Nous y voilà : le tout premier chapitre de ma toute première fic ! C'est ridicule à dire mais je suis presque stressée ahah ^^
J'ai commencé cette fic il y a plusieurs mois déjà, donc j'ai beaucoup de chapitres d'avance (qui pourront être retouchés et modifiés si besoin), ce qui va me permettre de publier assez régulièrement normalement. Du coup, je vais aussi pouvoir publier dès maintenant trois chapitres d'un coup.
Rating M donc comme vous avez pu le voir, mais pour ceux qui ne seraient là que pour ça, désolée mais ça n'arrivera pas avant longtemps ;P
Comme vous vous en doutez, c'est une fic SwanQueen, donc pour ceux à qui ça ne plairait pas, merci de passer votre chemin :)

Je viens d'arriver sur le site donc je n'ai pas encore pris mes repères, soyez indulgents si je suis perdue et que je fais des gaffes s'il-vous-plaît ^^

Merci à ma beta et petite amie qui relit chaque chapitre, me conseille et corrige les fautes que je sème par-ci par-là !

J'espère sincèrement que ça vous plaira et j'attends vos retours avec impatience ! J'accepte toutes les critiques, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, du moment qu'elles sont constructives :) (vous pouvez aussi me signaler des fautes qui traîneraient encore bien sûr)

Sur ce, bonne lecture !


Storybrooke. Une petite ville paisible de quelques centaines d'habitants, située dans le Maine, aux Etats-Unis. C'était là que vivait depuis dix-sept ans maintenant Emma. Dix-sept d'ennui dans cette ville où elle étouffait et se sentait trop à l'étroit. Mais c'était la vie qu'avaient choisi ses parents pour elle. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi ne pas avoir quitté cette ville où vivaient pourtant leurs pires ennemis ? Emma ne savait même pas d'où venait cette haine que la famille Swan vouait aux Mills, haine que les Mills leur rendaient bien. Ses parents n'avaient jamais été très clairs sur ce point et tout ceci restait un mystère pour la jeune fille.

C'était la rentrée. Emma n'était pas du matin, elle ne l'avait jamais été, et ce jour de l'année la mettait particulièrement de mauvaise humeur. A peine arrivée dans le bus qu'elle prenait pour aller en cours, elle voulait déjà être au soir pour rentrer chez elle. Elle voyait déjà tous les regards se poser sur elle. Des regards haineux, d'autres amoureux, d'autres encore effrayés. Elle soupira et s'installa à une place seule. Décidément, la réputation qu'elle s'était forgée au cours de ses trois années de lycée précédentes n'était pas glorieuse, se dit-elle. En effet, Emma était plutôt connue au lycée. Elle n'était pas un élément perturbateur à proprement parler, même s'il lui arrivait parfois de dépasser les limites avec certains de ses professeurs. Dans ce cas, quelques heures de colle, une leçon de morale, et l'histoire était réglée. Elle n'occupait pas une place importante dans un des clubs sportifs du lycée, les plus populaires, elle n'en occupait aucune dans aucun club d'ailleurs, chose rare pour les élèves. Elle ne brillait pas non plus par ses résultats scolaires qu'elle avait toujours maintenus juste à la moyenne. Ses parents auraient voulu plus, mais pour elle c'était suffisant. Non, elle n'était connue des autres élèves pour aucune de ces raisons, c'était tout autre chose… Emma était ce qu'on aurait pu appeler un bourreau des cœurs. Elle avait toujours beaucoup plu. Au collège déjà, elle pouvait se vanter de nombreuses conquêtes. Il faut dire que ses beaux yeux émeraude étincelants, ses lèvres rosées parfaitement dessinées, son sourire angélique et ses cheveux blonds bouclés auraient fait tomber n'importe qui. Mais ce n'est qu'une fois arrivée au lycée qu'elle avait commencé à en jouer. Et depuis, les prétendants, mais aussi les prétendantes, s'étaient enchaînés. Très jeune déjà, Emma s'était sentie attirée aussi bien par les hommes que par les femmes, et elle ne s'en était jamais cachée. Ainsi, de nombreuses personnes – peut-être même trop nombreuses – avait déjà fait les frais de son charme et de son besoin de séduire. Au début elle avait compté, mais elle s'était vite lassée. Il faut dire qu'elle ne restait jamais plus d'un mois avec la même personne. Ce que la jeune fille aimait, c'était sentir qu'elle plaisait, qu'elle pouvait séduire avec un simple regard. Une fois que sa victime était sous son emprise, elle ne l'intéressait plus. C'est ainsi que depuis trois ans maintenant, plus personne dans le lycée ne comptait les cœurs brisés par Emma Charming. Ce surnom avait assez vite fait son apparition. La beauté de la jeune fille, mais aussi celle de ses deux parents, était connue de tous les habitants de la petit bourgade, si bien que certains aimaient les surnommer les Charming. Ce nom était d'ailleurs tellement utilisé que certains semblaient en avoir oublié le vrai : Swan.

Plongée dans ses pensées, Emma ne s'aperçut même pas que quelqu'un était monté dans le bus à l'arrêt suivant. Le bus avait déjà redémarré quand une silhouette se planta à côté d'elle. Elle ne tourna la tête qu'en entendant un raclement de gorge destiné à attirer son attention. Elle tomba alors sur une brune qui la fixait avec un air hautain et qui baissa les yeux vers le sac qu'Emma avait posé à côté d'elle. Comprenant qu'elle voulait s'asseoir, la blonde soupira.

- C'est pas trop mon truc la compagnie, surtout un jour de rentrée.

- Moi non plus, mais il n'y a plus d'autre place libre, lâcha d'un ton sec la brune.

- Je vois…

Emma saisit son sac et le lâcha négligemment par terre pour laisser la nouvelle venue s'installer, puis elle se tourna et observa le paysage défiler par la fenêtre, le menton posé sur sa main. Elle avait beau fouiller dans sa mémoire, ce visage ne lui disait rien. Elle se tourna alors vers la brune pour détailler ses traits. Celle-ci s'en aperçut rapidement et la regarda elle aussi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ?

- Non, pas du tout, répondit Emma. C'est juste que j'ai l'impression de ne t'avoir jamais vue, je me trompe ?

Des murmures envahirent rapidement le bus et des regards furent échangés entre les autres élèves.

- Non mais elle est sérieuse ? Elle l'a pas reconnue ?!

- Elle est vraiment à l'ouest cette fille !

Emma lança un regard assassin à un garçon assit un peu plus loin et qui la regardait d'un drôle d'air.

- T'as un problème toi ? l'agressa-t-elle.

Le garçon ne dit rien et se retourna. La blondinette reporta alors son attention sur la brune assise à côté d'elle.

- Tu es nouvelle ?

- Oui.

Un seul mot, froid, qui aurait dissuadé n'importe qui de continuer la conversation. Mais Emma n'était pas n'importe qui, et la beauté de la brune ne la laissait pas indifférente. Ses lèvres rouges et charnues, soigneusement maquillées, ressortaient sur son teint halé. Ses cheveux ébène encadraient son visage aux traits délicats, sa peau semblait d'une douceur extrême. Ses yeux enfin, ses yeux sombres légèrement maquillés, semblaient emplis d'une douleur sourde qu'Emma eut immédiatement envie de soulager. Alors qu'elle s'apprêtait à parler, la brune la prit de cours.

- Tu fixes toujours les gens comme ça ? Parce que c'est assez gênant.

- Désolée, s'empressa de dire Emma en secouant la tête, réalisant qu'elle n'avait pas lâché la brunette des yeux pendant de longues secondes. Emma.

- Je te demande pardon ?

- Je m'appelle Emma, répéta la blonde. Et toi ?

La brune parut hésiter à répondre. Elle détailla la jeune fille qui lui faisait face avec un air inquisiteur avant d'ouvrir la bouche.

- Regina.

- Enchantée, sourit Emma.

- Je préférerais en rester là, lâcha Regina.

- Pourquoi ?

- Je n'ai aucune envie de faire ta connaissance, voilà tout.

- Eh ben ! T'as pas l'air d'être une rigolote toi !

- Si tu le dis.

Emma soupira, excédée, et tourna la tête pour regarder à nouveau par la fenêtre.

En descendant du bus, la blonde trébucha et bouscula Regina qui était juste devant elle.

- Tu ne peux pas faire un peu attention ! pesta celle-ci.

- C'est bon, j'ai pas fait exprès.

- La moindre des choses serait de t'excuser.

- Désolée, voilà t'es contente ?

La brune lui lança un regard méprisant avant de s'éloigner. Ruby arriva à ce moment-là, une jeune fille élancée aux cheveux bruns parsemés de mèches rouges, qu'Emma connaissait depuis sa plus tendre enfance. Elles s'étaient rencontrées au jardin d'enfants et depuis elles étaient inséparables. La brune lança un regard médusé à Regina en la voyant passer devant elle puis rejoignit son amie.

- Tu commences bien l'année toi, dit-elle en riant.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu t'es déjà mis à dos Mademoiselle Mills à ce que je vois.

La jeune fille avait pris soin d'insister sur le titre en prenant un ton pompeux. Emma fronça les sourcils.

- Mademoiselle Mills ? De qui tu parles ?

- Elle, dit-elle en indiquant Regina qui était déjà loin.

- Regina fait partie de la famille Mills ? s'écria la blonde.

- Bien sûr, c'est même la fille de la mairesse. Tu ne le savais pas ?

- Je savais que la mairesse avait une fille, mais pas que c'était elle.

- Ça m'étonne que tes parents ne t'en aient pas parlé.

La blonde chercha la brune du regard, mais celle-ci avait déjà disparu dans la foule compacte que formaient les élèves.

- D'un autre côté, je ne vois pas pourquoi ils l'auraient fait, reprit Ruby. Bon, on ferait mieux d'y aller, histoire de récupérer nos emplois du temps avant le début des cours.

La blonde hocha faiblement la tête et suivit son amie.

Emma rangea ses affaires de mathématiques en un temps record quand la sonnerie annonçant sa libération arriva enfin. Elle courut presque jusqu'à l'extérieur du bâtiment et respira l'air à plein poumons en arrivant devant le lycée. Elle fut rejointe quelques minutes plus tard par Ruby, accompagnée de Belle, Mulan, Neal et Killian. Leur joyeuse bande était enfin réunie pour la première fois depuis la rentrée. Si les autres années leurs pauses déjeuner respectives avaient toujours concordé, cette année ce n'était pas le cas, et ils allaient devoir trouver d'autres moments pour tous se retrouver et papoter. Ils marchèrent ensemble jusqu'à l'arrêt de bus, parlant de choses et d'autres, se racontant leurs vacances d'été. Quand le bus arriva, Killian et Emma montèrent après avoir salué leurs quatre amis qui, habitant non loin du lycée, rentraient chez eux à pieds. Ils s'installèrent côte à côte sur un siège et continuèrent à discuter. Emma ne put s'empêcher de tourner la tête quand Regina passa dans l'allée.

- Tu la connais ? l'interrogea Killian.

- Je l'ai rencontrée ce matin. Ça a l'air d'être une bourge prétentieuse et imbue de sa personne.

La remarque n'échappa pas à l'intéressée qui se tourna subitement vers elle et lui lança un regard assassin auquel la blonde répondit par un sourire narquois. Regina ne dit rien et alla s'installer seule au fond du bus.

- Ça a l'air bien parti entre vous, sourit Killian.

- Tu n'imagines même pas !

- C'est moi, je suis rentrée ! cria Emma en retirant ses chaussures dans l'entrée.

Ne recevant aucune réponse, elle passa dans la cuisine. Elle y trouva ses deux parents, enlacés, se murmurant des mots doux à l'oreille. Elle leva les yeux au ciel devant tant de niaiserie mais ne put s'empêcher de trouver la scène attendrissante. Ils étaient amoureux comme au premier jour, il n'y avait pas de doute. Ils finirent par s'éloigner un peu l'un de l'autre en voyant leur fille entrer, mais gardèrent tout de même leur main liées.

- Tu as passé une bonne journée ? demanda son père.

- C'était une journée de rentrée quoi, répondit Emma en se dirigeant vers le frigo qu'elle ouvrit.

- Je te l'ai déjà préparé, lui dit sa mère en indiquant une tasse posée sur la table.

- Oh, merci 'man !

Emma saisit la tasse et la renifla avec un air soupçonneux.

- J'ai mis de la cannelle, ne t'en fais pas. Depuis le temps, tu devrais avoir compris que je n'oublie jamais, dit-elle avec l'un de ses fameux sourires terriblement niais mais aussi plein de bienveillance.

- Oui, c'est vrai, admit la blonde. Bon, je monte dans ma chambre.

- Les devoirs avant l'ordinateur hein, dit son père d'un ton sévère.

- Oui, je sais papa. Et vous pas trop de bisous.

Ses parents ne purent s'empêcher de rougir comme deux adolescents pris sur le fait. Elle récupéra son sac à l'entrée de la pièce pour ensuite monter les escaliers menant à l'étage, sa tasse à la main. Arrivée dans sa chambre, elle lança son sac sur son lit et alluma son ordinateur malgré les recommandations de son père. Elle s'assit sur sa chaise de bureau et sirota sa boisson en attendant de pouvoir entrer son mot de passe. Même après dix-sept ans, elle ne s'était toujours pas faite à ce goût si particulier et elle grimaçait toujours à la première gorgée. Certes, la cannelle était là, sa mère sachant pertinemment qu'il n'y avait qu'avec ça qu'elle acceptait de boire cette boisson si particulière, mais l'épice ne suffisait pas à masquer cet arrière-goût désagréable. Elle se força à boire une deuxième gorgée, et comme à chaque fois, elle fut un peu moins dure à avaler que la première. Elle regarda d'un air rêveur par la fenêtre en buvant pour la troisième fois, pressée de terminer le breuvage. Bientôt, elle sentit le liquide faire effet tandis qu'une douce chaleur envahissait tout son corps. Elle ferma les yeux un instant, et quand elle les rouvrit, ils s'étaient parés d'un éclat rouge sang, comme si on avait incrusté de-ci de-là du rubis dans l'émeraude. Elle termina le contenu de sa tasse d'une traite, voulant se débarrasser au plus vite de ce qui s'apparentait pour elle davantage à un médicament qu'à une friandise comme c'était le cas pour sa mère. Elle s'essuya la bouche du dos de la main et regarda avec dégoût le liquide rouge qui la souillait. Après l'avoir retiré avec un mouchoir qu'elle jeta précipitamment à la poubelle, elle passa dans la salle de bain pour se rincer la bouche. Une fois la tâche terminée, elle s'appuya des deux mains sur le bord du lavabo et observa son reflet dans la glace. Elle entrouvrit la bouche et ne fut pas surprise de constater que comme à chaque fois, ses canines ressortaient plus que d'ordinaire maintenant qu'elle avait bu la fameuse boisson. Lasse, elle laissa sa tête retomber à l'avant, ses cheveux tombant en cascade sur ses épaules. Même après tout ce temps, elle ne pouvait pas se résoudre à accepter la réalité. Pourtant, le sang qui coulait dans ses veines était là pour lui rappeler à chaque instant. Il y avait des jours où elle remerciait sa mère de lui avoir transmis la beauté et la grâce propre à son espèce, et d'autres où elle la maudissait de l'avoir mise au monde en sachant pertinemment ce que cela impliquerait : une vie sans savoir vraiment si elle appartenait au monde des humains d'où venait son père, ou à celui des vampires d'où venait sa mère.

Regina couvrit la faible distance qui séparait l'arrêt de bus de sa maison en moins de cinq minutes. Le mot maison était en fait assez mal approprié pour désigner l'endroit où elle vivait. En effet, en raison du statut de sa mère et de la fortune colossale dont disposait sa famille, la demeure qu'ils occupaient s'apparentait davantage à un manoir. Après avoir parcouru l'allée sur laquelle donnait le portail, elle gravit les quelques marches menant à la porte d'entrée. Elle prit soin de retirer ses chaussures aussitôt la porte passée, connaissant sa mère et son obsession pour la propreté. Après avoir retiré sa veste légère, elle rejoignit son père qui se trouvait comme souvent dans le salon en train de lire le quotidien de la ville, le Daily Mirror. Elle vint déposer un baiser tendre sur sa joue auquel il répondit par un sourire en repliant son journal.

- Bonjour, père.

- Tu as passé une bonne journée ?

- Il n'y a rien à en dire.

- Ton nouveau lycée te plaît ?

- C'est très différent de mon ancien établissement. Les gens y sont moins…

Elle cherchait ses mots mais une voix finit sa phrase à sa place.

- Moins raffinés.

Cette voix dénuée de tout sentiment fit frissonner Regina. Sa mère, aussi silencieuse qu'une ombre comme à son habitude, avait fait irruption dans la pièce sans qu'elle s'en aperçoive. Elle aurait voulu lui dire que le mot auquel elle pensait était plutôt sophistiqués, ou peut-être même ennuyeux. A vrai dire, après une seule journée dans ce nouveau lycée, elle se sentait déjà revivre. Certes, certains élèves manquaient terriblement de manières et de savoir vivre, mais eux au moins, paraissaient vivants, contrairement à ses anciens camarades. Mais elle ne dit rien, trop habituée à se taire et à faire le dos rond face à sa mère.

- Bonjour, mère.

- Tu as fait bonne impression, j'espère ? Je ne voudrais entendre parler de toi comme d'une jeune fille mal élevée et sans éducation.

Des reproches, seulement des reproches. C'était toujours comme ça, ça l'était depuis plus de dix-sept ans. Jamais Cora n'avait un mot tendre pour sa fille, jamais elle ne la complimentait, rien de ce que Regina faisait ou disait ne trouvait grâce à ses yeux. Mais la brune était habituée, elle s'était résignée depuis bien longtemps à entretenir ce genre de relation avec sa mère jusqu'à la fin de ses jours. Pour autant, cette attitude n'en était pas moins blessante.

- Je me suis comportée comme vous m'avez toujours appris à le faire, mère.

Sa mère ne répondit pas, se contentant de hocher la tête, sa façon à elle d'exprimer son contentement tout en gardant une expression neutre et indifférente.

- Et as-tu fait des connaissances ? demanda aimablement son père.

- Pas vraiment, une journée c'est un peu court.

- Ça viendra, ne t'en fais pas, ajouta-t-il avec un sourire bienveillant.

- J'ai quand même parlé un peu avec une fille dans le bus ce matin. Emma, je crois.

Cora, qui s'apprêtait à quitter la pièce, nullement intéressée par le récit de la journée de sa fille, s'arrêta brusquement en entendant le nom prononcé par sa fille.

- Emma, tu dis ?

- Oui, si je me souviens bien.

- Emma comment ?

- Je ne sais pas, elle ne m'a pas dit son nom. Elle est blonde, avec des yeux verts.

Elle n'ajouta pas magnifique, même si c'était le premier adjectif qui lui avait traversé l'esprit pour les définir quand elle les avait vus pour la première fois, le matin-même.

- Je ne veux pas que tu fréquentes cette dévergondée, cracha sa mère d'un ton méprisant.

- Pourquoi ?

- C'est la fille des Swan.

Sa mère n'eut pas besoin d'en dire plus pour que Regina comprenne. Le mot Swan était presque devenu tabou tant la haine que la famille Mills leur vouait était grande. Pourtant, elle n'avait pas la moindre idée de l'origine du conflit qui les opposait. Mais une chose était sûre : si sa mère lui interdisait de parler à cette Emma Swan, il valait mieux qu'elle obéisse.

- Je ne veux pas que tu t'approches de ces gens, et surtout pas de cette petite sotte d'Emma.

Regina se raidit en entendant la colère qui émanait de la voix de sa mère.

- Tu m'as bien comprise ?

- Oui, mère, répondit-elle docilement.

Cora quitta la pièce sans un mot de plus. La brune sentit alors la main de son père prendre la sienne et la serrer.

- Je suis certain que tu vas te faire d'autres amis.

- Ne vous en faites pas, père, je n'ai aucune sympathie pour cette fille. Je lui ai parlé à peine quelques minutes et elle m'exaspère déjà.

- Tant mieux alors. Je ne voudrais pas te voir triste parce que ta mère t'empêche de la fréquenter.

- Merci de vous inquiéter, dit-elle en souriant, mais ce n'est pas le cas.

- Bien. Tu ferais mieux de monter travailler si tu ne veux pas que ta mère te rappelle à l'ordre.

- Oui, j'y vais.

Elle détacha à regret sa main de celle chaude et protectrice de son père et monta dans sa chambre.

Henry, son père. La seule personne qui n'ait jamais compté pour elle. Il avait toujours était là pour s'occuper d'elle et la protéger, et lui avait donné tout l'amour dont sa mère semblait dénuée. C'était un homme bon, généreux, et bienveillant, qui ne voulait que le bien de sa fille. Quand elle était petite, Regina se demandait parfois comment il avait pu épouser une femme comme Cora, si froide et peu aimante. Ils semblaient si différents l'un de l'autre. Mais en grandissant, elle avait fini par comprendre : cette alliance devait assurer le maintien d'un sang pur. Pour la famille de Cora comme pour celle de Henry, mêler la lignée ancestrale qu'ils avaient eue tant de mal à conserver au fil des âges à un sang impur était inconcevable. C'est ainsi qu'était né de ce mariage sans amour une petite fille du nom de Regina, qui avait bien vite dû faire face à un monde où elle devait cacher sa vraie nature pour vivre normalement.

La brunette se laissa tomber sur son lit. Elle regarda le plafond, l'esprit vide. Elle était fatiguée de cette vie qu'elle menait depuis dix-sept ans. Ce n'était pas tant ce secret qu'elle devait porter qui la gênait, que la famille dans laquelle elle avait grandi. Henry était un père irréprochable, mais Cora… Cora était élitiste, méprisante à l'égard de ceux qu'elle appelait les petits gens, et surtout exigeante avec sa fille. Très exigeante. Elle ne lui laissait pas une seconde de répit, exigeant toujours d'elle qu'elle se tienne droite, qu'elle soit polie, bien élevée. Quand, avec le soutien de son père et après de nombreuses demandes, elle avait finalement réussi à convaincre sa mère de l'inscrire dans un lycée public, elle avait espéré sortir un peu de cette routine dans laquelle elle vivait depuis trop longtemps. Car la vérité, c'est que Regina s'ennuyait de cette vie si fade et monotone. Mais après cette première journée, elle se demandait finalement si elle avait bien fait de vouloir intégrer ce lycée. Elle ne s'y sentait pas à sa place, ce n'était pas l'environnement strict dans lequel elle avait grandi, où chacun avait une place bien définie et ne devait pas en bouger. Paradoxalement, alors qu'elle recherchait d'une certaine façon plus de liberté, elle avait maintenant l'impression d'en avoir trop. Pourtant, il y avait bien cette blonde… Emma. Elle l'avait trouvée agaçante et terriblement impolie dès la première seconde où elle l'avait vue. Mais il y avait quelque chose chez cette fille qui l'intriguait. Personne n'avait jamais osé lui parler comme elle l'avait fait, chacun ayant connaissance du rang que sa mère occupait. Mais la blonde, elle, semblait ne rien savoir de tout ceci. Pourtant, Regina avait le sentiment que même si elle avait su, son attitude n'aurait pas été différente. La désinvolture dont elle avait fait preuve lui avait plu, elle voulait voir jusqu'où cette blonde était capable d'aller. Mais il y avait l'interdiction de sa mère. Cora avait été très claire : il était hors de question qu'elle fréquente Emma sachant qu'elle appartenait au clan Swan, et Regina savait qu'elle en paierait le prix fort si elle désobéissait. Sa mère était stricte et sévère, elle l'avait toujours été, et n'hésitait pas à la punir les rares fois où elle lui tenait tête. Mais quand il s'agissait des Swan, les choses prenaient une toute autre dimension. Le mépris que Cora nourrissait pour eux semblait sans limite, et c'était ce qui convainquit Regina d'obéir et de se tenir à distance de la jolie blonde.