Salut les poilus !

Voici le troisième OS de ce qui commence à devenir un ridicule recueil d'Halloween ! (En juin. Cherchez l'erreur.) Et notre couple à l'honneur cette fois-ci, per request de MlleMau, est le... *roulement de tambour* Elrond x Lindir ! *clap clap clap* (Je fais même les bruitages.)

Note : j'ai envie de changer le titre. Ça vous dirait que je change le titre ? J'ai envie de mettre un truc d'Halloween romantique, genre, "L'amour brille sous les (é)toiles d'araignées". Ça roxx non ? Non ? Non. Ok.

Bref. Bonne lecture !


.oOo.

Depuis qu'il était arrivé, environ une demi-heure plus tôt, à la fête d'Halloween organisée par les frères Fundinson, Lindir se posait une question extrêmement importante.

Mais qu'est-ce que je fous ici ?

Balin, qui travaillait dans la même société de publication que lui, l'avait gentiment invité quelques jours plus tôt, alors qu'ils s'étaient rencontrés près de la photocopieuse. Lindir avait songé à tout un tas de raisons de refuser – dont la plus importante de toutes était qu'il était déjà invité à la fête de Glorfindel, un de ses anciens camarades de lycée, et être invité par Glorfindel, c'était un peu comme être invité par Dieu, ou par Benedict Cumberbatch. Ça ne se refusait pas. De plus, Elladan et Elrohir y allaient aussi, et une soirée où se trouvaient Elladan et Elrohir n'était jamais une soirée ratée. Il allait donc exprimer à voix haute (mais poliment) ses hésitations, mais pile alors qu'il ouvrait la bouche, Monsieur Elrond était apparu à côté de lui, et toutes les pensées de Lindir s'étaient évaporées de sa tête comme de l'eau jetée sur une plaque brûlante.

Balin, toujours aimable, en avait bien sûr profité pour l'inviter aussi – ce qui n'avait certainement rien à voir avec le fait qu'il était leur chef de section et qu'il était bon de se montrer un peu lèche-bottes parfois.

Et finalement, voilà ce qu'il foutait là, mal à l'aise dans son costume de vampire, avec triple couche d'eye-liner et fausses dents ensanglantées en plastique. Il était là pour Elrond Peredhil, et personne d'autre.

Lindir avait commencé à travailler dans la même société qu'Elrond trois ans auparavant, lorsqu'il était sorti de l'université, son inutile diplôme de littérature médiévale en poche ; mais son obsession à l'égard de l'homme datait de beaucoup plus longtemps. En fait, elle datait du collège, et plus précisément du jour où Elladan et Elrohir, de quatre ans plus jeunes que lui, l'avaient fait tomber dans la cour de l'école et lui avaient cassé le bras. Il avait été emmené à l'hôpital, et Elrond était venu lui rendre visite dans sa chambre d'hôpital avec ses deux fils afin de les forcer à s'excuser. Fasciné par le magnifique visage de leur père, Lindir n'avait pas entendu un seul mot de leurs excuses.

Par la suite, il était devenu ami avec les jumeaux (non sans quelques petites arrière-pensées) et n'hésitait pas un instant à aller leur rendre visite chez eux quand c'était possible, si ça pouvait lui permettre d'apercevoir Elrond.

En résumé, ça faisait presque onze ans qu'il se consumait d'amour pour le père de ses deux meilleurs amis. Après tout, quoi ? Il n'avait que vingt ans de plus que lui, et il était veuf. C'était envisageable.

Imbécile, imbécile, imbécile.

Il savait parfaitement qu'Elrond ne le verrait jamais autrement que comme un enfant. Oh, l'homme avait de l'estime pour lui, c'était certain, et du respect, qu'il avait durement gagné en empêchant Elladan et Elrohir de commettre toutes les pires bêtises imaginables au fil du temps. Il avait même l'audace de croire qu'Elrond l'aimait comme un fils, lui aussi.

Mais c'était tout le problème.

- Lindir ? s'exclama une voix enthousiaste – et Lindir se retourna vers sa propriétaire, la petite Arwen, dix ans. J'adore ton costume !

Oh. Arwen était là. Ce qui voulait dire que...

- Bonsoir, Lindir, dit une voix grave derrière Arwen. Joli costume.

Il fallut tout l'empire que Lindir possédait sur lui-même pour ne pas faire tomber la flûte de champagne qu'il tenait dans ses mains (qui n'était pas sa première, loin de là, et qui ne risquait pas non plus d'être sa dernière).

- B... Bonsoir, monsieur Peredhil.

Il était beau. Même habillé en empereur romain, toge blanche et ceinture rouge, couronne de laurier posée sur ses cheveux noirs. Il semblait sorti d'une gravure d'art. Lindir vida sa coupe d'un coup.

- Nous en avons déjà parlé, Lindir, répondit l'homme (dieu qu'il était beau!) en fronçant ses admirables sourcils noirs. Elrond, sinon, ça me vieillit de dix ans, et dieu sait que je n'en ai pas besoin.

- E... Entendu, m... monsieur Elrond...

- Elrond tout court.

- ...Oui...

Pendant ce temps, Arwen jouait à s'enrouler autour de ses jambes, un loisir que pour une raison inconnue elle appréciait particulièrement, jusqu'au moment où elle repéra quelqu'un dans la foule et s'arrêta net, le visage rouge écrevisse. Elrond haussa un sourcil. (Un magnifique sourcil.)

- Arwen ?

- P... Papa, est-ce que je peux aller jouer avec Aragorn ?

Lindir leva les yeux – effectivement, un peu plus loin, se tenait un joli garçon brun d'une quinzaine d'années, en train de rire avec ses amis, dont l'un était douloureusement blond et l'autre d'un roux flamboyant. Lindir ne les connaissait pas personnellement, mais Elrond lui avait parlé d'Aragorn, l'adolescent qui allait au même cours d'escrime que sa fille, et dont elle était très amoureuse.

Elrond hocha magnanimement la tête, et Arwen lâcha d'un coup les jambes de Lindir pour se précipiter vers son amoureux – laissant le jeune homme en tête avec son amoureux à lui.

- Tu n'as pas l'air de vraiment t'amuser, fit remarquer Elrond avec son inimitable haussement de sourcil malicieux.

Lindir haussa vaguement les épaules, baissant les yeux vers sa flûte et s'étonnant de la trouver vide. Évidemment qu'il ne s'amusait pas, il ne connaissait presque personne, dans cette fichue fête. Il aurait tout de même dû aller à celle de Glorfindel – Elrond n'y était pas, mais au moins, il y aurait retrouvé ses amis, il se serait amusé.

Quoique. À tous les coups, il aurait bu comme un trou, et aurait encore passé toute la soirée à pleurer en parlant d'Elrond à Glorfindel et aux jumeaux – qui savaient tous à quel point il était dingue de lui, car Lindir parlait (et pleurait) beaucoup quand il buvait.

Et d'ailleurs, s'il ne voulait pas trop en dire ce soir, il était préférable qu'il freine un peu ; il sentait qu'il commençait déjà à atteindre les limites de sa lucidité. Plus une goutte d'alcool, c'était préférable.

- Vous voulez une flûte de champagne ? proposa-t-il à Elrond. J'allais m'en resservir une.

Et merde.

Le beau sourcil remonta encore plus haut sur le front débordant d'intelligence, et Elrond inclina la tête majestueusement, une ombre de sourire au coin des lèvres.

Ils se dirigèrent vers la table aux alcools, Lindir faisant de son mieux pour ne pas tituber, et Elrond adressant en passant un petit signe de tête imperceptible à leur collègue Thranduil Oropherion, qui avait l'air d'être en train de draguer sans scrupules un garçon blond habillé en Cendrillon, encore plus jeune que Lindir lui-même.

Bordel, si seulement Elrond pouvait manquer de scrupules, lui aussi !

Un peu découragé, il siffla en vitesse une coupe de champagne ramassée sur le bord de la table, avant d'en tendre une à Elrond et d'en reprendre une autre pour lui.

Quinze minutes plus tard à peine, alors qu'ils ne faisaient que discuter tranquillement, il sentait déjà l'envie de pleurer lui brûler la gorge, et il serra les dents – et voilà. Il avait dépassé la limite autorisée. Il avait trop bu. Et dieu seul savait ce qui pourrait se passer maintenant.

- Lindir ?

La voix douce d'Elrond interrompit ses pensées qui prenaient un tour lugubre, et il leva les yeux vers lui, la gorge serrée.

- Oui ?

- Tu pleures, fit remarquer Elrond.

Son doigt (pardon, son magnifique doigt) se leva pour aller essuyer du bout de la phalange la larme qui roulait sur sa joue, et Lindir se figea. Oh shit.

- M... Mince, balbutia-t-il tout en sentant un nouveau stock de larmes se former derrière ses yeux. J... J'ai l'alcool triste, et... J... Je suis désolé, je voulais pas...

- Quelque chose ne va pas ?

Deux nouvelles larmes dégringolèrent de ses paupières, et Lindir essaya malgré tout de faire de son mieux pour sourire (sans trop y réussir, il fallait bien l'avouer), répondant d'une voix qui se brisait tous les trois mots :

- N... Non non, tout va bien, je vous le promets... Tout va bien, c'est juste que... ça me rend triste...

- Quoi donc ?

Oh non. S'il lui tirait les vers du nez, ce serait la fin de tout. Il avait déjà l'habitude de tout raconter lorsqu'on ne lui demandait rien, alors si en plus on lui posait des questions, c'en était fini de son tragique secret.

- N... Ne demandez pas, s'il vous plaît, vous n'avez v-vraiment pas envie de savoir... Après tout, ça vous concerne d-directement...

Oh shit. Shit. Shit !

Le pire, c'était peut-être d'assister aux dégâts tout en étant absolument incapable d'y faire quelque chose – c'était comme si tout son self-control avait dégagé et laissé les commandes à son émotivité.

D'accord, après ce soir, il arrêtait de boire, promis.

- Je crois que je sais déjà, murmura Elrond.

- ... Hein ?

L'instant d'après, les (sublimes) lèvres de son chef se posèrent sur les siennes, et le cerveau de Lindir s'arrêta. Tout comme son cœur. Tout comme ses poumons.

Ok – il devait être mort et avoir atterri au paradis, c'était pas possible autrement. Elrond ne pouvait pas être en train de l'embrasser. Pas vrai ?

Mais ses lèvres avaient l'air bien réelles. Et son odeur, l'odeur de sa maison, à la fois sucrée et acidulée comme des bonbons, était bien réelle aussi. Et sa main, celle qu'il posa doucement sur sa joue encore humide de larmes, celle-là aussi était bien réelle.

Tout était trop réel pour que ça ne le soit pas.

C'était un baiser très chaste, juste des lèvres contre des lèvres, mais Lindir regretta fabuleusement le moment où Elrond se recula.

- M... Mais..., balbutia-t-il, perdu. Mais je... Comment...?

- Je te connais depuis tes quatorze ans, répondit Elrond. Je le savais bien. Et puis, Elladan et Elrohir ne se sont pas gênés pour me le dire.

- O... Oh mon dieu. Je... J'ai besoin d'un verre. Oh god.

Il tendit le bras vers une nouvelle coupe de champagne, arrêté sur le champ par la main puissante d'Elrond qui lui saisit le poignet.

- Plus d'alcool, dit-il d'une voix douce.

- Mais vous êtes au courant.

- Depuis longtemps, admit Elrond avec un petit rire. J'étais persuadé que c'était un amour de collégien, que ça finirait par passer avec le temps. Mais ça ne passe pas, hein ?

- ...Non... Ça ne passe pas, non...

- En effet. Je m'en rends compte à chaque fois que je te croise au travail...

Oh doux seigneur. Il savait. Depuis si longtemps.

Tout bien considéré... C'était peut-être le moment de tenter quelque chose. Et l'alcool était là pour lui donner du courage. Il ne fallait pas laisser passer cette occasion.

Allez, Lindir ! Banzai !

Il prit une profonde inspiration.

- Écoutez, Elrond... Je sais que vous me voyez comme un enfant, mais... J'ai vingt-cinq ans, maintenant.

- J'en ai vingt de plus que toi.

- Où est le problème ? s'exclama Lindir un peu plus violemment qu'il ne l'aurait voulu. Ça ne me dérange pas.

Dans un élan d'audace qui l'étonnait lui-même, il fit glisser son poignet hors de la prise d'Elrond, et saisit ses doigts entre les siens.

- Ça ne me dérange absolument pas.

- Comment est-ce que c'est possible que ça ne te dérange pas ? demanda Elrond, l'air un peu rêveur. Je pourrais être ton père...

- Vous ne l'êtes pas.

Heureusement, d'ailleurs.

- Je suis le père de tes deux meilleurs amis.

- Qui sont parfaitement au courant, comme vous l'avez fait remarquer. Écoutez... Je sais que c'est une situation un peu inhabituelle, mais... on ne choisit pas de qui on tombe amoureux. Est-ce que c'est si improbable que ça, pour vous ?

- ...Non, finit par répondre Elrond après un long silence.

Éberlué, Lindir le vit entrelacer ses doigts avec les siens, et l'homme ajouta :

- Si on choisissait de qui on tombait amoureux, je ne serais même pas ici ce soir. Je suis venu pour toi.

Oh. Oh god. Alors là, il devait définitivement être mort et avoir atterri au paradis. C'était juste impossible autrement.

- P... Pour moi ?

- Oui.

Elrond ne prit pas la peine de développer – simplement, il se pencha à nouveau, et embrassa une deuxième fois Lindir, tout aussi tendrement que la première ; et Lindir eut l'impression que toute son âme était concentrée dans ses lèvres, pendant quelques brèves secondes, avant qu'Elrond ne se recule à nouveau.

- Oh mon dieu, murmura Lindir. Alors... V... Vous... Vous voulez bien... Vous acceptez de...

- On peut voir ce que ça donne, répond Elrond, très bas. Si tu en as envie.

- Si j'en ai...? Vous rigolez ? J'en ai envie depuis que j'ai quatorze ans !

Elrond se mit à rire, et cette fois, ce fut Lindir qui leva la tête vers lui pour lui subtiliser ses lèvres ; et cinq secondes plus tard, lorsqu'Elrond murmura : « Et si tu enlevais les fausses dents, maintenant ?», Lindir s'empressa de s'exécuter, enfouissant la prothèse de plastique tout au fond de la poche intérieure de sa cape – et Elrond se remettait à l'embrasser.

Finalement, il changeait d'avis. Cette soirée était parfaite.

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Et voilà mes roudoudous. Ça vous a plu ? Si vous avez envie d'autres pairings, suggérez, suggérez ! Sana est à l'écoute au 0800 801 064. (Si tu reconnais ce numéro de téléphone sans tricher, ça veut dire que tu passes trop de temps devant la télé.)

Merci à tous mes adorables reviewers du chapitre 2, MlleMau, Erika Nathaniella, Zazaaaah, Nalou, Aliena Wyvern, Flo'w Tralala, Amelia theFujoshi, Ongi-chan, Julindy, justelaura, et enfin toi, guest anonyme (de rien, c'est un plaisir ! Fili et Kili se sont imposés en princesses directement... Oh ! Tu supportes pas Thranduil ! Comment se peut-ce? Mais je suis comme toi, ce couple me... fait bizarre. XD)

A la prochaine !