Bonsoiiiir les enfants ! J'espère que vous allez bien ! Navrée pour cet immense retard, j'ai une vie qui refuse manifestement de me laisser faire ce que je veux quand je le veux – en l'occurrence, il s'agit de la suite de cette histoire, mais de plein d'autres trucs aussi... avec lesquels je ne vais pas vous soûler – et n'ai donc pu publier la suite que maintenant ! Vous m'en voyez vraiment désolée...

Sinon ! Un gros gros merci à vous, lectrices et lecteurs, pour vos commentaires, favoris et follows, ça me réchauffe vraiment le cœur et ça m'encourage vraiment ! Du coup je me vois dans l'obligation de m'excuser pour ce chapitre, dont la longueur excessive pourrait être un cadeau mais n'est qu'en fait... un long chapitre. xD Je le trouve moins drôle que les autres en fait... Mais c'est le mieux que je puisse faire dans mon état, alors pardonnez-moi SVP ! Et soyez présent-e-s pour la suite, qui comportera plus de réponses je vous le promets !

Bref ! Je réponds aux reviews anonymes, et je vous laisse avec ce chapitre de The F-King ! Bonne lecture les enfants !


BigBroWatchingU – Ahaha tu sauras bien assez tôt ce qui se cache derrière cette histoire de mariage ! Qui n'est pas vraiment arrangé, mais on est d'accord, Stiles n'étant pas au courant, y'a un truc pas net derrière tout ça. Sinon je suis ravie que ça t'aies plu, j'espère que la suite te plaira aussi #GrossePression et voilà... par contre, pas de dragon dans cette histoire, du moins j'y ai pas pensé x) Derek ne devra rien combattre pour épouser Stiles, mais ce ne sera pas simple... ou alors ça sera TRÈS simple ?! Bon j'arrête. Par contre rien de médiéval à part la royauté !
Profite bien du chapitre ! :D

Isa – Ah non c'est effectivement pas bien pour Stiles, et aucune partie de son corps... qui va être mis à rude épreuve aujourd'hui ! Mouhaha.
Stiles est un homme important ! Très important, et surtout pour Derek ! Mais avant de spoiler, je vais te sommer directement de lire la suite, même si le lot de réponses est bien maigre voire inexistant ! Désolée de détruire tes rêves. xD en tout cas merci pour tes encouragements et ravie que mon délire te plaise :D

yuki – C'est vrai que Stiles est déjà un peu fou. Mais ça va pas s'arranger avec le temps, malheureusement... Faut dire que ça devient compliqué quand un loup-garou veut vous épouser...

jlukes – ooooh tu as vu ma référence au Mask ! Quand j'ai écrit le chapitre je venais de le revoir, et j'ai même mis la chanson sur mon mp3 un moment xD « je suis Sancho le cubain, la coqueluche de tous les voisins... » j'espère que la suite te plaira aussi :D

akane – *hyperventile* arrête tous ces compliments ! Mon dieu je suis trop contente que ça te plaise autant, du coup j'ai presque honte d'avoir pondu un chapitre long et aussi moyen... en tout cas un grand merci et j'espère que tu apprécieras un peu ce que j'ai écrit... x)


Chapitre 4 – Hale to the King

Stiles n'avait pas bougé depuis maintenant quatre-vingt-quatre secondes.

Il arborait à présent un visage crispé, les lèvres pincées, les sourcils froncés et les yeux plissés, et fixait Derek d'un air suspicieux en attendant qu'il lui confirme que cette annonce était effectivement une bonne blague ; après tout, pour quelle raison un loup-garou viendrait jusqu'au domicile d'un Roi pour lui demander sa main ? Est-ce que sa vie devenait un téléfilm produit par Syfy ?
Malheureusement, comme l'humeur de Derek ne semblait pas être à la plaisanterie – il le regardait toujours dans les yeux, souriant moins pour paraître plus sérieux semble-t-il – le corps de Stiles décida momentanément de faire la grève de la motricité avant d'être secoué d'un rire nerveux (et c'était encore plus bizarre que ça en avait l'air). Quoi, il pouvait se permettre de rire en premier, non ? Il était suffisamment intelligent pour comprendre qu'on se fichait de lui, et il tenait à le montrer.

Ah, quel petit plaisantin, ce loup-garou… Il était hilarant ! Et bon acteur, en plus de ça ! Il ne cillait même pas et continuait de soutenir le regard de Stiles sans flancher, sans même avoir un petit rictus qui trahirait ses véritables pensées. Vraiment, il était doué…

L'adolescent cessa de rire quand il vit Derek lever les yeux au ciel en soupirant doucement.

...Oh non, son langage corporel ne mentait pas, il était sérieusement sérieux.
Il ne manquait vraiment plus que ça.

-… Qu'est-ce que vous venez de dire, au juste ? articula difficilement Stiles, se laissant lentement tomber du bureau.
-Que je… que je devais t'épouser.
-Que vous deviez m'épouser, répéta Stiles d'une voix mécanique.
-Oui.
-Vous.
-…Oui.
-Vous, Derek, un loup-garou, voulez devenir mon mari.
-Oui, Stiles.

L'adolescent continua de dévisager ledit loup-garou un bon moment, puis il commença à faire les cents pas dans la pièce pour calmer le tressautement qui attaquait sa jambe droite. Il avait besoin de clarifier les choses, tout cela était un peu obscur pour son petit cerveau en surchauffe.

-Donc je suis un Roi, et vous voulez que vous et moi, vous, Petit Poney, et moi, ce King machin, on se marie, continua le présumé F-King, la voix étonnamment posée. Qu'on se dise nos vœux et tout le tralala.
-Je… oui, c'est à peu près ça, affirma Derek en le suivant des yeux, son agacement à peine perceptible (il avait pourtant dit qu'il ne voulait plus qu'on l'appelle Petit Poney…). Je sais que ça peut te sembler… étrange, d'entendre tout ça, mais je peux te dire que c'est la vérité.
-Et je suis censé vous croire sur parole ?! s'écria alors Stiles en s'arrêtant net de marcher, si net qu'il tangua quelques secondes avant de se stabiliser.
-Pour moi tu savais déjà tout, alors tu n'avais pas besoin de me croire sur parole... souffla le loup-garou avec lassitude.

Derek soupira fortement en se craquant la nuque. Une petite voix dans la tête de Stiles lui murmura que son vis-à-vis perdait patience et n'était pas très à l'aise (il voyait ça très souvent chez les gens qui osaient s'aventurer dans une conversation avec lui), mais elle se fit lourdement écraser par les quarante autres voix qui hurlaient à plein poumons que lui était au bord du gouffre de la démence et n'allait pas tarder à se faire interner à Eichen House si les dernières vingt-quatre heures étaient (ou n'étaient pas, d'ailleurs) le fruit de son imagintation. Conséquemment, un petit « malaise » était carrément dérisoire comparé à ce que ressentait Stiles en ce moment.

-Écoute, je peux tout t'expliquer et te le prouver, poursuivit Derek en s'approchant de lui (forcément, Stiles recula sans raison autre que de craindre pour sa vie). Mais... il va falloir que tu viennes avec moi.
-Mais ça va pas non, j'irai nulle part avec vous ! protesta aussitôt l'adolescent, ahuri. Je suis pas les inconnus comme ça, moi ! Alors si en plus, ils prétendent être des loups-garous et vouloir m'épouser, parce que je suis un « Roi », j'ai encore moins de raisons de les suivre où que ce soit ! Vous vous rendez compte de ce que ça me fait d'entendre ce genre d'inepties ?! Je fais pas confiance à tout-va !
-Stiles… grogna le lycaon en se pinçant l'arête du nez. Je ne te demande pas de me faire confiance, simplement de me croire, pour l'instant en tout cas. Je t'ai dit que je ne te ferais aucun mal, que je savais beaucoup à ton sujet, je connais ton véritable nom et–
-Excusez-moi, vous pourriez me dire en quoi c'est censé me rassurer, précisément ? Parce que j'ai un putain de scoop pour vous, ça me rassure genre pas du tout ! C'est même l'inverse, je suis terrifié, bordel ! Et puis d'ailleurs, que vous sachiez comment je m'appelle me convainc pas vraiment de vous suivre, ça me dit plutôt que vous pourriez être un gros stalker de sa race !
-Mais je ne suis pas du tout un stalker ! contra Derek, outré, et ses yeux devinrent écarlates.
-Ha bah c'est con, c'est exactement ce qu'un gros stalker de sa race dirait ! rétorqua Stiles, modérément impressionné par la couleur changeante de ses yeux. Vous me stalkez depuis je sais pas combien de temps, et vous m'avez stalké jusqu'à la sortie du lycée pour « tomber sur moi » sur la route ! J'emprunte jamais cette route pour rentrer, d'ailleurs ! Comment vous saviez que je serai là, hein ?!
-Je n'en avais aucune idée, d'accord ? Je n'avais pas du tout prévu de te croiser là hier, ni au Dunkin Donuts, ni sur la r–

Derek s'interrompit soudainement, les yeux ronds une demi-seconde, avant de fermer brièvement les paupières en secouant la tête. Il avait le regard flou, comme s'il essayait de diviser 392 par 13 sans y parvenir, et ses poings étaient serrés à l'extrême. Stiles trouva ce revirement de comportement légèrement impromptu, surtout avec la conversation qu'ils étaient en train d'avoir, d'autant que le loup-garou ne semblait même plus appartenir au même système solaire tant il paraissait loin dans ses réflexions. Il commençait même à marmonner des propos inaudibles dans sa barbe quasi-inexistante en comptant sur ses doigts, comme s'il récitait quelque chose, et l'adolescent crut un instant à une incantation pour lui jeter un sort.

-Euh, Derek ? l'appela Stiles au bout d'un moment, alors que celui-ci persistait à se parler à lui-même, n'ayant même pas l'air de l'entendre. On était en train de se disputer, vous vous rappelez ?

Voyant qu'il ne réagissait pas, l'adolescent fit quelques pas vers lui, incertain, et agita sa main sous son nez dans le but d'attirer son attention – comme hier à la clinique, se rappela Stiles, ne sachant pas si ça devait l'amuser ou pas. Il envisageait sérieusement de lui donner une bonne claque quand le loup-garou releva la tête dans sa direction, sans prévenir.

En souriant.

-Tu viens avec moi, annonça-t-il simplement, l'air passablement satisfait, et ça tenait plus d'une affirmation que d'une question.
-Vous êtes bouché ou quoi, je viens juste de– HEEEEY ! hurla Stiles sous le coup de la surprise, alors que Derek le soulevait par la taille comme s'il ne pesait rien et le balançait violemment sur son épaule. Mais vous êtes timbré ou quoi ?! Je vous permets pas ! Lâchez-moi bordel ! J'suis pas votre sac à patates ! C'est comme ça que vous traitez votre fiancé ?! Vous êtes taré ma parole ! Lâchez-moiiii, putain !

Stiles se débattait avec force, agitant les bras et les jambes dans tous les sens. Mais ça n'eut absolument aucun effet sur Derek, qui prit même la peine de rajuster sa prise avant de se diriger tranquillement vers la commode, vraisemblablement pour y faire du shopping étant donné que Stiles le vit prendre un sweat-shirt – son second préféré pour les jours de flemmardise intersidérale, d'ailleurs. Et en plus de ça, il se permet de se servir sans demander.

Le pauvre soi-disant F-King continua de taper le corps d'apollon de Derek, sans succès. Il eut un léger blocage quand il remarqua que son visage était à quelques centimètres à peine du délicieux postérieur qu'il n'arrivait pas à se sortir de la tête depuis tout à l'heure, puis il se ressaisit et recommença à frapper toutes les parties du corps qui lui étaient accessibles avec une étonnante énergie. Et si sa main atterrit par mégarde sur une des fesses dans un « CLAC ! » terriblement mélodieux, ce n'était qu'un regrettable accident. Ferme, bombé et regrettable accident.

-Stiles, s'il-te-plaît, nous n'en sommes pas encore là, souffla Derek, et il eut l'audace de paraître amusé.
-Allez vous faire mettre ! cracha-t-il.
-Dans un futur proche, si tu permets.

Le lycéen stoppa tout mouvement, choqué, avant de frapper le loup-garou de plus belle. L'idée de se retrouver à un moment donné dans la situation fraîchement évoquée ne déplaisait pas à Stiles, bien au contraire (il ne se trompait pas, il s'agissait bien de sexe, hein ?), mais il était pour l'instant trop occupé à essayer de se libérer pour être enchanté par cette éventualité. Et accessoirement, il était carrément révolté par la situation actuelle, ce qui l'empêchait de s'imaginer dans une situation plus plaisante avec cet homme.

Stiles vit alors sa courte vie défiler devant ses yeux. Dans sa multitude de mouvements précipités, il avait apparemment réussi à prendre appui sur la commode avec son pied et, prenant Derek au dépourvu, lui fit perdre l'équilibre. Celui-ci tomba alors en arrière, tête la première pour l'adolescent, et le lycaon parvint in extremis à empêcher son futur mari de se briser la nuque sur le sol en plaçant une main sur celle-ci et l'autre sur son crâne – et l'adolescent n'eut même pas le temps d'admirer ses incroyables réflexes, et n'arriva pas non plus à voir la logique derrière le cheminement de leur chute inopinée. Il ne put par contre rien faire pour son coude qui cogna durement contre les côtes de Stiles, ni la douleur qu'il ressentit à l'arrivée, et encore moins pour la position on ne peut plus tendancieuse dans laquelle ils atterrirent.

Tout ça, en réussissant à louper l'amas moelleux de couvertures.

-Merde, Stiles, ça va ? s'enquit Derek, effaré. Tu n'as rien ?
-Je pète la forme, connard ! Vous m'avez bousillé les côtes, et en plus, vous êtes aussi lourd seize t-rex morts ! Pour l'instant, au top la vie maritale !
-Ce ne serait pas arrivé si tu n'arrêtais pas de t'agiter dans tous les sens !
-Mais vous étiez en train de me kidnapper ! rugit Stiles, scandalisé. J'allais pas rester sans rien faire ! Et soit dit en passant, levez-vous et lâchez-moi une bonne fois pour toutes, putain ! Combien de fois je vais devoir le répéter ?! LAISSEZ-MOI !

Le loup-garou sourit de nouveau, d'un sourire que Stiles qualifia d'absolument indécent et il décréta, dans une pensée fugace, que la première loi qu'il ferait passer en tant que Roi serait d'interdire à cet enfoiré d'éphèbe de faire ce genre d'infamies avec son visage et ses lèvres – si loi il devait faire passer. Après tout, il ne connaissait rien du rôle qu'il avait à jouer dans l'histoire, à par dire « je le veux ».
Donc, le loup-garou sourit de nouveau. Il regarda le jeune homme sous lui droit dans les yeux et retira délicatement ses mains de sous sa nuque et son crâne, prenant soin de caresser sa peau au passage, avant de les placer sur les poignets de son futur mari. Le temps qu'il comprenne ce qu'il se passait, Stiles avait déjà les bras au-dessus de la tête, maintenus contre le sol dur de sa chambre, et était maintenant incapable de bouger de quelque manière qui soit. Il essaya alors vainement de se débattre, mais il réalisa bien vite que c'était peine perdue quand il vit qu'il ne pouvait rien faire de plus que remuer les orteils. Putain de merde, il plaisante pas avec ses muscles celui-là, pensa-t-il, effrayé, et il constata avec horreur qu'il était également admiratif et... légèrement excité. Bordel Stiles, c'est vraiment pas le moment…

-Je suis désolé d'avoir recouru à la force, ce n'était pas ce que je voulais, assura Derek (et il avait l'air sincèrement désolé malgré le fait que sa prise sur les bras du lycéen se resserre légèrement). Mais tu ne me laisses pas le choix.
-Vous vous foutez de moi ? rétorqua Stiles, abasourdi. Vous l'aviez carrément, le choix, y'a genre un millier de possibilités à envisager avant d'user de la violence ! Sur un mineur, si je peux me permettre ! Juste avant, on se criait dessus et ça marchait plutôt bien, vous aviez pas besoin de me balancer sur votre épaule comme un vulgaire… machin-chose ! Je vous déteste, saleté de stalker loup-garou ! …et puis arrêtez de me regarder comme ça, bordel, je syncope grave, là ! Pourquoi vous…

Le lycéen était à bout de souffle. Il continuait de se mouvoir pour se libérer, en vain, mais son assaillant était à peu près trente-six mille fois plus fort que lui. Il semblait tellement fort, d'ailleurs, que les mouvements ou l'immobilité de Stiles n'avaient pas vraiment l'air d'influer son emprise sur le garçon.

-Mon dieu, tu es insupportable, murmura Derek, et son sourire s'élargit.

Le pire, c'est qu'il le regardait affectueusement, en disant ça.
C'était suffisamment perturbant pour que Stiles ne relève pas l'insulte. Pas tout de suite, en tout cas. Il était occupé à ne pas fondre comme neige au soleil sous les prunelles brûlantes de ce magnifique lycaon, pour l'instant, et ça lui demandait beaucoup plus d'efforts mentaux que ce qu'il pensait. Et pourtant, il n'arrivait pas à décrocher son regard du sien.

-Je… v-vous pourriez arrêter de me violer du regard ? finit par demander Stiles d'une petite voix. S-s'il-vous-plaît ?
-Je ne viole pas, grommela Derek, paraissant profondément dégoûté par le terme. J'apprécie la vue, nuance. Et puis… tu aimes ça, ajouta-t-il dans un murmure, en rapprochant dangereusement son visage du sien.
-Quoi ? Oui, enfin non c'est pas vrai, balbutia l'adolescent, les joues d'un rouge soutenu. Personne n'aime ça, et certainement pas moi, ah non non non.. !

Il rêvait ou Derek venait de le renifler, là ?

Comment avaient-ils pu se retrouver à converser de la sorte ? Dans une position qui était on ne peut plus parfaite lorsqu'on ne portait aucun vêtement, étant donné que Derek le chevauchait littéralement ? Et surtout, surtout, pourquoi son cerveau ne lui disait non pas de protester, de s'en aller ou même de lutter, mais de profiter un maximum de la situation et d'en rajouter ? Il se sentait tellement bizarre... Et cette mare d'opium dans laquelle baignait actuellement son cerveau n'arrangeait strictement rien.

-Tu ne sais vraiment rien des loups-garous, n'est-ce pas ?

Qui pose ce genre de questions ?! Évidemment que non, Stiles n'en savait rien, quelle idée… Ce devait être une question rhétorique mais bon, quand même. Il commençait même à se demander pourquoi Derek lui disait ça quand il le vit inspirer longuement en fermant les yeux, la bouche entrouverte, comme s'il humait le plus délicieux des parfums. Médusé par cet étrange comportement, Stiles ne parvint pas de suite à détacher l'œil de lui, interdit, mais il se reprit bien vite quand il le vit plonger le visage au creux de son épaule, prenant une nouvelle profonde inspiration. Stiles poussa un petit cri.

-Ton parfum est vraiment extraordinaire, chuchota le lycaon d'une voix à la fois craintive et émerveillée. Ce n'est rien comparé à ce que j'imaginais…

Son souffle se répercutait sur la peau chaude de Stiles, et celui-ci ne savait absolument pas quoi faire. Il était comme dans un état second, et il avait l'impression que la totalité de son corps était paralysée (enfin non, pas la totalité, certains de ses membres commençaient même durement à se réveiller) ; le pire, c'est que ledit corps ne semblait pas y voir le moindre inconvénient, il semblait même parfaitement s'accommoder de tout cela. Il trouvait d'ailleurs stupéfiant de réagir si facilement à la proximité du corps de son vis-à-vis – c'est vraiment embêtant d'être un adolescent au taux d'hormones surdimensionné, allongé sous un homme terriblement attirant et, visiblement, attiré par vous-même – et ne fut pas fier des frissons qui parcoururent l'intégralité de son corps. Encore moins du soupir d'aise qui s'échappa de sa gorge quand il sentit des lèvres se poser délicatement sur sa peau avant de l'embrasser chastement, presque timidement. Vraiment, il n'avait aucune tenue ce garçon...

Il était tellement serein, d'un coup. Comme si tout ce qu'il se passait était tout à fait normal, comme s'il ne criait pas sur le loup-garou il y a deux minutes, comme s'il était exactement où il devait être. Était-il influencé par cette myriade incessante de baisers près de sa gorge ? Peut-être. Mais ça n'aurait quand même pas dû le plonger dans une telle quiétude. Même si...

Oh mon dieu, Derek était en train de lui lécher la nuque.

Non, Stiles ne rêvait pas, c'était réellement en train d'arriver. Derek était réellement étendu sur lui, ses larges cuisses puissantes et musclées de chaque côté de ses jambes, le torse à quelques millimètres du sien, ses mains agrippant fermement ses poignets fins, sa langue se délectant lentement de la parcelle de peau entre son cou et son épaule (et c'était beaucoup plus agréable qu'avec Petit Poney), sa barbe naissante se frottant délicieusement contre la base de sa mâchoire.
Oui, ça résumait assez bien les événements actuels.

Et si Stiles n'était pas prêt à vivre ça, il n'était certainement pas prêt à ce que les mains de Derek glissent doucement de ses poignets jusqu'à ses propres mains, et dans un geste d'une étonnante tendresse, se faufilent jusqu'à ses doigts pour les caresser avant d'entrelacer ses propres doigts aux siens.

C'est à ce moment-là que Stiles d'abandonner définitivement l'idée de se libérer de cette étreinte. Ou peut-être l'avait-il fait il y a cinq minutes, il n'en était pas vraiment certain ; et de toute façon, même s'il en avait eu conscience, il s'en ficherait probablement. Parce que ces gestes étaient sans doute les plus tendres qu'il lui ait été donné de recevoir.
(et peu importe que ce soit de la part d'un loup-garou inconnu qui ait tenté de le kidnapper.)

Au bout de quelques délicieuses secondes, Derek délogea son visage de la nuque de son futur époux pour venir le regarder dans les yeux, et Stiles se retrouva une fois de plus confronté à ce regard magnifique et indéchiffrable. Pas qu'il en ait marre ou que ça l'énerve, comme tout à l'heure – ce n'est pas comme si les yeux du lycaon faisaient partie des plus intrigants et des plus beaux qu'il ait jamais vus – mais il aimerait comprendre. Et dans l'instant, à par le fait de vouloir rester dans cette position pour toujours, c'était tout ce qui comptait.

-Je n'arrive juste pas à croire que je t'ai enfin trouvé, chuchota Derek, en réponse à sa question silencieuse.

Stiles ne se posa même pas la question du pourquoi du comment il avait pu deviner ses pensées, ce n'était clairement pas le plus important. Ou en tout cas, moins important que ce visage qui se rapprochait du sien, lentement, ni de ces lèvres qu'il, sans pour autant en avoir conscience, crevait d'envie de dévorer depuis une heure...

Non, rien n'était plus important.

-Putain mais sérieusement ?!

...Sauf peut-être ça.

Le présumé F-King eut soudainement l'impression de sortir d'un sommeil profond. Il ouvrit les yeux, qu'il ne se souvenait pas avoir fermé, et vit le reflet de son propre trouble dans les pupilles dilatées du lycaon. Il tourna ensuite la tête, vit son meilleur ami dans l'embrasure de la porte qui lui lançait un regard choqué, et se rendit compte avec effroi qu'un loup-garou qui avait tenté de le kidnapper il y a peu était allongé sur lui sans qu'il n'oppose aucune résistance.

Mais quand est-ce que c'était arrivé, ça ?

-Bas les pattes, Petit Poney ! s'égosilla Stiles d'une voix suraiguë, poussant sans ménagement Derek de ses hanches.

Surpris par ce geste qu'il ne put anticiper, Derek bascula sur le sol et atterrit par "chance" sur les couvertures restées par terre. Il se racla fortement la gorge en se relevant prestement, et resta face à la fenêtre en tournant le dos aux deux autres garçons, comme s'il voulait cacher sa gêne – ou autre chose de tout aussi voyant.
Malheureusement, Stiles fut moins discret. Il se cogna la tête en voulant se mettre debout, trébucha sur un plaid esseulé et remonta son short de pyjama qui avait malencontreusement glissé de deux ou trois centimètres quand il était tombé sur le sol, tout ça dans un laps de temps bien trop long pour être respectable. Et bien évidemment, Scott ne loupa pas une miette de cet instant déplorable.

-Hum... c'est pas ce que tu crois ! lança vainement Stiles, tentant de se recoiffer – mais il ne fit que se décoiffer davantage.
-Et qu'est-ce que je crois, à ton avis ?! s'exclama aussitôt Scott, haussant un sourcil sceptique.
-J'en sais rien, t'as toujours eu les idées mal placées ! On.. on est tombés, c'est tout !
-Te fous pas de moi Stilinski, ça dépasse de ton short et c'est dégueulasse. Même si t'étais pas en train de bander, tu serais pas crédible du tout... Et pour info, beurk.
-Va chier, c'est pas ce que tu crois je t'ai dit !

Stiles grogna, le visage d'un rouge soutenu, et se précipita sur le sweat-shirt que Derek avait pris tout à l'heure pour l'enfiler. Parfait, il était suffisamment long pour dissimuler son infâme érection, mais pas assez pour lui permettre d'oublier cet ultime déshonneur ; il se sentait aussi honteux que si son meilleur ami l'avait surpris au beau milieu d'ébats torrides, ou d'un moment intime avec sa main.

-C'est maintenant que tu te pointes, en plus ?! Je t'ai appelé y'a un millier d'années ! ronchonna Stiles en tirant exagérément bas sur son pull avant de le zipper jusqu'en haut, tout en essayant de changer de sujet.
-Oh, désolé de vous avoir interrompus, toi et ton coup du soir ! Mais quand on m'appelle à six heures du matin, faut pas s'attendre à ce que je sois tout de suite au taquet !
-Tu vaux vraiment pas mieux qu'un Ronflex de niveau quatre ! Crétin !
-M'insulte pas, gros dégueulasse ! Moi je t'appelle pas pour te montrer mes sales affaires avec des inconnus... au fait, bonjour, lança Scott à Derek, qui leur tournait toujours le dos.
-Bonjour, Scott, salua platement le lycaon sans bouger.
-Encore faudrait-il que t'en aies, de sales affaires ! Môssieur est retenu par on-ne-sait-quelle-raison-pourtant-évidente pour ne pas passer le pas avec cette individu qu'il ose appeler « petite amie » et il a le culot de...
-Stiles, si tu remets encore ça, je te fous un pain !
-Bah vas-y j't'attends bébé, t'sais quoi, j'te fournis même la bouteille d'oxygène ! Parce que c'est évident que tu seras essoufflé après la première et seule pichenette que t'auras essayé de me donner, puisque t'es encore moins efficace qu'un poulain cancéreux à deux pattes...
-Je t'emmerde bien profond Stilinski, me sous-estime pas ! Et de toute façon, avec tes quinze kilos tout mouillé, une pichenette c'est bien assez pour te mettre dans le coma pour trois mois...
-MAIS VA TE FAIRE F–
-Ça suffit... implora Derek en se tournant enfin vers les deux adolescents, les mains sur les tempes. S'il-vous-plaît, arrêtez ces... arrêtez.

Stiles fronça les sourcils en croisant les bras. Sa colère contre le lycaon était revenue avec force (d'accord, il était également énervé à cause de Scott, mais il ne fallait pas négliger le fait que Derek avait tenté de l'enlever, sans mentionner tout ce qu'il avait dit et fait juste avant). Et ça ne s'arrangea pas quand il s'aperçut qu'il n'y avait pas la moindre trace d'érection sous son jogging, alors que lui avait été obligé de cacher la sienne sous son sweat trop long sans que cela ne... réduise le problème. Non, il n'était pas jaloux, pas du tout.
Le soi-disant Roi lança un regard courroucé à son soi-disant meilleur ami, qui lui rendit la pareille, avant d'aller lui faire une accolade rapide en marmonnant quelques excuses. Le tout en faisant bien attention à ce que leurs bassins ne se touchent pas.

-Je t'aime, je te pardonne, fit simplement Scott en répondant à son étreinte.
-Cool.
-T'es trop sentimental pour moi, cache un peu tes émotions... ironisa le basané en le repoussant légèrement. Bon alors, c'était quoi ton « urgence » ? S'il-te-plaît, me dis pas que tu m'as réellement appelé pour que je regarde tes cochonneries ? Tu sais très bien que je fais pas dans le voyeurisme, et les plans à trois c'est pas du tout mon truc.
-Bordel Scott, jamais je coucherais avec toi, tu le sais bien ! T'es pas mon type, on en a déjà discuté.
-Je préfère mettre les choses au point.
-Je peux pas te blâmer. Même si tu rates quelque chose, crois-moi... susurra Stiles avec un clin d'œil.
-Ça aussi, on en a déjà parlé, et le débat était clos ! Bref on s'en fout Stiles, pourquoi tu m'as appelé si tôt ? Il est passé où le loup ?

Le jeune Stilinski se sentit d'un coup bien démuni. S'il n'avait pas hésité une seconde avant d'appeler son meilleur ami à la rescousse, il n'avait par contre pas du tout pris le temps de réfléchir à ce qu'il lui dirait une fois qu'il serait là. Il avait à peine eu le temps d'accepter le tout, alors l'annoncer à voix haute à Scott, c'était autre chose. Sans compter toutes les révélations auxquelles il avait dû faire face depuis son coup de fil...

Bon, il n'avait qu'à commencer par le début, à savoir répondre à la question de Scott. Pour le reste, il ne savait même pas comment s'y prendre, étant donné qu'il ne disposait même pas du centième des informations requises. Comment exactement devait-on procéder pour annoncer à son meilleur ami qu'on était un Roi et qu'on devait épouser un loup-garou ? Stiles était quasiment certain qu'il n'existait aucun tuto en vidéo sur Youtube en mesure de l'aider, et de toute façon, ce serait carrément malpoli d'aller sur Internet à un moment aussi crucial de la discussion.

-Eh bien, hmmm... tu l'as devant toi ! annonça-t-il en voulant paraître sûr de lui, avec un vague mouvement vers le concerné.

Scott suivit le geste des yeux, observa Derek cinq bonnes secondes, puis se retourna vers Stiles en haussant les deux sourcils cette fois-ci.

-Je ne comprends pas, avoua le basané après un court silence.
-C'est normal, j'ai mis du temps au début moi aussi. Ben Derek ici présent – ouais il s'appelle Derek, pardonne mes manières, j'ai oublié de faire les présentations. Derek, Scott, Scott, Derek – c'est...
-Il connaît déjà mon prénom, indiqua Scott. Mais comment ça se fait, au fait ?
-C'est justement ce que j'essaie de te dire, continua Stiles, fébrile. Derek c'est... euh... tu te souviens de Petit Poney ?
-Pardon ?
-Le loup d'hier, précisa-t-il en agitant les mains, signe qu'il ne voulait pas perdre de temps avec ça. La route, la clinique ? Celui que tu m'as si gentiment refilé ? Ben je l'ai appelé Petit Poney, mais on s'en fout. Bref, tu t'en souviens ?
-Il est assez difficile à oublier, Stiles, et d'ailleurs, il s'est "refilé" tout seul, j'ai rien fait. Pourquoi t'as donné un nom au loup ? Et puis d'ailleurs, pourquoi tu l'as appelé Petit Poney ?
-Commence pas, y'avait une pub à la télé, j'ai pas réfléchi. Et puis, pas que ce soit important, mais tu sais que j'aime quand chaque chose a sa propre appellation...
- « Chose » ? intervint Derek, d'un air pas du tout menaçant.
-Je vous ai pas sonné, lâchez-moi la grappe. Et putain de merde, arrêtez de me couper la parole tous les deux, c'est déjà assez difficile comme ça...
-Qu'est-ce qui est difficile ? s'étonna Scott, intrigué.
-Ce que j'essaie de te dire depuis le siècle dernier, bordel !
-Oh ! Je t'écoute.
-Merci. Donc ouais, euh... ben Derek... Derek, Derek, Derek...

Il jeta un regard désespéré au lycaon, qui ne fit que lui sourire d'un air moqueur en s'installant nonchalamment sur le lit. Il était impatient d'entendre la suite, apparemment, et voir qu'il n'avait pas du tout l'intention de lui prêter main forte exaspéra encore plus Stiles.

Il allait devoir employer les grands moyens.

-Bah... tu vois Jacob, Taylor Lautner ? Eh beeeeeh...
-Mais c'est pas vrai, grogna Derek en se couvrant le visage d'une main.
-Vous, la ferme, j'en connais pas cinquante des loups-garous, je sais pas comment m'y prendre OK ?
-Pour quelqu'un de si passionné par la culture populaire, j'avoue que tu me déçois.
-Bouhouhouh, j'ai déçu le Grand Méchant Loup, mon monde s'écroule, pleurnicha Stiles en lui lançant un regard assassin. Donc ! Scott ! Tu vois où je veux en venir ou pas ?

Le présumé Roi prit une grande inspiration en fermant les yeux.

-Derek, c'est.. c'est Petit Poney. Le loup. C'est un loup-garou, à vrai dire. Le loup c'est Derek, Derek est un loup. Garou. Un loup-garou. Voilà.

Stiles soupira doucement. Ça y est, il l'avait enfin dit ! Il se sentait libéré, d'un seul coup... bon, ce n'était que pour une courte durée, mais cette brève sensation de satisfaction était plus qu'agréable. Il aurait pu ressentir ça une minute plus tôt quand il avait dit qu'il ne « connaissait pas cinquante loups-garous », mais bon, peu importe.

Il risqua un regard vers son meilleur ami qui le fixait étrangement, passant systématiquement de lui au soi-disant loup-garou.

-Mais qu'est-ce que tu racontes comme conneries ? finit-il par crier, et il n'avait apparemment pas eu l'intention de s'exprimer cinq tons au-dessus.
-Vous voyez que c'est difficile à croire, chuchota rapidement Stiles à Derek, l'air triomphant, avant de s'adresser de nouveau à son meilleur ami. Navré Scotty, mais c'est la vérité... je sais que c'est dingue mais...
-Franchement Stiles, t'aurais pu éviter de me réveiller si tôt pour me faire une blague aussi pourrie. C'est quoi le truc, t'as laissé le loup s'échapper pendant que tu t'envoyais en l'air ? T'aurais pu le dire directement, au lieu d'inventer une histoire pareille...
-On s'est pas envoyés en l'air ! s'écria le présumé F-King, outré (et malgré lui, il rougit). Et c'est pas des conneries putain, c'est vrai ! Montrez-lui, bon sang ! ordonna-t-il en se tournant vers Derek. À moins que ça vous fasse mal ou quelque chose du genre, mais faites-le ! C'est douloureux ou pas ? J'espère que non, parce que bon... bref, montrez-lui tout de suite !

Le lycaon l'observa étrangement une seconde, apparemment surpris qu'il lui demande si sa transformation le faisait souffrir, puis il retrouva son faciès impassible témoignant de son ennui ferme. Ce que Stiles trouva absolument scandaleux, étant donné que c'était lui le responsable de cet incroyable foutoir. Il se planta donc devant lui, les yeux lançant des éclairs, et pointa un index accusateur dans sa direction. Il fallait bien qu'il comprenne que c'était à son tour de se sacrifier, maintenant, Stiles avait assez souffert ces dernières minutes (et heures, et jours, et années, si on va par là, mais à un certain stade ça ne concerne plus vraiment son vis-à-vis).
Ils bataillèrent donc un certain temps en silence, à coups de mouvements précipités, de gestes en direction de Scott, du lit, de la commode et – eux seuls devaient être en mesure de comprendre – de la fenêtre, ainsi que de menaces proférées à travers leurs regards respectifs ; ils finirent apparemment par se mettre d'accord après une guerre silencieuse bien trop longue, se solvant par un Derek prestement mis debout et... qui commençait à retirer ses vêtements.

Ne s'attendant manifestement pas à ça, Scott s'éloigna dans la pièce en détournant le regard, bientôt rejoint par son meilleur ami.

-Stiles, qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi il se désape ? voulut-il aussitôt savoir, résolument tourné vers le mur.
-Oh, euh, c'est normal, répondit Stiles, dont l'œil dévia bien moins vite que celui de Scott de ce spectacle. Par contre, si tu continues de lui tourner le dos, tout ça n'aura servi à rien. Regarde.

Et c'est ce qu'il fit. Une minute plus tard, Scott hurlait une flopée de jurons en se tenant le visage, assis par terre, les yeux exorbités et suivant chaque geste de Derek/Petit Poney, ayant du mal à se remettre de ce qu'il venait de voir – une réaction similaire à celle de son frère de cœur (si on oubliait la couverture), ce que Stiles trouva étrangement adorable et significatif par rapport à leur amitié.
Après lui avoir accordé du temps pour se remettre de cette transformation et accepter qu'un monde dont ils ignoraient absolument tout existait bel et bien, Stiles se demanda quand même s'il convenait de lui parler de son statut de Roi et de son futur mariage avec le lycaon tout de suite. C'était peut-être trop à entendre d'un coup, Scott était assez sensible, après tout. Mais s'il ne le faisait pas maintenant, il ne savait pas trop quand est-ce que ce serait le bon moment.

Il en était là de ses réflexions quand Derek l'interpella, après avoir repris sa forme humaine et s'être rhabillé – ouf.

-Est-ce qu'on peut s'en aller, maintenant ? Le temps presse... et il faut que Scott vienne aussi.
-Quoi ? Aller où ? interrogea le jeune McCall d'une voix inégale, en se relevant péniblement.

Stiles lui tendit une bouteille d'eau pleine – heureusement qu'il en avait une autre dans sa chambre – et Scott le remercia silencieusement, les yeux plein de gratitude.

-T'inquiètes, je suis passé par là, soupira Stiles en agitant négligemment la main. Donc, oui, pour aller où ? Et comment ça Scott doit venir ? Pourquoi ça ?
-Ça le concerne lui aussi, presque autant que toi d'ailleurs. C'est ton Flocon.
-Mon quoi ? s'étouffa alors le supposé Roi, tandis que Scott criait "son quoi ?".
-Ton Flocon. C'est une sorte de fidèle qui... peu importe. Je vous en parlerai en détails tout à l'heure, quand on sera partis.
-Un fidèle ? répéta Stiles, abasourdi. Mais je– bon, j'en ai marre, j'arrête d'essayer de comprendre tout seul. Mais euh... c'est sans danger, hein ? Je veux dire... c'est pas un piège, vous nous attaquerez pas ou un truc du genre ?
-Non, Stiles, c'est sans danger, dut lui garantir Derek en levant les yeux au ciel, agacé. Pour la dernière fois, j'ai dit que je ne te ferai aucun mal... Tu veux bien aller te changer, maintenant ?

Le jeune Stilinski soupira fortement avant de se diriger vers sa commode, dépité, incapable de soulever d'autre objection. Scott se précipita aussitôt vers lui et faillit lui arracher les doigts en claquant d'un coup sec le tiroir qu'il venait d'ouvrir.

-Bordel McCall, tu veux me tuer ou quoi ?!
-C'est plutôt à moi de te poser la question ! T'es en train de me dire que tu veux suivre ce... cet homme n'importe où juste parce qu'il l'a décidé ?! Il sort de nulle part et en plus, c'est un loup-garou ! chuchota furieusement Scott, accentuant bien sur les derniers mots.
-Écoute, ça me perturbe autant que toi Scotty, voire beaucoup plus. Beaucoup, beaucoup plus. En fait non, jamais tu pourras être aussi perturbé que moi. Bref. Mais... ouais, il faut qu'on s'en aille, c'est plutôt important comme histoire. Peut-être pas pour toi, mais ça l'est pour lui, et pour moi, accessoirement, murmura Stiles en jetant un œil à Derek par dessus son épaule, désemparé, et il le vit lui lancer un regard surpris avant de lui sourire doucement.
-Mais s'il nous mange ?
-Il va pas faire ça, t'es malade ou quoi ?!
-Et je peux savoir comment tu peux en être aussi sûr ? Et puis c'est quoi cette histoire de Flocon ? Depuis quand je suis ton fidèle ou je sais pas quoi ?
-Ben je... je le sais, c'est tout ! Pour le coup du Flocon, crois-moi, je suis aussi perdu que toi... Enfin... en fait je...

Stiles se tourna vers Derek, qui fixait les deux garçons en silence, ne prenant même pas la peine de cacher son impatience. Il remit son cerveau en marche une poignée de nanosecondes, et envisagea par la suite de mettre son pseudo statut de Roi et le fait d'avoir un « fidèle » dans le même panier. Ça ne l'aidait pas vraiment sur la marche à suivre, mais bizarrement, ça l'aidait tout court.

-Je ne vais pas te dire que je sais ce que je fais, mais fais-moi confiance quand je te dis qu'on va pas être servis au aujourd'hui, affirma-t-il avec une conviction étrangement crédible.
-T'es sûr de ton coup, Stilinski ?
-Carrément pas. Mais je suis plus sûr de rien depuis vingt-quatre heures, mec. Alors tant pis.

Stiles ne savait pas exactement pourquoi son attitude avait changé. Il n'y a même pas une heure, il était dans le même état que son meilleur ami, paniqué, anxieux et parano – soyons honnêtes, il était tout le temps comme ça – et refusait tout net de faire quoique ce soit avec le loup-garou. Mais maintenant, il était prêt à le suivre de son propre chef n'importe où. Est-ce que ça avait un lien avec cette transe étrange dans laquelle il était avant que Scott n'entre dans la chambre ? Il n'en était pas certain, mais c'est vrai que depuis ce moment, même si Derek lui tapait toujours autant sur le système, il se sentait également plus... rassuré.

Et bizarrement, ce constat ne le rassurait pas du tout.

Parce qu'il ne savait pas du tout d'où cette nouvelle tranquillité provenait. Était-ce un pouvoir du lycaon ? Il ne savait pas que les loups-garous possédaient un pouvoir de persuasion, il pensait que c'était limité aux vampires et à Kilgrave. Peut-être qu'il se trompait après tout, il ne connaissait vraiment rien des loups-garous, comme l'avait insinué Derek. Tout était possible, encore une fois – et là, ça prenait vraiment tout son sens, encore plus que la veille.
Il se demandait distraitement si les yeux rouges de Derek lui permettaient de faire fondre n'importe quel objet (comme un laser) quand il se rendit compte que deux paires d'yeux l'observaient toujours, alors qu'il était sur le point de se déshabiller.

-Euh, s'il-vous-plaît, je suis pudique, signala-t-il avec des gestes précipités. Tournez-vous !

Il s'adressait plus à Derek qu'à Scott, qui l'avait vu (et qu'il avait vu) dans tous ces états plus de fois qu'il ne pouvait le compter, mais celui-ci se détourna quand même tranquillement de lui sans broncher. Ce qui ne fut pas le cas de Derek, dont les yeux glissèrent sans vergogne sur le corps du jeune homme, commençant d'eux-mêmes à déshabiller le garçon sans se cacher – il s'installa même plus confortablement sur le lit pour mieux le regarder, comme si ça n'avait absolument rien de dérangeant. L'adolescent n'en était pas encore sûr, mais il n'y avait pas que son regard qui en disait long.

Rougissant fortement et au summum de la gêne – et irrité parce qu'il ne trouvait pas si désagréable d'être déshabillé du regard de la sorte – il attrapa rageusement ses jean, boxer, t-shirt et chemise et sortit en trombe de sa chambre.

Avant de tomber nez à nez avec son père dans le couloir.

-PAPA ! glapit Stiles en fermant sa porte d'un coup sec, les yeux ronds. Ça va ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je t'ai même pas entendu arriver ! C'est complètement dingue non ? Tant de discrétion, fortement apprécié quand on travaille pour les forces de l'ordre hein ! WAOUH !
-Je suis rentré il n'y a même pas cinq minutes... Tu as l'air bizarre, tout va bien ? s'inquiéta le shérif, haussant un sourcil.
-Mieux que bien ! Extraordinairement bien, je dirais ! Je.. tu m'as fait peur, c'est tout ! La forme ?
-Euh, oui, hâte de me coucher, c'est tout. Même si je dois trier quelques dossiers avant de pouvoir dormir... Enfin bon. Je t'ai entendu depuis les escaliers, tu parlais avec Scott ?
-Oui, Scott, évidemment, qui d'autre ? confirma Stiles, toujours en hurlant. Très intuitif ! T'es pas shérif pour rien, hein ?
-J'ai surtout vu sa moto garée devant la maison, indiqua son père. Pourquoi tu cries ? Il y a un problème ?
-Mais non enfin, qu'est-ce que tu vas chercher ! Tout est wunderbar, Papa !

L'aîné Stilinski lança un regard plus que méfiant à son fils. Fils qui sentait que le Hellfest avait élu domicile dans sa poitrine tellement son cœur s'affolait.

-Si tu le dis, soupira-t-il en secouant la tête. Tous mes sweats sont sales, est-ce que je peux t'en emprunter un ? demanda-t-il, avec un mouvement vers la porte.
-NON ! s'étrangla Stiles, bloquant par réflexe l'accès à sa chambre. T'inquiètes, je.. je vais te le chercher ! poursuivit-il un chouïa plus calme. Bouge pas, d'accord ? Surtout, ne bouge pas, OK ?

Le shérif hocha lentement la tête, semblant de plus en plus concerné, et Stiles observa son père dix bonnes secondes pour s'assurer que son père ne bougeait effectivement pas d'ici avant de se glisser dans sa chambre en entrouvrant la porte de deux millimètres et demi. Deux secondes plus tard, il jetait littéralement son meilleur ami hors de la pièce en s'époumonant « Fais pas ton timide Scotty, viens dire bonjour à mon père ! ».

Stiles s'appuya un court instant contre la porte en fermant les yeux. Bordel de merde, il manquait plus que ça, ragea-t-il intérieurement. Pourquoi l'univers est contre moi et seulement moi, en ce moment ? Il était à deux doigts de s'évanouir tant il était tendu. Une fois de plus, il prouvait qu'il était carrément nul à chier en terme de gestion du stress... d'un autre côté, ce n'était pas de sa faute si le timing était si pourri. On pouvait donc dire que, une fois de plus, quelqu'un, là-haut, quelque part, lui en voulait personnellement.

Quelque chose de mou et doux entrant en collision avec son visage lui fit ouvrir les yeux. Il comprit au bout de cinq secondes que c'était Derek qui lui avait envoyé un sweat sur la tête, et il resta bloqué encore cinq secondes en voyant que c'était le sweat que son père préférait lui emprunter (celui des Mets à dominante bleue, pas orange). Sidéré, il ne prit pas le temps de se poser la question (comment le lycaon pouvait savoir ? Un coup de bol ? Il lisait dans les pensées ? C'était réellement un stalker et savait même quelles fringues le père de Stiles adorait ?), il se contenta de remercier son futur mari d'un signe de tête, avant de se coller un sourire Colgate sur les lèvres et de sortir de nouveau de sa chambre, ayant l'impression de s'extraire d'un fax tellement l'interstice entre la porte et le battant était étroit.

-Tiens, voilà ! vociféra Stiles d'un ton exagérément enjoué, fourrant sans ménagement le pull dans les mains de son père. Alors, vous avez bien discuté tous les deux ?! Scott est ultra intéressant, non ?
-J'ai seulement eu le temps de lui demander comment lui et sa mère allaient, et il a dit « oui », fit le shérif. Mais qu'est-ce qui se passe, Stiles ?
-Mais rien, je suis juste pas en état, on a une interro de Chimie ce matin, on essaie de réviser ! répondit ce dernier, trouvant l'excuse au fur et à mesure qu'il construisait sa phrase.
-D'accord, mais pas la peine de se mettre dans des états pareils, non ? Enfin... tu t'en sors en Chimie ?
-Je pourrais, si ce crétin de Harris ne voulait pas ma mort pour une raison obscure, grommela Stiles avec hargne. Il va me coller et me tuer dans la cave du lycée un jour, j'en suis sûr...

Le shérif leva les yeux au ciel en levant les mains, signe qu'il n'avait pas vraiment envie de poursuivre cette conversation. Il salua sobrement les deux garçons, demanda à Scott de passer le bonjour à sa mère et partit s'enfermer dans sa chambre. Durant les quelques secondes qu'il lui fallut pour rejoindre le bout du couloir, Stiles ne cessa d'agiter frénétiquement la main en souriant de toutes ses dents, et dès que lui et Scott furent de retour dans la chambre, en relâchant la pression, Stiles eut l'horrible sensation de se dissoudre comme un cachet.

Quand toute cette histoire sera terminée, je prendrai rendez-vous chez un cardiologue, nota Stiles pour lui-même, à bout de nerfs et à bout de souffle. Il se passait beaucoup trop de choses en peu de temps, en ce moment. Alors que pendant les dix-sept premières années de sa vie, il ne lui était absolument rien arrivé... et pour l'instant, il n'avait plus du tout envie de s'en plaindre.

-Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? voulut savoir Scott après un court silence, prenant soin de ne pas élever la voix.

Excellente question.

-On... s'en va, je suppose, répondit le fils du shérif, machinalement, sur le même ton.
-Mais Stiles... ?!
-Quoi, tu veux qu'on reste ici ? Je me vois bien expliquer à mon père – qui a un flingue, comme tu me l'as si bien rappelé hier – qu'il y a un véritable loup-garou dans ma chambre en ce moment ! T'en dis quoi ? Elle te plaît la suite du programme ?
-Mais... j'ai peur ! couina Scott.
-Ouais je peux comprendre, c'est normal, mais t'as pas besoin de flipper. Maintenant, je vais faire en sorte que mon père vous voit pas, donc tous les deux, retrouvez-moi au garage dans cinq minutes.
-Attends, tu vas pas me laisser seul avec lui ?! protesta alors le basané. J'le connais pas !
-Bordel McCall, il a un prénom... et puis ça suffit, j'ai dit que tu craignais rien ! soupira Stiles, agacé.
-Mais comment tu peux en être sûr ?!

Stiles ne répondit pas tout de suite. Et pour cause, il ne le savait pas lui-même. Mais il savait au moins une chose, qu'il pouvait peut-être partager avec son frère de toujours ? Avec un peu de chance, ça changerait la donne et tout rentrerait dans l'ordre... bon, d'accord, il ne parierait pas là-dessus.

-Eh bien en fait, lui et moi... commença-t-il, mal à l'aise.
-Oui oui, vous couchez ensemble, et après ? le coupa Scott en croisant les bras.
-CE N'EST PAS– Scotty, reprit Stiles en essayant de se calmer, je t'ai déjà dit qu'il n'y avait rien de tout ça entre lui et moi.
-Alors quoi ? le pressa son meilleur ami.
-Euh... tu vas avoir du mal à me croire, je te préviens, avertit le fils du shérif en le regardant les yeux.
-Ça peut pas être pire qu'un véritable loup-garou assis sur ton lit, fit remarquer Scott d'un air éloquent.
-Ouais... je sais pas, hésita le jeune Stilinski en s'ébouriffant les cheveux. Hum... Tu te rappelles du film Quatre M
-Mais accouche, bordel !
-On... on doit se marier, voilà ! lâcha Stiles, les bras en l'air.

Bon, ça au moins, c'est fait.
Il se triturait les méninges pour savoir comment il allait pouvoir annoncer la nouvelle à son meilleur ami sans passer pour un fou, mais voilà, il n'y avait pas trente-six mille moyens de le faire, et c'était désormais chose faite. Certes, c'était fort probable que Scott l'inscrive lui-même à Eichen House de façon permanente mais, au moins, il en savait presque autant que lui sur ce qu'il se passait.

-Mais qu'est-ce que tu racontes encore, Stilinski ?
-Oui bon je sais que c'est un peu bizarre, s'empressa de dire Stiles en levant les mains, plutôt invraisemblable en fait, mais c'est lui qui m'a dit que..
-Comment c'est ça c'est lui qui te l'a dit ?! Il suffit de te péter la rondelle pour pouvoir te mettre la bague au doigt ? T'as craqué, mec !
-MAIS ÇA VA PAS NON, POUR QUI TU ME PRENDS ?!
-Stiles, ton père, souffla Derek, qui n'avait pas pris part à l'échange – et manifestement, ne se sentait pas concerné plus que ça.
-Pour qui tu me prends ?! reprit Stiles, furieux, en chuchotant. Il s'agit pas de ça ! On a pas couché ensemble putain ! Derek est là parce qu'il doit m'épouser, c'est tout !
-Je t'emmène à l'hôpital pour que ma mère t'examine, décida Scott d'un ton ferme. Et lui... à la police ou la fourrière, je sais pas.
-Est-ce que tu as apporté ta lettre, Scott ? intervint Derek, pas vraiment offensé par la méfiance qu'éprouvait le jeune homme.

Deux paires d'yeux aux nuances plus ou moins brunes se braquèrent sur lui. On pouvait quasiment voir la fumée sortir de leurs oreilles tant ils cogitaient sur ce qu'ils venaient d'entendre (d'accord, surtout Stiles).

Derek. La lettre. Cette enveloppe rouge. La lettre de Scott. Scott, le Flocon. Le Flocon du F-King. Le F-King, futur mari de Derek. Du bacon. Merde, non. Un Flocon. Une lettre...
...C'est Derek qui a envoyé cette lettre.

Soit c'est un psychopathe fini qui avait prévu de kidnapper Stiles – et sûrement Scott, maintenant – depuis plus d'un mois, soit il avait pris toutes ses dispositions en ce qui concernait cette éventuelle union sacrée et tenait à faire les choses correctement. Par contre, il ne voit pas le rapport avec Scott, pour l'instant.

Le présumé F-King ne comprenait plus rien, et manifestement, son meilleur ami non plus. Enfin, celui-ci devait être encore plus perdu, étant donné que tout ce qu'il savait, c'était qu'un lycanthrope voulait épouser son frère de toujours après, apparemment, lui avoir envoyé une mystérieuse missive. Tout devait être très confus, dans sa tête.

Stiles décida donc de donner l'élément manquant à l'équation à Scott ; il lui annonça qu'il était une légende à titre royal.
Forcément, encore une fois, le jeune McCall eut du mal à le prendre au sérieux, et même à ce moment-là, Stiles eut du mal à lui en vouloir. Parce qu'il avait lui-même du mal à croire que toutes ces bêtises puissent constituer la vérité. Pourtant, il avait l'impression d'avoir mieux accepté la chose depuis ce matin, même si ça tenait plus du fait d'avoir mis son cerveau en pause que de l'acceptation en elle-même.

-Pourquoi un loup-garou veut devenir ton mari ?

Une autre excellente question, Scott.
Et Stiles n'arrivait tout simplement pas à croire qu'il ne l'avait pas posée avant.

Ahuris, ils se tournèrent d'un mouvement vers Derek, en quête d'une réponse satisfaisante, mais ils n'obtinrent qu'un visage fermé et un soupir en retour. Encore.

-Parce que j'ai besoin de toi, finit-il par lâcher en regardant Stiles dans les yeux.

Il n'aurait pas répondu différemment si on lui avait arraché un clou rouillé coincé dans l'oreille.
C'était assez loin de ce que les deux adolescents s'imaginaient. Si Stiles avait naïvement cru que Derek avait envie de l'épouser, Scott, lui, pensait dur comme fer que le loup-garou avait gagné son meilleur ami lors d'une loterie mystique.

-Et vous avez besoin de moi, parce que... commença Stiles en ouvrant grand les yeux, tandis que le jeune McCall faisait quelques gestes amples avec les mains pour inciter le lycaon à poursuivre.

Pourquoi cet homme était-il si réticent à dire ce qu'il savait ? Ça commençait vraiment à devenir ridicule.

-Je vous expliquerai tout ça tout à l'heu–
-Mais est-ce qu'il faut qu'on vous torture à l'eau bouillante pour que vous nous lâchiez une info ?! s'époumona Stiles en s'arrachant les cheveux. C'est quoi votre problème, à la fin ?
-Honnêtement, je n'aime pas quand on prend une histoire aussi importante à la légère. Alors pardonnez-moi si je suis aussi réticent à discuter avec deux gamins ignorants du sort de ma vie sans preuves tangibles à leur fournir, rétorqua durement Derek, les dents serrés.

Une claque. C'est comme ça que le fils du shérif ressentit cette réplique.

D'un côté, on ne pouvait pas leur en vouloir, Stiles et Scott n'étaient effectivement que deux adolescents tout à fait banaux qui essayaient de survivre comme ils pouvaient au lycée, les seuls trucs sortant un tant soit peu de l'ordinaire qui leur arrivaient étaient leurs sorties au Jungle ou leurs soirées Netflix. C'était donc difficile pour eux de croire que tout ce qui se produisait en ce moment était réel... seulement, en y réfléchissant, ils auraient peut-être pu mieux prendre les sentiments de Derek en considération, surtout après leur avoir prouvé qu'il était bien un loup-garou. Ça aurait été la moindre des choses d'envisager que ses autres propos puissent être vrais.

-Oui bon OK, désolé, s'excusa le jeune Stilinski, plus embarrassé que ce qu'il pensait. C'est juste qu'on est vraiment, vraiment pas habitués à ce genre de... d'anecdotes. Mais on va vous prendre au sérieux maintenant, juré, promit-il en lançant un regard appuyé à son meilleur ami, qui hocha frénétiquement la tête. Ça a vraiment été un choc d'apprendre pour les loups-garous, mais on devrait pouvoir s'en sortir maintenant hein ? On est réellement désolés, insista Stiles.
-Un sacré choc, oui, renchérit Scott.

Il y eut un court laps de temps durant lequel personne ne pipa mot, Stiles trop gêné, Scott trop perdu et Derek apparemment trop sur les nerfs. Et le jeune Stilinski prit quelques instants pour entrevoir le côté surréaliste de la chose ; un loup-garou, un Flocon et un roi sont dans une chambre... Bon, là, ça ressemblait vraiment au début d'une boutade étrange. Mais quelle en serait la chute ?

-Mais j''hallucine Stiles, reprit son meilleur ami pour briser le silence, t'aurais quand même pu mentionner Underworld tout à l'heure, au moins...
-C'est gonflé de me reprendre sur mes références cinématographiques, de la part de quelqu'un qui n'a pas vu un seul Star Wars en 2015, rétorqua aussitôt l'hôte de la maison, d'un ton cinglant. Je te rappelle qu'il y en a un le mois prochain ! PROCHAIN ! Faut vraiment que je m'occupe de ton cas, McCall... mais plus tard. Donc, Derek, euh... des détails à apporter sur notre... alliance, avant qu'on s'en aille ?
-On doit se marier le plus vite possible, ou on va probablement mourir tous les deux, notifia placidement Derek. Maintenant, est-ce qu'on pourrait enfin s'en aller, s'il-te-plaît ? implora-t-il en se levant, irrité.
-Je... oui, d'accord... concéda Stiles, trop choqué pour ajouter quoique ce soit. Mais euh... où est-ce qu'on va ?
-Chez moi, répondit simplement le lycaon.

Le jeune Stilinski vit clairement le visage de son meilleur ami se décomposer totalement, former une masse informe flasque et blanchâtre, puis se recomposer dans le désordre en formant les mots « terreur absolue » suivis de près par « NON NON JAMAIS DE LA VIE », mais il lui fit plusieurs fois les gros yeux pour le convaincre de venir avec eux et, de la même manière, le convaincre qu'il ne se ferait pas manger ou tuer. Oui, le regard de Stiles peut être très explicite quand il veut.

Il somme donc aux deux autres de l'attendre dans sa voiture (après avoir passé ses clés à Scott) pendant qu'il s'assure que le padre ne se doute pas qu'un étranger se trouve dans sa maison. C'est un peu peine perdue avec le boucan qu'ils font depuis tout à l'heure, mais Stiles aime à croire que son père s'arrête à son opinion première sur sa personne, à savoir que son fils et son meilleur ami vivent dans un monde à des années lumières du sien.
Il faut croire que c'est réellement ce qu'il pense, étant donné qu'aucun sujet touchant de près ou de loin un intrus chez lui n'ait été évoqué quand Stiles est allé le voir dans sa chambre. Le shérif s'était contenté de lui demander s'il pensait être là ce soir, l'avait sondé par-dessus ses lunettes comme il le faisait souvent quand il réfléchissait et l'avait laissé emprunter une paire de baskets à sa demande, sans faire aucune remarque. Le plus jeune avait eu une certaine frayeur quand son père l'avait interpellé une dernière fois, juste avant qu'il n'aille s'habiller (il avait presque oublié qu'il était encore en pyjama avec ces conneries), mais encore une fois, ça n'avait eu aucun rapport avec ce qu'il tentait de cacher ; son père n'avait fait que lui souhaiter bon courage pour son hypothétique interro, en le sondant encore une fois de ses yeux clairs. Et Stiles aurait trouvé ça bien trop facile comme façon de s'en sortir – sérieusement, entre les cris, son attitude encore plus bizarre que d'habitude et l'emprunt sans raison apparente de cette paire de chaussures trop grande de trois tailles – s'il n'avait pas été préoccupé par autre chose.

-T'en fais une tête, qu'est-ce qu'il y a ? interrogea Scott, une fois que Stiles les eut rejoints dans la voiture.
-Rien t'inquiètes, assura Stiles. Tenez, c'est pour vous, ajouta-t-il en tendant à Derek un sweat zippé, une paire de chaussettes et les baskets récupérées plus tôt.

Le lycaon les prit docilement, arquant un sourcil, pris de court par tant de considération.

-Quoi, il fait froid, se justifia le lycéen en haussant les épaules. Et vous êtes pieds nus. Je sais pas ce que vous avez comme pouvoirs en tant que loup-garou, mais je crois pas que vous puissiez vous permettre de vous balader comme ça alors qu'il fait moins huit milles.

Derek sembla sur le point de répliquer quelque chose, mais il se contenta finalement d'un simple « Merci » avant d'enfiler silencieusement les vêtements.

-Bon alors Stiles, c'est quoi le problème ? reprit Scott, pas vraiment étonné par ce qu'il venait de voir.
-Y'a pas de problème, c'est juste que je sais pas de quoi mon père veut me parler, soupira-t-il en attachant sa ceinture.
-Il a dit qu'il voulait te parler ?
-Pas vraiment, mais il m'a demandé si j'étais à la maison ce soir. Il fait toujours ça quand il a un truc important à me dire... Une fois, c'était quand j'avais abordé le sujet de la Jeep, quand je voulais l'acheter tu vois, et une autre fois, c'était après m'être fait arrêté trois fois en une semaine, réfléchit Stiles en se frottant le menton.
-Ahaha, t'étais vraiment déchaîné à ce moment-là, s'esclaffa son meilleur ami à l'évocation de ce souvenir. Mais t'en fais pas, c'est sûrement rien...
-Tu crois ?
-...ou alors, ça a un rapport avec l'énorme suçon que t'as dans le cou, acheva Scott d'un air entendu.
-QUOI ?!

D'un geste brusque, Stiles s'empara du rétroviseur et s'examina sous toutes les coutures, découvrant avec effarement un suçon beaucoup trop large pour ressembler à une marque d'origine naturelle sur la base de son cou. Il remarqua qu'il avait également la forme de l'Inde mais ne s'attarda pas là-dessus. Il se contenta de lancer un regard furibond à Derek dans le reflet du petit miroir, qui détourna les yeux en rougissant légèrement.

-Bordel, il va me tuer, il m'a dit d'amener personne à la maison, se lamenta Stiles en se cognant la tête contre la vitre. Pas que ce qu'il croit qu'il s'est passé se soit vraiment passé, étant donné qu'il ne s'est rien passé, mais bon... Il a vu Derek, à ton avis ?
-Vu, je sais pas, mais il a bien dû se douter qu'il y avait quelqu'un d'autre chez lui, fit remarquer Scott en haussant les épaules. C'est un flic, j'te rappelle, c'est son boulot de savoir quand quelque chose d'inhabituel se trame... Alors si c'est sous son propre toit...
-Peut-être qu'il veut juste me demander où est passé tout le bacon, murmura le soi-disant Roi avec espoir.
-Oui évidemment, ce genre d'interrogations requiert très souvent une discussion avec son fils, rétorqua sarcastiquement le basané.
-La ferme, t'en sais rien, le bacon c'est une institution chez nous OK ?
-Pour que tu pleures quand je te pique une tranche, je veux bien te croire...
-Alors là.. ! Monsieur est pas foutu de me rendre Mortal Kombat X quand je lui demande, mais il me ressort quand même cette histoire à la première occas' ! J'AVAIS NEUF ANS, PUTAIN !

Scott se limita à un simple ricanement quand Stiles l'assassina du regard. Il décida de changer de sujet.

-Sinon, je t'avais bien dit qu'elle était importante, cette lettre ! jubila le jeune McCall, agitant fièrement l'enveloppe. Toi qui pensais que j'en faisais des tonnes pour rien !
-Tais-toi un peu, tu sais même pas pourquoi tu l'as, tu l'as jamais ouverte, grogna Stiles en balançant son sac à l'arrière de la voiture, juste à côté de Derek. D'ailleurs, en quoi elle est importante ? ajouta-t-il en se tournant vers le loup-garou.
-Ce serait plus simple de la lire directement, répondit Derek, évasif.

Lui et ses réponses à la con, s'énerva Stiles en mettant le contact. Faudrait quand même lui apprendre à répondre correctement aux questions un jour...

-Ça vous arrive de faire ce qu'on vous demande, de temps en temps ? lança-t-il d'un ton acerbe. Genre, si je vous demande votre adresse, par exemple, faudra vous arracher les ongles un à un ou je vais devoir m'arrêter à chaque passant que je croise jusqu'à ce que je tombe sur quelqu'un qui vous connaît ?
-Je l'ai déjà entrée dans le GPS, indiqua le lycaon.

Stiles resta coi un moment, surpris par l'attention, et démarra la voiture après un simple « Oh ».

Il ne savait pas s'il pouvait interpréter ça comme un gentil geste ou juste pour éviter de perdre encore plus de temps, et compte tenu de tout ce qu'il avait appris sur cet homme, eh bien... il n'en savait fichtrement rien, justement. Ce stupide loup-garou était une putain d'énigme, entre l'étrange tendresse dont il faisait part à son égard, ses pics de colère survenant à l'improviste et son manque singulier de considération pour autrui – il n'allait certainement pas oublier la tentative d'enlèvement aussi facilement, et encore moins le coup du bacon bordel –, et il mettait ses nerfs à rude épreuve. Le jeune Stilinski avait déjà du mal à se supporter, alors un gars encore plus instable que lui... !
Dire que c'était ça son futur mari... L'univers avait un sens de l'humour carrément déplacé.

Malheureusement, il n'était pas au bout de ses surprises.


OK, je suis moyennement fière de ce que je vous ai livré, mais je suis quand même fière parce que, même si j'ai mis une semaine à l'écrire vraiment (on zappe les moments où je l'ai réécrit, effacé puis recommencé encore et encore) j'écrivais par tranche de 2,000 mots à chaque fois et vu mon état actuel, je trouve ça extraordinaire d'avoir réussi un tel exploit. Oui je me lance des fleurs et alors, ça vous pose un problème ? Non ? Parfait.

Bref, passons à quelque chose de plus intéressant, le chapitre ! Qu'en avez-vous pensé ? Vous avez aimé, détesté ? Vous rangez vos chaussettes et sweats dans le même tiroir ? Votre meilleur-e ami-e refuse de faire un plan à trois avec vous et un tiers ? Je vous écoute ! Que ça ait un lien avec l'histoire ou pas, d'ailleurs ! :D

Je vous promets que le chapitre 5 aura plus de réponses, notamment sur les motivations de Derek, tout ça... Soyez patient-e-s :D mouhahaha... ha.

En tout cas je vous remercie encore pour tous vos commentaires géniaux et vos gestes super gentils, ça me fait tellement plaisir vous pouvez pas savoir à quel point !
(s'il y a des fautes, signalez-les et je m'en occuperai comme il se doit !)

Bisous sur vos fesses gauches les ami-e-s ! (oui exclusivement la gauche, je suis une ultra-fétichiste.)