Et voilà, une autre Fanfic sur le Seigneur des Anneaux, enfin, toujours un petit peu remaniée à ma "sauce" (bien qu'elle ne diffère pas de beaucoup d'autres ... ^^).

Je l'écris surtout pour me faire plaisir, et faire plaisir à quelqu'un qui se reconnaîtra sûrement ! Fidèle à ce que je fais d'habitude, j'ai créé un perso avec son histoire, et ses origines, qui là sont belles et bien humaines, puisque pour une fois ma OC, vient de notre monde.

Rassurez-vous, pas de 10eme membre de la communauté, juste un personnage atypique, qui a pour elle (comme pour tous les Héros, ses qualités, ses "dons", et ses défauts ..)

Vu que je fais cet écrit seulement pour un plaisir "égoïste", ne soyez pas trop durs, et essayez de donner un peu d'indulgence à ma modeste "création". Je n'ai pas de grands projets, juste l'envie de vous faire voyager un peu ... j'espère y arriver.

Bonne Lecture à toutes et à tous, en espérant (surtout à vous les lectrices qui me suivaient ;)), que vous apprécierez !

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Juste une publication pour corriger quelques fautes (sur quelques chapitres) qui sont, impardonnables, même sans Bêta ! ^^ (sérieux je me fais honte toute seule ! XDD). Je ne change rien à l'histoire de base, les persos restent les mêmes, et l'histoire aussi ! Moui ? Qu'importe que cela ne fasse pas l'unanimité (j'aime bien les brebis galeuses en plus mdr) :)

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Il regarda la silhouette de son fils disparaître dans les grand couloirs de la ville souterraine. Son insupportable ami nain accroché désespérément à ses talons. Thranduil soupira longuement. Ainsi c'était décidé, Legolas partirait vivre en Ithilien, lui laissant la responsabilité de cette partie de la forêt. Ensuite, il le savait, après la mort du roi Elessar, il partirait vers Valinor. Et lui ? Le Grand Roi Thranduil, qu'allait-il donc bien faire ? La joue collée à son poing fermé, jamais la couronne et le poids des ans n'avaient été aussi cruels pour lui. L'enfonçant irrémédiablement dans son trône, au point de le figer, comme si cet amas de bois le dévorait peu à peu pour en faire une partie de lui. Une extension vivante qui se statufiait inexorablement, au fil des ans qui passaient. Décroisant les jambes et s'affalant littéralement dans son siège plus ou moins confortable, ses yeux bleus scrutèrent les arches et autres colonnades somptueuses de son palais. Tant de magnificence cachée dans les entrailles de la terre, tout ça pour fuir les orques, Sauron, les gobelins … et la vie pour finir. Il songea à Galadriel, à Elrond, à tous ceux qui allaient partir, et le laisser. Sauf si il les suivait bien évidemment. L'envie le tenaillait, là-bas il retrouverait peut-être sa femme, vu qu'elle n'était jamais revenue en ces terres pour le rejoindre. Tant d'années à l'espérer, tant d'années à la chérir en vain. Pour l'avoir à ce point oublié, et Legolas par la même, il se demandait souvent si leurs sentiments étaient aussi forts qu'il le pensait, ou peut-être, le souhaitait. Fronçant les sourcils en essayant de chasser ces pensées sombres et désagréables, il attendit longuement avant de se lever. Une idée lui traversa l'esprit, il y avait bien longtemps qu'il n'était pas retourné là-bas. Cette perspective allégea son corps fourbu d'ennui et de lassitude. Il descendit les marches qui menaient à son trône, et lentement il traversa les couloirs vides pour rejoindre ses appartements. La cité était presque vide à présent. Tant de morts, tant de pertes lors des affrontements contre Dol Gurub. Les siens, déjà moins nombreux que leurs cousins, avaient payé un très lourd tribu à cette guerre.

« Comme à toutes les autres » pensa-t-il avec amertume alors qu'il se changeait.

Il enfila une tenue plus confortable, délaissa sur un meuble richement ouvragé, sa couronne de branches et de feuilles, puis il mit un diadème en mitrhil plus discret et bien moins encombrant. Tous ses gestes étaient mécaniques. Plus rien ne vivrait en lui. Le départ de son fils, même si il savait qu'il se reverrait, lui laissa la bouche pâteuse et un arrière-goût amer qui ne passait pas. Il finit de fermer sa tunique d'un vert sombre aux coutures argentées, puis il délaissa ses appartements. Arrivé aux écuries il croisa son capitaine des gardes, Angrod. Il était grand, le buste large et le visage carré. Des yeux verts pénétrants et des cheveux châtains qui viraient au roux. Il salua très courtoisement son souverain, et demanda :

« Altesse, où allons-nous ?

- Je vais seul Angrod. Je vais juste me promener un peu. Voyant la mine renfrogné de son capitaine, il déclara d'un même ton neutre, ne vous inquiétez donc pas, les bois sont sûrs à présent.

- Non ils ne le sont pas et vous le savez Seigneur, répondit Angrod réellement inquiet.

- Les groupes d'orques et de gobelins n'oseront pas encore franchir nos frontières. Ils essaieront cet hiver, voir peut-être cette automne. Comme chaque année d'ailleurs. Pour l'heure, je ne risque absolument rien. Voyant qu'Angrod allait répliquer il trancha sèchement, j'en ai décidé ainsi Angrod !

- Bien Seigneur. Mais si vous n'êtes pas revenu à la nuit tombée, j'enverrai Brilthor vous chercher, il fit une révérence parfaite, et ruminant presque, il laissa son roi seul ».

Thranduil le regarda s'éloigner, suivant son ombre qui s'allongeait peu à peu sur le sol avant de disparaître, tout comme avait fait celle de son fils, quelques minutes plus tôt. Il prit les chemins des écuries, et trouvant son magnifique cerf au fond, dans son immense stalle, il donna des ordres pour qu'on lui prépare. Ses palefreniers s'activèrent, et il s'aperçut que ce menu travail lui manquait. A bien y réfléchir, trop de choses lui manquaient. Il prit les fines rênes tressées dans sa main, et menant sa majestueuse monture au-dehors, il monta et prit la route de la forêt. Une fois le pont passé, il inspira à plein poumons, se sentant revivre à l'inspiration des fragrances des sous-bois. L'humus, la terre, les fleurs sauvages. Les piaillements des oiseaux chantant le printemps et la vie, vrillant presque ses tympans. Ouvrant les yeux et levant la tête vers les frondaisons aveuglant presque le ciel, il soupira à nouveau et eut un rictus amer quand la pensée « Printemps Vigoureux ! Tu parles ! » lui griffa l'esprit. Fut un temps où ce nom valait encore dire quelque chose. Un temps où l'évocation de ce nom en faisait trembler plus d'un. Non pas qu'ils ne tremblaient plus, mais le monde changeait, et lui aussi. Les millénaires en ces terres avaient peu à peu ruiné sa fouge et ses espoirs. A présent, il se faisait plus l'effet d'un animal errant qu'autre chose. Ô il gouvernait toujours avec la même fermeté, la même inflexible justice, le même sens du devoir qui avait toujours dépeint tous ses gestes depuis la mort du grand Oropher. Jamais il n'avait voulu déshonorer la mémoire de son père. Et il ne voulait pas donner une piètre image de succession à ce grand souverain qui lui avait tant appris, et donné. Quelle honte s'abattrait sur lui, si en Valinor, il croisait sa route et ne pouvait le regarder droit dans les yeux. Ne pouvait lui assurer que derrière lui, il laissait un peuple et un royaume prospère. Le Cerf tressaillit quelque peu, Thranduil sentit son envie de s'ébattre comme si c'était la sienne, l'animal communiquant à chacune de ses cellules, l'envie de liberté qui le l'étreignait. Le roi eut un maigre sourire, et lançant sa monture à toute allure, il retrouva ce lieu étrange, où une chose des plus incroyable se produisait depuis quelques années déjà. Avec les guerres il n'avait pu y retourner, mais là, cela devenait une nécessité absolu si il voulait garder un esprit sain après ces mois d'affrontements. Un peu de douceur, un peu de calme, un peu de ce qui faisait son essence elfique. Dire que quand ils avaient foulé les terres d'Arda, ils étaient si différents. Surtout lui. Jeune prince insouciant, téméraire, limite revêche et totalement en accord avec tous les instincts de la forêt. Il se demandait souvent où il l'avait abandonné ce jeune ellon, qui au final, lui plaisait bien plus que le roi qu'il était devenu. Le sentier, les fossés, les souches et autres obstacles défilaient à la vitesse du vent. Savourant avec délectation les sensations qui faisaient vibrer son organisme, il ralentit la course de son Cerf quand ils furent tout près. Il n'aimait pas arriver en ces lieux avec brusquerie, ce sanctuaire singulier, méritait au contraire, tout son respect.

Il arriva sur un espace dégagé, perdu dans l'épaisseur des futaies. Les rayons du soleil étaient accueillis par une petite cascade aux eaux si cristallines, que l'on voyait tous les galets qu'elles caressaient. Son murmure était aussi frais que sa température. Les flots semblaient jaillir des racines d'un chêne millénaire, qui déployait ces dernières et des branches comme si il tenait à lui seul le monde. Un petit bassin, assez profond et large pour y faire quelques brassées, montrait quelques poissons qui s'agitèrent quand l'ombre de Thranduil s'avança vers les ondes. Il y avait une infime langue de terre qui s'avançait, coupant le cercle parfait de la retenue d'eau. C'est là qu'il aimait s'asseoir et attendre. Attendre patiemment que le miracle se déroule. Même si, il le savait, ce cadeau mystérieux ne lui était plus octroyé depuis quelques années déjà. Il avait disparu comme il était apparu, un doux rêve inattendu, qui laisse bien seul une fois terminé. Les minutes s'écoulèrent, et tout à la contemplation des lieux, il délaissa ici ses sombres humeurs. Les minutes se transformèrent en heures, et le ciel bientôt, se para des couleurs du crépuscule. Il soupira longuement, figé comme une statue, ses longs cheveux blonds flirtant avec le miroir de l'eau tandis qu'il regardait les pierres multicolores qui jonchaient le fond du bassin. Dépité, il se releva.

« Et bien non mon vieil ami, elle n'était pas là aujourd'hui. Ce n'est pas grave, nous reviendrons demain, après-demain et tous les jours suivant … puisque de toutes façons, nous n'avons plus rien à faire ... ».

Le roi remonta sur sa monture; et l'âme affable, il retourna dans sa fastueuse cité, qui n'avait que peu d'attrait pour lui en ce jour. Il aurait tant voulu l'entendre, cette merveilleuse voix qui avait ravi ses oreilles et son coeur en cette journée particulière. Il se souvint avec tendre nostalgie, son errance dans les sous-bois frais de l'été, et l'enivrement fabuleux qu'il avait ressenti, lorsque surgissant de nulle part, cette voix, cette magnifique voix, c'était élevée. Le dirigeant, l'hypnotisant, pour le mener jusqu'ici. Il avait cherché des mois, des années durant, qui pouvait bien chanter ainsi, mais l'auteur des douces mélopées, ne se dévoila jamais à ses yeux. A présent, même ce doux présent avait disparu, mais il ne démordrait pas. Si cela c'était déjà produit, nul doute que cela se reproduirait encore.

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« Elle n'est pas loin ! Cherchez-là ! On la veut vivante vous entendez ! » la voix masculine hurla presque à s'égosiller, passant au-dessus du tumulte chaotique qui s'élevait autours d'eux.

Cachée entre deux containers, la femme chercha ses munitions à sa ceinture. Les doigts tremblants, elle chercha les fléchettes hypodermiques, et en faisant tomber la moitié, elle rechargea son arme. Des explosions s'élevèrent non loin, et elle étouffa un cri. Des hurlements, et une agitation qui fit trembler un des caissons métalliques. La peur suintait par tous ses pores. Sa respiration était anarchique, soulevant sa poitrine avec violence. Les tempes et le dos trempés de sueur, elle essayait de donner une peu de clarté à ses pensées.

« Putain ! Bouge-toi de là ! » se tança-t-elle alors que le bruit des boots de ses poursuivants se rapprochaient dangereusement.

« J'en ai un ! Cria un des gars dans l'immense hangar où ils étaient planqués.

- Là aussi ! Mais on ne tirera plus rien de lui ! »

« Espèce d'enfoirés ! » jura-t-elle en hurlant mentalement.

Elle savait que venir ici serait une mauvaise idée, pas assez de voies de sortie. Une fois dedans, ils se feraient piégés comme des lapins, et c'est ce qui s'était produit. Les lumières rouges des blasters s'élevèrent et un autre cri résonna. Elle serra les dents. Ils allaient tous y passer oui ! Elle regarda presque frénétiquement autours d'elle, essayant de trouver un échappatoire. Les lucarnes du haut, mal éclairées, seraient peut-être la solution. Elle inspira plusieurs fois d'affilée, et crispant ses poings sur son arme, elle se jeta dans le passage confiné que lui offrait son couvert, et elle arriva à agripper l'échelle sans être vue. Là elle commença son ascension vers les passerelles en métal qui couvraient la majeure partie du bâtiment. Elle réajusta son sac qui la gênait, et sans un regard en arrière elle se hâta vers le sommet. « LA ! » entendit-elle alors que les tirs reprirent de plus belle. Elle se pressa, dérapant sur le dernier échelon. Se rattrapant de justesse, elle s'accrocha de toutes ses forces, et se hissa tant bien que mal. Ses yeux étaient aveuglés par les éclairs sporadiques des tirs de blasters et autres armes plus anciennes. Elle savait que les armes d'élite étaient réservées à la Coalition, mais les agence de sécurité et autres polices, avaient souvent recours aux armes à projectiles. Elle se jeta sur une des passerelles, et rampant, elle tira à son tour. Elle était douée pour cela, entraînement oblige. Elle arriva à toucher plusieurs des tireurs, et apparemment, le chef de l'équipe qui se chargeait de sa poursuite perdait patience. Une balle ricocha tout près de son visage et elle hurla « Espèce d'enfoirés ! Nous n'avons pas d'arme à feu ! ». En fait si, elle en avait une, mais elle répugnait à s'en servir. Elle n'aimait pas ôter la vie sans une bonne raison. Et cette raison était simple, sauver la sienne. Elle rampa sur la grille métallique qui lui rentrait dans les chairs, et une fois tout près des fenêtres du haut, elle hurla en frappant du poing ce qui fit vibrer dangereusement la ferraille sous elle. « Merde merde et merde ! ». La passerelle s'arrêtait nette, il fallait qu'elle se lève pour sauter. Elle regarda encontre-bas. Les yeux écarquillés de peur et d'effroi en voyant ses compagnons tomber sous les armes meurtrières de leurs assaillants. Il fallait qu'elle vive ! Il fallait qu'elle s'en sorte ! Elle se redressa vivement, et alors qu'elle allait sauter, elle entendit une voix qu'elle connaissait bien « Alex stop ! ». Elle se figea, tétanisée par ce qu'elle entendait. Se retournant pour faire face à l'homme qui venait de l'interpeller, elle balbutia « Damon … comment …

- Arrête de suite cette folie Alex ! Tu n'y arriveras pas. Ton mouvement de résistance et de rébellion est fini.

- Tu nous a trahi ! Hurla-t-elle, son coeur semblant se disloquer en voyant l'homme qu'elle croyait son plus proche ami et allié, se tenir près d'un de ces enfoirés de Garde de la Coalition.

- Il le fallait ! Ces enfantillages ont assez duré.

- Enfantillages ?! Comment oses-tu ? Après tant de morts ! Tant de folie ! Ils sont le mal Damon ! Le mal à l'état pur !

- Ils sont bien trop forts ! Cesse-donc cette lutte perdue d'avance ! Rends-toi ! Si tu venais à mourir maintenant, tout tes efforts s'en retrouveraient anéantis ! Penses aux autres ! »

Il fit un mouvement en direction des soldats qui avancèrent en tenant cinq de ses compagnons. Certains plus morts que vifs. Elle savait, ils le savaient tous, une fois pris, il valait mieux la mort. Les yeux de la femme se firent extrêmement durs. Elle lança avec hargne :

« Tu sais le maître mot de notre action Damon ! Va crever et pourrir en enfer ! Avec tout ceux de ton espèce ! » elle se tourna vivement, et d'un bond qui lui martyrisa tous les muscles, elle franchit les quelques mètres qui la séparaient de la liberté. Elle entendit un coup de feu retentir, et une vive douleur lui déchirer le flanc. Son corps traversa la croisée avec violence, puis atterrit sur un toit lisse en métal, qui glissa sous ses vêtements comme un toboggan géant. Elle essaya de ralentir sa chute, mais ses doigts n'arrivaient pas à attraper quoi que ce soit. Inexorablement elle tombait, et sa blessure la faisait atrocement souffrir. Arrivée en bout de course, elle réussit à se retenir du bout des phalanges. Le bord du métal lui sciant la peau, pénétrant ses chairs au point de la faire saigner. Elle gémit de douleur, et ses yeux décelèrent le ballet des faisceaux des lampes torches qui dansaient dans le hangar, se rapprochant d'elle. Puis une porte donnant sur les toits adjacents s'ouvrit et elle les vit apparaître, fusils au poing. Elle regarda au-dessous d'elle, la rivière s'étendait, rugissant en cascade près de la centrale qu'elle avait prise pour cible. Fermant les yeux, elle pria pour que sa mort soit rapide. Elle lança un dernier regard de défi à Damon qui surgissait de derrières les soldats, et elle relâcha son emprise. Elle l'entendit s'égosiller dans les hauteurs, puis le contact dur qui brisa sa conscience survint. Le froid humide et les courants, furent les dernières images qu'elle eut avant un long moment. Son corps, ballotté par les eaux furieuses, fut happé par les cours et recraché bien plus loin. Son instinct de survie fonctionnant de lui-même, elle attrapa un rocher, et se hissa à bout de force, crachant l'eau qui s'était infiltré dans ses poumons. Chaque quinte de toux lui déchirant l'abdomen. Elle réussit à atteindre la berge, et se redressant, elle hurla de douleur, ses muscles et ses chairs l'élançant à la limite du supportable. La souffrance était telle qu'elle sentit ses oreilles bourdonner, et des étoiles blanches dansant devant les yeux, lui indiquaient qu'elle était à la limite de tout. Elle trébucha, tomba, se releva. Plus morte que vive, elle trouva refuge dans le bois qui bordait encore la ville. Tronçon maigrelet d'une vaste forêt, à jamais disparue. Elle connaissait bien l'endroit, elle avait grandi ici. Sentant sa mort proche, elle serra les dents pour expirer son dernier souffle près du grand chêne. Son Grand Chêne, comme elle aimait l'appeler. Il avait toujours été là, ami silencieux et pourtant si bienveillant, qui semblait depuis toujours apaiser et revigorer son âme. Si elle devait verser son sang, se serait à ses pieds. Elle arriva à lui. Traînant lourdement les semelles des ses rangers pleines d'eau, puis levant les yeux dans le jour actuellement présent qui accueillait son regard, elle chuchota en tombant à genoux. « Pardonne-moi mon ami … j'ai échoué …. ». Ses yeux se bordèrent de larmes, quand elle vit son feuillage à présent rouillé, qui tombait peu à peu. Son grand ami de toujours, était comme elle, il vivait ses derniers instants. Il n'avait pas supporté la destruction de sa sylve, le stress de la vie humaine. Et ainsi, le fier roi de la forêt, se mourait tout aussi sûrement qu'elle. Elle se plongea dans les eaux du bassin, et arrivant à attraper une de ses gigantesques racines, elle pleura longuement. Les eaux se tarissaient, et elles avaient un aspect laiteux. Les animaux avaient fui, ou étaient morts depuis longtemps. Toutes à ses prières, elle murmura « Puissions-nous nous retrouver mon bel ami … dans une autre vie … un autre lieu … un autre temps si il le faut …. pardonne-moi, car nous n'ai pas su te protéger …. ». Un frisson atroce vint lui saisir l'organisme, et elle se sentit peu à peu couler dans une noirceur apaisante, se demandant avec ironie si elle aurait la chance elle aussi, de rencontrer ces anges dont tout le monde parle.

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Il faisait bon en cette matinée de fin de printemps, et Thranduil, étrangement, se sentait l'humeur aventureuse. Il avait bien envie de délaisser son trône, et de contempler sa forêt, tel qu'il ne l'avait plus fait depuis bien trop de temps. Il savait pour quelles raisons il l'avait délaissé, elle lui rappelait trop de souvenirs. Bons et mauvais. Angrod avait insisté pour l'accompagner, et il n'avait pas refusé. Après tout, un peu de compagnie ne lui ferait peut-être pas de mal. Angrod était un elfe assez intelligent et respectueux pour ne pas l'assommer de discours discontinus et creux. Il resterait sûrement à son côté, très silencieux, attendant que son roi de lui-même, engage une conversation ou pas. Le pas de leur monture était calme, et tout dans la forêt respirait cet état de plénitude et de beauté que tous les elfes aimaient retrouver. Angrod était tout de même sur le qui-vive. Les bois étaient devenus plus sûrs depuis la réunification de la Lothlorien et de Vertbois-le-Grand, mais la menace n'était pas pour autant totalement écartée. Après la chute du Mordor et la débâcle des armées de Sauron, les Gobelins et les Orques avaient erré de longs mois sans structures sociales réelles. Mais depuis peu, comme chez toutes les peuples d'Arda ils palliaient à cela. Le garde du roi savait que ses éclaireurs avaient vu des mouvements suspects plus au Nord. Des groupes à première vue sans rapport, mais qui ne cessaient de se regrouper, au point de créer de véritables villages itinérants. Tôt ou tard il devrait en parler à son souverain, et il savait, que même si la grande guerre était finie depuis près de deux années les combats et escarmouches, eux, étaient encore vivaces. Nul doute que le roi Thranduil commandera une attaque si ces bêtes devenaient trop entreprenantes. Il toisa la haute stature de son souverain se détacher sur son cerf majestueux, et Angrod ne pouvait ne pas le trouver digne de son rang. Tout en lui respirait la haute lignée elfique, la puissance et la force. Il trouvait également dommage que son héritier, le Prince Legolas, n'ait pas repris le flambeau. Cependant, il ferait un chef remarquable en Ithilien, il le savait. Il irait le voir une fois les grands travaux commencés. Il savait que le roi ne discuterait pas avec lui il le faisait seulement par nécessité le plus souvent. Et il respectait cet écart qu'il instaurait entre lui et ses sujets. Même si beaucoup en avaient souffert, et en souffriraient encore. Le Roi Cerf était ainsi, froid et inaccessible. Seulement, il avait sauvé son peuple, et l'avait préservé au mieux de la disparition. Prenant des choix difficiles, et souvent incompréhensibles pour beaucoup. Certains le vénéraient, d'autres le craignaient, mais Angrod n'étaient ni d'un côté, ni de l'autre, il le voyait à sa juste valeur. Un elfe inflexible, mais qui essayait de rester le plus juste qui soit. Et la justice, n'avait rien de tendre. Soudain il vit le roi tendre l'oreille, et arrêter son cerf. Angrod s'aperçut qu'il n'était venu que rarement dans cette partie ci de Vertbois. Sans rien dire, Thranduil lança sa monture qui jaillit comme une flèche en traversant quelques bosquets. Angrod dut talonner sa monture pour que la pauvre bête puisse le suivre convenablement. Le roi des elfes n'était pas fou, il venait de l'entendre. Un cri, puis une voix et des pleurs vers …. il ne pouvait y croire. Arrivé près du serpent d'eau qu'il connaissait temps, il fronça les sourcils quand il décela des traces de sang dans les méandres liquides. Suivant le cours d'eau, il se figea net devant le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Dans les racines du chêne millénaire, se tenait une personne. Fermement accroché au bois noueux, l'être ainsi échoué, était dans un état pitoyable, plus mort que vif. Le sang venait d'une blessure sur son flanc droit, et de là où il était, il eut du mal à déterminer si c'était un homme ou une femme. Angrod vit le corps gisant, et sans attendre l'ordre de son souverain, il se jeta dans les flots, et alla porter secours à l'étrange apparition qui venait de troubler leur quiétude. Il lui attrapa les épaules fermement, ayant du mal à déloger les bras du point d'attache, il retourna le corps inconscient et sa respiration se coupa. Malgré les cheveux courts coiffés à la garçonne, il tenait une femme dans ses bras, une humaine. Mais son visage interpella le roi. Il avait quelque chose de familier.

« Elle n'est pas des nôtres Seigneur ! Déclara Angrod en regardant son souverain.

- Elle ? Amène-là sur la berge. »

Angrod exécuta les ordres de son roi, prenant avec lui la besace noire et étrange qu'elle avait de passé autours d'une épaule. Il la hissa sans effort sur l'herbe tendre, et Thranduil, toujours sur son cerf, étudia la situation de ses yeux clairs. L'humaine avait des vêtements atypiques, qu'il n'avait jamais vu. Sa coiffure l'était tout autant d'ailleurs. On avait rarement vu une femme sur Arda porter une telle longueur de cheveux. Si masculine. La seule qu'elle avait, était une fine et unique tresse sur le côté droit de la tête, qui retombait gracieusement sur son épaule. Son torse était vêtu d'un simple tissu noir, avec des emmanchures très échancrées, dissimulant avec peine son sous-vêtement, et sa poitrine. Le pantalon était tout aussi sombre, avec une étrange ceinture faites de sacoches minuscules. Les chausses, ressemblaient à des bottes, mais à lacets, et la matière qui les composait, avait l'air très résistante. L'armature ne remontait guère qu'au-dessus de la cheville, mais cela la maintenait fermement. Même sans connaître leur origine, Thranduil soupçonna qu'elles étaient des bottes faites pour la marche ou le combat. Le corps portait des marques de blessures, dont la plus profonde continuait à perdre beaucoup de sang. Si ils ne se pressaient pas, elle mourrait rapidement. Angrod leva un regard interrogateur sur son souverain, attendant sa décision. La femme gémit dans son sommeil, et Angrod faillit dire quelque chose, mais Thranduil le devança.

« Au palais, fais quérir mes meilleurs guérisseurs. Je veux savoir d'où elle vient, et ce qu'elle fait dans ma forêt ! »

Angrod hocha la tête, et soulevant le corps, il l'entendit dire dans un délire mortuaire « Alors les anges existent vraiment ... ». Les deux elfes se regardèrent, très surpris. Ils la comprenaient, car elle parlait le Commun apparemment. Et quand ils reprirent la route, l'un comme l'autre, se demandait bien ce que pouvait être un ange.

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Si elle était morte, cela voulait dire que la mort état terriblement douloureuse. Et que si elle avait vu des anges, ils avaient dû la juger et l'envoyer directement en enfer. Elle entendit des voix au loin, qui parlaient doucement, une langue qui lui semblait familière mais dont elle ne reconnaissait pas un seul mot. Le corps endolori et faible, elle bougea le bras droit maladroitement, et fit tomber quelque chose sur le sol qui se tenait apparemment à son côté. Surprise, elle ouvrit les paupières, et la lumière de la pièce, lui brûla les rétines. Elle geignit, et porta sa main à ses yeux, elle essaya de les ouvrir convenablement. Son corps la brûlait. La blessure à la taille la lançait atrocement, la fouettant à chaque geste qu'elle faisait. Elle entendit des pas discrets venir vers elle, et quand la personne fut à côté, elle fit l'effort de la regarder. Il y eut un étrange moment de flottement, où elle se demanda où elle avait bien pu atterrir. La femme qui se penchait au-dessus d'elle, était encore plus belle que toutes les icônes de la mode connue. Elle semblait même irradier une lumière blanche magnifique. Ses cheveux d'or ondulés, cascadaient sur des épaules blanches et fines. Elle avait les traits fins, des lèvres rosées, et des yeux d'un bleu-vert saisissant. L'idée de voir un ange, la rattrape à nouveau.

« Pedich Edhellen ? » sa voix s'éleva aussi fraîche et douce que le murmure d'un ruisseau.

Alex fronça les sourcils, ne comprenant pas un traître mot de ce que cette ravissante femme lui disait. Voyant son silence, la blonde répéta sa question, et Alex répondit presque en grognant « Madame, je ne vous comprends pas ».

Là ce fut au tour de la belle blonde de se retrouver surprise.

« Vous parlez le Commun ?

- Si c'est une langue qui nous fait nous comprendre, je dirai que oui ... déclara Alex en réprimant un gémissement de douleur.

- Je vais regarder vos blessures, ne bougez pas ».

La magnifique étrangère retira les draps de dessus son corps, et Alex eut un mouvement de panique, réalisant qu'elle ne portait plus ses habits. Comme si toute la raison du monde venait subitement de l'agresser, elle regarda tout autours d'elle, et son coeur s'accéléra. La pièce était grande, et ouvragée d'une façon qu'elle n'avait jamais vu. Le bois, omniprésent, embaumait tout de ses fragrances. Elle était allongée sur un lit une place, qui semblait être un élément rapporté dans ces appartements qu'elle qualifierait de fastueux. Cherchant ses affaires des yeux elle demanda « Où .. où son mes vêtements ?! Mon sac ! Où son mes affaires ?!

- Calmez-vous, il n'est pas bon de vous agiter ainsi, dit calmement la femme blonde qui retira le pansement maculé de sang. »

C'est à cet instant, alors qu'elle prenait le bout de tissu pour le laver, qu'Alex vit la pointe de ses oreilles dépasser de dessous ces fils d'or qui composaient sa chevelure. Là elle eut un réelle mouvement de panique. Elle se redressa, hurlant sous la douleur que ce geste lui infligea, et plus proche d'un animal sauvage pris au piège qu'un d'un être doué de raison, elle essaya de s'extirper du lit avec force.

« Non ! Ne bougez pas vous allez …. »

Mais trop tard, Alex tomba du lit avec violence en tentant de se redresser, et chutant sur le côté blessé, elle lâcha un cri qu'elle ne put retenir. Elle rampa sur le sol, la peur et la souffrance parasitant ses pensées. Elle entendit la femme appeler quelqu'un, et sa terreur s'agrandit encore plus. La porte des appartements s'ouvrit presque avec fracas, et un homme entra vivement. Voyant sa haute stature se découper dans l'embrasure, elle le reconnut, sans savoir où elle l'avait déjà vu.

« Angrod ! Elle est paniquée, elle va aggraver son état, aide-moi s'il te plaît !

- Tu ne pouvais pas lui parler ?!

- Elle a eu une réaction si vive, elle est terrorisée.

- Le Roi la veut en forme pour pouvoir l'interroger !

- Aide-moi au lieu de me rabrouer stupidement ! »

Alex ne comprenait rien, mais la mine inquiète de la femme, et celle beaucoup plus fermée de l'homme qui venait de rentrer, n'augurait rien de bon. Elle fit la première chose qu'il lui passa par la tête en voyant la porte ouverte. Elle fonça vers cet échappatoire sans penser à son état. Angrod la ceintura dès qu'elle passa près du lui, et elle s'égosilla en le sommant de la lâcher. Elle se défendit du mieux qu'elle le pouvait dans son état de faiblesse, mais rien de semblait ébranler cet être qui avait une force surhumaine. Puis la fatigue, la douleur et l'épuisement eurent raison d'elle. Elle sombra dans l'inconscience, devenant un poids mort dans les bras de son ravisseur. Angrod soupira longuement, et la recouchant de manière plutôt délicate, il demanda :

« A-t-elle dit quelque chose ?

- Elle a demandé ses vêtements …

- Non, je veux dire a-t-elle dit quelque chose d'intéressant ?!

- Je ne suis pas soldat Angrod ! Je ne vais pas mener un interrogatoire ! Le Seigneur Thradnuil m'a demandé de la soigner et de la surveiller. Je ne vais pas faire TON travail ! Dit l'elleth de façon ferme.

- J'en conviens Aerlinn, mais tu sais également, tout comme moi, que le roi Thranduil veut des résultats, et non des excuses …

- Le Roi Thranduil est insupportable par moment ! Il ne faut pas être très intelligent pour voir que son état est plus que préoccupant.

- Oui je sais … répondit Angrod légèrement froissé. Je te fais confiance ma soeur, je sais que tu feras ce qui est bon. Mais tu connais notre souverain. Il vaut mieux que tu arrives à soutirer d'elle quelques informations avant qu'il ne mène lui même ses investigations. Il alla vers Aerlinn, et lui baisant le front il déclara, je vais laisser Brilthor à la porte. Appelle-le si tu as besoin d'aide, ou d'autre chose.

- Merci mon frère » répondit la femme elfe en reprenant le travail là où elle l'avait laissé.

Angrod observa l'humaine endormie devant lui, et le pressentiment que le court répit dans leur forêt touchait à sa fin, l'étreignit.

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Le Roi Thranduil était pensif. Devant lui étaient disposées les affaires de cette étrangère. Alignés parfaitement, tous, à part un ouvrage ressemblant à un livre, lui étaient inconnu. Il prit l'objet rectangulaire étrangement relié, la couverture lisse au toucher, était très étrange. Une esquisse représentant des roses et un crâne étaient délicieusement dessinés. Mêlant le morbide et quelque chose qu'il qualifierait de sensuel, puis il l'ouvrit. L'écriture était d'un Commun légèrement différent de celui qu'il connaissait, mais il comprit les textes. C'était un recueil de poèmes. Et quels poèmes, jamais il n'en avait lu de tels. Au début ils l'agressèrent presque, les images souvent morbides soulevant son coeur, mais de lecture en lecture, d'approche en approche, il s'avoua que l'auteur, était un génie. Les elfes avaient l'habitude du beau, du pur, du parfait. Là, il tenait l'oeuvre d'un homme, et dans ces textes transpiraient toutes leur dualité, leurs peurs, leurs passions. Malgré lui, il se laissa gagner par l'exploration de l'ouvrage, tombant littéralement amoureux de certains vers. L'amour et la mort s'offrant souvent l'un à l'autre dans une étreinte grandiose, lui donnèrent quelques frissons. Jamais un elfe ne pourrait écrire cela, jamais il ne pourrait toucher cette extrémité des sens. La vision brute de la vie éphémère, qu'il ne connaîtrait jamais. Si cette humaine lisait ce genre d'ouvrage, et donc en était férue, il était certain qu'elle n'était pas dénuée d'intelligence et de finesse. Du moins l'espérait-il. Il voulait comprendre tout ceci, tout ce qu'il voyait là était nouveau, et titillait sincèrement sa curiosité. Il avait toujours était ainsi, avide de savoir, de découvertes, d'aventures. Sa position et ses devoirs avaient peu à peu pris le dessus, mais chassez le naturel et il revient au galop. Il souhaitait que cette humaine égaye un peu ses journées à lui donnant peut-être, matière à distraction. Il referma le livre vivement et le reposa sur la table quand il entendit des pas derrière la porte. On frappa et il donna l'autorisation d'entrer. Ne se retournant même pas, ayant reconnu la démarche d'Angrod, il demanda :

« Alors ?

- Aerlinn a du mal avec elle Seigneur. L'humaine a réagi très violemment en nous voyant, comme si elle n'avait jamais croisé d'elfe de sa vie.

- A-t-elle dit quelque chose ?

- Non Seigneur. Elle s'est évanouie sous la douleur.

- Ces humains … de si fragiles constitutions, dit Thranduil laconique, légèrement agacé par cela.

- Il lui faudra quelques jours avant de pouvoir quitter le lit je pense. Par contre, rien ne nous empêche de la questionner.

- JE la questionnerai Angrod ! Nul autre, est-ce bien clair ? Il fit une pause, puis se tournant vers son capitaine, il continua, mais tu pourras être présent, au début. Je pense qu'un avis supplémentaire ne serait pas de trop.

- Bien Seigneur, comme vous le voudrez ….

- Appelle-moi quand elle sera totalement en état de répondre.

- Oui.

- Ha et autre chose, l'information de sa venue ne doit pas franchir les portes de la cité compris ?

- Seigneur ?

- Oui, pour le moment, je souhaite d'abord en savoir un peu plus avant que d'autres ne s'intéressent à son cas.

- Très bien.

- Au fait, où en est la destruction des nids ? » demanda soudain le roi en ancrant son regard glacial dans ceux d'Angrod.

Celui-ci dévia le sien, et presque dans un balbutiement d'excuses il annonça :

« Nous avons détruit la majeure partie de l'Est et du Sud, mais vers le Nord et l'Ouest, elles demeurent prolifiques. C'est un véritable fléau. Nous aurons besoin de l'aide des Galadhrim si nous voulons …

- Non ! Cette partie de la forêt est sous ma souveraineté Angrod ! Je ne tolérerais pas que mes sujets ne puissent venir à bout de cette vermine arachnéenne ! Compris ?!

- Oui mon Roi, nous allons redoubler d'efforts.

- Je l'espère bien Angrod. Vas à présent. Quand notre « invitée » sera réveillée, venez me trouver. »

Le garde s'inclina très respectueusement, et quittant le bureau privé du souverain, il partit exécuter ses souhaits. Thranduil resta seul, et malgré lui, il ne put s'empêcher de retourner sur ce livre fascinant qu'il avait à peine exploré. Tout à sa découverte littéraire, il passa outre l'étrange objet mêlant plastique et métal qui semblait si inoffensif. Pourtant, se tenait devant lui, un engin de mort comme il n'en avait encore jamais vu.

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Deuxième réveil, plus doux cette fois-ci. Alex n'était pas stupide, et elle avait déjà vécu des situations similaires. Pourtant, les tenues vestimentaires, et les paires d'oreilles pointues, ça c'était franchement nouveau. Elle ouvrit les yeux, et se redressa lentement, bénissant les dieux d'avoir un peu moins mal. Sans surprise, elle trouva la belle femme à son chevet. Cette dernière, se leva de suite pour venir la voir, et avec un doux sourire, elle demanda « Allez-vous mieux ? ». Alex l'observa en hochant la tête en silence.

« Bon, dans de telle situation, garder son calme et son sang-froid. Observer, analyser, comprendre. Pour le moment c'est tout ce que tu as à faire. Te tenir sur tes gardes et glaner un maximum d'informations. Cette femme va m'y aider ». Alex se mit dans une position confortable, et essayant de se maîtriser au mieux, elle adopta une attitude plus détendue. Ce qui du satisfaire la magnifique blonde, car elle lui offrit un autre de ses merveilleux sourires.

« Vous êtes quoi au juste ? Demanda Alex sans détour.

- Une elfe …

- Une elfe ? Non sans rire ! A défaut d'être étrange, c'est totalement ridicule ! »

Le visage de l'elleth se ferma, apparemment elle l'avait blessé.

« Donc elle est sensible … très bien ... » pensa Alex avec une jubilation presque machiavélique.

« C'est vous qui vous parez de ridicule en réagissant ainsi, après l'aide que nous vous offrons.

- Pardonnez-moi, mais là d'où je viens, vous n'êtes guère plus que des êtres de légende. Des contes pour enfants !

- Alors c'est que les enfants sont plus doués de raison que leurs adultes. Aerlinn aiguisa son regard, et ses yeux clairs transpercèrent l'humaine en face d'elle. Elle eut un indéfinissable sourire, et continua, vous êtes maligne. Car si vous étiez si surprise que cela, vous ne parleriez pas autant.

- La surprise ne rend pas forcément silencieux. Au contraire en plus, me concernant. Donc, si je m'en tiens à ce que je sais d'après nos histoires, je connais à peu près ce qui vous caractérise. Mais je vous le répète, je n'ai jamais vu des gens de votre race. »

Aerlinn attendit qu'elle continue, mais Alex s'arrêta là. Il ne fallait pas qu'elle donne trop d'informations. Juste assez pour donner le change. L'elfe devait attendre la suite, mais devant son silence, elle soupira faiblement. Se levant elle demanda d'une voix douce :

« Pouvez-vous vous lever et marcher ? »

« Tiens en voilà une bonne question ! » se dit Alex en essayant de bouger.

Elle serra les dents. Bon elle n'allait pas courir un marathon pour le moment ça c'était clair. La chute avait dû lui fouler un genou, parce qu'elle avait du mal à poser son poids dessus. Cependant, elle arriva à se lever, et même à tenir debout. Indéniablement, la moue de satisfaction que lui offrit l'elfe était sincère et bienveillante.

«Je m'appelle Aerlinn, et vous ?

- Pourquoi cela vous intéresse tant ?

- Parce que nous allons vivre un moment ensemble, et qu'il est plus confortable de nous appeler par nos prénoms respectifs, il me semble.

- Je me nomme Alexandra.

- Quel drôle de prénom ! Et que veut-il dire ?

- Dans mon monde, cela signifie, Défenseur de l'Humanité. Aerlinn la regarda avec de grands yeux ronds de surprise. Et avant qu'elle n'aille imaginer dieu sait quoi, elle ajouta agacée, ce n'est qu'un prénom Aerlinn, rien de plus. »

L'elfe se retint de lui répondre le fond de sa pensée, elle garda donc le silence et la mena vers une pièce annexe. Là Alex découvrit le confort spartiate de sa prison de luxe. Parce qu'elle n'était pas stupide, elle se doutait bien qu'elle n'était pas une invitée V.I.P.. Il y avait les commodités d'usages pour les besoins corporels, et elle en fut soulagée. Au moins elle ne serait pas obligée de demander à tout le monde où étaient les toilettes. D'ailleurs, il fallait qu'elle soulage sa vessie, et qu'elle se lave. Elle expliqua ses besoins à l'elleth, qui la laissa seule dans la salle de bain, et retourna dans la chambre, attendant patiemment qu'elle finisse. Alex enleva la robe blanche qu'ils lui avaient enfilé, et bénit tous les dieux de la création pour avoir eu une idée lumineuse quelques années auparavant. L'épilation définitive. Ça lui avait coûté un bras, mais dans la vie qu'elle menait, elle n'avait pas le loisir de perdre du temps avec ces futilités. Quant au reste … elle fronça les sourcils, ne voulant pas y penser. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'elle avait tout sacrifié à sa vie et la mission qu'elle devait accomplir. D'ailleurs, la trahison de Damon lui revint comme une claque. La mine sombre, elle se lava presque sans douceur, passant outre les douleurs qui lui mordaient les chairs.

« Espèce de fils de pute! Combien sont morts à cause de toi ! Attends que je trouve le chemin du retour, et je t'exécuterai moi-même ! »

Comment avait-il pu les trahir après tout ce qu'ils avaient fait ?! Il avait du décrocher la timbale et gagner une belle somme de fric pour qu'il tourne sa veste ainsi ! Ayant fini tout ce qu'elle devait faire, elle ressortit, une colère sourde habitant son âme. Au lieu d'aller se recoucher, elle arpenta ses appartements, en boitant sévèrement. Aerlinn la laissait faire. Tranquillement assise, elle avait amené sur ses genoux un petit métier à tissé, et elle s'évertuait à être parfaite dans ses points. Alex n'alla pas jeter un oeil au dessin, elle n'était pas très amie avec les besognes féminines. Et il ne fallait pas qu'elle montre un trop grand intérêt à ce qui l'entourait. La réserve devait être le maître mot. Après deux trois jours, l'homme qu'elle avait vu et qui l'avait si sauvagement retenu, revint les voir, et elle resta debout dans la pièce pour lui faire face. Il la salua raidement, et elle hocha simplement la tête en retour. A ses habits, il devait être un guerrier, soldats ou gardes. Elle ne connaissait pas à la perfection la mode elfique, mais fallait être idiot pour ne pas s'en apercevoir. Lui aussi était très beau, ses yeux verts étaient durs, et Alex sut d'instinct qu'il était là pour une seule et bonne raison, la faire parler.

« Que faisiez-vous dans la forêt de notre souverain ?

- La forêt que j'arpentais n'était pas celle de votre souverain, répondit honnêtement Alex en regardant un point fixe au-dessus de l'épaule de son interrogateur.

- A tient donc, et à qui appartient-elle ?

- A la nature peut-être, non ? »

Angrod fronça les sourcils à cette réponse des plus inattendue. Apparemment, cette femme n'était pas là pour des intérêt personnels ou attenants à un quelconque conflit d'Arda.

« Elle appartient au Roi Thranduil, par la volonté même d'Eru !

- Laissez-moi deviner, un dieu unique et suprême ? Fit Alex sarcastique.

- Oui, le dieu suprême, celui qui a créé toutes vies », répondit Angrod très pieusement.

Alex eut un rictus méprisant, et ce rictus devint fou rire. Les maux qui lui martyrisaient les chairs se réveillèrent, et elle dut se calmer. Angrod, vu sa mine déconfite, devait la prendre pour folle. Avant qu'il ne proteste, elle déclara sèchement :

« Bien évidemment, il faut toujours l'aval d'un dieu pour se croire souverain de tout, n'est-ce pas ? Si tel est le cas, je n'ai rien à vous dire. Je ne parle aux gens de votre acabit. »

Angrod vit rouge, attrapant le col d'Alex avec force, il la fusilla du regard.

« Bon garde ton calme parce que il est réellement impressionnant là ! Ne pas lui donner un pouce de terrain, une once de supériorité ! » pensa Alex en serrant les dents et en braquant son regard dans le sien.

Apparemment les elfes n'étaient pas aussi sacro-saints que beaucoup le pensaient. Il approcha son visage du sien, et elle put déceler une odeur de bois fortement enchanteresse. Elle avait toujours était sensible à ces odeurs. Elles lui rappelaient une enfance à parcourir les forêts, s'émerveillant de la nature, des animaux, des arbres centenaires qui offraient fraîcheur et protection. Cela la déstabilisa un quart de seconde, et Angrod s'en aperçut. La lâchant brusquement, il déclara froidement :

« Vous serez plus bavarde devant notre Roi si vous ne voulez pas moisir dans une de geôle ! »

Puis il tourna les talons et s'en alla brusquement. Aerlinn se racla la gorge et fit presque timidement :

« Alexandra, il serait plus sage de ne pas mettre notre roi dans un fort courroux. Je ne sais pas d'où vous venez exactement, mais ici il a tous les pouvoirs.

- Et bien qu'il en use et abuse si il le souhaite. Mais moi la souveraineté, je n'ai rien à lui dire !

- Le Roi Thranduil est juste ! Si vous êtes sincère avec lui, et que vous ne lui donnez aucun mensonge, il saura être indulgent.

- Ouais en gros faut lui manger copieusement dans la main c'est ça ?! Désolée Aerlinn, mais j'ai mené trop de combats pour me laisser impressionner par un roi, aussi elfe soit-il ! Et j'espère vite retourner chez moi, des affaires bien plus urgentes et graves m'attendent ! ».

Alex alla s'étendre sur son lit, tournant le dos à l'elfe blonde qui la regardait, inquiète tout de même pour son devenir. C'est qu'elle s'y était attachée à cette humaine pendant ces quelques jours.

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Sa silhouette délicieuse entra dans la salle du trône, et l'elleth s'inclina gracieusement devant le roi. Celui-ci l'observa, et descendit de son promontoire pour venir à ses côtés. Il ne voulait pas que la conversation soit dite trop fort. Elle baissa les yeux quand il fut devant elle, et il en sourit. Il l'appréciait beaucoup. Elle était discrète et loyale. D'une grande beauté, même parmi les siens, et douée dans presque tous les arts. Il s'étonnait de ne pas la voir encore mariée. Mais cela l'arrangeait, car de temps à autre, il pouvait bénéficier d'autres de ses services. Rarement il était vrai, mais à chaque fois, tous les deux y trouvaient leur compte et leur plaisir. La toisant de toute sa hauteur, il questionna :

« Angrod ma dit qu'il n'avait pas pu découvrir quoi que ce soit, si ce n'est un mauvais caractère bien atypique. Et vous chère Aerlinn, Avez-vous eu plus de chance ?

- Oui Monseigneur, fit l'elleth en hochant gracieusement la tête. D'après elle, elle ne vient pas de ce monde. Elle n'aurait jamais rencontré un des nôtres, je la crois sincère. Son tempérament est peut-être difficile, mais je ne décèle chez elle aucune malice. »

Le Roi Thranduil inclina la tête, et regardant les alentours, il attendait qu'elle continue, car il la connaissait, il savait qu'elle gardait toujours le meilleur pour la fin.

« Cependant, je crains qu'elle ne soit pas juste une femme dans le sens marital du terme. Je crois que de là où elle vient, ou semble penser qu'elle vient, elle est un soldat, ou a une place importante. Elle n'est guère impressionnée par la royauté.

- Tiens donc ? Vous pensez qu'il serait alors peut-être judicieux de lui montrer de quoi la royauté est capable ?

- Je n'en sais rien Seigneur, je ne suis pas tacticienne. Je laisse cela à vos bons soins. Mais, ne soyez pas trop dur avec elle mon Roi, je vous en prie. Car je lis chez elle également une grande angoisse. Elle ne sait réellement pas ce qu'il lui arrive.

- Si elle est une menace pour mon royaume, elle a raison d'avoir peur. Habille-la, prépare-la, je m'entretiendrai moi-même avec elle, dans mon salon privé. Angrod sera là.

- Bien Monseigneur … » fit l'elfe en s'inclinant gracieusement.

Voyant qu'elle partait, Thranduil eut un regard gourmand, et il déclara :

« Cela vous dit de partager le repas avec moi en cette soirée ? »

Les pas d'Aerlinn se figèrent, et se retournant, troublée par sa demande, comprenant parfaitement tous les sous-entendus. Elle répondit d'une voix douce :

« Si cela fait plaisir à sa Seigneurie, oui ».

Puis elle fila et retourna préparer l'humaine pour son futur interrogatoire. Surprise que le roi quémande de l'attention en ce jour. Cela ne faisait pas si longtemps qu'ils avaient partagé leur couche. La venue de cette humaine devait réellement le perturber.

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