L'Aranel et la Malédiction de Melkor

Un Conte de Charles Perrault revisité par...


Disclaimer, résumé, rating, genre et pairing : voir le premier chapitre.

Relectrice : Les chapitres sont relus par Lilou Black.


Note de l'auteur : Voici le troisième et dernier chapitre de ce conte détourné.

Bonne lecture !


L'Aranel et la Malédiction de Melkor

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3

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L'Aranel et le Roi

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Son élan et lui-même mirent autant de cœur à la tâche que s'il avait s'agit de l'un des leurs. Le roi sylvain était réputé pour être tranchant, au cœur aussi noir que l'avait été la forêt qu'il protégeait et pourtant, en ce jour funeste qui aurait du sonner le début d'une longue période de tranquillité, il sentit une nouvelle fois l'étreinte obsédante de la vengeance serrer rageusement sa poitrine. Il n'avait pu sauver les siens, fût un temps, alors il sauverait cette Aranel et montrerait à ce Morgoth que même les simples elfes de la Terre du Milieu savaient se battre. Fort de cette idée, il donna un coup dans les flancs de sa monture pour aller plus vite et...

Se retrouva jeté à bas, son royal séant baignant dans une mare de boue et d'eau décrépie.

— Vif-Argent, à cela, jamais je ne te le pardonnerais, tu seras privé de ton mets préféré et réduit à manger du foin comme n'importe quelle vulgaire monture de peu !

A ces menaces, l'élan toisa son maître avant d'attraper sa cape et de l'enjoindre à se relever. Furieux d'avoir été ainsi humilié, Thranduil mit un moment à comprendre ce que Vif-Argent tentait de lui montrer.

Devant lui se trouvait une sorte de forêt complètement fermée par un tapis de ronces. Sortant son épée de son fourreau, l'elfe se mit à donner des coups secs dans cet amas d'épines pour se frayer un chemin vers l'intérieur.

Ce qu'il découvrit l'emplit d'une telle horreur qu'il mit un moment à pouvoir avancer en amont.

Il s'agissait bien d'une forêt et le mal qui la rongeait était encore plus suintant et pénétrant que celui qui avait gangréné, il fut un temps pas si éloigné que cela, sa propre forêt. Ils l'avaient rebaptisée Mirkwood, la forêt noire, car en son sein étaient nichées les ténèbres puantes de Sauron.

Quelle était donc cette malheureuse forêt qui était, elle aussi, victime de ces ténébreux ?

Fort d'un courage nouveau et poussé par la hardiesse, Thranduil Oropherion continua sa route, son épée en main. Vif-argent était resté en retrait, attendant son maître avec une certaine appréhension.

Comme il s'en doutait, bientôt son esprit fut corrompu par le poison qui émanait des arbres noircis. Cependant, il avait connu bien pire dans sa chère Mirkwood, alors il balaya d'un revers de main l'angoisse, le malaise et les vapeurs malsaines avant de continuer toujours plus loin sans craindre la peur.

Le plus dur était-il passé ? A cela il n'aurait su répondre, mais face à lui, de nouvelles ronces entouraient un nouvel endroit. Toujours de la même manière, il brandit son épée et commença à tailler dans le tas. Seulement, plus il taillait et plus il sentait l'engourdissement le gagner, ainsi qu'une certaine mélancolie.

— Je ne dois point me laisser tromper par ces tours de magie noire venant du fin fond des enfers de Morgoth ! Je suis Thranduil Oropherion! scanda-t-il tout en avançant malgré les morsures des ronces sur son visage.

Il allait donner un nouveau coup d'épée quand il s'aperçut qu'il avait vaincu ces maudites gardiennes d'un mausolée aussi beau qu'il était effrayant.

Avisant les environs, il vit enfin un elfe assis à terre, une épée sur ses genoux. Ce dernier, recouvert de feuilles et de poussière, dormait les yeux ouverts et semblait mettre en garde quiconque troublerait le sommeil éternel de la personne étendue au-dessus de lui.

Fronçant les sourcils, Thranduil avança directement jusqu'à eux. Quand il découvrit la jeune princesse étendue sur son lit d'infortune, son cœur manqua un battement et il se recula comme s'il venait d'être frappé par la foudre.

— Comment est-ce possible ? murmura-t-il. J'ai déjà admiré maintes fois ce beau et doux visage en rêve. Moi qui avait cru à une bienfaitrice illusion dû à trop d'ivresse, je ne puis croire que la douce femme qui hantait mes rêves depuis tant de siècles soit allongée ici.

Mu par un besoin vital, il approcha un doigt de son visage et le caressa comme s'il avait peur qu'il ne s'effrite à son contacte.

— Ô belle et douce Aranel, murmura-t-il, je suis celui qui vient vous sauver de cette terrible malédiction qui vous enchaine, vous et tous ceux de votre royaume. Je vous conjure de vous éveiller car j'ai vaincu le mal de cette forêt.

Un long vent glacé souffla sur le bosquet où se trouvait Thranduil.

— Que crois-tu avoir vaincu, vilain petit vermisseau de la Terre du Milieu ? souffla le souvenir de Morgoth à son visage.

Thranduil recula d'un pas mais ne lui fit pas le plaisir de deux.

— Tu n'es plus, Morgoth, seigneur des ténèbres. Manwë t'a banni, il ne s'agit là que de l'un de tes tours de passe-passe pour te jouer de moi.

La terre se mit à trembler et bientôt, d'horribles cloportes commencèrent à envahir le lieu. Pinçant les lèvres, Thranduil tenta de trouver une nouvelle idée, mais hormis s'emparer de la princesse et l'amener en lieu sûr... Pourtant, plus il la regardait plus lui vint l'envie saugrenue de goûter à ses lèvres... Comme si la solution se trouvait sur ces dernières.

— C'est complètement stupide, dit-il plus pour se convaincre qu'il s'apprêtait à faire quelque chose d'idiot.

Oui, ça l'est, souffla la voix désincarnée du dieu Malfaisant. Que crois-tu y gagner ? La souilleras-tu aussi pour assouvir ce désir qui monte en toi comme un besoin dévorant ?

L'elfe secoua la tête comme pour chasser les idées tendancieuses qui lui venaient à l'esprit.

— Mais que m'arrive-t-il ? Je ne suis pas un monstre dépourvu de valeur. Comment puis-je penser à une telle chose en un tel lieu ?!

Regarde la, continua Morgoth, si belle et désirable, l'Aranel de Valinor, ne veux-tu point goûter à son nectar, toi qui aimes tant te perdre dans l'oubli des bonnes choses ? Souviens-toi que tu as perdu ton cœur et ton âme il y a bien longtemps de cela. Ce que tu veux, tu le prends... Sans attendre ! Prends-la !

Le visage du roi des elfes sylvains se retrouva vite en sueur et une part de lui aspira à ce que lui commandait cette voix insidieuse. Lentement il avança sa main vers la cheville dénudée de la belle endormie.

— Non, c'est faux, hurla-t-il, je ne suis pas comme cela ! Je vaux bien plus et si je suis venu en ces lieux de mauvais augure, c'est pour rompre une malédiction et non pour violenter une innocente endormie ! J'ai beaucoup de défauts, j'ai certes le cœur noir et égoïste, mais jamais je ne m'abaisserais à de telles horreurs !

Tombant à genoux, s'ensuivit pour lui un long combat intérieur qui sembla durer très longtemps. Pourtant, vint un moment où l'elfe se redressa, posant ses deux mains des deux côtés de la causeuse sur laquelle se trouvait la princesse et se pencha vers elle.

Voyant cela, l'esprit de Morgoth crut à une victoire mais il aurait du savoir que jamais un elfe ne faillit à sa promesse.

— Je suis désolé, belle Aranel, je ne sais comment vous sortir de ce sommeil qui ne vous quitte plus, mais au moins puis-je vous ramener auprès des vôtres.

Pour sceller cette nouvelle promesse, le roi baisa tendrement les lèvres fermées de la belle endormie. Se relevant prêt à s'épousseter, il tiqua quand il vit les paupières de cette dernière frémirent légèrement.

Ecarquillant les yeux, Thranduil se mit à genoux devant elle et attendit qu'un autre miracle ne se produise et ce fut le cas car bientôt la princesse ouvrit ses yeux embués de sommeil et tourna sa tête vers lui.

— Bien le bonjour, bel étranger, je ne sais point qui vous êtes, mais à cela peu m'importe.

A ces mots l'elfe émit un doux rire de victoire. Sans le vouloir, il avait réussit à vaincre les ténèbres et sauver, non pas seulement la princesse, mais tout un royaume qui n'aspirait qu'à une vie de paix.

— Je suis Thranduil Oropherion, roi de la forêt de Verte-Feuille, un royaume sylvestre se trouvant en Terre du Milieu.

— Enchantée, cher Thranduil, c'est la première fois que je rencontre un elfe de là-bas.

Avec délicatesse, il enlaça la jeune fille avant de la prendre dans ses bras pour l'emmener jusqu'à son élan.

L'intendant de l'Aranel se réveilla lui aussi et bientôt les ronces et la noirceur de la forêt disparurent pour de bon.

— Il semblerait que vous ayez vaincu la malédiction, messire... dit simplement l'intendant qui suivait Thranduil de près.

— Il semblerait oui, répondit ce dernier qui n'avait d'yeux que pour la belle princesse.

Alors il fut temps de se mettre en route et c'est le cœur léger que le roi des elfes sylvains ramena le bien le plus précieux des Valar dans le doux et beau royaume de Valimar.

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Quelques lunes plus tard, le mariage tant attendu de Thranduil et de l'Aranel fut célébré et des fêtes furent données dans tout le grand royaume de Valimar et bien au-delà.

Thranduil reçut, comme on le lui avait promis, un bout de terre pour s'installer tranquillement, mais les Valar voulurent se montrer encore plus généreux avec lui, ce à quoi le nouveau marié refusa catégoriquement.

— Je me suis noyé sous le poids de la luxure et de mes péchés passés. Ici, j'ai affronté la noirceur du mal, mais aussi mes propres démons et j'en suis ressorti grandi. Je ne veux rien de ce que j'ai déjà. Et se retournant vers sa nouvelle épouse : vous m'avez, de plus, offert le plus précieux des cadeaux.

C'est ainsi que commença la nouvelle vie de Thranduil, ancien roi de la forêt de Vert-bois le Grand renommée Vert-Feuille. Jamais il ne fut plus heureux qu'auprès de son épouse bien-aimée et de leurs enfants. Une histoire qui finissait bien pour tout le monde... Sauf pour Morgoth qui ne dérageait pas de sa nouvelle défaite... Mais cela serait une autre histoire, contée une autre fois.

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*Fin*

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— Dame Galadriel ! Encore ! S'il vous plait ! Un autre conte ! hurlèrent trois enfants à l'adresse de la dame tout habillée de blanc au doux sourire rassurant qui leur faisait face.

— Non, ce sera tout pour cette fois, il est grand temps que vous retrouviez vos parents, dit-elle en voyant le couple qui les épiait depuis un bon moment près de la porte.

Alors chaque bambin vint embrasser l'elfe Ñoldo avant de la quitter dans une envolée de rires cristallins pour retrouver leur père et leur mère qui les attendaient, le regard empli de tendresse à leur égard.

— Mon amour, commença la mère...

— Oui Melleth nín, répondit le père avec douceur tout en surveillant le plus jeune de leurs trois enfants, qui faisait des cabrioles sur le chemin du retour.

— Où a-t-elle été pécher une histoire pareille ?

— De quoi parles-tu ?

— De ce conte... C'est tellement... invraisemblable... Et puis, cela ne s'est pas vraiment passé comme ça...

— Pourquoi pas, j'aime bien le dénouement.

La mère soupira. Jamais elle ne l'aurait avoué mais elle aussi avait bien aimé...Et dans un sens, elle était rassurée de voir que son époux aussi. Galadriel avait caché ses talents de conteuse. Elle était très douée pour faire vivre ses histoires, bien que celle-là soit brodée d'un conte qu'elle avait bien connu autrefois.

Nana*, nana, hurla le plus grand de ces trois enfants, quand je serai grand, moi aussi je sauverai une belle princesse en détresse et je tomberai amoureux d'elle comme vous êtes tombé amoureux l'un de l'autre !

Un peu plus loin, sa sœur se mit à rire, se moquant de lui.

— Fillette, fillette tu n'es qu'une mauviette !

Les deux époux émirent un rire à l'unisson... Décidément, ils n'avaient jamais été aussi heureux que maintenant et leur histoire, certes, était loin d'être un conte de fée mais elle était la leur et il la chérissait plus que tout.

FIN


Annotations

- Nana : maman en Sindarin — Naneth (Mère).

- Je me suis inspirée librement du conte sans pour autant vouloir faire du copié/collé. Je voulais lui donner une toute autre dimension en y insérant un peu l'univers mythique de Tolkien.

- Comme je le disais précédemment, cette histoire fut écrite à Noël dernier et fait référence, en plus du conte de "La Belle au Bois Dormant" que vous avez toutes et tous reconnu, à mon autre fanfiction : Une Quête Ratée. C'est la première fois que je détournais un conte et j'en suis assez contente et satisfaite.

- Aranel : n'est pas un prénom mais une dénomination. Il signifie "Princesse" en Quenya (le Haut-Elfique).