur, se prouver qu'elle était bel et bien là, éveillée, vivante. Il lui était plus que nécessaire de la toucher, cela la rassurait plus que n'importe quoi d'autre.

La Reine fut surprise. Très agréablement surprise même. Se retrouver au lit dans les bras de l'être aimé au réveil : un rêve qu'elle pensait jusque-là impossible. Elle poussa un profond soupir de bien-être.

Emma se recula précipitamment. Elle crut déceler une lueur de déception briller dans le regard de sa souveraine, qui se ressaisit aussitôt, recouvrant un air impassible. La blonde trépignait d'un pied sur l'autre, gênée par son propre comportement.

_ Lle tyava quel ? (Comment vas-tu ?)Demanda-t-elle, inquiète, en la voyant se débattre avec les couvertures.

Régina se figea et arqua un sourcil interrogateur. Son Commandant avait recours à sa langue natale uniquement quand elle était trop déstabilisée, ayant horreur de faire étalage de son héritage. Chose assez rare pour y prêter attention. D'ailleurs Emma baissa la tête, rougissant de s'être dévoilée. Une fois de plus. Elle avait réellement du mal à se gérer face à sa Reine.

_ Je vais bien, aide-moi s'il te plaît. Lui répondit la brune le plus naturellement possible pour ne pas la gêner davantage.

Emma aida alors sa Reine à se redresser, et à s'installer le plus confortablement possible.

_ Je vais vous chercher un repas chaud, Majesté, il faut que vous repreniez des forces.

_ Remontez-en deux, vous semblez en avoir autant besoin que moi, Commandant. Répliqua Régina lasse de voir la blonde faire un pas en avant un instant puis deux en arrière l'instant d'après.

Après avoir accusé le choc d'avoir dormi pendant trois jours, Régina écouta attentivement ce qu'il s'était passé dans son royaume. Elle nota qu'elle devrait faire son possible pour rassurer ses sujets sur sa santé, remercier son armée, aller soutenir les blessés et montrer à ses ennemis qu'elle était toujours là. A peine réveillée qu'elle savait déjà les prochains jours surchargés par ses devoirs de monarque. Elle rêvait parfois d'une autre destinée. Une autre vie où, elle ne serait pas reine, où tout serait beaucoup plus simple, où son amour pour Emma ne poserait pas autant de soucis. Même si, au fond, elle savait que les problèmes ne tenaient réellement qu'à elles seules. Elle était décidée à les faire avancer. Peu importe les ragots et les ennuis, elle avait perdu l'esprit quand elle l'avait vue tomber. Elle ne pouvait pas continuer et faire comme si de rien n'était. Elle était amoureuse d'elle.

Voyant que Régina se perdait dans ses pensées, Emma commença à débarrasser, préférant la laisser à ses idées. Mais la Reine posa sa main sur son avant-bras, l'arrêtant dans son action. Elles frissonnèrent sous ce contact et se regardèrent intensément.

_ Est-ce que… tu pourrais rester avec moi cette nuit ? Osa demander Régina.

L'hésitation, blessante, pouvait se lire dans l'émeraude.

_ Si c'est que vous désirez, Majesté.

_ Je ne veux pas de mon Commandant… J'ai besoin de toi, Emma, uniquement de toi. Expliqua Régina d'une voix rendue fragile par l'émotion.

La blonde était plus que troublée. La vulnérabilité de Régina était flagrante. Elle désirait plus que tout rester à ses côtés tant son cœur se serrait d'amour dans sa poitrine. Elle savait que ses sentiments étaient partagés mais jusqu'à présent elles étaient restées raisonnables. Elles avaient évité toute tentation. Pouvaient-elles se permettre ? Elle ferma les yeux. L'image du mercenaire prêt à frapper Régina de son poignard s'imposa à son esprit. Elle frémit d'angoisse.

_ Je reste auprès de toi. Répondit Emma timidement.

La brune lui sourit, soulagée. D'un mouvement du poignet elle renvoya le plateau en cuisine. Puis elles se changèrent chacune leur tour avant de se glisser sous les couvertures.

Le silence était pesant. La blonde s'était installée loin de la Reine, loin de sa tentation. Raide comme un piquet. Encore plus nerveuse que le jour de sa première bataille. Elle tentait vainement de brider ses pensées.

Régina, elle, était amusée de voir son fier Commandant avoir peur de ce qu'il pourrait se passer. Alors que c'était la première à foncer tête baissée, sans trembler, face à un dragon faisant cinquante fois sa taille. Elle sentait la nervosité de sa voisine, et elle souhaitait plus que tout pouvoir y mettre fin.

_ Emma?

_ Hmm?

_ Est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ?

La concernée écarquilla les yeux, manquant de s'étouffer avec sa propre salive. Elle tourna vivement la tête vers la brune, voulant voir si cette dernière se moquait d'elle. Mais la Lune ne lui permit que de distinguer deux billes noires la fixer intensément, dans l'attente d'une réponse. Elle était gênée. Elle voulait la serrer tendrement contre elle. Mais elles ne devaient pas. Cela rendrait les choses beaucoup plus difficiles par la suite. Elle voulait dire non. Mais son corps la trahit. Et elle se vit ouvrir les bras. Régina n'hésita pas une seconde. Elle mêla ses jambes au siennes, se pelotonna tout contre son corps, une main en travers de sa taille. Elle sentit la blonde se tendre puis tressaillir, retenant sa respiration. Elle entendait les pulsations affolées de son cœur, elle en sourit. Elle se redressa un peu.

_ Merci. Respire Emma. Lui susurra-t-elle à l'oreille avant de déposer un léger baiser sur sa joue, et de poser sa tête sur son torse.

Elle était entourée de ses bras protecteurs, de sa chaleur, de son odeur, de son amour. Elle ferma les yeux luttant contre les sentiments qui menaçaient de la consumer. Elle avait tellement envie de la caresser. Elle poussa un soupir de bonheur et se laissa bercer par les battements plus ou moins réguliers qui cognaient contre son oreille, jusqu'à s'endormir, le sourire aux lèvres.

Un nombre incalculables de pensées totalement déplacées se bousculaient dans le cerveau d'Emma. Elle n'osait pas croire que tout cela était vrai. Elle bataillait pour contenir le désir qui l'avait envahie et qui risquait de l'étouffer. Régina ne faisait rien pour l'aider. Avait-elle conscience de l'effet qu'elle lui faisait ? S'il lui restait encore de la volonté, Emma aurait retiré cette main sur son ventre. Mais elle en était incapable. Elle appréciait ce contact affectueux. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas été touchée ainsi. Tout ce qu'elle voulait à cet instant, c'était de pouvoir à nouveau embrasser Régina. Les yeux clos elle se demandait comment régirait celle-ci ? Serait-elle choquée ? En colère ? Ou bien répondrait-elle à son baiser ? Emma remua un peu, posa sa main sur celle de Régina déjà en plein songe. Elle soupira et tenta de se détendre.

La brune gémit dans son sommeil et affermit un instant son étreinte.

Emma pensa mourir sur place. Combien de temps pourrait-elle résister avant de commettre une grosse bêtise ? Elle tâcha d'ignorer ses sentiments, d'ignorer que Régina était blottie contre sa poitrine, d'ignorer le gémissement qu'elle avait entendu. Elle se contenta de lui embrasser le front avant de passer tendrement une main dans ses cheveux. Puis elle finit par s'assoupir.

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Emma faisait de son mieux pour éviter Régina. Ses journées étaient remplies d'entraînements, de perfectionnements de techniques, de combats, d'organisation. Elle avait assigné ses meilleures recrues à la garde rapprochée de la souveraine, leur laissant sa place. Elle faisait réellement tout son possible, envoyant même Scarlett auprès de la Reine pour discuter des nouvelles mises en place pour la surveillance du royaume. Il n'y avait que lorsque Régina se promenait avant la nuit tombée, qu'elle s'autorisait à l'épier de loin. Elle admirait sa beauté, sa prestance qui lui assurait l'attention de tous, cette force qui semblait émaner d'elle et qui l'hypnotisait tout autant que sa bouche. Alors elle fermait les yeux, et se remémorait ce baiser volé. Son geste qui l'avait amenée à goûter à la douceur de ses lèvres. Elle en frissonnait à chaque fois. Et son corps qu'elle avait tenu contre elle. Elle s'interdisait de penser à tout cela. S'interdire pour ne pas succomber, et surtout ne pas perdre le peu d'entendement qu'il lui restait.

Si son cœur ne désirait qu'être avec elle. Se retrouver à nouveau à ses côtés dans son lit. La tenir dans ses bras. Sa raison, elle, lui dictait de se tenir à l'écart, pour leur bien à tous. Emma se sentait continuellement déchirée en deux. Elle ne savait plus quoi faire, qui suivre. Dans le doute elle préférait s'abstenir.

Régina avait repris son statut de souveraine. Depuis cette nuit magique, elle n'avait pas arrêté d'être sollicitée. Enchaînant les sorties pour rassurer son peuple, les conseils, les audiences. Elle avait croisé de temps à autre son Commandant mais leurs rencontres étaient trop furtives. Quand elle avait un peu de temps, elle en profitait pour aller contempler Emma lors des entraînements, restant cachée en surplomb. Elle l'admirait déployer ses atouts de guerrière face à un ou plusieurs de ses soldats. Regardant son corps musclé se mouvoir avec rapidité, légèreté, virtuosité et souplesse. La voir transpirer sous l'effort lui donnait des idées folles qu'elle s'empressait de chasser de son esprit. Idées qui revenaient la hanter le soir quand elle se retrouvait seule dans ses appartements.

Elle avait bien remarqué que la blonde faisait tout son possible pour l'éviter et en était très affectée. Peut-être y avait-elle été un peu fort en lui demandant de dormir à ses côtés ? L'avait-elle tant effrayée que ça ? Elle ne comprenait plus rien. Pourtant cette nuit-là, elle lui avait avoué n'avoir besoin que d'elle. Cela avait-il été assez clair ? Régina savait qu'elles devaient parler, à tout prix. Son cœur ne supporterait pas longtemps d'être malmené ainsi.

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Ce matin, elles étaient assises à la table du conseil. Plusieurs thèmes avaient déjà été abordés, des plus urgents au moins importants. Puis un des conseillers se racla la gorge, attirant l'attention de tous. Il était trapu, brun, barbu, des yeux de fouine, et il se plaignait continuellement de tout. Il s'occupait des communications entre le palais et les autres royaumes. Il se dandina sur son fauteuil, jetant un œil craintif vers le Commandant. Cette dernière lui lança un regard noir et menaçant, lui intimant de se taire avant qu'il ne soit trop tard.

_ Leroy si vous avez quelque chose à dire c'est maintenant. Intervint Régina en voyant leur petit manège.

_ Eh bien… il, il y a quelques jours, nous avons reçu une invitation.

Emma, mécontente, s'enfonça dans son siège.

_ Le roi Gold vous invite à participer à une congrégation entre souverains sur plusieurs jours, qui se terminerait sur un grand bal. Dans une quinzaine de jours. Termina précipitamment le conseiller, désirant disparaitre en remarquant le Commandant soupirer silencieusement.

_ Oh. Quand avons-nous reçu cette charmante invitation ? Demanda la Reine, curieuse de savoir ce qui dérangeait dans tout ça.

_ Le lendemain de votre réveil.

Régina fronça des sourcils, quelque chose clochait dans toutes ces informations.

_ Pourquoi m'en avertir seulement aujourd'hui ?

Le conseiller, sentant le regard brûlant du Commandant peser sur ses épaules, ne répondit pas.

Régina en eut assez de tout ce manège. Elle se redressa.

_ LEROY ! Cria-t-elle en tapant sur la table, ramenant l'attention du conseiller sur elle. Pourquoi m'en aviser seulement maintenant ? Insista-t-elle d'une voix glaciale.

_ Le, le Commandant m'avait défendu de vous en parler. Couina le brun en baissant la tête.

La surprise fut générale. Tout le monde se tourna vers la personne concernée, attendant qu'elle prenne la parole à son tour pour s'expliquer. Régina contrariée, la regardait, arquant un sourcil interrogateur. Si son Commandant avait tenu à garder cette information secrète c'était qu'il y avait une bonne raison. Emma lui rendit un instant son regard, masquant toute émotion possible.

_ Nous venons de subir une attaque. Il me semblait peu judicieux de devoir quitter le palais pour des frivolités sans intérêt. Se justifia-t-elle platement en haussant les épaules, comme si rien n'avait d'importance réelle dans tout cela.

La Reine fut surprise de cette réponse. Elle ne lui convenait pas. Pas du tout. Il y avait autre chose. Sinon pourquoi Emma aurait-elle été en colère après ce stupide conseiller ? Il n'était pas facile d'insupporter la blonde, mais lui avait réussi avec cette petite information futile ? Non, impossible. Elle lui cachait quelque chose, ça ne lui plaisait pas du tout. Plus que ça même, elle se sentait trahie. La colère gronda en elle.

Emma espérait plus que tout que son excuse passerait sans problème aux yeux de tous. Sans exception. Mais quand elle aperçut le regard de la Reine verrouillé sur elle, elle comprit qu'elle ne l'avait malheureusement pas convaincue. Pire même, elle savait qu'elle l'avait blessée. Plus même que par ses fuites à répétition. Elle allait probablement le payer très cher. Décidément cette journée ne semblait pas lui sourire.

_ Je tiens à vous rappeler, à tous, que c'est à moi que vous avez juré allégeance. Déclara Régina d'un ton glacial. Leroy, vous direz au roi Gold que j'accepte son invitation avec grand plaisir. Ajouta la Reine.

Emma savait que la colère de sa souveraine serait à la hauteur de la blessure qu'elle lui avait infligée. Mais elle avait pensé qu'elles pourraient en discuter, et qu'elle pourrait la raisonner avant qu'elle ne donne une réponse définitive. Apparemment elle avait sous-estimé la profondeur des dommages qu'elle avait causés.

Elle se leva brusquement, attirant à nouveau tous les regards sur elle. La colère brûlait sous sa peau. Elle serra les mâchoires. Elle fixait Régina. Un éclat violet se reflétait dans ses prunelles noisette.

_ Je suis navrée, je dois me retirer. J'ai à faire. Dit-elle avant de baisser la tête en guise de salut et de se retirer, furieuse.

L'assemblée était outrée. Régina se contenait difficilement, sa magie lui picotait le bout des doigts. Elle n'avait qu'une envie, c'était de laisser éclater sa fureur.

_ Commandant ? … COMMANDANT ? Hurla-t-elle, hors d'elle, ignorant ses conseillers abasourdis par ce à quoi ils assistaient.

Emma ne se retourna pas, et fila droit devant elle, sortant de la pièce le plus rapidement possible, ne voulant pas se laisser déborder devant témoins.

Elle descendit les escaliers, traversa les couloirs, courut presque jusqu'aux casernements.

_ Scarlett, dans deux minutes dans l'arène. Ordonna Emma en se dirigeant dans les vestiaires pour se changer.

Elle devait se calmer, retrouver la paix intérieure si elle ne voulait pas devenir folle. Car c'était ça après tout, elle devenait folle à cause de celle qu'elle aimait. Ses émotions prenaient le dessus et elle perdait le contrôle. Il n'y avait que cette fichue bonne femme pour lui faire perdre son sang-froid ainsi.

_ Reçu Commandant. Répondit cette dernière, résignée.

Elle avait très bien compris ce que cet ordre recelait. Elle avait très bien vu que sa supérieure était passablement énervée. Elle savait qu'elle lui servirait une nouvelle fois de défouloir et qu'elle le payerait encore très cher. C'était un honneur de se savoir à la hauteur mais il y avait un prix à payer pour ça. Son corps la ferait souffrir quelques jours. Elle soupira. Et partit se préparer.

Le bruit des épées qui s'entrechoquaient résonnait dans l'arène d'entrainement. Tous s'étaient arrêtés pour assister au combat opposant leur Commandant à son bras droit, formant un cercle autour des combattantes. Ils étaient fascinés par le duel, les encourageant chacune leur tour.

Cela faisait un moment qu'elles se battaient. Elles avaient toutes les deux perdu leur arme et se retrouvaient à combattre à mains nues pour le plus grand bonheur des soldats. Leur corps tendus par l'effort, étaient trempés de sueur. Elles s'observaient, attendant patiemment que l'autre passe à l'attaque, cherchant une faille, ou tentant sa chance. Elles se percutèrent. Chacune essayant de prendre l'ascendant sur l'autre par la force. C'est dans ce corps à corps haletant que Scarlett se permit de dire ce qu'elle pensait.

_ Vous devriez arrêter… de prendre vos soldats pour… des défouloirs et régler une bonne fois pour toute… vos problèmes avec la principale intéressée !

_ Vous n'aimez plus nos tête à tête ? Il me semblait que… passer un temps vous raffoliez de ce genre d'exercice... Je vais donc devoir trouver quelqu'un d'autre. Plaisanta vainement Emma en se dégageant d'une prise dangereuse.

_ Vous savez très bien qu'il n'y a que moi qui puisse me mesurer à vous… sans craindre d'être envoyée chez les guérisseurs... Je ne laisserai aucun de ces malheureux… prendre ma place, même s'ils en bavent d'envie. Souffla Scarlett sous la tension.

_ Alors concentrez-vous… Et arrêtez de faire semblant de… vous battre. Haleta la blonde.

Un clairon sonna au loin. Emma se figea. Quelqu'un sortait de l'enceinte du palais.

_ Scar ...

Elle fut interrompue par un puissant coup de poing qui la cueillit au visage. Elle tomba au sol et resta quelques secondes groggy.

_ Ne jamais se laisser distraire. C'est une des premières leçons que vous m'avez apprise.

Emma essaya de se relever, mais la tête lui tournait. Il fallait qu'elle se lève pourtant. Cette sortie n'était pas programmée, et elle redoutait d'avoir raison sur l'identité de la personne qui était sortie.

_ Scarlett… Régina. Réussit à articuler la blonde en grimaçant de douleur.

La brune saisit immédiatement le sens de ses propos.

_ Je pars tout de suite à sa poursuite. Faîtes un tour à l'infirmerie. Oh et encore une chose : allez lui parler et arrêtez d'être aussi tête de mule l'une que l'autre, vous épuisez tout le monde ici. Ajouta la guerrière en partant en trottinant.

Emma grommela tout bas. Le sang coulait et commençait à lui piquer l'œil. A tous les coups son adversaire lui avait fait exploser l'arcade. Elle était bonne pour quelques points. Elle se releva, chancela quelque peu, puis partit vers le bâtiment des soigneurs. Cette journée sans fin commençait vraiment à lui taper sur les nerfs.

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Dans un excès de colère Régina avait, par magie, fait exploser la porte à la sortie de la blonde qui avait superbement ignoré ses appels. La stupéfaction pouvait se lire sur le visage de toute son assemblée. Il y avait de quoi, car la brune était toujours furieuse. Elle s'assit, pestant intérieurement, tentant de retrouver un semblant de calme.

_ Continuons s'il vous plaît ! Lança-t-elle sans grande conviction.

Chacun reprit ses esprits et le conseil continua sans le Commandant. Mais Régina n'écoutait que d'une oreille. Sa colère n'avait pas disparu, bien au contraire. Elle se sentait trahie, ignorée, et insultée. Un tel affront, aux yeux de tous. Personne ne s'y était risqué avant Emma. Et elle n'aurait jamais pensé que ce serait elle qui oserait, ce qui ajoutait encore de la peine à tout ce qu'elle ressentait. Elle ne comprenait pas Emma. Pourtant ce soir-là, cette nuit-là avait compté, elle le savait. Cela avait compté pour toutes les deux. Elle avait entendu le cœur de la blonde s'affoler à son contact, elle l'avait sentie frissonner, se tendre. Avait-elle imaginé tout ceci ? Cela n'avait aucun sens.

Tout le monde la regardait semblant attendre quelque chose d'elle. A force de se laisser entraîner dans ses pensées, elle délaissait sa fonction, ce qui était loin de lui plaire.

_ Je suis désolée. Je suis fatiguée. La séance est levée. Nous reprendrons demain. Merci. Les congédia-t-elle, lasse.

Personne ne voulait subir le courroux de la Reine. Ils sortirent tous, sans commentaire. Tous sauf une. Qui fit grincer sa chaise pour attirer l'attention de sa souveraine, replongée dans ses tourments.

_ Que veux-tu, Kathryn ? Demanda-t-elle agacée.

_ Je ne crois pas qu'elle ait voulu réellement te contrarier. Elle agit par instinct. Tenta d'expliquer la jeune femme blonde qui s'occupait des comptes du palais et était accessoirement une amie de la souveraine.

_ Qu'en sais-tu ? L'interrogea la brune de manière un peu brutale.

_ C'est une sang-mêlé Régina. Tu sais autant que moi qu'elle n'a jamais eu sa place parmi les elfes. C'est ici qu'elle a trouvé une famille. Elle dirige ton armée et te protège. Elle excelle dans ce qu'elle fait. Mais l'amour est un domaine qu'elle ne connait pas ou peu. Alors je pense qu'elle fuit. Développa Kathryn d'une voix douce. Vous devriez parler, et le plus tôt possible serait le mieux. Ajouta la blonde avant de se retirer, laissant Régina seule pour mieux réfléchir.

Cette dernière cria de frustration. Elle se téléporta par magie jusque dans les écuries. Elle entendit le hennissement de Rocinante qui l'accueillit avec joie. Son cœur s'allégea. Elle le rejoignit et le voir lui tira un sourire.

_ Hey mon tout beau ! Je t'ai manqué ? Demanda-t-elle d'une voix douce en lui flattant l'encolure.

L'étalon la poussa gentiment du museau.

_ Une balade pour me faire pardonner de t'avoir délaissé, ça te dirait ?

L'animal hocha plusieurs fois de la tête tout en hennissant à nouveau, frappant le sol d'un sabot. Régina éclata de rire et prépara rapidement sa monture. Elle changea sa robe en une tenue plus adaptée. Puis elle se mit en selle et amena sa monture à faire quelques tours de manège. Ensuite ils prirent la direction des portes de l'enceinte. Elle les ouvrit par magie et lança l'étalon au galop pour traverser la plaine et se retrouver dans les bois.

Elle riait à gorge déployée. Le bonheur de sentir le vent lui piquer les yeux, glisser sur sa peau, décoiffer ses cheveux. Elle était libre. Elle savait que ce n'était qu'éphémère, elle en profitait au maximum. Elle noua les rênes et se redressant, écarta les bras en croix. C'était tellement enivrant.

Rocinante les amena dans un coin calme, à l'abri parmi les arbres, où cascadait une source d'eau. Régina, d'humeur plus légère, se laissa glisser le long de sa monture.

_ C'est un joli petit coin que tu nous as trouvé là. Tu as bien mérité une petite pause. Lui dit-elle en le câlinant.

Puis elle s'approcha de la source. La trouvant à bonne température, elle décida d'en profiter. Elle se déshabilla et s'enfonça dans l'eau.

Elle était totalement détendue quand elle sortit de son bain. Elle avait fini de se rhabiller quand sortirent furtivement de l'ombre quatre brigands. D'hygiène plutôt douteuse. L'un d'eux s'avança davantage.

_ Je suis Robin, Robin des Bois, et vous êtes dorénavant ma prisonnière. Déclara-t-il, l'œil pétillant et un sourire malsain.

Régina se redressa, revêtant son allure majestueuse, et son masque de souveraine.

_ Je crois que vous faites erreur, Robin des Bois. Vous feriez mieux de me laisser partir. Répondit la brune d'un ton autoritaire.

_ Que comptez-vous faire seule contre nous quatre, jeune Dame ! Ricana le dénommé Robin.

_ Pour vous ce sera Majesté ! Lança Régina, tendant une main vers l'homme qui se fit violemment propulsé quelques mètres plus loin contre un arbre.

Ses complices s'interrogèrent du regard puis se ruèrent sur la brune. Cette dernière tendit à nouveau son bras et un autre brigand vola dans les airs. Soudain un loup bondit hors des fourrés et attaqua au vol un des hommes. Régina n'y prêta pas plus attention. Après tout elle n'allait pas se plaindre d'avoir un allié à ses côtés. Avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, le troisième homme la frappa à l'aide de son bâton dans l'épaule. Cela la déstabilisa. Il allait lui porter un autre coup quand Rocinante se cabra et abattit ses deux sabots sur lui, le piétinant sans pitié.

Régina se laissa tomber à genou, la douleur à son épaule pulsait et se répandait jusque dans le bout de ses doigts et sa nuque. Elle serra les dents. Le loup, au pelage noir et aux yeux dorés, sembla hésiter et s'avança doucement.

_ Approche. N'aie pas peur. Se força à murmurer Régina d'une voix douce en tendant son bras valide, gardant l'autre plaqué contre sa poitrine pour éviter de trop le bouger.

Le canidé renifla le bout de ses doigts et les lécha. Puis il passa sa tête carrément sous la main de la brune surprise, jusqu'à se frotter contre son torse et lui laper rapidement la joue. Son pelage était doux et soyeux et sa chaleur était bienfaisante. Régina rit d'amusement et le caressa. Puis elle distingua un collier. Etonnée, elle le saisit et chercha un quelconque médaillon. Mais il s'agissait plutôt d'une fine chaîne en or et elle trouva un petit rubis accroché à celle-ci. Une image lui revint brusquement en mémoire. Elle regarda alors l'animal dans les yeux, la mine sévère. Elle n'osait pas croire à cela. Comment était-ce possible ? Le loup baissa la tête face au regard de colère, et se recula légèrement.

_ Scarlett ? Demanda la brune, soupçonneuse.

La louve émit un petit jappement. Puis elle se coucha au sol, lui présentant son cou en signe de soumission.

_ Ne me dis pas qu'elle est au courant et qu'elle ne m'a rien dit ! S'exclama Régina, sentant la colère gonfler à nouveau en elle.

Tout ce qu'elle eut en guise de réponse fut un gémissement plaintif. Ce qui en son sens confirma ses soupçons. Elle ne pouvait pas lâcher sa colère contre la louve qui n'y était pour rien. Elle regarda autour d'elle. Elle devait partir au plus vite. Il y en avait peut-être d'autres.

Elle se leva doucement, grimaçant de douleur. Des points noirs apparurent devant ses yeux. Elle chancela. La louve se glissa contre elle. Sa main se referma sur son cou, elle se stabilisa et attendit quelques secondes. Rocinante s'approcha et se baissa à sa hauteur pour qu'elle puisse monter. Régina se hissa difficilement sur l'étalon. La louve les suivait. Chaque pas, chaque mouvement était une véritable torture pour la brune. Le coup reçu avait été plus rude que ce qu'elle avait cru au premier abord. C'est en sueur et soulagée qu'elle atteignit enfin les portes de l'enceinte du palais.

_ Vous, occupez-vous de mon cheval. Ordonna-t-elle en glissant de l'étalon, tendant les rênes au garde qui s'en saisit et s'inclina avant de partir.

_ Vous, allez avertir Hooper que je l'attends dans mes appartements, de toutes urgences. Ajouta-t-elle à un autre garde qui s'empressa de rejoindre le bâtiment des soigneurs.

Elle se retourna pour parler à Scarlett, mais la louve avait disparu. Elle scruta les environs quelques instants, ne l'apercevant pas elle se téléporta à ses appartements et s'effondra dans son fauteuil.

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Scarlett était repartie un peu en arrière pour s'arrêter près de ses habits qu'elle avait cachés avant sa transformation en louve. Maintenant elle faisait de même dans le sens inverse. Elle se rhabilla rapidement et partit rejoindre les casernements. Elle trouva Emma, le visage marqué par le coup qu'elle lui avait donné et quelques points de suture, en train d'observer et donner des conseils à des soldats. Elles se retirèrent un peu à l'écart pour discuter plus discrètement.

_ Au rapport Capitaine. Exigea la blonde, mettant de côté son mal de crâne.

_ Je l'ai suivie comme vous l'avez dit. Elle était partie faire un tour à cheval dans les bois. Elle a été attaquée par quatre bandits. J'ai été contrainte d'intervenir. Je dois vous avertir qu'elle sait pour moi, elle l'a compris. Comme elle a compris d'ailleurs que vous étiez au courant, elle n'est pas très contente.

_ Pourquoi êtes-vous intervenue ? Avec ses pouvoirs elle pouvait très bien s'en sortir.

_ Ils se sont précipités sur elle en même temps. Je n'ai pas réfléchi. J'ai bien fait car l'un d'entre eux a réussi à la blesser à…

_ Elle est blessée ? L'interrompit Emma soudain angoissée, la même image de ce soldat au poignard venant encore et toujours s'imposer à son esprit.

_ Oui, elle a reçu un violent coup à l'épaule mais…

_ Vous auriez dû commencer par ça ! Lui reprocha la blonde en partant en courant vers le palais, sans écouter le reste.

Scarlett la regarda s'éloigner rapidement. Elle soupira d'exaspération. Elle ne comprenait décidément rien à ces deux femmes. Mais il était certain que si elles continuaient ainsi elles allaient rendre fou tout leur entourage. Cette pensée la fit sourire.

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Emma arriva rapidement jusqu'aux appartements royaux. Elle faillit entrer en collision avec le soigneur qui sortait tout juste de la chambre et qui sursauta.

_ Hooper?

_ Vous ne pouvez pas faire attention. Pesta-t-il.

_ Navrée. Comment va-t-elle ?

_ Cela vous intéresse-t-il réellement ? Demanda-t-il en la toisant du regard.

La blonde baissa la tête, gênée. Elle savait que dernièrement son comportement n'avait pas été à la hauteur.

_ Oui. Je me soucie vraiment de son bien-être, de son bonheur et de sa santé. Rétorqua-t-elle, déterminée malgré tout à prouver que Régina comptait énormément à ses yeux.

Le soigneur soupira. Il était proche des deux jeunes femmes et les avait vues évoluer ensemble. Il connaissait l'attachement qu'elles portaient l'une envers l'autre même si parfois cela semblait difficile, comme ces derniers temps.

_ Nous avons soigné son épaule. Il lui reste quelques légères douleurs mais rien d'important. A part ça, elle pourrait aller bien mieux. Mais ça ne dépend que de vous deux. Alors quoi qu'elle dise, ménagez-la. Expliqua Hooper. Sur ce, bon courage. Ajouta-t-il avant de déguerpir.

Emma resta quelques secondes devant la porte close, se demandant si c'était une bonne idée. Ne risquait-elle pas d'envenimer les choses ? Saurait-elle trouver les mots justes pour apaiser la douleur de sa Reine et recoller les morceaux ? Pourrait-elle, au moins, retrouver ce lien qu'elles avaient avant cette bataille ? Etait-ce seulement possible ? Trop de questions et pas de réponse. La frustration rongeait ses pensées.

Prenant son courage à deux mains, elle frappa contre la porte. Quand elle entendit une voix lui donnant l'autorisation d'entrer, elle n'hésita qu'un court instant puis entra dans la pièce.

Régina, qui était en train de regarder par la fenêtre le coucher de soleil, se tourna pour voir son visiteur. Si elle était surprise de voir venir Emma, elle ne le montra pas. Elle retourna à sa contemplation.

_ Désolée de vous déranger. Je voulais m'assurer que vous alliez bien. L'aborda la blonde, hésitante.

_ Je vais très bien, Commandant. Vous pouvez repartir auprès de vos soldats. Lâcha la brune, hostile.

Emma se crispa au ton employé. Elle l'avait mérité. Mais ne voulait pas abandonner si facilement. Elle savait très bien que rien ne serait facile pour améliorer les choses. Elle s'approcha timidement.

_ Je voulais aussi vous présenter mes excuses pour mon comportement lors du conseil. J'ai bien conscience d'avoir dépassé les bornes et je n'ai aucune excuse valable. Je n'aurais jamais dû réagir ainsi Régina et…

_ Majesté ! Pour vous c'est Majesté. La coupa la brune en la fixant, le regard noir.

La blonde fut choquée. C'était comme si elle venait d'être giflée… Violemment. Elle grinça des dents. Elle savait sa souveraine très agressive quand elle était blessée. Même si elle n'avait pas pensé que ça aille jusque-là dans leur relation. La tension entre elles monta d'un cran.

Régina, en voyant la blonde timorée lui présenter des excuses, avait voulu être plus souple. Pardonner et passer au-dessus de tout cela. Mais sa colère avait pris le pas sur toute autre chose. Et il était beaucoup plus simple pour elle de faire parler sa colère plutôt que le reste, car elle lui en voulait terriblement.

_ Vous m'avez désobéie et vous avez sapé mon autorité devant tous mes conseillers, me faisant passer pour une moins que rien ! Vous osez prendre des décisions à MA place sans me consulter et détourner la loyauté d'un de mes sujets ! Vous me dissimulez la véritable nature d'un soldat ainsi que je ne sais combien d'autres informations importantes ! Et vous pensez que vos misérables excuses suffiront ? Cracha la Reine, extrêmement tendue.

La magie crépitait dans ses mains, ses yeux étaient illuminés de violet, elle s'approchait dangereusement d'Emma. Cette dernière ne la lâchait pas du regard, peinée par les reproches qu'elle ne pouvait démentir. L'ambiance devenait plus qu'électrique.

_ J'avais fait la promesse à Scarlett de ne rien dire. Expliqua-t-elle désolée, en serrant et desserrant les poings.

_ Je vous rappelle que vous avez fait le serment de me servir ! Cria Régina, dont la colère ne faiblissait pas.

_ Et vous, vous m'aviez promis de ne pas intervenir dans cette bataille, Majesté ! Lui lança Emma, haussant également le ton.

La blonde aperçut le trouble dans les yeux de la Reine, qui se ressaisit rapidement, rejetant l'image du carreau d'arbalète fondant sur son Commandant. Elle s'approcha encore un peu plus d'Emma.

_ Maintenant, Commandant, vous allez me dire pourquoi vous ne vouliez pas que j'accepte cette invitation, avant que je ne perde patience. Gronda Régina, menaçante.

L'énervement d'Emma disparut aussitôt. Elle hésita. Mais ne put se résoudre à garder ça pour elle. Ne serait-ce que pour la protection de sa souveraine.

_ Il, il s'agissait d'un homme du roi Gold. Avoua-t-elle platement.

_ Soyez plus claire, Commandant. Ordonna la brune d'un ton agressif.

Emma se crispa, tout son corps se tendit. Elle le revoyait très clairement tenant Régina par la nuque, plaquée contre le mur. Sans défense. Elle avait été sans défense. Seule. Elle le revoyait très nettement sortir son poignard, armer son bras, prêt à frapper, à LA frapper. Il avait été à deux doigts de réussir. De la tuer. De lui enlever la seule personne qui comptait plus que tout à ses yeux. Si elle n'était pas arrivée à temps. Si elle n'avait pas compris. Emma pâlit et trembla rien que d'y penser. Comment avait-il osé ? Comment avait-il pu porter la main sur SA Reine ? Sur cette femme à la beauté époustouflante. Aux formes alléchantes mises en avant par ses robes divinement bien coupées. A la peau douce comme du velours, parfumée à la pomme. Aux cheveux soyeux, sublimés par des coiffures sophistiquées. Au regard envoûtant autant qu'intimidant. Aux lèvres… Emma baissa les yeux sur les lèvres pulpeuses et aguichantes de Régina, ce qui la perdit.

_ Celui qui a failli vous arracher à moi, Majesté. Lâcha la blonde d'une voix rauque.

Régina avait vu son Commandant pâlir et trembler. Elle écarquilla les yeux sous le coup de la surprise. Elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'Emma se jeta sur elle, la saisit par les hanches, et colla sauvagement ses lèvres avides contre les siennes. Si Régina avait voulu la repousser, elle abandonna vite l'idée et s'accrocha férocement à la blonde. Approfondissant même leur baiser en venant caresser sa langue avec la sienne.

Emma sentait son cœur s'affoler sous la passion, tout comme son corps. Elle perdit définitivement le peu de contrôle qu'elle pouvait avoir sur elle-même, laissant ses émotions et sensations s'exprimer pour elle. Elle contraint Régina à reculer jusqu'à la plaquer contre le mur le plus proche. Puis elle la souleva et lui fit nouer ses jambes autour de sa taille. Ses mains parcouraient ses formes sans délicatesse. Mais avec envie. Avec urgence. Comme si elle craignait que tout prenne fin soudainement. Voulant récupérer son souffle, elle s'écarta un peu mettant fin à leur baiser. L'émeraude plongea dans le regard noir de désir de la Reine. Cela l'électrisa. Elle détacha l'accroche qui retenait ses beaux cheveux bruns, les laissant tomber sur ses épaules. Puis elle saisit de ses deux mains le haut de Régina et le déchira en deux. Dévoilant entièrement son torse, et sa poitrine qu'elle admira avec convoitise. Elle leva la tête et vit que la brune se mordait la lèvre inférieure. Elle était d'une telle beauté sauvage, indomptable. Emma eut l'impression de s'enflammer de l'intérieur. Un brasier avait pris feu dans son bas ventre, et dans ses veines coulait de la lave en fusion. Elle reprit possession de ses lèvres, puis déposa plusieurs baisers brûlants suivant la ligne de sa mâchoire.

Régina fondait sous ses baisers. Elle tourna la tête, lui offrant accès à son cou. Elle ne pouvait pas lutter contre quelque chose qu'elle avait si ardemment souhaité. Elle avait passé ses mains derrière sa nuque, la maintenant contre elle. Ne voulant pas qu'elle arrête ses délicieuses attentions, ne voulant pas qu'elle la fuie de nouveau. Le cuir de ses vêtements frottait délicieusement contre sa peau mise à nue. Ses seins, sensibles, s'étaient dressés, et ses tétons devenus douloureusement durs réclamaient d'être appréciés à leur juste valeur. Elle sentit une main effleurer ses côtes et remonter jusqu'à la naissance de sa poitrine. Régina se cambra, le buste en avant comme une invitation à prendre bien plus. La main se posa sur son sein. Elle geignit. Emma fit rouler le téton entre ses doigts. Puis sa bouche vint recouvrir le second. Sa langue jouant avec, et ses dents en taquinèrent la pointe. Une vague de chaleur submergea Régina. Son bassin collé à celui d'Emma fut instinctivement prit de tremblement. Elle sentit l'humidité s'installer entre ses cuisses et pendant un instant, elle perdit le sens de la réalité. Elle lui tira la tête en arrière, embrassa Emma avec force et avala son gémissement. La main sur son sein se contracta. Elle ne désirait plus qu'une chose : saisir cette main et la glisser entre ses jambes.

Cette peau douce sous ses mains, sous ses lèvres. Emma n'en pouvait plus, c'était trop bon. Les mouvements et les gémissements de Régina l'affolaient. Elle sentait son corps frémir sous l'emprise du désir qui enflait en elle. Ses jambes menaçaient de la lâcher. Alors elle les amena jusqu'au lit, allongeant sa Reine sur le dos. Elle resta debout, contemplant son amante en appuis sur ses coudes. Sa respiration accélérée faisait monter et descendre sa généreuse poitrine aguichante, exposée, offerte, rien que pour elle. Les pulsations de son cœur résonnaient jusque dans sa tête, bourdonnant à ses oreilles. Elle prit une grande inspiration, le regard ancré à celui, gourmand, de la brune. De ses mains tremblantes elle délassa les liens qui retenaient son vêtement en cuir, et le laissa tomber. Les yeux ténébreux de la Reine descendirent et s'écarquillèrent quand elle remarqua que la blonde ne portait rien de plus. Elle s'humidifia les lèvres et déglutit difficilement. Emma se délecta de voir l'effet qu'elle pouvait avoir sur la brune. Elle posa un genou entre les cuisses de sa souveraine, et se pencha pour à nouveau l'embrasser. Régina se laissa tomber en arrière et passa ses mains dans le dos de la blonde pour la plaquer contre son corps. Elles frissonnèrent et gémirent de concert quand leurs peaux se touchèrent enfin.

_ Caresse-moi. Ordonna la brune d'une voix particulièrement chaude, vibrante de désir.

Emma était au bord de l'évanouissement, son cœur sembla vouloir s'échapper de son torse. Elle glissa une main sur sa poitrine, effleurant la pointe érigée d'un sein, qu'elle pinça. La petite plainte qu'elle arracha à la brune lui fit l'effet d'un coup de poing. Ce son était si merveilleux. Elle descendit pour prendre avec précaution l'autre sein dans sa bouche. Le plaisir fut si intense que Régina planta ses ongles dans les dos musclé de sa compagne et se cambra sur le lit soulevant la blonde qui poussa un grognement d'appréciation.

_ Par la déesse ! Haleta Régina.

Elle ne trouvait pas les mots pour décrire ses émotions. Elle ne pouvait que s'exprimer par le langage de son corps. D'un coup de rein, elle prit le dessus et se redressa. Chevauchant sa compagne, les yeux dans les yeux, elle se débarrassa des restes de son vêtement. Puis lentement elle vint frotter son bassin contre le sien. Elle sentit le corps prisonnier du sien tressauter. Ses seins furent pris en coupe dans des paumes plus que brulantes. Elle posa elle-même ses mains sur les siennes et fit pression sur elles. Elle rejeta la tête en arrière, savoura la sensation, se cambra pour l'accentuer. Elle continua à onduler contre sa compagne, qui venait à sa rencontre. Elles s'entraînèrent, à l'unisson, toujours plus haut. Les respirations se faisaient de plus en plus anarchiques. L'envie, la passion grandissaient et menaçaient de les submerger d'un instant à l'autre.

Emma se redressa, libérant ses mains, les posant sur les cuisses encore couvertes de son amante. Une terrible et implacable pression qui grandissait dans son bas ventre réclamait son attention.

_ Il faudrait…

Ces paroles se bloquèrent dans sa gorge quand Régina se pencha pour lécher un de ses seins. Elle bredouilla :

_ Nos… vêtements restants… Régi-na.

La brune se recula, l'observant quelques secondes. Elle fit un geste négligé du poignet et leurs habits disparurent.

_ C'est Majesté, ne l'oublie pas. Murmura-t-elle, avant de lui mordiller le lobe de l'oreille.

_ Oui, Votre Majesté. Grogna Emma.

Elle la souleva brièvement pour plier ses jambes sous son corps. Régina l'encercla des siennes. Emma, avec une infinie tendresse, du bout des doigts, remonta le long de ses bras. Elle rejeta ses cheveux en arrière, puis descendit dans son dos. Elle parcourut son torse de sa bouche, de sa langue, passant entre et autour de ses seins. Ses mains étaient descendues sur ses hanches, puis ses fesses pour venir caresser l'intérieur de ses cuisses, jusqu'à frôler parfois son sexe.

Subissant les délicieux effleurements de sa compagne attentionnée, Régina ne put retenir ses hanches de reprendre ses mouvements lascifs. Le plaisir l'envahissait par vagues successives. De plus en plus puissantes. De plus en plus enivrantes. Elle voulait davantage. Elle saisit la tresse d'Emma et la força à relever la tête. Elle plaqua sa bouche sur la sienne. Leurs langues s'engagèrent dans un ballet endiablé, passionné. Leurs respirations étaient laborieuses, entrecoupées de gémissements.

Emma passa un doigt tout le long du sexe enflammé et humide de son amante qui émit un puissant râle de contentement. Cela embrasa totalement la blonde. Elle recommença, accentuant la pression quand elle passait sur son clitoris, le titillant, le pinçant. Emma voulait la voir se perdre, s'oublier dans ses bras. Elle désirait l'emmener le plus haut possible. Régina était haletante, en sueur, tendue à l'extrême.

_ Prends-moi… Emma. Prends-moi. Gémit la Reine, ne pouvant plus se contenir, recherchant un contact plus appuyé, plus profond.

La blonde ne put résister à sa demande. Elle passa une main dans son dos pour la maintenir au plus près d'elle et la pénétra de deux doigts d'un coup vigoureux. Régina planta ses ongles dans les épaules de son amante, poussant un cri.

_ Je vous ai fait mal, Majesté ? Demanda Emma, stoppant son élan.

_ C'est moi qui vais te faire mal si tu t'arrêtes ! Gronda Régina chevauchant la main de son Commandant.

Emma fut tentée une fraction de seconde. Puis elle retira ses doigts, pour venir les enfoncer plus profondément. Lentement. Très lentement. Elle répéta son mouvement plusieurs fois, faisant perdre le contrôle à la brune. Cette dernière posa ses mains en appui sur les genoux de sa compagne, et poussa davantage, désirant plus de contact. Ses soupirs, ses gémissements de plaisir étaient partagés. Ils mirent à rude épreuve la volonté d'Emma. Qui finalement se laissa submerger par la passion et accéléra la cadence, tout en happant un sein dans sa bouche. Plus rien ne comptait que de faire crier et se déhancher sa Reine.

Régina sentit le plaisir enfler en elle, embraser tout son corps, lui tourner la tête, nourri par les pénétrations exquises et répétées de son amante. Elle avait chaud, si chaud.

_ Emma, Emma… plus, plus fort… Em-ma… geignit-elle au bord du gouffre.

La blonde la pressa plus fort contre elle, suça plus violemment le mamelon qu'elle avait en bouche, l'effleurant de ses dents. Elle sentit les parois chaudes de sa Reine se resserrer délicieusement sur ses doigts. Transportée, elle en ajouta un troisième.

C'en fut trop pour Régina, elle jouit. Tous ses muscles se crispèrent. Elle cria le nom de son amante avant de s'effondrer dans ses bras, fauchée par un orgasme fulgurant. Son corps entier tremblait et elle tentait désespérément de reprendre une respiration normale.

Emma les renversa et les fit rouler sur le lit. Elle laissa Régina reprendre peu à peu son souffle et ses esprits. En appui sur ses avant-bras, elle plongea son regard dans celui de son amante et s'y perdit un instant. Avant de l'embrasser tendrement. Elle n'avait voulu que lui prouver une fois de plus son amour pour elle. Mais elle resserra son étreinte quand elle pensa au fait qu'elle avait encore failli la perdre aujourd'hui même. Elle plongea sa langue dans sa bouche et raviva les braises de leur désir.

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Ce sont leurs corps en sueur et vidés d'énergie qui les contraignirent à arrêter. Régina suivait du bout des doigts la cicatrice sur le cuir chevelu d'Emma avant de descendre sur la nouvelle qu'elle avait hérité à l'arcade.

_ Comment as-tu fait cela ? Demanda-t-elle d'une voix légèrement enrouée d'avoir trop crié.

_ Laquelle ?

_ Celle-ci. Répondit la brune en touchant son visage. L'autre est la raison pour laquelle je n'ai pas tenu ma promesse. Murmura-t-elle dans un tremblement. Le souvenir était encore trop vivace dans son esprit.

Emma fut surprise et l'interrogea du regard. Régina soupira avant de s'expliquer :

_ J'observais la bataille depuis mon miroir. Je te regardais au moment où, où le carreau d'arbalète a… Où il a… Et puis tu as disparu. J'ai cru que, que... J'ai perdu le contrôle de ma magie.

Elle contenait ses larmes, refusant de pleurer.

_ Et la magie est liée aux sentiments. Souffla Emma, comprenant mieux le déchaînement dont avait fait preuve son amante sur le champ de bataille.

Elle l'embrassa et la prit dans ses bras. Elle lui murmura des paroles apaisantes tout en la câlinant pour la rassurer et chasser ses mauvaises pensées. Régina cala sa tête sur son cœur. L'entendre battre la calmait. Elle aimait être dans ses bras, en sécurité.

_ Pourquoi m'as-tu fui, Emma ?

Silence. Les battements qui parvenaient à son oreille s'accélérèrent, et les mains douces qui lui prodiguaient de tendres caresses cessèrent. Elle se redressa pour voir sa compagne qui déglutit, mal à l'aise.

_ Je… j'ai cru que c'était la meilleure solution pour nous deux. Pour que nous puissions faire notre travail correctement. Si je me tenais éloignée de toi alors mes sentiments diminueraient avec le temps.

_ Cela n'a pas fonctionné.

_ Ma seule peur est de te perdre, Régina. Quand j'ai compris quels sentiments cela engageait ainsi que leur puissance… j'ai été davantage effrayée. Je, je n'ai pas l'habitude de tout ça. Je ne sais pas comment le gérer. T'aimer me dépasse, me perd.

Régina était émue par son honnêteté et par l'aveu de ses sentiments qui faisaient écho aux siens.

_ Nous apprendrons Emma, nous apprendrons ensemble. Lui dit-elle en se blottissant davantage contre elle, raffermissant son étreinte.

Apaisées, épuisées et comblées, elles s'endormirent profondément dans les bras l'une de l'autre.