Disclaimer : Les personnages d'Hetalia appartiennent à Hidekaz Himaruya
Rating : M, et il n'est pas là pour décorer. Le sujet est assez… grave. Il y a des thèmes abordés lourds. Après tout… ça parle d'un homme dans un hôpital psychiatrique, avec tout l'état mental que ça implique.
Pairing : Russie/États-Unis
Notes : Alors… je sais que je n'ai pas encore fini Just the way you are mais… j'ai commencé cette fic et elle me tient à cœur. Beaucoup. Énormément, même. J'ai déjà deux chapitres d'avance, donc je ne pense pas prendre trop de retard dans la publication, même si on sait jamais. En tout cas je suis très motivée pour celle-ci. Je fais beaucoup de recherches et j'ai… disons quelqu'un qui me fait part de son expérience personnelle pour certains éléments abordés dans cette fic.
Je préfère prévenir : le rating n'est pas là pour faire joli, ça va être psychologique, comme fic. Mais elle m'importe beaucoup.
C'est sûr que c'est la première fois que j'écris quelque chose de semblable, je suis plutôt abonnée à la guimauve normalement… mais ça, il y en aura, c'est indissociable de mes histoires où il y a de la romance, je crois ! :p
Alfred sera peut-être un peu OOC, disons que ça sera peut-être moitié-moitié, mais c'est pour les besoins de la fic, je dois dire.
Je ne sais que dire de plus… je compte mettre des notes, apporter des précisions en fin des chapitres, pour ceux que ça intéresserait, et pour préciser certaines choses. Bonne lecture à vous !
Je dédicace cette fic à Linsy, ma meilleure amie. Cette histoire est pour toi !
Prologue
Ivan était seul dans sa chambre aux murs blancs. Il s'était réveillé peu de temps auparavant, et contemplait son visage dans le miroir. Distraitement, il saisit l'une de ses mèches gris terne et tira légèrement. Elle chatouillait son nez. Peut-être devrait-il demander un coiffeur ?
Les orbes d'un étrange violet croisèrent leur reflet. Cela faisait bien longtemps que plus aucune lueur ne les animait. Son regard glissa sur son nez, qu'il trouvait autrefois trop gros, mais qui à présent ne revêtait plus aucune importance quelconque, puis il fit un pas en arrière.
Les gens l'avaient toujours trouvé trop grand, lui qui ne devait pas être bien loin des deux mètres, et étaient généralement effrayés par sa carrure, ses bras bien musclés. Pourtant, bien que sa stature restait impressionnante… Ivan avait comme fondu.
Il n'avait jamais été très extraverti, mais cette étincelle enfantine qui lui donnait un sourire de gamin, autrefois, avait disparu. Seul un air vide demeurait. Calme. Placide. Et, en le regardant un peu trop longtemps dans les yeux, on aurait peut-être pu déceler quelque chose comme du désespoir ou de la résignation.
Depuis combien de temps vivait-il dans cette chambre aux airs de cellule ? Il n'arrivait pas à s'en souvenir. Il fallait dire que la mémoire n'allait pas très bien avec ses problèmes. Ses souvenirs lui échappaient régulièrement, comme l'eau qui ruisselle entre les doigts sans que l'on parvienne à la retenir.
Alors qu'il regardait justement ses mains, imaginant les souvenirs remplacer l'eau imaginaire, il vit son poing se crisper. Ivan releva la tête et son cœur s'accéléra.
Il était de retour. Avec son sourire effrayant. Malsain, fou, sadique. Ses yeux écarquillés de psychopathe. Il sentait l'envie de violence inassouvie repointer le bout de son nez, prête à l'envahir, le posséder et le dévorer.
L'homme plaqua aussitôt sa main crispée sur sa tête et ferma fort les yeux, un rictus déformant son visage.
Reculant, il trébucha et tomba lourdement au sol. Il s'y recroquevilla en position fœtale, la respiration difficile, les mains serrées sur ses cheveux à lui faire mal.
« Va-t-en ! Va-t-en ! Laisse-moi tranquille ! » hurlait-il intérieurement.
Il lutta de longs instants contre cette pulsion, se débattant contre lui même, les joues ruisselantes de larmes. Lentement, elle repartit, le laissant pantelant sur le sol. Encore une nouvelle crise d'angoisse. Avant, il n'avait même pas conscience de lui. Pas conscience qu'un tel changement pouvait se produire. Mais avec le temps, il avait appris à le repérer. Il avait peur des miroirs, mais ils lui étaient nécessaires. Il voulait lutter, il le devait, même si la plupart des médecins avaient abandonné, jugeant son cas trop grave, sa maladie irréversible.
La porte s'ouvrit alors, sur une infirmière en blouse blanche, apportant un plateau avec un verre d'eau et plusieurs cachets.
-J'apporte votre traitement matinal avant le petit-déjeuner, monsieur Braginsky.
Il se redressa pour la regarder. Les infirmiers avaient l'habitude des patients qui se roulent par terre, alors le voir recroquevillé n'avait eu aucun effet sur elle.
Ivan la détailla de ses orbes améthystes. Dans la quarantaine, pas particulièrement jolie ou laide. Banale. Les cheveux bruns attachés en queue de cheval. Les yeux bleus, cernés. Une infirmière parmi tant d'autres. Retenant un rictus, il alla s'asseoir sur son lit et lorgna le plateau qu'elle posa sur la table, à côté. Elle ne repartirait pas tant qu'il n'aurait pas tout avalé. Le patient eut un reniflement un peu méprisant.
Ces médicaments allaient juste faire de lui un légume pendant quelques heures, le rendant plus facile à gérer, à faire manger.
L'hôpital psychiatrique n'était qu'une farce, prétendant soigner les gens s'y trouvant. En réalité, les médicaments étaient en soi pires. Les antidépresseurs changeaient une personne à vie, et certains avaient un effet désastreux sur le mental et l'organisme. En plus d'être addictifs.
Au moins, lorsqu'il se saoulait à la vodka, il ne faisait pas passer ça pour un quelconque médicament.
De nouveau, la pulsion chercha à s'emparer de lui, il ne résista pas.
D'un grand mouvement de bras, il balaya le plateau. Un bruit de verre brisé retentit, et Ivan se leva, chargeant son regard plein de haine sur l'infirmière.
Il lut la peur dans ses yeux. Le grand russe avait envie de la frapper, de faire disparaître cette lueur, mais l'autre lui voulait juste se tenir loin des médicaments. Il était son démon, mais aussi sa protection. Quel était le pire, au fond ? Son enfer personnel, ou l'enfer, bien réel, qui portait le nom d'hôpital ? Ivan ne le savait pas encore.
L'infirmière, les jambes tremblantes, recula.
-J-je vais devoir en référer aux médecins ! balbutia-t-elle d'une voix trop aiguë.
-Où est-il ? demanda Ivan après avoir repris le contrôle de lui-même.
-Q-qui ça ? couina-t-elle.
-Le médecin. MON médecin, répondit-il calmement.
-E-en vacances…
-Quand revient-il ?
-U-u-une semaine, m-monsieur…
Ivan se rallongea alors sur le lit, comme si rien ne venait de se passer, et l'infirmière repartit en refermant bien la porte derrière elle, tétanisée de ce brusque changement d'humeur.
Elle ne devait pas encore avoir été confrontée avec un patient souffrant de Trouble Dissociatif de l'Identité*.
C'était cela, son diagnostique. Il y avait normalement des moyens de guérir cela, mais selon les médecins c'était trop grave chez lui, trop présent.
Il ne lui restait plus que le traitement contre sa dépression, lorsqu'il était arrivé. Ce nouveau médecin.
Ivan se souvenait parfaitement de sa venue, c'était l'un des seuls souvenirs parfaitement clairs dans sa mémoire. Il était arrivé. Comme ça. Sans signe avant coureur. Le jour précédent il n'était pas là, puis il était arrivé dans sa chambre sans que personne ne l'en ait averti.
Il avait un de ces sourires, ce médecin. Un peu naïf, niais, voir ahuri parfois. Mais un vrai sourire, et une étincelle de malice enfantine dans le regard. Il détonnait au milieu des patients cinglés ou vides, et des médecins aseptisés qui semblaient n'avoir aucune âme.
Il parlait fort, rigolait fort et beaucoup, sentait le fast-food et parlait à la fois à lui, et à son autre lui. Comme ça, sans aucun problème, tranquillement.
Il lui donnait des placebo à la place de son lourd traitement contre sa dépression et s'occupait énormément de lui.
Ivan ne savait pas pourquoi, mais tout d'un coup, son univers avait semblé se remettre en marche, ce qu'il n'avait pas fait depuis très très longtemps. Comme si ce médecin représentait vraiment quelque chose, et pas seulement l'espoir de s'en sortir. Comme si sa luminosité intérieure était contagieuse.
Lorsqu'il était avec lui, dans sa chambre, les pulsions d'Ivan arrêtaient d'essayer de l'empoisonner. Son autre lui écoutait ce qu'on avait à lui dire.
C'était complètement incompréhensible, mais incroyablement soulageant.
Pour au moins une personne dans cet hôpital-prison, il était quelqu'un. Il était un être humain, une personne tangible, pas juste un numéro, un patient parmi tant d'autres. Il n'était pas un cinglé.
Il était Ivan Braginski, et pas cet autre homme qu'il voyait parfois dans le miroir.
Trouble Dissociatif de l'Identité ou TDI : c'est ce qu'on appelle communément le trouble de la personnalité multiple. J'ai fait des recherches sur différentes maladies pour trouver ce qui correspondrait le mieux à Ivan, c'est ce qui lui ressemblait le plus (le fait qu'il passe d'une personnalité à l'autre et qu'il ne se rende même pas compte de sa propre cruauté). Donc le nom parle de lui-même, mais c'est assez peu connu malgré le fait qu'on en parle beaucoup. Du coup je me base sur des sites liés à la médecine plutôt qu'à la culture populaire, ça me semble plus juste.
Voilà, c'est la fin de ce court prologue ! Je suis pas trop douée pour allonger mes chapitres, je crois.
Si jamais vous avez connu une expérience dans les TDI et que je fais fausse route, n'hésitez pas à me corriger, bien entendu !
J'espère que vous avez apprécié, on se retrouve prochainement pour le chapitre un ! Merci de votre lecture.