La nuit avait été bien courte, à mon grand regret. Sans surprise, Hiyori s'était réveillée la première. Elle se levait dès les premiers rayons de soleil et ne pouvait jamais rester en place. Mashiro, quant à elle, n'avait daigné ouvert les yeux qu'une fois qu'Hiyori l'eut poussée en dehors du lit. J'étais bien reconnaissante envers moi-même de ne pas être aussi difficile à réveillée que Mashiro, car j'aurais sans aucun doute connue le même sort si je n'avais pas ouvert les deux yeux dès les premiers cris de mon amie. Aucune chance qu'elle garde son calme plus de deux minutes, surtout avec la discussion que nous avions eu durant la nuit.

Nous ne les avions pas vue depuis près de deux mois. Je n'avais pas été si étonnée lorsque Kisuke s'était pointé la veille, malgré le temps que cela avait prit avant qu'une telle nouvelle nous parvienne. Il y avait bien plus important à régler suite à la bataille de Karakura que notre permission de voyager comme nous le voulions entre les deux dimensions. Les trois capitaines étaient venus quelques fois à Karakura, restant au magasin de bonbons du shinigami exilé, mais nous n'avions jamais cherché à reprendre contact. Je soupçonnais Rose et Love de s'appeler et je me doutais bien que Kisuke donnait de nos nouvelles aux trois idiots, mais je ne pouvais pas leur reparler tant qu'Hiyori et Mashiro n'avaient pas accepté la situation. Hacchi avait malencontreusement été présent à l'une des visites de Shinji et la blondinette ne lui avait pas parlé pendant près d'une semaine. Je ne voulais pas subir le même sort pour un imbécile qui n'en valait même pas la peine.

Beaucoup pourrait se demander pourquoi je leur tenais rigueur d'avoir repris leur poste de capitaine. Pourtant, je ne leur en voulais aucunement pour cela. Je n'étais d'ailleurs pas en colère contre Rose. Il ne souffrait de tout cela qu'à cause de Shinji et de Kensei. Leur cas était différent. Ils avaient laissé derrière eux deux personnes qui se reposaient toujours sur leur personne en cas de problèmes. Chaque fois que Mashiro s'était recroquevillé dans une chambre pour pleurer silencieusement parce qu'elle s'ennuyait de son ancienne vie, il n'y avait que Kensei qui pouvait la faire rire. Et je ne comptais plus les fois où Hiyori s'était posé sur le toit pour maudire tous les shinigamis. Je ne comptais plus les fois où je la voyais détruire un mur sous l'effet de la colère. Et chaque fois, seul Shinji avait été en mesure de la calmer. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait été celle qui avait pris le plus de temps à maîtriser son hollow intérieur. Elle avait tant d'émotions qui se bouleversaient en elle et la rage dominait, faisant d'elle une proie facile pour quelqu'un qui était littéralement dans son esprit. Sans Shinji, je ne pouvais même pas être certaine qu'elle ait tenue le coup.

Je voyais Mashiro faire ses sacs, prenant bien plus que le nécessaire. Elle en profitait pour apporter quelques effets personnels de Kensei, bien que ceux-ci aient pour la plupart subis un mauvais traitement les premiers jours suite à leur départ. Hiyori, quant à elle, faisait les cent pas. Elle regrettait déjà sa décision. Un instant, l'incertitude la faisait douter de vouloir venir, puis l'instant d'après, l'idée de frapper Shinji devenait suffisamment intéressante pour la convaincre de venir, bien que je doutais qu'elle ne disait cela que pour cacher le fait qu'elle s'ennuyait réellement de lui. Éventuellement, Mashiro eut terminé de ranger ce qu'elle voulait apporter. J'avais bien sûr dû l'empêcher de partir avec la moitié des biens que nous possédions. Vraiment, elle s'imaginait que tout dans l'entrepôt lui appartenait. Nous n'avions déjà pas beaucoup de choses, alors inutile de lui donner ce dont elle n'avait nullement besoin.

Love et Hacchi n'avaient pas voulu suivre. Ils nous avaient sourit, puis nous avait dit de proposer aux trois capitaines de revenir avec nous pour quelques heures. Le premier étant déjà en contact avec Rose, il ne se sentait pas aussi pressé de les revoir en sachant qu'il les reverrait bien rapidement. Après tout, après avoir passé deux mois sans nous voir, je doutais qu'il reste bien longtemps sans venir à Karakura. Pour ce qui était d'Hacchi, il ne les avait pas vue depuis si longtemps et il avait de toutes façons déjà prévu quelque chose avec Tessai pour la journée. Je me doutais bien que cela concernait le kido, mais je ne cherchai pas à en savoir plus. Il nous accompagna bien sûr jusqu'à la boutique de Kisuke, puisque sa destination était au final la même.

Hiyori avait tourné trois fois les talons durant le trajet et il nous avait fallu l'attendre, mais finalement, elle nous avait accompagné jusque-là. Elle n'avait pas attendu une seconde pour frapper son ancien capitaine, à son grand étonnement - et au mien. Kisuke n'avait pas vraiment eu à chercher et seule notre présence suffit à lui faire comprendre ce que nous venions faire. Il nous avait fait signe et sans attendre, nous nous étions dirigé au sous-sol. Lorsque le portail s'était ouvert, j'avais inconsciemment retenu ma respiration. Je n'avais pas vue la Soul Society depuis si longtemps. Un instant, j'avais craint de moi-même me laisser aller à la panique, mais lorsque Mashiro et Hiyori prirent chacune l'une de mes mains sous le coup de la nervosité, j'inspirai un bon et me décida à reprendre mes esprits. Elles avaient besoins de moi. Je ne pouvais pas me permettre de m'enfuir. Je ne pourrais pas me pardonner de les abandonner à mon tour.

Nous nous dépêchâmes à passer le portail. Je ne déposai pas un pied au sol une fois de l'autre côté que déjà, Hiyori était pétrifiée. Nous étions à l'entrée de la Soul Society. Il n'y avait aucun shinigami à l'horizon. Mashiro tremblait et je remarquai qu'elle n'était pas la seule. Nous étions toutes trois en état de choc.

- Nous y sommes, fut ma seule réponse.

Je dus les tirer de force pour qu'elle me suivre. Mashiro se rongeait les ongles et Hiyori regardait dans toutes les directions, prêtes à se battre en cas d'attaques. Nous passâmes finalement dans les rues de la treizième division, quelques shinigamis passant et nous regardant étrangement lorsqu'ils nous voyaient. Après tout, nous portions de biens étranges vêtements, mais aucune alarme n'avait été donné, alors nous pouvions très bien avoir reçu la permission de venir et ils n'avaient donc aucun droit de nous interdire le passage. Je fus soulagée que la petite blondinette à mes côtés se retienne de dégainer son zanpakuto, car cela ne se serait pas aussi bien passé.

Nous avançâmes peu à peu dans les divisions, n'utilisant pas du déplacement éclair auquel nous étions pourtant habitué. Plus nous avancions, plus les deux ralentissaient, effrayées de les revoir. Je les sentais toutes deux retenir leur énergie spirituelle du mieux qu'elles le pouvaient et je faisais l'effort d'en faire de même. Si un seul des Vizards sentaient notre présence, il n'hésiterait pas à venir jusqu'ici pour voir s'il avait raison. Elles n'avaient pas besoin de cela. Je voulais les laisser aller à leur rythme.

Étrangement, nous ne nous perdîmes pas. Les lieux semblaient si familier et ils l'étaient, au fond. Rien n'avait changé. J'avais passé tellement de temps ici et je n'en avais rien oublié. J'aurais pus avancer les yeux fermés tant l'endroit m'était connu. La neuvième division ne fut pas bien longue à rejoindre et je vis Mashiro se figer une fois devant.

- Peut-être que c'est une mauvaise idée. Et s'il me renvoi à Karakura ? paniqua-t-elle.

- S'il fait ça, je le tue, affirmais-je. Il ne mérite même pas que tu ait fait tout ce chemin pour lui, alors s'il veut un jour remettre les pieds à l'entrepôt, il ferait bien de ne pas te retourner. Et sérieusement, Mashiro... Il n'y a aucune chance qu'il te dise de partir.

Hiyori ne rajouta rien, complètement perdue dans ses pensées. Elle était aussi apeurée que Mashiro et cela se voyait bien. Je déposai une main sur l'épaule de cette dernière, cherchant à la rassurer.

- Voudrais-tu que l'on t'accompagne jusqu'à l'entrée ? demandais-je.

Elle sembla réfléchir, mais finalement, elle secoua négativement la tête, déterminée. Elle s'avança et nous restâmes là à la regarder. Lorsqu'elle put enfin entrer dans les quartiers de la neuvième, elle nous jeta simplement un regard, puis entra. Après quelques secondes, Hiyori et moi prirent la direction de la cinquième. Nous arrivâmes éventuellement à celle-ci, la petite blondinette serrant des poings une fois devant la porte. Je n'eu cependant le temps de rien dire, ni même de comprendre que déjà, elle avait disparu. Je n'eu même pas besoin de lever les yeux pour savoir qu'elle se trouvait sur les murailles empêchant quiconque d'entrer dans les quartiers de la division. Elle libérait tellement d'énergie spirituelle qu'elle en aurait pétrifié bien plus d'un si de faibles shinigamis avaient été dans les parages. Aucune chance que cela n'échappe à Shinji.

Je soupirai. Je n'avais visiblement rien à faire ici non plus. Je ne voyais qu'une seule chose à faire pour moi. Sans attendre, je pris la direction de la troisième division.

Cela faisait plus d'une heure que j'étais avec Rose. Nous parlions de tout et de rien, alors que son vice-capitaine était silencieux, à nos côtés. Il travaillait calmement, ne cherchant pas vraiment à faire partie de notre conversation et je ne m'en préoccupais pas plus que cela. J'étais venue voir mon ami et non ce shinigami que je ne connaissais pas. Rose et moi avions beaucoup à rattraper et après lui avoir fait un résumé de ce qui nous avait toutes trois emmenées à la Soul Society, nous avions enfin pus nous concentrer sur des conversations plus futiles et plus légères. Je ne lui avais pas parlé ainsi depuis bien longtemps et je devais dire que cela me faisait du bien. Malheureusement, nous savions tout deux que ce calme ne durerait pas et bien vite, des cris retentirent dans les couloirs de la troisième division.

Je trouvai bien amusant de voir le lieutenant de Rose sursauté à l'entente des cris. Pour ma part, je ne fis que soupiré et le capitaine afficha un énorme sourire. Ces cris, nous ne les avions pas entendu depuis si longtemps. Deux mois étaient peut-être courts pour des personnes qui vivaient plus d'une centaine depuis bien plus d'une centaine d'années, mais après avoir enduré ces bagarres pendant plus d'un siècle plusieurs fois par jour, ne rien entendre durant si longtemps était bien plus que perturbant. Qui plus est, cela était signe que malgré tout, nous restions une famille et que nous pourrions enfin nous revoir bien plus souvent, ce qui était quelque chose qui nous soulageait énormément. Personne ne supportait l'idée d'être séparé de façon définitive et j'étais rassurée d'entendre les pleures de Mashiro, les grognements de Kensei, ainsi que les cris de douleurs et de colères de Shinji et Hiyori qui le battait sans doute à gros coups de sandales.

- Tu n'es qu'un idiot, Ken-chan ! Un idiot ! Méchant ! Je te déteste...

-Mashiro, tais-toi !

Les portes ouvrirent en un fracas, laissant entrer Hiyori et Shinji, qui s'écroula au sol. Il sembla étourdit et je n'eu aucun mal à comprendre qu'un coup de sandale avait permi à la petite blondinette d'utiliser le capitaine comme projectile sur l'entrée. Je me retins de rire, regardant l'énorme marque rouge sur le front du blond, alors que Rose secouait la tête.

- Alala ! De vrais enfants !

J'acquiesçai à ses propos, entièrement d'accord. Pourtant, nous ne pouvions nous empêcher d'être heureux. Après tout, les Vizards étaient tout ce que nous avions depuis plus de cent ans et ne perdent ne seraient-ce que l'un d'entre nous n'était tout simplement pas acceptable. Nous étions une famille, que cela plaise ou non et rien, RIEN ne viendrait à bout de ce qui nous liait tous.